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Bound4B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Unies/ Bound

 

par Melissa Good

 

Traduction : Katell et Fryda

 

 

*********

Partie 4B

********

 

Chapitre 36

 

Les feuilles s'étaient refermées sur elle peu de temps après qu'elle eut pris le chemin, et Xena dut s'arrêter un moment et elle regarda derrière elle à travers les feuilles, regardant Gabrielle prendre une profonde inspiration et se diriger vers la maison de la guérisseuse. Un sourire passa à contrecœur sur ses lèvres et elle secoua la tête avant de se retourner et de prendre le chemin.

 

C'est son équilibre qui était parti, réalisa-t-elle, ce qui était loin devant la douleur, et qui lui causait le plus grand problème. Elle pouvait s'occuper de la douleur, en fait, elle l'avait fait plus de fois qu'elle ne voulait le compter. Mais le sentiment de ne pas avoir d'équilibre... c'était quelque chose qu'elle avait peu de moyen de compenser.

 

Parce que ça touchait à tout. Ça rendait la marche, comme elle le faisait à cet instant, inconfortable et rendrait tout ce qu'elle pourrait faire avec une arme tranchante difficile au mieux. Impossible au pire.

 

Je ferais aussi bien de vérifier. Pensa-t-elle en grimaçant et elle se lança dans une course qui envoya des élans de douleur dans son dos, mais après un petit moment, ça diminua et devint presque supportable. Arès courait péniblement sur ses talons, la langue pendante.

 

Mais tout avait l'air faux, et le sol ne semblait pas être à la bonne place et elle ressentit une impression de couler, réalisant qu'elle pourrait avoir des problèmes avec ça. " Bon sang, Arès. " Elle soupira.

 

" Roo ? " Répondit le bébé-loup, en levant la tête à l'écoute de son nom.

 

" Ouais, roo. " Répondit Xena.

 

Puis elle tourna vivement la tête lorsqu'elle vit un mouvement en dehors de son champ de vision, et un lapin, effrayé par l'odeur d'Arès fila sur le chemin, et le loup bondit après lui, s'emmêlant dans les bottes de Xena avec un cri étonné.

 

Elle allait trop vite pour s'arrêter et elle vit le chemin prendre un brusque virage à gauche. Elle réussit à éviter le loup qui roulait sans rien pouvoir faire, mais le dernier pas lui fit complètement perdre l'équilibre et elle savait qu'elle n'avait aucun moyen de le retrouver. Ça va faire mal, soupira-t-elle alors que son élan l'emmenait hors du chemin en bas du talus profond.

 

Et elle perdit tout sens de l'orientation et se roula en boule en espérant avoir de la chance. Elle n'avait aucune idée d'où le sol se trouvait jusqu'à ce qu'elle s'écrase dessus, et elle rebondit et se cogna le dos contre le tronc d'un grand et vieil arbre sans pitié.

 

Le monde tourna au gris puis au noir pendant un moment infini, mais elle resta consciente avec une détermination grimaçante. Finalement, sa vision s'éclaircit et elle cligna lentement des yeux jusqu'à ce que la ligne des fougères vert foncé en face d'elle revienne dans sa vision.

 

C'était définitivement l'un des moments les plus déprimants de sa vie et pendant une longue minute, elle laissa la vague sombre de désespoir la submerger pendant qu'elle était allongée là dans les feuilles mortes qui sentaient le moisi, avec la semi-lumière du ciel nuageux filtrant faiblement au travers de la voûte de feuilles serrées qui la camouflaient dans ses ombres obscures.

 

Que les dieux soient maudits, jura-t-elle intérieurement. Est-ce que ça en vaut la peine ? Qu'est-ce que je fais donc là de toutes les façons... Il faudrait que je me fasse examiner la tête. Reprends-toi, Xena - bon, tu as une blessure au dos. Déjà vu, déjà fait, ressaisis-toi. Laisse tomber les larmoiements et bouge pour rentrer dans ce maudit village, et reste au lit aussi longtemps qu'il le faut pour guérir. Inquiète-toi de retrouver ta forme plus tard, et écoute Gabrielle pour changer.

 

Finalement elle roula un peu la tête en arrière et fixa le chemin, le bord tournant loin au-dessus de sa tête, et elle repéra la silhouette frénétique d'Arès, qui dansait un pied sur l'autre.

 

" Roo !!! " Cria-t-il en la repérant. Il bondit sur le bord puis en arrière, puis au bord et avant qu'elle puisse ouvrir la bouche pour l'arrêter, il sauta du bord et arriva en trébuchant en bas du talus.

 

Il roula à moins d'un bras d'elle et renifla. " Rrr. " Protesta-t-il en roulant en avant, avant de cogner son nez contre la mâchoire de Xena.

 

Il s'assit et la fixa, en clignant des yeux, puis il se pencha en avant et commença à lui lécher le visage, nettoyant les traces de boue qu'elle avait prise pendant sa descente, puis remontant pour gratter sa langue rude sur ses pommettes.

 

Xena ferma les yeux et déglutit. " Merci, Arès. " Elle s'éclaircit la voix. " Du diable si je sais pourquoi, mais ça aide. " Génial. Je me demande si je peux même rentrer, pensa-t-elle pleine de dégoût pour elle-même. Tomber d'un chemin en plein jour.

 

Elle ferma de nouveau les yeux. Ce serait si simple de rester là, songea-t-elle en repoussant une vague de pitié envers elle-même. Mais je n'ai jamais pris le chemin le plus facile, d'accord ? D'accord. Alors bouge.

 

Lentement, avec précaution, elle bougea et courba son corps, soulagée, au moins que tout semblait être en relativement bon ordre de marche. Chanceuse. Grogna-t-elle puis elle leva la tête et plia les épaules et elle se pétrifia.

 

Incertaine, elle leva une main à sa nuque et plia de nouveau les épaules.

 

Un sourcil levé. Pas de pression. Pas de douleur. " Personne n'est aussi chanceux. " Marmonna-t-elle tout haut. " Pas même moi. Pas même un bon jour. " Elle fixa Arès d'un air spéculatif, qui lui rendit. " Pas vrai ? "

 

" Roo. " Le bébé-loup approuva solennellement.

 

Avec précaution, elle s'assit et se balança en avant et s'interrompit. L'autre sourcil se dressa. " Jusqu'ici tout va bien. En frottant ses dents, elle s'accroupit puis se leva, mettant une main vers l'arbre proche par prudence et elle retint sa respiration.

 

Rien. Pas un pincement, pas une note d'étourdissement.

 

" Non mais je rêve. " Le grognement plaintif lui échappa et Arès grogna en réponse. " Je n'y crois pas. " Prudemment, elle sautilla, une fois, ce qui surprit le bébé-loup. " Désolée. " Murmura-t-elle.

 

Rien.

 

Elle mit les mains sur ses hanches et étudia l'arbre avec amour. " Je peux t'emmener à la maison ? "

 

Pas de réponse de la part de l'arbre.

 

" Et bien, Arès, il n'y a qu'un seul vrai moyen de tester cela. " Elle s'adressa au bébé-loup qui s'assit, et pencha la tête vers elle. " Bien. " Ajouta la guerrière et elle lança son regard autour d'elle. " Là... ça a l'air agréable et doux. " Elle s'agenouilla et tapota le gazon à une courte distance de l'arbre, qui était couvert de mousse. Parce que si ça ne marche pas, je vais tomber sur ce sol vraiment rudement. Puis elle se leva avec une rapidité voulue.

 

Rien.

 

Xena ferma les yeux et les ouvrit et fit un petit hochement de tête. " Souhaite-moi bonne chance. " Dit-elle à personne en particulier et elle se laissa tomber accroupie puis se lança vers le ciel, attendant jusqu'à ce qu'elle atteigne le plus haut point de son saut et elle roula paresseusement son corps pour un salto.

 

Le monde resta exactement où elle s'attendait qu'il reste, et elle atterrit légèrement sur ses pieds. Et elle resta là, regardant calmement le sol pendant longtemps. Puis elle s'assit les jambes croisées sur l'herbe moussue et mit les avant-bras sur ses genoux, croisant les doigts.

 

Jamais. Jamais je ne considérerai ça comme normal de nouveau. Se promit-elle. Gabrielle a raison. Il faut que j'arrête de me pousser si fort, et de prendre les coups sur mon corps plus au sérieux. Ou l'un de ces jours je vais faire quelque chose qui sera vraiment irréversible.

 

Elle se releva, en prenant plaisir à la fermeté du mouvement et sourit. " Allez, Arès. " Elle marcha vers l'endroit où le talus s'élevait au-dessus de sa tête et rit doucement. " Tu veux faire un tour ? "

 

" Roo ? " Répondit le bébé-loup, en se levant pour mettre ses pattes avant contre sa cuisse.

 

Elle le prit et l'installa sur ses épaules, sentant sa queue fouetter contre son oreille. " Arrête ça. " Dit-elle en lui lançant un regard. Il lécha l'autre oreille en réponse. " Hé... il n'y a que Gabrielle qui a le droit de faire ça, alors ça suffit. "

 

Sentant une attaque d'idiotie arriver, elle secoua la tête et recula de quelques pas, sautillant un peu sur place, puis elle bougea, quatre longues enjambées et un accroupissement très bas et elle se lança dans les airs, sentant un rire bouillonner alors qu'elle se tournait au milieu de l'air et atterrissait proprement sur le chemin, pas très loin de l'endroit d'où elle était partie.

 

" Ça t'a plu, Arès ? " fit-elle en riant. " Moi, en tout cas, oui. " Oh, oui… pas de doute. Dieux, on ne se rend pas compte de ce qu'on a jusqu'à ce qu'on le perde, pas vrai ? Arès haleta un peu et cligna des yeux en la regardant. " Oh… tu as la tête qui tourne ? " Elle se mit à rire en voyant l'expression sur la figure du louveteau. " Désolée. "

 

Elle regarda vers le chemin. " Bon. Voyons voir. J'étais en train de courir… pas vrai ? "

 

Et elle se remit en route, sentant la différence dès les premiers pas, alors que son corps retrouvait le rythme familier et cela était si bon, pour la première fois depuis des jours. Elle inspira profondément pour remplir ses poumons d'air et s'abandonna à un sentiment intense de soulagement et à la sensation confortable d'être à nouveau totalement en possession de ses moyens.

 

L'air frais et humide glissa sur son corps et elle sentit ses muscles se détendre ; elle accéléra, le vent faisant claquer ses cheveux et emportant avec lui le rire qu'elle ne put retenir. Ça fait un moment que je n'ai pas fait ça juste pour le plaisir… je devrais peut-être le faire plus souvent… pour que ça soit moins une corvée.

 

Après quelques minutes de course aléatoire, ponctuée par un ou deux sauts tout aussi improvisés, elle commença à observer à nouveau ce qui l'entourait. " Il vaudrait mieux rentrer, maintenant, Arès ", fit-elle à l'intention du chiot sur le ton de la conversation. Lui était toujours accroché à ses épaules. " Je crois que j'ai envie de voir ton autre maman, ça te va ? " Dieux… ça oui." Je veux la prendre dans mes bras et la faire sauter en l'air et elle va se mettre en colère, tu vas voir. " Pendant une minute, en tout cas, pensa Xena en souriant.

 

Le chemin se transforma en pente, vers la fin du territoire de Lestan, assez proche de la zone ou elle avait trouvé Ereth et Gennen la veille.

 

C'est alors que ses instincts défensifs se réveillèrent et elle ralentit son rythme et étendit ses sens, avant d'entendre bientôt le faible écho de voix assez proches.

 

Maintenant totalement silencieuse, elle se glissa d'arbre en arbre et fit le tour d'un tas de pierre, s'immobilisant en voyant ce qui était devant elle.

 

Deux êtres de la forêt qu'elle ne connaissait pas, armés, et se tenant debout, menaçants, on ne pouvait pas s'y tromper. Devant Jessan, qui avait l'air d'avoir été battu et levait les deux mains comme pour montrer qu'il était sans défense.

 

Chapitre 37

 

" C'est une histoire fantastique, Gabrielle ", fit Cessi en se penchant en avant pour poser les mains sur ses genoux épais. " Mais je… qu'est-ce qu'il y a ? " Elle se leva, par réflexe, réagissant à la pâleur soudaine sur le visage du barde et à son expression inquiète. " Gabrielle ? "

 

" Euh… " bredouilla le barde, en clignant des yeux tout en se levant. " Pardon… je dois… excusez-moi. " La sensation de malaise vague qui s'était installée en elle depuis le départ de Xena venait de se transformer en explosion sombre de troubles qui lui avait soulevé le cœur.

 

Elaini posa la main sur son épaule. " Gabrielle… du calme. Tu reçois quelque chose à travers ton lien avec Xena. "

 

Gabrielle se retourna et la regarda. " Je sais ", fit le barde, énervée, essayant de garder son calme. " Tu crois que je n'ai jamais ressenti ça avant ? "

 

" OK… OK… " fit la guérisseuse, en levant les deux mains en geste d'apaisement.

 

Et puis, aussi vite que cela était venu, cela commença à disparaître. " Oh, là ", soupira Gabrielle. " Je ne sais pas ce que c'était, mais ça s'est calmé. " Elle fit une pause. " OK… je crois que tout va bien, maintenant. " Elle secoua la tête pour s'éclaircir les idées, puis regarda autour d'elle vers l'assistance silencieuse. " Excusez-moi. "

 

Cessi s'éclaircit la gorge. " Est-ce que… ça arrive souvent ? " demanda-t-elle, échangeant des coups d'œil rapides avec Tobias, qui se tenait debout et alla jusqu'à Gabrielle. Par les bottes d'Arès… elle ne sait rien de tout ça… rien, la pauvre petite. " Assieds-toi, petite sœur. "

 

Gabrielle se laissa retomber sur son siège et la regarda. " Est-ce que ça arrive souvent. Eh bien… " Elle baissa les yeux. " Je ne… ça arrive beaucoup plus ces derniers temps. Je ne crois pas que ça arrivait… " Elle s'interrompit et réfléchit. " Enfin, peut-être que si, mais pas de façon aussi forte, alors je ne savais pas ce que c'était ", corrigea-t-elle alors qu'un souvenir revenait à son esprit, un souvenir qu'elle n'avait jamais considéré de cette manière auparavant.

 

Un simple sentiment d'appréhension… qui ne la lâchait pas depuis cinq jours, qu'elle avait passés dans un village à attendre Xena qui s'était absentée pour aller aider un ami ; après qu'elles aient voyagé ensemble depuis presque un an. " Deux trois jours, c'est tout ", avait dit la guerrière en posant la main sur son épaule. " Je serai de retour avant même que tu ne t'en rendes compte. " Deux trois jours qui s'étaient transformés en cinq, mais Xena était revenue et avait raconté sa rencontre avec un ancien ennemi, un seigneur de guerre. Elle l'avait affronté en combat singulier et ses troupes s'étaient ensuite dispersées pour se regrouper et choisir un nouveau leader. Un peu de temps, avait-elle dit, c'est ce qu'elle avait gagné pour la ville qu'ils harassaient.

 

Gabrielle l'avait regardée, ne trouvant rien à première vue d'anormal. " Tout va bien ? ", avait-elle demandé en apportant une coupe de bière à la table qu'elles partageaient.

 

" Oui, bien sûr ", avait répondu Xena, puis elle avait fait une pause. " Pourquoi ? "

 

Et Gabrielle avait haussé les épaules. " Je ne sais pas… c'est juste cette sensation bizarre, c'est tout. " Elle avait ri. " Je suis bête, ne fais pas attention. " Elle s'était assise et ce n'est qu'alors qu'elle avait remarqué le silence et, levant les yeux, l'expression tranquillement sérieuse sur le visage de Xena. " Quoi ? " Elle avait posé doucement la main sur le bras de Xena, posé sur la table, et elle avait enfin remarqué les signes presque invisibles qui indiquaient que tout n'allait pas bien chez sa compagne.

 

Pas grand-chose, juste une hésitation dans sa façon de bouger, et une expression un peu brumeuse dans ses yeux bleus, ainsi qu'une tension inhabituelle sur son visage.

 

Mais Xena avait simplement souri. " La journée a été longue. " Et haussé les épaules. " J'ai beaucoup chevauché. "

 

Gabrielle avait hoché la tête. " Et si on montait, hein ? " Mais elle était sûre, à présent, que quelque chose s'était passé.

 

A tel point que dès que la porte se fut refermée derrière elles, elle s'était tournée vers la guerrière et l'avait fixée avec intensité.

 

Et Xena avait baissé la tête, avec un pauvre sourire et avait levé la main. " Ce n'est qu'une égratignure. "

 

" C'est ça ", avait fait Gabrielle en secouant la tête. " Je le savais. " Une pause. " Je savais que quelque chose n'allait pas. "

 

L'égratignure en question s'était révélée être une sale blessure de flèche qui lui avait troué la cage thoracique et qui n'avait pas été vraiment dangereuse uniquement parce que la flèche avait été déviée par le sternum et était ressortie. Xena s'était humblement allongée sur le lit et l'avait laissé panser la blessure, soupirant de soulagement lorsqu'elle fut recouverte de baume guérissant et d'un bandage.

 

" Merci ", avait-elle dit en tendant la main pour serrer celle de Gabrielle. " Je ne peux rien te cacher, hein ? "

 

" Merci d'essayer ", avait répondu le barde, en la regardant combattre le sommeil qui la gagnait. " Veux-tu bien dormir maintenant ? "

 

" C'est ton lit ", avait protesté la guerrière en essayant de se lever.

 

Gabrielle l'avait repoussée, ou en tout cas, elle avait essayé. " Pas question. C'est toi qui as un trou de flèche dans les côtes, pas moi. " Elle avait ri. " Après tous ces mois passés à dormir sur le sol, le parquet sera du luxe. Ne t'inquiète pas pour moi. "

 

Xena l'avait regardé un long moment, puis un petit sourire s'était dessiné sur ses lèvres. " C'est un grand lit, Gabrielle. " Et elle avait tapoté le matelas, tout en levant un sourcil en invitation. " Je te promets que je ne mordrai pas. "

 

Et Gabrielle s'était retrouvée prise entre une réticence timide et un bonheur surpris devant cette faille dans les murs que sa compagne avait si solidement érigés autour d'elle. " D'accord ", avait-elle dit doucement ; elle avait rangé les fournitures médicales et puis était revenue se glisser dans le lit aux côtés de la guerrière à moitié endormie, se blottissant sur le côté, face à Xena. " 'nuit ", avait-elle dit en souriant doucement.

 

" 'nuit ", avait répondu Xena d'une voix endormie, puis elle avait ouvert un œil bleu bien éveillé et l'avait regardée. " Gabrielle ? "

 

" Oui ? " avait-elle répliqué, profitant de la proximité et du calme, si rares à ce stade de leurs relations.

 

" Tu as vraiment eu un mauvais pressentiment ? " demanda la guerrière avec curiosité.

 

Le barde avait hoché la tête. " Vraiment. " Une pause. " Pourquoi ? "

 

Xena avait haussé les épaules. " Je n'ai pas l'habitude d'avoir quelqu'un qui s'inquiète pour moi. "

 

Gabrielle avait souri et senti une vague de chaleur la traverser, une vague qui, elle le comprenait à présent, était la première manifestation du lien qui unissait leurs âmes. " Il va bien falloir que tu t'y habitues ", avait-elle dit. Et elles s'étaient souri, avant que les yeux de Xena ne se ferment et que son souffle ne prenne le rythme du sommeil.

 

" Oui ", admit Gabrielle en regardant les yeux rouges-or de Cessi. " Ça nous arrive beaucoup maintenant, parce qu'il se passe toujours quelque chose. "

 

Tobias lui tapota le dos et s'accroupit près d'elle. " Petite sœur… " fit-il gentiment, en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule, vers l'endroit où Gennen et Ereth dormaient maintenant paisiblement. " Tu as dit avoir connu la cassure. Comment ? Veux-tu répondre ? C'est tellement important pour nous… j'aimerais comprendre. "

 

Gabrielle inspira profondément et le regarda. Puis-je en parler ? Dieux, c'était déjà difficile la dernière fois. Et à chaque fois que j'y pense, ça ne devient pas plus facile. " Je vais essayer. Mais c'est difficile pour moi… surtout après ce qui s'est passé l'autre jour ", répondit-elle avec honnêteté. " Il faudra peut-être que je m'arrête. "

 

" Très bien ", fit doucement Tobias en s'installant sur le sol, en tailleur. " N'oublie pas que nous comprenons, Gabrielle… ce que tu ressens… nous connaissons ce sentiment. "

 

Le barde sourit. " Je sais. " Elle baissa les yeux. " Nous avons été attaquées ", commença-t-elle en regardant au loin. " Et j'ai été capturée, ainsi que d'autres femmes d'un village, par une tribu de cannibales… nous étions attachées, mais Xena nous a trouvées et nous a libérées, restant en arrière pour affronter le reste de la tribu. "

 

" Vraiment ? " fit Tobias dans un souffle, en jetant un coup d'œil vers Cessi. " Pourquoi ne s'est-elle pas enfuie avec vous ? "

 

Gabrielle s'arrêta et le regarda, étonnée. " S'enfuir ? Parce qu'elle ne fait jamais ça ", répondit-elle en secouant la tête. " Bref, elle nous a rattrapées, mais quelques cannibales l'ont suivie. Elle les a combattus, mais ils ont relâché un piège avec un énorme tronc d'arbre… et une petite fille était droit sur son chemin. "

 

Elle s'éclaircit la gorge. " Et elle a sauvé la gamine, mais le tronc l'a frappée de plein fouet et l'a envoyé s'écraser contre un arbre. "

 

Les êtres de la forêt échangèrent des regards. " Tu étais là ? "

 

" Bien sûr ", fit Gabrielle. " Je me suis débarrassée du dernier avec mon bâton mais il m'a touchée à la jambe avec son couteau avant de s'évanouir. J'ai rejoint Xena… " Elle se souvint des yeux embrumés et du sang qui coulait de ses oreilles. " Et elle a réussi à me demander de l'emmener chez un guérisseur qu'elle connaissait dans les montagnes. " Une pause. " Et qui pourrait peut-être la sauver. "

 

" Qu'as-tu fait ? " demanda Cessi en entourant ses genoux de ses bras, regardant le barde avec fascination.

 

" Je l'ai emmenée là-bas. "

 

" Toute seule ? " demanda Tobias en se penchant vers elle, jusqu'à ce que son épaule couverte de fourrure touche sa jambe.

 

" Oui, à part Argo. " Elle s'interrompit. " C'est le cheval de Xena. " Une autre pause. " Mais lorsque nous sommes arrivées sur place… je crois… que ça nous a pris trop de temps, parce que je… " Et le souvenir de ces heures d'angoisse passées à regarder Xena glisser loin d'elle la frappèrent à nouveau de plein fouet. " Oh, dieux. "

 

Des mains duveteuses la saisirent fermement. " Nous sommes là, Gabrielle. Tout va bien ", fit doucement Cessi. " Nous comprenons. "

 

" Elle est morte ", dit le barde dans le silence le plus complet. " Et… j'ai senti… comme si une grande partie de moi-même mourait avec elle. "

 

Cessi entoura ses épaules d'un bras. " C'est ce qui s'est passé, petite sœur. Tu ne l'as pas imaginé. C'était réel. "

 

" Je le sais maintenant ", chuchota Gabrielle.

 

" Alors… que s'est-il passé ? " demanda Tobias, posant la main sur son genou.

 

" Je l'ai ramenée chez elle ", répondit le barde d'une voix morne. " Je… lui avais promis. Que si quelque chose… que je la ramènerais à Amphipolis pour qu'elle soit enterrée près de son frère Lyceus. "

 

" Seule ??? " gronda Cessi, qui paraissait choquée par l'idée.

 

" Oui ", répliqua Gabrielle en levant les yeux. " Il n'y avait personne d'autre. " Elle secoua la tête. " Elle n'a que sa mère et son frère Toris, à Amphipolis. " Elle s'arrêta et soupira. " Et moi. "

 

" Gabrielle, il faut que tu comprennes… " fit doucement Tobias. " Ce n'est pas ainsi que nous faisons les choses. Tu aurais reçu le soutien de tous tes frères et sœurs ici… ce n'est pas quelque chose que tu aurais eu à affronter seule. Comment as-tu survécu ? "

 

Le barde inspira profondément puis expira. " J'ai survécu, c'est tout, parce qu'il le fallait bien " répondit-elle simplement. " C'est Xena qui m'a appris ça. " Elle baissa les yeux vers ses mains et ses doigts entrecroisés. " Bref, sur le chemin du retour, je suis tombée sur une escorte amazone. "

 

" Des Amazones ? " demanda Cessi, levant un sourcil très fourni.

 

" Ouais ", soupira Gabrielle. " Elles voulaient escorter Xena… elles avaient entendu la nouvelle… et en plus, elles me cherchaient. "

 

" Toi ? " fit Tobias. " Pourquoi ? "

 

Le barde esquissa un petit sourire. " Eh bien, parce que je suis leur reine par droit de caste et qu'elles avaient besoin de moi. " Une pause. " La reine précédente avait été tuée en combat singulier et la nouvelle reine n'était pas… enfin, disons que tout le monde n'était pas d'accord sur qui devait régner sur la nation amazone. "

 

" Attends une minute ", fit Cessi en se prenant la tête dans les mains. " Tu es la reine des Amazones ??? "

 

Gabrielle hocha la tête.

 

" Par les bottes et les éperons d'Arès ", fit l'être de la forêt. " Mais elles règnent par droit d'armes… et, pardonne-moi de le dire, petite sœur, mais tu n'es pas une guerrière. "

 

Le barde renifla en réfléchissant. " Non, c'est vrai. Mais j'avais une championne qui s'est battue pour moi. "

 

Ils échangèrent tous des coups d'œil. " Oh ", fit Cessi, en se frappant le front. " Bien sûr. Continue. "

 

Gabrielle raconta les événements qui s'étaient déroulés au village et leur parla de Velasca et s'arrêta au moment où Autolycus venait d'entrer de force dans la hutte où se trouvait le corps de Xena et qu'il essayait de le voler. "

 

" Quoi ? " fit Tobias, le coude maintenant appuyé sur le genou de Gabrielle. " Il a dit quoi ?? "

 

" Qu'il faisait ça en coopération avec Xena ", répéta Gabrielle. " Je sais, moi aussi, je pensais qu'il avait perdu la tête, jusqu'à ce qu'il nous empêche de brûler le sarcophage et qu'il s'enfuie avec. Alors là… ce qu'il faisait, les choses qu'il… je ne peux pas l'expliquer… mais c'était Xena. J'en étais sûre. "

 

" Par-delà la mort ??? " fit Elaini, parlant pour la première fois, et dans un murmure.

 

Le barde acquiesça. " Oui… je sais… je ne l'ai pas cru jusqu'à ce moment-là, et puis je l'ai suivi. Et alors… " Elle renversa la tête en arrière et avala, puis se mordit la lèvre pour s'empêcher de pleurer. " Et puis elle m'a dit de fermer les yeux… et de penser à elle… et c'est ce que j'ai fait… et… et… elle était là. "

 

" Dans ton esprit ? " fut la question murmurée.

 

" Je… sans doute… je ne sais pas vraiment ", répondit Gabrielle. " Si réelle ", ajouta-t-elle dans un chuchotement. " Je me suis mise à pleurer en la voyant là… c'était si merveilleux. "

 

" Ohh… " fit Tobias dans un souffle, en lui tapotant le genou. " Pauvre petite. "

 

" Elle m'a expliqué ce qu'on avait à faire pour trouver l'ambroisie et la ramener à la vie ", soupira Gabrielle. " Et… je lui ai dit que je ne pourrais plus la perdre à nouveau. " Elle regarda les quatre paires d'yeux or qui la fixaient. " Je ne plaisantais pas ", ajouta-t-elle doucement.

 

" Nous savons ", répondirent Tobias et Cessi en même temps. " Nous comprenons. "

 

Le barde sourit. " Oui, vous comprenez. " Elle sentit son corps se détendre un peu. " Et elle m'a dit qu'elle serait toujours là. " Les êtres de la forêt échangèrent des regards. " Et après que nous ayons récupéré l'ambroisie, et qu'elle fut revenue… je lui ai fait promettre de ne plus jamais mourir avant moi. "

 

" C'est une très grave promesse à demander à l'un d'entre nous, petite sœur ", fit Cessi gentiment, mais ses yeux reflétaient la compréhension.

 

" Je sais ", répondit Gabrielle en fermant les yeux. " Mais elle me l'a promis. "

 

Chapitre 38

 

Xena souleva Arès de ses épaules et le posa par terre en lui donnant une petite tape. " Reste ici, mon grand ", marmonna-t-elle, puis elle commença à avancer vers les êtres de la forêt, s'arrêtant juste à la limite de la dernière rangée d'arbres pour considérer ses options.

 

Elle n'en avait pas beaucoup, d'ailleurs. Elle pouvait partir. Même pas la peine d'y penser. Elle pouvait ramasser cette longue branche tombée tout près et foncer dans le tas en faisant des moulinets. Marrant, pourquoi pas. Elle pouvait marcher calmement vers eux et les menacer pour les intimider et les faire partir. Amusant, mais ils ont l'air méchant et ça pourrait dégénérer en bagarre.

 

La question est de savoir si je suis d'humeur pour une bagarre ? se demanda-t-elle en commençant à bouger, puis elle s'arrêta en repérant un tas de pierres tranchantes qui provenaient de toute évidence d'une carrière toute proche. Oh. Elle ricana en pensées. Voilà une option qui me plaît.

 

Elle ramassa une poignée de pierres et regarda un moment vers les deux étranges êtres de la forêt. Puis elle lança et laissant une pierre s'envoler, frappa celui qui était le plus près d'elle en plein front.

 

Il cria et se tourna, les yeux fouillant les rangées d'arbres.

 

Xena sourit de bon cœur et libéra une seconde pierre, touchant l'autre sur le côté du visage. Une troisième puis quatrième pierre suivirent, faisant jaillir le sang des victimes furibondes, qui avaient levé les bras au-dessus de leur tête, et commençaient à battre en retraite, incapables de voir leur assaillant, et commençant aussi à sentir la poussée redoutable que Xena mettait à présent dans ses lancers.

 

Jessan avait baissé les mains et s'était mis à sourire, cherchant lui aussi en vain parmi les arbres. Il attendit que ses assaillants soient hors de portée, puis croisa les bras sur la poitrine et se mit à rire, repérant enfin le premier signe de mouvement lorsque Xena arriva en courant tranquillement vers lui.

 

" Hé ", fit-elle en s'approchant. " Qu'est-ce qui s'est passé ? "

 

" Des ennuis ", répondit Jessan. " Tu parles d'un lancer… tu étais tout là-bas sur cette arête ? "

 

Xena se mit à rire. " Ouaip ", admit-elle. " Des années d'entraînement à essayer de battre mes frères… "

 

" Et tu y es arrivée ? " demanda-t-il, taquin, et sûr de la réponse.

 

" Hmm, hmm ", confirma-t-elle joyeusement.

 

Et Toris avait été furieux, elle s'en souvenait, parce qu'elle l'avait non seulement battu lui, mais aussi ses amis qu'il avait essayé d'impressionner.

 

" Tu ne peux pas jouer. Tu es une fille ", avait dit Toris en riant, et puis il était parti en courant avec les garçons du village. " Les filles ne savent pas lancer. " C'était un jeu auquel ils jouaient souvent, debout sur une rive de la rivière qui bordait Amphipolis ; ils lançaient des pierres à la surface de l'eau, essayant de toucher la rangée de bûches à moitié enfoncées dans l'eau de l'autre côté. Plus on s'approchait de la bûche, plus on gagnait de points, et toucher la bûche décrochait le gros lot.

 

A chaque fois qu'elle essayait de se joindre à eux, ils la chassaient, jusqu'à ce qu'elle s'éloigne d'eux, un peu en aval, et qu'elle trouve son propre endroit sur la rive pour s'entraîner.

 

Ils étaient beaucoup plus âgés, et elle n'avait jamais essayé de lancer des pierres, alors il lui fallut un bon moment pour trouver le meilleur moyen de lancer, et la taille qui partait le mieux, et la force avec laquelle il fallait lancer.

 

Au début, ça n'avait pas donné grand-chose. Et puis ça s'était un peu amélioré et, après un moment, elle sut que Toris avait tort. Les filles pouvaient lancer. En tout cas, celle-ci le pouvait, et elle se mit à lancer des pierres de plus en plus grosses jusqu'à ce qu'elle parvienne à toucher les bûches à chaque fois.

 

Alors elle était remontée vers eux, là où ils se tenaient tous en cercle, à se pousser, et les regarda un moment. Puis, alors qu'ils venaient de s'arrêter de lancer, elle avait ramassé une pierre et l'avait fait s'envoler par-dessus leurs têtes, touchant la bûche la plus éloignée avec un bruit sourd très distinct.

 

" Hé ! " s'était écrié le plus grand des garçons en se retournant. " Qui a fait ça ? "

 

" Moi ", avait-elle dit en croisant les bras, souriante.

 

" N'importe quoi ", avait-il ricané.

 

Pour toute réponse, elle avait ramassé une autre pierre et, regardant à peine de l'autre côté de la rivière, elle avait laissé sa nouvelle coordination entre ses bras et sa vision trouver une cible et avait lancé, entendant le bruit résonnant de la pierre qui touchait le bois. Elle avait à nouveau souri.

 

Le gamin avait ri et poussé Toris dans la poitrine. " Elle lance mieux que toi. "

 

" C'est pas vrai ! " avait hurlé Toris en le poussant à son tour et puis cela avait dégénéré en bagarre, jusqu'à ce que le garçon plus âgé en ait eu assez et jette Toris par terre. Et puis il s'était apprêté à lui asséner un grand coup de pied qu'il ne décocha jamais parce qu'il se retrouva sur les fesses, projeté à terre par un corps qui le frappa de plein fouet et le roua de coups de ses petits poings, criant tant qu'il pouvait, et dont les bras, entourés autour de son corps, le retenaient avec une force étonnante.

 

" Lâche-moi ! " avait crié le garçon en sentant les coups le frapper à l'entrejambe. " Au secours ! "

 

Ils durent s'y mettre tous pour la faire lâcher prise et ils la repoussèrent, mais ils se tenaient maintenant en cercle autour du gamin qui se tortillait toujours par terre devant elle.

 

Elle s'était mise debout, les poings serrés, respirant bruyamment, et ignorant les coupures et les égratignures qui recouvraient ses bras et ses jambes à cause du sol rugueux. Elle les avait regardé la fixer, avec des expressions de peur mêlée de respect.

 

Et elle avait décidé que ça lui plaisait. Alors elle avait baissé les yeux vers Toris, qui se relevait à peine. Il la fixa, furieux.

 

Elle en fit de même. " Les filles peuvent lancer ", fit-elle, puis elle tourna les talons et partit pour aller rejoindre Lyceus, qui était accroupi derrière un arbre, les yeux écarquillés.

 

" Eh, ben ", avait fait Ly de sa douce voix alors qu'elle venait vers lui. " Maman va se fâcher, Xeney. " Il tira sur sa tunique déchirée. " Tu as du sang partout. " Il glissa sa main dans celle de sa sœur et ils reprirent ensemble le chemin de la maison. " Tu m'apprendras à faire ça ? "

 

Xena avait baissé les yeux vers lui, pensant encore à ce qu'elle avait ressenti en se battant et en gagnant, et en voyant leurs regards sur elle. " Ouais, Ly. On le fera ensemble, d'accord ? "

 

Lyceus lui avait souri avec enthousiasme. " Super ! "

 

" Mais cette fois, Gabrielle serait fière de moi ", commenta Xena en donna une tape à Jessan sur son épaule. " J'ai opté pour la solution de facilité pour une fois. "

 

Jessan se mit à rire. " Oh, les pierres ? "

 

Elle acquiesça. " Ouais… alors, qu'est-ce qui s'est passé ? " fit-elle en retournant la question, mais elle s'arrêta presque aussitôt et tout son corps se raidit. " Bon sang. "

 

" Qu'est-ce que… oh ", grogna Jessan en entendant à son tour les sons distants qu'elle avait détectés avant lui. " En tout cas, tu as essayé. Laisse-moi leur parler, OK ? "

 

Mais il n'eut pas le temps de parler ; des buissons jaillirent soudain les deux êtres de la forêt qui leur sautèrent dessus en poussant des rugissements sauvages et furieux, exposant leurs crocs blancs et leurs bouches écarlates.

 

Jessan leur rendit leur rugissement et affronta le premier qui le dominait grâce à sa grande taille et envoya un poing couvert de griffes à toute volée dans le flanc de Jessan.

 

Xena évita le saut du second assaillant et le laissa toucher le sol puis rebondir, avant de lui asséner un solide coup de pied qui fit rebondir sa tête et lui coupa le souffle pendant un instant infini.

 

Assez longtemps pour que Xena s'approche de lui et lui flanque un grand coup de coude dans la mâchoire, ce qui lui fit écarquiller les yeux et reculer de plusieurs pas.

 

Puis il secoua la tête pour recouvrer ses esprits, dégaina son épée et se rua sur elle de bon cœur, balayant l'air de sa lame comme si c'était une faux.

 

Xena sentit le sang affluer dans ses veines et le picotement qui survenait toujours dans ce genre de bagarre, lorsque la vie et la mort étaient partenaires égaux et que la seule influence sur l'une ou l'autre était son talent et sa détermination. Elle rit et partit sur le côté lorsqu'il lui fonça dessus, s'accroupissant légèrement rebondissant un peu sur le sol, avant de sauter par-dessus sa tête, de se tourner dans les airs et de lancer sa jambe puissante contre sa tête.

 

Elle entendit le bruit sec de son cou qui se brisait et il s'effondra sur le sol, sans vie, alors qu'elle terminait son saut et retombait sur ses pieds, rebondissant un peu pour retrouver son équilibre. L'autre assaillant trébucha, tenant son épaule visiblement déboîtée et elle le laissa partir, après avoir échangé avec lui un long regard.

 

" Jess… " siffla-t-elle, en tombant à genou et en voyant le sang sur sa fourrure. " Il t'a touché ? "

 

L'être de la forêt grimaça et essaya de rouler sur le dos. " Par le sang d'Arès ", grogna-t-il en se tenant le flanc. " Les côtes, je crois. "

 

Xena évalua la plaie du bout des doigts, habituée, puis s'assit avec un soupir. " Fêlées… et c'est une sale coupure, ça. " Elle indiqua la plaie sanglante sur son flanc.

 

Au-dessus de leurs têtes, le ciel nuageux commença à se libérer de son fardeau de pluie et une brume légère tomba sur eux, trempant la tunique de Xena et la fourrure dorée de Jessan.

 

" Ça va ? " fit-il, essoufflé, ses yeux dorés observant son visage avec inquiétude. Il avait vu la veille à quel point la simple marche vers le village avait été pénible pour elle et il s'inquiétait.

 

Les yeux bleus croisèrent son regard avec une chaleur désabusée. " Ouais, ça va. "

 

Jessan tendit la main pour serrer la sienne. " Tant mieux… parce que je crois que je vais avoir besoin d'un coup de main pour rentrer. " Il jeta un coup d'œil autour d'eux. " Il ne faut pas traîner dans le coin. "

 

" Ok ", fit Xena en se levant. Elle observa la forêt qui les entourait. " Tu peux marcher ? "

 

Jessan étouffa un ricanement sarcastique. " Probablement. Tu m'aides à me lever ? "

 

Et cela lui valut un sourire, ce qui le ravit. " Ok ", affirma la guerrière, puis elle lui tendit ses deux mains. " Accroche-toi. "

 

" Xena… " hésita-t-il. " Si tu es toujours… " Par Arès… je ne veux pas qu'elle se fasse encore plus mal en essayant de m'aider. Je préfère moisir sur place.

 

" Accroche-toi ", répéta Xena en lui lançant un coup d'œil agacé. " Ou je t'attrape par les poils et je tire un grand coup. C'est toi qui choisis. "

 

Ses yeux dorés s'écarquillèrent de prétendue horreur. " Ok… ok… " Il saisit ses mains chaudes et sentit les doigts de la guerrière se serrer autour de ses poignets comme des anneaux de fer. " Ok… " fit-il, rassemblant toutes ses forces.

 

Et il se sentit tiré vers le haut avec une vitesse et une assurance qui le surprirent. Il vacilla un peu sur ses pieds, à cause du sang qu'il avait perdu et de la douleur, et elle se glissa sous son épaule, plaçant le bras de Jessan autour de son cou. " Merci ", fit-il en lui souriant. Puis il jeta un coup d'œil derrière eux. " J'ai bien peur qu'ils ne laissent pas passer la mort d'un éclaireur. "

 

Xena haussa les épaules. " Pas mon problème. Tu attaques une personne désarmée avec une épée, et tu reçois ce que tu mérites. " Elle avança, tout doucement, à cause de sa blessure.

 

Jessan ricana. " Désarmée ? A qui tu veux faire croire ça ? " Il secoua vigoureusement la tête, projetant des gouttes de pluie tout autour d'eux.

 

Xena rit un peu. " Ouais, enfin, tu sais ce que je veux dire. " Elle écarta d'un petit geste ses cheveux sombres et humides qui lui tombaient dans les yeux.

 

" Ouais, c'est ça. Si on t'attachait de la tête aux pieds et puis qu'on t'enveloppait dans un suaire en lin, et puis qu'on te lestait avec des chaînes en fer, après t'avoir soûlée à mort, peut-être, alors peut-être que je te considérerais comme étant désarmée. Mais je ne m'y aventurerais pas ", affirma Jessan en trébuchant un peu.

 

" Oh vraiment ? " fit Xena en riant. " Il faudra que je m'en souvienne. "

 

Jessan sourit. " Ouais. " Il prenait de petites inspirations pour réduire la douleur dans ses côtes. " Hé, Xena ? "

 

" Hmmm ? " fit la guerrière en jetant un coup d'œil vers lui.

 

" Est-ce que tu pourrais… je sais pas… me raconter une histoire… histoire de me faire penser à autre chose ? " demanda l'être de la forêt avec une pointe de mélancolie.

 

" Moi ? " fit Xena en étouffant un rire, levant les yeux au ciel. " Dieux, tu ne sais pas ce que tu me demandes là, mon vieux. " Elle secoua la tête pour dégager à nouveau les cheveux qui lui tombaient dans les yeux et se pencha un peu pour éviter les fougères qui la frappaient. L'odeur de la pluie et la végétation humide s'élevaient autour d'elle. " Les histoires, c'est pas mon fort. "

 

Jessan soupira. " Je sais… pardon. "

 

Ils échangèrent un coup d'œil.

 

Les yeux bleus de Xena reflétèrent une douce étincelle. " A quoi pensais-tu ? " A la vitesse à laquelle on avance, autant en profiter.

 

" Oh, je sais pas… qu'est-ce que vous avez fait depuis qu'on s'est vus la dernière fois ? " demanda timidement Jessan.

 

Xena inspira et regarda autour d'elle. " Oh. Tu veux une histoire avec des Amazones, hein ? "

 

Il acquiesça.

 

" Ok ", fit Xena, resserrant sa prise sur son bras tout en s'engageant sur la douce pente qu'elle avait empruntée plus tôt. Arès trottinait derrière elle, éternuant, les gouttes de pluie s'écrasant sur son museau.

 

Chapitre 39

 

Gabrielle avança doucement vers le fond de la hutte de la guérisseuse et écouta les êtres de la forêt parler entre eux. La sensation d'angoisse dans son estomac avait disparu, et elle en était contente, mais elle s'inquiétait toujours pour la santé physique de sa compagne. " Elaini… " dit-elle doucement alors que la guérisseuse passait près d'elle. " Je peux te poser une question ? "

 

L'être de la forêt s'arrêta et posa le bassin qu'elle transportait. " Bien sûr… " dit-elle en se concentrant sur le barde. " Il y a quelque chose qui ne va pas ? " Une pause. " C'est Xena ? "

 

Gabrielle soupira. " Oui. " Elle baissa les yeux vers ses mains où ses doigts jouaient avec un morceau de lin, en faisant des nœuds. " Elle m'a dit ce matin qu'elle pensait qu'une de ces pierres l'avaient touchée au mauvais endroit… et que c'est ce qui cause tous ces étourdissements. "

 

Elaini s'assit et une expression inquiète envahit son visage. " Ce n'est pas bon ", soupira-t-elle en regardant le barde. " Elle est en train de se reposer ? "

 

Le barde la regarda. " Tu rigoles ou quoi ? " Elle expira. " Non, elle est sortie pour essayer de se rendre compte de l'étendue des dégâts. "

 

La guérisseuse la regarda avec horreur. " Gabrielle… ce n'est pas drôle. Elle peut… se faire très mal. " Elle fronça les sourcils. " Un mauvais mouvement… et si elle se blesse à la colonne vertébrale, elle peut rester paralysée. " Comment peut-elle risquer… par les bottes d'Arès, je ne comprends pas ces humains.

 

Gabrielle inspira doucement, en silence. " Rien de grave n'est arrivé ", dit-elle, mais sa voix tremblait un peu. " Je l'aurais su. " N'est-ce pas ? Qu'est-ce qui était si horrible… elle le sentirait si… oh, dieux. " Il faut que j'y aille. "

 

" Chh… " fit Elaini et la calmant de la main. " Tu as raison, Gabrielle… tu le saurais si quelque chose de grave s'était passé, tu le sais bien. " Arrête de lui ficher la trouille comme ça. La pauvre gamine.

 

Le barde s'assit lentement. " Je sais… c'est comme si mon estomac s'enfonçait. " Elle secoua la tête puis leva les yeux et remarqua l'étrange expression sur le visage d'Elaini. La guérisseuse avait froncé les sourcils et une main avait distraitement glissé jusqu'à son abdomen. " Ça ne va pas ? " demanda Gabrielle en tendant la main vers elle.

 

" Hmm. Non, ce n'est rien ", fit Elaini en secoua rapidement la tête. " Qu'est-ce que Xena a dit qu'elle allait faire ? "

 

Gabrielle la regarda un moment. " Elle a dit qu'elle allait se promener un peu. " Ce qui veut sans doute dire qu'elle est partie se promener, et que la promenade s'est transformée en autre chose, mais je ne crois pas qu'elle soit assez bête pour faire trop d'efforts… elle avait mal, à tel point qu'elle ne pouvait pas me le cacher.

 

L'odeur de l'infusion s'éleva dans la hutte alors que Cessi, dans un coin, versait de l'eau bouillante sur un grand bassin d'herbes. Le parfum épais et chaud portait des traces de menthe, ce qui ramena à l'esprit du barde un souvenir qui la fit sourire doucement.

 

C'était peu de temps après la mort de Perdicus, et les relations étaient encore… tendues… entre elle et Xena. Ce n'était pas à cause de quelque chose qu'avait fait… ou dit la guerrière, ni Gabrielle… mais elle entendait encore les hurlements de Perdicus la nuit dans ses rêves et le sentiment de culpabilité qu'elle ressentait, ajouté à celui que Xena ressentait de toute évidence, combiné à toute cette histoire avec Callisto et cet échange de corps n'avait pas rendu les choses plus faciles entre elles.

 

Et ça, pensa-t-elle tristement alors qu'elle était assise près du feu par cette froide nuit d'hiver dans la nature, était le pire. C'était comme si elle avait perdu quelque chose dont elle dépendait. Bien plus qu'elle ne s'y attendait, d'ailleurs.

 

Elle pensa à ce que ressentait Xena ; la guerrière passait de plus en plus de temps à s'entraîner seule, et revenait souvent au campement complètement éreintée, avant de jeter ses armes par terre et de s'asseoir, regardant le feu avec une expression de… tristesse infinie dans les yeux qui serrait le cœur de Gabrielle.

 

Mais elle ne savait pas comment arranger les choses… elles avaient traversé tant de choses, et cela faisait encore tellement mal, que c'est à peine si elle le supportait parfois. Ce qu'elle voulait, c'était… quelque chose qu'elle ne pouvait pas avoir, elle le savait bien, alors qu'elle regardait le visage fermé et silencieux de Xena et qu'elle sentait l'angoisse lui étreindre le cœur. Elle s'entoura de ses bras, comme pour se protéger du vent froid qui balayait le campement, et voulut vraiment se rouler en boule et oublier le reste du monde. Vaguement consciente des mouvements de Xena autour d'elle, elle se concentra sur le feu et laissa la tristesse brumeuse qui dominait ses pensées l'envahir.

 

Jusqu'à ce qu'elle ne soit rappelée à la réalité par l'odeur de la menthe chaude, et qu'elle ne lève les yeux pour tomber sur le regard bleu de la guerrière qui se tenait maintenant au-dessus d'elle avec une tasse tout près de son visage. " Tiens ", avait dit Xena. " Tu as l'air d'avoir froid. "

 

Et plutôt que de nier distraitement comme elle le faisait d'habitude, ou de faire une remarque sarcastique, elle poussa un soupir fatigué. " Je suis gelée. " Elle avait parlé d'une voix rauque qu'elle avait à peine reconnue et qui avait fait immédiatement mettre un genou à terre à Xena.

 

" Je vais aller te chercher ton manteau ", fit la guerrière en plaçant la tasse entre les doigts raidis de Gabrielle.

 

" Ce n'est pas le vent ", avait murmuré le barde, incapable de se taire.

 

Et Xena s'était arrêté en plein mouvement, avait fait une longue pause, puis s'était rassise près du corps trop immobile du barde. " Ecoute, Gabrielle… "

 

Mais le barde avait levé sa main libre, l'interrompant. " Non… il n'y a pas de mots pour cela, Xena. J'ai essayé et essayé de trouver les mots… quelque chose qui pourrait tout arranger… mais je ne peux pas. " Elle leva les yeux et croisa le regard de Xena ; elle resta là, voyant l'angoisse se refléter dans les yeux de la guerrière. " Tu es en colère contre moi ? "

 

La mâchoire de Xena s'ouvrit un peu de surprise. Cela aurait été presque drôle si cela n'avait pas été si sérieux. " Moi ? " bafouilla la guerrière en secouant un peu la tête. " Qu'est-ce que… pourquoi… Non. " Et puis, plus doucement : " Non. "

 

" C'est Perdicus, n'est-ce pas ? " La voix de Gabrielle était à peine un murmure. Je t'ai abandonnée… encore une fois, Xena. Ne crois pas que je ne le sais pas. Ne crois pas que je ne suis pas consciente de t'avoir blessée.

 

Et un silence lui avait répondu, et des yeux qui ne voulaient pas croiser les siens. " J'ai essayé, Gabrielle. " La réponse de Xena était basse et contrôlée. " Je ne… je ne pensais pas que Callisto… "

 

" Xena, ce n'était pas ta faute ", avait répliqué Gabrielle. " Je n'aurais jamais dû lui dire oui. " Elle avait avalé une gorgée du thé toujours dans sa main et fut agréablement surprise par le goût délicieux qui descendit dans sa gorge. " Mm ", murmura-t-elle.

 

" Gabrielle… ne sois pas ridicule. Tu l'aimais. Bien sûr que tu aurais dû lui dire oui. Ce n'est pas de ta faute si Callisto… a fait ce qu'elle a fait. C'est ma faute. Si tu ne m'avais pas rencontrée, cela ne serait jamais arrivé ", avait dit Xena d'une voix fatiguée, fixant d'un air grognon ses mains fermées, examinant ses doigts couverts de cals comme s'ils appartenaient à une autre. " Encore un truc à ajouter à ma liste de regrets. "

 

" Ce n'est pas vrai ", avait dit Gabrielle en observant le profil éclairé par les pauvres flammes écarlates du feu.

 

" Quoi donc ? " avait fait Xena en levant enfin la tête avec un soupir pour croiser les yeux du barde.

 

" Je ne l'aimais pas. " A peine un murmure qui fit pourtant se figer Xena.

 

Un très long silence avait suivi, durant lequel elles s'étaient observées avec une intensité très nette.

 

" Alors… " avait demandé doucement Xena. " Pourquoi avoir… tu voulais rentrer chez toi ? Je t'aurais… tu aurais pu… "

 

" Xena ", avait dit Gabrielle avec un doux sourire.

 

" Oui ? " avait fait la guerrière.

 

" Je suis chez moi. " Elle avait libéré son cœur et elle savait que ses sentiments se lisaient clairement sur sa figure, dans ses yeux. Ça fait des mois que je suis dehors… pour l'amour des dieux… je t'en prie… laisse-moi rentrer.

 

Pendant un très long moment, elle pensa que Xena n'allait pas répondre. Et si c'était le cas… puisqu'elle venait de lui ouvrir son cœur, peut-être que partir serait sa seule option. Il n'était pas question de rester ainsi.

 

Mais les yeux bleus s'étaient adoucis, et la guerrière avait montré un peu son cœur elle aussi en levant la main et en caressant doucement la joue de Gabrielle. " Tu seras toujours… " Et sa voix était tombée d'une octave. " Toujours la bienvenue dans mon cœur, quoiqu'il arrive. " Xena posa son autre main sur sa poitrine. " Tu le sais, n'est-ce pas ? " Une pause. " Gabrielle ? "

 

" Je commençais à me demander. " Ses mots étaient étranglés alors que sa gorge se serrait, et les larmes qu'elle avait retenues si longtemps coulèrent enfin le long de son visage.

 

Et puis elle s'était sentie physiquement soulevée et attirée dans une étreinte si puissante, si féroce, qu'elle bloqua le vent glacé et les mauvais souvenirs et la froideur entre elles. Et qui l'avait emplie d'une chaleur grandissante qui libéra les nœuds qui avaient noué son estomac depuis des mois. Elle avait pleuré tout son soûl et puis elles avaient parlé pendant des heures, effaçant enfin une partie de la douleur qui les avaient séparées.

 

Elle s'était éveillée, le matin suivant, toujours dans les bras de Xena, le manteau de laine de la guerrière entouré autour d'elles comme un abri de fortune. Sa tête blottie sous le menton de sa compagne, elle avait senti la respiration régulière et calme de Xena et son battement de cœur reposant alors que leurs corps étaient serrés l'un contre l'autre. Il faisait froid dehors, mais chaud là où elle se trouvait… alors elle avait fermé les yeux et était retombée dans le sommeil, avec un sourire, et le goût distant de la menthe dans la bouche.

 

Elles levèrent toutes les deux les yeux en entendant le tonnerre gronder au-dessus de leurs têtes, et les gouttes d'eau commencer à tomber sur le toit en chaume. Un coup d'œil dehors pour voir la bruine froide ; Gabrielle frissonna lorsque la brise s'engouffra à l'intérieur. " Brr… ça se refroidit vite. "

 

Elles entendirent alors un cri dehors et se retournèrent toutes les deux vers la porte ouverte. " Dieux ", fit Gabrielle dans un souffle en se dirigeant vers la porte, s'arrêtant bientôt net sur le porche, l'estomac noué.

 

Sous le crachin se dessinaient deux silhouettes trempées, l'une supportant l'autre.

 

" Bon sang ", marmonna le barde, mais son corps se détendit un peu lorsqu'elle comprit qui supportait qui. Elle quitta le porche pour aller sous la pluie et entendit les pas martelés d'Elaini qui venait de sauter du porche et passait près d'elle en courant, faisant éclabousser la pluie à chaque enjambée.

 

" Doucement, doucement ", fit Xena à l'intention de Jessan alors qu'ils atteignaient le bout du chemin boueux et entraient dans le village. " Ça glisse. "

 

" Ouais, ok ", fit l'être de la forêt, à bout de souffle, la tête baissée.

 

Xena leva les yeux et repéra la silhouette qui courait vers eux, et la forme plus petite juste derrière. Un sourire se dessina sur son visage. " On dirait que l'aide arrive, Jess. Encore un effort ", fit-elle doucement, alors qu'Elaini s'arrêtait près d'elle. La guerrière leva la main pour la calmer. " Ok… ok… il a quelques côtes cassées et une coupure. Ce n'est pas très grave ", dit-elle à la guérisseuse très inquiète.

 

" Je le tiens… laisse-moi te soulager, Xena. Pour l'amour d'Arès, fais attention ", fit Elaini, agacée, en attrapant le bras de Jessan et en laissant la guerrière lâcher son fardeau.

 

" Du calme, je vais… " Xena s'arrêta au milieu de sa phrase lorsque deux bras se glissèrent autour de sa taille et elle baissa les yeux pour tomber sur le regard vert brume de Gabrielle. " Bien ", acheva-t-elle mais d'une voix douce que seule le barde pouvait entendre. " Vraiment ", ajouta-t-elle, voyant le doute dans les yeux de sa compagne.

 

Le tonnerre gronda à nouveau et ils levèrent tous la tête vers le ciel. " Mettons-nous à l'abri ", dit Xena en glissant son bras autour des épaules de Gabrielle et en prenant le chemin de la hutte de la guérisseuse. " Tu frissonnes ", accusa-t-elle et elle sentit le barde se blottir un peu contre elle.

 

" Comment va ton dos ? " demanda Gabrielle en regardant son visage pour y lire sa réponse. Quelque chose a changé.

 

" Beaucoup mieux ", affirma la guerrière en la rassurant. " Tu ne croiras jamais ce qui s'est passé. "

 

" Ah oui ? " fit le barde en souriant, levant les yeux vers elle. " Comme si des trucs impossibles ne t'arrivaient pas tous les jours ? "

 

Ils montèrent les marches qui conduisaient à la hutte de la guérisseuse, et entrèrent ; à l'intérieur, Cessi et Tobias aidèrent Elaini à installer Jessan sur une paillasse au fond de la grande pièce.

 

" On dirait qu'il est en de bonnes mains ", chuchota Xena au barde qui gloussa un peu. La guerrière avança jusqu'à Gennen qui était blotti contre son compagnon, regardant l'action depuis l'autre côté de la pièce. " Comment va-t-il ? "

 

Gennen se tourna vers Xena. " Il va se remettre. " Un grand sourire se dessina sur ses lèvres, montrant toutes ses dents. " Je te dois deux vies, alors ? La mienne et la sienne. "

 

" Nan ", fit la guerrière en lui tapotant le bras. " Je n'ai fait que donner un coup de main. Il s'est sauvé tout seul. "

 

Des bruits de pas lourds sur le porche, plusieurs personnes et puis Lestan et Wennid entrèrent. Cette dernière se précipita immédiatement vers son fils. Lestan la laissa faire et s'arrêta près de Xena, hochant la tête alors que la guerrière se relevait.

 

" Xena ", soupira-t-il. " Qu'est-ce qui s'est passé ? "

 

Xena se redressa et posa ses mains sur ses hanches. " Et si tu me disais ce qui se passe avec vos voisins du nord ? Ensuite je te dirai ce qu'ils ont fait à ton fils. "

 

Silence dans la pièce ; tous les yeux étaient fixés sur le leader et l'humaine.

 

Finalement, Lestan acquiesça. " Il est temps ", répondit-il. " Qu'on réunisse le conseil ", dit-il à l'intention de son aide qui les avait suivis.

 

A suivre : cinquième partie

*********

 

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