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AT A DISTANCE3

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La séparation

 

At a distance

 

Par Melissa Good

 

 

traduction libre...mais fidèle de la fiction de Melissa Good par Fryda

 

*****

Partie 3A

*********

 

 

Le village des Amazones - Salle du Conseil

 

Ephiny gardait un oeil sur le visage de Gabrielle pendant que l'éclaireuse faisait son rapport. Les yeux vert clair de la reine ne laissaient passer aucune réaction aux nouvelles, pas plus que la position de son corps, qui était déjà un peu tendu lorsqu'elle s'assit à la table du Conseil.

" Ainsi, en résumé, les postes frontaliers rapportent que les rumeurs semblent bien réelles. " L'éclaireuse termina en jetant un coup d'oeil vers Ephiny. " Une sorte d'armée est en cours de préparation, à ou autour d'Amphipolis, et il y a déjà eu des escarmouches avec deux des seigneurs de guerre locaux.

" Qui a gagné ? " demanda Gabrielle d'une voix calme.

" Pas les seigneurs. " répondit l'éclaireuse avec un sourire grimaçant.

" Pas de doute sur qui est responsable de cela, alors. " Ephiny eût un rire forcé tout en lançant un regard mal à l'aise vers la reine. Je n'aime pas cette expression. Mais, je n'ai pas aimé cette expression depuis plusieurs jours déjà. Quelque chose ne va pas avec elle. Gabrielle hocha la tête et baissa les yeux vers ses mains. Le poids de la responsabilité se fit encore plus lourd sur ses épaules et elle fit une grimace pour elle-même. Qu'est-ce qui se passait donc avec Xena ? " Je trouve vraiment difficile de croire que Xena monte une armée. Il est plus vraisemblable qu'elle leur donne quelques tuyaux d'autodéfense. " dit-elle en se reculant avec un sourire. " Elle a dit quelque chose au sujet de s'ennuyer là-bas. "

 

Les yeux d'Arella se rétrécirent et elle se leva. " Ce n'est pas un risque que nous pouvons courir, Gabrielle, et tu le sais. Malgré ce qu'elle a pu faire en notre nom, une grande armée aussi proche de nous est dangereuse. " Elle regarda autour d'elle, sentant que son avis était partagé. Xena était une alliée à qui on faisait difficilement confiance dans les meilleures périodes, et plus d'une Amazone avait été effrayée par ce truc du retour de la mort. Sans mentionner sa connexion bien connue avec Arès. " Tu ne peux pas garantir qu'elle ne retourne pas simplement à son ancienne vie. "

Je ne le peux pas ? songea le barde. " Oh, je pense que je peux le garantir. " Elle rit doucement. " Je la connais mieux que toi. " " Voudrais-tu risquer ta vie sur ça ? " répliqua Arella, sentant l'excitation monter. Enfin, une question sur laquelle elle pouvait prendre le pas sur leur reine étonnamment coriace. Les quatre dernières semaines avaient été très longues, et elle avait raté chaque rencontre jusqu'ici - personnelle aussi bien que dans le commandement. Et lorsqu'elle essaya de haïr Gabrielle pour ça, elle s'aperçut, avec frustration, qu'elle ne le pouvait pas.

 

Gabrielle sourit, un vrai sourire cette fois-ci. " Arella, je l'ai fait. Plus de fois que je ne peux les compter. " Elle hésita. " Mais, je peux voir que tu es inquiète. " Elle leva les yeux. " Ephiny ? " L'Amazone se pencha en avant. " Je t'envoie comme un... " Sa bouche se tordit. " messager vers cette nouvelle armée. Je veux que tu conclues un traité avec eux, pour fournir une défense mutuelle de nos territoires. " Elle essaya très fort de réussir à éviter un sourire sur son visage.

Ephiny hocha la tête. " Très bien. " dit-elle lentement, arrachant les mots de sa bouche. " Si c'est ce que tu veux. " Une profonde inspiration. Elle veut que je vérifie les choses, je pense. Elle a l'air très sûre d'elle, pourtant...

 

Arella s'éclaircit la voix. Pas cette fois-ci yeux verts. " Excellente idée, mais je pense que pour la protection d'Ephiny, nous devrions envoyer quelqu'un pour l'escorter. " Derrière elle, elle sentit Erika bouger, et elle se sourit à elle-même. " Ma meilleure arbalétrière, Erika, fera une bonne escorte. "

Ephiny et Gabrielle échangèrent des regards. Pas moyen de refuser cette offre avec grâce, pensa le barde.Et je suppose que cela ne fera pas de mal à l'opposition de voir la vérité par elle-même. " Ok. " Elle fit un signe de tête. " A l'aube, alors. " Elle tira une feuille de parchemin et attrapa une plume. " Je vais rédiger un traité. " Et une note, à desservir en privé. Pour me permettre de libérer ma poitrine d'un peu de ce truc qui m'étouffe, à lire par quelqu'un en qui j'ai confiance, et qui a confiance en moi.

 

Sa marche d'après-dîner au lac l'amena à s'asseoir sur une projection rocheuse, regardant l'eau courante sans la voir, la tête reposant contre la pierre fraîche. Ces quatre semaines avaient été productives, songea-t-elle, un traité conclu avec les centaures, un accord commercial avec les trois villages du Sud, et un plan de coopération défensive avec les deux centres fermiers de l'Est. Les villages voulaient échanger des provisions et de la nourriture contre de l'artisanat et la protection des Amazones. Pas mauvais, en fait. Elle avait tout à fait le droit d'être contente, et quelque part fière d'elle-même.

 

Mais la pression constante commençait à l'agacer. Elle pouvait le sentir, dans son manque de patience, dans la tension si douloureuse de son dos et de son cou la nuit qu'elle pouvait à peine se tenir couchée. Dans le questionnement constant des motifs des uns et des autres. Et le besoin persistant d'être sur ses gardes contre les mots et le contact d'Arella. Et je ne suis pas du genre à éviter le contact, se dit-elle, renfrognée. Après tout, je peux à peine garder mes mains loin de ... Un arrêt, puis un sourire idiot et sans espoir. Eh bien ,ça c'était différent. mais Arella lui donnait ... beuh ! la chair de poule.

 

Ephiny savait que quelque chose ne tournait pas rond. Elle avait doucement essayé de la questionner là-dessus, mais Gabrielle avait résisté à la confidence, sachant qu'Ephiny se sentait assez coupable de l'avoir fait venir. Sachant que, si Ephiny savait comme elle se sentait mal, l'Amazone croirait de son devoir de faire quelque chose. Et il n'y avait qu'une seule chose qui pourrait l'aider. Une personne. Et cela ruinerait beaucoup de ce qu'elle essayait de faire. Elle grogna, et laissa sa tête tomber vers l'avant, essayant de relâcher un peu de la tension dans son cou. Avec un désir soudain et désespéré de sentir deux mains fortes et familières la serrer à cet endroit, et avec quelques massages experts, lui apporter le soulagement. Après s'être livrée un instant à la détresse, elle inspira profondément, elle se pencha en arrière, écartant les épaules. Je peux le faire. Je n'aime peut-être pas ça mais je peux le faire.

Je me demande si l'une d'elles se demande combien je serais prête à payer pour être celle qui ira vérifier la nouvelle armée d'Amphipolis ? Elle rit sans espoir. Sauf que.. Si je le faisais... Je ne reviendrais jamais, je pense ? NON... Je le sais. C'est vraiment la raison pour laquelle je ne lui ai rien fait savoir... pour laquelle je n'admettrai pas face à Ephiny pourquoi je ne peux pas dormir la nuit... parce que si elle arrivait dans ce village sur son cheval, il lui suffirait d'un regard sur mon visage et elle me hisserait sur Argo pour filer d'ici. Et je partirais.... et je ne regarderais pas derrière moi. Et... Elle soupira. Ce ne serait pas la meilleure chose à faire. Juste maintenant. mais je ne peux pas faire ça pour toujours. Ca me tue.

 

Un son dans son dos fit dresser les poils de son cou lorsqu'elle reconnut les pas. Oh génial. " Bonjour, Arella. " dit-elle sans se retourner. Une autre raison pour laquelle je ne peux pas faire venir Xena. Tirer et écarteler une Amazone au coucher du soleil, au milieu de la place du village bouleverserait quelques-unes des négociations. Elle se retourna pour voir la grande femme rousse s'approcher tranquillement le long de la rive, s'arrêtant lorsqu'elle atteignit le rocher de Gabrielle, et s'appuyant contre lui avec un air de familiarité et de contentement de soi.

" Ah ma reine. " dit-elle d'un ton taquin. " Je suis heureuse que tu aies accepté mon offre d'envoyer Erika à Amphipolis. J'espère qu'il n'y aura aucun ennui qui requerra ses services. " Elle sourit au barde, entourant un genou avec l'un de ses bras et resta silencieuse, à l'écoute. " Ecoute, je sais que tu penses être la mieux placée pour savoir sur ce sujet, mais je me suis renseignée autour de moi... et tu sais qu'il ne serait pas douteux qu'elle réunisse une autre armée, elle l'a déjà fait. "

Gabrielle soupira d'agacement. " Arella, il n'y a pas lieu de débattre sur ce sujet. " Elle laissa un peu de colère passer dans son regard. " Je ne vais pas justifier, ni à toi, ni à d'autres, ma foi dans ma meilleure amie. Tu verras simplement par toi-même. "

" Et si tu avais tort ? " répliqua Arella doucement, posant une main sur l'épaule de la femme, plus petite, et capturant ses yeux avec les siens. " Alors quoi ? Nous restons assises ici en attendant une attaque, en nous fondant sur ta... foi ? " Le ton de sa voix laissait peu de doute sur ce qu'elle pensait de la foi.

 

Gabrielle sentit une rare et profonde colère monter à la surface, mais demeura calme en apparence. Elle se mordit les lèvres jusqu'à ce que l'envie de gifler la grande Amazone se calme, puis inspira. " Et bien, alors... tu n'auras plus à t'inquiéter de quoi que ce soit. " Elle était étonnée du calme de sa voix. " Parce que je ne serais plus reine des Amazones. "

Arella démarra, puis sursauta vers l'arrière, ne s'attendant pas à cette réponse. " Tu abdiquerais ? " demanda-t-elle, avec incrédulité. Le barde se leva avec souplesse et fit un pas vers elle. " Oui. " Elle apprécia l'expression de confusion sur le beau visage d'Arella. Parce que si cela se produisait, je ne ferais plus confiance en mon propre jugement. Et elles ne le pourraient plus non plus. " Mais je sais que j'ai raison. "

" Je pense que ton jugement est un peu... obscurci. " répondit Arella mais le ton de sa voix n'était pas assuré. " Mais nous verrons. " Elle retira sa main de l'épaule du barde et recula, lui faisant un petit sourire, puis elle tourna le dos et remonta le chemin vers le village.

 

Dieux, grogna Gabrielle pour elle-même. Je ne peux pas en supporter beaucoup plus. Un de ces jours, je vais lâcher et faire quelque chose que je vais regretter, parce qu'elle peut vraiment me mettre hors de moi. Et je suis supposée être la non-violente. Bien, Xena... Je viens d'avoir une compréhension très très proche de cette petite expression que tu as, les yeux qui se rétrécissent, ce mouvement des lèvres, quand tu as vraiment envie de mettre des claques à quelqu'un, et que tu ne peux pas. Une toute nouvelle perspective, oui madame ! Et je suis totalement honteuse de souhaiter désespérément te voir la mettre par terre d'un de ces puissants coups de poing, qui partent de l'épaule, et dont tu es spécialiste. Honteuse. Ouais. Méchant barde. Soudain, elle gloussa à cette pensée, qui lui apporta un peu de soulagement. Et elle se retourna en entendant encore quelqu'un d'autre s'approcher. Ah. Ephiny. Bien entendu.

 

L'Amazone s'approcha avec précaution, le sourcil froncé. " Tu te tiens au milieu de la rivière et ...tu te tords de rire. Devrais-je m'inquiéter ? " demanda-t-elle avec un sourire hésitant.

Gabrielle secoua la tête. " Non... je faisais simplement de la visualisation thérapeutique. "

" Hein ? " Ephiny laissa échapper un cri.

" Je me figurais Xena en train de projeter Arella dans un tas de crottin de centaure. " reformula le barde.

" Ah ! " fit Ephiny en s'exclamant, puis elle gloussa. " Ce n'est pas très royal de ta part. "

" Non. " répondit le barde. " Mais ça me fait plaisir. " Elle se retourna pour marcher en direction du village, attendant qu'Ephiny la rejoigne. " Tu l'as justement manquée. "

Ephiny se tourna et mit une main en avant pour arrêter Gabrielle dans sa marche. " Hé... est-ce qu'elle commence à devenir lourde pour toi ? Parce que si c'est le cas... "

" Tu feras... quoi ? " répliqua le barde, sérieuse maintenant. " Quoi, Ephiny ? Tu la frapperas ? Elle peut te battre ou n'importe qui d'autre. Ici, en tout cas. " Elle ne relâcha pas le regard de l'Amazone avant qu'Ephiny ne soupire. " Tu crois que je n'y ai pas pensé ? Sais-tu comme c'est difficile de s'opposer à ça alors que je sais qu'avec un... " Elle s'arrêta. " Enfin, je peux m'arranger avec elle. Va juste voir ce qui se passe à Amphipolis. " Se tournant, elle reprit son chemin.

 

Ephiny carra les épaules et la rattrapa. " OK...OK... mais c'est bigrement difficile à regarder. Je peux te le dire, mon amie. " L'agacement faisait trembler sa voix. " Je n'aime pas me sentir impuissante , Gabrielle, je n'aime tout simplement pas ça. Et... je m'inquiète, tu sais. " Gabrielle jeta un coup d'oeil sur le côté. " Je sais. Et je l'apprécie, Ephiny. C'est très bien - J'ai vu pire qu'elle. Elle n'a pas vraiment fait quelque chose, c'est juste cette... beuh ! "

" Attitude ? " proposa Ephiny en connaisseuse. " Ouais. "

" Ouais. " Gabrielle fut d'accord avec ça. " Le genre 'Je suis trop sexy pour ma jupe '. "

Ephiny ne se retint plus, pliée en deux de rire. Après un instant, le barde la rejoignit. " Oh... Je suis désolée. " L'Amazone perdit le souffle, s'appuyant contre un arbre. " Ca m'a paru tellement drôle... " Elle inspira, toujours en riant. " Je suis heureuse de te voir immunisée. J'étais... " Un haussement d'épaules embarrassé. " ... quelque peu inquiète à ce sujet. Je sais que tu n'as pas eu beaucoup de... euh... d'expériences. "

Gabrielle rougit et murmura. " Ephiny, je n'avais pas réalisé comme tu me croyais naïve jusqu'à maintenant. " Elle regarda autour d'elle. " Que suis-je supposée lui dire, que ses 'atouts' font pâle figure en comparaison de ce à quoi je suis habituée ? "

Maintenant, c'était le tour d'Ephiny de rougir. " Tu continues à me surprendre. " admit-elle. " Et tu sais que je n'aime pas vraiment fourrer mon nez dans tes affaires privées. "

" Mmm. " Le barde fut d'accord avec ça. " Bien, je dois aller écrire ce traité. Viens le chercher dans quelques heures, d'accord ? "

Et au fait, que vais-je bien écrire ? pensa Gabrielle en s'installant à la table de travail, la plume à la main. Elle réfléchit un long moment, puis hocha un peu la tête, et commença à écrire. Pendant un long moment, le seul son dans la hutte fut celui de sa plume grattant sur le parchemin. D'abord, le traité. Puis, une longue lettre, avec des pauses pour réfléchir entre les mots. Enfin, elle se releva et relut son travail. satisfaite, elle sabla l'encre, souffla sur le parchemin pour la sécher, et le roula avec précaution, ajoutant un sceau de cire.

 

(Cela disait) Chère Xena,

Désolée d'envoyer Ephiny avec ce traité idiot, mais ta réputation nous échappe, et des rumeurs courent que tu veux conquérir le monde. De nouveau. S'il te plaît, traite-la gentiment, et essaie de ne pas battre la personne qui voyage avec elle, qui est un des larbins d'Arella, et qui est là pour être sûre qu'Ephiny rapporte bien la vérité sur ce qui se passe.

J'espère que tu vas bien, et pas occupée à construire des fortifications de mûres. J'ai dit aux Amazones que tu étais probablement en train d'enseigner aux gens à se défendre, comme je t'ai vu le faire pour d'autres. Comme tu me l'as appris. Mais elles sont difficiles à convaincre. Je devine qu'elles ne te connaissent pas comme je te connais. J'en suis désolée pour elles.

Je m'étais promis de ne rien mettre de stupide dans cette note, parce que je sais que tu hais ce genre de choses, mais la tentation de te dire que tu me manques plus que tout est simplement trop forte. Les Amazones me traitent bien, et nous faisons des progrès, mais il n'y a pas un jour où je ne souhaite ta présence. Quelquefois, je veux juste entendre ta voix ou te voir froncer un sourcil contre moi. C'est plutôt stupide, n'est-ce pas ? Désolée.

Cela dit, en présumant que tu auras fini de conquérir le monde à ce moment-là, il y aura un festival ici pendant la prochaine pleine lune, et je pensais que si tu ne faisais rien d'autre, peut-être pourrais-tu venir par ici. C'est la célébration des moissons de printemps de Dionysos, et j'ai la drôle d'impression que je vais avoir besoin d'un champion.

Porte-toi bien.

G

 

Le barde soupira et recula dans sa chaise, avec la sensation qu'un poids avait été ôté de ses épaules. Au moment du festival, elle aurait tout réglé, et sinon... et bien, tant pis. Nonchalamment, elle réalisa qu'elle ne s'était jamais demandé ce que serait la réponse à cette note. Quand suis-je devenue si sûre de moi ? Son front s'agrandit. Il est possible qu'elle soit heureuse là où elle est et ne se montre pas. Mais son coeur se rit de cela et alors qu'elle s'attendait à ressentir de l'appréhension, la seule chose qui advint fut un bouillonnant désir d'une heureuse attente.

 

Ephiny la trouva à moitié endormie sur la table lorsqu'elle passa une heure plus tard, pour prendre les choses confiées à sa garde . " Hé. " dit-elle doucement pour ne pas la surprendre.

" Oh. " Gabrielle répondit d'un air un peu brumeux, frottant ses yeux et clignant vers l'Amazone. " Désolée. " Elle sourit d'un air penaud. " J'étais un peu ailleurs pendant une minute. " Elle tendit le paquet fermé. " Tiens, j'ai fini le traité. C'est un peu court , mais je ne crois pas que tu aies besoin de plus. "

Ephiny s'avança et attrapa le paquet, le rangeant dans la bourse à sa ceinture. " Pourquoi ne dors-tu pas un peu ? Tu as l'air lessivée. " Elle dit cela avec un regard de sympathie vers le barde. Mais plus détendue que je ne l'ai vue depuis deux jours. Je me demande ce qu'il y a dans ce paquet.

" Oui. Bonne idée. " Gabrielle répondit en étouffant un bâillement. " Je te souhaite un bon voyage. Essaie de ne pas tuer Erika et... " Son visage se fendit en un sourire. " Donne mes salutations à la conquérante du monde, veux-tu ? "

Ephiny ricana. " D'accord, je le ferai. Un autre message ? "

" Il y en a un là. " Gabrielle fit un signe de tête vers la bourse. " Mais merci d'avoir demandé. "

Ephiny grogna. " Très bien. Bonne nuit, je te vois dans une semaine ou quelque chose comme ça. " Ainsi... c'est ce que je transporte, n'est-ce pas ? Elle rit pour elle-même en sortant dans la nuit. Allons, Ephiny... tu es une romantique, non ? Elle repéra Erika, qui changeait de direction pour aller vers elle, et effaça le sourire de son visage.

" Erika. " Elle salua la femme. " Nous partons à l'aube. "

" Je sais. " répondit fraîchement l'Amazone aux cheveux noirs " Et j'ai horreur d'être en retard. Ne t'inquiète pas, je serai là, avec les cloches. " Elle lança un regard amusé vers Ephiny. " Ca sera amusant, non ? Au moins, tu n'auras pas à t'inquiéter pour la nourriture en chemin. " Elle pinça la corde de son arbalète avec emphase, puis partit d'un pas tranquille.

" Beuh. " Ephiny grogna, d'une voix très basse. " Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter ça ? "

" Sais pas. " Granella eût un petit rire, et glissa un bras autour d'elle. " Peut-être que si tu as de la chance, Erika va agacer Xena lorsque vous serez à Amphipolis, et ton voyage de retour sera plus plaisant. " Elles marchèrent ensemble quelques minutes, puis Ephiny se mit à rire. " C'est une pensée agréable. " Elle entoura les épaules de Granella de son bras et la tira plus près. " Merci... Je garderai cette pensée à l'esprit lorsque je devrai passer trois jours sur la route avec elle. "

" Tu ne penses pas réellement qu'il y a une armée qui se prépare là-bas, n'est-ce pas ? " demanda Granella avec curiosité.

" Non. " Ephiny haussa les épaules. " Je pense que Gabrielle a raison à ce sujet. Je serai heureuse de voir le vieux cheval de guerre, malgré tout... peut-être que je pourrai mettre le doigt sur ce qui embête notre reine. "

Granella rit doucement. " Si tu l'appelles vieux cheval de guerre en face, c'est elle qui mettra la main sur toi, Ephiny... et elle te jettera dans le puits à purin, c'est plus que sûr. "

Elles rirent toutes les deux et marchèrent en direction du feu de camp des éclaireuses.

 

 

Amphipolis, trois jours plus tard.

 

" Voici la croisée des chemins. " dit Ephiny en faisant un geste devant elle. " Ce n'est plus très loin en amont maintenant. " Elle avança sans attendre de réponse. Ces trois jours avaient été longs.

Erika marchait à grands pas faciles à côté d'elle, en silence. Elle jeta un coup d'oeil en avant, voyant les premiers abords de champs qui signifiaient l'approche d'un village, et elle soupira de soulagement. Voyager avec Ephiny avait été éprouvant, vu qu'aucune d'elle ne faisait confiance à l'autre, et elle n'avait pas eu une nuit de sommeil décent en trois jours. Ni sa compagne de voyage. La conversation s'était limitée à une discussion sur le chemin, le temps, les conditions générales des terres autour d'elles, et c'était tout. Erika avait vraiment envie d'arriver à Amphipolis, armée ou pas, juste pour avoir quelqu'un d'autre à qui parler. Et elle était plutôt sûre que c'était pareil pour Ephiny.

 

Les champs qu'elles passèrent étaient bien soignés, et elles commencèrent à repérer des villageois qui y travaillaient. De temps en temps, l'un d'eux levait la tête et les observait lorsqu'elles passaient, mais il n'y avait là aucune hostilité ouverte, juste une légère curiosité. " Ca a l'air plutôt paisible. " admit Erika.

" Hmmm. " Ephiny murmura puis fit un signe de la tête vers les champs. " Peut-être, mais regarde de nouveau. La nouvelle de notre arrivée est transmise. " Puis elle remarqua l'éparpillement anodin de bâtons autour des travailleurs, et repéra un garçon à moitié endormi contre le mur en face de la route, dont les yeux à moitié ouverts les suivaient. Son épine dorsale commença à picoter.

Erika se rapprocha d'elle par pur réflexe. Maintenant qu'Ephiny l'avait fait remarquer, elle pouvait voir les petits signes subtiles d'une conscience peu commune autour des villageois, qui travaillaient dur et avançaient péniblement. Pourtant, elle ne vit aucune armure, aucune arme sournoisement cachée. Pas de fortification. Etonnée, elle jeta un coup d'oeil vers Ephiny, dont le visage refléta une confusion similaire. " Et bien, cela me réconforte. " commenta-t-elle avec ironie. " Tu ne sais pas non plus ce qui se passe ici. "

 

Elle avancèrent, approchant le village lui-même, où elles reçurent des signes de tête polis des passants, et un salut joyeux de quelques-uns qui apparemment, reconnurent ce qu'elles étaient. " Et bien, ils ne haïssent pas les Amazones, au moins. " murmura Ephiny. " Il y a une auberge. Allons-y pour voir où nous pouvons trouver Xena. " Elle dirigea ses pas vers la porte et la poussa pour observer à l'intérieur. " Bonjour. " fit une voix de l'intérieur, attirant leur attention. Ephiny entra et cligna un peu des yeux dans la lumière provenant de la cour ensoleillée. C'était une auberge joliment installée, avec de bonnes et solides tables, et l'air de bien marcher. Elle tourna son attention vers l'homme derrière le bar, et sursauta un peu au sentiment irréel de familiarité qu'il déclenchait en elle. Qui ? Quoi ? Puis elle réalisa que c'était les yeux. D'un bleu électrique brûlant, comme une seule autre personne qu'elle connaissait.

" Bonjour. " dit-il de nouveau, sortant de derrière le bar et venant à leur rencontre. " Vous êtes des Amazones. " Enonçant une évidence. " Vous cherchez Xena ? "

Ephiny et Erika se regardèrent. " Oui. " dit Ephiny, en inclinant sa tête bouclée vers lui. " Et tu es... ? "

" Toris. " Il étendit le bras. " Son frère. "

" Ah. " Ephiny respira. " Ca explique pourquoi tu as un air si familier. " Elle eût un petit rire. " Elle ne l'a jamais mentionné. "

" Elle ne le fait jamais. " répondit Toris joyeusement. " Mais c'est ainsi. Et elle est dehors dans la cour d'entraînement à faire quelques exercices - vous pouvez y aller par la porte de derrière si vous voulez. "

" Merci. " dit Ephiny chaleureusement, et elle poussa Erika devant elle vers la porte. " Heureuse de t'avoir trouvée. "

" Je suis sûre que nous nous reparlerons. " répondit Toris avec une expression amusée sur le visage. " Attention à vous quand vous sortirez, parfois ces bâtons sont maniés un peu sauvagement. "

Ephiny hocha la tête et avança. " Wow... " dit-elle à voix basse à Erika, ignorant son aversion pour la femme à cet instant.

" Ouais... " Erika répondit avec un sourire espiègle. " Je pense que l'apparence se transmet dans la famille. "

Pendant un instant, une sorte de compréhension exista entre elles. Puis elles furent à la porte, et Ephiny la poussa pour l'ouvrir avec précaution. Le son du bois frappant le bois était maintenant clair. Elles jetèrent un coup d'oeil de l'autre côté du chambranle de la porte et se figèrent, à la vue de ce qui s'y passait.

 

La cour d'entraînement était un espace dégagé à l'arrière de l'auberge, avec un sol en terre battue, et des balles de foin placées de manière stratégique. Xena se trouvait au centre, armée d'un long bâton, face à 10 villageois, hommes et femmes, qui prenaient leur tour pour venir vers elle, et échanger des coups. La grande guerrière était habillée d'une tunique blanche sans manches, ceinturée à la taille, de bottes, et expliquait à chaque villageois ce qu'il avait mal fait, ou bien, selon le cas, lorsqu'il venait vers elle pour pratiquer des balancements et des parades.

Erika et Ephiny échangèrent des regards de nouveau. " Je crois que Gabrielle avait raison. " Ephiny sourit d'un air narquois. " Ca a bien l'air d'un cours de défense pour moi. "

Erika renifla. " Peut-être. " Elle l'admit en grognant, bien qu'elle avait été convaincue en elle-même que la reine avait raison. Ce n'était pas la raison pour laquelle elle était là, et la présence de Xena était, ou n'était pas vraiment importante. Bien entendu, Ephiny l'ignorait. Mais elle le découvrirait. Les lèvres d'Erika se courbèrent en un sourire. Elle se retourna pour voir le cours, au moment où Xena, reculant, faisait maintenant signe à tous les villageois de l'attaquer en même temps. Elle fronça un sourcil à cette vue.

" Elle est plutôt bonne, bon sang. " murmura l'Amazone aux cheveux noirs.

Les yeux d'Ephiny s'arrondirent et elle renifla. " Plutôt bonne, ouais, c'est ça. " Elle observa Xena qui, avec une puissante grâce, réussit à désarmer la plupart des villageois dans une série de mouvements étonnants, puis sauta par-dessus les trois autres, et les faucha d'un balayage arrière. " Oh oh ! Je viens juste de voir où notre reine a pris l'un de ses mouvements. "

" Ce balayage renversé, ouais. " admit Erika. " Pas mauvais. "

 

Ephiny roula les yeux et regarda de nouveau vers la cour d'entraînement, pour sentir son regard capturé par une paire d'yeux bleus brûlants. Xena cessa immédiatement ce qu'elle faisait, et avança à grandes enjambées dans leur direction, lançant une instruction aux villageois par-dessus son épaule. Ephiny se rendit compte de l'alarme soudaine qu'elle causait et fit un rapide signal à la guerrière qui approchait rapidement, elle vit le soulagement dans les yeux de Xena, et le relâchement de ses épaules tendues.

En un très court instant, elle ralentit pour s'arrêter face à elles, étendant un bras vers Ephiny qui l'agrippa chaleureusement. " Bonjour, Ephiny. " Elle lança un regard à Erika, puis regarda la blonde Amazone d'un air inquisiteur.

" Bonjour, Xena. Voici Erika. " Sa prise se resserra sur le bras musclé de Xena pendant une seconde et elle vit Xena répondre d'un mouvement bizarre du sourcil.

" Erika. " Xena parla d'une voix traînante. " Qu'est-ce qui vous amène toutes les deux par ici ? " Elle relâcha le bras d'Ephiny et fit un signe de la tête pour les inviter à entrer dans l'auberge. " Entrez. " Elle tint la lourde porte pour elles, et les suivit à l'intérieur, attrapant un pichet et quelques verres sur une table vide, en chemin. Elle attendit qu'elles s'installent avant de tirer une chaise et de s'asseoir elle-même. " Faites comme chez vous. La bière est froide, mais je vous préviens, elle est puissante. "

Elles versèrent le liquide dans les verres et sirotèrent avec hésitation, puis avec plus d'enthousiasme. " Agréable. " ronronna Erika en jetant un coup d'oeil à la femme aux cheveux noirs par-dessus son verre. Ephiny hocha la tête pour approuver.

" Dites-le à ma mère. " dit Xena, s'installant dans la chaise avec son propre verre. " Et maintenant, qu'est-ce qui amène deux Amazones à Amphipolis ? "

" Ta mère ? " demanda Ephiny, distraite.

" Ouais, J'espère que Gabrielle n'est pas encore allé raconter cette histoire qui dit qu'on m'a trouvée sous une pierre, non ? " Le ton de la voix de Xena était amusé. " C'est l'auberge de ma mère. " Elle regarda autour d'elle. " Vous avez déjà rencontré Toris, je présume. " Ephiny haussa simplement les épaules. " Honnêtement, Xena, personne ne sait grand-chose de toi, aussi je crois qu'il ne nous est jamais venu à l'esprit que tu pouvais avoir une famille quelque part. Tu es restée plutôt discrète sur ça. "

La guerrière haussa les épaules. " C'est plus sûr pour eux comme ça. " Elle se pencha en avant. " Vous ne m'avez toujours pas dit ce qui vous amène ici. " Les clouant toutes les deux avec un regard bleu sinistre.

 

" Ah...oui. " Ephiny commença à parler. " Désolée. Voici. " Elle dénoua sa bourse et tendit à Xena, le paquet que Gabrielle lui avait donné. Elle regarda la guerrière le prendre avec précaution, jeter un oeil au sceau de cire, puis laisser un bref sourire tordre ses lèvres. " Et bien, il y a ces rumeurs. "

Xena fronça un sourcil vers elle. " Rumeurs ? " Puis elle rit. " Oh... laissez-moi deviner. Je suis en route pour conquérir la moitié de la Grèce de nouveau. " Elle soupira et prit une longue gorgée de bière. " Je me doutais que ça commencerait. Je ne pensais pas que ça partirait si vite, ou irait aussi loin. " Elle secoua la tête. " Et... les Amazones étaient inquiètes ? " Dans sa voix, l'agacement et le chagrin étaient partagés.

" Et bien... " Ephiny regarda le sol. " Certaines l'étaient. Gabrielle, en revanche, avait jugé ça pour ce que c'est vraiment. " Elle leva les yeux vers Xena. " Elle te connaît plutôt bien. " Elle vit la réponse briller momentanément dans les yeux bleu glacier.

" Ouais, c'est vrai. " répondit Xena calmement. " Bon... qu'est-ce que c'est ? " Elle indiqua le paquet.

" Oh. " Ephiny sourit. " C'est un traité de défense mutuelle. "

 

Xena éclata de rire. " Tu veux rire. " Ephiny secoua la tête en souriant. " Oh c'est tout à fait Gabrielle, ça. " Elle cassa le sceau du paquet et en sortit le contenu, plaçant le traité d'un côté, et jetant un coup d'oeil à l'autre morceau de parchemin scellé. Ses sourcils eurent un mouvement bizarre et elle le posa calmement sur la table, puis prit le traité et le lut. " Oh... " Un rire. " Attends une minute. " Et elle se leva pour attraper une plume et de l'encre derrière le bar.Les rapportant, elle trempa la pointe de la plume. Elle sourit et mit quelques notes dans la marge du traité. Finalement, elle signa en bas avec un grand geste, et le poussa vers Ephiny. " Tiens. Reprends-le. Vous êtes protégées. "

 

Ephiny parcourut le document et rit elle aussi. " Très drôle. Mais c'est quoi ce truc ici ? Je ne peux pas le lire... de quel dialecte s'agit-il ? " Xena sourit. " Ne t'inquiète pas. La Reine peut le lire. " Elle inspira et ses yeux allèrent vers la table, où le deuxième parchemin attendait. Nonchalamment, elle le prit et cassa le sceau, déroulant la feuille et la parcourant.

Les deux premiers paragraphes la firent sourire et écarquiller les yeux. Puis elle alla au troisième et le sourire passa de l'amusement à quelque chose d'autre. Elle le relut deux fois, essayant d'ignorer les frissons qui parcouraient son épine dorsale. Puis elle se rendit compte que les deux Amazones la regardaient avec intérêt. " Bon, " dit-elle en roulant le parchemin. " Gabrielle dit que les choses vont plutôt bien. " Elle les regarda. " Et que je dois vous fournir à toutes les deux, une nuit dans un vrai lit et de la nourriture décente. " " Merci. " Ephiny hocha la tête, laissant la guerrière se tirer hors d'affaire, ayant vu son visage habituellement inexpressif, réagir à la lecture de la note. Elle avait vu cette expression tendrement amusée changer, les yeux s'agrandir et ce sourire... Ephiny aurait payé cher pour savoir simplement ce que Gabrielle avait écrit pour provoquer cette réponse... Puis elle se gifla mentalement. Arrête ça, Ephiny. Ce ne sont pas tes affaires. " Nous apprécierions cela. La marche a été difficile jusqu'ici. Le temps a été vraiment imprévisible. "

 

Xena hocha la tête et se leva, vidant sa coupe et la mettant derrière le comptoir. " Laissez-moi dire à Johan que vous êtes là. Je reviens. " Elle passa la porte à l'arrière à pas feutrés, entrant plus avant dans l'auberge. Et aussitôt que la porte fut fermée derrière elle, elle s'effondra contre la porte, les genoux soudainement faibles, et appuya sa tête contre le poteau, laissant une avalanche d'émotions totalement inattendue la submerger.

Est-ce que c'était aussi facile ? Elle déroula le parchemin de nouveau et le relut. En un seul, un simple paragraphe, le barde avait ouvert son coeur, et honnêtement comme elle faisait toute chose, réaffirmait leur lien. Et cette dernière ligne... Xena se rendit compte qu'elle devait avoir un sourire idiot et se secoua, se repoussant du mur et regardant autour d'elle. Allons, Xena, tu es bien trop vieille pour agir comme ça. Reprends-toi. Allons, allons... agis comme un seigneur de guerre coriace. Tu connais ça. Vas-y... vas-y.. Tu peux fondre en une petite flaque plus tard. Beaucoup plus tard. Avec une profonde inspiration, elle secoua ses épaules, et alla chercher Johan, qui était heureux de pouvoir préparer deux chambres pour les Amazones.

" Tu es sûre... deux ? " demanda Johan avec une expression espiègle.

Xena fronça les deux sourcils. " Johan... qu'est-ce que tu veux donc dire ? Elle sourit. " Mais dans ce cas, oui, je suis sûre. Il n'y a pas d'amour perdu entre ces deux-là. " Elle rit et tapota son bras. " Fauteur de troubles. "

" Pas du tout. " Johan protesta mais lui sourit.

 

" OK, tout est prêt. " dit la guerrière en passant la porte. Elle s'assit de nouveau. " Les chambres et le dîner, comme demandé par votre reine. " Elle posa une botte contre le support de la table et se pencha en arrière. " Maman a aussi une salle de bain là-haut, si vous êtes intéressées. " Elle vit les lueurs d'appréciation dans les deux paires d'yeux. "Allez-y et profitez-en. Je dois finir quelques exercices, puis je vous rejoindrai pour dîner. Ca peut être un peu... peuplé ici, mais les gens sont polis, et ils savent qui vous êtes. "

Ephiny fronça un sourcil en entendant cela. " Est-ce que c'est bon ou mauvais ? " demanda-t-elle en blaguant à moitié.

Xena lui lança un regard tolérant. " C'est bon. Mère et Toris, et la plupart des gens ici, connaissent Gabrielle, et les Amazones leur sont familières, vous êtes si proches. "

" Bien. " dit Ephiny avec un mouvement de tête vers Erika. " Je monte. et toi ? "

Erika posa sa coupe sur la table et hocha la tête, puis fit un signe passable de respect de la tête vers Xena, et suivit Ephiny vers les escaliers.

Xena les regarda partir, puis renifla et secoua sa tête sombre. " Les Amazones. " Elle soupira, levant les yeux au plafond. " Ca n'en finit jamais. "

" Quoi, ma chérie ? " demanda Cyrene en marchant vers elle et regardant en haut des escaliers. " Etaient-ce les Amazones dont j'ai entendu parler ? "

Xena jeta un coup d'oeil vers elle. " Ouais. "

Cyrene hocha la tête. " Hmmm. Et comment va Gabrielle ? " Elle posa la question en regardant le visage de sa fille avec un petit sourire. Elle vit la douce étincelle apparaître dans ses yeux à la mention de ce nom.

" Bien. " répondit Xena calmement. Et elle réussit, d'une manière ou d'une autre, à ne pas avoir ce stupide sourire de nouveau. " Bon, j'ai des choses à faire. " dit-elle en se levant de la chaise. " Elles resteront cette nuit. " ajouta-t-elle en se levant et en contournant sa mère pour se diriger vers la porte. Consciente du sourire affectueux derrière elle. Bon sang... suis-je aussi transparente ?

 

Comme elle l'avait suspecté, la salle était peuplée au moment du dîner, mais les deux Amazones semblaient l'apprécier quand même, regardant les villageois avec un intérêt amusé, et elles étaient regardées à leur tour. Elles lui posèrent la question, et elle leur rapporta la vérité derrière les rumeurs de son armée en construction.

" Ce n'était pas grand-chose. " La guerrière soupira. " Ecoutez, un groupe de jeunes garçons m'a approchée, et m'a simplement demandé de leur donner quelques bases de défense. Vous savez... un peu de bâton, un peu de lutte... et je l'ai fait. " Elle haussa les épaules. " Ils s'y sont mis... mieux que je ne le pensais, en fait. Et puis, un des seigneurs de guerre locaux a décidé de faire une attaque sur le village. " Elle s'arrêta et pris une gorgée de bière. " Et nous les avons arrêtés. "

" Comme ça, simplement. " Ephiny sourit. " Avec un peu d'aide de ta part, je présume. "

" Non. " La réponse fut très surprenante. " Ce n'était pas la question. Nous savons toutes que je peux combattre. " Elle sourit d'un air dépréciateur pour elle-même. " Ils l'ont fait eux-mêmes. " Elle regarda autour d'elle. " Et ils l'on refait. Voilà... c'est comme ça que la rumeur a commencé. " Une autre gorgée. Et elle s'assit de nouveau et regarda la foule. " Ce ne sont pas de mauvaises gens. " Une sorte de sourire. " La plupart d'entre eux me parle même maintenant. "

" J'ai remarqué que tu ne portais pas d'armure. " dit Ephiny en se reculant dans sa chaise avec un soupir. " Whoa... c'était bon. Compliments à ta mère. "

Xena eût une sorte de sourire. " Ouais, je laisse l'armure de côté parce que ça rend les gens un peu nerveux. " Elle jeta un coup d'oeil à Ephiny. " Je transmettrai le compliment, à propos. Elle aime bourrer les gens. " Elle rit un peu écoeurée. " Je serais vraiment mal si je ne passais pas la moitié de la journée à m'entraîner, et l'autre moitié à chasser. " Et la moitié de la nuit à faire des exercices. J'aime vraiment trop sa cuisine.

Ephiny sourit. " Il pourrait t'arriver pire. " Elle bailla et remarqua qu'Erika hochait la tête de manière un peu endormie aussi. " Je pense que nous en avons eu assez pour aujourd'hui. " Elle se leva, et Erika fit pareil, elle avait peu parlé pendant le repas. " Merci encore, Xena, j'en avais besoin. " Elle fit un doux sourire en direction de la guerrière.

" De rien. " Xena leur fit un signe de la tête et se leva également. " Je vous vois demain matin. " Elle ajouta cela en sortant de derrière la table, et les laissa monter l'escalier.

 

L'écurie était fraîche et calme, et Xena passa un moment à simplement respirer les odeurs familières de foin et de cheval avant d'entrer et de fermer la porte derrière elle. Argo hennit pour la saluer, et elle traversa l'écurie pour aller vers la jument, regardant autour d'elle avant de sortir le parchemin et de laisser le cheval le renifler curieusement. " Tu reconnais ça, Argo ? " La jument hennit " Je pensais bien que oui. " Elle alla vers le grenier, roulant presque par-dessus Arès lorsqu'il se catapulta de dessous la table de sellerie et attaqua sa botte. " Hé, regarde-ça. " murmura-t-elle en soulevant le chiot et en le plaçant sous son bras, puis elle se hissa d'un bras dans le grenier et s'allongea sur sa couche.

" Roo. " Arès protesta, se tortillant pour échapper à sa prise, et grimpa le long de son bras jusqu'à sa poitrine, reniflant le parchemin qu'elle tenait devant elle. Elle le mit hors de sa portée et le relut encore une fois, laissant cette fois la vague d'émotion tourbillonnante surgir, elle ferma doucement les yeux, jouissant de cet instant . Je ne le mérite pas. Vraiment pas. Mais si c'est en train d'arriver, bon... je vais laisser faire. Je suis fatiguée de le combattre. Elle roula la tête sur un côté et regarda le chiot. " Je parie que tu l'aimeras aussi. " murmura-t-elle à l'animal, qui inclina la tête dans sa direction. " Bien, je dois me lever et faire quelques exercices à l'épée, Arès. Aussi, sois un bon garçon, et va dormir, OK ? "

 

Elle roula hors du grenier et ôta sa tunique en lin, enfilant une tunique matelassée qu'elle mettait pour ses exercices à l'épée. Il y avait des rembourrages sur les épaules et les bras, où elle avait tendance à se frapper elle-même lorsqu'elle travaillait ses bonds et tours en l'air, et lui épargnaient des bleus ennuyeux. Il y avait aussi des clips et des boucles pour maintenir son étui, et la tunique était coupée haut sur les côtés pour permettre certains de ses coups de pieds les plus compliqués. Elle ajusta les lanières, et accrocha l'épée, puis se baissa pour sortir et se dirigea vers le chemin qui menait à la ligne des arbres, avalant l'air frais à pleins poumons et se mettant à courir parce que ça lui faisait du bien. Elle fit quelques bonds en courant juste pour le plaisir, et arriva à la clairière en un temps record, sautant un peu sur ses pieds pour installer l'épée et la tunique en bonne place.

 

Bon sang, je me sens bien. Une longue vague de bonheur passa en cascade sur elle. Elle tira l 'épée et se lança avec force dans une série de passes en l'air, déchaînée, laissant l'émotion se relâcher doucement lorsqu'elle se mit à quelques attaques à l'épée, compliquées, et franchement, ouvertement bizarres, en faisant tournoyer et relâcher la lame au milieu d'un mouvement renversé. C'était très difficile. Et elle en aima chaque minute, sentant les mouvements glisser dans un rythme familier et confortable. Dieux, que c'est bon.

Elle sourit pour elle-même, puis changea de vitesse, et commença une série de passes plus normales, en allant de plus en plus vite jusqu'à ce que la lame elle-même devienne floue. Puis, elle ajouta quelques manoeuvres aériennes, commençant avec des bonds en avant faciles, et progressant vers les plus compliqués, qui comprenaient un tour en l'air, et puis les vraiment très difficiles, les bonds arrière, qu'elle devait faire à l'aveuglette, faisant confiance à ses instinct pour placer la lame et le corps, et atterrir sur ses pieds. Elle avait eu des problèmes avec ceux-là, mais ce soir... ce soir, cela coulait si facilement... comme si tout se mettait en place sans effort. Elle rit à haute voix, donnant un furieux coup en arrière, puis rebondissant vers l'avant pour une roulade, puis vers le haut et un tour pour un grand saut en l'air, presque comme si elle volait. A la fin, elle se détendit dans l'herbe, sur le dos, les bras entièrement étendus, regardant simplement les étoiles. Sentant la rosée tremper sa tunique, la rafraîchissant. Elle respira simplement les odeurs de la forêt de pins, l'herbe trempée d'eau, et la terre humide.

 

Un son faible lui parvint, et ses réflexes de défense revinrent avec leur force maximum. Elle rebondit sur ses pieds, et glissa l'épée dans son étui, bougeant entre les arbres, hors de la lumière. Ses sens captèrent un corps qui bougeait - et elle avança vers lui, s'arrêtant dans l'ombre d'un grand arbre pour se concentrer sur la forêt en face d'elle. Ses narines sentirent et capturèrent le vent agité, lui apportant une faible odeur, en même temps que le moindre indice d'un craquement sur le sol causé par un pied. Elle resta où elle était, jusqu'à ce que l'intrus passe devant son regard calme et silencieux, puis écarquilla les yeux. Ephiny. Est-ce que cette femme n'apprendrait jamais ? En soupirant, elle glissa de derrière l'arbre, et bougea pour se trouver derrière l'Amazone, qui suivait clairement une piste. La sienne, réalisa-t-elle, qu'elle n'avait pris aucune peine à cacher. Amusée, elle suivit Ephiny jusqu'à ce que la femme atteigne le bord de la clairière et jette un coup d'oeil, posant une main sur l'écorce rugueuse du dernier arbre avant l'espace ouvert. Finalement, Xena s'éclaircit simplement la voix, et croisa les bras lorsque Ephiny, surprise, tourna sur elle-même.

" Que se passe-t-il avec toi ? " s'exclama la guerrière, appuyée contre un arbre tout proche. " Ne peux-tu simplement dire, " Hé, Xena... pouvons-nous parler ? " Est-ce que tu dois vraiment rôder ? " Elle se redressa, et avança vers l'endroit où se trouvait l'Amazone, les mains sur les hanches.

" Comme si tu ne le faisais pas aussi. " rétorqua Ephiny, en riant un peu. " Désolée. " dit-elle, d'un air penaud. " C'est une habitude. Tu nous connais. Ne marche jamais quand tu peux avancer en rôdant. " Elle jeta un coup d'oeil vers Xena. " Que fais-tu ici, à propos ? " La guerrière expira et fit jouer ses épaules. " Entraînement à l'épée. " Elle fit un signe de tête vers la clairière. " Beaucoup de place, pas de villageois effrayés. "

" De l'entraînement ? " demanda Ephiny, d'un air interrogateur. " Je ne savais pas que tu devais en faire. "

Xena se renfrogna . " Tu sais, cela m'étonne toujours. " dit-elle avec un soupçon d'agacement dans la voix.

" Quoi ? " demanda Ephiny, se rapprochant et penchant la tête, regardant la femme plus grande avec confusion.

" Pourquoi tout le monde pense que je me lève le matin avec la capacité de faire des choses comme, des sauts plus hauts que moi et attraper des flèches ? " Plaintivement, elle regarda vers Ephiny. " Tu crois vraiment qu'Arès sort simplement de derrière un arbre, me saupoudre et hop ! C'est parti ? "

Ephiny se releva, choquée, et essaya de penser à une réponse. " Euh... et bien... Hmmm. C'est de ta propre faute. " répliqua-t-elle en croisant les bras. " Tu donnes l'impression que tout t'est si facile... Je pense que tout le monde présume que... je veux dire... Je ne sais pas ce qu'ils présument. Je crois que j'ai toujours pensé...oh, Hadès, Xena. Je n'ai aucune idée de ce que je pensais. Tu fais simplement des choses. " Elle termina, en faisant un petit mouvement vers la guerrière avec les deux mains. " Tu fais des choses que je n'ai jamais vu faire par personne d'autre. "

 

Xena soupira et massa ses bras. " Tu as une idée du temps qu'il m'a fallu pour amener mon corps à un niveau où je peux faire ces choses ? " Elle fit une petit sourire vers Ephiny. " Et cela demande un travail permanent de le conserver à ce niveau. " Elle rit un peu. " Donc, oui, Ephiny, je m'entraîne. Et parfois je me cogne la tête moi-même. Demande à Gabrielle. "

Elle regarda l'Amazone, laissant une expression sérieuse apparaître sur son visage. " Qu'as-tu en tête, Eph? Je doute que tu sois venue ici pour me regarder faire des bonds arrières. "

Ephiny croisa les bras et s'appuya contre l'arbre. " C'est Gabrielle. " dit-elle enfin, levant les yeux vers ceux de Xena, maintenant prudents. " Je m'inquiète pour elle. " Elle pinça les lèvres. " Quelque chose la gêne vraiment et elle ne me parlera pas. Ni à personne d'autre d'ailleurs. "

Le front de Xena s'agrandit de consternation, prise entre l'inquiétude et le fait de réaliser qu'elle savait parfaitement bien quel était le problème du barde.

" C'est... elle ne dort pas. Et elle pense que je ne le vois pas. Je pense que la tension de tout ce truc la submerge. Et Arella n'aide en rien. " Elle évita les yeux de Xena. " Elle... met beaucoup de pression sur Gabrielle. Et elle n'a pas été très subtile là-dessus. " Là, elle leva finalement les yeux. " Ne te méprends pas, elle se débrouille bien. Elle commence vraiment à porter sur les nerfs d'Arella. " Un faible sourire de Xena. " Mais, ça l'épuise, Xena. Et ça me fait mal de la voir dans cet état. " Elle fit une pause. " Elle a besoin d'une amie. "

" Ne l'es-tu pas, Ephiny ? " demanda Xena doucement, ses yeux clairs cherchant le visage de l'Amazone avec attention.

" Je suis l'une des personnes qui attendent qu'elle trouve des solutions. " Ephiny soupira. Puis elle continua. " Je pense vraiment que l'amie dont elle a besoin se tient ici en face de moi. " Elle inspira puis regarda le sol. " Ecoute...ce ne sont pas mes affaires, je sais bien. Mais... J'aime bien Gabrielle. Et je n'aime pas la voir comme elle est en ce moment. Elle a besoin de quelque chose... quelque chose que nous ne pouvons pas lui donner. " L'Amazone leva son regard vers une paire d'yeux bleus, calmes et immobiles. " Mais je pense que tu le peux. "

 

Xena expira, la regardant avec une expression pensive. Sur le point de parler, elle se raidit et leva une main, penchant sa tête sombre pour écouter.

" Une arbalète. " Elle forma les mots vers Ephiny dont les yeux s'agrandirent. " Pointée sur mon dos. " Elle respirait à peine, chaque sens prêt et en alerte.

" Qui ? " Ephiny respira à son tour, tremblante. Il n'y avait aucune panique dans les yeux qui lui faisaient face, mais elle put voir une vivacité soudaine et acérée tendre les muscles de Xena, et ses cheveux se dressèrent sur sa nuque.

" La question est , laquelle de nous deux est la cible ? " La guerrière répondit doucement, puis regarda l'Amazone avec attention. " Ephiny, me fais-tu confiance ? "

Ephiny regarda ces yeux captivants pendant un long moment. Puis elle inspira profondément et hocha la tête. " Oui. "

" Alors, ne bouge pas. " l'avertit Xena doucement. " Pas d'un pouce, absolument pas. " Elle ferma les yeux et concentra chaque fibre de son être derrière elle, sentant la vibration lorsque l'arbalète fut relâchée, sentant le mouvement de l'air lorsque la flèche se dirigea vers elle. Le temps se comprima, son instinct entraîné prit le dessus, et elle mit un genou à terre, tournoya et attrapa la flèche lorsqu'elle passa dans un éclair près de son épaule gauche, puis la seconde lorsqu'elle passa près de sa tête. Figeant ses muscles, elle tourna la tête pour vérifier, dans la ligne des flèches, la cible à quelques dizaines de centimètres derrière elle. Le coeur d'Ephiny.

 

L'espace d'un battement de coeur, elle soutint le regard d'Ephiny, puis elle laissa tomber les flèches et se leva, plaçant son corps entre les arbres et l'Amazone. " Ils sont partis. " dit-elle en se tournant pour regarder la femme blonde. " Qu'est-ce qui se passe ici, Ephiny ? Elles t'étaient destinées... par quelqu'un qui savait que, non seulement je les entendrais, mais je serais capable de les éviter. " Ephiny se laissa tomber le long du tronc jusqu'à ce qu'elle soit assise sur le sol de la forêt, et posa la tête dans ses mains. Xena s'accroupit près d'elle, inquiète. " Quelquefois, tu sais, Xena... " murmura-t-elle finalement. " Ca n'en vaut vraiment pas la peine. " Elle laissa ses bras reposer sur ses genoux et appuya de nouveau sa tête contre l'arbre. " Ca devait être Erika. L'arbalète est sa spécialité, et elle est la seule dans cette zone dont je puisse, même de loin, penser qu'elle avait un motif. "

Le front sombre de Xena s'agrandit. " Erika ? Pourquoi te tuer ? Si elles veulent le masque de la reine, il est plus logique qu'elles me tuent, moi. " Elle ne semblait pas émue par la chose. " Après tout, si elles veulent le prendre à Gabrielle, elles doivent passer par moi. "

" Vrai. " Ephiny eût un sourire triste. " Mais si elles voulaient faire comme si je m'étais rendue ici pour des pourparlers et que tu m'aies tuée ? " Elle rit presque à l'expression ahurie sur le visage de Xena. " Bam. Nous nous trouvons dans une situation où Arella peut provoquer un défi pour n'importe quel motif, et tu ne serais plus acceptable comme champion, parce que... et bien, tu m'aurais tuée. " Xena laissa un lent sourire, sauvage et paresseux, passer sur son visage, provoquant un frisson le long de la colonne d'Ephiny. " Ephiny. Si quiconque la menaçait, penses-tu que je laisserais la loi des Amazones se mettre entre elles et moi ? " Ses yeux soutinrent ceux de l'Amazone. " Par ailleurs, l'arbalète n'est pas mon style, je ne t'aurais pas tuée comme ça. "

Ephiny inspira profondément et essaya de faire de l'humour. " Et bien, si Gabrielle était là, elle aurait dit que tu ne m'aurais pas tuée. De quelque façon que ce soit. " Elle avala sa salive. " A propos, merci. "

Xena se leva en douceur et tendit la main pour aider Ephiny, secouée. " De rien. " dit-elle en ajoutant. " Et...Gabrielle aurait eu raison. Comme d'habitude. " Elle sourit à Ephiny. " Merci. De t'inquiéter pour elle. "

Ephiny regarda vers le sol puis fixa la forêt. " Nous avons un festival bientôt, Xena... "

" Je sais. " La guerrière rit légèrement. " J'ai reçu une invitation écrite. "

" Oh. " Ephiny rougit. Puis rit. " J'aurais dû le savoir. Viendras-tu ? "

" Je serai là. " répondit Xena, la poussant vers le village. " C'est le festival de Dyonisos. Quelqu'un doit protéger son innocence de vous autres, les Amazones. "

 

Ephiny démarra, puis regarda en arrière vers Xena, surprise, puis pouffa de rire, secouant la tête pendant qu'elles retournaient à l'auberge. Cependant, au lieu d'aller vers la taverne, Xena la dirigea vers l'écurie. " C'est plus sûr, je pense, bien que ce ne soit pas aussi confortable. " murmura-t-elle en se glissant entre les portes avec Ephiny sur ses talons. Qui s'arrêta brusquement à la vue d'un petit loup turbulent qui trébucha furieusement sur le sol et se lança sur la botte de Xena. " Oh. Bonjour Arès. " dit Xena, de manière absente, poussant doucement l'animal de côté et traversant la pièce pour aller vers la table de sellerie.

" Arès ? " La voix d'Ephiny grimpa de surprise. " Tu blagues. " Elle jeta un oeil vers le loup. " Mais où donc... "

" Longue histoire. " dit Xena en amenant un morceau de parchemin vers elle. Elle prit une plume et s'assit avec un air absorbé. " Si Erika était la personne derrière cette arbalète, quelle assurance as-tu d'être en sécurité sur le chemin du retour ? "

Ephiny s'assit sur un tas de foin confortable et réfléchit. " Je ne suis sûre de rien. "

Xena étudia ses mains. " Et bien, j'ai peut-être une solution. Un... témoin, plus ou moins, pour t'accompagner. " Elle fit une pause, pensive. " Nous avons une orpheline ici... du nom de Cait. Ses parents ont été tués par une bande de vagabonds appartenant à un seigneur de guerre. " Elle s'assit en arrière et regarda Ephiny. " Elle vit de la chasse, du petit gibier, et le vend aux autochtones. Elle est bonne - et elle n'a que 12 ans. "

" C'est jeune pour être seule. " dit Ephiny d'un air songeur.

" Très. " Xena acquiesça. " Elle m'a suppliée de lui enseigner à manier l'épée lorsque je suis arrivée. Je l'ai convaincue que ce n'était probablement pas une bonne idée. Mais... " Elle fit un signe de la tête en direction d'Ephiny. " Elle ferait une bonne Amazone. "

" Est-ce qu'elle le veut ? " demanda Ephiny en réfléchissant. " Tu sais que nous n'adoptons pas les gens comme ça parce qu'ils sont orphelins, ou autres. "

" Elle le veut. " dit Xena d'un ton neutre. " Elle m'a demandé de l'emmener à votre village, en fait. " Je lui ai dit que j'y penserais... lorsque j'irais. Elle se pencha vers l'avant. " C'est un risque, je sais... mais elle est coriace, et pas complètement innocente. "

Ephiny hocha la tête. " D'accord, je l'emmènerai. "

" Bien. " Xena soupira. " Maintenant, roule-toi dans le foin et dors un peu. Je dois écrire un mot. "

Ephiny sourit. " C'est une bonne idée. Les deux. " Elle eût une réponse étonnée mais souriante de Xena. Puis elle agrippa une couverture de cheval et se blottit dans le doux fourrage, s'endormant au bout de quelques minutes.

Xena la regarda un moment, puis rit doucement pour elle-même. Puis elle se concentra sur le parchemin posé en face d'elle. Oh... ce ne sera pas facile... Les mots, ce n'est pas mon truc. Mais... voyons....

 

(Cela disait) Chère Gabrielle

Et bien, oui, je suis partie pour conquérir le monde. De nouveau. Et j'ai commencé ici à Amphipolis. Ensuite j'irai à Potadeia. Je saluerai ta famille, parce que je suis sûre qu'ils se souviennent de moi affectueusement. Ce fut agréable d'avoir la visite d'Ephiny, et de savoir ce qui se passe là-bas. Je me suis retenue de coller une raclée à Erika, mais tu le feras peut-être à leur retour, parce qu'elle à essayé de présenter Ephiny à deux flèches d'arbalète.

On ne s'ennuie jamais une minute avec toi, hein ? Mère et Toris te saluent, et Ephiny t'apporte quelque chose de la part de Mère, que tu aimeras beaucoup, je pense. Moi, en tout cas, j'aime. Ici, tout s'est bien passé pour moi jusqu'ici - à part le plan de domination du monde, bien sûr.

Oui, en règle générale, je n'aime pas les choses stupides. Mais ne t'ai-je pas déjà dit que tu étais l'exception à la règle ? Je me souviens l'avoir fait... Par ailleurs, tu me manques aussi. Je ne manquerai ton festival pour rien au monde - compte sur moi pour y être.

Tiens bon, mon barde - regarde où tu marches et sois prudente. Et tu peux dire à ton amie Arella, que si elle pose, ne serait-ce qu'un doigt sur toi, j'éparpillerai des morceaux d'elle tout le long de la route vers Athènes, des morceaux si petits qu'il faudra utiliser des pinces pour les ramasser. Je ne plaisante pas.

X

 

Et bien, c'est artistique, n'est-ce pas, pensa-t-elle. Mais je pense que c'est suffisamment clair. Elle roula le parchemin, versa de la cire dessus, puis s'arrêta un instant, pensive. Gabrielle avait scellé le sien avec un sceau des Amazones, naturellement... alors je présume que je vais devoir ressortir ce truc. Elle marcha vers les sacoches d'Argo, et fouilla à l'intérieur, jusqu'à ce qu'elle trouve un petit sac, duquel elle sortit une chevalière. La sienne. Celle de la mauvaise époque, lorsque les plis marqués de cet insigne inspiraient la terreur dans le pays. Elle la regarda pensivement, puis retraversa vers la table, et pressa la bague sur la cire chaude. Il était temps que cela scelle quelque chose qui... elle ne finit pas cette pensée, elle souffla la chandelle, et attrapant Arès, elle grimpa dans le grenier. Elle s'étira, flottant dans une fatigue plaisante qui faisait ressembler le grenier à un matelas rempli de plumes. Cette fois, elle ne voulait pas, n'avait pas besoin que le sommeil l'emporte.

 

Erika était maussade le matin suivant, nota Ephiny avec un sourire grimaçant. L'Amazone aux cheveux noirs mangea en silence l'excellent et important petit déjeuner apporté par Toris, et évita les yeux d'Ephiny. Ah... elle est vraiment jeune. Ephiny considéra cela, mais en aucun cas elle n'était prête à prendre cela comme excuse pour un meurtre. Arella aussi est comme ça. C'est peut-être une partie du problème...Elle lança un coup d'oeil dans la pièce vers l'endroit où Xena était assise. Les avant-bras entourant ses genoux bottés, celle-ci parlait doucement à une très jeune fille assise en face d'elle. Plus grande que la moyenne, cheveux blond clair et très mince - la fille portait un arc court sur ses épaules, et un carquois pendait de sa large ceinture. Un sac de voyage était affaissé à ses pieds et elle écoutait attentivement la guerrière.

" Cait, tu sais que tu n'as pas à y aller si tu ne le veux pas. " dit Xena, calmement. " Tu peux rester ici, Mère a dit qu'il y aurait une place pour toi dans notre... " Là, elle sourit un peu. " maison, si tu le veux. "

Cait la regarda avec solennité de ses yeux gris pratiquement incolores. " Je veux y aller. Je... il y a des choses que je veux et que je ne peux trouver ici. " Elle laissa un demi-sourire se dessiner sur son visage. " Je pense que tu comprends. "

Xena hocha la tête. Elle comprenait. Et ce qu'elle n'avait pas dit à Ephiny était qu'après que ses parents aient été tués pendant l'attaque, cette petite fille se glissa dans le camp ennemi, et trancha la gorge du chef des attaquants. Cait était une fille dangereuse. Qu'elle comprenait d'une manière plutôt unique.

" Très bien, Ephiny t'emmène chez les Amazones où tu seras prise en charge. Elle est d'accord, tu peux lui faire confiance. " Elle baissa la voix. " Mais pas à l'autre. Nous pensons qu'elle a essayé de tuer Ephiny la nuit dernière. "

" Elle l'a fait. " répondit Cait avec précaution. " Je l'ai vue, et je l'ai suivie lorsqu'elle a semblé se diriger vers ton endroit habituel. "

Xena eût un sourire, sachant qu'elle avait donc un témoin silencieux. " Et as-tu aimé le spectacle ? " demanda-t-elle avec une note espiègle dans la voix.

 

Cait sourit, sans honte. Elle avait été agacée par Xena lorsque la guerrière avait refusé de lui enseigner à manier l'épée, mais les semaines passant, elle avait commencé tout d'abord à bien l'aimer, puis à avoir une appréciation réelle et enthousiaste pour la seule personne à qui elle sentait qu'elle pouvait parler ouvertement. La seule personne qu'elle avait rencontrée dans sa courte vie et qui comprenait exactement d'où elle venait. " La nuit dernière a été la meilleure de toutes. " Elle inspira, les yeux brillants. " C'était comme...de la magie. "

Xena la regarda, perplexe. " Oui, c'était un exercice plutôt agréable. " dit-elle d'une voix traînante. " J'étais vraiment de très bonne humeur. "

" Je pouvais le dire. " répondit Cait doucement.

" Tu pouvais, hein ? " répliqua Xena en souriant. Elle se redressa. " Il y a quelque chose que j'aimerais que tu fasses pour moi. "

Cait hocha la tête. " J'essaierai. "

Xena prit deux objets et les glissa sur la table. Le premier, un parchemin scellé, elle le tendit à Cait. " Ca, je voudrais que tu le donnes à la Reine Amazone. C'est Gabrielle. Tu te souviens d'elle ? "

Cait hocha la tête vigoureusement. " Oh oui. Ton amie, avec les cheveux blonds-roux. La conteuse. "

" Oui, c'est elle. " Xena laissa un sourire passer légèrement sur son visage jusqu'alors sérieux. " Donne-lui juste - elle reconnaîtra le sceau. " Elle tint l'autre objet, le tournant entre ses mains. " Ceci, je voudrais que tu le portes et que tu le lui donnes aussi. Peux-tu le faire ? " Elle tendit l'objet à Cait, qui le prit avec précaution, et l'examina. Un couteau ingénieusement façonné, fondu dans le même moule que sa longue épée, avec un sceau gravé dans la poignée. Un sceau semblable à celui du parchemin. Cait le sortit doucement de l'étui en cuir, et examina la lame acérée, et les canaux jumeaux gravés de chaque côté. Elle leva les yeux vers Xena, avec une compréhension bien au-delà de ses 12 ans, puis regarda de nouveau la lame et la remit dans l'étui.

" Je peux faire cela. " dit la fille avec calme.

Xena hocha la tête et toucha sa main, elle baissa la voix. " Je veux que tu gardes un oeil sur Ephiny, Cait. C'est important qu'elle arrive chez elle. " Ses yeux bleus plongèrent dans les yeux gris.

Cait soutint son regard, mais amena la lame à ses lèvres et la pressa contre. " Je le ferai. " Elle inspira et les deux âmes sauvages se comprirent. " Je le promets. "

" Ok, bien lorsque tu la verras. " ajouta Xena en lançant un regard vers les Amazones qui attendaient. " Donne ce couteau à Gabrielle. Dis-lui que c'est de ma part. Pour... les urgences. Et donne-lui encore une chose de ma part. "

Cait se leva, sachant qu'il était temps de partir. " Qu'est-ce que c'est ? "

" Viens ici. " dit Xena lorsque la fille s'approcha, elle tendit les bras et la tira pour l'étreindre, ce qu'après un instant de surprise, Cait retourna avec vigueur. " Juste comme ça. " dit Xena en la relâchant. " Ok ? "

Cait sourit. " Je pense qu'elle aimera plus ça que le couteau. " dit-elle, sagement.

Xena eût un petit rire. " Oh, je pense que tu as raison. Mais donne-lui quand même."

 

Le couteau... ça tournait toujours dans sa tête, était-ce ou pas une bonne idée. Elle ne s'attendait pas à ce que Gabrielle l'utilise, non... Xena était pleinement consciente de ce que le barde pensait au sujet de faire couler le sang. Non... mais l'incident de la flèche l'avait rendue anxieuse au sujet de sa sécurité, et l'avait presque amenée à jeter toute précaution, et toute autre chose, à tous vents et à juste...partir... elle-même vers le village des Amazones. En fait, alors qu'elle se tenait dans le vent devant l'écurie à l'aube, elle s'était soudain sentie attirée dans cette direction, et avait fait réellement quelques pas avant de se reprendre et de s'arrêter. Non, Gabrielle n'utiliserait pas la dague.

Mais elle était assez sage pour savoir que la porter à sa ceinture pourrait juste représenter une menace potentielle. Et... le sceau assurerait quiconque le verrait de qui se trouvait derrière la Reine Amazone assiégée . Je pourrais juste y aller... mais elle a dit qu'elle avait besoin d'un petit peu plus de temps... et d'après l'analyse d'Ephiny, les défis sont toujours en prévision. Je ne veux pas gâcher les choses, mais je ne veux sûrement pas qu'elle soit blessée, non plus. Ou pire. Un peu plus de temps, mon barde ? Très bien, mais pas plus. Je ne pense pas que je vais attendre jusqu'à ce festival pour te gratifier d'une petite visite. Elle prit sa décision avec une grimace. Comme si tu avais besoin d'une excuse, son esprit la moqua gentiment, n'est-ce pas ?

 

" Oh attends... j'avais presque oublié " Xena murmura en arrêtant rapidement un sourire. " Je reviens de suite. " Elle disparut dans la cuisine, et trouva rapidement Cyrene qui se tenait au-dessus d'une marmite bouillonnant doucement. Elle leva les yeux lorsqu'elle entendit les pas distinctifs de sa fille.

" Bonjour, ma chérie. " Elle lui sourit.

" Bonjour. " répliqua Xena en s'appuyant sur le support en bois. " Je suppose que tu n'as pas de ces gâteaux, par ici, n'est-ce pas ? "

Cyrene rit. " Je pense que j'ai une nouvelle droguée. " Elle la taquina. " Ca fait partie de mon plan pour te garder ici. "

Xena lui sourit affectueusement. " Pas pour moi. Pour une amie. "

" Oh, bien sûr. " Cyrene rit puis s'arrêta et leva les yeux. " Ah... attends ! Pour Gabrielle ? " Elle regarda sa fille avec une étincelle dans les yeux. Sa réponse fut le sourire sur le visage de Xena. " Et bien, dans ce cas, je vais en empaqueter quelques-uns pour toi. "

" Dans ce cas ? " Xena posa la question en fronçant un sourcil.

Cyrene leva la main et attrapa son menton, elle rit un peu. " Et bien, elle fait partie de la famille, maintenant, non ? "

Oh. Xena sentit la rougeur grimper de son cou à ses joues. Pas question de mentir. Pas à elle, en tout cas. " Oui, je présume qu'elle en fait partie. " La réponse vint calmement suivie d'un petit rire.

Sa mère sourit et la tapota sur le ventre. " L'amour te va bien, ma chérie. " Elle passa derrière un casier de rangement, et tira quelques emballages, donnant du temps à Xena pour se recomposer puis réémergea avec un paquet joliment emballé. " Voilà. "

" Merci. " La guerrière répondit avec un petit sourire. " Je sais qu'ils seront appréciés. "

Cyrene lui fit signe de partir. " Va-t-en. Je dois m'occuper d'un ragoût. " Elle attendit que la porte soit fermée puis rit pour elle-même. Si quelqu'un m'avait dit que ça arriverait, il y a un mois, je l'aurais chassé dehors à coups de balai. Maintenant, regardez - Les affaires marchent mieux que jamais, et le village est... renouvelé, avec une confiance en soi qu'elle a apportée. Je pense qu'elle a finalement remboursé cette dette. Pour moi, au moins. Je pense que je l'aime de nouveau. Non, je le sais.

 

" Très bien. " dit Xena en marchant vers la table où se trouvaient les Amazones, guidant Cait. " Tout le monde est prêt ? " Cait sourit timidement aux deux femmes, elle avait déjà mis la lame hors de vue. " Voici Cait, et elle veut venir avec vous. Cait, voici Ephiny et Erika, ce sont des Amazones. " Elle tendit un paquet à Ephiny avec un sourire. " Donne ceci à sa Majesté, s'il te plaît. Avec les compliments de ma mère. "

" Hello, Cait. " Ephiny lui sourit chaleureusement. " Tes affaires sont prêtes ? " Erika fit juste un signe de tête vers la fille.

" Tout est prêt. " dit Cait en soulevant son paquetage.

Ephiny tapota l'épaule de la fille et la guida vers la porte. Elle se retourna au moment de l'ouvrir, et regarda vers Xena, qui se tenait les bras croisés, les regardant. " Sois prudente. " lança-t-elle avec un signe de la tête.

" Nous nous reverrons. " répliqua Xena en fronçant un sourcil et en lui faisant un imperceptible clin d'oeil. Elle vit le soulagement après la compréhension sur le visage de l'Amazone blonde.

 

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