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AT A DISTANCE2

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

La séparation

 

At a distance

 

Par Melissa Good

 

 

traduction libre...mais fidèle de la fiction de Melissa Good par Fryda

 

**********

Partie 2A

******

A un jour d'Amphipolis

 

Au moins une fois par heure, Xena pensait que ce silence allait la rendre folle, elle essayait de penser à n'importe quoi pour occuper son esprit. Chaque bruit était amplifié -le hululement d'une chouette sonnait comme une alarme. Le doux son des branches mues par le vent. Le bruit sec du bois que le feu consumait.

 

Elle regarda le feu et y ajouta quelques pierres, puis elle s'adossa de nouveau au rocher près duquel elle se tenait assise, et inclina la tête pour observer les étoiles. Puis elle ferma les yeux, luttant contre la peine que lui causait le souvenir soudain des nombreuses nuits passées à tracer paresseusement des motifs dans le ciel avec Gabrielle. Ne pensons plus à ça, d'accord ?

 

Elle était à mi-chemin de chez elle. Et il lui tardait de revoir tout ça aussi. Et, en fait, pourquoi à la maison ? Un grognement de dérision. Pourquoi ? Bonne question. Juste un endroit où aller le temps qu'elle prenne sa décision ? Et si elle décide de rester avec les Amazones après tout, je ferai quoi? Je pense que je trouverai bien.

 

La question est, Jessan avait-il raison, là-bas à Cirron ? Il disait qu'il pouvait voir une connexion entre nous... Y a-t-il vraiment ... une attache entre elle et moi ? Ou est-ce juste mon imagination ? Est-ce que je prends mes désirs pour la réalité ? Oui, probablement. Nous ne sommes pas comme son peuple. Ses parents. On pouvait voir le lien entre eux, l'amour dans leurs yeux lorsqu'ils se regardaient. Nous sommes très proches... Je le sais... mais à ce point ? J'en doute. Elle est Reine des Amazones. Je ne la blâmerais pas de vouloir le rester ... et si c'est le cas...Je continuerai ma route en oubliant ce qui aurait pu advenir autrement.

 

La douleur que lui causait cette pensée était plus forte qu'elle ne l'aurait cru. En grimaçant, elle expira longuement, puis se leva et se brossa pour ôter la poussière. Elle se dirigea vers la souche où elle avait posé son épée, agrippa fermement la poignée et dégaina l'arme. Elle observa la lueur de la lune courant le long de la lame.

 

" Je crois que je ferais mieux de faire quelques exercices, Argo. " Elle s'adressa à la jument qui recula. " Si je peux tenir assez longtemps, je serai peut-être assez fatiguée pour espérer dormir. " De plus, ça me fera du bien. je n'en ai pas fait beaucoup ces derniers temps. Elle en écarta la raison de son esprit, et se dirigeant vers un petit espace libre, elle commença à attaquer silencieusement d'invisibles ennemis.

 

Coups et contrecoups, feintes et glissades, à mesure que ses muscles s'assouplissaient et que les mouvements s'accéléraient et devenaient de plus en plus mortels, elle fut pratiquement capable de ne penser qu'à l'exercice. Un saut par-dessus un combattant invisible, les pieds rentrés pour éviter un coup haut de son épée, un tour sur elle-même à l'atterrissage et une parade, un autre saut, cette fois-ci avec un retournement en plein air pour permettre à son bras armé de descendre et de porter un coup. Une pirouette à l'atterrissage, un retour en arrière tout en faisant tournoyer son épée dans une figure complexe. Elle continua longtemps sans s'arrêter. La lune avait fait un long chemin dans le ciel, lorsqu'elle se calma enfin, la poitrine soulevée par l'effort, contemplant le motif dessiné par les feuilles éparpillées sur le sol de la forêt. Oui, je crois bien que j'avais besoin de m'y remettre. Certains de ces mouvements n'étaient pas si difficiles autrefois.

 

Xena soupira avec écoeurement et retourna vers le feu paisible, essuyant la poignée de son épée d'un air absent avant de la remettre dans l'étui de cuir, posé à côté du rocher. Elle se glissa sur sa couche, releva un genou qu'elle entoura de ses longs bras et laissa son regard errer au loin devant elle. Puis elle tourna la tête, à l'écoute d'un son faible, pas très loin. Intriguée, elle porta son regard sur le sol près d'elle et sursauta doucement à la vue de quelque chose de petit qui se dirigeait vers elle.

 

" Bien, bien. " murmura-t-elle en s'allongeant de tout son long sur la couche, ce qui la rapprocha de la source du bruit, un miaulement étouffé. " Qu'est-ce que c'est donc que ça ? " Une petite tête, sombre et poilue la regardait en retour, ses yeux jaunes fixés sur elle. " D'où viens-tu ? " demanda-t-elle en tendant une main prudente que l'animal renifla avec méfiance. " Où est ta maman ? " Elle leva la tête au cas où la maman aurait suivi junior dans le camp. Elle soupira et observa le petit chien, qui apparemment satisfait de ce qu'il avait senti, rampa plus près et s'assit sur sa main. " Oh non. " Le chiot cligna des yeux. " Je ne crois pas que tu puisses. Allons trouver ta maman. " Elle souleva le chiot, le calmant avec l'autre main lorsqu'il commença à pousser des cris perçants. " D'accord ... D'accord ... " Elle mit le chiot contre elle, au creux de sa poitrine, le scrutant à moitié amusée, à moitié ennuyée. L'animal se calma et posa le museau sur sa peau, laissant échapper un léger soupir avant de fermer les yeux.

 

L'absurdité de la situation provoqua un rire inattendu chez la guerrière. " Je ne le crois pas. " Ses yeux s'arrondirent. " Mais qu'est-ce que j'ai donc ? " Secouant la tête, elle se leva et s'avança près du feu. Elle pencha la tête pour écouter attentivement. Son front se plissa et elle ferma les yeux, concentrée. Rien. Puis, une toux. Son sang se glaça, elle se retourna pour agripper la poignée de son épée par pur réflexe, le chiot toujours dans sa main.

 

Le métal frotta le cuir lorsqu'elle dégaina et bondit dans l'obscurité environnante, chaque sens en alerte, le vent face à elle. Reconnaissant le moindre indice de la saveur familière du métal dans le vent et se déplaçant en grimaçant dans sa direction. Bougeant avec plus de prudence que d'ordinaire. Plaçant chaque pas avec exactitude pour ne pas déplacer une feuille ou écraser une brindille, évitant d'effleurer les fougères légères au passage. Laissant l'odeur de sang envahir ses poumons jusqu'à ce qu'elle soit au bord d'un anneau d'arbres et de rochers, où elle pouvait entendre les sons d'un animal qui se nourrissait là. Avec une prudence infinie, elle allongea son bras armé pour bouger doucement une lourde branche, ce qui lui permit d'avoir une vue sur la clairière.

 

Des yeux verts-jaunes rencontrèrent les siens, et, dans un éclair de solides crocs blancs et une ruée de griffes, le chasseur fut sur elle, trop près pour son épée, l'haleine chaude explosant sur son visage. Désespérée, elle se laissa tomber sur le dos et donna un coup de pied qui envoya l'animal par-dessus sa tête, avec un miaulement de surprise. Elle se débarrassa de l'épée et du chiot et leva les mains pour se défendre, alors que le félin, tournoyant dans l'air, atterrit sur ses pattes, la queue battant furieusement l'air, et se lança de nouveau sur elle, arrachant la peau de ses bras de ses griffes acérées. Grimaçant, Xena ignora la douleur cuisante lorsque l'animal frappa, elle projeta ses bras derrière pour agripper la gorge du félin et serrer.

 

L'animal atterrit sur elle, les crocs à quelques centimètres de son visage, creusant le cuir de ses griffes, et tint bon. Les solides mains de Xena serrèrent fort, elle put voir les yeux exorbités de l'animal, qui, soudainement, de chasseur devint proie, lorsqu'elle coupa sa respiration. Maintenant, il se battait pour la fuir, pour échapper à l'étau de ses mains.

 

" Oh non. " Elle gronda, roulant sur elle-même pour clouer l'animal au sol avec son poids, penchant la tête presqu' assez près pour toucher l'épaule du félin, et fonça, avec la volonté de serrer encore plus, sentant le souffle de l'animal diminuer sous la pression de ses doigts.

 

Finalement, ce fut le calme. Froidement, elle desserra les doigts de la fourrure froissée et déglutit. Elle regarda le sang dégouliner de ses bras vers ses mains tremblantes, des longues et affreuses entailles qui la striaient des épaules aux coudes. Dieux. Elle s'assit, posa ses coudes sur ses genoux et reprit sa respiration. Le chiot, effrayé, émit un petit son étouffé, essayant de s'approcher avec désespoir. Elle le regarda avec tristesse lorsqu'il vint se pelotonner contre sa cuisse. Bon sang. Elle tressaillit, se pencha vers lui pour le saisir, puis elle se souleva et marcha vers la clairière que le félin gardait.

 

Et elle ferma les yeux à cette vue. Du sang partout, les corps éparpillés des frères et soeurs du chiot. Sur un côté, se trouvait la mère. La tête de la louve faisait face à Xena, le sang giclant de la large déchirure de son ventre. Des yeux jaunes déjà vitreux à l'approche de la mort, fixant l'humain immense face à elle, non ... fixant ce qu'elle portait avec précaution. Xena marcha doucement vers l'animal mourant et s'agenouilla, ne voyant aucune peur, seulement de l'angoisse dans ses yeux. Elle posa le chiot près du museau de sa mère et étudia la blessure de l'animal avec précaution.

 

Non. Il y avait trop de dommages, même si elle avait été capable de s'en occuper. Elle baissa les yeux et vit la mère qui tentait vainement de lécher le chiot, qui posait son museau sur sa bouche avec anxiété. Elle hésita, puis laissa ses doigts toucher le cou de la louve, cherchant puis trouvant un point familier; Elle serra et vit le corps de l'animal devenir mou, en même temps que la douleur et les sensations disparaissaient.

 

Les yeux jaunes trouvèrent les siens, puis clignèrent, puis devinrent vitreux, la poitrines'immobilisa. Xena se mordit durement la lèvre et se tourna vers le chiot découragé, qui lécha une dernière fois le museau sec et s'assit avec un cri plaintif. Sa petite tête s'inclina et il regarda Xena de ses yeux désorientés et impuissants. N'y pense pas une seconde, Xena. Elle ferma les yeux à cette pensée. C'est la survie du plus fort, tu te souviens? Des animaux meurent tous les jours.

 

A contrecoeur, elle jeta un coup d'oeil vers le chiot. Il se mit sur ses pattes chancelantes et trébucha en marchant vers elle, cognant son nez sur un genou, en rebondisssant sur ses hanches avec un petit gémissement. Ses yeux trouvèrent ceux de Xena dont le coeur fit une embardée. Bon sang. Je commence à faire du sentimentalisme. " Viens. " murmura-t-elle, ramassant l'animal. " Je suis sûre que ma mère a besoin d'un chien de garde. "

 

Elle berça le chiot en retournant vers le campement, s'arrêtant pour récupérer son épée, et jeta un dernier coup d'oeil vers la panthère noire allongée dans l'herbe. Elle était immense. Je pourrais être là, à sa place, pensa Xena. Ce n'était pas mon jour, je pense.

 

Argo la regarda anxieusement lorsqu'elle revint au campement, sentant l'odeur du sang, et l'odeur étrange du petit orphelin. Elle tapota l'épaule de la jument et la laissa sentir le chiot. " Ca va, ma fille. Juste quelques égratignures. " La guerrière grommela en déposant le chiot sur sa couche et en se laissant glisser à côté de lui, attrapant son équipement médical avec un soupir. " Ca fera sûrement des cicatrices intéressantes. " murmura-t-elle à l'intention du chiot, qui cligna des yeux. " Aie. " Elle tressaillit. Le liquide piqua mais elle tint bon tout en grimaçant, jusqu'à ce que le sang arrête de couler, et elle appliqua un onguent sur les entailles.

 

Le chiot piaula. Baissant la tête vers lui, elle soupira. " Tu manges de la viande, au moins, non ? " demanda-t-elle, en sortant un morceau de viande fumée. " Désolée, c'est cuit. " Elle le tendit à la petite créature, qui renifla, éternua puis commença à mordiller un coin. Malgré elle, Xena sentit un soupçon de sourire parcourir son visage. Dans sa tête, elle pouvait entendre les roucoulements enchantés de Gabrielle à la vue de cette petite chose. Et les mots taquins que lui aurait valu le fait de l'apporter au campement. Et la terreur qu'aurait ressenti le barde lorsqu'elle combattait la panthère. Pendant un instant, elle eût presque la sensation d'une main familière sur son épaule. Arrête. Ne commence pas avec ça.

 

Paresseusement, elle mit le chiot sur le dos. "Eh bien, petit homme. " Elle passa les doigts dans sa fourrure soyeuse. " Je ne sais pas ce qui t'a mis sur mon chemin, mais je pense que je peux te trouver une bonne maison. " Le chiot grogna et mordilla son doigt avec une férocité feinte. Elle le souleva et s'installa sur le dos, plaçant le chiot sur son estomac et lui caressant la tête, réalisant ce que la scène avait d'incongru. Je devrais le laisser ici. Et elle pensa à ce que dirait Gabrielle si elle l'entendait. Elle sourit avec une résignation désabusée. Non. Elle n'aimerait pas du tout ça. " Tu as de la chance. " grogna-t-elle en retour vers le chiot, qui hochait maintenant la tête de sommeil. " C'est uniquement pour elle que je fais ça, tu sais. Elle me tuerait si elle apprenait que je t'ai laissé ".

 

Le chiot éternua et se blottit, faisant sortir sa langue rose et incurvée dans un petit baillement, puis posa sa tête noire sur ses pattes en fermant les yeux. " Je ne vais pas te donner de nom. " Elle continua pourtant à chercher, alors que plusieurs possibilités se bousculaient dans son esprit fatigué. Ares, par exemple. Hmmm... Non, c'était aller au-devant des ennuis. Pareil pour Hercule. Non, non... arrête. Ne lui donne pas de nom. Bien que ... Elle jeta un coup d'oeil vers la petite chose endormie. Avec cette couleur, il me rappelle un peu Ares... Xena, ARRÊTE. TOUT DE SUITE. Elle secoua la tête et ferma fermement les yeux, sentant la chaleur réconfortante du petit corps à travers le cuir. Et l'entourant d'un main protectrice, elle s'enfonça dans un profond sommeil.

 

A l'entrée du village des Amazones

 

Comme elle l'avait promis, Ephiny retrouva Gabrielle au moment où elle passait la frontière du pays des Amazones. En fait, elle avait attendu l'arrivée de l'Amazone avant de se montrer, et elle s'en félicitait silencieusement. Les leçons de Xena avaient porté, ces derniers temps, et elle se trouvait plus consciente de ce qui l'entourait, sans avoir même à y penser. Si elle fermait les yeux, elle pourrait entendre la voix basse lui dire : " Eveille ta conscience, Gabrielle. Le monde te parle. Ecoute-le. "

 

Mais cela ramena cette douleur tranquille et elle perdit le fil de ce qu'Ephiny disait. " Désolée... De quoi s'agit-il déjà ? " dit-elle en posant la main sur le bras de l'Amazone. " J'ai raté la fin. "

Ephiny se tourna vers elle et la regarda, l'air inquiet. " Gabrielle, est-ce que tu vas bien ? " demanda-t-elle en baissant la voix. " Tu as l'air préoccupée ou distraite. Ou autre chose. Je ne sais pas. "

 

Le barde se massa les tempes, évitant le regard acéré d'Ephiny. " Oui, ça va bien. " Elle la rassura en tapotant le bras de l'Amazone. " Je suis juste un peu fatiguée, je pense. Je n'ai pas beaucoup dormi la nuit dernière. " Elle jeta un coup d'oeil plus loin vers le chemin, où le reste du comité d'accueil d'Ephiny s'était arrêté, attendant qu'elles les rejoignent. " Ca ira. " dit-elle encore, en faisant un effort pour montrer un sourire rassurant à Ephiny. " Tu disais, à propos des centaures ? "

Ephiny lui lança un dernier regard inquisiteur puis soupira. " La dernière fois que leur ai parlé, ils étaient au moins disposés à discuter de la possibilité d'une défense commune de nos frontières. J'ai réussi à maintenir le niveau des quelques incidents survenus à quelque chose comme 'Oh vous savez, les filles seront toujours des filles et les centaures, toujours des centaures', mais c'est un peu faible. " Gabrielle sourit. " Je saisis le point. " Elle machouilla sa lèvre. " As-tu puni les Amazones impliquées dans les 'incidents' ? "

L'Amazone haussa doucement les épaules. " Il y a un petit problème. "

" Arella ? " demanda le barde, bien qu'elle savait.

Ephiny hocha la tête. " La plupart des femmes impliquées sont dans son petit groupe branché . Elle les protège, en disant qu'elles ne veulent que le bien de leur nation. Et, les gens la croient. "

" Uh huh. " songea Gabrielle. " Je ne sais pas, Ephiny - mais on dirait que c'est elle le problème principal. " Elle marcha un peu. " Croit-elle vraiment que ce qu'elle fait est bien ? "

Ephiny secoua la tête. " Le croit-elle ? Qui le sait. Est-ce que cela compte ? Elle le fait, c'est tout. "

 

Le barde s'arrêta soudain et la fixa. " Ephiny ! Bien sûr que ça compte. Quand quelqu'un fait une chose, tu dois savoir pourquoi, sinon tu ne peux pas trouver le moyen de l'arrêter. " Elle plissa le front. " Lorsque les gens font une chose en laquelle ils croient, c'est difficile de se mettre en travers de leur chemin. " Son regard devint flou pendant un instant, puis redevint clair. " Mais parfois, tu peux. " Gabrielle eût un sourire qui laissa Ephiny perplexe. " Cela dépend de ta relation avec cette personne. "

Ephiny la regarda en coin. " D'accord. " dit-elle finalement, une main sur l'épaule de Gabrielle pour la guider vers une entrée familière. " Voici le village. Allons régler tout ça. "

 

Sous les hautes ombres en face de ses quartiers, Arella attendait, détendue, le retour d'Ephiny et de leur reine. Quelques-unes de ses amies flânaient dans les environs, prenant le soleil avec un air ennuyé. Ephiny était réellement pathétique. Prétendre qu'elle ne s'était pas précipitée pour ramener cette reine - même pas une Amazone - aussitôt qu'elle avait compris qu'elle risquait d'avoir une concurrence sérieuse pour changer. Les yeux d'Arella s'arrondirent et elle secoua la tête de dégoût.

" Qoi ? " Erika qui s'appuyait contre le mât près duquel elle était assise, ronronna. " Laisse-moi deviner . Ephiny?La reine ? Le temps ? ". Arella eût un petit sourire affecté. " Deux sur trois, Rika. " Elle fit un large sourire à l'adresse de la femme plus petite à côté d'elle. " Je ne peux pas croire qu'elle la ramène vraiment ici. " Elle s'étira paresseusement, admirant la façon dont les muscles saillaient sur ses longs bras. " Elle doit être dingue. "

Erika s'assit à côté d'Arella, brossant la poussière du dessus de ses bottes lacées. " Eh bien, peut-être. " Elle haussa les épaules. " Ephiny n'est pas stupide, elle est juste... Je ne sais pas... "

" Une poule mouillée ? " avança Arella, avec un sourire éclatant. " Non... quelqu'un qui donne naissance à un centaure ne peut pas être une mauviette... Je retire ça. "

" Une pacifiste. " conclut Erika en croisant les bras sur sa poitrine. " Je ne peux pas comprendre ça. "

" Moi non plus, mais les voilà. " Arella pointa le menton vers l'entrée du village, où la garde d'honneur d'Ephiny entrait, suivie par Ephiny elle-même et leur ... oh dieux...reine par le rituel de la caste.

 

" Bien, au moins Eph a réussi à lui faire porter les habits cette fois-ci. " dit Erika avec un sourire supérieur, cognant Arella dans les côtes. " Ouais. " songea cette dernière, étudiant la femme aux cheveux blond vénitien qui se tenait au côté d'Ephiny. " Et ils lui vont plutôt bien. " Ca pourrait devenir intéressant. Elle regarda la reine traverser l'enceinte, notant le dessin des muscles dans le haut des bras et sur le torse. La sensation de certitude dans ses mouvements. La main affermie sur le bâton. La vivacité dans son regard , lorsqu'elle pivota pour entrer dans le village tout en écoutant le discours d'Ephiny.

 

" Ne te fais pas d'idée. " gronda Erika à son oreille. " Souviens-toi de qui est sa meilleure amie, d'accord ? Tu ne veux pas avoir d'embrouille avec elle. "

Arella émit un grognement d'impatience. " Tu crois que j'ai peur de Xena ? " Elle regarda de nouveau longuement la reine. " Ce n'est pas le cas. Par ailleurs, le débat le plus chaud du moment, dans la nation, c'est : ces deux-là sont-elles ensemble ou pas ? Est-ce que tu paries ? Moi oui. "

 

Erika inclina la tête. " Je te le dis, Arella. Je l'ai vu combattre, pas toi. Ne lui cherche pas d'ennuis, parce que, laisse-moi te dire, c'est un fameux paquet de mauvaises nouvelles. " Mais elle savait que la cause était perdue d'avance. Elle avait déjà vu cette lueur dans les yeux gris d'Arella. " Qu'elles soient ensemble ou pas, ce n'est pas la question - elle protège vraiment cette petite morveuse. "

 

" Oui, mais elle n'est pas là. " Arella sourit paresseusement. " Moi, oui. " Elle jeta un coup d'oeil vers Erika, levant un sourcil teint en rouge. " Qui sait ? Peut-être qu'elle est à la recherche d'un peu de nouveauté. " Elle inclina impétueusement la tête et regarda la reine, les bras croisés, alors qu'Ephiny montrait la nouvelle tribune de cérémonie qu'elles avaient construit récemment. Reconstruite, se souvint-elle avec un grognement. " De plus, je parie qu'elle peut raconter quelques ... bonnes histoires. " Elle sourit à Erika.

 

" Oh dieux. " Erika soupira, les yeux ronds. " Souviens-toi seulement que lorsque le crottin de centaure commencera à voler, je ne serai pas dans tes parages. Je ne veux pas avoir cette femme à mes fesses. "

" Poule mouillée. " railla Arella en la poussant. " Peut-être que je le ferai juste pour me battre contre elle. " Elle se leva. " Allez. Je demande à être présentée à cette Amazone de pacotille. " Elle attendit qu'Erika la rejoigne puis se dirigea vers l'enceinte.

Gabrielle les vit s'approcher et eut un petit mouvement de la tête vers Ephiny, un sourcil dressé. Ephiny regarda sur sa droite, puis soupira, regardant vers le sol, les bras croisés.

 

Le barde évalua du coin de l'oeil le duo qui s'approchait. Elle est grande, d'accord. Beaucoup de muscles mais ça n'a pas l'air très fonctionnel, pensa-t-elle. On dirait que c'est pour la galerie. Elle aussi sûrement. Une voix familière s'éleva en elle, à mesure qu'Arella approchait. " Lorsque les gens cherchent à t'intimider, Gabrielle, prends l'air sûr de toi et souris. C'est le sourire qui les rend nerveux. "

Elle se sourit à elle-même, imaginant l'éclair dans ces yeux bleus et la démonstration du sourire en question. Oh oui... ça les rend nerveux, d'accord. Elle garda cette image à l'esprit lorsque Arella pénétra leur espace et fut toute proche d'elle. Elle s'appuya sur son bâton avec décontraction, prit un air sûr avec un sourire amusé sur ses lèvres. " Je suis désolée. Nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous rencontrer. " Elle tendit la main. " Je suis Gabrielle. "

 

Arella dut reculer pour attraper sa main et perdit un peu l'équilibre. Elle n'était pas habituée à ce type de réaction. La femme ne semblait pas du tout intimidée, en fait, elle semblait amusée. " Arella. Oui. Eh bien, bonjour. " repondit-elle, avec précaution, serrant la main offerte prudemment. Surprise par la force de la prise et les cals au toucher. Les yeux verts s'enfoncèrent dans les siens, elle cligna la première, étonnée par la nature irrésistible de ce regard. " Heureuse de te rencontrer. " " J'ai beaucoup entendu parler de toi. Par Ephiny, je veux dire. " Elle regarda vers la blonde Amazone qui observait l'échange avec intérêt. " Ravie que tu aies pu venir. Peut-être pourrons-nous discuter à l'occasion. " Elle fit un brusque signe de la tête vers Gabrielle et partit en direction de la salle à manger commune. Erika la suivit, lançant de temps en temps des coups d'oeil vers la reine et Ephiny.

 

" Wow. " Erika cligna des yeux. " Elle est ... "

" Oui. " Arella serra les dents d'un coup sec, l'air renfrogné. " Plus que je ne pensais. Ca pourrait amener des ennuis. "

 

Ephiny tenta de retenir un gloussement jusqu'à ce qu'elles soient hors de vue puis se laissa aller d'une manière, tout, sauf digne. " Oh... " Elle suffoqua et attrapa le bras de Gabrielle. " C'était parfait. Tu as été parfaite. " Elle prit une profonde inspiration. " Oh. Où as-tu appris à faire ça ? C'était génial. "

Gabrielle étouffa doucement un petit rire. " J'ai un bon professeur, Ephiny. " Elle sourit largement à l'Amazone. " Qui en connait un rayon sur l'intimidation. "

" Ah. " Ephiny rit. " Bien sûr. Je vois. " Elle imagina Gabrielle recevant des leçons sur le sujet de la part de Xena. " T'as-t-elle appris à avoir " LE regard "

Gabrielle se concentra, puis amena une expression intense sur son visage et pencha la tête, plissant les yeux doucement, puis fixa les yeux étonnés d'Ephiny.

" Wow ! " L'Amazone inspira, la machoire pendante. " Tu l'as vraiment ! " Elle éclata de rire à nouveau. " Je ne peux pas croire que tu aies réussi à ce qu'elle te montre ça. "

Le barde la rejoignit dans les rires. " En fait, elle est vraiment drôle, une fois que tu la connais bien. " affirma-t-elle, ignorant le sourcil dressé d'Ephiny. Drôle. Ouais. Ca aussi... " Mais je pense que j'ai l'occasion de voir une autre facette d'elle. " admit-elle, remarquant l'expression sceptique sur le visage de l'Amazone.

" Je pense aussi. " lui accorda Ephiny en souriant avec indulgence. " Allons vous installer dans vos quartiers, Majesté. " dit-elle ignorant les yeux qui s'arrondissaient, elle les mena vers une grande hutte un peu à part des autres.

 

Amphipolis

 

Xena se tenait tranquillement sur le dos d'Argo, surveillant la vallée en contrebas. La maison. Amphipolis. " Ca fait un moment, Argo. " murmura-t-elle au cheval qui huma la brise autour d'elle. Elle jeta un coup d'oeil vers le bas et gratta le petit Ares ...Non, bon sang. Je ne vais PAS l'appeler comme ça ... sur la tête alors qu'il mâchouillait un bout de sa tunique en cuir avec satisfaction. L'animal lui avait apporté un réconfort inattendu, admit-elle en grommelant. Occupant son esprit à autre chose qu'à ce qui se passait à deux jours de là, au Nord. Lui donnant une raison pour ne pas imaginer toutes les possibilités. Ou leur absence.

 

Elle leva la tête et remarqua quelqu'un qui arrivait du village à cheval, elle sourit un peu lorsque le cavalier tourna un peu et qu'elle reconnut son frère, Toris, sur un étalon rouan aux longues jambes, qui avançait péniblement. Il ne peut toujours pas chevaucher une monture qui en vaille la peine. " Allons, Argo. " dit-elle à la jument en serrant les genoux pour l'élancer vers la route.

 

Toris ne la vit pas avant qu'elle soit pratiquement sur lui. Tout à fait lui. Il se contracta sur la selle et poussa un petit cri lorsqu'Argo arriva à sa hauteur. " Xena ! " Il sourit de bon coeur. " Ca alors, que je suis content de te voir. "

" Ah oui ? " dit Xena en lui jetant un regard en coin. " Qu'est-ce qui cloche ? "

Toris se renfrogna. " Je ne peux pas être juste content de te voir parce que tu es ma soeur ? "

Xena leva un sourcil. Et attendit en silence.

 

Les yeux de Toris, aussi bleus que les siens, s'arrondirent, et il haussa doucement les épaules, penaud. " D'accord, bien , je suis content de te voir. Mais ... " Il baissa les yeux sur la selle de Xena. " Qu'est-ce que c'est que ça ? " Il se pencha pour s'approcher. " Est-ce que c'est bien ce à quoi je pense ? " Il regarda de nouveau Xena avec un sourire espiègle. " Tu as un chiot. C'est mignon. "

 

Xena réussit à s'empêcher de le pousser à bas de son cheval. Difficilement, cependant. "Non. " Elle grommela. " TU as un chiot. " Mais elle ne lâcha pas la petite créature. " Je l'apportais à Mère. "

Toris se mit à rire. " Oh, bien. " Il la regarda. " Eh, tu as l'air en forme. Mais qu'as-tu fait à tes bras ? " Il se pencha vers l'avant pour mieux voir les rudes marques rouges. " Ca a l'ai récent. "

Sa soeur soupira et montra la boule de fourrure du menton. " Sa mère a été tuée par une panthère. " Elle croisa le regard horrifié de Toris, d'un air nonchalant. Le surprendre était toujours un plaisir. J'avais oublié ça. Presque oublié.

" Tu as extirpé cet animal des griffes d'une panthère ? "Il chancela sur sa selle. " Xena, tu es folle. "

" Je n'ai pas dit que je l'avais pris à une panthère. " assura Xena, regardant son front soucieux. " Il n'était pas près d'une panthère. "

" Oh. " Toris se sentait mieux. " C'est un vrai soulagement. Pendant une minute, j'ai bien cru que tu allais me dire que tu avais combattu une panthère pour lui. " Il eut un rire. " Ces panthères de montagnes sont bien trop dangereuses pour qu'on s'amuse avec ça. " " Non. " dit Xena d'une voix traînante et décontractée. " J'ai combattu la panthère parce qu'elle m'a sauté dessus. " Elle jeta un coup d'oeil vers lui. " Le chiot a juste eu de la chance. " continua-t-elle, faisant semblant de ne pas voir la mâchoire tomber et le cheval stopper net.

Ses yeux brillèrent avec amusement. Ca lui apprendra. Elle se retourna au bruit rapide de sabots alors qu'il la rattrapait, puis ralentit lorsqu'il fut à sa hauteur

 

" Une panthère. " répéta-t-il, tressaillant à la vue des sillons en cours de guérison sur ses épaules. " Enfin, Xena. " Il secoua la tête. " Bon, où est ton amie, le barde ? "

Xena avait préparé la réponse à cette question. " Elle a pris la tête des Amazones pour un moment. " dit-elle d'un ton neutre. Elle lui jeta un coup d'oeil et leurs regards se rencontrèrent, et Xena eut une idée de ce que c'était de regarder des yeux aussi éclatants que les siens. C'était intéressant. Peut-être que cela pouvait aider à comprendre cette expression étrange qu'avait Gabrielle, parfois, lorsqu'elles passaient leur temps à juste ... Enfin. " Elles ont des problèmes avec leurs voisins. "

Toris étudia cela pendant un instant. " Mais... pourquoi elle ? " demanda-t-il, étonné. Il avait une sorte d'affection pour le barde, et avait la vague impression que sa soeur, bien que dure comme le fer, ressentait un peu plus que ça..

Xena haussa les épaules. " Eh bien, elle est leur reine par le Rituel de la Caste, Toris. Elle pense que c'est son devoir d'essayer de les aider à résoudre leurs problèmes. " Elle haussa les épaules. " Dans ce domaine, elle ne fait pas les choses à moitié. "

" Vraiment ? " Toris était intrigué. Il connaissait les Amazones. Pareil pour la plupart de ceux qui habitaient dans le coin. " Mais comment c'est arrivé ? "

" Longue histoire. " dit Xena en regardant devant elle. " Je te raconterai plus tard, mais tu ferais mieux de me dire ce qui se passe avant que je ne l'apprenne par Mère. "

 

Toris accepta le changement de sujet avec élégance. " D'accord. Bon ben voilà - Ca a été dur par ici ces jours-ci. Il y a deux seigneurs de guerre dans le coin, qui ont divisé le territoire entre eux en quelque sorte. Nous sommes juste au milieu et ils nous harcèlent tous les deux. "

" Harcèlent ? " demanda Xena doucement, sentant la colère monter.

" Oui. " Toris soupira. " Ils arrivent sur leurs chevaux, prennent de la nourriture, du ravitaillement, ce genre de choses. Ou parfois, ils demandent de l'argent pour ne pas revenir tout de suite. " Il évita le regard de Xena. " Tu vois ce que je veux dire. "

Sa soeur approuva de la tête. " Je vois exactement ce que tu veux dire. "

" Bon enfin. " Il continua gauchement. " C'est dur et ça ralentit les affaires. Mère s'inquiète pour l'auberge. " Il tourna son regard vers elle. " Je pense qu'elle sera contente de te voir. Elle parlait de toi récemment. "

Xena grogna. " Je peux imaginer pourquoi, sachant ce que vous avez subi de la part de seigneurs de guerre, dont je faisais partie autrefois. " Elle ferma les yeux de dégoût. " Peut-être ai-je commis une erreur en venant ici. "

 

Toris saisit son bras, étonné de la sentir tressaillir, puis il se souvint de qui il agrippait. " Désolé. " murmura-t-il sans lâcher la prise. " Ecoute ... la seule chose qui nous a gardés entiers, Xena... la seule chose ... c'est le fait que ces deux seigneurs savent qui nous sommes. Ils savent que je suis ton frère. Et qu'elle est ta mère. Et ils ne nous toucheront pas. Il y a trois villages dont les ruines sont encore fumantes au Sud, et un à l'Est. Mais pas nous. " Il sourit un peu. " Ils ont peur de toi, petite soeur. "

 

Xena leva un sourcil. " Petite ? " Elle eut un petit rire ironique. " Surveille-toi. Ou tu pourrais découvrir que c'est loin d'être le cas. "

" Ah oui ? " Toris fit la grimace, tendant de nouveau la main pour agripper un avant-bras. " Est-ce que c'est un défi ? "

" Toris. " grommela Xena, allongeant le bras et pressant les flancs d'Argo avec ses longues jambes. " Je ne suis pas d'humeur. " En grimaçant, elle déposa le chiot dans une sacoche, alors que Toris commençait à essayer de lever son bras. " Arrête ça. " Toris rit de bonheur. " Oh...oh... Je t'ai maintenant ! " Il tira avec enthousiasme sur le bras, essayant de lui faire perdre l'équilibre. " Hé ! " Il poussa un cri de surprise quand il fut soulevé de sa selle et projeté sur le sol poussiéreux, lâchant prise. " Comment tu fais CA ? " Xena secoua la tête tout en replaçant son bracelet sur son poignet. " Tu ne pourras jamais apprendre. " Elle poussa Argo vers l'auberge. " Allons-y. " Soupirant de l'entendre rire en remontant sur le cheval rouan pour la suivre.

 

L'auberge se trouvait au bord de la ville, elle avait un étage et une lourde porte sur l'avant qui fermait la salle à manger ; à l'arrière, il y avait un bar qui masquait les parties réservées à la cuisine aux yeux des clients. A ce moment de la journée, l'auberge était vide, bien que récemment, ce moment de la journée n'avait pas beaucoup de rapport avec le nombre de clients fréquentant l'établissement. Une femme trapue, de taille moyenne s'appuyait contre le bar, observant la pièce vide avec une expression quelque peu grimaçante.

 

" Cyrene, penses-tu que nous avons assez d'orge pour faire un ragoût ? " La douce voix de Johan la sortit de ses pensées.

" Hmmm ? " répondit-elle en se penchant avec raideur pour jeter un coup d'oeil à ce qu'il faisait. " Oh, oui. Johan. Nous en avons assez. Continue. " Elle soupira. A peine. Et qu'il y en ait plus dépendait de s'il y aurait assez de clients pour payer ce chaudron. Elle s'essuya les mains sur son tablier et rejoignit la caisse, posant ses coudes sur le bois usé, le regard fixé, sans vraiment le voir, sur le soleil de cette fin d'après-midi tardive, qui baignait l'auberge.

 

Les affaires marchaient mal depuis un long moment. Même les villageois restaient chez eux, ne voulant pas montrer qu'ils avaient des dinars à dépenser pour de la nourriture et de la boisson, au cas où un des hommes de troupe des seigneurs pourrait les voir. Et les hommes de troupe confisquaient tout ce qu'ils pouvaient, ne laissant aux villageois que quelques bricoles dépareillées, la plupart du temps. De quoi survivre, mais devoir se débrouiller tout le temps mettait les gens en colère et de mauvaise humeur, et c'était de pire en pire. Elle se mit très en colère contre les seigneurs et leurs soldats, et contre la soumission des villageois, mais elle n'était qu'une femme vieillissante et fatiguée. Ils avaient besoin d'autre chose en plus. Elle se dirigea vers la fenêtre avec une agilité qui fit mentir son âge et fixa son regard sur la route et par-dessus, sur le village. Au bout d'un moment, Johan la rejoignit. " Le ragoût est en route. Toris sera-t-il de retour pour dîner ? "

Cyrene haussa les épaules. " Probablement. En principe, il ne rate pas un repas. " Elle eut un mouvement bizarre de la bouche pendant un instant, à la pensée de son fils aîné. C'était un bon gars, vraiment. Elle l'aimait, mais bien qu'elle ne l'ait jamais dit, elle cherchait en lui la flamme qui brûlait en Lyceus, et ne la trouvait pas. Et parfois, comme maintenant, elle le regardait, espérant trouver en lui un peu du courage de sa soeur, et ne le trouvait pas non plus.

 

Xena. La soeur de Toris. Sa fille. Cyrene secoua la tête avec perplexité. C'était difficile à croire parfois. Et bien qu'elle avait un jour à la fois craint et désavoué sa progéniture féroce, maintenant ... maintenant ... elle avait le sentiment qu'avec le temps, elle pourrait même apprécier la femme qu'était devenue la petite fille sauvage à qui elle avait donné le jour. Leur dernière séparation avait été chaleureuse, et Cyrene se sentait presque à l'aise avec ce que Xena était devenue maintenant. Et elle s'aperçut qu'elle souhaitait de plus en plus souvent, avoir l'occasion de se rapprocher d'elle.

 

" Le voilà qui arrive. " dit Johan. " Il n'est pas seul. " continua-t-il, sa voix rugueuse colorée de surprise. Il avait repéré deux chevaux venant dans leur direction. L'un était le cheval rouan de Toris, l'autre un animal doré avec une crinière et une queue de couleur crème. Avec un cavalier pratiquement de la taille de Toris, même couleur de cheveux. " Zeus... ça ne peut pas être ce à quoi je pense, n'est-ce pas ? " " Dieux. " Cyrene murmura en les voyant. " Je ne peux pas y croire. " Elle sourit pour la première fois depuis longtemps. " C'est ma fille. " Elle se dirigea vers la porte, Johan sur ses pas. " Tous ces moments où elle pouvait arriver et c'est ... quand je pense à elle. "

Les deux frères et soeurs amenèrent leurs chevaux près du rail d'attache et descendirent, Xena tendit quelque chose à Toris avant de se diriger vers la porte, vers la forme compacte de sa mère. " Mère. " Elle fit un signe de tête pour la saluer, légèrement surprise quand Cyrene l'entoura de ses bras dans une vive étreinte. Elle la lui rendit et avec un petit sourire, souleva la petite femme de terre. " Heureuse de te voir aussi. "

" Laisse-moi descendre. " dit Cyrene en riant, en lui martelant le dos. " Crâneuse. " Mais elle souriait, et continua à sourire lorsqu'elle saisit le bras de sa fille et la poussa à l'intérieur. " Laisse-moi te regarder. " Ses yeux plongèrent sur la haute silhouette, elle tressaillit lorsqu'elle aperçut les horribles marques de griffes. " Qu'as-tu fait ? " Sans attendre de réponse. " Où est Gabrielle ? " Toris s'assit sur le banc à côté, avec un air amusé. " Elle dirige les Amazones. "

" Vraiment ? " demandèrent Cyrene et Johan ensemble. Cyrene jeta un coup d'oeil vers Toris. " Et où as-tu eu ce loup ? " Xena et Toris se regardèrent à la façon dont seul un frère et une soeur peuvent le faire; " Je crois que nous ferions mieux de nous asseoir, comme ça, je n'aurai à le dire qu'une seule fois. " soupira Xena.

 

 

Dans l'enceinte du village des Amazones, la hutte de la Reine

 

Gabrielle se tenait assise, mâchouillant pensivement le bout de sa plume en réfléchissant aux mots qu'elle allait écrire. Il était tard le soir de cette première nuit au village, et elle avait décidé, comme le sommeil semblait la fuir de nouveau, de tenir une sorte de journal intime.

 

Un petit coup fut frappé à sa porte et elle leva brusquement les yeux.. Il était un peu tard pour avoir des visiteurs. " Entrez. " Et elle ne fut pas trop surprise de voir la haute silhouette d'Arella obscurcir l'entrée. Comme elle l'avait dit à Jessan, parfois tu devines quand les gens te veulent du mal. Et c'était une de ces fois-là, elle savait au fond d'elle-même qu'Arella n'était pas une amie, et ne pourrait jamais le devenir, parce qu'elle voulait le pouvoir et que Gabrielle le possédait, et sa conversation avec Xena lui revint en mémoire alors que la grande et puissante Amazone, entrant tranquillement dans la hutte, se tint face à elle, la fixant avec un intérêt non feint.

 

" Bonjour. " dit Gabrielle en refermant le parchemin sur lequel elle était en train d'écrire, elle recula dans sa chaise. Elle garda les yeux sur la grande femme rousse, attendant de voir son prochain mouvement. Que ferait Xena ? Elle garderait son calme, décontractée, et ferait comme si tout allait bien. Exact. OK. Allons-y.

 

" Oui, eh bien. " dit Arella, avec décontraction, en s'asseyant sur une chaise en face du barde, de l'autre côté de la table. " J'étais partie en reconnaissance et j'ai vu que ta torche était toujours allumée. J'ai pensé que je pouvais passer te saluer. " Elle étudia la femme de l'autre côté de la table, d'un oeil critique. " Tu sais, je ne veux pas me mêler de choses personnelles, mais nous pourrions probablement te trouver une chemise de nuit qui t'aille. " Bon sang ... Elle a l'air d'une gamine là-dedans. Ephiny devrait savoir ça bien mieux, bien que je suppose qu'elle dira que c'est l'affaire de la reine, ce qu'elle porte au lit. Peut-être que je pourrais en faire la mienne. Elle eut un sourire qui courba ses lèvres vers le haut. " Tu es la reine. "

 

Gabrielle esquissa un petit sourire et regarda la plume tâchée d'encre qu'elle tournait entre ses doigts. La chemise était bien trop grande pour elle, les épaules tombaient au milieu de ses bras et elle lui arrivait pratiquement aux genoux. Pas étonnant. " Non, c'est juste bien. Je les aime comme ça. " affirma-t-elle avec un sourire cordial en direction d'Arella. " Mais merci de t'être inquiétée. "

 

La femme aux cheveux roux haussa les épaules. " C'est toi qui vois. " Elle eut un regard vers la pièce. " Eh bien, ceci te convient-il ? Ce doit être différent de ce à quoi tu es habituée. " Elle fixa de nouveau le visage du barde, calme et réservé dans la lumière faible et tremblotante de la torche. Elle est plus difficile à deviner que je ne le pensais. Je pensais vraiment que Xena la gardait pour rire. Maintenant, je n'en suis pas si sûre. Elle a de beaux yeux.

 

" Eh bien. " dit le barde en riant. " Pas exactement. Je passe beaucoup de temps à dormir sur le sol, en fait. " Elle regarda les murs. " Ou dans des petites auberges de village. " Ses yeux étudièrent Arella. " Et, de temps en temps, dans un palais bizarre, ou deux. " Elle se leva et marcha vers sa sacoche où elle plaça son manuscrit. Consciente des yeux posés sur elle. " Bien... as-tu trouvé quelque chose d'intéressant pendant ta reconnaissance ? "

 

" Oh, ceci, cela. " dit Arella d'une voix traînante. " Mais je ne devrais pas t'empêcher de dormir. " Tout en disant ces mots, elle se leva en s'étirant, et se dirigea tranquillement vers l'endroit où se tenait Gabrielle. Essayons voir. Ca pourrait être amusant. Elle effleura la manche trop longue du barde avec une main, et sourit. " Comme ça, tu les aimes grandes, hein ? " Ses yeux capturèrent les yeux verts. " Je suis la mesure qu'elles utilisent pour juger de ça par ici. "

 

Gabrielle cligna des yeux, innocemment. " Comme c'est gentil pour toi. " dit-elle en souriant. " Ca doit te faire sentir vraiment spéciale. " Elle croisa les bras sur sa poitrine, sentant la faible et familière odeur qui s'échappait du tissu, et qui la protégeait de l'énergie émanant de l'Amazone énervée qui se tenait plus près d'elle que la courtoisie ne l'exigeait.

 

" C'est le cas. " Arella répondit doucement, puis recula et fit un petit geste de la main en direction de Gabrielle. " Votre Majesté. " Et elle partit, se glissant vers la porte avec une précision soignée.

 

Gabrielle soupira et secoua la tête en riant un peu pour elle-même. Dommage qu'elle ne réalise pas que je suis habituée à une autre mesure. Au moins 8 centimètres de plus. Elle eut un petit rire. Et plus de mille fois encore elle chercha un mot pour décrire tout ceci. Compliqué ? Peut-être. Complexe ? Définitivement. Dangereux ? Oh la question ne se posait pas.

 

" Gabrielle ? " La tête d'Ephiny apparut dans l'entrée, une expression d'inquiétude sur le visage. Elle repéra le barde près du lit, apparemment profondément plongée dans ses pensées, mais après une seconde, les yeux verts se levèrent vers les siens. " Tout va bien ? " Elle se faufila dans la pièce, jetant des regards autour d'elle. " J'ai vu Arella sortir d'ici. " Elle marcha vers Gabrielle avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

 

" Tout va bien, Ephiny. " Le barde soupira. " S'il te plaît, arrête de te faire du souci. Je peux m'occuper de moi. " ajouta-t-elle avec un soupçon d'agacement dans la voix. " Elle est juste venue ici pour faire passer le temps, je pense, et pour ... Je ne sais pas ... s'amuser un peu avec moi. " Elle leva les yeux vers Ephiny qui la regardait avec une expression impénétrable. Elle ajouta, en faisant la grimace. " Elle est vraiment odieuse. "

 

Ephiny éclata de rire. " Elle se croit irrésistible, tu sais. Nous l'appelons Arella l'Irrésistible, derrière son dos. " Je devine qu'elle ne l'est pas pour Gabrielle. Du plomb pour son ego. " Elle a fait la plupart de ses ... euh ... conquêtes comme ça. " Elle se renfrogna un peu. " Elle est très tenace. Tu me dis si ça devient trop pesant. " Elle inclina la tête sur un côté et plissa le front. " Et, où diable as-tu donc trouvé cette chemise. Elle est bien trop grande. "

 

Gabrielle soupira bruyamment. " Je sais. " Elle éclata de rire. " Arella a dit la même chose. " Elle s'assit sur le lit et s'entoura de ses bras. " Si j'avais su que les Amazones recevaient fréquemment des visiteurs longtemps après la dernière garde, je me serais vêtue de manière plus appropriée. " Elle jeta un coup d'oeil à Ephiny qui attendait toujours une sorte d'explication. Elle leva les mains et se rendit. " D'accord, d'accord, écoute - Je l'ai prise par erreur en faisant mon paquetage. OK ? Il est tout à fait évident que c'est... " Elle remonta la chemise sur ses épaules. " à Xena. Aussi... pouvons-nous passer à un autre sujet, s'il te plaît ? " Attrapée, ouais. Par erreur ? Uh ... Mais bien sûr.

" Ok... Ok... " Ephiny leva les deux mains en riant. " Je vois la scène. " C'est bien vrai ? Hmmm... Je me demande. Elle reprit son sérieux. " Mais sois prudente avec Arella, d'accord ? Ecoute, nous sommes amies, non ? " Elle saisit le regard du barde.

" Tu sais bien que oui. " répondit Gabrielle chaleureusement. Bien que tu aies eu tendance à penser que j'étais l'animal de compagnie de Xena. Plus maintenant.

" Très bien. Je sais que tu ne veux pasmèler Xena à tout ceci. " dit Ephiny avec sérieux tout en touchant le bras de Gabrielle. " Mais le fait que tu sois reine n'écartera pas Arella. " Un tressaillement sur son visage. " Elle n'aime pas qu'on lui dise non. " Elle fit une grimace. " Alors, si tu dois utiliser les tours de Xena pour repousser Arella, tu ne dois pas te sentir mal avec ça. Tu ne dois pas, s'il te plaît ? Je t'ai demandé de venir ici parce que je pensais que c'était important, mais je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, je ne veux vraiment pas. " Parce que, parmi d'autres choses, Xena ne me le pardonnera jamais. Et elle démolira cet endroit. Je le sais. " Ecoute. " Elle baissa la voix. " Tout le monde sait que Xena et toi ... êtes très proches. N'est-ce pas ? Personne de sensé ne s'opposera à elle, Gabrielle. "

 

Ses yeux passèrent rapidement sur la chemise, puis revinrent sur son visage, un mouvement que le barde ne manqua pas de remarquer. Gabrielle garda longtemps le silence. Tout le monde sait, huh ? Elle se sourit à elle-même. Elle inclina finalement la tête en signe de compréhension. " Merci. J'apprécie tout ça énormément, Ephiny. " Elle regarda pensivement vers le sol. " Tu as raison. Je ne veux pas mèler Xena à celà. C'était ce qui était convenu, qu'elle ne vienne pas, tu te souviens ? " L'Amazone hocha la tête. " Je ne le ferai qu'en dernier ressort. Et ce n'était pas le cas. " Elle se dirigea vers sa table de travail et prit un petit objet, le tournant paresseusement dans ses doigts. " D'ailleurs, Xena m'a plus ou moins dit de faire la même chose. " Elle regarda Ephiny en souriant. " Elle m'a prévenue qu'il y aurait sûrement des personnes comme Arella qui me tourneraient autour. " Elle avait raison. Dieux, j'ai horreur qu'elle ait toujours raison.

 

Ephiny devrait se contenter de ça. A contrecoeur, elle hocha la tête et se prépara à partir. " Ce sera comme ça, alors. Bonne nuit. " Elle eut un coup brusque de la tête et marcha vers la porte qu'elle passa pour entrer dans la nuit, bousculant pratiquement un de ces lieutenants. " Fais attention, Granella. "

" Alors... qu'est-ce que voulait l'Irrésistible ? " demanda la brune élancée, se plaçant au côté d'Ephiny. " Elle fait déjà des plans sur notre nouveau chef ? Elle ne perd pas de temps. "

Ephiny grogna. " Ouais, mais Gabrielle l'a envoyée promener. Ca a dû être un choc. " Elle fit un sourire espiègle en direction de Granella. " Quoiqu'il en soit, j'ai découvert que notre reine dort dans une des vieilles chemises de Xena, alors tu voudras bien faire passer la nouvelle. Ca pourrait lui épargner quelques migraines. "

Granella gloussa doucement. " Oh ho ... vraiment ? " Un sourire éclaira son visage d'elfe. " Ooh... c'est mignon, Eph. "

Ephiny sourit avec elle. " Oui, ça l'est, n'est-ce pas ? Je crois que je suis restée une romantique au fond. "

Son lieutenant fronça un sourcil. " Je crois que tu l'es mais je n'imaginais pas ça de Xena. " Elle pencha la tête pensivement. " Tu es sûre que ce n'est pas un cas avancé de culte du héros ? "

Ephiny y pensa alors qu'elles marchaient vers ses quartiers. " Je croyais être sûre qu'il s'agissait de ça. Maintenant... " Elle secoua ses cheveux bouclés. " Il y a quelque chose, là, Gran. Quelque chose de très profond. Je ne sais pas à quel point, mais si j'étais Arella, je ne voudrais sûrement pas le découvrir. "

" Eh bien, tu ne l'es pas. Et j'en suis bien contente. " grogna Granella. " Tu es d'accord pour un peu de vin chaud épicé ? Il fait plus frais la nuit. " Elle bougea un sourcil en guise d'invitation. " Allez, laisse-nous nous mettre à plat ventre devant toi pour changer. "

Ephiny sourit, levant les mains avec résignation. " D'accord... pourquoi pas. Je veux entendre les derniers potins des éclaireuses de toute façon. "

 

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