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BOUND2

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Unies/ Bound

 

par Melissa Good

 

Traduction : Katell et Fryda

 

***

Partie 2A

******

 

 

Chapitre 17

 

Jessan se souleva dans les étriers et s'étira, il amena sa monture plus près de Lestan, qui se redressa dans sa selle pour le saluer à son approche.

 

" Fils. " L'être de la forêt plus âgé mit une main sur son épaule et jeta un coup d'œil vers la civière devant eux. " Jamais de ma vie, je n'ai vu quelque chose comme ça. " Il rit. " Je dis ça souvent à son sujet, n'est-ce pas ? "

 

Jessan secoua sa crinière et laissa passer une longue expiration. " Comme personne d'autre que je connaisse. " Ou que je connaîtrais jamais. " Elles font un sacré couple, hein ? " Il pointa sa mâchoire dans la direction de Gabrielle. " Je te l'ai dit ou quoi ? " Sache que je fus aussi surpris que toi, père. Qu'est-ce qui a changé, si vite et de loin ? Pas que ça importe... même si elle n'est pas consciente, je Vois ce feu chaud et doré qui l'entoure maintenant... qui les entoure, toutes les deux. J'espère que ça lui a apporté de la joie. Elle le mérite.

 

Lestan pencha la tête pour approuver. " Tu l'as fait. " Il jeta un coup d'œil vers elles. " Je ne l'aurais pas cru, et ta mère va piquer une crise. C'est un lien aussi fort que le nôtre, et peut-être que ça... " Il hésita, et déglutit, le regard tourné vers l'intérieur pendant un long moment.

 

" L'a maintenue en vie ? " Finit Jessan doucement.

 

" Lui a donné une raison de rester en vie. " Corrigea Lestan, avec un doux sourire. " Ce ne serait pas la première fois. "

 

" Mmm. " Jessan approuva, regardant devant eux, là où les premiers rayons faibles de la lumière de la Lune se reflétaient sur la surface ridée du courant de la frontière. " Presque arrivés. Elle a besoin d'un guérisseur pour s'occuper d'elle. Il y a un bleu vraiment mauvais, peut-être plus grave qu'il n'y parait."

 

Lestan hocha la tête. " Tu devrais chevaucher en avant et réveiller Elaini. " Il leva les yeux. " Tu as fait un fameux travail de bris de rochers, à propos. " Il tapota Jessan sur l'épaule. " Il y avait des morceaux qui volaient au milieu de la montagne. "

 

Jessan sourit. " C'est vrai, hein ? " Il plia les bras et prit une expression malicieuse. " Ca m'a permis de montrer un de mes meilleurs atouts. "

 

Lestan renifla. " J'ai remarqué que tu as fait en sorte que tout le monde te voit la porter en bas de cette montagne de granite que tu as fabriquée. " Il rit doucement. " Crâneur. "

 

Jessan eut une expression blessée. " Elle ? Tu veux rire. Elle pèse à peine , même avec l'armure. Pas comme si c'était TOI... " Il fit un sourire espiègle à Lestan et le tapota sur le ventre. " Maman t'a encore gâté, je vois. "

 

Lestan montra ses canines avec un claquement. " Regarde qui parle, ô mon Fils. " Il tapa Jessan sur le ventre." Maintenant je sais où sont allées toutes ces tartes. "

 

Ils rirent tous les deux et Jessan ricanait toujours lorsqu'il planta ses genoux dans les flancs d'Eris, et se fraya un passage au travers de la patrouille, en route vers la maison.

 

Tout était calme lorsqu'il passa le portail du village, dont les portes s'ouvrirent silencieusement à son approche. Il arrêta Eris dans l'entrée, et se pencha en avant vers les gardes. " Vous pouvez aussi bien laisser ouvert. La patrouille revient. "Très calmement, pensa-t-il.

 

Les gardes lui sourirent. " Vous la ramenez alors, hein ? On savait qu'une petite montagne ne la retiendrait pas. "

 

Le sourire de Jessan laissa paraître chaque dent parfaitement. " Nan. Nous sommes allés suffisamment profondément, et par les bottes d'Arès, si elle n'a pas fait le reste elle-même... " Il reprit un ton neutre. " Il faut quand même que je réveille Elaini. Ces rochers n'étaient pas très sympas. " ".

 

Les gardes lui firent signe de passer, et il trotta au milieu de l'espace ouvert, arrêtant Eris devant les quartiers de la guérisseuse, et il descendit, ses pas solides brisant le silence de la nuit lorsqu'il monta l'escalier à grand pas vers le porche du bâtiment isolé.

 

" Ah... Jessan. " Elaini bâilla en ouvrant la porte au second coup. " T'as trouvé ton humaine ? "

 

" Elle n'est pas à moi. Mais, oui, et nous avons besoin de tes talents. " Répondit Jessan avec un roulement invisible des yeux.

 

" Les miens ? " La guérisseuse renifla. " Qu'est-ce que je connais aux humains ? Envoie-la à Cirron. " Elle eut un aimable haussement d'épaules. " Pas que j'ai quelque chose contre eux, tu sais... Je ne sais juste pas quoi faire pour eux... "

 

Jessan plissa les yeux et fit un pas en avant vers elle. " Xena a réussi à s'occuper de moi quand j'étais blessé. Je me demande comment elle a fait. " Sa voix plongea. " Oui, avec moi si différent et tout. " Il se retourna. " Je présume qu'ils sont juste plus malins sur ce genre de choses. Ok... et bien, je vais... "

 

" Hé ! Je n'ai pas dit que je ne saurais pas comment faire. " Elaini l'interrompit. " Attends... j'attrape mes affaires. " Elle bricola un moment puis le rejoignit à la porte. " J'espère seulement que tu n'attends pas que je fasse quelque chose d'impossible, comme mettre un enfant humain au monde ou quelque chose comme ça. "

 

Jessan, qui ne l'avait pas vu venir, gloussa. " Euh... " Il toussa. " Je ne pense pas que ce soit le problème cette fois-ci. "

 

Elaini le regarda étrangement. " Bref. " Elle avait passé du temps dans un endroit allié pendant son apprentissage de guérisseuse quand leur village avait été visité par la mythique Princesse Guerrière, et elle avait raté toute l'affaire. A son avis, qui était toujours donné avec force, cette humaine était probablement surestimée. Je verrai bien, pensa-t-elle gaiement.

 

Elle resta à la hauteur de l'épaule de Jessan lorsqu'il sortit sous le porche et mit ses grandes mains sur la rampe, regardant vers les portes d'entrée. Les torches de la nuit tremblaient dans le vent, et cette brise ratissait les feuilles sèches sur les arbres devant, en envoyant certaines sur le toit avec un son proche de la pluie.

 

Un éclair de lumière pâle à la porte, et les premières sentinelles trottaient à l'intérieur, tendant leurs torches pour que les gardes les prennent et les piquent dans le sol. Ils firent de la place pour que les deux cavaliers qui traînaient la civière puissent s'avancer, alors que le reste de la patrouille avançait vers les écuries avec un bruit de leur équipement, et un murmure naissant de voix de bonne nature

 

Jessan sortit de dessous le porche et descendit à grands pas vers la civière, s'arrêtant et jetant un coup d'œil à son contenu avec une affectation non masquée. Gabrielle avait toujours les bras enroulés autour de la guerrière blessée et le regardait avec un sourire endormi.

 

" Bonne route ? " Demanda le grand être de la forêt.

 

" Pas mauvaise... " Répondit le barde, en prenant une profonde inspiration. " Meilleure que certaines autres. "

 

Jessan gloussa. " Est-ce qu'elle s'est réveillée ? " Ses yeux glissèrent vers le visage tranquille de Xena.

 

Gabrielle hocha la tête. " Un peu. Elle a pris de l'eau. "

 

" Super. " Jessan sourit et contourna la civière, se préparant à la soulever. " Laisse-moi l'emmener dans la hutte de la guérisseuse, et je parie que tu aurais bien besoin de quelque chose à manger, hein ? "

 

" Grr. " Arès se précipita sur ses mains, et se tint sur la forme évanouie de Xena avec une protection infantile. Son épaisse fourrure se leva sur son petit cou, et il grogna de nouveau. " Grr. "

 

" Arès ! " Gabrielle étouffa son rire. Elle avança la main et leva le chiot, le blottissant sur son côté, en caressant sa fourrure. " Désolée pour ça. " Elle leva les yeux vers Jessan d'un air d'excuse. " Sa mère a été tuée par une panthère. "

 

" Qu'est-ce qui est arrivé à la panthère ? " Demanda Jessan, s'approchant de nouveau, et lançant un regard vers le chiot qui le regarda méchamment.

 

" Xena est arrivée à la panthère. " Gabrielle répondit doucement. " Puis elle a comme qui dirait adopté Arès. "

 

" Euh, Je vois. " L'être de la forêt hocha la tête. " Ok... allons-y alors - laisse-moi la prendre. "

 

A contrecœur, le barde relâcha sa prise et le regarda soulever Xena et la bercer doucement. " Viens, Arès... " Dit-elle en sautant hors de la civière, et en s'étirant avec douleur. " Ooof. " Regardant vers le haut, elle sourit aux deux porteurs de la civière. " Merci... j'ai vraiment apprécié ce que vous avez fait, les gars. "

 

Les deux jeunes êtres de la forêt sourirent en retour et le plus proche tapota son épaule. " Tu peux nous payer avec des histoires, hein ? "

 

Gabrielle sourit de bon cœur. " Sûr. " Elle tapota son mollet et suivit la forme de Jessan qui se retirait vers la hutte de la guérisseuse.

 

Elaini regarda Jessan installer avec précaution la femme blessée sur l'une des paillasses de l'infirmerie, puis elle traversa la pièce vers lui et étudia la forme calme. " Alors, c'est elle, hein ? "

 

Jessan hocha la tête. " Oui, oui. "

 

La guérisseuse renifla en réfléchissant. " Plutôt grande pour une femme. "

 

" Je présume. Je n'en connais pas beaucoup. " Répliqua Jessan, se retournant lorsque Gabrielle entra. " Elaini, voici Gabrielle. Elle est... hum... "

 

" Un barde. " Finit Gabrielle en lui lançant un regard amusé, et en tendant une main vers la guérisseuse. " Bonjour. "

 

Elaini prit la main offerte lentement, et l'attrapa, les doigts sensibles détectant la force surprenante qu'elle trouva dans la prise, et également surprise par le pouvoir ferme dans les yeux vert clairs de ce... barde. Ainsi. " Ravie de te rencontrer, Gabrielle le barde. " Elle laissa traîner sa voix, relâchant le bras. " Désolée que tu aies eu un tel souci là-haut. "

 

" Merci. " Gabrielle sourit puis regarda derrière elle. " Jessan, aide-moi avec l'armure, veux-tu ? " Elle se tourna et lança un regard sévère à Arès. " Et toi, tu le laisses tranquille. OK ? "

 

" Rrr. " Arès gronda, trottant sous la paillasse sur laquelle se trouvait Xena pour se coucher.

 

Jessan hocha la tête et rejoignit le côté de Xena, soulevant la tête et les épaules de la guerrière, ce qui permit à Gabrielle d'accéder aux boucles à l'arrière et sur le côté. " Tu les as toutes ? " Demanda-t-il, notant son expression concentrée.

 

" Ouais.. tiens bon... Ooof. Ok, j'ai la dernière. " Elle soupira et relâcha l'armure, la soulevant doucement de la poitrine de Xena pour la mettre de côté, puis elle commença à s'occuper des bracelets.

 

" Dieux... cette armure de jambe est lourde comme c'est pas permis... " Murmura Jessan, lorsqu'il détacha les plaques. Il leva les yeux de nouveau vers Elaini, qui s'affairait avec un plateau de trucs de soins. " Comment peut-elle... oh, ça ne fait rien. C'est complètement magique de toutes les façons. "

 

Gabrielle leva les yeux de sa tâche et sourit. " Tu t'es rendu compte de ça toi aussi, hein ? " Elle fit glisser le bracelet et commença avec l'autre. " Je m'obstine à lui dire mais elle pense que je suis folle. "

 

Elaini vint vers eux et mit le plateau sur la petite table près de la paillasse, elle frotta les mains l'une contre l'autre brusquement. " Si vous avez fini tous les deux maintenant, je peux peut-être travailler. " Elle avança une main vers le bras de Xena, surprise lorsque Gabrielle tendit rapidement une main pour l'arrêter. " Quoi ? "

 

" Ecoute. " Dit le barde, sérieusement. " Ne fais pas de gestes aussi rapides... Elle a fait des allers-retours dans la conscience, et si elle revient au moment où tu l'agrippes, elle pourrait ne pas savoir que tu cherches à l'aider. " Ses yeux verts s'installèrent dans ceux d'Elaini avec une intensité dérangeante.

 

" Et ??? " Dit Elaini, essayant de ne pas rire. Que pensait-elle que cette humaine pourrait bien lui faire ?

 

" Je ne veux pas que quelqu'un soit blessé. " Répondit Gabrielle calmement. " Et tu pourrais... "

 

La guérisseuse gloussa. " Ecoute, dans sa condition, elle ne va blesser personne. Alors détends-toi et laisse-moi faire mon travail. "

 

Le barde n'enleva pas sa main. " Dans sa condition, elle a bougé un rocher aussi grand qu'elle. Je l'ai vue être presque inconsciente et tuer quelqu'un. " Sa voix plongea en tonalité mais monta en volume. " La première erreur de la plupart des gens est de la sous-estimer. Ne sois pas idiote, ok ? "

 

Elaini se fâcha, et secoua la main de Gabrielle. " Ecoute, je ne vous ai pas demandé de venir ici, ok ? Alors arrête les idioties et laisse-moi faire mon travail pour que je puisse aller dormir. " Elle se retourna avec une rugosité délibérée et avança de nouveau la main vers le bras de Xena.

 

Et elle se retrouva assise sur le sol, tenant son bras avec l'autre main, choquée. Elle n'avait pas eu le temps de voir la main qui l'avait attrapée, ni le coude qui l'avait frappée hors de sa chaise sur les planches de bois poussiéreuses. Elle leva les yeux d'étonnement et se trouva clouée sur place par deux yeux bleu glace brillants.

 

" Elle ne ment pas aux gens. " Dit Xena, combattant l'agonie absolue provoquée par l'utilisation de ses muscles abusivement douloureux pour marquer le point. Mais je crois que j'ai réussi, hmm ? Gabrielle, tu me le devras.

 

Gabrielle recouvrit du choc et s'appuya sur le bord de la paillasse, regardant sa partenaire affectueusement. " Prétentieuse. " Elle mit une main sur l'épaule de Xena et pressa doucement. Impossible, incroyable, impossible à croire... je vais devoir inventer des nouveaux mots pour la décrire.

 

Xena pencha la tête en arrière et regarda le barde avec un amusement lassé. " Après tout ce petit exposé de ta part, qu'étais-je supposée faire ? " Demanda-t-elle plaintivement en croisant les yeux du barde, sentant la chaleur entre elles. " Je dois assurer ma réputation, non ? "

 

Jessan s'assit lourdement sur le sol, secouant sa tête à la crinière dorée. " Je ne l'ai même pas vue bouger. Bon sang. "

 

Elaini se leva, et se mit debout au-dessus de la paillasse, étudiant sa patiente avec des yeux nouveaux. " Désolée pour ça. Je ferai attention la prochaine fois. " Elle s'installa de nouveau sur la chaise, avec précaution, et prit son morceau de lin et le nettoyant avec hésitation. " Hum... faut enlever ce cuir. "

 

Arès, en entendant la voix de Xena, était venu rampant de dessous la paillasse, et se souleva sur ses pattes arrières, posant ses pattes avant sur le bord du lit et regardant par-dessus. " Roo! " Il bascula d'une patte sur l'autre puis tenta de sauter sur la paillasse et perdit l'équilibre, glissant sous le bord et trébuchant sur le côté.

 

" Hé... " Xena laissa passer un petit rire. " Relève-le avant qu'il ne se blesse. " Elle regarda Gabrielle le repêcher de dessous la paillasse et le soulever près de la guerrière, où il roula, et mit ses pattes sur sa poitrine, lui léchant le visage. " Arès, arrête ça. " Xena soupira, incapable de rassembler l'énergie de le repousser. Gabrielle gloussa et le mit au bout de la paillasse, où il éternua mais se blottit contre les jambes de Xena avec un soupir de satisfaction, et s'endormit.

 

" Whoops... un signe que je dois partir. " Dit Jessan, se levant et se brossant les mains. " Xena, s'il te plaît, sois gentille avec ta guérisseuse. Elle ne te veut pas de mal... elle est juste un peu brusque . " Ignorant le regard furieux d'Elaini, lorsqu'il s'agenouilla et prit la main de Xena dans les siennes. " Porte-toi bien, mon amie. "

 

Xena pressa sa main et laissa un sourire tordre ses lèvres. " Merci, Jess. "

 

Il se leva, et alla vers Gabrielle qui s'était levée et l'étreignit. " Je reviendrai un peu plus tard avec de la nourriture pour toi, Rouquine. " Il murmura dans son oreille.

 

Gabrielle gloussa et lui donna un coup de poing. " Comment m'as-tu appelée ? " Elle siffla entre ses dents, agrippant la fourrure de sa poitrine et le tirant fortement. " Tu ferais bien d'y penser à deux fois. "

 

Jessan sourit et pointa le bout de sa langue vers elle. " Au revoir. " Il leur fit une révérence et se dirigea à grands pas vers la porte et l'obscurité derrière elle.

 

Gabrielle secoua sa tête d'un air d'irritation moqueuse, et elle fit le tour de l'autre côté de la paillasse, enlevant la charnière de l'épaule sur ce côté du cuir de Xena, s'arrêtant lorsque Xena lui fit un signe de tête. " Quoi ? "

 

" Coupe-les. " Murmura la guerrière avec un tressaillement. " Tu ne peux pas les avoir autrement. " Ses yeux croisèrent ceux de Gabrielle et le barde tressaillit à ce qu'elle y vit.

 

" OK. " Répliqua-t-elle doucement, levant les yeux vers Elaini silencieuse. " As-tu un... "

 

" La dague d'armure. " Xena l'interrompit calmement.

 

" Très bien. " Le barde se leva et alla à l'endroit où elle avait mis l'armure de Xena, elle extrait la dague de la cuirasse, la tenant avec précaution. Connaissant son tranchant mortel. Elle s'agenouilla de nouveau au côté de Xena, et avec un soin infini, elle trancha le cuir le long de la couture, bougeant le couteau acéré le long de la peau avec une précision infaillible. Et elle réalisa soudain qu'elle était probablement une des rares personnes au monde en qui la guerrière avait confiance pour faire ça. Qu'elle tenait la vie de Xena dans ses mains, parce que si elle choisissait d'utiliser cette lame très acérée contre la guerrière, il n'y avait aucun moyen pour Xena de l'arrêter.

 

Elle finit sa tâche et éloigna la combinaison en cuir du corps de Xena, retenant soudainement sa respiration à la vue du dommage révélé dessous. Même Elaini tressaillit à la vue du bleu sombrement marbré qui couvrait la guerrière de son sternum pratiquement jusqu'à ses hanches.

 

" Ow. " Gabrielle inspira, posant une main en sympathie sur l'épaule tendue de sa partenaire. " Pas étonnant que tu aies mal. "

 

Xena garda les yeux fermés. " J'ai été prise entre deux rochers, dès le début. " Ses yeux s'ouvrirent lentement et croisèrent ceux de Gabrielle, et le barde se laissa tomber près de la paillasse, et serra sa main. " Moche, hein ? "

 

Gabrielle lui fit un doux sourire. " Qu'est-ce qui pourrait bien être moche quand tu es concernée ? " Consciente de la soudaine expression étonnée d'Elaini au coin de son oeil. Whoops. Elle gloussa intérieurement.

 

Xena leva un sourcil vers elle, réalisant que le barde essayait de la distraire de ce qu'Elaini était en train de faire. Elle tourna la tête et jeta un regard vers la guérisseuse, ce qui pétrifia la femme alors qu'elle nettoyait une méchante éraflure sur l'épaule de la guerrière. " Détends-toi. " Elle soupira. " Je ne suis vraiment pas en condition pour tuer quelqu'un en ce moment. "

 

" Je m'y serais trompée. " Dit Elaini avec précaution, continuant à nettoyer l'éraflure en faisant attention. " Mais c'est... " Ses yeux glissèrent vers le bleu sur la poitrine de la guerrière.

 

" Ca saigne à l'intérieur. Je sais. " Répondit Xena, en prenant une inspiration tremblante. " Et tu ne peux rien y faire. "

 

" Non. " Répondit Elaini, fascinée. " Es-tu une guérisseuse ? "

 

" Parfois. Et si ceci ne m'a pas encore tuée, j'aurai probablement de la chance cette fois-ci. "

 

" Probablement. " Répliqua Elaini, en se détendant un peu. " Mais par les bottes mêmes d'Hadès, ça va être rudement difficile à guérir. "

 

" Je sais. " Xena soupira. " Merci de t'être occupée des éraflures. "

 

" Bien sûr. " Répondit doucement la guérisseuse. Je suis venue ici emplie de dédain envers ces gens. Maintenant je vois une humaine qui nous ressemble presque plus que certains d'entre nous. Pas étonnant que Jessan l'aime. Pas étonnant qu'elle ait gagné le cœur de chaque guerrier dans le campement. Quelle folle je suis. Ou j'étais.Secrètement, elle étudia le corps bronzé tout en travaillant le long de ce corps, la regardant cette fois avec les yeux d'une guerrière.

 

Et elle vit qu'ils n'étaient pas si différents après tout, à part la fourrure et quelques crocs.

 

Gabrielle plaça la couverture autour du corps de Xena, et plia les bords autour de ses épaules. Elaini avait fini sa tâche et elle les quitta calmement, après avoir posé une main en sympathie sur l'épaule de la guerrière. Elle s'attendait apparemment à ce que Gabrielle reste, parce qu'elle tira également un autre jeu de couvertures et le jeta sur la plus proche paillasse de celle où Xena était couchée, puis elle leur fit un signe de tête à toutes les deux et partit à petits pas par la porte la plus proche vers ses quartiers privés.

 

Xena avait oscillé entre la conscience et l'inconscience pendant un moment, et maintenant elle ouvrait les yeux et étudiait le visage du barde, lui faisant un demi-sourire las. " Journée pourrie. " Murmura-t-elle.

 

" Nous sommes toutes les deux ici à la fin. C'est tout ce que je demande à une journée. " Répondit Gabrielle, débouchant une outre pleine d'eau. " De l'eau ? " Elle tint l'outre contre les lèvres de Xena et lui lança un regard dur jusqu'à ce qu'elle ait fini au moins la moitié du contenu. " Brave fille. " Et elle fit un sourire penaud à Xena.

 

" Merci, M'man. " Murmura Xena en tordant un sourcil dans sa direction. Puis elle ferma les yeux et déglutit, mais elle ouvrit les yeux de nouveau et secoua un peu la tête. Bon sang. Trop serré à l'intérieur. Je le vois encore... Ok, Ok, Xena. Inspire profondément maintenant, tu n'es pas là-bas. Tu es dans la hutte d'une guérisseuse, au milieu du village de Jessan. Gabrielle est ici. Elle ferma les yeux mais le sentiment d'être perdue et seule ne diminuait pas. Ca prendrait du temps, elle le savait. Du temps qu'elle n'avait pas là maintenant. Bon sang.

 

Le barde posa l'outre et mit une main douce sur le bras de la guerrière. " Xena ? "

 

Les yeux bleus cherchèrent les siens et elle vit Xena déglutir de nouveau. " Ouais ? "

 

" Est-ce que ça va ? Je veux dire... à part... " Sa main fit un vague geste le long de son corps. Quelque chose... quelque chose ne va pas dans ses yeux.

 

Une longue pause, puis Xena cligna des yeux et elle inspira profondément. " Non. " Presqu'un murmure. " Je ne vais pas bien. " Elle bougea et regarda autour d'elle, puis de nouveau vers le visage de Gabrielle, qui était tendu d'inquiétude. " Chaque fois que je ferme les yeux... " Elle hésita. " Je suis de retour là-bas... et je ne peux pas... "

 

" Tu as besoin de dormir. " Le barde mordilla sa lèvre avec une expression inquiète. " Y a-t-il... puis-je t'apporter quelque chose, je veux dire... " Qu'est-ce que je fais ici ? Je suis perdue... maintenant je sais ce qu'elle ressentait quand nous étions à Potadeia. Dieux.

 

Xena étudia son visage pendant un long moment, puis son regard se tourna vers l'intérieur. " Ouais, il y a quelque chose. "

 

" Hmm ? Quoi ? " Elle prit la main de Xena dans les siennes et la pressa contre son coeur. " Tout ce que tu veux, tu le sais. "

 

Les doigts se serrèrent sur les siens, et tirèrent. " Viens ici. "

 

" Xena, tu es vraiment blessée... je ne veux pas... " Elle hésita, tiraillée entre ce que le ridicule que lui montrait le bon sens, et ce que son cœur avait désespérément envie de faire.

 

" S'il te plaît ? " Une requête calme. " Ca aiderait. "

 

" Je ne te ferai pas encore plus de mal ? " Demanda le barde inquiet, mais elle bougeait déjà.

 

Xena secoua la tête avec une force surprenante et attendit que le barde se niche avec précaution à son endroit habituel, avant de l'entourer d'un bras fatigué. Et ce fut merveilleux. " J'ai besoin de ça. " Murmura-t-elle, et elle entendit la respiration du barde s'arrêter lorsqu'elle plaça la couverture autour du corps de Gabrielle.

 

Gabrielle sentit le corps de sa partenaire se détendre, et elle regarda en l'air pour voir les yeux bleus se fermer et sa respiration diminua jusqu'à un rythme plus profond. N'importe quoi tant que ça marche, Gabrielle. Elle sourit intérieurement en sentant cette paix entre elles plonger dans sa propre conscience, et balayer doucement les horreurs de la journée. " Je crois que j'en ai besoin aussi. " Murmura-t-elle doucement, et elle sentit le bras qui entourait son corps se contracter un bref instant. " Repose-toi bien, mon amour. Laisse la magie en toi commencer son travail. "

 

" Pas la magie. " Dit Xena dans un souffle, sentant le sommeil l'emporter. " Juste ceci. "

 

Gabrielle y pensa, et comme elle laissait le sommeil la prendre également, elle sourit. " Ceci est de la magie. " Marmonna-t-elle, se laissant aller dans la chaleur avec un soupir de satisfaction.

 

Et le silence tomba sur une pièce éclairée par une torche, sous l'ombre d'une vieille forêt, et la lumière d'un ciel étoilé.

 

Chapitre 18

 

Wennid bâilla tout en posant la grande tasse fumante sur la table et se tourna pour saluer son compagnon alors qu'il passait la porte. " Alors. " Dit-elle en enroulant ses bras autour de son corps. " Je crois deviner que vous avez réussi ? "

 

" Oh Ouais. " Lestan soupira en lui rendant son étreinte, la tirant plus près vers lui et savourant l'intense connexion entre eux. Nous l'avons sortie de là. "

 

Wennid le relâcha et le poussa dans la chaise la plus proche. " Raconte-moi ce qui s'est passé. "

 

Et il le fit, regardant ses sourcils se lever de plus en plus haut au fur et à mesure du récit. " Je sais que c'est difficile à croire. Mais elle l'a fait... et... " Il continua, regardant son sourire afficher la fierté lorsqu'il mentionna les attaques héroïques de Jessan contre les rochers. " C'était vraiment fantastique. "

 

Wennid glissa ses bras autour de son cou et posa son menton sur sa tête alors qu'il sirotait le thé aux herbes chaud. " On dirait. " Songea-t-elle en flottant dans la lumière dorée de leur lien. " Comment va-t-elle ? " Xena était un sujet douloureux pour Wennid. Une moitié d'elle-même éprouvait une admiration et une affection à contrecœur pour la femme, l'autre moitié avait du mal à oublier la destruction totale de deux villages voisins par l'armée de Xena.

 

Lestan resta calme pendant un moment, puis se tourna à demi et attira Wennid sur ses genoux, il la berça, amenant ses yeux dorés en contact avec les siens. " Elle va aller très bien, je pense... mais mon amour... ce que tu as ressenti la dernière fois qu'elles étaient ici, est réel maintenant. "

 

" Non. " Wennid murmura, le fixant. " Ce n'est pas possible. "

 

" Ca l'est. " Dit Lestan en l'étreignant. " Regarde par toi-même, Wenni. " Il frotta sa joue contre elle. " C'est si fort... j'avais peur, mon amour, très peur que nous n'arrivions pas à temps et que cette pauvre jeune fille... "

 

" La conteuse ? " Dit Wennid avec un soupir.

 

" Oui. " Son compagnon frotta son museau contre elle. " Est-ce que cela te fait tant horreur que ça, Wenni ? "

 

Elle soupira et pinça son oreille. " Elles, non. Je les aime presque. Ou plutôt... j'aime bien le barde, et si j'y travaille, je pourrais apprécier Xena. " Elle tourna des yeux songeurs vers lui. " Lesi, je ne veux pas partager ceci avec leur race. C'est quelque chose qui nous appartient, et bon sang, je ne veux pas qu'ils le connaissent. Ils ont tant... nous avons si peu... "

 

" Augh. " Il laissa passer un grondement traînant, en se levant et la berçant avec son bras valide. " Des lapins dans un collet n'ont pas le choix de la mort, mon amour. Elles ont le don... Il nous incombe de le leur apprendre. "

 

" Ca ne me plaît toujours pas. " Wennid grommela. " Mais je suppose que tu as raison. "

 

" J'ai souvent raison. " Dit Lestan avec un rire satisfait alors qu'il la portait vers leurs quartiers.

 

Chapitre 19

 

Il fallut un long moment de désorientation avant que Gabrielle ne réalise où elle se trouvait le matin suivant. Puis le souvenir afflua et elle ferma les yeux, laissant sa tête retourner à sa place reposante sur l'épaule de Xena.

 

Un long soupir, puis elle ouvrit les yeux et étudia le visage de sa partenaire avec anxiété. La respiration de Xena semblait meilleure ce matin, plus profonde, et ses traits avaient repris un peu de couleur; ce qui encouragea le barde.

 

En même temps que le fait que le bleu pénible sur son visage semblait diminuer également, un processus qui avait toujours provoqué un certain étonnement chez Gabrielle. Je l'ai presque perdue. C'était si près. Un nœud se forma dans sa gorge, et elle déglutit avec effort. Merci aux dieux pour sa volonté bornée.

 

Un petit sourire se forma sur ses lèvres, malgré tout, et elle laissa sa main se détendre contre les côtes de Xena, qui étaient pratiquement sans marques grâce à son armure. Elle sentit le battement de cœur régulier contre sa paume, et le mouvement égal de sa respiration, dont le rythme suivait celui de Gabrielle.

 

C'est tellement... étrange, songea le barde, paresseusement. Mais nous faisons toujours ça, maintenant. Je me demande si... Elle amena son autre main vers son cou et sentit le pouls. Oh. Wow. C'est une découverte intéressante, surtout si on pense que nos corps sont si différents. Nos battements de cœur correspondent. Comme c'est sympa.

 

" Qu'est-ce qui ne va pas ? " La voix douce lui parvint de dessus sa tête.

 

" Oh... bonjour. " Répondit Gabrielle, en levant les yeux. " Comment te sens-tu ? "

 

Xena réfléchit brièvement sans répondre, puis soupira. " Pas terrible. " Elle bougea sensiblement, et se mordit la lèvre pour ne pas crier. Oh, là ! Ce n'est pas bon. En grimaçant, elle étira tous ses muscles, ignorant la douleur lancinante qui accompagnait le mouvement, jusqu'à ce que celle-ci diminue un peu, et elle se sentit un peu plus optimiste.

 

" Plutôt raide. " Dit-elle, en s'étirant de nouveau, cette fois avec de meilleurs résultats. " Ca m'apprendra à rester immobile aussi longtemps. "

 

" Vraiment ? " Dit Gabrielle, en regardant le processus avec intérêt. " J'ai une idée. " Elle s'assit et en évitant avec précaution les éraflures toujours à vif, elle commença à malaxer le cou et les épaules de sa partenaire, puis elle continua sa tâche en descendant.

 

Xena ferma les yeux et se soumit aux mains expertes du barde, un petit sourire sur les lèvres.

 

" Ça va mieux ? " S'enquit le barde lorsqu'elle eut fini, et s'était réinstallée au côté de Xena.

 

" Mmmm. " La réponse fut paresseuse. " Tu as vraiment un talent pour ça. "

 

" Vraiment ? " Gabrielle sourit au compliment inattendu. " Et bien, il faut que je continue à m'entraîner, alors. "

 

" Quand tu veux. " répliqua Xena, passant paresseusement les doigts dans les cheveux de Gabrielle à la manière d'un peigne... puis elle gratta légèrement la nuque du barde.

 

Gabrielle ferma les yeux et laissa sa tête tomber en avant, chantonnant de ravissement. " J'aime quand tu fais ça. "

 

" Je sais. " Xena sourit, et continua, amenant le barde à s'effondrer près d'elle dans un abandon total. " Regarde-toi... Une vraie boule de plaisir. "

 

Gabrielle roula sur elle-même et captura doucement sa main, effleurant les phalanges avec ses lèvres. " C'est toi qui me rend comme ça. " Dit-elle, puis elle rougit. " Euh... je veux dire... "

 

Xena éclata de rire puis le regretta immédiatement. " Bon sang. " Elle jura en se tenant l'estomac.

 

Gabrielle lui attrapa les bras et la maintint fermement pendant qu'elle reprenait sa respiration. " Doucement... doucement... " Dit-elle, en regardant la frustration et l'agacement se chasser l'un l'autre sur le visage de sa partenaire. Finalement, Xena prit une inspiration et la laissa sortir avec précaution, et Gabrielle la relâcha. " Je sais que tu as horreur de ça. "

 

" Ouais. " Répliqua la guerrière, bougeant avec précaution en fermant les yeux contre l'agonie lorsqu'elle essaya de soulever son corps.

 

" Hé... hé... "Gabrielle protesta, posant une main douce avec précaution contre l'épaule de Xena. " Vas-y doucement, OK ? "

 

Xena continua en grimaçant, jusqu'à ce qu'elle soit appuyée contre le bord incliné de la paillasse, levant sa tête au-dessus du niveau de son corps. " Il le faut. " Elle dit cela d'un ton haletant, se jetant contre la surface capitonnée pour attendre que les vagues de douleur diminuent. " Dieux. " Mais elle avait atteint son objectif, qui était d'éviter d'être à plat. " Mauvaise idée. " Elle souffla une longue expiration, et ouvrit les yeux pour voir une expression très inquiète sur le visage de Gabrielle.

 

" Non... mauvaise idée de rester à plat trop longtemps. " Expliqua-t-elle. " Les poumons se remplissent, particulièrement avec ce genre de blessure. "

 

" Oh. " Le barde déglutit. " Je suis contente que tu saches ce que tu fais. " Elle plaça la couverture autour de la forme maintenant à demi inclinée de Xena. " J'aimerais juste pouvoir... " Elle s'interrompit. " Bref, as-tu soif ? Que penses-tu d'essayer du bouillon ou quelque chose d'autre ? " Elle leva les yeux vers les doigts de Xena emmêlés avec les siens. " Hmm ? "

 

" Je ne peux pas prendre ce risque encore. " Répondit la guerrière, avec une grimace. " Je ne suis pas sûre de ce qui est vraiment cassé là-dedans. " Par ailleurs... ça fait si mal que je pense que je vomirais si j'essayais... et ça ferait encore plus mal. Elle haussa les épaules. " Peut-être que si ça va ce soir, j'essaierai le bouillon. "

 

Gabrielle se leva, et reprit l'outre d'eau, marchant vers le bassin profond à l'arrière du cottage pour la remplir. Elle jeta un coup d'œil par la fenêtre au village éclairé par l'aube naissante, et elle nota le début des activités matinales. Comme n'importe quel village, songea-t-elle, mais celui-ci avait un air différent pour ça. Elle se tourna et regarda Xena, et elle sentit son cœur se serrer à l'expression d'agonie sur son visage. Revenant vers la paillasse, elle s'installa sur le bord, et glissa un bras autour des épaules de Xena, massant légèrement le dos. " Ça te fait vraiment mal, hein ? "

 

Xena prit une longue gorgée d'eau avant de répondre. " Ouais. " Elle l'admit enfin, baissant sa garde. " Très mal. " Et elle se permit de laisser tomber sa tête et de la reposer brièvement sur l'épaule du barde, absorbant le toucher compatissant de la main de Gabrielle contre sa joue, et les mots d'encouragement murmurés, avec une calme gratitude.

 

Puis elle prit une profonde inspiration, réinstalla sa tête contre la paillasse, et elle lança un regard vers Gabrielle. " Toi, d'un autre côté, tu as besoin de manger quelque chose. " Elle dressa un sourcil vers elle. " Tu n'as rien pris depuis hier soir, n'est-ce pas ? "

 

'Hum... " La réponse fut hésitante. Elle était inconsciente. Comment par Hadès, peut-elle savoir ça ? " Non, et bien, j'ai... tu étais... euh... non. "

 

" C'est bien ce que je pensais. " Remarqua Xena. " Allons. Ça ira. Notre aimable guérisseuse va se lever et traîner par ici d'ici quelques minutes. "

 

" Tu essaies de te débarrasser de moi ? " Gabrielle la taquina, sachant ce qu'elle faisait. " Ça ne marchera pas, Xena. J'ai un contrat signé qui dit que je suis autorisée à me faire un sang d'encre à ton sujet, et il y a une clause spéciale qui me donne le droit de saigner quand tu te coupes. "

 

" Oh vraiment ? " Xena gloussa, puis tressaillit. " Aïe. " Elle soupira. " Merci d'être restée tout près la nuit dernière. " L'obscurité n'a aucune chance contre la lumière que tu apportes, Gabrielle... je me demande si tu le sais. " Tu as chassé les lutins. "

 

Gabrielle rit. " Oh, comme si c'était difficile. " Elle secoua la tête d'un air amusé. " Ça a aidé ? "

 

" Oh oui. " La guerrière hocha la tête et sourit. " J'ai dormi comme un bébé. "

 

" Hmm. " Songea Gabrielle. " Moi aussi... tu penses que nous nous faisons cet effet l'une l'autre ? "

 

Xena haussa les épaules et y réfléchit pendant une minute. " Peut-être. Ouais... je le pense... Je sais que c'était bien plus difficile pour moi de dormir lorsque tu étais avec les Amazones. " Ses lèvres se tordirent. " C'est l'autre raison pour laquelle je passais la moitié de la nuit à m'exercer... Ça me fatiguait tellement que je pouvais juste... En tout cas, il faudra que j'en parle à Lestan. "

 

Le barde se tranquillisa et se blottit contre le côté de Xena, nouant ses bras avec les siens en soupirant. " C'était pareil pour moi. Ah si j'avais pu penser à m'exercer... mais j'étais juste si... je ne sais pas... mentalement fatiguée, je présume. Je me couchais et je me mettais à penser. "

 

" Ouais. " Xena approuva doucement.

 

" Et puis je ne pouvais plus m'arrêter de penser. " Gabrielle continua.

 

" Ouais. " Une autre approbation pensive de la guerrière.

 

" Surtout à toi. " Le barde soupira, levant les yeux avec ce qu'elle était sûre d'être un sourire très idiot.

 

Elle reçut exactement ce sourire en retour. " Je suis contente de ne pas avoir été la seule, alors. " Elle rougit un peu. " Je me demandais toujours un peu ce que tu étais en train de faire. "

 

Gabrielle hocha la tête. " Oui, oui. " Elle sourit un peu. " Tu me manquais tellement, ça... Dieux, ça faisait mal... je voulais... juste te voir. T'entendre. " Ses doigts traînèrent le long du bras de Xena. " Sentir ta main sur mon épaule. "

 

Xena hocha la tête et soupira. " Ouais. "

 

" Puis, c'était si miteux... et lorsque tu... tu es apparue au moment même où je pensais que le pire de tout était que je n'aurais jamais la chance de... je veux dire, nous n'avions jamais vraiment parlé de ça avant, Xena. " Elle posa sa joue sur le bras de la guerrière. " Au sujet de, et bien, nous. Je pense que nous savions toutes les deux qu'il y avait quelque chose... " Elle jeta un regard vers sa partenaire, qui hocha la tête et sourit. " Vrai... mais nous n'avons jamais... alors, j'étais là, sur le point d'être tuée, et c'est ce à quoi je pensais. "

 

" Moi, je ne pensais pas. " Dit Xena, en prenant une profonde inspiration avec précaution. " Tout ce que je pouvais voir était cette flèche. Et toi. Et je ne sais toujours pas comment j'ai réussi à arriver à temps. "

 

" Cait a dit que tu étais comme une force que rien ne pouvait arrêter. Elle a dit qu'elle pouvait à peine te voir, parce que tu bougeais si vite, c'était comme un brouillard pour elle. " Répliqua Gabrielle, regardant Xena cligner des yeux de surprise. " Et c'est ce que c'était pour moi - juste un brouillard. Mais je savais que c'était toi. "

 

" Je t'ai entendue. " Murmura Xena, pensivement. " Tu m'as appelée. "

 

" Et puis... après. " Son visage passa au rouge. " Je ne sais pas à quoi je pensais... Je ne... j'aurais dû te demander... j'étais juste diablement contente de te voir, et je me suis arrêtée de penser et j'ai juste... "

 

" Je sais. " Xena sourit. " Bon endroit, bon moment. Fin de l'histoire, Gabrielle. "

 

" Vraiment ? " Demanda Gabrielle avec un sourire malicieux.

 

" Vraiment. " Confirma Xena. " J'en ai aimé chaque instant. Et je peux encore sentir la pluie tomber sur moi, et le vent hurler, et le tonnerre, et elle dans mes bras, et ce baiser... " C'est un de mes souvenirs préférés. "

 

" Oh. " Gabrielle soupira d'aise. " Bien, parce que c'est l'un des miens aussi. "

 

" Vraiment ? " Xena laissa traîner sa voix, avec un soupçon de sourire espiègle.

 

" Mmm, mmm. " Répondit Gabrielle, en hochant la tête. " Si seulement... oh. " Le contact des lèvres de Xena sur les siennes envoya un frisson dans tout son corps comme rien d'autre sur terre ne le faisait. " Il faut que je m'assure que ma mémoire est bonne... " Murmura-t-elle en glissant les bras autour du cou de Xena, en faisant attention de ne pas tirer la guerrière blessée trop fort.

 

Un son à la porte les fit se séparer, mais seulement jusqu'à ce que leurs deux respirations soient épuisées. Gabrielle fit courir ses doigts le long de la pommette de Xena et sourit paresseusement. " On continuera ça plus tard-, hein ? "

 

Xena captura les doigts capricieux dans ses dents blanches comme l'éclair, et mordit gentiment, passant sa langue sur le bout sensible et regardant la rougeur profonde grimper depuis le cou de Gabrielle vers son visage. Elle relâcha la main du barde lorsque le bruit à la porte se fit plus fort, et elle s'amusa du combat de sa partenaire pour garder une expression digne.

 

" Toi, tu es mauvaise. " Gabrielle relâcha la respiration qu'elle retenait.

 

" C'est ce qu'on dit. " Xena traîna la voix avec un sourire narquois.

 

Elles levèrent toutes les deux les yeux lorsque Elaini entra à pas nonchalants, leur faisant un signe de la tête. " 'Jour. " Puis elle s'arrêta et cligna des yeux vers elles. " Oh, désolée... " Elle commença puis s'arrêta, puis cligna de nouveau.

 

Xena leva calmement un sourcil vers elle et essaya d'ignorer les rires silencieux de sa partenaire. " Un problème ? " Demanda-t-elle fraîchement.

 

Elaini inspira une fois, puis une seconde fois. " Hum. Non, je n'avais simplement pas... bon sang, ce Jessan, je vais le tuer. Il... pas grave. " Elle s'éclaircit la voix. " Recommençons, ok ? Bonjour. "

 

" Bonjour. " Répliqua Xena, poussant le barde du coude. " Va chercher ton petit déjeuner, toi. "

 

Pendant un instant, il sembla que Gabrielle voulait se rebeller, mais son estomac la trahit en grognant, ce qui lui valut un rire d'Elaini et un sourire connaisseur de Xena.

 

" Très bien... très bien... j'y vais. " Le barde soupira, roulant hors de la paillasse et attirant l'attention d'Arès, qui la suivit dans la petite zone réservée au bain. Elle s'envoya de l'eau à la figure, et frotta ses bras, s'essuyant avec un morceau de lin de leur équipement. Puis elle jeta un regard vers le bas et se rendit compte qu'elle ferait mieux de se changer - le sang allait probablement distraire tous ceux qu'elle rencontrerait.

 

Elaini s'installa sur la chaise près de la paillasse, et prit ses affaires. " Il vaut mieux qu'on s'occupe de ces éraflures. " Dit-elle, puis elle s'interrompit. " OK ? "

 

Elle reçut un sourire bizarre de Xena, qui décida qu'elle aimait cette guérisseuse honnête et brusque. " Bien sûr. "

 

" Tu as l'air d'aller bien mieux ce matin. " Mentionna Elaini. " Comment va l'estomac ? "

 

Xena réfléchit à sa réponse. " Mieux que je ne pouvais raisonnablement m'y attendre. "

 

L'être de la forêt leva les yeux. " Ça doit te faire très mal. "

 

La guerrière sourit. " Plus ou moins. " Elle regarda vers l'endroit où Gabrielle attachait sa tunique. " Mais j'essaie de garder ça pour moi. "

 

Elaini suivit son regard et hocha la tête, puis elle s'interrompit, et une expression étrange vint sur son visage sauvage. Non... ça ne peut pas être... Mais aussi près de Xena, et bien réveillée maintenant, elle pouvait sentir... Ses yeux se fermèrent, lorsqu'elle étendit sa Vision... et s'arrêta presque de respirer. Non... ce n'est pas possible.Ses yeux s'ouvrirent d'un coup et elle fixa la guerrière, qui retourna le regard dans un silence étonné.

 

" Ça va les filles ? " Gabrielle vint vers l'autre coté de la paillasse et regarda la guérisseuse avec un peu d'inquiétude. " Hello ?? " Qu'est qu'il y a avec elle ? Elle a l'air d'avoir vu un fantôme. " Elaini ? "

 

" Aviez-vous... avez-vous... " La guérisseuse commença puis s'arrêta. " Est-ce que Jessan... "

 

" Est-ce que Jessan quoi ? " La voix mâle profonde vint de derrière elle.

 

Elaini se leva et leur fit un sourire pincé. " Excusez-moi une minute. " Et elle se retourna, attrapant Jessan par la fourrure de sa poitrine pour le tirer vers ses quartiers.

 

" Hé ! Arrête ça ! Tu aurais pu juste demander. " Murmura Jessan alors qu'il la laissait le tirer dans la pièce et fermer la porte.

 

" Elles sont Liées ! " Elle siffla entre ses dents, sans relâcher la fourrure.

 

" Ouais, je sais. " Répondit Jessan avec une expression tranquille. " Maintenant, lâche-moi. "

 

Elaini le secoua. " Tu savais ??? Et tu ne me l'as pas dit ? Par le sang d'Arès, Jessan. Et si elle n'avait pas survécu cette nuit ? " Elle bouillonnait. " Comment étais-je supposée savoir ? Je ne savais même pas que les humains avaient cette capacité... es-tu idiot ou quoi ??? " Elle le frappa fortement. " Tu sais qu'il y a des choses que je dois faire, que je dois préparer pour ça, bon sang. "

 

Jessan mit les mains sur ses hanches, et la regarda de haut. " Comment étais-je supposé savoir que tu ne te donnerais pas la peine de les Regarder ? Qu'est-ce qu'il y a, tu ne pensais pas que les humains valent qu'on prenne le temps de les Regarder ? " Sa voix grimpa. " Ouais, je savais, et Père savait, et ma mère sait maintenant, et tous ceux qui étaient sur cette montagne savent, parce que lorsque nous l'avons enfin sortie de là, et que les deux se tenaient ensemble, n'importe qui avec le moindre soupçon de sensibilité avait ses sens presque aveuglés. " Il leva les mains au ciel. " Alors, lâche-moi un peu, d'accord ? "

 

Un coup poli à la porte.

 

" Quoi ? " Les deux crièrent en même temps.

 

La porte s'ouvrit et Gabrielle passa sa tête blonde, les étudiant avec un intérêt froid. " J'ai été chargée de vous dire que si les cris ne s'arrêtent pas, nous allons pouvoir nous rendre compte si quelqu'un avec une hémorragie interne peut encore... " Elle se tourna et regarda Jessan. " Et je cite là 'te botter le derrière'. " Elle s'interrompit. " Fin de citation. "

 

Le silence.

 

Ils se regardèrent puis regardèrent Gabrielle.

 

" Désolé. " A l'unisson.

 

" Mmm... Gabrielle... ça te dit d'aller prendre le petit déjeuner ? " Dit Jessan, contournant la forme renfrognée d'Elaini.

 

" J'adorerais ça, merci. " Le barde sourit et prit son bras. " Maintenant ce serait parfait. " Il la dirigea vers la porte.

 

Elaini les regarda partir et renifla d'irritation en revenant vers la pièce principale. Xena avait les yeux à moitié fermés, mais ils s'ouvrirent à son approche avec une expression légèrement amusée.

 

" Tu peux vraiment ? " Demanda Elaini en se rasseyant sur la chaise.

 

" A ton avis ? " Répliqua Xena en lui faisant un sourire maladif.

 

Elaini l'étudia attentivement. " Je pense que je veux te guérir, Xena la Princesse Guerrière, parce que je paierais pas mal de dinars pour avoir le privilège de te regarder, comme tu as dit, lui botter le derrière. "

 

Les deux sourcils noirs se dressèrent à ça. " Je verrai ce que je peux faire. "

 

La guérisseuse hocha la tête et continua avec sa tâche, volant des regards occasionnels vers le visage calme de Xena. " Désolée d'avoir donné du souci à ta compagne de vie hier. "

 

Xena la fixa, étonnée.

 

" Quoi ? " Dit Elaini en remarquant le regard. " Tu as... je veux dire... oh, bon sang... tu savais, n'est-ce pas ? " Et si elle ne savait pas... je vais trouver Jessan et le fourrer dans une bûche creuse. " Dis-moi que tu savais. "

 

 

 

" Oh... et bien, ouais. " Murmura Xena, le front agrandi. " Je n'ai juste jamais... " Ne l'ai jamais entendue... pensé à elle... en ces termes auparavant. Mais c'est comme ça qu'ils appellent ça, je présume. Si c'est bien la même chose, ce dont je doute encore. Je sais... qu'il y a quelque chose. Mais ce que c'est... peut-être juste l'amour qu'éprouvent deux personnes l'une pour l'autre. Est-ce que ça ne suffirait pas ? Elle soupira pour elle-même. Très bien, j'arrête de mentir. Elle est allée dans des endroits si profonds dans mon âme que je sais que je ne pourrais pas survivre sans elle. J'ai plongé dans l'obscurité... Sans sa lumière. Alors... cela pourrait-il être mutuel ? Qu'a-t-elle besoin de moi en dehors d'une main forte pour la protéger et une oreille attentive pour ses histoires ?

 

La guérisseuse arrêta ce qu'elle faisait et regarda sa patiente. " Tu ne sais vraiment pas de quoi il s'agit, hein ? "

 

Xena soupira. " Non. " Un léger haussement d'épaules. " C'est pourquoi nous étions en route pour vous voir. " Elle bougea légèrement et retint sa respiration à l'arrivée de la vague de douleur. Ca commence à me chauffer les nerfs. Pas un bon signe.

 

Elle sentit une main sur son épaule et leva son regard pour rencontrer celui d'Elaini. " Je sais. " Elle devança les mots de la guérisseuse alors que la femme inspirait pour parler. " Je ne devrais pas bouger. Je ne devrais même pas prendre une profonde inspiration. Mais Gabrielle te dira que je suis la pire patiente du monde. "

 

Elle se souvint soudain et de manière très précise, de la dernière fois qu'elle avait dû succomber à une maladie, une fièvre qui avait grandi au cours des jours, et finalement était devenue trop mauvaise pour qu'elle l'ignore le soir au campement.

 

Gabrielle avait été agacée par elle toute la journée, mettant son étroitesse d'esprit et son manque d'humour sur le compte d'une quelconque mauvaise humeur, et elle essayait sans succès de démêler ça. Pourquoi n'avait-elle pas simplement dit à Gabrielle qu'elle était malade... Xena soupira. Parfois elle se laissait emporter par cette routine du guerrier stoïque, elle le savait. Ça avait été une de ces fois-là.

Le camp était prêt, et Gabrielle avait préparé de la soupe ou autre chose pour le dîner, mais la simple odeur de cuisine lui donnait la nausée et elle se rendait compte que la fièvre empirait par les frissons en cascade qui faisaient trembler ses mains et la mettaient pratiquement à genoux. Elle s'était laissé tomber le long du tronc d'un arbre proche et était assise avec le dos contre, regardant Gabrielle marcher vers elle, sachant que le barde disait quelque chose, mais incapable d'enrouler son esprit autour des mots.

" Xena ?! " Le barde avait finalement parlé de manière très acérée, en mettant les mains sur ses hanches. " Est-ce que tu m'ignores pour une raison précise, ou juste de manière générale ? " Son front était tiré de colère. " Tu l'as fait toute la journée, et j'aimerais savoir au juste quelle petite infraction au code de la Princesse Guerrière j'ai commise cette fois, comme ça je pourrai l'écrire. "

" Gabrielle. " Elle s'était à peine entendue parler, et sa voix semblait venir d'un endroit plutôt distant. Cela arrêta le barde au milieu de la phrase. " Arrête... de crier... s'il te plaît. " Elle respirait difficilement. " J'ai mal au crâne. "

Et la dernière chose dont elle avait connaissance, c'était la main de Gabrielle sur son front, et le juron murmuré du barde. " Bon sang, Xena... Pourquoi n'as-tu rien dit ? Tu es brûlante, nom de Zeus. "

Elle avait marmonné quelque chose en retour et le barde avait soupiré. Puis elle était partie et revenue après un très court instant, et Xena était consciente de la confortable texture de son manteau de laine posé gentiment autour d'elle. Mais elle n'était pas sûre de savoir si elle préférait la sensation du manteau ou celle des mains de Gabrielle sur elle... et dans le brouillard fiévreux, elle savait qu'elle avait aussi dit quelque chose qui avait laissé ces mains s 'arrêter un très long moment avant de continuer leur tâche. Elle souhaitait se souvenir de ce que ce quelque chose était.

Qu'importe. Gabrielle avait fini de l'enrouler dans le manteau et était partie vers le feu, puis était revenue et s'était installée tout contre la forme frissonnante de Xena. Elle avait enroulé ses bras autour du corps de la guerrière et l'avait tenue alors que la fièvre la prenait dans des alternances de froids glacials et de sueurs moites. La nuit avait été un cauchemar, mais la seule chose dont Xena s'était réellement souvenue était comme il avait été merveilleux d'être tenue par le barde. Elle avait baissé sa garde et s'était abandonnée au doux soutien de Gabrielle, se réveillant avec ses sensations revenues, toujours blottie dans les bras du barde endormi.

Et elle avait pris à bras-le-coprs ses instincts hurlants qui exigeaient qu'elle prenne de la distance et les avait fourrés au plus profond d'elle-même, et elle était restée là jusqu'à ce que les yeux de Gabrielle clignent encore endormis et regardent les siens.

" Merci. " Avait dit Xena, avec un sourire fatigué. Une autre barrière de tombée. Et elle avait commencé à se lever, se disant qu'elle devait écraser sa pauvre amie.

Gabrielle avait à peine resserré sa prise, et Xena avait ressenti la soudaine accélération de son battement de cœur. " Tu n'es pas bien là ? "

Les yeux bleus avaient croisé les verts, dans la lumière rosée de l'aube. " Si. " La réponse avait glissé de son cœur rebelle.

Gabrielle avait fermé les yeux et enroulé les bras plus forts, jusqu'à ce qu'elle sente le corps de Xena céder et se détendre de nouveau. " Moi aussi. Alors retourne dormir. "

Contre son meilleur jugement, elle l'avait fait, cédant à son corps qui réclamait insidieusement avec un sentiment distinct de perdre le contrôle de quelque chose. Et, alors que la vague chaude de satisfaction s'enroulait autour d'elle, elle se rendit compte qu'elle s'en fichait pas mal.

 

Xena sentit un sourire tirer ses lèvres au souvenir, et avec un regard vers Elaini, elle mit délibérément les mains sur la paillasse, ignorant les dagues dans sa direction et s'installa de nouveau plus confortablement contre la tête de la paillasse.

 

Elaini regarda ça avec une expression curieuse. " Tu n'es pas du tout ce à quoi je m'attendais. "

 

Xena lui lança un regard las et amusé. " Si j'avais un dinar à chaque fois que j'entends ça, je pourrais acheter Athènes. " Elle déglutit et ferma les yeux.

 

Une main couverte de fourrure bougea vers sa tête et sentit gentiment le front. " Tu as de la fièvre. " Elle ressentit un élan totalement inattendu de compassion pour cette humaine dont l'étrangeté commençait à lui paraître de plus en plus familière.

 

Là, le visage de Xena devint sérieux. " Je sais. " Elle avait senti le début des frissons avant que Gabrielle ne parte. Bon sang. J'espérais éviter ça.

 

" Je peux faire une infusion de... " Elaini commença, se tournant vers ses affaires.

 

" Non. " Répondit la guerrière, calmement. " La fièvre est là pour une raison. Dans ce cas... probablement une bonne. " Sachant que quels que soient les dégâts causés à son corps, celui-ci générait une réaction des défenses de son corps, et elle avait beaucoup de respect pour ça. " Ça ira. " J'espère. Si la fièvre n'échappe pas à tout contrôle.

 

La guérisseuse l'étudia, remarquant les lignes tendues par la douleur sur son visage, et la faible lueur de ses yeux bleus brillants. " Je l'espère aussi. As-tu une idée de ce qui se passera si ce n'est pas le cas ? " La voix d'Elaini était très douce.

 

La réponse habituelle monta à ses lèvres, que Gabrielle serait malheureuse, bien sûr, mais qu'elle survivrait, elle était forte. Plus forte que Xena elle-même. C'était une pensée qui l'avait consolée plus d'une fois face au danger, lorsqu'elle risquait sa vie pour un millier de raisons différentes. La réponse vint à ses lèvres, oui, mais s'arrêta là.

 

Est-ce que c'était encore vrai ? Xena cligna des yeux vers la guérisseuse. " Je ne sais pas... ce que tu veux dire. Nous affrontons le danger sans arrêt. Toutes les deux. "

 

Elaini laissa tomber son regard vers le sol, puis étudia ses mains immobiles, qui reposaient calmement l'une dans l'autre, striées du nettoyant doré clair. Comment peut-elle ne pas savoir ? Est-elle aussi habile à se mentir à elle-même ? Ou me ment-elle juste à moi... " Je pense que tu sais que c'est faux. " Et elle leva ses yeux dorés tachetés de rouge pour croiser ceux de Xena.

 

Et elle vit, dans ces étranges portails colorés de l'âme une vérité que la guerrière hésitait à prononcer. Elle savait. C'était ce savoir qui l'avait amenée, si Jessan avait dit la vérité au sujet de ce qu'elle avait Vu, à tenir la mort à distance, et qui la garderait en vie, avec toute la force de sa volonté, apparemment très puissante, sans tenir compte des obstacles devant elle. " Je sais que tu le sais. " Ajouta-t-elle, se sentant accrochée et retenue par ces yeux. " Tu devrais essayer de te reposer. "

 

Xena hocha un peu la tête, tirant la couverture soyeuse plus près sur ses épaules en réflexe, lorsqu'un frisson de froid la parcourut. " Probablement une bonne idée. "

 

Elaini tapota son épaule puis se leva et marcha doucement vers la porte, se retournant pour regarder sa patiente en s'arrêtant dans l'entrée. Elle la vit prendre une profonde inspiration et laisser sa tête retomber contre le bord capitonné de la paillasse, une expression de patience résignée passant sur son visage. Pas si différents après tout, songea la guérisseuse, secouant la tête, passant la porte pour entrer dans la lumière du soleil.

 

Xena l'entendit partir, et elle se rendit compte qu'elle était seule pour la première fois depuis... son esprit éloigna de la pensée. Oh, oh. C'est pas bon. Avec entêtement, elle reconcentra ses pensées sur ce qui s'était passé le jour précédent, mettant de côté la vague nauséeuse de peur sombre qui venait avec elles.

 

Ok... ok... J'ai failli mourir. Le brusque choc trembla au-dessus d'elle et elle le laissa passer. J'aurais dû mourir. Il n'y avait plus d'air dans ce petit, minuscule... Whoa. Il vaut mieux repousser ça pendant un moment. La sueur commença à couler sur son front et elle sentit les murs se rapprocher. Elle ferma les yeux et prit plusieurs inspirations, sans laisser la vieille terreur prendre le contrôle. Je peux maîtriser ça. Je l'ai fait avant. Allez, arrête un peu..

 

Ça diminua un moment après et elle soupira de soulagement. Ainsi j'aurais dû mourir. Pourquoi ne l'ai-je pas fait ? Les dernières minutes où elle avait été piégée étaient trop brumeuses pour qu'elle puisse voir clairement dans son souvenir... mais elle se souvenait avoir été en colère. En colère parce que la mort semblait déterminée à la séparer de Gabrielle. Une séparation permanente, et maintenant elle avait mis le doigt sur ce qui l'ennuyait vraiment.

 

La pièce semblait petite, tout à coup, et elle concentra son regard sur la fenêtre lorsqu'un spasme de frissons la prit. Le soleil du matin se déversait maintenant par la fenêtre, et comme hypnotisée, elle regardait sa progression lente sur le plancher de bois. La paillasse sur laquelle elle était allongée était dans l'ombre profonde, et cela combiné avec sa fièvre lui fit ressentir le froid au plus profond d'elle-même, et elle regarda avec nostalgie vers la lumière chaude, réclamant son contact.

 

Drôle. J'aimais la nuit. Les ombres... ça correspondait à mon côté sombre à la perfection, et ça allait avec mes rêves. Avant qu'ils ne deviennent des cauchemars. Maintenant... maintenant, j'aime la lumière... parce que la lumière, c'est elle. Mais tout ce que je peux faire, c'est m'émerveiller de toute cette lumière qu'elle apporte à ma vie... Je ne la connaîtrai jamais comme elle la connaît, elle. Je regarde... et je la regarde se tenir dans le soleil... et je me sens comme un petit enfant parfois, qui regarde par la fenêtre d'une maison dans laquelle il ne pourra jamais... jamais entrer.

 

Elle sentit les larmes se rassembler au coin de son œil et elle concentra son regard sur le plafond. Elle cligna. Attendit. Prit une inspiration et l'élan d'émotion passa. J'ai fait tellement de mal. Et ils ne vont pas me pardonner, même si elle le fait. Je me suis fait trop d'ennemis, j'ai blessé trop de gens. Je suis une part trop grande de l'obscurité, et elle est une part trop grande de la lumière, alors je sais que lorsque notre temps sera venu, elle ira d'un côté... et j'irai... où j'appartiens. Cette fois, les larmes coulèrent et elle ne put les arrêter.

 

Avec irritation, elle prit un coin de la douce couverture pour les essuyer. Ca doit être la fièvre. Je sais ça depuis un bon moment... alors Xena. Pourquoi est-ce différent maintenant ?

 

Le solide coin de soleil avait atteint le bord de la paillasse et dansait sur la surface du sol, faisant voler la poussière dans sa brume dorée. Xena le regarda avec envie, et se blottit plus sous les couvertures. Bon sang. La fièvre doit empirer.

 

C'est différent parce que j'ai fait quelque chose de stupide. J'ai brisé toutes mes règles et abandonné mes capacités à contrôler ma propre destinée, voilà ce que j'ai fait.

 

Elle a emprisonné mon âme ; bien que, pourquoi elle a voulu de cette sale vieille chose, je ne le saurai jamais. Et elle m'a fait le don de la sienne, et c'est là que réside le problème. Je ne veux pas la blesser. Jamais.

 

Je la blesserais si je mourais. Et faire ce que je fais requiert de me jeter dans des situations où ça devient une possibilité. Et plus je vieillis, plus la possibilité augmente.

 

Alors, que puis-je faire ? Puis-je arrêter d'être ce que j'ai passé ma vie à devenir ? Puis-je arrêter de combattre, m'installer quelque part dans un petit endroit... peut-être à la maison... et être simplement une personne ordinaire, vivant sa vie. Abandonner toute chance d'une possible rédemption en échange de temps. De temps avec elle ?

 

Il faut que j'y réfléchisse. A-t-elle jamais voulu quelque chose... dans ce genre. Cette quinzaine de jours avec elle à Amphipolis... Xena soupira. Du temps passé à bronzer et à nager. A faire de longues marches au crépuscule, dans le bois familier. A rire avec la famille. La tête de Gabrielle sur son épaule, et sa voix qui disait, " Je pourrais vivre ici. " Les souvenirs revinrent à elle, déclenchant une nostalgie totalement inattendue qui la laissa presque sans souffle. Oh Hadès, Xena, garde ça pour quand tu ne seras pas dans une stupeur fiévreuse et douloureuse, ok ?Décida-t-elle finalement.

 

Et à sa surprise, le défilement de pensées diminua de façon obéissante et elle resta dans une paix relative.

 

Le soleil s'enroulait maintenant autour de ses jambes, apportant une chaleur bénie, et elle s'étira avec précaution dans sa direction. L'agonie dans ses bras et ses jambes avait diminué vers une douleur très sourde, et elle était reconnaissante pour ça. Au moins, je peux bouger un peu... tant que je ne.. Aïe.

 

Une vague de douleur la traversa, lorsqu'elle essaya accidentellement de bouger le haut de son corps. Oh dieux... elle gémit en silence, puis laissa passer une respiration retenue lorsque les spasmes diminuèrent. Ça va me tuer.

 

Un piaulement la distrait et elle regarda vers la gauche pour voir la tête sombre d'Arès passer par-dessus la paillasse, découvrant un sourire inattendu. " Salut, mon vieux. " Elle leva les yeux et pencha la tête pour écouter. " Tu as fui Gabrielle et Jess ? Qu'est-ce qu'il y a... ils ne distribuent pas des gâteaux comme moi ? "

 

" Roo ! " Réclama Arès, grattant avec ses pattes sur le bord de la paillasse, essayant de soulever son corps désordonné pour être avec elle.

 

Xena sourit et étendit son bras gauche avec précaution, elle l'agrippa par son épaisse fourrure. " Allons, saute. " Elle le dirigea et lorsque le chiot sauta, elle le souleva et il trébucha par-dessus les couvertures et entra en collision avec son épaule. " Whoa... va doucement. "

 

Il se tourna plusieurs fois avant de s'enrouler dans le creux de son coude et de mettre sa tête sur sa poitrine, la regardant de ses yeux jaunes, en laissant passer un soupir de chiot. Xena regarda avec précaution autour d'elle et satisfaite d'être complètement seule, l'embrassa sur le nez. Il leva la tête et lécha son visage avec enthousiasme en réponse, et elle sourit.

 

" Tu te fiches de qui je suis, aussi, hein, mon vieux ? " Songea-t-elle paresseusement, en caressant sa fourrure. " Je suis juste un grand loup à l'allure bizarre qui te donne plein de bonnes choses, hein ? "

 

" Roo ! " Arès approuva, se blottissant un peu plus, en se léchant les côtes avec un son satisfait. Son corps chaud apporta une agréable sensation, pressé contre le sien, lorsqu'un spasme de frissons la secoua de nouveau. " Merci, Arès. " Elle murmura, posant sa tête contre le capiton et essayant de se détendre un peu. C'était difficile, les frissons de fièvre raidissaient ses muscles, et ça faisait vraiment mal. Mais la lumière du soleil s'étendait comme une couverture sur son corps maintenant, et elle accueillit chaque grain de poussière, alors que sa chaleur pénétrait la couverture, et la baignait dans une vague dorée de soulagement.

 

" Je devrais essayer de dormir un peu, Arès. " Grommela-t-elle au loup, qui s'était déjà assoupi. " Peut-être que ce sera mieux quand je me réveillerai, hein ? " Elle laissa ses yeux se fermer, et sentit la lumière toucher son visage alors qu'elle glissait dans le monde crépusculaire des rêves.

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