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EYE OF THE STORM2

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

L'OEIL DU CYCLONE

Eye of the Storm

 

 

Par Melissa Good

 

Résumé et traductions : Fryda

 

 

*********

Partie 2 - Chap. 5

***********

 

 

Les anciens collègues de Kerry, Colleen, Ray, Susan et Sal, attendent au bowling et la voient arriver à l'heure exacte comme à son habitude, et seule, Dar étant retenue par un appel téléphonique. Ray est agréablement surpris de voir à quel point son ancienne chef, à laquelle il a succédé, a physiquement changé, et tous approuvent.

 

Kerry les rejoint, heureuse de les revoir après tout ce temps et leur dit qu'elle suit leur travail de près.

 

 

 

Extrait :

 

La lumière diminua, et les stroboscopes prirent le relais, projetant des boules et des rayons sur l'aire de bowling.

 

De la musique d'ascenseur ajouta à l'atmosphère, alors que les équipes se dirigeaient vers leurs couloirs. " Est-ce qu'ils s'attendent vraiment à ce qu'on… hum… joue au bowling… là-dedans ? " Kerry regarda autour d'elle avec un sourire ironique.

 

" Nan… c'est plus pour rigoler qu'autre chose… " Susan remua la main. " Les bénéfices vont à l'Armée du Salut, alors… "

 

Elle montra un ticket. " Vous feriez mieux de vous trouver une paire de chaussures moches et on y va. Ils vous apporteront les bières là-bas. " Elle indiqua un endroit. " Couloir 32. "

 

" Bonne idée. " Kerry se leva et Ray se joignit à elle. " On vous retrouve là-bas. " Elle fit le tour de la table. Et alla vers le comptoir de contrôle, le latino élancé sur ses talons. " C'est assez loufoque pour être marrant, Ray. "

 

Ray se mit à rire. " Si, t'as tout à fait raison, jefa. " Il lui tapota le dos, avec un peu de précaution. " Kerry, il faut que je te le dise… je trouve que tu as une allure fantastique. "

 

Le sourire amical, et le regard vert chaleureux étaient eux inchangés. " Merci, Ray… toi aussi tu as bonne mine… c'est une nouvelle coupe ? " Les cheveux de Ray étaient quasiment rasés à l'arrière, et l'avant n'était pas beaucoup plus long. Elle tendit la main et l'ébouriffa.

 

" Ça m'ennuie de te raconter ce qui s'est passé. " Il baissa la voix, alors qu'ils attendaient leur tour au comptoir. " J'étais sous l'évier, tu vois ? Je réparais les tuyaux et j'ai allumé ce petit chalumeau. "

 

Kerry pencha la tête. " Pour les machins en cuivre ? "

 

" Si… si, c'est juste que la chienne, elle est si mignonne, mais elle fourre son museau… je ne portais pas de… " Ray s'interrompit et s'éclaircit la voix. " Bon, j'ai sursauté, et j'ai oublié le chalumeau, et je me suis brûlé les cheveux. "

 

Elle plaqua la main sur sa bouche pour s'empêcher d'éclater de rire. " Je suis désolée… ce n'est pas drôle… "

 

" Oh mon cœur… bien sûr que c'est drôle. " Ray sourit avec un air penaud. " Mais c'est pas si mal, hein ? "

 

Kerry lui sourit en retour. " Non… pas du tout… tu as juste un air différent. " Elle s'interrompit. " Plus jeune, je trouve. "

 

" Toi aussi. " Les yeux noirs clignèrent sous des cils encore plus noirs. " Regarde-moi tous ces muscles. "

 

Elle regarda vers le bas puis elle écarta un peu les bras et haussa les épaules. " Ouais… je sais… c'est toute cette grimpe, et la plongée, et… " Kerry soupira. " Ça m'a pris un peu de temps pour m'y habituer… mais ça n'est pas si mal, hein ? "

 

" Tch. " Ray se mordit la lèvre, et avec sa permission, il se permit un regard appuyé. " Mon cœur, tu es superbe… et si heureuse. " Il se pencha un peu plus. " Je suis si content pour toi, jefa… la chupa… elle t'a fait du bien, non ? "

 

Kerry hocha lentement la tête. " Plus que du bien, Ray. " Elle se tourna alors qu'ils atteignaient le comptoir et tendit le ticket, elle commanda des chaussures pour elle et Dar et paya. " C'est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. "

 

 

 

**************************************

 

 

 

Pendant ce temps, chez ILS :

 

 

 

Extrait :

 

" Bien, bien, bien. " Dar cocha finalement la dernière case du formulaire qu'elle remplissait, inscrivant soigneusement plusieurs observations au bas du document. " Est-ce qu'on peut lancer la version beta ou pas ? "

 

Un soupir vexé sortit du haut-parleur. " Dar… on vient juste d'installer les routeurs… tu veux bien me laisser une semaine pour les programmer et les tester avant que tu ne commences à leur balancer des paquets ? "

 

" Une semaine ? " Protesta Dar, en se penchant sur son travail pour inscrire un long paragraphe, dans son écriture puissante mais embrouillée. " Bon Dieu, Byron… j'ai fait programmer vingt de ces fichus trucs en une seule nuit… qu'est-ce que tu veux dire par une semaine ? "

 

" Dar… "

 

Un autre gribouillis, et une pause pour réfléchir. " Montre une compréhension exceptionnelle des dossiers commerciaux, et agit avec un sens solide des responsabilités", marmonna-t-elle.

 

" Pardon ? "

 

" Pas toi, Byron. " Dar mâchouilla le bout de son crayon. " Très bien… je suis fatiguée de discuter… et il faut que je parte. Tu as une semaine… mais quand ce sera fini, je veux l'autorisation de lancer le système. "

 

Un marmonnement. " D'accord… je crois pouvoir faire ça. "

 

" Tu crois ? " La voix de Dar grimpa d'un octave.

 

" On va le faire. "

 

" Bonne nuit, Byron… salue Sandra de ma part. "

 

" Fais-le toi-même ", grommela Byron. " Elle est à côté de moi… elle se marre comme une tordue. Elle adore me voir mal à l'aise. "

 

Dar sourit. " Salut, Sandy. "

 

Une voix basse et mélodieuse lui répondit, pleine de cette musicalité commune dans l'Est. " Salut Dar… ça fait un bail… j'ai apprécié chaque moment de cet échange. " Sandra gloussa. " Mais j'ai en tête cette image d'une punk de dix-huit ans assise dans le bureau de la DSI … ça me torture l'esprit. "

 

Sandra Weing avait été le premier superviseur de Dar, après que la compagnie eut acheté le petit groupe de programmeurs qu'elle avait rejoint pour un boulot d'été. Dar était plutôt sûre d'avoir rendu folle la charmante, talentueuse, patiente et sereine Dr Weing, et elle était toujours surprise qu'elle se souvienne affectueusement d'elle.

 

Elle avait aussi été le premier béguin de Dar, et une source de révélation étonnante. Toutefois, Sandra avait épousé Byron, un ingénieur système apprécié dans son milieu, et avait décidé de se caser et d'avoir des enfants… et Dar se demandait toujours ce qui en serait sorti autrement. " Et bien, à l'évidence je n'ai plus dix-huit ans ", fit-elle remarquer, en remplissant une autre ligne de son formulaire. " Mais je suis contente que tu t'amuses. "

 

" Non… je m'en suis rendue compte quand ils ont édité ces photos de toi en ligne ", dit Sandra en gloussant. " Bon, le dîner nous appelle… ça a été sympa de te parler, Dar. "

 

" Pareil pour moi, à la semaine prochaine, Byron ", avertit Dar.

 

" Ouais… ouais… ", dit-il en soupirant. " Tu l'auras. "

 

" Bonne nuit. " Dar appuya sur le bouton du téléphone avec son crayon et finit sa dernière inscription, sa vraie raison pour rester si tard.

 

L'évaluation de Kerry, qui serait un peu difficile à faire pendant les journées chaotiques, ou à la maison, avec la présence tangible de sa compagne si proche. Elle regarda sa montre. " Il n'est que 8h30… ce n'est pas si mal. " Elle ajouta les recommandations pour l'avenir de Kerry, et elle signa le document, avec un gribouillage puissant, en souriant en se redressant sur sa chaise avant de laisser tomber le crayon sur le bureau.

 

Le bruit de pas ne la surprit pas. Elle savait qu'Ankow était toujours dans l'immeuble, grâce à des petits traceurs de sécurité qui l'avaient pisté pour elle ces dernières heures. " Bon. " Elle se leva et verrouilla son PC, glissant l'évaluation de Kerry dans le tiroir du haut de son bureau avant de le verrouiller également. " On ne va pas se rejouer hier soir, ça c'est sûr. "

 

Elle avait déjà son sac de gym sur l'épaule lorsqu'il entra et elle le regarda brièvement et avec indifférence en attrapant ses clés. " Je partais. " Une pause. " Désolée. "

 

Il s'appuya contre le chambranle de la porte, la regardant avec un air maussade. Peut-être qu'il n'aime pas les perroquets. Elle en avait deux dans une jolie posture sur son sein droit, brodés sur une chemise en jean bleu pâle rentrée dans un jean délavé.

 

" On va zoner ce soir ? "

 

Dar alla vers la porte. " Disco bowling ", répondit-elle, avec une stricte véracité, en s'arrêtant devant lui et en faisant un geste vers le bureau extérieur. " Le bar est fermé. "

 

Pendant une minute, elle pensa qu'il allait rester planté là, puis il sortit, la précédant. " Je suis surpris… pour quelqu'un qui vit sur une île huppée… passer ses soirées au bowling ? "

 

Dar ne réagit pas. " C'est mieux que de passer mon temps à fouiller dans les dossiers publics du palais de justice de Dade County. "

 

Il arriva le premier à la porte, et s'y appuya, la maintenant fermée tout en lui souriant. " Mais on y trouve des choses si fascinantes… à feuilleter ces microfilms. " Une pause. " Je vous ai, Roberts. "

 

" Avec un appartement hérité ? " Dar regarda sa montre. " Tirez-vous de mon chemin, j'ai des choses plus importantes à faire. "

 

" Avec votre copropriétaire ? "

 

Oh, oh. Dar soupira silencieusement, mais garda son sang-froid. " Qui… Kerry ? " Elle réussit à garder une expression totalement neutre. " Pourquoi ? Elle paye la moitié des taxes. "

 

Un moment de doute dans ses yeux. " Vous vivez ensemble. " Il s'était visiblement attendu à une réaction totalement différente de sa part.

 

" Ouais… ça, c'est vrai ", acquiesça Dar aimablement. " C'est la meilleure colocataire que j'ai jamais eue. Bon… est-ce que cette conversation a un but ? Parce qu'autrement, je m'en vais. " Elle mit le sac de gym sur son épaule et s'avança de quelques pas.

 

Lentement, il s'écarta de la porte et l'ouvrit, la regarda attentivement. " Colocataire, hein ? "

 

Dar se sentit l'envie de le boxer. Elle en avait vraiment, vraiment envie, et peut-être qu'il s'en rendait compte et que ça l'excitait. " Ouais… " Puis elle sourit avec une intensité sauvage. " Que pensiez-vous… qu'on baisait comme des lapins sur la table du salon ? " Elle faillit rire à l'expression de son visage. " Sortez la tête de votre pantalon, Ankow… et virez vos fesses de mon bureau. "

 

Dar passa près de lui et alla vers l'ascenseur à grandes enjambées, le laissant derrière dans un silence dangereux.

 

Les portes s'ouvrirent à la dernière minute et elle entra, il la rejoignit, les portes de l'ascenseur se refermant sur eux dans un calme chargé.

 

Ils se fixèrent dans l'atmosphère oppressante, les étages semblaient se traîner. Le voyage se termina enfin, et Dar s'échappa dans la paix fraîche du hall d'entrée, essayant d'ignorer la silhouette à ses côtés.

 

Il attendit qu'ils aient passé les portes et le garde de sécurité, avant de tendre la main pour lui attraper le bras.

 

Dar s'arrêta.

 

Et elle tourna un regard glacial vers lui. " Enlevez vos mains de là. " Elle garda une voix basse, mais elle grondait d'intensité.

 

Il lâcha son biceps, puis pointa le doigt vers sa poitrine. " Je vais découvrir la vérité ", lui promit-il doucement. " Et vous enterrer avec. "

 

 

 

Ankow laisse Dar seule sur le parking sur ces mots. Elle se retourne pour aller vers sa voiture et elle manque crier de surprise en se cognant dans une grande forme près d'elle. C'est son père, Andrew, qui a réfléchi à ce que lui a dit sa fille mais ne sait pas trop comment reprendre contact avec sa femme. Dar lui suggère de laisser la Marine le faire à sa place en disant que l'annonce de sa mort était une erreur. Mais qu'il faudra bien qu'il explique sa présence à Miami depuis un mois et son silence.

 

Andrew n'est pas très chaud pour que la Marine s'en mêle. Dar prend alors son téléphone portable et appelle sa mère en lui annonçant que quelqu'un voudrait lui parler. Et elle croise les doigts.

 

 

 

**************************

 

 

 

Dar rejoint les autres au bowling et Kerry remarquant son air soucieux, l'interroge sur les raisons. Dar lui demande si elle devrait commencer par Ankow et ses questions sur leur vie privée, ou par sa mère à qui elle a passé son père au téléphone. Kerry n'en revient pas que Dar ait pu se mettre dans un tel bazar en à peine quarante-cinq minutes.

 

Dar la rassure pour Ankow, qu'elle lui a dit qu'elles étaient colocataires. Kerry est sceptique mais admet que c'est bien la réalité, elles sont colocataires, après tout.

 

Elles rejoignent les autres et Dar s'offre un remontant.

 

 

 

*********************

 

 

 

Extrait :

 

Cécilia regarda le téléphone, profondément intriguée. Etre appelée sans raison par Dar était bien assez choquant, mais… qui à Miami pouvait bien vouloir lui parler ? A moins que Dar ne soit pas à Miami, bien entendu. Elle porta le téléphone à on oreille avec impatience.

 

Tout ce qu'elle put entendre fut le son à peine audible d'une respiration.

 

Sans raison particulière, un frisson la traversa. " Allô ? " Demanda-t-elle à nouveau, plus doucement. " Il y a quelqu'un ? "

 

Une inspiration rauque, puis un son presque inaudible traversa la ligne et atteignit ses oreilles.

 

" Céc ? "

 

Non. Elle était pétrifiée, immobile. Le souffle coupé. Non… non, elle ne pouvait pas avoir entendu cette voix. Sa poitrine se souleva, aspirant l'air avec bruit.

 

" Céci ? " Le son de nouveau, un peu plus fort.

 

Ça n'était pas possible. C'était juste un autre rêve.

 

Juste un autre cauchemar. Elle devrait raccrocher. C'est ça qu'elle devrait faire, raccrocher et tout oublier.

 

Oui.

 

Sa main bougea.

 

Son cœur parla. " Andy ? "

 

" Oui. "

 

Le monde disparut autour d'elle, devenant un petit espace rempli uniquement de cette voix. " Andy. " Elle entoura le téléphone, le tenant à deux mains.

 

" Céci, c'est moi. "

 

Elle hoqueta doucement. " Oh. "

 

" Cec ? "

 

Elle ferma les yeux. " Oui ? "

 

La voix s'emplit d'une tristesse douloureuse. " Je suis désolé. "

 

Sa poitrine explosa soudain dans un sanglot. " Où es-tu ? " Elle réussit à prononcer les mots. " Andy… où es-tu ? " Elle commença à pleurer violemment, tenant le téléphone si fort qu'il grinça.

 

" Cec… il y a tant de choses… à te dire, je… "

 

" Je m'en fiche ", murmura Cécilia. " Je me fiche de savoir où tu étais ou ce que tu as fait… viens ici, c'est tout… rentre à la maison… s'il te plaît. " Elle s'interrompit alors que les larmes l'étouffaient. " S'il te plaît… "

 

Il était blotti sur le siège avant, tremblant si fort qu'il pouvait à peine tenir le téléphone. " D'accord ", dit-il enfin dans un son étouffé.

 

" Quand ? " Un murmure à peine audible en réponse.

 

Andrew ouvrit le poing, et vit le sang là où sa main s'était refermée sur les clés que sa fille lui avait données.

 

" T'as joué au bon Samaritain… et ça t'es revenu en pleine poire "Que Dieu te bénisse Dar. " Maintenant. " Il répondit à la question, entendant le sanglot presque hystérique à l'autre bout de la ligne.

 

Que Dieu te bénisse.

 

 

 

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Kerry essaie de rassurer Dar et lui dit que son idée n'était peut-être pas si mauvaise. Que lorsque l'on pense trop à quelque chose, on finit par avoir peur de la réaliser. Dar approuve et évoque le soir où elle l'a embrassée sur la plage. C'était le jour de sa vie où elle a eu le plus peur de se tromper. Kerry la rassure en lui disant que cette fois, elle ne s'est assurément pas trompée.

 

Elles regardent Colleen lancer maladroitement la boule et Dar se moque gentiment de Kerry qui avoue ne pas savoir faire mieux que son amie.

 

Le téléphone portable de Dar sonne alors et son père lui demande rudement de le rejoindre dehors. Dar est persuadée que son père va lui passer un savon pour son idée de génie d'avoir appelé sa mère.

 

Kerry reste avec ses amis inquiets de voir Dar les quitter.

 

 

 

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Dar est un peu anxieuse de la réaction de son père… qui la surprend en l'étreignant et la remercie pour son geste. Il lui dit que Cécilia veut qu'il aille la rejoindre et Dar propose de lui trouver un vol tout en faisant signe à Kerry de venir les retrouver. Notamment pour utiliser le portable de sa compagne puisque son père ne semble pas vouloir lui rendre le sien.

 

Dar fait le nécessaire pour acheter le billet et Kerry part acheter des vêtements de rechange pour Andrew. Puis Dar emmène son père à l'aéroport et en regardant dans le rétroviseur, elle capture quelques larmes sur le visage d'Andrew, ému.

 

 

 

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Cécilia est allongée, un peu abasourdie par l'appel auquel elle a encore du mal à croire, et elle ne cesse de regarder le numéro affiché sur son portable. Qui se met à sonner de nouveau.

 

La voix d'Andrew résonne dans le brouhaha de l'aéroport de Miami et Cécilia est impatiente d'aller à sa rencontre. Andrew essaie de lui parler de ses blessures, mais n'y parvient pas. Dar prend la suite et indique le vol et l'heure d'arrivée. Elle en profite pour avertir sa mère qu'Andrew a subi des changements qui ne sont pas mineurs. A Cécilia qui réplique que cela lui importe peu, Dar ajoute que c'est important pour son père.

 

Cécilia remercie Dar à son tour, tout en trouvant cette situation plutôt douce-amère.

 

 

 

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Dar et Kerry quittent l'aéroport en regrettant de ne pas pouvoir être là-bas au moment des retrouvailles. Dar dit à Kerry combien son père l'apprécie et cette dernière répond que Dar et Andrew lui ont appris énormément sur l'amour. Elles rentrent chez elle satisfaites.

 

 

 

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Andrew Roberts réfléchit à sa situation, tout en se souvenant qu'il est plutôt mal à l'aise en avion. Il se demande s'il devait fesser sa fille ou la remercier de l'avoir mis face à ce qui l'attend. Mais il est heureux de revoir sa femme, même s'il a conscience qu'elle risque d'être désagréablement surprise en voyant ce qui lui est arrivé.

 

De son côté, Cécilia se rend à l'aéroport où elle retrouve Andrew dans une scène très émouvante.

 

 

 

Extrait :

 

Céci se leva lorsque l'avion s'arrêta, rebondissant légèrement sur le train avant, et que la passerelle s'étira pour atteindre la porte de l'avion. Elle posa les mains sur la vitre et regarda le personnel de l'aéroport se préparer, puis la porte s'ouvrit. Elle ne pouvait voir que le petit carré de lumière qui s'en dégageait, mais son regard ne le quitta jamais, alors que les premiers uniformes sortaient.

 

Puis, pendant un quart de seconde, une silhouette apparut dans cet unique carré de lumière, et elle s'arrêta de respirer.

 

Juste un éclair.

 

Juste une seconde.

 

Et elle sut.

 

Les mains serrées, elle traversa les rangées de chaises jusqu'à ce qu'elle atteigne l'entrée, agrippant un pilier pour se maintenir lorsqu'elle entendit des pas s'approcher.

 

Et soudain, il fut là.

 

Remplissant le couloir, un corps aux épaules larges vêtu d'un sweat-shirt bleu marine, la capuche entourant un visage marqué de cicatrices dont le regard balayait la pièce et trouva le sien.

 

Elle était de nouveau perdue. Elle ne se souvint jamais avoir marché ces quelques derniers pas, juste que son regard ne quitta jamais le sien, et qu'elle ne s'arrêta que lorsque ses mains touchèrent un corps chaud et vivant, qui n'avait existé que dans ses rêves pendant sept longues années.

 

Un léger hoquet sortit de ses lèvres. " Andy. "

 

Les yeux bleus calmes croisant les siens brillèrent de larmes. " Salut, jolie dame. "

 

C'en était trop. Ses genoux s'entrechoquèrent et il la rattrapa, et elle se laissa tomber dans une étreinte dont le contact, et les odeurs submergèrent toutes ses défenses.

 

Elle était si petite, et si légère. Andrew garda les yeux fermés, et se contenta de savourer le contact, le battement du cœur de Cécilia contre sa poitrine alors qu'il l'entourait de ses bras et laissait son cœur retrouver son foyer.

 

Enfin.

 

Il se rendit compte, après quelques moments d'inconscience, qu'ils bloquaient le passage pour les autres passagers qui devaient les contourner, en leur lançant des regards qui allaient de l'amusement à l'agacement. Céci avait la tête enfouie dans sa poitrine, et elle l'étreignait comme si sa vie en dépendait, son corps secoué de sanglots ; alors il prit la décision la plus rapide et la souleva, la berçant tout en allant vers une zone plus intime, plus calme et vide.

 

Puis il s'assit, et laissa retomber sa tête jusqu'à ce qu'il puisse respirer son odeur. Les mains de Cécilia caressaient sa poitrine à travers le tissu et il l'attira contre lui, laissant le temps passer alors qu'il sentait son propre visage se tendre en une expression étrange et peu habituelle.

 

Un sourire.

 

 

 

**********************************************

 

 

 

Kerry reçoit un appel de sa sœur Angie qui souhaite lui parler des audiences au tribunal à la suite de la mise en cause de son père (NDLT : Kerry avait dénoncé les agissements véreux de son père

 

 

 

Extrait :

 

Kerry finissait de préparer du café dans la cuisine lorsque le téléphone sonna. Elle tendit la main pour le saisir sur le plan de travail. " Allô ? "

 

" Salut, Ker. "

 

Elle cligna des yeux de surprise. " Salut, Angie… qu'est-ce qui se passe ? " Elle avait parlé à sa sœur le week-end précédent et elle ne s'attendait pas à un nouvel appel aussi tôt.

 

Un soupir pensif. " Rien de bon. "

 

" Ah ouais ? " Kerry s'essuya les mains et alla dans le séjour, vide puisque Dar était dans le bureau à lire ses messages. " Tu te sens bien ? Ce n'est pas le bébé, dis ? " Elle baissa le son de la télévision et s'assit sur la bergère, le dos bien au fond et une jambe sur le bras du divan.

 

" Non… c'est plutôt à cause des audiences. "

 

Oh. Kerry posa la main sur son poing. " Ouais… je ne suis pas pressée d'y être. "

 

Il y eut un moment de pause embarrassant. " Non… je… écoute, Ker ? Tu es ma sœur, et je t'aime… tu le sais, hein ? "

 

Elle prit une inspiration. " Ouais… moi aussi. "

 

" Bon… et bien… Papa a passé le mot… il veut que personne ne t'adresse la parole pendant tout le truc. " Angie hésita. " Et Richard m'a fait une leçon d'enfer à ce sujet. Je… "

 

" Alors tu vas suivre les ordres. " Kerry finit la phrase, une boule dans la gorge.

 

" Kerry, c'est pas toi qui dois vivre avec lui ici. " Sa sœur soupira tristement. " C'est juste… pour la galerie. Ce n'est pas comme si je le pensais vraiment… tu me connais bien mieux que ça. "

 

" Ouais, c'est ça. "

 

" Kerry… "

 

Elle se frotta les yeux. La tension était trop grande ce soir. " Désolée, Angie… ça ira, vraiment. Je comprends. " Elle soupira. " C'est juste qu'il se passe plein de trucs ici… je suis un peu tendue. "

 

Un court silence. " Tu vas bien ? "

 

" Oui… oui… je vais bien… on a juste… hum… " Kerry bougea un peu le téléphone, et tapota Chino qui venait de sauter près d'elle et de s'allonger. " Tu te souviens que je t'avais parlé des parents de Dar ? "

 

" Mmm… oui… oui, je me souviens. C'était vraiment triste… et un peu horrible. "

 

" Oui, oui… et bien, on les a remis ensemble ce soir. "

 

" Vraiment ? " La voix d'Angie grimpa. " Mon Dieu, Ker… c'est merveilleux… ouaouh ! " Un son étouffé parvint par le récepteur, et Angie soupira. " Il faut que j'y aille... je voulais juste te prévenir … ne m'en veux pas, d'accord ? "

 

" C'est d'accord ", répondit Kerry doucement. " Comment va Mike ? "

 

" Papa lui a fait quitter la fac… il le fait travailler dans son bureau. Je… il a vraiment été calme ces derniers temps. "

 

" Dis-lui bonjour de ma part, si tu le vois, d'accord ? "

 

Une pause. " D'accord. " Angie s'éclaircit la voix. " Au revoir. "

 

 

 

Dar reçoit à son tour un appel de son père qui souhaite lui faire savoir qu'il est arrivé et qu'il veut remercier Kerry qui lui a commandé un snack spécial dans l'avion.

 

Dar rapporte ces mots à Kerry qui lui répond qu'elle et son père sont sa seule famille maintenant qu'elle risque de ne plus pouvoir parler à ses frère et sœur à cause du procès.

 

 

 

**********************************************

 

 

 

Cécilia a emmené Andrew chez elle et ils se retrouvent après toutes ces années de silence où Cécilia croyait Andrew mort.

 

 

 

Extrait :

 

Céci attendit un moment, puis elle mordit sa lèvre qui tremblait. " Après qu'ils sont venus pour me dire… " Elle s'interrompit et déglutit. " Je ne savais pas quoi faire… c'était comme si j'allais me briser en mille morceaux… tout ce que je faisais… tout ce que je voyais… " Elle ferma les yeux. " C'était comme de poser mon cœur sur des morceaux de verre. " Les larmes recommencèrent à couler sur son visage, et Andrew se rapprocha, glissant un bras autour d'elle pour la soutenir.

 

Elle reprit son souffle. " Je me suis finalement rendue compte… que la seule façon pour moi de survivre était de … " Elle regarda autour d'elle en silence.

 

" Te débarrasser des souvenirs ? " Proposa Andrew.

 

" Non… " Elle frotta ses larmes. " Simplement de les cacher. " Un soupir. " D'ôter tout ce que j'avais connu jusque là… de simplement… enfermer cette partie de moi-même. "

 

" Même Dar ? "

 

Les yeux gris devinrent plus pâles. " Surtout Dar ", murmura Céci. " Andy… je suis désolée… je sais que j'avais tort d'agir ainsi… je sais… combien ça a dû la faire souffrir. " Elle mit la tête dans ses mains. " Combien ça m'a fait souffrir de savoir ce que tu ressentirais si tu savais… je savais ce que tu ressentais pour elle. " Un hoquet. " Mais je n'avais pas le choix… je ne pouvais… supporter la douleur… et c'était le seul m… moyen. "

 

Andrew attira doucement sa tête et la posa sur sa poitrine, caressant les cheveux blonds argentés dans un réconfort silencieux. " Céci… je suis désolé ", finit-il par dire d'une voix rugueuse. " Je me serais étripé avant de te faire une chose pareille. "

 

Elle se blottit contre lui. " Alors pourquoi l'as-tu fait ? " Murmura Céci.

 

Andrew ferma les yeux. " Ce truc où je devais aller… n'était pas ce que tu croyais… c'était pas ce que tout le monde croyait… " Il prit une inspiration. " C'était un endroit… y avait un groupe de vingt-deux hommes coincés là-dedans… un endroit d'où j'avais dû faire retraite… l'équipe avec qui j'étais, j'étais le seul qui pouvait encore se battre. "

 

Céci leva la tête et le regarda. Son visage était tendu par la douleur. " Vingt-deux hommes, Céci… " Sa voix contenait une note perdue, impuissante. " Ils me sont tombés dessus, et je… j'ai échangé vingt-deux vies contre la mienne. " Il s'interrompit un long moment. " Et je l'ai fait… sauf qu'ils ont continué … et que quelqu'un devait les arrêter… "

 

Il cligna des yeux et une larme perdue émergea. " Et je me suis dit… " Le ton baissa très profondément. " Il n'y avait plus rien qui me donne envie de rentrer. "

 

Cécilia resta immobile.

 

" Alors ils m'ont pris. "

 

Un léger gémissement.

 

" Et… ils ont essayé leurs maudits trucs sur moi, mais un homme doit avoir quelque chose qui le retient pour faire ça… et c'était pas mon cas. " Tout le visage d'Andy se plissa. " Je les ai maudits de ne pas avoir continué. " Une pause. " Cinq maudites années et plus… mais la seule chose qui m'a gardé à moitié sain d'esprit, ça a été de penser à toi. " Plus doucement. " De souhaiter que les choses soient différentes. " Un murmure. " Ça me faisait mal qu'on se soit séparés comme ça. "

 

Un hoquet tremblant. " Andy… je suis si désolée… je ne pensais pas ce que j'ai dit. "

 

" Ouais. Moi non plus. " Il soupira. " Enfin… je pense que j'étais plutôt fichtrement borné à la fin… un jour le truc a pété, la dernière chose dont je me souvienne, c'est que j'étais sur un bateau en route pour la maison. " Une pause embarrassante. " Ils m'ont recollé… du mieux qu'ils ont pu… ils m'ont laissé partir. "

 

Elle leva la tête et le regarda dans les yeux. " Je t'avais dit que je ne serais pas là si tu revenais. "

 

Il hocha la tête en silence.

 

" Tu m'a crue. "

 

Il cligna des yeux avec hésitation. " Je n'avais pas le cran de trouver un moyen ou un autre. " Il s'interrompit et ferma les yeux. " Je ne voulais pas savoir si tu avais changé d'avis. "

 

" J'étais… j'essayais juste de t'obliger à rester ", murmura Céci. " Je t'aurais attendu toute ma vie. " Elle enfouit son visage dans son sweat-shirt. " Tu m'as tellement manqué. "

 

Andrew laissa reposer son menton sur ses cheveux soyeux. " Moi aussi. "

 

Ils restèrent silencieux pendant un moment, pendant que la tension baissait, et que l'air revenait. " Andy ? " Murmura Cécilia après un moment.

 

" Mm ? "

 

" Je suis… très fatiguée… de souffrir. " Elle parla lentement. " Et je ne peux pas changer ce qui s'est passé. "

 

" Non. "

 

" Est-ce qu'on ne peut pas simplement recommencer ? " Elle fouilla son visage attentivement. " S'il te plaît ? "

 

Il pencha légèrement la tête pendant qu'il réfléchissait, ses yeux bleus intenses perdus dans les siens avec un sérieux caractéristique. " Je crois que j'aime cette idée ", dit-il finalement, en entrelaçant ses doigts avec les siens. " Ça marche pour moi. "

 

Bon. Céci se sentit un peu engourdie, et nauséeuse à cause du stress, et avait un mal de crâne qui lui donnait l'impression d'être un modèle de tableau de Picasso.

 

C'était merveilleux. Mais elle était totalement épuisée, et elle soupçonnait Andy de l'être aussi. " Je ne me souviens vraiment pas de la dernière fois où je suis restée debout aussi longtemps ", murmura-t-elle, en jetant un coup d'œil à l'horloge sur la cheminée.

 

Andrew la regarda sobrement. " Vas-y donc… " Il pointa la chambre d'un coup de tête. " Ça va aller pour moi ici... je… hum… " Il s'interrompit avec embarras. " Vas-y. "

 

Peut-être que c'était le mieux en effet, pensa Céci. Ils avaient le temps… et ça allait prendre du temps de se réajuster à… tout ça. A chacun d'eux. Andy avait raison de ne pas bousculer les choses.

 

Elle ne bougea pas.

 

Ils se regardèrent et soudain, des sourires timides apparurent sur leurs visages. " Tu sais quoi, Andy ? "

 

" Quoi ? "

 

" Sept ans, c'est bien assez long pour dormir seule… viens me tenir compagnie. " Elle serra la main toujours collée à la sienne. " Ou bien je vais rester debout à vérifier toute la nuit si tu es toujours là. "

 

Il pinça les lèvres. " Très bien ", dit Andrew d'une voix traînante. " J'espère que je vais pas trop remuer. "

 

Cécilia se leva et l'attira doucement. " Je suis si fatiguée que tu pourrais faire de la gym que je ne m'en rendrais sûrement même pas compte. "

 

" Ça risque pas ", murmura-t-il en se levant et il prit le sac que Kerry lui avait donné, avant de suivre Céci dans la chambre. Il posa le sac et le regarda. " J'espère que la gamine aux yeux verts a pensé à mettre un pyjama là-dedans. " Il regarda autour de lui, la pièce si désespérément rangée, avec son lit au tissu austère et si propre.

 

Céci pencha la tête. " Ce n'est pas le tien ? "

 

" J'ai pas eu le temps de faire mon sac. " Andrew tira sur la courroie puis sur la fermeture éclair du sac, et fouilla avec curiosité. " Bon Dieu. " Il sortit un short de pyjama bleu clair avec un dessin bleu marine.

 

" Qu'est-ce que… oh. " Céci étouffa un rire. "Ce sont des phoques. " Elle pointa le tissu, qui portait en effet, des petits phoques bleu marine. " C'est de l'amie de Dar, Kerry ? "

 

Il se renfrogna un peu. " Ouais… elle a le sens de l'humour, je peux te le dire. " Il continua sa fouille, et trouva un petit nécessaire de rasage, et quelques articles de toilette, une serviette, quelques sweat-shirts bien pliés, et deux jeans.

 

Et des sous-vêtements. Andrew sentit que ses sourcils se dressaient alors qu'il retirait un caleçon en soie bordeaux. " Nom de Nom. "

 

Céci se couvrit la bouche, alors qu'un éclat de rire hystérique menaçait de s'échapper. " Et bien… elle a plutôt bon goût. "

 

Andrew marmonna quelque chose entre ses dents et prit le pyjama puis se tourna vers la salle de bains, s'arrêtant lorsqu'une main toucha son bras. " Ouais ? "

 

" Depuis quand es-tu timide ? " Céci tira sur le sweat-shirt.

 

La lumière basse de la chambre mit une lueur légèrement grisée dans ses yeux bleus clairs. Il l'étudia pendant quelques battements de cœur. " Y'a pas mal de traces sur mon corps… c'est pas vraiment beau à voir ", lui dit Andrew honnêtement.

 

" Et alors… tu crois que ça change quoi… exactement? " Demanda Cécilia.

 

Il garda le silence, puis lui tendit le pyjama et retira son sweat-shirt, le pliant avec une précision automatique avant de le mettre dans la poche latérale du sac.

 

Cécilia se mordit l'intérieur de la lèvre mais ne fit aucun commentaire regardant les marques de brûlure brunes avec un regard peiné, et les cicatrices croisées qui couvraient sa poitrine. Une déchirure irrégulière courait de son épaule à sa hanche, à peine guérie qu'elle pouvait voir les marques visibles des points de suture. Elle lui tendit la veste de pyjama, puis passa les doigts sur ses côtes.

 

Il enfila la veste sans commentaire, puis finit de se déshabiller alors qu'elle en faisait autant, avant de se trouver face à face avec elle devant le lit. Ils se tinrent par la main et tirèrent les couvertures ensemble dans un silence confortable, puis ils se glissèrent sous les draps.

 

Céci se blottit contre lui, son regard sur le profil puissant dont les contours étaient marqués par la lumière de la fenêtre, trop fatiguée pour pleurer davantage. Demain serait là bien assez tôt pour ça, et le surlendemain, et encore le jour d'après… jusqu'à ce que son esprit se réajuste à cette nouvelle réalité merveilleuse, et que le sentiment de vide cru qu'elle avait ressenti si longtemps ne soit plus qu'un souvenir tout comme le sentiment de joie paisible qu'elle ressentait maintenant l'avait été avant ce soir.

 

Elle ferma les yeux, puis les rouvrit après un moment, pour le voir la regarder. Elle serra sa main et sourit, et même dans le noir, elle vit le mouvement alors qu'il lui souriait à son tour. Céci referma les yeux et les garda ainsi, dans la position étrange d'attendre le matin avec impatience.

 

 

 

*******************************

 

 

 

Pendant ce temps, à l'appartement de Dar et Kerry.

 

 

 

Extrait :

 

" Je ne t'ai pas jeté de sort. " Kerry apporta la bouteille de sirop dans le séjour, éclairé des premières teintes rosées de l'aube. " Alors ne me dis pas que c'est de ma faute. " Elle s'assit près de la silhouette grognonne et malheureuse sur le divan, qui se tenait la tête entre les mains. " Ce n'est pas comme si je voulais te voir malade, Dar ? "

 

Un soupir. " Je sais. " Dar déglutit, essayant de dompter l'estomac rebelle qui l'avait gardé éveillée toute la nuit, à cause de spasmes nauséeux. " Bon sang, ce que je déteste être malade. "

 

" Ben… je ne pense pas que ça plaise à beaucoup. " Kerry versa une cuillerée du sirop et la lui tendit. " Allez… "

 

Dar lui lança un regard pathétique, puis elle tressaillit et accepta l'offre, l'avalant avec une grimace. " Bon Dieu. "

 

Kerry tendit la main et repoussa les cheveux noirs en désordre des yeux de sa compagne, puis elle mit la main sur son front. " Je ne pense pas que tu aies la fièvre… c'est probablement juste un virus. " Elle s'était réveillée pour trouver Dar misérablement blottie dans la salle de bains, et elle avait essayé de trouver un moyen de lui apporter un peu plus de confort. " C'est dit, tu restes à la maison aujourd'hui. "

 

" Allons… tu sais bien que je ne peux pas faire ça ", marmonna Dar.

 

" Dar ! Bien sûr que tu peux ", protesta Kerry. " Ne sois pas idiote… tu n'es pas en condition d'aller travailler… alors fais avec. " Elle frotta le dos de sa compagne, qui portait son peignoir de bains. " 'Tu te blottis avec Chino, et tu regardes des dessins animés, d'accord ? "

 

Dar réfléchit un bref moment à repousser la suggestion, puis elle retint son souffle alors qu'un nouveau spasme la frappait. Après tout, elle pourrait toujours y aller et vomir sur Ankow. Au moins, ça lui ferait plaisir sur le moment, mais elle savait que Kerry avait raison. "Tu vas devoir participer à la réunion de marketing à ma place. "

 

" Ouille. " Kerry fit une grimace. " Je peux être malade aussi ? Je préférerais rester ici et regarder Space Ghost et m'occuper de toi. "

 

Dar lui lança un regard.

 

Kerry soupira. " D'accord… d'accord… c'était juste une idée. "

 

" J'apprécie la pensée. " Les yeux bleus allèrent vers son visage et un semblant de sourire apparut pendant une seconde. " Ne reste pas trop tard, hein ? "

 

Ça, c'était mieux. Kerry sourit. " Je vais voir si je peux rentrer après la réunion… Je n'ai rien de prévu après. " Elle se leva et tira sur sa veste, puis elle alla dans la chambre, et ouvrit un tiroir, en sortant une couverture moelleuse bleue pour la rapporter avec elle. " Tiens. " Elle enroula la couverture autour de son amie malade. " Garde le téléphone à portée de main, d'accord ? "

 

Dar soupira, puis céda et s'enroula sur le côté sur le divan, ramenant ses genoux pour atténuer les crampes de ses intestins. " D'accord. " Elle jeta un coup d'œil vers Kerry pour voir que celle-ci la regardait, le visage anxieux. " Quoi ? "

 

Kerry se renfrogna. " Je pense que j'aime encore moins que toi te voir malade", marmonna-t-elle. " Je me sens vraiment coupable de t'abandonner là. "

 

Le cuir frais donna une sensation plaisante sur sa peau, lorsque Dar posa la tête sur le bras du divan. " Ça va aller. " Elle se sentait absurdement contente de cette réaction. " Vas-y… tu vas tomber dans les bouchons. "

 

" Mmph. " La jeune blonde n'était toujours pas satisfaite. " Chino, tu t'occupes de maman Dar, d'accord ? "

 

Le jeune chien était enroulé autour des pieds de Dar, sa tête claire posée sur un pied nu, et elle cligna des yeux en entendant les mots de Kerry. " Tu m'appelles si tu as besoin de quoi que ce soit. "

 

" OK", acquiesça Dar, en se mordant l'intérieur de la lèvre.

 

A contrecœur, Kerry prit ses clés et sa mallette et sortit, pas sans jeter des coups d'œil inquiets derrière elle. Elle verrouilla la porte et descendit l'escalier, surprise de voir combien elle devait se forcer à ne pas faire demi-tour et revenir sur ses pas. " Mon Dieu, Kerry… tu veux bien te calmer ? Ça n'est qu'une gastro… calme-toi un peu enfin. "

 

Elle entra dans la Mustang et la démarra, puis elle s'appuya sur le volant et fixa l'appartement. Ses longs doigts tambourinèrent le volant puis elle soupira et passa une vitesse avant de reculer de sa place de parking ; elle partit vers le ferry tout en composant un numéro sur son portable.

 

" Bonjour, bureau de Dar Roberts. "

 

" Bonjour, Maria. " Kerry sourit en se rendant compte qu'elle avait modelé le ton de sa voix sur celui de Dar.

 

" Aye… Buenos Dias, Kerrisita… comment ça va ? "

 

" Et bien… " Kerry jeta un coup d'œil dans le rétroviseur. "Moi ça va… mais Dar ne viendra pas travailler aujourd'hui. "

 

La voix de maria prit une tonalité inquiète immédiatement. " Qu'est-ce qui ne va pas ? Elle ne se sent pas bien ? "

 

" Non… une espèce de gastro ", dit Kerry en soupirant. " Elle est restée debout toute la nuit à être malade… du coup, il faut que j'aille dans une réunion à sa place cet après-midi… vous pourriez appeler le secrétariat d'Eléanor et renifler les chances d'avancer la réunion à ce matin ? " Elle savait que Maria aurait une meilleure chance de savoir que sa nouvelle recrue Mayté.

 

" Si… si… " Maria écrivait quelque chose. " Je vais le dire… est-ce que Dar a besoin d'autre chose ? "

 

Une nounou ? Kerry ravala le commentaire. " Non… elle va juste se reposer un peu. Je suis sûre qu'elle va se connecter plus tard depuis la maison. " Connaissant Dar, c'était certain. " Du moins, je l'espère ", ajouta-t-elle en se demandant s'il y avait assez de médicaments à la maison. Est-ce qu'il faudrait que je fasse envoyer de la Dramamine ? Et si…

 

" Kerrisita ? "

 

" Oh… désolée… vous disiez quelque chose ? " Kerry monta la voiture prudemment sur le ferry, puis gara la Mustang pour le court trajet jusqu'au continent.

 

" Je vous disais de conduire prudemment… il y a un trafic terrible ce matin. "

 

" Merci… j'arrive dans quelques minutes. " Elle raccrocha et se mordilla l'ongle. " Bon… qu'est-ce qu'on prend d'habitude pour les maux d'estomac… Pepto… Kaopectate… Dramamine… du coca chaud… " Elle composa un autre numéro et attendit qu'on lui réponde. " Allô… oui, ici Kerry Stuart… oh, bonjour M. Evans… oui… écoutez, vous pourriez envoyer des trucs à l'appartement ? " Elle passa quelques minutes à donner sa liste, puis raccrocha. " Bon… je me sens un peu mieux maintenant. " Elle pianota de nouveau. " Je me demande si la marina a ces espèces de bracelets pour le mal de mer… peut-être que ça pourrait aider … " Des sons résonnèrent par-dessus le rugissement des moteurs du ferry.

 

 

 

*************************

 

 

 

Kerry arrive au travail après avoir évité un accident avec un conducteur indélicat, tout ça pour se trouver face à David Ankow, qui lui annonce qu'elle est bien matinale et qu'il aimerait bien pouvoir la suivre toute la journée. Il demande à Kerry où se trouve sa colocataire aux crocs acérés. Kerry répond qu'elle est probablement affalée sur le tapis à mâchouiller des cookies. Ankow lui dit accepter moyennement la blague, ce à quoi Kerry rétorque qu'il lui a demandé où se trouvait son chien, elle a donc répondu et elle lui demande d'ailleurs s'il a vu la jolie photo qu'elle a mise sur son bureau.

 

Kerry arrive à son bureau suivie de près par Ankow. Là, Mayté lui annonce qu'elle a réussi à faire tous les arrangements de réunions que souhaitait Kerry, qui est soulagée d'apprendre qu'elle va pouvoir rentrer plus tôt retrouver Dar.

 

Elle suggère à Ankow de s'asseoir pendant qu'elle revoit les affaires à traiter et notamment le rapport d'utilisation des réseaux qui lui soutire une exclamation et fait venir Ankow dans son dos.

 

Kerry joint alors Mark pour lui dire d'interdire tout trafic sur les réseaux parce que quelqu'un a volontairement saturé ces derniers pour les mettre en péril. Elle annonce, en regardant Ankow, que lorsqu'elle saura qui est à l'origine de ce " sabotage " elle instruira une demande formelle d'enquête.

 

Elle se remet ensuite au travail en essayant d'ignorer la présence d'Ankow.

 

 

 

****************************

 

 

 

Pendant ce temps, Céci se réveille doucement de ce qui n'est plus un rêve, maintenant qu'elle a retrouvé Andrew. Elle se rend compte de la place, au sens propre comme au figuré, qu'il a toujours eue dans sa vie, et vit chaque instant avec délice.

 

 

 

****************************

 

 

 

Dar, toujours malade, reçoit la visite de Clemente, l'homme à tout faire de l'île, qui lui apporte les médicaments demandés par Kerry. Elle ne se résigne pas à sa condition, surtout en sachant qu'Ankow est sur la trace de tout ce qui pourrait leur causer du tort.

 

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Pendant ce temps, la réunion de marketing s'est terminée et Kerry est arrêtée par Eléanor qui souhaite lui parler.

 

 

 

Extrait :

 

" Kerry… un moment s'il te plaît ", l'interpella Eléanor alors que la réunion se terminait et que Kerry regardait sa montre.

 

Zut ! " Bien sûr. " Elle tapota son bloc-notes avec son crayon et réfléchit à sa stratégie. C'était quasiment l'heure du déjeuner, non ? Un coup d'œil à sa montre de nouveau. Bon, onze heures, c'était une heure de déjeuner comme une autre… et assurément si on était arrivée à sept heures du matin comme elle…

 

" Ah… merci ", lui dit Eléanor d'une voix suave. " J'étais surprise de ne pas voir Dar… des problèmes ? "

 

Kerry prit un moment pour décider si elle allait répondre honnêtement à cette question, puis haussa les épaules. " Elle a été coincée par autre chose… ils sont en train d'essayer de lancer la version beta du nouveau réseau la semaine prochaine. Tu sais ce que c'est. "

 

" Absolument. " La directrice déléguée du Marketing approuva sans hésitation. " Et j'approuve totalement, elle devrait passer tout le temps qu'il lui faut là-dessus, c'est sûr. " Elle fit à Kerry un sourire qui n'était pas totalement reptilien. Elles étaient parvenues à une sorte d'arrangement au cours des derniers mois et Eléanor en était presque supportable. " Comment avance le projet ? "

 

Un hochement de tête. " Bien… la structure est en place… le plus dur reste à faire, l'intégration et les tests. "

 

" Il sera prêt à temps, rassure-moi ? " Les yeux gris clairs se rétrécirent.

 

Kerry regarda autour d'elle avec précaution, et baissa la voix. Ankow était dans le coin à bavarder avec José, et elle ne voulait pas que cette information voyage. " Chut… ne le dis à personne, Eléanor… mais je pense que… "

 

" Oui ? " La directrice se rapprocha à son tour.

 

" Je pense que ce sera plus tôt que prévu ", murmura-t-elle. " Dar m'a demandé des projets qu'elle pourrait 'emprunter' d'ici à deux semaines seulement… je pense qu'elle envisage de les migrer pour vérifier les schémas de trafic. "

 

" Vraiment ? " Eléanor faillit en tomber de délice. " J'ai hâte de le vendre… tu n'as pas idée du nombre de personnes qui nous tournaient autour, en disant qu'ils avaient entendu parler d'un nouveau réseau et qu'ils en voulaient les spécifications. "

 

Kerry sourit et remua un sourcil. " Comme j'aimerais que ce type accepte le projet. " Elle montra Ankow de la tête. " Il n'y comprend rien. "

 

Eléanor regarda l'homme grand et de belle allure, puis tapota sa lèvre d'un ongle long et parfaitement manucuré. " Je suis sûre que s'il le voyait sous une perspective de contrats… " Elle fit un sourire à Kerry. " José et moi nous allons déjeuner avec lui… je vais voir ce qu'on peut faire. " Elle prit son agenda à la couverture en cuir et en tapota légèrement Kerry. Puis elle contourna la table à grands pas et s'intégra avec dextérité dans la conversation qui se tenait près du mur.

 

" C'est ça, ma fille ", murmura Kerry entre ses dents, puis elle prit son bloc-notes et décrocha le téléphone de la salle de conférences. Après un moment, Maria répondit. " Allô. "

 

" Dar n'a pas encore appelé, Kerrisita. "

 

Kerry se pinça les lèvres. " J'aurais pu vouloir appeler pour connaître le statut de la panne de relais à Newark. "

 

" Oui, vous auriez pu appeler pour ça ", acquiesça aimablement la secrétaire.

 

" Merci… peut-être que je vais lui passer un coup de fil. " Kerry raccrocha puis se tapota le menton avec le combiné. Elle regarda Eléanor et José manœuvrer pour emmener Ankow hors de la salle de conférence, et elle rendit leurs sourires plaisant aux gens du marketing restés pour nettoyer la salle.

 

 

 

Après quelques échanges courtois avec les gens du marketing qui l'apprécient particulièrement, Kerry retourne à son bureau avant de se décider à rentrer retrouver Dar. Mayté l'informe que Maria veut lui parler et celle-ci lui passe le père de Dar qui souhaite " remercier " Kerry pour ses achats à son égard, et l'informe que tout va bien avec Cécilia. Kerry en est ravie et lui dit qu'elle rappellera de la maison pour que Dar, souffrante, puisse également lui parler.

 

Sur ce, Kerry quitte le bureau.

 

 

 

A suivre - 6ème partie.

 

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