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Awarriorbyanyothername4B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Un guerrier quel que soit son nom

 

A Warrior by any other name

 

par Melissa Good

 

 

Traductrices : Katell et Fryda.

 

 

***********

Partie 4B

 

**********

 

Il faisait nuit noire. Xena fit le tour de la chambre, et alluma les bougies pour ajouter à la lumière venant de l'âtre. Les portes ouvertes donnant sur le balcon laissaient entrer une brise fraîche qui faisait danser la flammes des bougies mais n'était pas assez forte pour les éteindre. Xena, déjà habillée, alla jusqu'aux sacoches et en sortit deux nouveaux petits paquets. Elle en laissa un sur la commode, et ouvrit doucement l'autre et en plaça le contenu dans la paume de sa main avant de rejoindre Gabrielle qui venait de sortir de la salle de bain et se tenait un peu nerveusement devant un grand miroir.

 

"Très joli", commenta la guerrière, en parlant de l'ensemble que venait d'enfiler le barde. "Ça te va bien."

 

"Merci", marmonna Gabrielle, levant les yeux vers Xena, avant de se retourner entièrement pour la regarder mieux. "Wow." Clignant un peu des yeux, elle contempla l'ensemble de soie écarlate brodée que portait Xena. Des manches à crevés soulignées de blanc pur, assorti aux jambières serrées blanches, et enfin des bottes noires d'intérieur. "Quelle allure !" fit le barde en souriant.

 

"Contente que ça te plaise", répondit Xena, un peu sarcastique, mais elle lui adressa quand même un sourire. "Tu n'es pas mal non plus." Elle tendit la main et tâta le tissu vert et doux.

 

Gabrielle sourit, puis se retourna vers le miroir. "Ça me plaît bien", admit-elle, tirant un peu sur une manche pour la mettre en place. "On ne fait pas ça très souvent." Elle adressa à son reflet un petit sourire narquois. "Et ce n'est sûrement pas à la maison que je pouvais faire ça." Elle se tourna et observa à nouveau Xena. "Le couteau, c'est vraiment nécessaire ? Je croyais que c'était une fête… entre amis. J'ai manqué un truc ou quoi ?"

 

Xena s'appuya contre le comptoir et croisa les bras. "Je t'explique", fit-elle. "C'est une fête. Une grande fête. Une fête où tout le monde n'a pas le vin gai, même quand le vin est bon, et surtout quand il coule à flots."

 

"Et... ???" interrogea Gabrielle, levant les mains avec un petit haussement d'épaules.

 

"Et, quand des guerriers contents boivent trop, la première chose qu'ils font, c'est s'en prendre au gars le plus dur de la taverne", expliqua Xena d'une voix traînante, écartant les deux bras pour se désigner. "Et il se trouve que c'est moi." Son ton était résigné, mais plutôt amusé. "Je laisse l'épée ici, mais je ne descends pas sans arme."

 

Gabrielle gloussa. "Xena, ça serait du suicide", dit-elle. "Même complètement nue et à moitié endormie, tu pourrais quand même leur coller une raclée, et ils le savent bien." Elle adressa à son amie un sourire entendu. "Tout ce que tu as à faire, c'est leur lancer un de ces regards." Elle esquiva la tape amicale que lui destinait Xena et retourna pour arranger sa manche qui lui donnait du fil à retordre. "Essaie de ne pas être trop dure avec eux, OK ?"

 

"J'essaierai", fut la réponse un peu sarcastique de Xena. "Et toi, s'il te plaît, vas-y doucement avec l'hydromel d'Hectator. Il est plutôt fort, et tu n'as pas l'habitude de boire."

 

"Je ferai attention", gloussa le barde, "mais tu feras aussi attention pour moi, pas vrai ?" Elle lança à sa compagne un regard en coin. "Comme si j'avais besoin de demander."

 

"Mmm", acquiesça Xena puis, penchant la tête sur le côté, ell observa attentivement Gabrielle. "C'est vraiment une jolie tunique", dit-elle, amusée. "J'aime bien la couleur." Un sourire se dessina sur ses lèvres. "Mais je crois qu'il manque quelque chose."

 

"Quoi ?" demanda Gabrielle, observant son reflet, perplexe.

 

"Oh... je ne sais pas. Ça, peut-être", répondit Xena avec désinvolture, tout en tendant la main et en attachant un collier autour du cou de Gabrielle ; puis ses mains retombèrent le long de son corps et elle recula un peu.

 

Gabrielle resta immobile, fixant son reflet dans le miroir, et plus précisément un très beau collier en filigrane délicat qui entourait une pierre d'un vert changeant. Elle sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, après s'être arrêté pendant une longue minute, et elle essaya de trouver quelque chose à dire, en vain. Alors elle se retourna et regarda Xena, et ne dit rien du tout.

 

"C'est de la même couleur que tes yeux", commenta Xena avec un petit sourire.

 

"Vraiment ?" balbutia Gabrielle, ayant enfin retrouvé l'usage de la parole.

 

Xena s'avança un peu et observa la pierre, puis leva son regard perçant vers les yeux en question. "Mmm." Elle posa la main sur l'épaule du barde. "Allez, viens. On ferait mieux de descendre avant qu'ils ne viennent nous chercher."

 

Bon sang… si je m'attendais…Gabrielle regarda son reflet dans le miroir encore une fois, posant la main sur le collier. Lentement, elle le souleva et baissa les yeux, puis les releva et regarda à nouveau le miroir. Elle a raison… c'est la même couleur… est-ce que c'est pour ça qu'elle l'a choisi, ou… quoi ? Un petit frisson plutôt agréable lui parcourut la colonne vertébrale. Riant un peu, elle secoua la tête, puis jeta un dernier regard dans le miroir, et se dirigea vers la porte.

 

 

Xena se tenait dans le couloir, et parlait à Jessan, et ils se tournèrent tous les deux vers elle lorsqu'elle approcha. Jessan portait une tunique bleu vif serrée à la taille par une ceinture, et un pantalon sombre qui tombait sur ses pieds nus, comme à l'habitude. Il lui sourit. "Gabrielle. Tu es superbe", déclara-t-il joyeusement, saisissant son bras et l'entraînant vers les escaliers, parvenant du même geste à s'emparer de celui de Xena, tout en ignorant totalement le faux regard noir qu'elle lui lança.

 

"Tu as très fière allure, toi aussi, Jessan", commenta Gabrielle, lui donnant un petit coup dans les côtes. Il baissa les yeux vers elle et lui sourit, puis tendit le cou et la regarda de plus près.

 

"Oh", fit-il en souriant. "C'est vraiment très joli." Il leva les yeux, remarqua la légère rougeur qui envahit les joues de Gabrielle, et devina sans trop se tromper d'où elle tenait le bijou. Il afficha son sourire le plus narquois et le plus entendu et jeta un coup d'œil à Xena, qui parvint à lui rendre son regard avec un intérêt mitigé et assez froid. Elle est douée. Je dois bien le reconnaître. Elle n'a pas bronché. Il lui fit un clin d'œil, et en fut récompensé lorsqu'un très léger sourire vint effleurer les lèvres de la guerrière. Ahhh..... ricana son esprit romantique. Sens-tu enfin ce lien ? Moi, oui… là, entre vous deux, je le sens passer à travers moi comme un ruisseau… et bien que vous soyez toutes les deux humaines et pas de mon peuple… vous devez bien le sentir vous aussi. Vous devez bien… ou par tous les signes du Soleil, je suis aveugle, moi aussi.

 

"Je ne sais pas, Gabrielle. Il a l'air un peu…" fit Xena d'une voix traînante, obligeant Jessan à s'arrêter, puis le toisant.

 

"Terne", acheva Gabrielle, suivant parfaitement sa pensée. "Très terne."

 

Xena acquiesça, puis, sans quitter des yeux le regard d'un Jessan étonné, elle accrocha la broche sur sa tunique. "Voilà. C'est tout de suite mieux." Elle se tourna vers le barde. "Tu ne trouves pas ?"

 

"Absolument", acquiesça Gabrielle avec enthousiasme. Elle enleva une poussière imaginaire de la manche de Jessan. "On y va ?"

 

Jessan écarquilla les yeux, essayant de mieux voir la broche sur sa poitrine, puis regarda Xena. "Tu n'as pas…"

 

"Bien sûr que si", répondit Xena sèchement. "Ça te pose un problème ?" Elle leva un sourcil. "Hein ?"

 

"Merci", répondit doucement l'être de la forêt, lui lançant un regard sincère, puis, incapable de résister, il l'entoura de ses deux bras et la souleva.

 

Gabrielle gloussa alors qu'il la reposait par terre et qu'ils se préparaient à descendre les escaliers. "Tu te rends compte que tu es la seule personne en dehors peut-être d'Hercule à qui elle laisse faire ça, hein ?" fit le barde en souriant.

 

"Ouais", chantonna Jessan. "Je sais." Il adressa un grand sourire à Xena, puis montra les muscles de ses bras. "Hé, il faut bien qu'ils servent à quelque chose, pas vrai ? C'est un truc de mecs."

 

Xena et Gabrielle levèrent les yeux au ciel en même temps.

 

"Hé, c'était super, ça. Vous vous entraînez ou quoi ?" demanda Jessan sur un ton taquin.

 

"Allez", fit Xena, désabusée, se dirigeant vers l'escalier. "Avant qu'ils n'envoient une armée pour venir nous chercher."

 

Une lueur diabolique apparut dans les yeux dorés de Jessan, lorsqu'ils atteignirent le haut des escaliers et qu'il prit conscience des centaines d'yeux tournés vers lui. Quel tableau on doit faire…

 

Hectator parlait tranquillement avec l'un de ses lieutenants lorsque Lestan se pencha vers lui et lui donna un petit coup dans les côtes. Le prince leva les yeux vers son nouvel allié, surpris. Lestan se contenta de sourire, et désigna du menton la porte. "Hmm ?" fit Hectator, regardant dans la direction indiquée, puis il se mit à rire doucement. "Quel tableau", commenta-t-il, adressant un clin d'œil à Lestan lorsque son fils entra dans la pièce, escortant Xena et Gabrielle habillées pour le soir. "Je n'arrive pas à croire qu'elle le laisse faire ça", fit Hectator, remarquant l'expression amusée sur le visage de la jeune femme aux cheveux noirs.

 

Lestan gloussa un peu. "Moi non plus." Il échangea un coup d'œil avec le prince, trouvant de plus en plus de choses à apprécier chez cet humain. Il se tourna vers Wennid, assise à sa gauche, et souleva la main qu'elle avait glissée dans la sienne, avant de l'embrasser doucement. "Notre fils a fière allure, tu ne trouves pas, mon amour ?"

 

Wennid, amusée, regarda Jessan et pencha la tête, réfléchissant. "C'est bien du Jessan", fit-elle d'un air narquois. Elle regarda son fils conduire Xena à la table d'honneur avant de continuer au bras de Gabrielle, qui penchait la tête vers lui, lui racontant probablement quelque chose qui le faisait rire.

 

Xena s'avança jusqu'à la table du prince, où la place entre Lestan et lui lui était expressément réservée. Je préférerais être assise avec Jessan et Gab, pensa-t-elle en soupirant. Enfin, tant pis… le spectacle va commencer. La table s'étendait tout le long de la pièce, et elle l'approcha de face plutôt que par derrière. Alors qu'elle avançait, un sourire menaça d'apparaître sur ses lèvres. Après tout, j'étais un seigneur de guerre assoiffé de sang, et je ne vais sûrement pas aller faire le tour de cette table, pas avec tous ces regards braqués sur moi. Les yeux étincelants, elle attendit d'être à deux pas de la table, puis s'élança et, d'un bond au-dessus de la table, se tournant à moitié en plein air, elle atterrit tranquillement à côté de sa chaise. L'expression qu'elle vit sur le visage d'Hectator la fit presque éclater de rire, mais elle choisit de retirer de sa manche une poussière imaginaire et s'assit. "Bonsoir, Hectator", fit-elle, réussissant à ne pas rire.

 

Lestan laissa éclater un rugissement. Même Wennid eut un sourire. Hectator plaça doucement un coude sur la table et posa son menton dans la paume de sa main, secouant la tête. "Bonsoir, Xena", fit-il finalement. "C'est gentil de… passer." Lestan rit encore plus fort, alors que les valets commençaient à servir le repas et que les premiers saltimbanques s'échauffaient.

 

La salle du banquet était lumineuse et bruyante, les nombreuses voix et le bruit des pas et des couverts rendant la concentration encore plus difficile. Xena, assise entre Hectator et Lestan, parvint à éviter toute violence en se rappelant qu'elle finirait tôt ou tard par quitter la salle pour se réfugier dans un endroit calme. Elle avait horreur de la foule. Elle avait horreur du bruit. Elle avait horreur des salles de banquet bruyantes et remplies de monde.

 

Les divertissements étaient intéressants, et Gabrielle avait mis la salle dans sa poche avec quelques très bonnes histoires ; elle en raconta d'abord deux, puis lança à Xena un regard l'avertissant que la suivante allait lui être un peu plus personnelle. Et c'était le cas : la guerre entre les Amazones et les Centaures. Elle croisa le regard de Gab et lui offrit un grand sourire, pour que le barde comprenne qu'elle ne lui en voulait pas. Deux coupes de l'hydromel d'Hectator l'avait rendue beaucoup plus sociable, bien qu'elle soit loin d'avoir perdu le moindre de ses réflexes. Toutefois, le reste de l'assemblée n'avait pas sa retenue et, alors que la soirée avançait, elle commença à repérer des regards un peu vitreux et des pas peu assurés dans la grande salle.

 

Gabrielle avala une autre gorgée d'hydromel, appréciant la chaleur puissante qu'il diffusait. Elle lança un coup d'œil vers la table d'honneur, et étouffa un gloussement. Lire les expressions de Xena était vraiment devenu plus facile au fil des années, et le barde pouvait à présent interpréter ce calme apparent et ce regard désintéressé comme le signe que le bruit et la foule commençaient à rendre Xena nerveuse… et la position relaxée dans la chaise qui dissimulait une tension bien maîtrisée, mais trahie par le mouvement rythmé des longs doigts de la guerrière. Gabrielle soupira et regarda son verre. Je crois que je connais quelqu'un qui en a plus besoin que moi. Elle s'excusa, et se leva de table, se dirigeant vers le devant de la salle.

 

Arrivée au milieu de la pièce, quelqu'un l'interpella. "Hé, ma mignonne." Un guerrier, la tenue un peu de travers, lui avait saisi le bras et ne la lâchait pas. "J'ai aimé tes histoires. J'en veux d'autres. En privé", fit-il en la lorgnant.

 

"Merci", soupira Gabrielle. "Mais tu ne voudrais quand même pas que je quitte la fête, hein ?" Les convaincre ou les menacer. Hmm.

 

"Bien sûr que si", s'exclama l'homme en riant, et il resserra son emprise sur son bras. "C'est pas tous les jours qu'on voit une jolie petite chose comme toi par ici. Allez, viens. J'ai une jolie chambre dans les baraquements… on pourrait se mettre un peu à l'aise." Il commença à marcher, ne s'attendant pas à ce qu'on lui résiste, mais s'arrêta lorsque l'objet de son attention refusa de coopérer. "Hé, pas d'histoires, ma jolie. J'ai eu une dure journée hier."

 

"Oui, mais justement, moi aussi", répondit Gabrielle, "Et j'ai d'autres choses à faire, alors… pourquoi ne me laisses-tu pas partir ?"

 

"Donne-moi une bonne raison de ne pas te prendre sur mon dos et t'emmener hors d'ici, hein ? Tu vas faire ce que je te dis." Il commençait à s'énerver et il saisit son autre épaule de sa main libre.

 

"Une bonne raison", fit Gabrielle, hochant la tête. Une bonne raison. OK, j'ai essayé de le raisonner. Il est temps de passer au plan B, comme dirait Xena. "Regarde par-dessus mon épaule droite."

 

Ouais, et c'est moi qui suis toujours en train de lui dire que je peux me débrouiller toute seule. C'est ça, Gabrielle, ce n'est pas ce qui t'énerve tant d'habitude ? Hmmm ?

 

"Quoi ?" Il tourna la tête, et Gabrielle le vit s'immobiliser, un regard de compréhension soudaine sur son visage plutôt laid. Ses mains la lâchèrent comme si elle l'avait brûlé, et il recula, écarta les bras de ses armes en signe de capitulation. Le barde sourit, et tourna la tête pour jeter un coup d'œil derrière elle, croisant un regard bleu glacé qui s'adoucit en la voyant. Xena se tenait debout derrière la table, les bras croisés, irradiant une menace vibrante qui s'estompa doucement lorsque Gabrielle s'approcha d'elle.

 

"Ça va ?" demanda Xena, l'inspectant de la tête aux pieds.

 

"Bien sûr", fit Gabrielle en riant. "Un seul regard dans ta direction, c'est tout ce qu'il me fallait", dit-elle avec un sourire désabusé. "Tu devrais emballer ça et le vendre sur les marchés."

 

Xena leva les yeux au ciel. "Tu n'en veux pas ?" Elle désigna la coupe d'un mouvement de tête. "Tu n'aimes pas ?"

 

Gabrielle eut une petite moue pensive. "A vrai dire, j'aime un peu trop ça", admit-elle, en avalant une autre gorgée. "Je préférerais que ce soir ne soit pas le soir où je me serai effondrée ivre morte pour la première fois." Elle fit une pause. "C'est ma quatrième coupe." Un regard désolé à l'attention de Xena, qui se mit à rire. "Je me suis dis que peut-être tu en voulais…. Tu as l'air un peu tendu."

 

"Mmm", acquiesça Xena. "Les grandes fêtes, ce n'est pas trop mon truc." Elle observa le visage du barde et sourit. "Alors comme ça, tu as bu plus que moi…" avertit la guerrière, passant la main devant les yeux de Gabrielle et remarquant la réaction un peu tardive. "Tu ferais mieux d'arrêter." Elle fit des yeux le tour de la salle. "La soirée touche à sa fin, de toute façon ; je crois qu'on pourrait filer sans offenser personne."

 

"Tu n'as pas besoin de…" protesta le barde. "Tu peux rester et t'amuser…" Elle s'arrêta en voyant le sourcil que venait de lever Xena et le regard qui l'accompagnait. "Peut-être pas", finit-elle en gloussant un peu.

 

"Allez, viens", répondit Xena, sautant à nouveau par-dessus la table, et souhaitant d'un signe de tête une bonne nuit à Hectator, Lestan et Wennid qui étaient regroupés autour d'une petite carte, renversant de l'hydromel un peu partout. "Tu parles que ça va me manquer", marmonna la guerrière. Elle posa la main sur l'épaule de Gabrielle, et la dirigea vers la porte.

 

Au milieu des escaliers, Gabrielle s'arrêta net, et agrippa la rambarde, confuse. "Oh là", bredouilla-t-elle doucement, attirant l'attention de Xena. "C'est pas drôle, ça."

 

Xena vint jusqu'à elle et saisit doucement son bras. "Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda-t-elle, inquiète, en regardant le barde fermer les yeux et s'appuyer contre le mur.

 

"Ça tourne", répondit Gabrielle, indistinctement, ouvrant les yeux et clignant un peu. "Ooh."

 

Xena saisit son poignet, et passa un bras autour de ses épaules. "Ok. Du calme. Appuie-toi sur moi, et je vais t'aider."

 

Gabrielle essaya d'obéir, mais ses jambes n'en firent rien et elle saisit de son autre main sa tête qui s'était soudainement mise à faire très mal. "Peux pas… attends un peu… laisse-moi m'asseoir deux minutes."

 

Xena mâchouilla sa lèvre un moment. "Non, pas ici, accroche-toi." Elle passa un bras autour des épaules du barde, et l'attrapa derrière les genoux, la soulevant et la serrant contre elle comme une enfant. "Accroche-toi à mon cou, ce n'est pas loin."

 

"Ok", murmura Gabrielle, obéissant. Je ne devrais pas, lui disait son esprit. Je ne devrais pas la laisser me porter là-haut… je devrais… je devrais… Gabrielle, tu devrais poser ta tête contre son épaule et te taire une minute. Ce qu'elle fit, laissant son esprit confus s'enfoncer dans une brume dorée.

 

Xena monta les dernières marches, atteignit le palier, puis ouvrit la porte de la chambre avec le coude, la refermant d'un coup de pied derrière elle ; elle traversa la pièce jusqu'au canapé en face de la cheminée. Là, elle mit un genou à terre et installa Gabrielle sur les coussins. "Ok… du calme. Je vais aller te chercher de l'eau fraîche."

 

Le barde cligna des yeux, et leva la main pour masser sa tempe. "De l'eau ? Merci, mais j'ai pas soif", marmonna-t-elle.

 

"Bien sûr que si", soupira Xena. "Mais tu ne le sais pas." Elle se leva et se dirigea vers la salle de bain, prenant une coupe dans ses sacoches au passage. Un court moment pour remplir la coupe d'eau froide, puis elle revint auprès de Gabrielle qui était à présent assise, et se massait les tempes. "Tiens." La guerrière s'assit sur le canapé à ses côtés.

 

Gabrielle leva les yeux, les plissant un peu sous la douleur. "Ok, attends un peu. Dès que ma tête se sera arrêtée de tourner." Elle cligna des yeux en regardant Xena. "Oh… je te vois en double. Quelle chance."

 

Xena lui adressa un regard tolérant et amusé. "Je crois que tu t'es arrêtée à temps", remarqua-t-elle avec un petit sourire. "Bois ça. Ça te fera du bien, je te le promets."

 

Le barde prit la coupe, l'enveloppant de ses deux mains, et posa le métal froid contre son front. "Tu as raison. Ça fait du bien." Elle eut un pauvre sourire. "Ok, ok…", soupira-t-elle, puis avala une gorgée, suivie de plusieurs autres. "Hé… c'est vrai que ça fait du bien." Elle regarda Xena, qui leva les yeux aux ciel, mais s'appuya contre le dossier du canapé.

 

"Tu t'es bien amusée ?" demanda la guerrière paresseusement. "Tu as fait un carton avec ces histoires." Elle sourit à Gabrielle. "J'ai même aimé la guerre contre les Centaures."

 

Les yeux de Gabrielle errèrent sur son visage. "Oui… je me suis bien amusée", répondit-elle. "Je suis contente que tu ne sois pas en colère contre moi." Elle leva la main et toucha son cou. "Tout le monde a aimé le collier." Elle sourit. "Au fait, comment as-tu trouvé la bonne couleur ?"

 

"Allez, Gabrielle," fit Xena d'un air désabusé. "Après tout ce temps, j'espère connaître la couleur de tes yeux." Elle écarquilla les siens. "Après tout, tu sais bien de quelle couleur sont les miens, pas vrai ?"

 

"Oh... oui", fut la réponse, sur un ton que Xena n'avait pas anticipé. "Ça, oui." Un sourire se dessina sur les lèvres de Gabrielle, puis elle baissa les yeux pour étudier le fond de son verre. "Ça, oui", murmura-t-elle à nouveau. Encore une gorgée d'eau, puis elle s'appuya sur le canapé et ferma les yeux.

 

Xena sourit, se tourna vers le feu dans l'âtre, posa son pied botté sur le banc matelassé devant le canapé et croisa les bras sur la poitrine.

 

"Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?" demanda le barde.

 

"Mmm ?" Xena lui jeta un petit coup d'œil, puis regarda à nouveau le feu. "Rien."

 

"Tu te moques de moi ?" Les sourcils de Gabrielle se froncèrent et elle prit un air renfrogné. "C'est pas juste. Je suis saoule."

 

La guerrière tourna la tête et regarda sa compagne. "Non, je ne me moque pas de toi. Du calme." Elle se tourna à nouveau vers le feu. "Et puis, je ne crois pas que tu sois saoule. Je ne crois pas que tu puisses être saoule après seulement trois… ok, quatre verres d'hydromel."

 

Gabrielle réfléchit un moment. "Je crois bien que si." Elle gloussa un peu, puis bougea légèrement et appuya sa tête contre l'épaule de Xena, regardant le feu à son tour. Encore un gloussement. "J'en suis sûre."

 

Xena tourna la tête pour l'observer à nouveau, tout en essayant de deviner ce qui allait arriver. Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres. "Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?" Ça devrait être intéressant.

 

"Oh… rien", fit le barde, innocemment, en regardant Xena d'un air curieux. "Enfin… rien… je veux dire… c'est pas grave."

 

Xena se tourna, maintenant appuyée sur une épaule tout en faisant face à Gabrielle. "Allez, crache", fit-elle d'une voix traînante, "ne m'oblige pas à te faire avouer sous les chatouilles."

 

Gabrielle prit un ton léger. 'Bon, ben… je me demandais juste… j'essayais de savoir… enfin…" Elle s'interrompit, puis continua, une expression moitié curieuse, moitié indéfinissable, sur le visage. "C'était toi ou Autolycus ?"

 

Xena savait exactement de quoi elle parlait. Elle redressa un peu la tête, puis adressa au barde un sourire lent et dangereux. "A toi d'en juger." Elle rit légèrement, puis captura d'une main le visage de Gabrielle et l'embrassa ; cela ne devait être qu'un simple geste, elle ne s'était absolument pas préparée à l'explosion de sensations qui l'envahit, ni à la réaction sans équivoque de Gabrielle. Cela fut aussi beaucoup plus long que ce qu'elle avait prévu. Enfin, elles se séparèrent. Et Xena sentit le choc, entre autres choses, monter et descendre le long de sa colonne vertébrale, alors qu'elle regardait Gabrielle rouvrir lentement les yeux. Ohhh… je n'aurais vraiment pas dû faire ça.

 

"Wow", souffla le barde. "Je suppose que ça répond à ma question." Un sourire illumina son visage. "On peut recommencer ?"

 

Xena eut un rire bref, le souffle pas très régulier. "Pas tant que tu seras saoule." Elle sentit les battements de son cœur reprendre leur rythme normal. "Ce n'est pas mon style."

 

Gabrielle la regarda, l'air très sérieux. "Ce que je ressens ne va pas changer parce que je serai sobre."

 

"Peut-être", répondit Xena en souriant, puis elle glissa son bras autour d'elle en une brève étreinte. "Mais je ne prends pas de risques. Pas avec toi."

 

Gabrielle sourit. "Je crois bien que tu ne m'as jamais rien dit d'aussi gentil." Elle ramassa la tasse qu'elle avait oubliée et but une longue gorgée, puis l'offrit à Xena qui la prit sans faire de commentaires et la vida. Le barde bâilla, puis se blottit à nouveau contre l'épaule de Xena avec un soupir satisfait. "Tant mieux."

 

"Tant mieux que quoi ?" interrogea Xena, posant la tasse par terre, et reprenant sa position originale sur le canapé.

 

"Que c'était toi, et pas Autolycus", fut la réponse, accompagnée d'un petit gloussement.

 

"Ah, oui ?" fit Xena, en souriant.

 

"Ouais. Tu es beaucoup plus mignonne que lui", commenta Gabrielle, réfléchissant.

 

"Tu trouves ?" fit la guerrière en riant.

 

"Ouais", répondit le barde.

 

"Ne va pas lui dire ça", avertit Xena.

 

"Promis", acquiesça aimablement Gabrielle, avant de tourner les yeux vers le feu, renversant la tête en arrière pour l'appuyer sur la poitrine de Xena. Sentant le soutien rassurant et puissant du bras autour de ses épaules, laissant les battements de cœur réguliers qu'elle sentait contre sa nuque bercer tout son être.

 

Xena regarda sa compagne jusqu'à que le changement des battements de son cœur ne trahisse l'arrivée du sommeil. Elle tourna alors la tête et regarda pensivement le feu réconfortant. Après un moment, un sourire résigné apparût sur ses lèvres et, de sa main libre, elle eut un geste dans l'air, comme s'il elle venait de jeter quelque chose dans le vent. Elle entoura ensuite le barde endormi de ce bras protecteur et laissa son esprit vagabonder, regardant simplement les flammes dans l'âtre, sans même réaliser que le sommeil la gagnait, elle aussi.

 

 

 

Des hurlements brisèrent le silence de la forteresse, des heures avant l'aube, et le son de l'acier dégainé suivit peu de temps après. Le couloir se remplit de corps couverts de cuir et d'acier, et les cris de terreur et de douleur résonnèrent sur l'arche du haut plafond. Hectator se précipita hors de sa chambre et se jeta dans la mêlée, mais son esprit était encore si embrumé par l'hydromel qu'il parvint à peine à ne pas se prendre les pieds dans son épée. Des voix rauques s'élevèrent en une clameur lorsqu'il apparut, et des mains brutales le jetèrent à terre, lui fauchant les pieds, et lui écrasant la tête par terre.

 

"Arrr", grogna-t-il, lorsqu'une botte négligente le frappa dans les reins. Son cœur battait si fort dans sa poitrine, et il s'arrêta presque complètement lorsqu'il fut relevé et jeté contre le mur, une torche allumée tenue près de son visage.

 

"C'est lui", gronda une voix grave. "Préviens le capitaine." Il se mit à rire. "Tu croyais t'en sortir comme ça, après avoir vaincu notre armée ? Avec tes créatures oubliées des dieux ?" Il lança son poing à toute volée dans les côtes d'Hectator qui s'effondra sur le sol. "Tu as peut-être gagné la bataille, Hectator, mais tu vas perdre cette guerre." Il se pencha plus près et murmura à l'oreille du prince. "Et tu n'auras pas ta précieuse Xena pour te sauver, cette fois-ci."

 

 

 

L'assassin se glissa dans l'ombre et jusqu'en haut des escaliers, s'arrêtant pour écouter après quelques pas. Seul le silence lui répondit… Il ne sentit aucun trouble, aucun mouvement dans l'air, aucun murmure de pas. Derrière le crêpe noire, il sourit.

 

Il fit quelques pas dans un silence total, et s'arrêta devant la porte de sa proie. Ceci ferait un bien immense à sa réputation. Un rire silencieux. Il avait sauté sur l'occasion. Avec des précautions infinies, il posa le bout de ses doigts calleux sur la porte en bois, écoutant. Silence. Immobilité.

 

Une fraction de seconde plus tard, il poussa la lourde porte et, alors que le bois s'écartait du montant, il fit une pause, et respira les odeurs qui s'exhalaient de la chambre. Des bougies, oui, et l'odeur forte et épicée du feu. L'odeur distinctive de deux êtres humains, deux femmes. Il sourit à nouveau. Il s'appuya un peu plus sur la porte. Toujours le silence, mais le mouvement inaudible du souffle de deux personnes. Plus après mon départ…

 

La porte s'entrouvrit, juste à peine pour laisser passer un petit chien, mais il se faufila… et referma le panneau en bois derrière lui, laissant l'obscurité de la pièce l'envelopper, l'absorber. Ses yeux s'adaptèrent facilement à la faible lumière du feu, faisant ressortir des détails invisibles aux yeux de tous sauf à ceux de ceux de son espèce. Il regarda vers le lit, puis laissa glisser son regard au-delà. Vide. Inattendu. C'est alors qu'il repéra les deux silhouettes endormies sur le canapé. Un sourire dans l'obscurité.

 

Silencieux comme une ombre, il avança, et s'arrêta derrière le canapé, puis jeta un coup d'œil par-dessus le dossier. Leur souffle régulier trahissait le sommeil ; elles dormaient, immobiles, silencieuses, ne sachant pas qu'elles allaient mourir de sa main.

 

Il marqua sa cible, la guerrière d'abord, un morceau de tissu brodé sans protection, juste au-dessus du cœur. La longue lame cannelée tressaillit, anticipant l'assaut. Il prépara le choc, la force dont il avait besoin pour que la lame aiguisée transperce les muscles et l'os, puis bougea avec une rapidité spectaculaire qui ne lui avait jamais fait défaut. Jamais.

 

Il ne vit pas sa cible bouger. Il ne vit pas la main qui saisit la sienne, ni le coup qui brisa son bras en deux endroits. Il ne vit pas le coude qui s'écrasa sur son menton avec une telle force qu'il fit éclater sa mâchoire ; il ne sentait maintenant que la main qui lui serrait la gorge, coupant air et parole, et l'étincelle de deux éclats de glace qui transperçaient son regard. La terreur et la douleur l'envahirent alors que ce regard féroce l'immobilisait.

 

Et puis deux doigts le frappèrent au cou et il ne sentit plus son corps, alors qu'une pression intense commençait à envahir sa tête. "Tu as vingt secondes pour me dire qui t'envoie." La voix était grave, et grondait de menace. "Après ça, tu meurs."

 

"Anstelès", souffla-t-il. "Il attaque le château. Il veut tuer Hectator." Pas la peine d'essayer de lui mentir. C'était un tueur à gages et, de toute façon, il venait de perdre sa commission.

 

Encore un coup, et la douleur refit surface, accompagnée de points noirs devant ses yeux. Apportant soulagement et oubli, un autre coup explosa sur sa tempe et tout devint noir.

 

"Reste ici", fit Xena, se tournant vers le visage sinistre de Gabrielle. "Non, en fait, va réveiller Jessan et essaie de rassembler autant de gens que tu peux."

 

"Qu'est-ce que tu vas faire ?" répondit le barde. "Non, rien. Question idiote. Xena, je t'en prie…" elle saisit le bras de la femme brune. "Tu n'as pas ton armure. Ne l'oublie pas, OK ? Tu feras attention ?"

 

Xena acquiesça. "Promis. Toi aussi." Elle avança vers la porte, sortant son épée de son fourreau au passage et se glissant hors de la pièce aussi silencieusement que l'avait fait l'assassin. C'était juste. Son cœur battait toujours rien que d'y penser. C'était trop juste. Je ne l'ai pas entendu avant qu'il soit dans la pièce. Bon sang, je me laisse aller. Dégoûtée, elle fit une pause dans l'escalier, se retournant pour voir Gabrielle se glisser hors de la chambre ; elle s'était débarrassée de sa jupe et n'avait gardé que la longue tunique et ses bottes. Elle se faufila jusqu'à la chambre de Jessan, son bâton à la main. Xena secoua la tête et continua à descendre les escaliers, s'arrêtant à nouveau en entendant le bruit des épées qui s'entrechoquaient en bas. Son pouls s'accéléra, et un sourire provocateur se dessina sur ses lèvres.

 

 

Gabrielle se glissa le long du mur, et atteignit la porte de Jessan sans encombre. Elle poussa le panneau de bois et se glissa à l'intérieur, clignant des yeux dans l'obscurité. "Jessan !" siffla-t-elle, avançant dans la chambre, vers le lit. Elle entendit un froissement de tissu, puis la lumière de la lune fut bloquée par la grande silhouette de son ami qui se tenait devant les portes ouvertes du balcon.

 

"Gabrielle", souffla-t-il, avançant vers elle avec une grâce inhabituelle pour un homme de sa taille. "Qu'est-ce que..." Il remarqua le bâton dans la main du barde. "Des ennuis ?"

 

"Oui", fit-elle d'une voix rauque. "Un… un soldat…" Elle fit une pause. "Non, un assassin vient de nous rendre visite, dans notre chambre. Le château est attaqué par des mercenaires à la solde d'Anstelès."

 

"Un assassin ?!" aboya Jessan, partant vers la porte et attrapant ses armes au passage. "Où ?"

 

Gabrielle le rattrapa et lui saisit le bras. "Ne t'inquiète pas. Il faut qu'on réveille tout le monde." Elle passa nerveusement la langue sur ses lèvres. "Xena s'est occupée de ce type." Elle fit un geste de son bâton. "Tu sais…"

 

Jessan eut un petit rire. "Oh, oui."

 

Ils avancèrent dans le couloir, réveillant rapidement les amis de Jessan, ainsi que les résidents humains. Très vite, ils eurent un groupe important d'hommes et de femmes armés se dirigeant vers la salle principale du château. Jessan fit un détour par la chambre de Gabrielle, tirant sur la manche de l'un des siens pour qu'il le suive. Dans la chambre, ils s'agenouillèrent près de l'assassin toujours inconscient, et Jessan retira la cagoule qui couvrait son visage.

 

"Par Arès !" grogna l'être de la forêt, surprenant Gabrielle, qui les avait suivis à l'intérieur. "C'est Stevanos." Il échangea un coup d'œil avec l'autre guerrier. "Oncle Warrin ?"

 

Ce dernier grogna. "Bien sûr." Il se tourna vers Gabrielle. "Anstelès ne plaisante pas. Stevanos est l'un des meilleurs ; si l'on peut dire. Il a éliminé plus de 300 cibles." Il regarda Gabrielle un long moment, puis se tourna à nouveau vers son neveu. "Anstelès est trop dangereux."

 

Jessan acquiesça. "Je sais."

 

Warrin baissa les yeux vers Stevanos, tournant son visage pour examiner les os brisés et disloqués du bras. Il eut un sourire sinistre, puis sortit une petite dague de sa ceinture, et la tint entre lui et Jessan. Les deux hommes se regardèrent, puis Warrin entailla un peu la paume de sa main, puis celle de Jessan et les plaça l'une sur l'autre. "Sang de mon sang, fils de ma sœur", gronda Warrin.

 

"Sang de mon sang, frère de ma mère", répondit Jessan.

 

Warrin acquiesça à nouveau, puis relâcha la main de son neveu et se leva, rengainant son poignard. Il fit une pause près de Gabrielle, et la regarda, les paupières à moitié fermées pendant un court instant, puis lui adressa un sourire triste et sortit.

 

Gabrielle le regarda partir, puis se tourna vers Jessan. "Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?"

 

Jessan s'essuya les mains, et ne répondit pas, tout en attachant l'assassin avec un morceau de corde qu'il avait trouvé dans les affaires de Xena. Enfin, il se releva et fit signe à Gabrielle de le précéder vers la sortie. "C'était mon oncle Warrin." Sa voix était triste. "C'est notre… notre meilleur pisteur", répondit-il, évasif.

 

"Jessan", fit Gabrielle, alors qu'ils passaient dans le couloir et qu'elle fut de nouveau sur ses gardes. "Il est si triste." Elle lança un coup d'œil à son ami. "Pourquoi ?"

 

Les yeux dorés de Jessan s'assombrirent. "Son Lien a été brisé, Gabrielle." Il la regarda, alors qu'ils descendaient les escaliers, d'où ils pouvaient à présent entendre les bruits du combat. "Le frère de ma mère… sa compagne a été tuée lors d'une expédition de chasse. Un accident… mais depuis, il marche dans les ténèbres." Il leva son épée en entendant les bruits se rapprocher. "C'est notre… assassin."

 

Gabrielle écarquilla les yeux. "C'est horrible… pour sa compagne, je veux dire." Elle fit une pause, et sentit un frisson parcourir son dos. "Il va s'occuper d'Anstelès, hein ?" Ce n'était même pas une question. Elle serra sa prise sur son bâton, et se recula un peu, pour laisser à Jessan assez de place pour bouger. Une leçon qu'elle avait apprise lors de ses premiers combats aux côtés de Xena. Reste bien hors de portée de son épée ou tu en paieras les conséquences.

 

"Oui", répondit Jessan, se lançant en avant sur le premier mercenaire qui apparut au tournant du couloir. Son épée bougea avec une rapidité éblouissante alors qu'il se jetait sur l'homme, le désarmant facilement, puis l'assommant d'un seul coup de poing.

 

Gabrielle prit le mercenaire suivant par surprise, qui ne s'attendait pas à ce que cette femme à moitié dévêtue soit assez précise pour le frapper à la tête et lui faucher les pieds d'un seul coup double parfaitement exécuté. Elle sourit sinistrement et passa au soldat suivant, remarquant la faiblesse de sa défense, et se débarrassant de lui d'un bon coup dans la figure. Je me débrouille pas mal. Même avec un mal de crâne à assommer Argo.

 

 

"Elle n'est pas si facile à tuer", fit Hectator d'une voix rauque, gardant un de ses yeux ensanglantés sur son bourreau. "Mais il vaudrait mieux pour vous qu'elle le soit."

 

L'homme éclata de rire. "Nous avons engagé un expert pour s'occuper d'elle, espèce de porc !" Il tourna la tête, lorsqu'un homme vêtu de cuir noir et d'une cotte de mailles s'avança parmi la foule. "Ah… voilà le capitaine. Regarde ce que j'ai là."

 

Le capitaine acquiesça, dévisageant Hectator de ses yeux ternes qui allaient bien avec ses cheveux couleur paille. Il n'était pas très grand, plus petit qu'Hectator, et même que la plupart de ses soldats. Mais il irradiait menace et cruauté, ce qui fit frissonner le prince.

 

Le capitaine dégaina une courte lame du fourreau attaché à son bras gauche et l'examina brièvement. Hectator sentit son sang se glacer. La lame d'un assassin. Le capitaine enroula ses longs doigts autour de la garde recouverte de cuir, et s'approcha d'Hectator, préparant son arme pour le coup, puis frappant avec la vitesse du cobra.

 

La lame du poignard transperça le corps d'Hectator, le clouant à la porte. Le prince se mordit la langue jusqu'au sang pour s'empêcher de hurler et de donner à cet animal la satisfaction de le voir souffrir. La lame était dans une telle position qu'il allait mourir lentement, il le savait. Elle n'avait transpercé aucun organe vital. Il leva les yeux sur ce regard terne, et cracha du sang avec une précision étonnante sur la figure du capitaine.

 

"Capitaine Illean..." grogna le lieutenant..."laisse-moi..."

 

"Non", prononça le capitaine d'une voix rauque tout en s'essuyant le visage. "Il mourra bien assez vite comme ça." Il se tourna et fit signe aux mercenaires. "Finissons ce que nous avons commencé." Il se tourna et se dirigea vers les premières marches, levant les yeux vers les ombres faiblement éclairées là-haut. Une ombre particulièrement imposante bougea dans sa direction, mais il regardait le palier et lorsqu'il se tourna, il était trop tard ; il ne vit jamais arriver le coup de pied qui le projeta au bas des escaliers et dans les bras de ses soldats stupéfaits.

 

"Bonsoir, Illean", grommela Xena. Elle sauta sur le palier et essuya son épée ensanglantée sur un mercenaire abasourdi, se frayant un passage jusqu'à Hectator. "Je ne pensais pas que tu faisais dans ce genre de saleté. Les temps sont durs." Elle se retourna et fit face aux soldats, et à un Illean stupéfait. "Je vais le descendre de là. Ce qui veut dire que je vais devoir poser cette épée et vous tourner le dos. Le premier qui bouge, je le coupe en deux. C'est compris ?"

 

"Je crois que c'est toi qui ne comprends pas bien, Xena", grogna Illean, essuyant sa tunique de cuir. "Ce ne sont pas des soldats d'opérette. Ils vont te découper en morceaux." Il sourit. "Même pas d'armure, hein ? On raconte que tu t'es ramollie."

 

Xena se tourna, posa la lame de son épée sur la soie qui couvrait son épaule, et lui sourit. "Peut-être bien", fit-elle d'une voix traînante. "Tu veux t'en rendre compte par toi-même ? Qui veut commencer ?" Elle promena son regard sur les soldats vêtus de cuir, levant un sourcil. "Toi, Illean ? En souvenir du bon vieux temps ?" L'homme blond la dévisagea. "Allez, allez… tu n'auras plus jamais une occasion pareille." Les yeux brillants, les narines frissonnantes… mais aucun mouvement dans sa direction.

 

"Me découper en morceaux, hein ?" ricana Xena. "J'aimerais bien voir ça." Elle désigna d'un signe de tête le haut des escaliers. "Le reste de ta petite bande est déjà en déroute." Elle se retourna vers Hectator, mais lança un coup d'œil par-dessus son épaule. "Et ramasse l'assassin minable que tu as oublié dans ma chambre, avant de partir." Elle se pencha vers Hectator, tout près de son pâle visage couvert de sueur. "Tiens bon, Hectator. Je vais te sortir de là."

 

"Ils vont te tuer", souffla-t-il, lançant des coups d'œil affolés par-dessus son épaule. "Ne leur tourne pas le dos ! Je n'en vaux pas la peine, pour l'amour d'Hadès, Xena !"

 

"Nan", fit Xena avec un clin d'œil. "Il faut bien que ma réputation me serve à quelque chose, pas vrai ?" Elle sentit le mouvement derrière elle et se concentra. Illean. Bien sûr. Elle attendit qu'il soit à portée, puis mit un genou à terre et laissa l'épée du capitaine s'enfoncer profondément dans la porte, passant au-dessus de son épaule droite si près qu'elle entendit la lame lui siffler à l'oreille.

 

Elle laissa la colère monter en elle, puis se tourna et se releva, et plaça toute cette colère dans son bras, le frappant au visage, sentant les os se briser sous la force du coup, et le choc de l'impact qui l'envoya voler comme une poupée de chiffon. "Tu n'apprends pas vite, hein ?" grommela-t-elle, levant son épée et avançant vers le reste des mercenaires, reconnaissant l'expression de son propre visage à leurs yeux écarquillés et leurs mouvements nerveux. "A qui le tour ?" aboya-t-elle, furieuse et dégoûtée, et ne cherchant même plus à le cacher. "Avancez ou dégagez. Vite !" Elle s'abaissa et attrapa la tunique matelassée de Illean, le souleva et l'envoya s'écraser sur les marches.

 

Xena se retourna et lâcha son épée. Attrapant le couteau qui tenait Hectator cloué à la porte. "Bon sang," souffla-t-elle, bouillonnant de colère, puis elle plaça ses bras contre le corps du prince pour le soulager de la morsure de la lame. "Attrape mes épaules, Hectator." Elle regarda le prince qui fut à peine capable de lui obéir. Utilisant tout le poids de son corps, elle le poussa contre la porte en même temps qu'elle tirait de toutes ses forces sur le poignard, le sentant bientôt se déloger de la porte et du corps du prince avec un grincement de métal contre l'os. Elle sentit le sang jaillir sur ses mains, alors qu'elle le déposait doucement sur le sol.

 

Xena soupira, et écarta la tunique d'Hectator. "Urr", fit-elle, grinçante. "Il faut l'emmener à l'infirmerie, il a besoin de bandages et de désinfectant." Elle sentit une présence familière derrière elle juste avant qu'elle ne sente une main se poser doucement sur son épaule. "Salut, Gabrielle."

"Salut", murmura le barde, regardant par-dessus l'épaule de la guerrière. "Aïe." Elle regarda Hectator. "Que lui est-il arrivé ?"

 

"L'un des mercenaires l'a cloué à la porte avec un poignard", répondit Xena calmement, appliquant un morceau de tissu arraché à la tenue du prince sur l'ignoble blessure de son abdomen. "Donne-moi cet autre bout de tissu. Il faut appuyer dessus jusqu'à ce que le saignement soit ralenti ou il ne va pas survivre."

 

Gabrielle obéit, son attention entièrement concentrée sur les gestes de Xena.

 

Xena entendit la détente de l'arbalète se mettre en place alors qu'elle était à peine tendue à la moitié et regarda soudainement sur sa gauche, gardant ses mains fermement appuyées sur le corps du prince. Illean. J'aurais dû le tuer. Bon sang. Il a raison. Je me ramollis.

 

"Dommage, Xena", dit l'homme aux yeux clairs d'une voix rauque. "Tu… tu étais le genre d'adversaire qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans sa vie." Illean grimaça, ce qui était pour lui presque un sourire, considérant ses côtes cassées. "Tu vas faire un bien fou à ma réputation."

 

Le temps se ralentit, alors que Xena se concentra sur la détente de l'arbalète et sur les yeux glacés derrière elle. Je ne peux pas bouger mes mains pour attraper cette flèche. Et je ne peux pas éviter la flèche parce que Gabrielle est derrière moi. Bon sang. Alors c'est comme ça que ça va se finir. Les seigneurs de guerre ne sont pas censés risquer leur vie pour leurs soldats, j'ai pourtant appris ça il y a bien longtemps. Tu parles d'une façon de comprendre que j'ai vraiment changé. Elle hocha la tête, puis elle se tourna légèrement vers Illean, dressant bien les épaules pour lui offrir la plus large cible possible. Ses yeux croisèrent les siens sans peur, et un sourire se dessina même sur ses lèvres.

 

Le mercenaire lut son sourire, et hocha la tête à son tour, le respect envahissant ses yeux ternes. Il leva l'arbalète, et visa avec précaution. Il n'aurait qu'une seule chance, avec elle. Mais l'arbalète était son arme, et ses doigts se resserrèrent facilement sur la détente.

 

Et, alors qu'il appuyait sur la détente, tout son univers explosa dans un rugissement si primaire qu'il secoua son être tout entier. Il n'eut pas le temps de regarder, et pas le temps de respirer lorsqu'un corps d'or s'écrasa sur lui, et que des mains couvertes de griffes lui déchirèrent la cage thoracique à travers l'armure, que des crocs brûlants lui saisirent la gorge, mettant fin à sa vie dans une explosion de sang et d'air volé, de salive projetée. La brutalité de l'attaque jeta mercenaire et assaillant à terre et, secouant la tête, Jessan libéra ses crocs, le sang coulant librement de sa bouche sur le sol.

 

Le reste des mercenaires s'enfuit en courant lorsque l'être de la forêt se releva et lança un rugissement terrifiant.

 

Le silence retomba dans le couloir. Jessan cligna des yeux, puis un frisson passa dans tout son corps, et il regarda Xena, les yeux injectés de sang. Elle soutint son regard, ne le jugeant pas, ne le quittant pas des yeux. "Merci", dit-elle, d'une voix normale, puis elle se retourna vers Hectator, lançant quand même un regard vers sa gauche en sentant Gabrielle trembler. "Ça va ?" Question idiote.

 

Le barde ferma les yeux, et inspira plusieurs fois. Puis elle cligna des yeux et regarda Jessan. Si je peux accepter Callisto, je peux accepter ça. Je ne suis pas une enfant, répétait son esprit, encore et encore. "Merci, Jessan", dit-elle, en lui adressant un petit sourire, dont elle fut récompensée par une expression de soulagement presque pathétique dans son regard doré.

 

Jessan plissa son museau, et tira la langue. "Beurk", fit-il, cherchant des yeux un récipient et il trouva une outre à vin abandonnée. Il la déboucha et en but une bonne gorgée, puis recracha le tout par terre. "Je déteste ce goût." Il s'avança vers eux, tout en grimaçant, tenant ses mains couvertes de sang devant lui, puis il s'agenouilla de l'autre côté du prince. "Je ne voulais pas… je veux dire… je… il allait…"

 

"Je sais", répondit doucement Xena. "Le saignement s'est ralenti." Elle leva la main et toucha sa griffe ensanglantée. "Tu peux le porter jusqu'à l'infirmerie ?"

 

Il croisa ses yeux, encore secoué. "C'était la première fois que je…"

 

Xena soupira. "Je suis désolée, Jessan." Elle tendit la main et tapota sa joue. "Je crois que nous sommes à égalité maintenant. Tu m'as sauvé la vie."

 

L'être de la forêt la regarda. "Je ne regrette pas… nous devons tous avoir notre premier sang… et je suis heureux, par Arès, je suis heureux que ça ait été le mien." Il sourit gentiment et, courageusement, toucha le visage de Xena, avant de voir un sourire triste se dessiner sur les lèvres de la guerrière.

 

Gabrielle resta immobile et les regarda, voyant soudain une similarité entre les deux guerriers. A contrecœur, elle se concentra et rechercha le sentiment qu'elle avait eu lors de cet instant terrifiant au cours duquel elle avait compris que Illean allait tuer Xena, et le sentiment qui l'avait envahie lorsque Jessan avait massacré le mercenaire. Et elle trouva une similarité en elle-même. Cette rage, ce rugissement… elle en trouva l'écho dans son esprit. Elle n'avait aucun doute… aucun… et cela faisait mal… que si elle en avait eu la vitesse, et la force, elle aurait massacré Illean de ses propres mains. Xena aurait donné sa vie. Le barde aurait donné bien plus que cela. Alors enfin, elle avait une ouverture sur les ténèbres. Elle hocha la tête en silence, et expira longuement.

 

"Oui", disait Jessan. "Je vais le porter. Attention." Il saisit très doucement le corps d'Hectator sous les bras et le souleva, avant de se diriger vers l'infirmerie.

 

Xena s'arrêta un moment, s'essuyant les mains sur un morceau de tissu, avant de se tourner vers Gabrielle. "Est-ce que ça va ?" demanda-t-elle à nouveau, tout doucement.

 

"Tu allais le laisser te tirer dessus." Ce n'était pas une question. Pas le temps de faire dans la finesse.

 

Xena hocha lentement la tête. "Oui. Je ne pouvais pas lâcher Hectator." Elle sourit sinistrement. "Et tu étais derrière moi." Un léger haussement d'épaules. "Je supporte les flèches beaucoup mieux que toi."

 

Gabrielle acquiesça à son tour. "Habillée comme ça ?" Elle tendit la main et toucha la tunique de soie, une expression sévère dans le regard.

 

Xena resta silencieuse un long moment. "Même habillée comme ça," fit-elle pour essayer de rendre la conversation plus légère. "J'aurais fait en sorte que ça atteigne une partie non vitale. Comme la tête."

 

Le barde laissa échapper un léger sourire et, sans jamais quitter Xena des yeux, tendit la main, prit doucement celle de Xena et la serra un peu. "Ce n'est pas drôle", soupira-t-elle. "Je n'ai aucune envie de t'arracher des flèches du corps, quel que soit l'endroit."

 

Xena serra la main à son tour. "Je sais. Mais je n'avais pas beaucoup de temps pour prendre une décision, et c'était la seule option."

 

Gabrielle soupira. "La prochaine fois, on préparera tout ça un peu mieux", répondit-elle, ce qui lui valut un petit rire de la guerrière. Elle regarda Xena se redresser et lui tendre la main. "Merci", ajouta-t-elle en acceptant l'aide offerte, avant d'être hissée sur ses pieds.

 

"On dirait que les combats se sont arrêtés", commenta Xena, puis elle commença à descendre les escaliers que Jessan avait empruntés. Devant la porte principale, elle s'arrêta, et regarda les ténèbres, sa main faisant bouger l'épée qu'elle tenait avec un certain rythme.

 

Gabrielle s'arrêta à ses côtés et observa le visage de sa compagne. "A quoi penses-tu ?" demanda-t-elle doucement, remarquant la froideur soudaine dans ces yeux si familiers. A rien que j'ai envie de savoir, probablement.

 

"Anstelès", grommela la guerrière, fermant les yeux et faisant un effort conscient pour effacer ce regard avant de poser ses yeux sur Gabrielle. "Je n'aime pas recevoir des visites d'assassins dans ma chambre." Elle savait qu'elle n'avait que partiellement réussi en voyant l'expression sur le visage de Gabrielle. Elle détourna de nouveau le regard. "Il est là, quelque part." Et chaque fibre de mon corps me hurle d'aller le chercher. Bon sang, ça n'en finira donc jamais ?… le vieux loup est toujours en moi. Elle sourit, sinistre. L'air froid de la nuit l'appelait, une chevauchée dans les ténèbres, poursuivre des ombres, et puis… elle sentit son cœur s'accélérer, sachant que ses yeux reflétaient ses instincts les plus primaires. Sachant qu'elle était probablement en train de ficher une trouille bleue à Gabrielle, qui persistait à croire que ce côté d'elle était beaucoup plus profondément caché qu'il ne l'était vraiment.

 

"Il a échoué", fut la réponse calme du barde, même si le ton masquait à peine sa nervosité. "Xena…" Elle tendit la main et entoura la taille de la guerrière, sentant la tension vibrer sous ses doigts. Se préparant au regard glacé qu'elle allait recevoir et au mouvement brusque qui allait rejeter sa main aussi facilement que si elle était une mouche.

 

Mais le regard qu'elle reçut ne fut pas celui qu'elle craignait, et la main qu'elle avait aventurée fut récompensée par une courte étreinte. "Je sais", répliqua Xena, renvoyant le loup dans sa tanière et se détournant de l'air de la nuit. "Je n'aime quand même pas ça", grommela-t-elle. "C'était beaucoup trop juste." Elle pencha la tête vers le barde. "Comment te sens-tu ?"

 

"Oh", fit Gabrielle, soulagée. "Aïe, en fait. J'ai mal au crâne." Elle lança à Xena un regard désolé, mais fut vraiment soulagée de changer de sujet. "Je me souviens que tu m'as portée dans les escaliers, mais c'est à peu prêt tout." Elle leva les sourcils. "Je me suis conduite comme une andouille ?"

 

Xena la regarda, incapable de stopper le sourire qui se dessina sur ses lèvres, et envahit même ses yeux. "Non." Elle entoura les épaules du barde et la conduisit vers l'infirmerie. "On est montées, on a parlé quelques minutes, et puis tu t'es endormie sur le canapé."

 

"Oh. Vraiment ?" fit le barde, fronçant les sourcils. "Je ne m'en souviens pas. De quoi on a parlé ? J'ai dit des idioties ?"

 

Xena hésita un très long instant. "Non. Pas… des idioties." Elle baissa les yeux vers sa compagne, un sourire effleurant à peine ses lèvres. "Nous avons parlé de… d'Autolycus."

 

Gabrielle la regarda, consternée. "Autolycus ? Pourquoi diable…" Soudain, son visage s'immobilisa et elle s'arrêta, fermant ses yeux vert brume. "Oh, dieux, non."

 

La guerrière soupira. "Gabrielle", fit Xena, cajolant l'épaule du barde. "C'est bon, du calme." Elle jeta un coup d'œil vers les portes ouvertes de l'infirmerie. "Allez, viens. Il faut que je mette des herbes sur ma main, ça brûle comme Hadès." Elle vit les yeux de Gabrielle se rouvrir à contrecœur, et regarder partout, mais refuser de croiser son regard. Allons, pas de ça. Xena tendit la main et saisit doucement le menton du barde, relevant gentiment son visage pour la forcer à la regarder. "C'est bon", répéta-t-elle, adoucissant le ton consciemment. "Promis."

 

L'embarras humilié disparut lentement du visage du barde pour être remplacé par une interrogation timide. Ses yeux tombèrent sur la main qui tenait son menton, puis elle s'éclaircit la gorge. "Tu as raison. Il faut que tu soignes cette blessure. Ça commence à enfler." Elle leva la main et effleura les dégâts du bout des doigts, puis leva les yeux pour croiser encore une fois le regard de Xena, souriant, un peu hésitante.

 

"Je préfère ça", fit doucement la guerrière. "Allez, viens."

 

Elles reprirent leur chemin et tombèrent sur Jessan à l'intérieur. Xena se doutait fortement que l'être de la forêt les avait observées depuis l'entrée de l'infirmerie, soupçons qui furent immédiatement justifiés en voyant l'expression de sourire ravi sur son visage dès qu'elles entrèrent. Xena soupira, puis décida que c'était assez drôle après tout, et lui rendit son regard, avec un coup d'œil amusé bien qu'exaspéré. "Tu vas arrêter deux minutes, oui ? grogna-t-elle à son intention.

 

"Quoi ?" demanda Gabrielle, les regardant tous les deux avec étonnement.

 

"Je te le dirai plus tard", promit Xena, donnant à Jessan un bon coup dans les côtes. L'être de la forêt répondit en l'entourant d'un bras et en la serrant contre lui.

 

"Hectator va vite se remettre", fut néanmoins son seul commentaire. "Ses chirurgiens sont en train de le recoudre, mais il veut te parler." Ah… Xena… mon amie. J'ai Vu… et ce que j'ai Vu m'est si familier, c'est comme si j'étais parmi les miens. Je suis content, plus que tu ne pourrais l'imaginer.

 

Encore un peu confus, le prince leva la tête en les voyant approcher. Xena mit un genou à terre près de sa couche et examina l'œuvre des chirurgiens. "Pas mal", marmonna-t-elle, levant les yeux vers le visage épuisé d'Hectator. "On dirait que tu vas t'en sortir", ajouta-t-elle, lui donnant une petite tape sur le genou.

 

Hectator soupira. "Pour ce que ça vaut, Xena…" fit-il, grimaçant sous la douleur ; il bougea légèrement. "Anstelès ne va pas s'arrêter. Je m'en sortirai, avec lui… à mes trousses." Ses yeux gris observèrent son visage, puis se posèrent sur la main sur la couche près de lui. "Est-ce que j'ai bien entendu ? Il y avait un assassin dans votre chambre ?"

 

Xena haussa les épaules. "C'est vrai. Mais ce n'était pas de ta faute, Hectator. J'ai déjà eu des assassins après moi." Elle jeta un coup d'œil rapide à Gabrielle qui se tenait en silence tout près.

 

"C'était Stevanos, Xena", interrompit Jessan, apportant une coupe d'eau qu'il tendit à Hectator. "Je suppose que tu ne l'as pas reconnu dans le noir."

 

Xena leva les deux sourcils. "Vraiment ?" Une expression intriguée se dessina sur son visage. "Je crois bien que je me sens flattée." Elle s'appuya en arrière et posa un bras sur son genou. "Et je ne l'ai pas reconnu parce que je ne l'avais jamais vu. Il ne s'était jamais frotté à moi." Elle eut un rire bref. Alors, c'était ça, le plus redoutable tueur à gages de toute la Grèce.

 

Hectator la regarda, stupéfait. "Tu as l'air de penser que ce n'est rien." Il essuya son front d'une main tremblante.

 

Jessan se mit lui aussi à genoux de l'autre côté de Xena. "C'est ce truc de guerrier', fit-il, désabusé. "Et… l'un des miens est en train de s'occuper d'Anstelès", ajouta-t-il. "Bon, je crois qu'Hectator a besoin de repos, et je suis sûr qu'on pourrait tous en faire autant."

 

Le chirurgien lança un regard reconnaissant à Jessan et les renvoya tous pour qu'ils laissent en paix son patient royal, avant de tirer un rideau autour de lui.

 

Les trois amis retournèrent en silence dans le couloir. Enfin, Xena prit la parole. "Qu'est-ce que tu voulais dire par 'Quelqu'un est en train de s'occuper d'Anstelès', Jessan ?" Elle tourna son regard glacé sur lui, curieuse.

 

"Mon oncle", répondit le grand être de la forêt d'une voix traînante. "C'est… notre assassin, en quelque sorte." Il continua à marcher, sans les regarder. "Il s'est lancé à la poursuite d'Anstelès. Nous avons décidé…enfin, il a décidé qu'il était devenu trop dangereux." Il jeta enfin un coup d'œil vers Xena, qui regardait droit devant elle avec une expression indéchiffrable. "L'enjeu est élevé pour nous aussi."

 

"Mm", commenta la guerrière. "C'est vrai." Elle ouvrit et ferma la main, puis baissa les yeux, agacée. "Bon sang de Illean. J'aurais dû me souvenir à quel point il était idiot." Elle soupira alors qu'ils atteignaient leur couloir où tant de choses s'étaient passées récemment. "Repose-toi bien, Jessan", dit-elle, donnant à l'être de la forêt une petite tape sur le dos.

 

"Vous aussi", répondit Jessan, la serra doucement dans ses bras, avant d'en faire de même avec Gabrielle. Il avança jusqu'à la porte de sa chambre et se glissa à l'intérieur.

 

"Toujours à faire des câlins, tu es sûre que vous n'êtes pas de la même famille ?" demanda Xena, taquine, avant de voir le barde rougir. Elle tint la porte ouverte et laissa Gabrielle entrer dans la chambre. "J'espère qu'ils ont pensé à ramasser leur assassin préféré." Ils y avaient pensé. La chambre était vide, et l'obscurité y régnait presque totalement, hormis la faible lueur du feu de cheminée. Xena posa son épée avec un soupir, puis avança jusqu'au canapé et s'assit. Elle posa ensuite sur le repose-pied la bourse d'herbes qu'elle avait obtenue auprès des chirurgiens. Elle examina sa main enflée avec dégoût, puis commença à préparer une mixture.

 

Gabrielle la regarda faire pendant un moment, puis vint jusqu'au canapé et s'assit à son tour, prenant la préparation des mains de sa compagne. "Laisse-moi faire", dit-elle en souriant. "C'est sûrement plus facile avec deux mains."

 

"Sûrement", répondit Xena, attendant patiemment que le barde applique les herbes, puis enveloppe sa main dans du lin. "Merci." Elle s'appuya sur le dossier et regarda le feu. "Comment va ton mal de tête ? demanda-t-elle, jetant un œil à Gabrielle.

 

Le barde haussa les épaules. "J'ai connu pire", répondit-elle, grognon.

 

Xena la regarda. "C'est à ce point ?" Elle sourit. "Je crois avoir quelque chose qui aidera un peu." Elle se leva et alla fourrager dans les sacoches, sortant plusieurs parchemins roulés. "Le goût n'est pas terrible, mais ça marche."

 

Gabrielle se leva et avança jusqu'à la commode. "Je vais bien, vraiment. Ce n'est pas la peine." Elle parvint à esquisser un sourire. "Tous ces combats m'ont débarrassée de l'hydromel."

 

"Hmm, hmm", acquiesça Xena, continuant à préparer la potion. "Tiens", fit-elle en tendant la tasse à Gabrielle, tout en ignorant le regard exaspéré du barde.

 

Gabrielle soupira, puis renifla le liquide douteux. "Beurk", dit-elle, faisant une grimace. Ce qui lui valut un sourcil levé de la part de Xena. "Oh, bon, d'accord", grommela-t-elle et, fermant les yeux tout en retenant son souffle, elle avala le contenu de la tasse en trois grosses gorgées.

 

"Beurk", commenta-t-elle avec un frisson. "C'est horrible." Elle lança un regard noir à Xena. "Qu'est-ce que tu as collé là-dedans ?… non, ne me le dis pas… ou ça va ressortir par où c'est rentré." Elle tira encore une fois la langue, et alla jusqu'au bassin à eau, en prit une tasse pleine qu'elle avala sans attendre.

 

Xena la regarda faire, amusée, puis alla jusqu'au lit et se laissa tomber sur le dos avec un manque inhabituel de grâce. "Quelle sale fin pour une si belle soirée", soupira-t-elle, levant sa main blessée et passant ses doigts dans ses cheveux. Elle jeta un coup d'œil à Gabrielle, remarquant que sa compagne ne bougeait pas, et le léger reflet du feu dans ses yeux. "Ça va ? Je sais que cette potion n'était pas très bonne, mais…"

 

"Ça va", répondit doucement le barde, posant sa tasse avant de traverser la pièce. "A vrai dire, ça marche. Ma tête ne me fait plus aussi mal." Elle vint s'asseoir sur le bord du lit, et sourit à Xena. "Merci", ajouta-t-elle, se glissant sur le côté et posant sa tête dans la paume de sa main.

 

"Pas de problème", fit la guerrière, tournant la tête et regardant sa compagne avec affection. "Tu as l'air d'aller mieux."

 

"Vraiment ?" fit Gabrielle, regardant de près les yeux bleu pâle de Xena.

 

Xena roula sur le côté à son tour et observa le visage du barde avec attention. "Mmmhmm", confirma-t-elle doucement, avec un sourire.

 

Je pourrais me noyer dans ce regard, pensa Gabrielle. Facilement. Observant le visage si près du sien, voyant la beauté là où les autres ne voyaient que colère, douceur où ils voyaient violence, lumière, alors que le monde lui-même ne voyait que ténèbres. Et ça a toujours été comme ça. Depuis le premier instant. Je dois avoir un problème de vue, hein ? "Comment va ta main ?"

 

Les yeux de Xena étincelèrent. Elle plia sa main, doucement. "Pas mal", fit-elle. "Un peu dur encore."

 

"C'est si peu de chose pour la Princesse Guerrière", répondit le barde, avec un petit gloussement. Puis elle eut une idée diabolique et, avant de pouvoir s'en empêcher ou de penser aux conséquences, elle tendit la main et, sachant que Xena ne l'en empêcherait pas, chatouilla l'oreille exposée de la guerrière.

 

"Hé !" cria Xena, surprise. Puis elle montra les dents dans un sourire féroce et abandonna sa posture détendue avec une vitesse impressionnante.

 

"Oh…Ooh", gémit Gabrielle, reculant, mais pas assez vite pour échapper à la main qui attrapa son poignet et la retourna comme une crêpe sur le lit. Décidant que l'attaque était sa seule défense, elle fit appel à toute sa force et poussa Xena, essayant désespérément de repousser les assauts des longs doigts chatouilleurs.

 

Ah, j'ai eu de la chance. Gabrielle avait réussi à renverser Xena sur le dos et, des deux mains et du poids de tout son corps, elle l'avait immobilisée, bloquant les deux épaules sur le lit. Pendant un moment, elles se regardèrent. "Tu abandonnes ?" demanda le barde. C'est ça. Comme si elle ne pouvait pas m'envoyer voler à l'autre bout de la pièce d'un simple haussement d'épaules !

 

Abandonner ? se demanda Xena, amusée. "Ok, j'abandonne", répondit-elle, écartant les deux bras pour indiquer le forfait.

 

Gabrielle cligna des yeux, étonnée. Hein ??? Puis les bras de Xena se plièrent, et elle poussa d'un petit coup sec l'intérieur des coudes du barde, et celle-ci s'écroula sur la poitrine de la guerrière. "Hmm… je savais bien que c'était trop facile", grommela-t-elle, sentant Xena rire en silence. "Très drôle, Xena."

 

Xena sourit, féroce, et se mit à rire doucement, puis entoura le barde de ses deux bras et la serra longuement. Et elle sentit Gabrielle se relaxer complètement contre son corps, sans offrir aucune résistance.

 

"Mmm", marmonna Gabrielle dans la soie écarlate de sa tunique. "C'est vraiment agréable. Je peux rester là ?" Je suis de nouveau à l'intérieur. Et… dieux… je crois bien que je viens d'entendre la porte se refermer derrière moi.

 

"Oui", chuchota Xena, sans la lâcher, sentant les mains de Gabrielle glisser et venir se poser autour de ses épaules pour répondre à son étreinte. "Oui. Tu peux rester là."

 

 

Deux jours plus tard, elles étaient prêtes à quitter Hectator et sa cité. Xena embrassa toute la ville d'un regard et sourit, sans raison particulière. Puis elle se tourna vers Hectator, qui était assis sur une chaise, devant les marches, pour leur dire au revoir.

 

"Alors ?" fit-il, en leur souriant. "Où allez-vous maintenant ?" Il bougea un peu pour relâcher la pression sur ses bandages. "Vous allez nous manquer."

 

Xena leva un sourcil, mais lui sourit quand même. "Ouais, j'en suis sûre", répondit-elle. "On va vers la côte, vers Athènes", ajouta la guerrière, se tourna pour arranger la selle d'Argo. Elle se retourna vers lui et lui tendit la main. "Ce fut un plaisir, Hectator."

 

Le prince pencha un peu la tête sur le côté. "Oui, c'est une façon de voir les choses." Il grimaça un peu de douleur, mais serra son bras fermement. "Je ne peux rien t'offrir qui pourrait payer la dette que je te dois. Alors je n'essaierai pas." Il soutint son regard. "Tu es et seras toujours la bienvenue dans ma cité. Toutes les deux serez les bienvenues… si et quand vous déciderez d'errer à droite et à gauche, pour sauver le monde."

 

Deux regards vert brume et bleu clair le dévisagèrent, avec une étincelle solennelle.

 

"Hectator", fit Xena avec un petit rire. "Crois-moi, ta cité sera toujours chère à notre cœur… tout comme toi." Elle jeta un coup d'œil à Gabrielle, qui acquiesçait. "Et je crois qu'on peut dire tout de suite qu'on reviendra. Au moins pour te rendre visite."

 

"Tout à fait", approuva Gabrielle, se penchant en avant pour le serrer dans ses bras. "Prends bien soin de toi." Elle lui sourit, puis recula et rejoignit Jessan qui attendait en retrait, ses grosses mains posées sur le dos de sa monture noire. L'être de la forêt allait les accompagner vers son village, puisqu'elles avaient décidé de longer la côte.

 

Xena posa les mains sur le dos d'Argo et se hissa en selle, lançant une jambe par-dessus le dos de la jument et calant ses pieds dans les étriers. Puis elle baissa les yeux vers Gabrielle, et lui tendit son bras gauche. Le barde le saisit sans protester, et se laissa hisser sur la haute croupe de la jument.

 

"Ça commence à te plaire, le cheval ?" demanda Hectator, curieux.

 

Gabrielle sourit, et saisit la taille de Xena qui, contrairement à son habitude, se mit à sourire elle aussi. "Oh… on peut dire ça", répliqua le barde, malicieusement. "Je crois que je vais m'y habituer."

 

"Vraiment ?" fit Xena, jetant un coup d'œil par dessus son épaule.

 

"Ouais", répondit Gabrielle, serrant un peu plus la taille de la guerrière et posant sa tête contre son dos. "Vraiment."

 

"Contente de l'apprendre", commenta la guerrière, malicieuse, choisissant d'ignorer le regard perfide que lui adressait Jessan. "Allez." Elle donna un petit coup de genou sur les flancs d'Argo et elles avancèrent vers les portes de la ville, puis sortirent, Jessan à leurs côtés. "Jessan, laisse tomber le petit sourire narquois."

 

"Qui, moi ?" demanda innocemment l'être de la forêt. "Mais pourquoi aurais-je un petit sourire narquois, hein, je te le demande ! Tu imagines des choses, Xena. Tu as vraiment besoin de repos." Il la regarda, battant des cils. "Peut-être quelques jours à la plage ?"

 

"Jessan...." fut le grognement sourd qu'elle lui adressa.

 

Pour toute réponse, il se mit à siffloter un air très gai.

Fin… pour l'instant ;)

 

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Comments (1)

chachouille said

at 9:17 pm on Nov 19, 2009

très belle histoire
merci beaucoup pour la traduction
je vais de ce pas lire la suite et voir comment les choses vont évoluer lol

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