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A WARRIOR BY ANY OTHER NAME4

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Un guerrier quel que soit son nom

 

A Warrior by any other name

 

par Melissa Good

 

 

Traductrices : Katell et Fryda.

 

*************

AVERTISSEMENT : l'histoire qui suit contient un niveau léger de violence. Ne lisez pas plus loin si cela vous gêne.

***********

Démenti standard : les personnages de Xena et Gabrielle appartiennent à Universal et Renaissance Pictures, et aux scénaristes qui les ont créées. Aucune brèche de copyright n'est voulue, tout cela n'est que pur fun. Les autres personnages de cette histoire ont été créés par mon esprit tordu et ne proviennent d'aucune source littéraire ou autre. Ce n'est de la faute de personne, sauf de la mienne.

Rien de bien méchant dans cette histoire, mais le " subtext " est bien là, et si vous ne pouvez pas le supporter, ça ne coûte pas cher de cliquer sur le bouton de la souris. Pas cher du tout. Remarque : dans cette partie, la quatrième, il y a un peu plus de subtext que dans les précédentes. Il y a même un baiser. N'allez pas dire qu'on ne vous a pas prévenu… n'hésitez pas à m'écrire pour me faire savoir ce que vous avez aimé ou ce que vous n'avez pas aimé. Adresse électronique : merwolf@worldnet.att.net

Allez, c'est parti. Cette histoire est en quatre parties, et euh, voici donc la quatrième.

 

*******

 

Partie 4A

 

***********

 

Jessan cligna des yeux lentement, paresseusement, alors que les rayons du soleil avançaient dans la pièce où il se trouvait et étendaient leur chaleur sur sa poitrine. Ses yeux parcoururent les murs paresseusement, si différents de ceux auxquels il était habitué, et il s'étira de tout son long sur le grand lit matelassé. Courbatu, mais pas trop, pensa-t-il, assez satisfait. Il jeta un œil vers la fenêtre. Je ne me suis pas réveillé. Il bâilla, montra les crocs, et se demanda si le reste de la forteresse en avait fait de même. Il tendit l'oreille, et entendit surtout le silence lui répondre. Un sourire. Probablement. Il ferma les yeux et laissa sa Vision errer un peu… mouais. Ils dormaient, pour la plupart en tout cas… il Regarda sur sa gauche, légèrement surpris. Même Xena dormait encore. Ce n'est pas qu'elle n'y ait pas droit, pensa-t-il, amusé. Mais… oh… comme c'est intéressant… Un sourire se dessina soudain sur son visage, et ses yeux s'ouvrirent lentement. Je vais m'attirer des ennuis…

 

Jessan passa un court mais agréable moment dans la salle de bain, s'éclaboussant d'eau avec ravissement, et adorant la sensation du doux lin lorsqu'il se sécha, en prenant garde d'éviter les coupures disséminées sur son corps massif. Il enfila une tunique et un pantalon, puis ouvrit sa porte, jeta un œil dans le couloir avec un sourire espiègle. Je suis bien trop gros pour marcher sur des œufs, mais… Jessan se glissa dans le couloir et s'arrêta devant la porte suivante, puis doucement, tout doucement, poussa la porte centimètre par centimètre, jusqu'à ce qu'il puisse glisser sa tête dorée par l'entrebâillement.

 

Le soleil du matin filtrait doucement sur le lit, faisant briller les cheveux de Gabrielle qui était étendue sur le côté, un bras plié sous sa tête et l'autre entourant fermement Xena. Les deux femmes dormaient toujours profondément, chose rare pour la guerrière, comme Jessan en était conscient. Il les regarda pendant un moment encore, remarquant l'expression de paix sur leur visage, puis il ferma les yeux et libéra sa Vision… ah. Son museau se retroussa en un sourire heureux. Il referma la porte en silence et continua dans le couloir, s'empêchant de siffler tout haut. Tu as le choix, hein, Xena ? Ohhh… non. Je ne pense pas qu'il soit question de choix, ici… je n'ai jamais vu un Lien aussi fort.. Et je commence à croire que tu peux le sentir, toi aussi. Pourrais-je avoir raison ? Peut-être que oui… hmmm…

 

Le petit déjeuner, je crois, décida-t-il, essayant de repousser un bâillement. Et aller voir papa. Lestan avait passé la nuit à l'infirmerie, après avoir reçu une longue série de points de suture pour la blessure qu'il avait reçue à l'épaule. Il descendit les escaliers, vaguement étonné de s'être aussi vite adapté, lui et les autres, au contact avec les Humains. Trop vite, peut-être ? Hmm. Peut-être. Il avait déjà commencé à ne plus voir certains d'entre eux comme des humains, mais plutôt comme des membres de son peuple qui auraient l'air un peu étrange… et c'était très dangereux.

 

"Bonjour", fit la fille du majordome principal d'Hectator, lorsqu'elle le vit descendre les escaliers, lui adressant un sourire nerveux mais néanmoins poli. "Uhm. Il y a de quoi prendre un petit déjeuner là-dedans, si tu veux, euh, manger."

 

Jessan la regarda avec intérêt. Blonde, pâle, toute petite, avec de jolis yeux. "Merci." Sa voix grave l'étonna un peu. "Tu as un… un plateau, ou quelque chose dans ce genre que je pourrais emprunter ?" Elle recula un peu lorsqu'il s'avança. Il s'arrêta, soupirant. "Je voudrais bien apporter le petit déjeuner à des amies aussi. N'aie pas peur. Je ne vais pas te faire de mal." Bon sang, ces humains !

 

"Eh ben..." Elle hésita. "Je m'appelle Sharra. Et oui, je peux te trouver un plateau." Sharra le regarda timidement. "Tu es celui qu'ils appellent Jessan, pas vrai ?" Elle l'observa, jouant avec ses mains d'une façon distraite.

 

"Oui", dit Jessan, levant un sourcil. "C'est bien moi." Il reprit sa progression, mais cette fois plus lentement. "Merci de bien vouloir m'aider, Sharra." Il essaya de lui sourire, et fut soulagé de voir un sourire rapide apparaître sur ses lèvres. "Tu as dit qu'on servait le petit déjeuner ?" demanda-t-il avec espoir.

 

"Là-dedans", fit la jeune fille avec un geste, restant toutefois loin de lui. Encore un petit sourire nerveux. "Tu veux… quelque chose de… cru ?"

 

Jessan s'immobilisa, et la regarda, lui adressant sa meilleure imitation du 'regard' au sourcil levé que maîtrisait si bien Xena. "Cru ?" fit-il, un peu brusquement. "La dernière chose crue que j'ai mangée était du miel, et j'ai dû le payer en piqûres." Il posa ses poings sur ses hanches, et pencha la tête sur le côté. "Et il y a eu aussi ces noisette crues que Gabrielle a trouvées l'autre jour, mais ça ne compte pas vraiment." Il ricana. "Pourquoi crois-tu que je veuille manger quelque chose de… cru ?"

 

"Uhm… euh…" bredouilla Sharra, confuse.

 

"A cause de mes dents ?" demanda Jessan, montrant ses canines. "Je pourrais te manger toi, pour le petit déjeuner…"

 

Sharra tressaillit, et se tourna pour détaler en courant.

 

"Eh, oh…" cria Jessan, rapidement. Il secoua les mains pour la calmer. "Du calme ! Du calme ! Je plaisantais, c'est tout !" Ses yeux dorés capturèrent ceux de la jeune fille. "Je t'assure… n'aie pas peur… je mange de la bouillie d'avoine, le matin. Je te jure que c'est vrai."

 

Sharra s'arrêta, et lui lança un regard noir. Puis elle s'avança un peu plus près, et renifla. "Ce n'était pas très gentil."

 

Jessan grogna. "Ce n'était pas très gentil non plus de supposer que je mangeais de la viande crue au petit déjeuner."

 

La jeune fille blonde l'observa un moment. "Tu as raison." Elle haussa les épaules. "Je te demande pardon."

 

Jessan eut un sourire penaud. "Moi aussi. Maman me dit toujours de ne pas faire peur aux filles."

 

Elle gloussa. "Tu es gentil", fit Sharra, puis elle se retourna et ouvrit la marche vers la salle à manger. "Viens, je vais te montrer où est le petit déjeuner." Elle attendit qu'il la rattrape, puis ils firent quelques pas en silence avant qu'elle ne se tourne vers lui, curieuse. "Tu es un ami de la Princesse Guerrière, pas vrai ?" Elle le regarda du coin de l'œil, à présent plus à l'aise auprès de son imposante stature.

 

"Tu veux dire Xena ?" fit Jessan, se demandant où allait mener cette question. Une amie ? Inattendue, peu probable, mais certainement. "Oui, je le suis. Pourquoi ?"

 

"Elle me fait peur", dit Sharra, baissant la voix et jetant un coup d'œil autour d'elle. "Elle fait même peur à mon frère." Elle regarda l'être de la forêt rapidement. "Je parie qu'elle ne te fait pas peur, à toi, hein ?" Elle leva les sourcils, prenant sa taille et ses muscles à témoin.

 

"Euh", marmonna Jessan, déchiré entre honnêteté et ego. L'honnêteté fut la plus forte. "En fait, pour être tout à fait franc, si, elle me fait peur." Il fit une pause. "Parfois", ajouta-t-il avec hâte. Il haussa ses larges épaules. "Mais elle peut aussi être très douce, et très gentille la plupart du temps." Cela valut un regard totalement incrédule de la part de Sharra. "Si tu ne la fiches pas en rogne", corrigea Jessan avec un sourire. Il fit un geste vers la table couverte de nourriture. "En fait, c'est pour elle, le plateau."

 

Sharra réfléchit un moment, penchant sa tête blonde sur le côté. "Vraiment ?" Elle était intriguée. Elle ne pouvait pas imaginer Xena faisant quelque chose d'aussi ordinaire que manger. "On raconte qu'elle ne boit que du sang..."

 

Jessan leva les sourcils et s'arrêta de marcher. "Quoi ?" s'écria-t-il. "Qui est-ce qui t'a raconté des trucs pareils ? Du sang ? Beurk." Il tira la langue en une expression plutôt comique. "Non. Ce n'est pas vrai du tout. Elle mange ce que toi et moi, et ce que tout le monde mange. Du pain, du fromage, de la viande, des fruits… tu savais qu'elle pouvait attraper le poisson à mains nues ?" Il vit la gamine en rester bouche bée. "C'est vrai ! Je l'ai vue faire. Et elle aime aussi les infusions d'herbe." Il pencha la tête sur le côté. "Qui a bien pu te raconter des choses pareilles ? Tu sais, c'est juste une personne comme les autres. Comme toi… comme moi." Comme personne d'autre sur Terre. Comme personne d'autre que j'ai jamais connu, ou que je connaîtrai jamais. Mais tu ne comprendrais pas cela, petite humaine, hein ? Es-tu déjà prisonnière de ton étroitesse d'esprit ? Peut-être pourrais-je élargir un peu tes horizons. Hmm ? Comme on l'a fait pour moi ?

 

"J'ai entendu toutes les histoires à son sujet", répondit Sharra, simplement. "Et mon oncle s'est battu dans son armée." Elle leva les yeux vers Jessan. "Ce sont des histoires plutôt sanglantes."

 

"Les histoires ne racontent pas tout", répondit Jessan, d'une voix plus douce. "Et les gens changent, et changent encore, plusieurs fois au cours de leur vie." Il lui sourit. "Laisse-lui sa chance. Je ne l'ai pas regretté."

 

Sharra s'approcha un peu de lui, intriguée malgré elle. "Toi ?"

 

Jessan hocha lentement la tête. "Moi. Je la connaissais à travers les histoires, et je la voyais comme tu la vois. Et puis je l'ai rencontrée, et j'ai découvert que les histoires étaient loin de tout raconter." Il posa son menton sur une main et la regarda. "Elle a sauvé cette cité, tu sais."

 

Sharra acquiesça, pensive. "C'est ce qu'on raconte." Elle lui jeta un coup d'œil interrogateur. "Il faut que je réfléchisse à ce que tu as dit." "Très bien", répondit doucement Jessan. "Et tu me diras ce que tu as décidé."

 

Sharra lui sourit en lui passant un tranchoir, puis une tranche de pain chaud. "Tiens, essaie ça." Ses yeux examinèrent son visage pendant qu'il mâchait. "Tu es plutôt mignon." Elle gloussa en le voyant rougir. "Je t'aiderai avec ton plateau quand tu auras terminé, si tu promets que rien ne m'arrivera."

 

 

 

L'aube l'éveilla, comme toujours. Xena resta allongée sans rien dire, regardant les premières nuances de gris effleurer le ciel à l'est et se mit à réfléchir, comme elle le faisait toujours dans ces moments de calme avant le matin.

 

Doucement, pour ne pas réveiller le barde profondément endormie et toujours blottie contre elle, elle fit fonctionner ses muscles meurtris pour constater l'étendue des dégâts et fut agréablement surprise. Pas mal du tout, à part la douleur aiguë dans sa nuque, mais elle s'y attendait, et dans les côtes où elle avait encaissé quelques coups de lance. Dans l'ensemble, elle n'avait pas trop à se plaindre.

 

Et Hectator non plus, pensa-t-elle, puis elle fit une grimace. Il va en faire tout un fromage, pas de doute là-dessus. Xena se demanda si elle pouvait échapper aux célébrations et partir sans faire de bruit… puis elle jeta un œil à Gabrielle. Nan. Elle me tuerait. La guerrière sourit en regarda le plafond. Elle me découperait en petits morceaux. Elle ne me laisserait jamais en paix avec cette histoire. Alors, on dirait que je suis coincée ici pendant quelques jours.

 

Ce qui, elle devait bien l'admettre, n'était pas si terrible. Elle n'avait pas pris de vacances depuis un bon moment, à condition de ne pas compter le fait d'être morte pendant une semaine, et ce n'était pas un mauvais endroit pour prendre quelques jours de repos. Hectator avait un bon marché, et elle pourrait se trouver une nouvelle combinaison de cuir, et lâcher Gabrielle sur les marchands du coin. Elle pourrait peut-être même faire quelques courses...

 

Xena regarda vers la fenêtre, où l'horizon gris passait lentement au rose foncé. Elle savait qu'elle devrait se lever et aller voir Argo, finir l'armure, faire une dizaine de choses qui devaient être faites… mais rien que d'y penser, elle rencontra une rébellion inhabituelle de la part de son corps, et se retrouva à vouloir rester là où elle était, blottie dans ce lit stupidement moelleux. C'est mauvais signe, se dit-elle, en guise d'avertissement. Il me faut écraser ça dans l'œuf immédiatement et me bouger un peu.

 

Mais Gabrielle choisit ce moment précis pour se blottir encore un peu plus contre elle, glissant un bras en travers de Xena et l'immobilisant sur le lit. Les sourcils de la guerrière se levèrent en même temps et elle observa sa compagne, sentant le bras se resserrer puis se relâcher un peu alors que le barde retombait dans un sommeil profond avec un soupir satisfait. D'un autre côté… Un sourire étrange se dessina sur les lèvres de la guerrière, alors que Xena se battait intérieurement contre ses tendances paresseuses habituellement si bien cachées, puis décida qu'une grasse matinée n'allait probablement pas la tuer, après tout. Elle replaça son bras autour de sa compagne et retomba dans le sommeil.

 

Le soleil filtrait dans la chambre lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, et les cligna de surprise en voyant le regard pétillant de malice de Gabrielle braqué sur elle. Le barde était toujours étendu paresseusement à ses côtés, et n'avait pas l'air de vouloir bouger.

 

"Je n'arrive pas à croire que je me suis réveillée avant toi", ricana le barde. "Il faut que je me lève pour l'écrire dans mon journal." En fait, elle ne s'était réveillée que quelques minutes auparavant, mais elle n'allait pas l'admettre maintenant, non… pas quand elle avait une si belle opportunité de taquiner Xena. Elle avait été vraiment surprise de se réveiller et de trouver Xena profondément endormie et, en fait, sa première réaction avait été de s'inquiéter, jusqu'à ce qu'elle ait pu régler sa vision endormie et s'assurer que la respiration et les couleurs de la guerrière étaient tout à fait normales.

 

Gabrielle était restée sans bouger ni faire de bruit pendant quelques minutes, puisque Xena avait toujours son bras autour de ses épaules, et le barde savait que si elle bougeait, elle réveillerait son amie. Et elle n'avait pas souvent l'occasion d'observer la guerrière de si près sans être vue. Elle en profita, remarquant que même en dormant, Xena n'était pas totalement détendue ; le bras qui entourait les épaules du barde conservait une tension très nette, et Gabrielle pouvait voir les très faibles agitations nerveuses sur son visage autrement impassible, preuves qu'elle était consciente du monde autour d'elle pendant qu'elle dormait.

 

Je l'ai vue passer d'un sommeil profond au combat en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Combien de fois est-ce que ça nous a sauvé la peau ? Et je crois que je suis la seule qui puisse la réveiller sans me faire assommer. La seule. C'est bizarre. Elle est vraiment dangereuse, et même… même lorsqu'elle se met en colère contre moi, je me sens toujours… en sécurité. Même quand nous nous entraînons. Même quand on s'amuse et qu'on lutte un peu. Je sais bien qu'elle pourrait me briser les os. Mais je sais qu'elle ne le fera pas, et parfois je me sens comme un lionceau que sa mère transporterait dans sa gueule.

 

Oh là !… c'est bien trop profond à cette heure, tout ça. Il faut que j'arrête. Mais il y a une histoire quelque part là-dedans…

 

Elle était contente de s'être réveillée à temps pour relâcher sa prise sur la pauvre femme ; Gabrielle pouvait imaginer, sans trop se forcer, le sourcil levé auquel elle aurait eu droit pour ça. Elle a été vraiment tolérante avec moi ces derniers temps, mais....

 

Alors elle se contenta de sourire à Xena, et pensa : "Encore une première… ça doit être ma semaine."

 

Xena lui répondit par un sourire paresseux. "En fait..." dit-elle, la voix un peu traînante, se roulant sur le côté et posant la tête sur sa main, "je voulais me lever à l'aube, mais quelqu'un m'avait prise en otage, et je n'ai pas eu le courage de la réveiller." Elle vit la rougeur monter au visage de Gabrielle et laissa échapper un petit rire. "Tu as une mauvaise influence sur moi, Gabrielle."

 

'Hah !" s'exclama le barde avec ironie. Je me suis encore faite avoir. Mais elle n'a pas l'air… en colère… agacée ? Quel est le mot ? Oh, peu importe. "Moi, une mauvaise influence..." Elle roula sur le ventre et secoua un doigt à l'attention de Xena. "Venant de la Terreur des Plaines en personne, la Princesse Guerrière toute puissante. Moi, une mauvaise influence !!!" S'échauffant, elle repassa sur le dos et s'adressa au plafond. "Je vous le demande !"

 

Xena la regarda, avec une tolérance amusée, jusqu'au dernier mouvement du barde. Lorsqu'elle vit l'ouverture, elle profita de l'inattention de Gabrielle pour tendre la main et lancer une bonne attaque de chatouilles, attaque assez puissante pour faire hurler le barde qui, sous la pression continue, s'abandonna à une crise de rire.

 

"Ce n'est pas juste", fit Gabrielle en reprenant finalement son souffle, après s'être arrêtée de rire.

 

"Non", acquiesça Xena, riant à son tour. "Mais qu'est-ce que c'était marrant."

 

"Ah oui ?" demanda le barde, lui adressant un faux regard noir.

 

"Ouais", répondit Xena qui ricanait encore.

 

"Je te préviens, Xena… un de ces jours…" Gabrielle roula sur elle-même et se retrouva à quelques centimètres du visage de sa compagne. "Je vais trouver ton point faible."

 

"Oh vraiment ?" fit Xena, les yeux dansant. "J'aimerais sûrement te voir essayer." Elle sourit en voyant le barde rougir. "Toutefois, n'oublie pas une chose… le truc est de me surprendre… et si tu as l'intention d'essayer de me surprendre..." Elle se pencha tout près de l'oreille de Gabrielle et murmura : "N'oublie pas de te baisser très vite."

 

"J'y penserai", promit Gabrielle en souriant. "Alors", continua-t-elle, posa sa tête sur sa main, imitant ainsi sa compagne. "A combien de parades dois-tu assister aujourd'hui ?" Vengeance subtile. "Une seule statue ou ils en font toute une série ?" Après tout ce temps, elle savait comment taquiner Xena, et aimait le regard noir que la guerrière lui adressa, car elle savait qu'elle avait vu juste.

 

"En fait", commenta Xena d'un air désabusé. "Je pensais t'assommer et partir très tôt ce matin avant l'aube."

 

"Oh", murmura le barde. "Alors… pourquoi as-tu changé d'avis ?" Elle se demanda si Xena était sérieuse ou pas. Parfois, même elle avait du mal à faire la différence, particulièrement dans ce genre de circonstances. Xena avait horreur qu'on fasse une montagne de ses exploits. Et ceci promettait une énorme montagne, avec elle au sommet.

 

"Ça m'a passé", fit la guerrière en haussant les épaules. "Je suppose que je ne vais pas en mourir. Et en plus, je t'ai promis que tu pourrais faire des courses, pas vrai ?" taquina-t-elle, poussant Gabrielle du doigt. "Et je voudrais en faire un peu aussi."

 

Gabrielle étouffa un ricanement. "Toi ?" Cette fois, elle rit franchement. "Ah, ça, j'aimerais vraiment le voir."

 

Xena se glissa hors du lit et marcha jusqu'à l'endroit où elle avait rangé les sacoches d'Argo, consciente du regard de Gabrielle sur elle. Elle plongea la main dans l'une des sacoches, et en sortit deux bourses en lin, souriant avant de faire disparaître le sourire et de se retourner vers le barde. "Tiens", dit-elle, lançant l'une des bourses à sa compagne. "Une seule condition : tu dois tout dépenser."

 

Gabrielle attrapa la bourse au vol, étonnée par son poids, et par le cliquetis qu'elle fit. Elle jeta un coup d'œil à l'intérieur, puis regarda Xena, qui se tenait debout, appuyée contre la colonne de lit, attendant sa réaction. "Est-ce que c'est…" Elle s'interrompit en voyant Xena acquiescer. "Xena, c'est à toi. Je ne peux pas…"

 

"Oui. C'est à moi", confirma Xena. "Et ça veut dire que je peux en faire ce que bon me semble." Elle lança sa bourse en l'air et la rattrapa. "Et ce que je veux faire, c'est te la donner. On est partenaires, pas vrai ?" Ses yeux devinrent sérieux pendant un moment, et Gabrielle remarqua la différence. "Alors, fais ce qu'on te dit, pour une fois, sans discuter, OK ?"

 

Gabrielle réfléchit quelques instants. "Ok." Elle leva les yeux vers Xena et lui sourit. Partenaires. Ça me plaît bien. "Merci. Ça sera amusant." Elle se glissa hors du lit à son tour et posa la bourse près de son bâton. "Tu as faim ?"

 

 

"Oh, je ne crois pas que ça soit un problème", lui assura Jessan, finissant son pain. "Délicieux, au fait. Je suis sûr que tu n'as rien à craindre de Xena."

 

"Ouais", fut la réponse amusée qu'il entendit à quelques centimètres derrière lui. "Je ne sacrifie des bébés qu'une fois par mois", fit Xena, traînant un peu la voix, plus amusée qu'autre chose. Elle adressa un regard neutre à une Sharra pétrifiée, et fit le tour de Jessan, choisissant une tranche de pain dans le panier posé sur la table. Vêtue d'une simple tunique de lin, elle était loin d'être aussi intimidante qu'avec le cuir et l'armure, mais fit tout de même reculer Sharra nerveusement. "Du calme… tout ce que je veux, c'est prendre mon petit déjeuner", dit Xena, en mordant à belles dents dans le pain et en mâchouillant.

 

"Ouais", fit Jessan, en lui adressant un regard espiègle, "il était temps que tu te réveilles." Il ignora joyeusement le regard noir qu'elle lui lança pour toute réponse. "Et moi qui croyais devoir aller te porter le petit déjeuner au lit." Ses yeux dorés étincelèrent et il lui tira un bout de langue rose.

 

Xena ne put retenir un petit rire. "Un de ces jours, Jessan", dit-elle en guise d'avertissement, avec un sourire désabusé et une expression diabolique dans le regard. "Quand tu t'y attendras le moins..."

 

L'être de la forêt croisa les bras sur sa poitrine musclée et leva son menton à son intention, profitant vraiment du moment. "Ah… des menaces… toujours des menaces…" Il adressa à Sharra un regard supérieur. "Je meurs de peur." Il tira à nouveau la langue. Ce qui lui valut un gloussement à peine étouffé de la gamine blonde, ce qui l'encouragea à continuer. Il agita ses sourcils à l'attention de Xena, la provoquant encore plus. "Je crois que tu bluffes" termina-t-il, ne remarquant pas le soudain éclair diabolique dans les yeux pâles, oubliant qu'elle était imprévisible, oubliant la rapidité de ses réactions.

 

Et pour réagir, elle réagit, bougeant si vite qu'il n'eut aucune chance de l'arrêter, de parer son assaut soudain, aucune pensée de résistance lorsqu'elle saisit son visage et l'embrassa avec virulence sur les lèvres. Le choc, et le sang qui lui monta immédiatement à la tête lui firent momentanément perdre l'usage de ses jambes, et il glissa du banc pour aller s'écrouler sur le sol. Il savait qu'il devait être écarlate, et resta assis là, la regardant sans rien dire. Il était bien incapable d'articuler une pensée cohérente, et les gloussements incontrôlés de Sharra et de Gabrielle qui venait d'arriver ne l'aidaient pas beaucoup. "Euhhh…" bafouilla-t-il, couvrant ses yeux de sa grosse main.

 

"Oooh... Xena", fit Gabrielle, depuis l'autre côté de la table. "C'était rusé." Elle tendit la main par-dessus la table et tapota Jessan sur la tête. "Je t'avais dit qu'elle avait de nombreux talents." Elle se glissa à table près de Sharra. "Bonjour. Je m'appelle Gabrielle." Elle lui tendit la main, que Sharra saisit après un moment d'hésitation. "Tu travailles ici dans la forteresse, c'est ça ?"

 

"Je ne bluffe jamais", commenta Xena en souriant ; puis elle se radoucit, tendant la main à Jessan. Il saisit le bras offert et elle le releva. Il essuya ses vêtements de la main, le visage encore rouge. Finalement, il baissa les yeux vers elle et lui adressa un sourire attristé.

 

"C'est ta revanche, hein ?" Ses yeux étincelèrent. "Tu es dangereuse, Xena."

 

"C'est ce qu'on dit", répondit Xena sèchement. Elle se tourna vers la table puis vint s'asseoir près de lui, en face de Gabrielle et de Sharra, qui discutaient comme de vieilles amies, le barde obtenant des informations sur les marchands de la ville. Elle déjeuna en silence, écoutant, jusqu'à ce que Gabrielle se taise une seconde pour reprendre son souffle. "Pourquoi ne demandes-tu pas à Sharra de te montrer tout ça, Gabrielle ?" suggéra-t-elle avec désinvolture. "Il faut que j'aille voir les marchands de cuir et les armuriers… je sais que tu déteste ces échoppes-là."

 

Gabrielle la regarda, mais ne vit dans l'expression de Xena qu'un intérêt mitigé. "Hmm. OK. C'est une très bonne idée." Elle leva un sourcil à l'attention de Sharra, qui acquiesça avec enthousiasme. "A tout à l'heure, alors", continua le barde, puis elle quitta la table avec la gamine et se dirigea vers la porte.

 

Xena les suivit des yeux jusqu'à ce qu'elles aient quitté la pièce, et vit Jessan la regarder avec un air entendu. "Quoi ?" grogna-t-elle.

 

Jessan se contenta de sourire, puis plongea le nez dans son assiette, qui était presque vide.

 

Xena renifla, dédaigneuse, puis se leva. "Bon. J'ai des choses à faire. A plus tard, Jessan." Elle sortit par la herse, et se dirigea vers la place du marché. L'armurier d'abord, pensa-t-elle, amusée, et elle suivit le son régulier et caractéristique du marteau sur l'enclume. Elle le regarda travailler un moment, alors qu'une petite épée prenait forme sous ses mains habiles. Il savait qu'elle était là, mais elle le laissa travailler sans rien dire jusqu'à ce qu'il plonge l'épée dans un baquet d'eau froide pour la refroidir. Il s'avança alors, essuyant sur son tablier des mains noircies par des décennies de labeur à la forge.

 

"Beau travail", commenta Xena, désigna le baquet d'un signe de tête.

"Merci", fit le forgeron avec un sourire en coin. "Qu'est-ce qui t'amène au marché aujourd'hui ? Pas une épée, ça, c'est sûr." Ses yeux marrons étincelèrent. "J'ai vu la tienne hier. Belle pièce."

 

Xena rit doucement. "Non, pas aujourd'hui. Deux dagues pour bottes. Je n'ai rien perdu d'autre." Elle jeta un œil autour de l'atelier, alors qu'il alla à un coffre et en rapporta deux dagues. Son regard fut attiré par des couteaux de cuisine sur une étagère juste à la hauteur des yeux. Tranchants d'un seul côté, petite soie, jolies poignées, pensa-t-elle, amusée, puis elle sourit. "Et ces couteaux, aussi." Elle les montra d'un geste du menton.

 

Le forgeron la regarda avec surprise. "Ce sont des couteaux de cuisine, ma dame. Pour couper de la viande et des choses dans ce genre."

 

Xena pencha la tête vers lui. "Je sais." Elle se pencha encore plus près. "Et je ne suis pas une dame." Elle lui adressa alors un sourire féroce, et le forgeron recula d'un pas. Quelques instants plus tard, elle se promenait, le paquet sous le bras, se dirigeant vers le marchand de cuir, dont l'échoppe, construite contre le vent, grouillait de soldats faisant réparer leurs cuirasses après la bataille de la veille.

 

Le maître artisan, un homme assez âgé aux cheveux roux légèrement grisonnants et au regard gris clair, leva les yeux alors qu'elle entrait et qu'il se disputait avec un soldat fatigué à propos d'un tablier de bataille. Il conclut la discussion rapidement et s'approcha d'elle en souriant. "Ah. Notre héroïne." Son sourire s'élargit encore plus en la voyant lever les yeux au ciel. "Bonjour, Xena. Ça faisait longtemps", ajouta l'artisan d'une voix chaude, en lui offrant son bras.

 

"Bonjour, Teldan", répondit Xena, avec la même chaleur. "Je me suis dit que je pourrais venir te faire un peu travailler, en souvenir du bon vieux temps." Ses yeux étincelèrent. "En plus, tu fais du bon boulot." Elle serra le bras qu'il lui offrait, se souvenant de leur dernière rencontre. "La dernière combinaison a bien tenu le coup, jusqu'à maintenant."

 

"Venant de ta part, c'est un beau compliment, ma fille", répondit l'artisan, de nouveau tout à ses affaires. "Viens un peu par-là… j'ai de nouvelles peaux vraiment bien faites… choisis celle que tu veux." Il la conduisit derrière un rideau, dans la pièce où toutes les peaux traitées étaient suspendues. Xena marcha entre les peaux, passa ses doigts sensibles sur chacune d'entre elles, jusqu'à ce qu'elle en trouve une dont la texture et le poids lui plaisaient.

 

"Tu me refais tout l'ensemble", dit-elle rapidement. "Celle-ci fera l'affaire." Elle lui jeta un coup d'œil. "Même forme que la dernière fois."

 

L'artisan lui adressa un grand sourire. "Ah, j'adore ce genre de commande. Allez, viens. Voyons un peu si tes mesures ont changé avant que je commence à couper." Il lui saisit doucement le coude et la guida vers l'arrière-boutique. "Et après toutes ces tronches de suif, ça sera un vrai plaisir, tu peux me croire."

 

Xena se contenta de soupirer et de lever les yeux au ciel, puis retira sa tunique et attendit avec une aisance désabusée pendant qu'il collectait les informations dont il avait besoin.

 

"On dirait que tu as travaillé dur", commenta Teldan, prenant des notes sur un bout de papier. Ses doigts effleurèrent les bleus sous ses côtes. "C'est d'hier ?"

"Hmm", fit la guerrière. "Tu sais ce que c'est."

"Ouais", grogna Teldan. "Je sais." Il passa derrière elle, et mesura la largeur de ses épaules, leva un sourcil puis prit les mesures en notes. "Tu passes ton temps à soulever des cailloux ou quoi ?" Il leva les yeux vers elle et croisa son regard amusé. "Tes épaules sont à peu près cinq centimètres plus larges que la dernière fois."

 

Xena leva les deux mains en un geste d'impuissance. "Je me suis pas mal battue, sans doute", répondit-elle. "Je ne prends pas vraiment de notes, tu sais." Cinq centimètres ? Qu'est-ce que j'ai bien pu fabriquer ?

 

Teldan grogna, amusé, puis continua à prendre ses notes. "Sans doute pas. Ces bleus et cette coupure, c'est tout ce que tu as récolté sur le champ de bataille ?" Il vit les muscles bouger sur son dos alors qu'elle se tournait pour le regarder.

"J'ai eu de la chance", fit-elle en haussant les épaules.

 

Teldan repassa devant elle, et laissa errer son regard sur sa silhouette. Il ricana en secouant la tête. "De la chance. Allez, Xena. Tu n'as pas de chance. Tu es bonne, c'est tout. Pas de fausse modestie, OK ?" Il la regarda avec tendresse. "Je vois passer toutes sortes de gens, ma fille, et je peux te dire que j'aimerais bien en voir plus des comme toi." Il lui passa sa tunique. "Et rhabille-toi avant que je ne fasse quelque chose qui me coûte un bras cassé." Il ricana puis s'appuya contre une armoire, pour compléter ses notes. "Ça va prendre deux, trois jours." Il leva les yeux vers elle. "Tu restes pour les festivités, pas vrai ?"

 

"Ouais", répondit Xena, en traversant la pièce pour venir s'appuyer sur la même armoire. "C'est bon." Elle lui sourit. "Merci, Teldan."

 

"Tout ce que tu veux, ma fille", répondit Teldan en souriant aussi. "Fais attention, d'accord ? J'aimerais continuer à te faire des tenues en cuir pendant très longtemps."

 

Xena secoua la tête. "Je ne te promets rien, Teldan." Mais elle lui fit un clin d'œil avant de ramasser son paquet et de sortir de l'atelier. Voilà pour les besoins les plus pressants… maintenant… Xena fit une longue pause, essayant de décider de sa prochaine action. Elle finit par hausser les épaules, et se dirigea vers le centre du marché, sans but précis.

 

 

Gabrielle et Sharra prenaient leur shopping très au sérieux. Gabrielle avait déjà rendu visite aux marchands de tissus, et avait non seulement acheté un peu de linge, mais aussi une tunique vert pâle en tissu très doux qu'elle comptait porter au banquet ce soir-là, avec une courte jupe de couleur crème. L'ensemble plut beaucoup à Sharra qui suggéra même une barrette à cheveux qui allait parfaitement avec le reste. Le barde tenait tout ça sous son bras alors qu'elles se dirigeaient vers l'échoppe du fabricant d'outils. "J'ai besoin d'une poêle à frire", avait dit Gabrielle, sans expliquer le sourire sardonique qui s'était dessiné sur ses lèvres.

 

Elle se trouvait également face à un dilemme : elle voulait trouver quelque chose pour Xena, mais… Quoi ? Je ne peux pas lui acheter n'importe quoi, pensa le barde, amusée. Des armes, non. Des petits trucs inutiles, non. Des bijoux qui pendouillent, non. Des brassards supplémentaires ? Gabrielle soupira. Non.

 

"Qu'est-ce qui ne va pas ?" demanda Sharra, en voyant son expression. "Pourquoi secoues-tu la tête ? Elle avait décidé que le jeune barde lui plaisait, malgré son choix en compagnons de voyage.

 

"Ce n'est rien, vraiment", répondit Gabrielle avec un soupir. "J'essaie seulement de prendre une décision." Elle jeta un coup d'œil de l'autre côté de la rue et repéra un marchand d'objets en argent. "Hé, allons voir un peu par-là." Elles entrèrent dans l'échoppe. "Oh !" sourit Gabrielle. "Je pourrais vraiment me laisser aller ici." Ses yeux observèrent les bijoux avec intérêt. Elle fit plusieurs fois le tour de l'échoppe, sous le regard amusé du marchand, avant que ses yeux ne soient attirés par deux bracelets en argent assortis, décorés par un très beau motif compliqué. Gabrielle retint son souffle. "Oh." Le motif lui en rappelait un autre et chatouilla sa mémoire avec insistance. "Ils sont magnifiques."

 

Sharra tendit le cou pour regarder par-dessus l'épaule de Gabrielle. "Mmm…" fit-t-elle, admirative.

 

"Combien ?" demanda le barde, levant la tête vers l'artisan, qui avança jusqu'à elle et pencha la tête, la regardant soudainement avec intensité.

 

"Peux-tu venir un instant dans la lumière, ma dame ?" demanda-t-il, sa voix grave ressemblant à un grondement tranquille. Il guida Gabrielle vers la fenêtre et la regarda droit dans les yeux. Et puis, sans raison apparente, il lui sourit très doucement. "Me feras-tu le grand honneur de les accepter, en cadeau ?"

 

Gabrielle en resta bouche bée. La scène tout entière était incompréhensible. "Hein ? Pourquoi ? Je… je ne comprends pas."

 

L'artisan la regarda avec une expression qu'il était impossible d'interpréter. "Je veux seulement t'en faire cadeau. Je t'en prie. Ne les refuse pas." Ses yeux étincelaient ; puis il retira les bracelets de la vitrine et les enveloppa dans un linge doux et les posa dans ses mains ouvertes.

 

"O..OK..." souffla Gabrielle, secouant la tête, confuse. "Merci." Elle et Sharra sortirent de l'échoppe, puis firent une pause pour se regarder. "Qu'est-ce qui s'est passé, là ?" se demanda Gabrielle, "je ne comprends pas." Elle ouvrit le paquet et regarda le soleil se refléter sur le métal.

 

Sharra se contenta de secouer la tête, puis regarda les bracelets. "Trop grands pour toi, Gabrielle." Elle observa les poignets du barde. "Dommage," fit-elle, en haussant les épaules.

 

Gabrielle demeura silencieuse un moment, puis répondit, un peu absente. "Oh. Ils ne sont pas pour moi." Un sourire se dessina sur ses lèvres. Sa main enveloppa doucement l'un des bracelets et elle ferma les yeux, pensive. "Ils lui iront parfaitement." Elle ouvrit les yeux et vit Sharra qui la fixait avec une expression étrange sur le visage.

 

Mais Sharra ne dit rien et, après une pause, elles reprirent leur marche le long de la rue. "Alors," fit enfin Sharra, "tu voyages avec Xena. Comment ça se passe ?" Elle lança un regard curieux au barde. Elles avaient à peu près le même âge, pensa-t-elle, Gabrielle avait peut-être quelques années de plus, mais elle était loin d'avoir l'expérience qui marquait le visage de la jeune femme rousse.

 

"Comment ça se passe…" répéta Gabrielle, réfléchissant. "Eh bien, nous sommes de très bonnes amies." Elle baissa les yeux et sourit un peu. "On se retrouve mêlées à plein de choses. Comme ici."

 

"C'est marrant. Je ne peux pas m'imaginer être amie avec quelqu'un comme elle", dit Sharra, lui jeta un regard rapide. "Tu n'as pas peur ?"

 

"Peur de quoi ?" fit Gabrielle en riant. "De Xena ?? C'est ridicule." Elle fit une pause. "Enfin, non, ce n'est pas ridicule… je veux dire, oui, elle peut vraiment faire peur aux gens qu'elle n'aime pas." Elle sourit à Sharra. "Mais je suppose que je ne fais pas partie de ces gens-là, alors je peux voir un côté différent de sa personnalité." Elle firent quelques pas côte à côte, en silence. "Tu as faim ?"

 

"Un peu", admit Sharra. "Les bracelets sont pour elle ?" Elle connaissait la réponse avant que le barde n'acquiesce, et enregistra l'information. "Je suis sûre qu'ils lui plairont." Elle sourit rapidement à Gabrielle. "Allons chercher des pâtisseries. Eften en fait de très bonnes, aux noix et au miel." Elle guida le barde vers l'échoppe.

 

 

Xena souriait en regagnant la forteresse. Pas mal, pas mal du tout, pensa-t-elle, plutôt satisfaite. La combinaison de cuir, les dagues, quelque chose à me mettre ce soir, des bottes, et quelques… petites choses en plus. Très bien, tout ça, et en plus, ça n'avait pas pris longtemps. Elle traversa la cour, et croisa Hectator qui se dirigeait dans la direction opposée. "Comment va la tête ?" demanda-t-elle, ralentissant pour lui parler.

 

"Ça fait mal comme Hadès en personne", répondit gaiement Hectator. "On m'a dit que tu as passé la journée à supporter l'économie locale." Il lui prit le bras et l'accompagna vers la herse. "Je venais justement pour te parler." Il fit une pause. "Je ne t'ai pas remerciée correctement. Ce bredouillement à moitié inconscient de la nuit dernière ne compte pas."

 

Xena haussa les épaules. "La routine, Hectator."

 

"Tu parles", ricana le prince. "Puis-je te convaincre de rester parmi nous encore quelques jours ? Nous avons prévu un grand banquet ce soir, et un festival pendant les jours qui suivront. Je pense que ça te plaira… il y aura des compétitions guerrières." Ses pâles yeux gris observèrent le regard bleu. "Et Lestan et les siens sont aussi invités."

 

Xena rit doucement. "Ok, d'accord. Pourquoi pas ?" Elle lui jeta un coup d'œil. "Je pensais prendre quelques jours de repos de toute façon."

 

"Parfait", fit Hectator, satisfait. "Tu crois que je pourrais convaincre Gabrielle d'être de service bardique ce soir ? Ils ont vraiment aimé ses histoires, l'autre jour, et je parie qu'elle en connaît plein d'autres."

 

"Il faudra que je lui demande", répondit Xena, mais elle sourit. "Mais je pense qu'elle sera ravie de le faire."

 

"Super", soupira gaiement Hectator. "Puis-je t'aider avec ça ?" dit-il en désignant les paquets que portait Xena. Elle tourna la tête vers lui et le fixa, le sourcil levé. "Ok… ok… c'est l'habitude, tu sais… désolé." Il rit. "Bon, je vais y aller avant que tu ne décides de me porter, moi, là-haut." Il disparut dans un couloir, laissant Xena monter seule l'escalier quatre à quatre jusqu'à sa chambre.

 

Je suis de bonne humeur, songea la guerrière pensivement. Et je crois que ça me plaît bien. Il faudra que j'essaie de temps en temps. Bien sûr, elle était rentrée avant le barde. Xena posa ses paquets sur la commode, près des sacoches de la selle d'Argo, et les tria, mettant de côté le paquet contenant les couteaux, ainsi que plusieurs autres petits paquets. Son ouïe sensible, repéra bientôt des pas dans les escaliers, et elle fourra rapidement la plupart des paquets dans les sacoches, à part les couteaux et un autre petit paquet. Et puis un autre qu'elle soupesa dans sa main, puis le plaça avec les autres. "Celui-là… va m'attirer des ennuis", marmonna Xena, puis elle leva les yeux lorsque la porte s'ouvrit et Gabrielle entra, les bras pleins de paquets.

 

Etouffant un juron, Xena se lança en avant pour attraper quelques paquets avant que le barde ne perde complètement l'équilibre et ne s'écroule par terre. Elle finit par attraper les paquets et le barde, et parvint à tout remettre en place sans rien laisser tomber. "Gabrielle !" s'écria-t-elle en riant. "Tu as vidé toutes les échoppes du marché ou quoi ?"

 

Gabrielle sourit, le souffle court. "Ouf. Presque." Elle poussa les mèches de cheveux qui lui tombaient dans les yeux. "On avait besoin de plein de trucs." Elle jeta à Xena un coup d'œil en coin. "Et j'ai trouvé une poêle à frire." Ce qui lui valut un regard. "J'en ai demandé une avec une petite pointe au bout, juste au cas où", ajouta-t-elle avec un sourire espiègle.

 

"Vraiment ?" fit Xena en riant, surprise.

 

"Ouais", répondit gaiement le barde. "J'ai aussi pris des fourrures de couchage. Tu m'as dit de tout dépenser, non ?" Elle se leva et commença à trier les paquets. "J'ai trouvé quelque chose à me mettre ce soir."

 

"Ouais, moi aussi", commenta Xena, prenant Gabrielle par surprise. "Ne me regarde pas comme ça. Je me fais aussi faire une nouvelle combinaison de cuir parce que celle-ci n'a pas trop aimé la journée d'hier."

 

"Hé !" Gabrielle tendit les mains devant elle, en faux abandon. "Je n'ai rien dit !" Puis elle retourna à son tri. "J'ai acheté quelques trucs à manger et du savon, et des parchemins neufs, et de l'encre et…" elle hésita un court instant. "Et ça." Elle se tourna, le paquet de lin dans les mains, et le posa sur les paumes de Xena. "Pour toi."

 

C'est marrant comme nos esprits sont sur la même longueur d'ondes, pensa Xena, amusée, tout en ouvrant le paquet. "Tu n'aurais pas dû, Gabrielle." réprimanda-t-elle, puis elle regarda le contenu, et ses yeux s'écarquillèrent devant ce qu'elle vit. "Oh, Gabrielle…" Elle leva les yeux, et croisa le regard du barde, puis passa doucement son doigt sur le motif entrelacé des bracelets. "Ils sont magnifiques."

 

Gabrielle sourit. "Ils te plaisent, alors ? Je me suis dit qu'ils te plairaient." Mentalement, elle prit tout cela en notes.

 

"Beaucoup", répondit Xena en lui souriant. Puis elle tendit la main derrière elle et lança un paquet à Gabrielle. "A ton tour."

 

"Mais..." Gabrielle s'interrompit et se contenta de rire, puis ramassa le paquet et souleva l'emballage. "Wow !" s'écria-t-elle, ravie. "Où les as-tu trouvés ? J'ai fait toutes les échoppes du marché et je n'en ai pas trouvé un seul !" Elle souleva les couteaux de cuisine, et tourna leur lame aiguisée à la lumière.

 

"Contente qu'ils te plaisent", répliqua Xena. "Regarde… j'ai trouvé ça pour Jessan. Qu'en penses-tu ?" Elle montra au barde la broche en forme de lion qu'elle avait repérée dans une petite échoppe juste à l'extérieur des murs du château.

 

Gabrielle se mit à rire. "Oh… c'est parfait." Elle toucha la broche du bout du doigt. "Ça ressemble même à cette expression qu'il a… tu sais..."

 

"Uh huh", acquiesça Xena. "Je crois qu'on devrait commencer à se préparer pour ce banquet." Elle jeta un coup d'œil par la fenêtre, et vit le soleil qui se couchait. "Je vais aller me débarbouiller." Elle se leva, et fit deux pas vers la salle de bain lorsque Gabrielle l'arrêta pour la serrer dans ses bras. "Hé… hé…" fit-elle doucement en riant, devant l'étreinte féroce du barde. "Doucement. Ou il faudra que j'aille à ce banquet avec des côtes cassées."

 

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