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Atadistance4B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La séparation

 

At a distance

 

Par Melissa Good

 

 

traduction libre...mais fidèle de la fiction de Melissa Good par Fryda

 

*****

Partie 4B

*********

 

Gabrielle la regarda partir et resta à la porte, s'appuyant sur le poteau, s'entourant de ses bras, avec la chaude sensation qui la remplissait comme la lumière du soleil. Tomber amoureuse, c'est ce qu'elle a dit. Son esprit gloussa de joie. Et s'il a fallu un mois d'enfer avec les Amazones pour qu'elle me le dise, alors elle peuvent avoir un mois de mon temps aussi souvent qu'elles le veulent. Arella avait tort... tort... tort... Ceci est le sentiment le plus merveilleux du monde. J'espère qu'elle le découvrira un jour. Elle se souvint du visage d'Erika. Peut-être qu'elle le fera.

Elle jeta un coup d'oeil de l'autre côté de la cour, au mouvement des Amazones, à l'approche à peine perceptible des centaures. A Xena et à sa jument reniflante et agitée. Dieux, Gabrielle. Ca fait un long, très long chemin depuis Potadeia, n'est-ce pas ? Tout est arrivé. Toutes les mauvaises choses, tous les ennuis, les combats et la douleur. Et les bonnes choses, les victoires, les gens que nous avons aidés, et par-dessus tout, notre amitié. Je me souviens lui avoir demandé une fois si elle changerait quelque chose après tout ça, et elle a dit...non. Je comprends seulement à cet instant pourquoi. Tout ça nous a amenées à cet endroit, à ce moment, et à ce que nous sommes maintenant. Et si ça doit être comme ça... Je ne changerais rien non plus.

" Gabrielle. " La voix de Xena la surprit et la sortit de sa rêverie. " Hé, tu vas bien ? " La guerrière la fixa, inquiète.

" Oui, oui. Je vais bien. " Gabrielle lui répondit en souriant. " Je pensais, c'est tout. " Elle jeta un coup d'oeil vers le chemin qui entrait dans le village. " Oh, voici les centaures. c'est l'heure de notre réunion, n'est-ce pas ? " Elle passa les mains dans sa frange, et tira sur sa jupe. " Allons-y. "

 

" Ca ne s'est pas passé aussi mal que je m'y attendais. " dit Ephiny en baîllant un peu plus tard, affalée dans une chaise en face du bureau de Gabrielle, une grande coupe de vin chaud épicé à la main. " Bien que je pense qu'ils t'apprécient plus qu'ils ne m'apprécient, moi. " Elle cligna des yeux vers le barde, qui rangeait des affaires avec efficacité dans deux grands sacs.

" Nan. " répliqua Gabrielle en levant les yeux et en souriant. " Ton fils est un lien avec eux. Ils seront bien avec toi. " Elle soupira. " Par ailleurs, je pense que je les rends nerveux. Ils bougent sans arrêt leurs queues. "

Un rire leur parvint du banc près du mur, où Xena était installée, réparant un morceau de lacet d'armure. " Non, *JE* les rends nerveux. "

Un sourire d'humour noir. " Je rends tout le monde nerveux, on dirait. "

" Vraiment? " demanda Gabrielle, en arrêtant ce qu'elle faisait et en regardant vers elle. " Je ne l'ai jamais remarqué. Es-tu sûre ? Je pense que tu imagines encore des trucs, Xena, je t'ai prévenue à ce sujet. "

Ephiny la regarda comme si elle avait perdu la tête, puis jeta un coup d'oeil vers Xena. Qui avait roulé en boule un morceau de cuir et en bombarda le barde. Et la toucha en pleine poitrine.

" Aïe. " cria Gabrielle. " Hé... je demandais juste. " Et elle lança la boulette à son tour, réussissant à viser assez bien pour obliger la guerrière à se baisser pour éviter d'être touchée à la tête. " Hé, c'était près ! "

" Oui. Raté. " Xena se moqua d'elle, retournant à son raccommodage. En faisant semblant de ne pas voir que Gabrielle attrapait un petit sac et tirant son bras en arrière, le lançait avec pas mal de force. Elle laissa tomber sa pièce d'armure à la toute dernière seconde et levant une main, sans regarder, elle attrapa la bourse. " Tu devras faire mieux que ça. " Elle fit son commentaire d'un ton dégagé, lançant l'objet avec un petit mouvement du poignet, mais cette fois, elle atteint Ephiny à l'arrière de la tête.

" Hé ! " Ephiny grinça. " Ne me mêlez pas à ça ! " Elle se leva, tenant toujours sa coupe et se recula en souriant.

" Lâche. " Gabrielle se moqua d'elle et plongea pour attraper la bourse. Elle l'atteignit et la lança avec force dans la direction de Xena. Mais la guerrière avait laissé tomber son raccommodage et était maintenant à moitié accroupie, complètement investie dans le jeu. Elle attrapa la bourse et la retourna rapidement, obligeant Gabrielle à plonger pour se couvrir. " Whoa ! "

Elles rampèrent pour attraper la bourse et Xena l'agrippa et bombarda le barde dans l'estomac, puis elle se baissa lorsque celle-ci relança le morceau de cuir du début. Ephiny choisit ce moment pour reculer et éviter d'être renversée.

Et elle prit sa botte dans une planche et perdit l'équilibre, battant des bras sauvagement pour éviter de tomber. La coupe de vin vola en direction de Xena, qui s'arrêta, la vit arriver, regarda derrière elle rapidement, puis soupira.

Et elle ferma les yeux. Et laissa la coupe pleine la frapper sur la poitrine et se renverser partout.

Tout le monde se figea. Le silence fut assourdissant jusqu'à ce que Xena le brise en riant de manière désabusée. " Bon cru, Eph. "

" Tu aurais pu te baisser. " protesta Ephiny, prise entre le rire et l'appréhension. Elle aurait pu, si elle avait voulu, mais elle ne le voulait pas... J'ai vu cet instant de décision là.

" Oh non. " dit Xena en secouant les bras pour éparpiller quelques gouttes. " Je me baisse, ça passe au-dessus de ma tête, et ça touche sa Majesté, là. Je n'en entendrai jamais la fin. Non merci. " Elle jeta un coup d'oeil vers Gabrielle qui avait les deux mains sur la bouche en train d'étouffer une quinte de rire. " Je préfère prendre un bain de vin. " Elle tendit la main et posa une goutte du liquide sur le bout du nez du barde, qui lui sourit. " Maintenant, je dois prendre un vrai bain. Je reviens. " Elle quitta la pièce, secouant la tête.

 

Ephiny la regarda partir, puis se tourna vers Gabrielle qui léchait justement la goutte sur son nez. " Et bien. " dit-elle en riant un peu.

" Je te l'ai dit. " dit le barde en se perchant sur le coin du bureau. " Elle est très drôle. "

" Gabrielle, tu fais ressortir cela d'elle, parce que laisse-moi te dire que je ne l'ai jamais vue comme ça avant. " Ephiny dit cela, soudainement sérieuse. " Jamais. Et je la connais depuis pas mal de temps. " Elle rit. " Et personne, PERSONNE, ne me croira si je raconte ce que j'ai vu. " Alors je présume qu'elles se changent l'une l'autre. Dans le bon sens. Où finiront-elles toutes les deux ? Zeus seul le sait.

" En tous cas, tu ferais mieux de t'habiller pour le dîner. Tu sais que nous préparons un petit quelque chose pour dire adieu à notre reine, n'est-ce pas ? " Ephiny la taquina, voyant l'expression de douleur sur le visage de Gabrielle. " Détends-toi, c'est tout à fait simple. "

Gabrielle soupira. " Puis-je amener une invitée ? " demanda-t-elle avec un sourire espiègle.

" Pouvons-nous la laisser de côté ? " répliqua Ephiny avec un sourire malicieux. " Je n'essaie pas. "

 

 

Le feu brûlait doucement dans la salle à manger cette nuit, avant que le banquet ne prenne fin, et Gabrielle se pencha en arrière, tressaillant, à cause des heures passées assise sur le banc rembourré mais sans dossier. Ca avait même été un menu décent, et pour une fois, elle n'avait plus faim à la fin d'un repas Amazone. Aïe. Son corps protestait. Il faut que je leur dise de changer pour des chaises avec dossiers. J'ai un noeud de la taille de...oh. Une main puissante agrippa le noeud, et avec un mouvement régulier, relâcha la tension à cet endroit. Elle soupira de soulagement, et tourna la tête. " Comment sais-tu exactement où faire ça ? "

" Juste l'un de mes nombreux talents. " répondit Xena, finissant sa tâche, mais laissant sa main sur le dos du barde. Elle-même avait choisi un banc qui était très près d'un soutien de mur saillant, et cela, ajouté à son long corps, permettait à la guerrière de s'appuyer et d'échapper à la torture du banc.

" Je suppose que cela inclut le talent de savoir où s'asseoir. " mentionna le barde en lui faisant un sourire espiègle.

Xena hocha la tête, les yeux à moitié fermés. " Oui, oui. "

" Et le talent d'avoir le corps juste de la bonne longueur pour atteindre le mur. " continua Gabrielle.

" Ouais. " La guerrière l'admit. " Tout ça fait partie du plan. "

" Je vois. " répliqua le barde. " Ca doit être agréable. " Elle fixa le divertissement et sourit. " Elles sont plutôt bonnes. " Un autre tressaillement. " Ah si je... "

" Viens ici. " Xena l'interrompit, tirant l'arrière de sa jupe.

Obéissant, le barde glissa sur le banc d'à côté. " Oui ? "

" Appuie-toi. " Xena tapota de la main sur sa poitrine.

" Oh. " dit le barde, en souriant. " OK. C'est bien mieux. " Elle s'installa contre l'épaule de Xena et se détendit, pendant que la guerrière glissait un bras autour de sa taille. " Est-ce que ça faisait partie du plan, ça aussi ? " demanda-t-elle, taquine.

" Ouais. " répondit Xena, impassible. Puis elle baissa les yeux vers Gabrielle qui fut secouée de rire. " Quoi ? "

" Non... désolée... ce n'est rien. Juste que je ... " Gabrielle haussa un peu les épaules. " Pensais que tu n'aimais pas... Je veux dire...tu n'as jamais... " Elle s'arrêta de parler. " Oh, laisse tomber. "

Xena leva un sourcil. " Je n'aime pas les manifestations publiques d'affection ? " demanda-t-elle. " C'est ça ? "

" Et bien, oui. " Le barde répondit avec un sourire curieux sur le visage.

Xena haussa les épaules. " Je l'ai surmonté. " Un sourire de louve. " Par ailleurs, après hier, à quoi bon ? " Elle baissa les yeux pour saisir la rougeur attendue.

 

Elles s'installèrent pour regarder le divertissement, et partagèrent quelques verres de vin épicé. " Tu veux t'arrêter pour voir ta famille ? " demanda finalement Xena, en avalant longuement. Je devais le demander. Mais dieux, ils ne m'aiment pas. Et je suspecte que maintenant, ils m'aimeront encore moins. Une pensée espiègle. Oh oui.

Gabrielle resta silencieuse pendant un moment, réfléchissant. " Oui. " dit-elle finalement, avec de la réticence dans la voix. " Peut-être après être passées à Amphipolis. " Elle soupira. " Je devrais juste m'arrêter et leur dire que je suis vivante. "

Xena fronça les sourcils et baissa la tête pour mieux voir le visage de Gabrielle. " Hé... hé... Gabrielle, c'est ta famille. " Qu'est-ce qui a provoqué cela ? Je savais qu'elle voulait sortir de Potadeia mais elle avait toujours dit du bien de sa mère... de Lila...

Gabrielle regarda droit devant elle. " Tu es ma famille. " répondit-elle en prenant une longue gorgée. " Ils ne savent même pas qui je suis, Xena. Pour eux, je suis juste la petite soeur qui s'est sauvée il y a deux ans. "

Xena laissa échapper sa respiration retenue, et réfléchit. " Ma famille s'est adaptée. La tienne le peut aussi. " avança-t-elle, en lui faisant une petite pression. Oh... je ne suis pas bonne à ça. Et je suis la dernière personne sur terre qui devrait donner des conseils sur les relations familiales. Le barde sembla apprécier cela, parce qu'elle tourna la tête et leva les yeux vers Xena avec un sourire malicieux. " Oh... génial. Je vais juste te laisser leur parler alors. Tu peux tout expliquer. " Et elle partit à rire. Puis rit encore plus, parce que Xena prit avantage qu'elle porte un vrai vêtement Amazone et chatouilla son estomac dénudé, qui se trouvait facilement à portée. " Augh... arrête... je ne peux pas me tordre de rire ici devant tout le village. "

 

Xena se radoucit et la laissa décompresser, sentant le corps du barde se détendre complètement contre sa poitrine, et ses mains glisser vers les siennes, les enserrant. Consciente que la moitié de la pièce les regardait probablement, elle s'en moquait. Peut-être était-ce la lueur du feu, ou le vin épicé, ou la soudaine décontraction après les dangers à peine passés. Peut-être était parce que c'était la première fois qu'elle se laissait entraîner par des émotions qu'elle bridait habituellement. Ca va m'attirer des ennuis. Je le sais. Je me suis ouverte trop loin, et maintenant je vais le payer. Je le sais... mais je ne peux pas reculer maintenant. Peut-être que je peux simplement... Ses yeux se fermèrent, et elle laissa sa joue reposer contre la tête blonde nichée contre son épaule. Peut-être puis-je vivre en paix, pendant un petit moment.

 

Gabrielle sentit la pression et se rapprocha instinctivement. Il se passe quelque chose avec elle. Je peux le sentir, songea le barde, puis elle examina cette pensée. Je peux le sentir. Son front s'agrandit. Wow. Je me demande... " Xena ? " demanda-t-elle doucement, ne voulant pas surprendre la guerrière.

" Mmm ? " Sa compagne lui répondit avec un son profond que le barde pouvait sentir vibrer contre sa tête appuyée contre la gorge de Xena.

Si je me trompe, elle va penser que je suis dingue. Mais c'est ok... J'ai débité toutes les théories possibles de toutes les façons, n'est-ce pas ? Oui. OK. " Tu te souviens des parents de Jessan ? "

" Oui. " La réponse lui parvint d'une voix hésitante. " Bien sûr. " D'un ton plus normal.

Mais Gabrielle pouvait sentir le battement régulier du coeur reprendre à son oreille. " Nous sommes comme eux, n'est-ce pas ? " Elle sentit l'arrêt soudain, puis le double battement du coeur qui lui donna la réponse avant que la guerrière n'ouvre la bouche pour parler.

" Jessan le pense. " Xena l'admit, en inspirant profondément. Elle essaya de contrôler ses battements de coeur, dont elle savait trop bien que Gabrielle pouvait les sentir, elles étaient si proches. Que va-t-elle faire de ça ? Que va-t-elle en penser... dieux. Qu'est-ce que j'en pense ? C'est la prochaine question, n'est-ce pas ?

" Qu'en penses-tu ? " demanda le barde en levant les yeux. Elle attendait patiemment.

Une longue, longue inspiration. " Je ne suis pas sûre. " Xena parla lentement, pensivement. " Parce que nous ne faisons pas partie de son peuple. " Elle rassembla son courage et croisa les yeux verts brume qui la regardaient. Elle y trouva une calme et intense curiosité. " Mais, oui, je pense que ça se pourrait. " Et voilà, elle se retrouvait au milieu de l'un de ses plus grands cauchemars. Celui où Gabrielle reculerait devant ce qui lui semblerait être une sentence de prison à vie anormale, attachée à un ex-seigneur de guerre, à moitié fou, maudit par les dieux, maussade et haï par tous.

" Wow. " Le barde sourit, d'un sourire profond, plein et du fond du coeur, qui illumina ses yeux comme si une chandelle s'y reflétait. " Impressionnant." Elle pressa ses bras autour d'elle aussi fort qu'elle put.

Et avec un mot, et un sourire, elle ramena une âme sombre dans la lumière. De nouveau. " Impressionnant ? " Xena essaya de dire ça en luttant avec une quantité d'émotions différentes. " Gabrielle, je ne crois pas que tu comprennes. "

Gabrielle soupira joyeusement. " Si, je comprends. Au-delà du bon sens, au-delà de la mort, au-delà de la compréhension. Je me souviens. Je crois que nous avons atteint les trois au moins une fois. " Elle rit. " Peut-être plus d'une fois. " Elle se tourna à moitié et leva les yeux vers le visage de Xena. " Tu sais que j'ai toujours dit que je pensais que chacun avait une âme-soeur, n'est-ce pas ? "

" Oui. " Xena laissa tomber toute résistance et accepta simplement le fait que ceci ne gênait vraiment pas Gabrielle.

Le visage du barde devint très solennel. " Depuis longtemps... j'ai su qui était la mienne. " Voilà. C'était plus facile qu'elle ne l'avait pensé. Bien entendu, les circonstances l'y avaient aidée. Maintenant tout ce qui restait à voir était la réponse. De l'humour, l'envoyer promener, un gentil coup sur la tête... il était plutôt probable que la guerrière n'éprouvait pas ceci de manière aussi profonde qu'elle, après tout Xena avait fait tant de choses, avait vu tant de choses... et elle pensait probablement que Gabrielle était une jeune fille idéaliste, qui n'avait probablement pas ...

" Moi aussi. " La réponse survint, mortellement sérieuse. Là, au milieu d'une salle pleine d'Amazones qui bavardaient, dans la lumière tremblotante du feu, avec les accords d'une harpiste derrière elles.

 

Gabrielle dut se rappeler de respirer de nouveau. Oh dieux... est-ce qu'elle a dit ce que je crois avoir entendu ? Elle se sentit soudain étourdie, et cligna des yeux plusieurs fois pour éclaircir sa vision, qui semblait brouillée pour une quelconque raison. Je ne peux pas croire que nous avons cette discussion au milieu d'un banquet. Son esprit vagua, plus pour avoir quelque chose à faire pendant qu'elle reprenait le contrôle de son corps, que pour autre chose. Puis elle sentit la main de Xena toucher sa joue et la douce pression des doigts de la guerrière lorsqu'elle effaça les larmes sous ses yeux. " Je suis contente que nous ayons réglé ça. " murmura le barde, levant un regard capturé aussitôt par ces yeux bleus.

" Moi aussi. " répondit Xena, avec la menace d'un sourire prêt à éclater sur son visage. " Bien que nous aurions pu trouver un endroit plus privé pour le faire. " Elle regarda autour d'elle. " Comme la place centrale d'Athènes. "

Elles rirent toutes les deux. Parce que c'était un moyen de relâcher un débordement d'émotion qui menaçait leur sang-froid. Et il serait temps pour ça plus tard.

 

Le banquet allait bon train, et Gabrielle savait que son départ y mettrait fin, aussi elle s'installa de nouveau et essaya de tourner son attention vers les musiciennes. Elles étaient bonnes, mais son esprit était pleinement occupé par d'autres choses, comme un rire intérieur qui semblait ne pas vouloir s'arrêter, et un sentiment vertigineux de bien-être qui s'écrasait sur elle comme une vague d'océan. Ca pourrait être des jongleurs sourds et unijambistes, je ne verrais pas la différence, elle se moqua d'elle-même. Ce n'est pas bien pour quelqu'un qui se prétend un barde. Elle inspira profondément, et avec effort, elle concentra son attention, se perdant finalement dans la représentation, sans se rendre vraiment compte lorsqu'elle s'assoupit.

" Oooh. " Granella se pencha vers Ephiny et murmura. " C'est pas mignon, ça ? " Elle rit et donna un petit coup dans les côtes de la blonde Amazone, lui faisant signe avec le menton.

Ephiny tourna la tête, et rit par réflexe à la vue de leur reine profondément endormie, nichée dans les bras protecteurs de Xena. " Dieux. " Elle secoua la tête avec une douce incrédulité. " Ouais, c'est mignon. "

Granella pencha sa tête sombre. " La musique doit adoucir les moeurs... Je crois que même Xena s'est assoupie, là. " Elle fronça les sourcils et fut secouée de rires. " Quelqu'un ferait bien d'écrire ceci. "

Ephiny étudia la guerrière. " Tu crois ça ? Regarde. " Elle tendit la main et cueillit un grain de raisin du plat placé devant elle, puis avec une rapide pichenette du poignet, elle l'envoya voler dans la pièce. Il fut intercepté en l'air d'un coup de main paresseux par Xena et deux yeux bleus perçants la clouèrent sur place. Elle sourit. " Tu vois ? "

L'Amazone aux cheveux sombres renifla. " Bon sang. " Elle sourit. " J'aimerais avoir ce genre de réflexes. Elle n'arrête jamais ? " Elle rit lorsque la guerrière examina le grain de raisin, et avec un petit haussement d'épaules dans leur direction, le mit dans sa bouche.

" Pas que j'aie pu le remarquer. " répondit Ephiny avec un sourire espiègle. " Et en considérant ce contre quoi elle avance, c'est probablement mieux comme ça.. " Son front s'agrandit. " Pour toutes les deux. "

" Mmmmm. " Granella fut d'accord avec ça. " Ca a été moins une pour mes intestins, Ephiny. Je sais que tu n'as rien vu, j'ai filé juste après elle, et je l'ai vu. Solari aussi. " Elle secoua sa tête sombre. " Moins une. "

Ephiny soupira. " Je sais. Et crois-moi, j'avais le coeur dans la gorge tout le long du chemin d'ici à là-bas. J'ai failli m'écrouler lorsque je suis arrivée et que j'ai vu que tout allait bien, parce que je lui avais demandé de venir ici, Granella. " La blonde Amazone couvrit ses yeux. " Que diable aurais-je fait si la flèche d'Arella avait atteint sa cible ? Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. " Elle leva les yeux. " Je n'ai jamais pensé qu'Arella ferait ça. "

" Ouais. " L'éclaireuse aux cheveux sombres soupira. " Mais elle en paie le prix. Hé, j'ai bien entendu ? Xena est réellement allée là-bas remettre son épaule en place ?

Ephiny renifla. " Tu as bien entendu. Les guérisseuses me flanquaient des coups au derrière pour que je lui demande, mais elle est entrée d'une manière désinvolte, tu sais, son allure intimidante typique, avec les armes et tout, fichant une peur bleue à tout le monde, elle a fait crac crac crac, boum ! Et c'était fini. " Elle rit. " Aussi simple que ça. " Elle s'assit en arrière et s'étira, tressaillant. " Et bien, je pense qu'il est temps que nous concluions cette petite fête...ce n'est pas qu'on ne s'amuse pas, mais ce sera bientôt l'aube. "

 

Xena regarda Ephiny et Granella se redresser de leurs sièges et venir dans sa direction. Elle baissa les yeux vers sa compagne endormie et sourit, puis la tapota légèrement sur l'épaule. " Hé. " Une autre tape. " Hé ! "

" Hmm ? " murmura le barde en remuant. " Que...oh. " Elle reconnut les bracelets sur les bras qui l'entouraient. " Salut. Hum... est-ce que je me suis endormie ? "

" Oui, oui. " répliqua Xena, en lui faisant une petite pression. " Et Ephiny est en route par ici. Je pensais que tu préférerais marcher toi-même pour sortir plutôt que d'être portée comme un petit enfant. "

" Xena ! " Gabrielle écarquilla les yeux. " Tu n'aurais pas... " Un coup d'oeil vers les yeux bleus souriants. " Dieux, tu l'aurais fait. " Elle s'assit et passa les doigts dans ses cheveux, puis se frotta les yeux. " Je n'arrive pas à croire que je me suis endormie au milieu d'un banquet. " murmura-t-elle en lançant un regard embarrassé vers Xena. " Tu aurais pu me réveiller. "

Xena rit et frotta son dos. " Nan. Tu avais l'air si paisible, je n'ai pas eu le coeur. " Elle leva les yeux à l'arrivée d'Ephiny, et lui fit un signe de tête. " Joli grain de raisin. "

" Grain de raisin ? " demanda Gabrielle en la regardant. " Quel grain ? "

" Ephiny testait mes réflexes. " répondit Xena sèchement. " Elle voulait être sûre que sa reine était en sécurité, je présume. "

Ephiny renifla. " Oh oui... c'était en haut de la liste des choses dont je devais m'inquiéter ce soir, laisse-moi te dire. " Elle s'appuya sur la table. " Il est temps de conclure, Votre Majesté. " Elle sourit devant les yeux écarquillés du barde. " Bonne nuit. "

" Ouais, ouais. " Gabrielle bailla en se levant pour s'étirer. " Bonne nuit à toi aussi. "

 

Elles sortirent, là où l'air était plus frais, les sons de la nuit avaient commencé à laisser la place à ceux de l'avant-aube. Xena entendit le bruit que faisaient les oiseaux impatients dans les arbres au-dessus d'elle, attendant la première couleur dans le ciel, la senteur de la rosée, et le doux vent qui se levait et transportait les douces voix des autres participantes du banquet qui se dirigeaient maintenant vers leurs quartiers.

" Est-ce que ce n'est pas pire d'aller dormir ? " demanda Gabrielle, étouffant un bâillement. " Le soleil va bientôt se lever. " Elle se tourna à demi pour observer Xena, qui se baladait toute seule en silence.

" Mmm. " répondit Xena. " Probablement pas. " Un doux sourire apparut sur son visage. " Tu voulais partir tôt... " Elle haussa les épaules. " " Et moi aussi. " Elle remarqua la soudaine pression du barde sur son bras. Entourant ses épaules d'un bras en réponse, elles se souvinrent soudain de ce qu'elles s'étaient dit là-bas. Dans la salle de baquet bruyante.

Elles se baissèrent pour passer la porte des quartiers de la reine, et Gabrielle relâcha sa prise, traversant la pièce pour s'affairer à son bureau. "Je pense que j'ai tout empaqueté. " murmura-t-elle, brassant quelques rouleaux sur la surface de la table. Elle leva les yeux pour regarder Xena s'asseoir sur le long banc matelassé, contre le mur, étirer ses longues jambes et les croiser. Dans la faible lumière de la torche, le barde put seulement apercevoir les faibles reflets de la lumière sur son armure. Et les armes, qu'elle avait portée dans la salle. Et les deux points de lumière jumeaux que faisaient ses yeux. Vers lesquels Gabrielle se sentit attirée comme un papillon de nuit à une flamme de bougie.

 

Elle inspira, puis finit d'empaqueter les rouleaux, faisant la conversation, à laquelle Xena contribua par ses séries habituelles de réponses courtes. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle disait. Finalement, elle fut prête, et avec une expression joyeuse sur le visage, elle traversa nonchalamment la pièce vers le banc, et se tint là, regardant la guerrière assise, qui, les bras croisés, semblait complètement détendue.

Xena pencha la tête sur le côté et regarda sa compagne. Puis elle décroisa les bras, étendant le droit le long du dossier du banc, et lui fit signe de s'asseoir avec l'autre. " Assieds-toi. " dit-elle. " Nous avons un peu de temps avant que le soleil se lève. Autant que ce soit confortable. "

" Merci. " dit Gabrielle, se glissant sur le banc, et se blottissant à côté d'elle, les jambes sous le corps. " Me montreras-tu où tu as grimpé cette falaise ? " Elle posa la question en lançant un regard taquin vers la guerrière. " Il faudra que je sache pour l'histoire que j'écris. " Elle fut secouée de rire au son étranglé et gargouillant émis par Xena, et elle s'appuya contre le bras puissant derrière elle. " Tu ne pensais pas que j'allais laisser passer celle-là, non ? "

" Gabrielle... " Le sourd grondement de Xena. " Pourquoi ne pas écrire l'histoire sur TOI... puisque c'est toi qui a fait le vrai travail, hein ? "

" Oh, bien sûr. Excepté les parties que tout le monde adore entendre à ton sujet. " répliqua le barde, se rapprochant, et la tapant dans les côtes. " Les parties excitantes. Personne ne veut entendre parler de passer un traité avec les centaures. " Elle tira joyeusement sur l'armure de Xena. " Mais ils veulent entendre parler d'escalader une falaise impossible, courir plus vite que les plus rapides éclaireuses Amazones... ouais, ne crois pas que je n'ai pas entendu parler de ça non plus.. par Granella et les autres... plonger d'un talus haut de deux étages... heureusement que je n'ai pas vu ça... et en face d'une arbalète qui tirait. " Elle sourit, sentant la victoire. " Tu... es... une... héroïne. " prononça-t-elle avec triomphe, mettant Xena au défi de la contredire.

Xena la fixa, un petit sourire jouant sur ses lèvres. " Gabrielle, j'ai fait tout parce que tu... es mon héroïne. " Elle dit cela d'une voix calme et sérieuse. Privant le barde de pensée. De parole. De souffle.

Refaite. Elle avait encore gagné. Parce que Gabrielle n'avait pas de réponse à ça, n'ayant jamais considéré le fait qu'elle pourrait jamais l'entendre, qu'elle puisse être une héroïne étant si invraisemblable. N'est-ce pas ?

 

Pendant longtemps, tout ce qu'elle put entendre furent les sons de la nuit, le vent claquant les feuilles, le battement de la flamme des torches. Et deux respirations. " Personne ne t'a jamais dit que tu sais t'y prendre avec les mots ? " Gabrielle rit doucement.

Le sourcil de Xena se dressa, mais elle sourit. " Non. Beaucoup d'autres choses, mais jamais ça. " Avec une étincelle dans l'oeil. " Peut-être que tu as une mauvaise influence. "

" Peut-être. " admit le barde, doucement. Elle laissa tomber son regard, puis le releva vers l 'épaule de Xena, et leva une main, traçant les nouvelles cicatrices à cet endroit. " Où as-tu pris ça ? " Elle lança un regard vers ses yeux, tout près et pénétrants.

" Une panthère. " répliqua-t-elle. " La nuit après que tu sois partie. " Son regard devint distant. " Je faisais... quelques exercices. Je suis revenue au campement, et un bébé-loup a roulé là. " Elle fit un bref sourire vers le barde. " Je l'ai pris pour le ramener à sa Maman et j'ai trouvé ça à la place. "

" Oh. " Gabrielle réfléchit. " La mère est morte ? "

" Mm. " La guerrière approuva.

Le barde soupira et secoua la tête, se penchant pour toucher la marque jumelle sur l'autre épaule de Xena. " Aie. "

" Ouais. " Xena haussa les épaules. " Mais j'ai connu pire. " Elle sourit et tendit la main pour séparer les cheveux de Gabrielle sur sa tempe, examinant le coup que le bâton d'Arella avait fait la veille. " Ca a l'air bien. " Elle croisa les yeux verts si proches des siens. Elle sentit la main du barde glisser de son épaule et venir se poser juste sous sa mâchoire. Elle ne fut pas sûre alors de laquelle des deux commença la première, mais ça ne comptait pas vraiment. Au moins cette fois-ci, il n'y a pas un troupeau de centaures et d'Amazones pour nous regarder, pensa Xena, puis elle cessa de penser et se concentra plutôt sur le baiser.

Qui dura un moment, car elles prirent leur temps, s'explorant l'une l'autre avec un enthousiasme presque hésitant. Gabrielle fit une pause pour respirer, finalement, et laissa sa tête tomber contre l'épaule de Xena. " Tu es vraiment douée pour ça, tu sais ? " murmura-t-elle à l'oreille bien placée de la guerrière.

" Tu le penses ? " répondit Xena paresseusement, en bougeant un sourcil.

" Oh oui. " La barde la rassura. Puis elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule à la lumière grise de l'aube qui marquait la fenêtre. " Bon sang. "

Le sourcil de Xena s'arrondit encore plus et elle émit un petit rire. " Nous quitterons la soirée un peu plus tôt, la prochaine fois, hein ? " Elle la taquina, passant un doigt le long du visage du barde.

Gabrielle inspira profondément. " Nous continuerons cette conversation plus tard, d'accord ? " Ses lèvres bougèrent dans un sourire. Ohh... Je crois que j'aime ça. Beaucoup. Plus encore. " Oh... " Xena parla d'une voix traînante, les yeux brillants. " Je dirais que c'est très bien deviné. " Et elle se pencha en avant pour saisir ses lèvres une dernière fois, pendant un très long moment. " Pour la route. " Elle rit lorsqu'elle se séparèrent. Les sons du village qui s'éveillait commençaient à filtrer à travers le brouillard matinal, et elles s'assirent un moment, les bras enroulés l'une autour de l'autre, à l'écoute. " Allons. " dit Xena finalement. " Je vais préparer Argo. Tu vois si tu peux trouver quelque chose à déjeuner dans la salle à manger. "

Gabrielle bailla et hocha la tête. " OK. Il se pourrait même qu'elles me donnent quelque chose de mangeable après la frousse que tu leur as flanquée hier. " Elle tapa Xena dans les côtes. " Et je dois dire au revoir à Ephiny, et tout. " Une pause. " Et à Arella. "

Xena hocha la tête. " Salue-la de ma part. " répliqua-t-elle avec un sourire espiègle. " Je reviens. " Elle se leva et partit dans les premiers rayons du soleil levant.

 

Gabrielle se tint là tranquillement pendant un moment, fixant l'extérieur à travers la porte ouverte, un demi-sourire sur le visage. Puis elle baissa les yeux sur ses bottes, croisa les bras et secoua doucement la tête. " Whoo... quelle semaine ! " murmura-t-elle en l'air. Allons, Gabrielle. Bouge... avance... plonge ta tête dans l'eau froide. Elle ricana pour elle-même. Plonger le reste de mon corps dans l'eau froide serait plus utile à cet instant, plutôt. Wow.

Elle s'éclaircit la voix, et relâcha un soupir profond, puis elle s'affaira sur son équipement, et échangea son vêtement Amazone contre ses vêtements de voyage habituels. Elle finit d'arranger sa jupe et passa la porte pour se diriger vers la salle à manger, lançant un salut joyeux aux Amazones qu'elle croisait. L'une d'elle étant Ephiny, qui fit quelques pas de plus pour se mettre à son niveau.

" Bonjour. " grogna Ephiny, clignant des yeux. " Ou devrais-je dire, tard hier soir ? "

" Bonjour ! " répliqua Gabrielle en lui souriant. " C'est un bel aujourd'hui, n'est-ce pas ? " Grand jour pour voyager. "Elle montra le ciel lumineux, qui était sans nuages, avec le brouillard qui se dissipait, et promettait un jour clair et frais.

Ephiny la regarda avec un regard fixe. " Oh...oh... depuis quand es-tu du matin ? Es-tu si contente de partir ? "

Le barde ralentit et leva une main pour protester. " Ephiny... non... ce n'est pas ça. Je suis désolée... Je suis juste de bonne humeur ce matin... vraiment. " Elle essaya, sans y parvenir, d'empêcher un sourire sur son visage. " Je suis juste... " Un regard plaintif vers l'Amazone. " Très bien... très bien... " Ephiny se radoucit, lui faisant un geste. " Je vois le tableau. " Elle soupira. " Ecoute... je sais que ça a été dur pour toi ici. Et que tu es contente que ta vie redevienne... et bien, ce que tu considères être normale. " Elle lui lança un regard.

Gabrielle s'arrêta brutalement, et se tourna pour faire face à Ephiny, son visage maintenant très sérieux. " Que veux-tu exactement dire avec ça ? " demanda-t-elle calmement, regardant l'Amazone droit dans les yeux, en baissant la voix.

Ephiny, ressentant le danger, fit un pas en arrière. Et cligna des yeux. " Hum. " Elle bégaya, " Seulement... Dieux, Gabrielle ! Je voulais seulement dire que nous... Moi, en tout cas, pensions que nous pourrions t'offrir un endroit stable. Pendant un moment. Ca doit être si difficile d'être là-dehors, bougeant sans cesse. " Elle fixa avec malaise cette femme, qu'elle croyait connaître, qui devenait soudain menaçante.

 

Gabrielle fit un pas en avant, maintenant un contact glacial avec la femme blonde. " Tu ne penses pas que j'en sais assez pour comprendre où vont mes choix dans ce cas ? " demanda-t-elle, à voix basse et dangereuse. " Je vais là où je vais parce que je veux y aller, Ephiny. Et je reste là où je reste parce que c'est là où je veux être. " Bon sang... ce regard marche vraiment !

" OK. " Ephiny leva les deux mains pour se rendre. " OK... OK... Ecoute, je suis désolée. " Wow... Il faut que je fasse marche arrière... Il faut que j'arrête de penser à cette femme comme à une enfant, avant que ma tête me soit apportée sur un plateau. " Je suis vraiment désolée... Gabrielle, je m'inquiète vraiment de ce qui t'arrive. Je suis désolée si ça m'entraîne à être... tu vois ce que je veux dire. "

Le barde se radoucit, apaisant son regard et relâchant son attitude. " Je sais. Ca va, Ephiny. c'est seulement que je suis vraiment fatiguée des gens qui pensent que je suis Xena comme un chiot qui n'y comprend rien. Je comprends tout ça. Je sais combien c'est dangereux. Je sais ce qui peut arriver. Je le fais malgré tout ça, pas parce que je n'ai pas le choix. "

" Je sais. " dit Ephiny calmement. " Ce que je voulais réellement dire, c'est que tu auras toujours une maison ici, si tu le veux. " Elle fit une pause. " Ou si tu en as besoin. "

Gabrielle sourit. " Je le sais. " dit-elle, attrapant l'épaule de l'Amazone. " Merci. "

Ephiny sourit et la tira pour l'étreindre. " Prends soin de toi, Gabrielle. " dit-elle. " Et garde un oeil sur elle aussi. " ajouta-t-elle doucement. Le barde eût un petit rire. " J'essaierai. " Elle reprit sa marche. " Je vais chercher quelque chose pour déjeuner et puis voir Arella. Tu veux m'accompagner ? " C'était une offre de paix, parce qu'elle savait qu'Ephiny n'avait pas voulu la mettre en colère. Mais elle savait aussi qu'Ephiny ne referait pas la même erreur, et cette pensée la remplit d'une fierté désabusée. Je présume que je grandis, songea-t-elle.

" Bien sûr. " Ephiny approuva et elles avancèrent.

 

Xena finit de charger Argo et la mena vers l'infirmerie, où elle avait vu Gabrielle disparaître quelques moments plus tôt. " Chh.. ma fille. Nous partons bientôt. " Elle parla d'une voix charmeuse à la jument, qui dressa une oreille attentive. Elle laissa tomber le licou de la jument en approchant de l'infirmerie et baissa la tête pour entrer, repérant Gabrielle et Ephiny dans le coin où on s'occupait d'Arella. Au moment où elle entrait, elle fut consciente des yeux qui la fixaient, et maintenaient des regards. Mais ce n'était pas nouveau... elle était habituée à ça, même dans des endroits où on ne savait pas qui elle était. Probablement la taille et le cuir, songea-t-elle, nonchalamment. Elle tourna la tête et rendit les regards qui trouvèrent soudain d'autres choses plus intéressantes. Je me demande ce qui se passerait si j'entrais ici avec une fleur dans les dents ? La pensée survint soudain, provoquant un sourire espiègle sur sa bouche. Il faudra que j'essaye une fois pour évaluer le choc.

 

Gabrielle, comme si elle sentait sa présence - elle le fait probablement... maintenant que j'y pense, moi je le fais toujours - se retourna à son approche, et lui fit un signe de tête et un sourire. Elle sourit en retour, ignorant celui narquois d'Ephiny. Elle baissa les yeux vers Arella, qui la fixait avec prudence, mais sans la peur qu'elle avait montrée la veille. Près de ses mains il y avait une tablette qu'elle avait utilisé pour écrire des messages, puisqu'elle n'était capable d'ouvrir la mâchoire que d'à peine trois centimètres. Par réflexe, Xena plia sa main gauche qui avait causé ce dommage.

Gabrielle leva les yeux vers elle, détectant cette faible menace acérée qui l'enveloppait comme un manteau lorsqu'elle se trouvait dans ce qu'elle pensait être un territoire ennemi. Ca avait un certain effet, le barde dut l'admettre. " Tout est prêt ? " demanda-t-elle d'une voix normale. Elle regarda Xena hocher la tête puis reculer contre le mur et s'y appuyer, pointant le menton pour lui faire signe de continuer ce qu'elle faisait.

Ce que fit le barde, prenant la tablette et la lisant, heureuse que l'attention se concentre ailleurs dans la pièce.

 

(Cela disait) Gabrielle Je ne m'excuserai pas auprès de toi, parce que j'ai suivi mes convictions, et que je ne les abandonnerai pas. Mais si cela compte, je suis heureuse qu'elle ait arrêté les flèches.

 

 

 

Gabrielle prit une inspiration et relut cela plusieurs fois, tout en pensant à sa réponse. Finalement , elle leva les yeux et croisa carrément ces yeux gris. Et elle se pencha en avant, pour que seule l'Amazone puisse entendre ses mots. " Arella, ça compte. " dit-elle doucement. " Et je te pardonne librement pour avoir tenté de me tuer. " Elle vit le choc et la surprise dans ces yeux. " Mais... " et elle baissa la voix encore plus, rendant son regard plus intense. " Mais pas pour elle. Cela, je ne peux te le pardonner. Six de tes soeur ont été tuées pour ça. "

Un grattement sur la tablette. Elle les a tuées !

" Non. " La douce voix était inflexible. " Tu les as tuées. Aussi sûrement que si tu leur avais tiré dessus avec cette arbalète. Je t'ai dit que tu ne comprenais pas. "

Une expression d'agonie. Tu l'as dit.

" Simplement parce que j'aime la paix, et que je crois que nous pouvons réussir plus de choses avec les mots qu'avec des armes, cela ne veut pas dire que je ne sais pas ce que ces armes peuvent faire, Arella. " Gabrielle la fixa, tristement. " Je pensais que sa réputation empêcherait quiconque de faire quelque chose de stupide. "

Une écriture furieuse. Les réputations peuvent être trompeuses... peuvent être simulées... peuvent être fausses.

" Pas cette fois-ci. " Gabrielle soupira.

Non... un petit gribouillis. J'aurais dû écouter ton avertissement. Un arrêt... de nouveau. J'aurais dû écouter Erika. Elle savait. Ses yeux errèrent vers le mur du fond, où Xena attendait dans l'ombre, où apparaissait seulement le reflet pâle de ses yeux. Puis elle regarda pleinement vers Gabrielle. Comment ? Ecrivit-elle, s'arrêtant pour réfléchir à ses mots. Comment peux-tu la connaître aussi bien et ne pas nous comprendre ?

 

Le barde s'assit calmement pendant quelques minutes, pensant à sa réponse. C'était une bonne question, songea-t-elle. " Parce qu'elle n'utilise pas la violence pour l'amour de la violence. Plus maintenant. Et si elle peut changer, vous aussi. " dit-elle finalement, croisant les yeux d'Arella.

A cause de toi ? Les sourcils froncés.

" Non. " Et Gabrielle sourit. " A cause de toi. Ca vient de là. " Elle tendit la main et tapota la poitrine d'Arella. " Mais parfois, ça aide d'avoir de l'aide. " Elle laissa ses yeux glisser vers l'endroit où Erika attendait patiemment, contre le mur avec Ephiny. Puis elle les ramena de nouveau et laissa un petit sourire courber ses lèvres.

Peut-être. Un regard à contrecoeur. Au revoir, yeux-verts. Et son regard contenait presque, presque une trace d'affection. Gabrielle lui fit un signe de tête et se leva. " Porte-toi bien. " dit-elle, calmement. Et elle sortit avec Ephiny et Xena de chaque côté d'elle, en silence.

 

" Que veux-tu faire d'elle ? " demanda Ephiny lorsqu'elles parvinrent près d'Argo.

Le barde s'arrêta et jeta un coup d'oeil vers Xena, une question dans les yeux.

" Et bien, tu as trois solutions. " dit Xena, comme si elle avait réfléchi à cette question-là. Ce qu'elle avait fait. Sachant que la question lui serait posée. " Tu peux la bannir, tu peux la réduire au statut de servante, ou tu pourrais l'obliger à suivre un cours d'apprentie avec une Amazone plus âgée, une avec des penchants plus pacifiques, qui pourrait lui apprendre quelque chose. "

Maintenant, elles vont me demander une recommandation, prédit-elle.

" Quelle solution recommandes-tu ? " demanda Gabrielle, point aveugle. Allons Xena... c'est en dehors de ma compétence, et tu le sais. Aide-moi un peu, là.

La guerrière mâchouilla sa lèvre pendant un instant. Avec celle-là, il n'y a pas de solution parfaite. N'importe laquelle lui taperait sur les nerfs. " Le bannissement est dangereux. Tu as assez de groupes renégats autour de toi pour qu'elle les rejoigne. La réduire au statut de servante est un gâchis de ressources, et elle partira de toutes les façons. " Xena s'arrêta. " Aussi, tu ne peux vraiment choisir que la troisième solution. Mais, Eph, prends quelqu'un avec une personnalité aussi forte que la sienne. Peut-être que si elle peut gagner son respect, ça marchera. "

Ephiny et Gabrielle se regardèrent. " Bon sang ! " Ephiny grogna. " Tu vas me demander de le dire à Eponin, n'est-ce pas ? "

" Tu n'as plus qu'à y aller.' Gabrielle sourit et tapota Argo. " Bonjour Argo. "

 

Xena rit, et, s'accroupissant légèrement, se hissa sur la jument dorée, qui était toujours sans selle. Elle se retourna et étendit son avant-bras. " Viens. Je sais que tu attendais le moment d'essayer de monter à cru. "

" Bye, Eph. "Gabrielle sourit et l'étreignit, puis agrippa le bras de Xena, et fut hissée sur le large dos d'Argo. " Ouah... " dit-elle, surprise, lorsque la jument bougea sous elle. " C'est beaucoup plus glissant comme ça. "

Xena roula les yeux et serra les genoux pour lancer la jument en avant. " Tiens-toi juste. "

" Pas de problème, là. " répondit le barde, l'entourant de ses deux bras et serrant fort. Elle fit signe lorsqu'elle traversèrent la cour centrale, et rit un peu lorsqu'elles passèrent sous les premières branches environnantes. " Je pourrais commencer à aimer ça. " Elle se blottit plus près et posa sa tête sur le dos de Xena. " Tu te souviens, tu m'as promis de me montrer la falaise. "

Xena soupira. Elle l'avait fait. Et Gabrielle allait perdre son sang-froid quand elle verrait la maudite falaise, aussi. Peut-être pourrait-elle dire que c'était une falaise plus basse...

 

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