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EYE OF THE STORM3

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

L'OEIL DU CYCLONE

Eye of the Storm

 

 

Par Melissa Good

 

Résumé et traductions : Fryda

 

 

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Partie 3 - Chap 6A

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NDLT : Le lecteur attentif aura sans doute noté que depuis le début, la traduction a un peu - beaucoup - repris le pas sur le résumé. Il aura raison. Le temps me manque toujours autant, mais l'intérêt a augmenté au fur et à mesure de ma relecture de cette histoire, contrairement à ma remarque préliminaire. Alors je rogne un peu plus sur le temps " libre " et je traduis plus. La sixième partie sera, je pense, la dernière… à comporter des parties résumées, je vais reprendre la traduction complète des six parties restantes (du moins je tâcherai de tenir cet engagement). Merci pour votre intérêt et votre assiduité. Melissa Good la mérite.

Fryda - 21.04.2001

 

*************

Il est un peu plus de midi quand Kerry rentre à la maison pour retrouver Dar, toujours aussi malade. Elle lui apprend qu'elle a une bonne nouvelle pour elle, et Dar, pince-sans-rire, lui demande si elle a écrasé Ankow avec sa voiture dans le parking et qu'elle est prête à témoigner que Kerry n'a pas quitté la maison de la matinée.

Au risque de la décevoir, Kerry dément et l'informe qu'elle a parlé à Andrew Roberts qui lui a dit que tout allait bien avec Cécilia.

Elle ajoute que quelqu'un a provoqué une panne sur un circuit et Dar lui demande si elle soupçonne Ankow d'en être l'auteur et combien de temps il lui a fallu pour trouver l'origine. Kerry annonce fièrement qu'il lui a fallu moins de 45 secondes et que, oui, elle soupçonne fortement Ankow.

Puis elle décide d'appeler le Dr Steve, l'état de Dar lui semblant préoccupant, cette dernière n'étant pas d'habitude facilement mise à plat par un virus ou quoi que ce soit d'autre.

 

 

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Extrait :

 

" Qu'en pensez-vous ? " Kerry se tenait tout près, nerveuse, alors que le Dr Steve, vêtu d'une chemisette guyabera rose et d'un bermuda bleu, était agenouillé près du divan.

" Je pense que votre amie est très malade ", répondit le médecin aux cheveux gris, en observant les yeux de Dar à l'aide d'une petite lampe. " Qu'est-ce que vous nous avez fait là, Mademoiselle Dar ? "

" Rien. " Dar ferma les yeux d'agacement, observant les points lumineux qui dansaient sur ses paupières avec un rythme nauséeux. Le docteur avait prélevé une fiole de sang et tâté son ventre, ce qui lui avait valu un cri de douleur, et un coup accidentel dans les côtes. "Bon sang, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Je n'ai jamais eu un virus aussi fort. "

Le Dr Steve retira quelques petites bouteilles, et une seringue, de la petite sacoche noire qu'il avait apporté très sérieusement. " Et bien… je ne suis pas bien sûr, ma grande, mais laisse-moi te donner quelque chose pour détendre ces spasmes et un petit quelque chose pour la nausée, d'accord ? "

Un œil bleu s'ouvrit brusquement et regarda nerveusement la seringue. " La dramamine me donne des démangeaisons. "

" Oui, oui… je sais. " Le Dr Steve retira avec précaution une mesure d'un liquide transparent d'une des bouteilles, et prit une compresse gorgée d'alcool. " C'est autre chose… maintenant, tiens-toi tranquille. " Il tapota le bras de Dar et inséra l'aiguille, avec juste un petit sursaut de sa patiente, puis il injecta le médicament.

" Aïe. "

" Gros bébé. "

Kerry se percha sur l'accoudoir. " Vous ne savez pas ce qui ne va pas, alors ? " Demanda-t-elle, puis elle soupira, alors que le téléphone se mettait à sonner. Elle se retourna et décrocha. " Allô ? "

" Salut toi. " La voix grondante d'Andrew chatouilla son oreille.

" Oh, bonjour… désolée, on ne vous a pas appelé… il fallait que j'appelle le Dr Steve pour Dar ", lui dit Kerry. " Elle est vraiment malade. "

" Ah ouais ? " La voix du père de Dar monta d'un ton anxieux. " Il dit que c'est quoi ? "

" Il ne sait pas. " Kerry caressa les cheveux de son amie. " Il est en train de lui injecter un truc. "

Le Dr Steve lui jeta un coup d'œil curieux, mais continua à travailler, retirant une seconde bouteille et une seringue pour les préparer. " Qu'est-ce que tu as mangé hier ? " Dit-il à l'intention de Dar.

Dar cligna des yeux alors que le premier médicament commençait à faire son effet. " Hum… rien de spécial… un toast cubain et de la confiture pour le petit déjeuner… avec du café. " Elle réfléchit un moment. " Mm… des cookies aux pépites de chocolat au déjeuner… et je n'ai pas pris de dîner. "

Steve la regarda. " Des cookies aux pépites de chocolat au déjeuner ? " Il soupira. " Il y a des choses qui ne changent jamais… rien après le dîner ? "

" Non. " Dar secoua la tête. " Il s'est passé un truc… et j'ai été occupée. "

" Tu as pris ce milk-shake au Kahlua au bowling ", indiqua Kerry pour l'aider. " Vous pensez que c'est un empoisonnement alimentaire ? "

" Pas avec ce menu. " Le Dr Steve secoua la tête. " Je ne sais pas… on va faire quelques tests sur ces globules rouges là… ce que je lui donne va l'aider à se détendre et à dormir… c'est ce qu'il y a de mieux à faire. "

" Vous avez entendu ça ? " Kerry parlait au téléphone.

" Ouais… " Andrew s'éclaircit la voix. " Ça devrait aller… mais pas trop. Elle ne le supporte pas. "

" L'autre bras. " Le Dr Steve injecta le médicament puis se rassit. " Maintenant, tu m'écoutes bien, d'accord ? " Il remua le doigt dans sa direction. " Aussitôt que ton estomac va mieux, bois un peu… au moins deux verres. "

Dar hocha la tête silencieusement.

" Si tu es encore plus déshydratée, il va falloir que je commence à parler du sale mot qui commence par H, d'accord ? " Le Dr Steve rangea son sac et étiqueta soigneusement l'échantillon de sang. " Si je ne te connaissais pas si bien… je dirais que tu as bu de l'antigel, Dar… ce sont les mêmes symptômes. C'est la première fois que tu es malade ? "

" Depuis bien longtemps, oui ", lui dit Dar. " De l'antigel ? C'est dingue. "

" Peut-être… mais tu as quelque chose à l'intérieur qui n'a rien à y faire. " Le Dr Steve se leva et jeta un coup d'œil à Kerry. " Gardez un œil sur elle… assurez-vous qu'elle boit cette eau… ou du Gatorade si vous en avez. "

" On en a. " Kerry se mordilla la lèvre. " Ça pourrait être le verre d'hier soir ? C'est le seul endroit étranger où on est allées ? "

" Ça correspondrait bien, en effet ", acquiesça Steve. " Peut-être quelque chose qu'on y a mis… des trucs plus bizarres que ça sont arrivés. " Il ébouriffa doucement les cheveux de Dar. " Ça va aller, ma puce laisse le temps à ce truc de faire effet et repose-toi. "

Dar se rendit compte que quoi que c'était, ça tapait dur, alors qu'un sentiment de décalage mettait une distance entre elle et le reste de la pièce. Ce n'était pas un sentiment totalement agréable, mais il s'accompagnait d'une léthargie apaisante qui la traversait, relâchant la tension dans ses muscles et la douleur de la bagarre avec son estomac rebelle toute la journée.

Et encore mieux, ça repoussait la nausée, et lui redonnait la capacité de respirer normalement sans s'inquiéter de commencer à vomir. Elle fut vaguement consciente que la porte se fermait, et du ton calme de la voix de Kerry, puis de la chaleur qui l'entoura lorsqu'elle se sentit légèrement soulevée, pendant que Kerry s'affairait pour arranger l'oreiller.

Elle décida dans un semi-brouillard, que d'avoir quelqu'un dans sa vie, c'était super.

************************************

Kerry se laissa planer dans un sommeil léger, le son de la télévision en fond, en même temps que le bruit léger du ressac par la baie vitrée qui la berçaient dans une somnolence paisible.

La lumière dorée du coucher de soleil arrivait par la vitre près de la porte principale, éclaboussant le séjour où elles se trouvaient et peignant des rayures partout. Dar dormait paisiblement depuis que le Dr Steve était parti, et Kerry était contente d'être là, sa compagne à demi étendue sur elle.

Elle avait reçu un appel de Mayté, qui lui avait appris qu'Ankow était venu renifler vers son bureau, mais avait été distrait par Duks, qui lui avait collé une pile de rapports de la taille d'un hippopotame avec sa neutralité habituelle de directeur financier. Il n'y avait pas eu d'autre crise, et le bazar de Newark avait été traité par le bureau du réseau, donc il semblait que tout le monde s'était accommodé de sa disparition.

Kerry caressa les cheveux noirs étalés sur ses genoux. Elle n'aurait pas pris d'autre décision, même si l'Enfer s'était abattu sur la Terre, et qu'Ankow s'était assis sur son bureau. Elle se serait levée et serait sortie, c'était comme ça, pas autrement. Elle mit les bras autour de Dar et l'étreignit, en se demandant, juste un instant, comment ce serait si elle ne pouvait plus jamais le faire.

Elle ne connaissait Dar que depuis, quoi… huit mois ? Tant de choses avaient changé dans sa vie quand elle l'avait rencontrée. Son emploi… son avenir.

Sa famille.

Elle n'y avait pas vraiment réfléchi, non plus. Elle n'avait fait que suivre son cœur.

Un rayon de soleil choisit cet instant pour venir se peindre impudemment sur le visage de Dar, donnant une teinte dorée à sa peau bronzée. Kerry enroula son doigt autour d'une mèche de cheveux, notant les nuances à peine visibles d'acajou.

Les muscles bougèrent sous la lumière, puis se tendirent, et Dar ouvrit les yeux puis cligna, apparemment hébétée et un peu confuse.

" Salut. " Kerry posa une main rassurante sur son épaule. " Comment te sens-tu ? "

Dar se mit sur le dos et fixa clairement Kerry, ce qui était bon signe, parce qu'elle n'avait été capable de se tenir qu'en position fœtale avant ça. " Mieux. "

Kerry eut un sourire chaleureux et tendit la main pour attraper la bouteille de limonade qu'elle avait rangée là plus tôt. " Bien. " Elle tendit la bouteille à Dar un peu comme à un bébé, et elle se mordit la lèvre pour retenir un rire lorsque Dar l'accepta encore endormie, suçant le goulot en croisant les mains sur son estomac. " Tu vois ? Tu n'es pas si terrible quand tu es malade. "

Dar ne put boire que deux gorgées puis elle ferma les yeux et posa sa joue sur l'estomac de Kerry. " Ça doit être la qualité des soins ", marmonna-t-elle, se sentant complètement lessivée, mais pas trop mal par ailleurs. " J'ai rêvé de toi. "

" Ah oui ? " Kerry posa la bouteille et passa nonchalamment les doigts dans les cheveux de Dar. " De quoi ça parlait ? "

Dar bougea en haussant légèrement les épaules. " Dur à dire… tu étais à cheval et tu récitais des poèmes. "

" Ooh. " Un rire. " Ça ressemble plutôt à un cauchemar. Ecoute… pourquoi tu ne vas pas te mettre au lit, et je t'apporte un peu de bouillon…. Qu'en penses-tu ? " Elle gratta doucement la tête de Dar, se concentrant juste sur le point derrière les oreilles.

" Tu es sûre que tu n'étais pas mère dans une vie antérieure ? " marmonna sa compagne, un léger sourire sur le visage. " Parce que tu es vraiment douée. "

Kerry réfléchit sérieusement à la question. " Peut-être ", finit-elle par répondre. " En tout cas, ce n'est pas à la maison que j'ai appris ça. " C'était surprenant, vraiment, de constater combien ces moments d'amertume revenaient à la surface parfois. Elle baissa les yeux pour voir Dar qui la fixait et elle mit le doigt sur le nez de sa compagne. " Alors je pense que tu vas être l'objet de mon instinct maternel. "

Leurs regards se croisèrent et restèrent ainsi, et Kerry sentit un léger frisson le long de son dos. " Enfin, toi et Chino, en fait. "

" Je vois ", dit Dar dans un soupir, en secouant le sentiment bizarre que c'était presque un souvenir. " Mais, je ne suis pas sûre de supporter le bouillon, et je ne vais au lit que si tu viens avec moi ", négocia-t-elle.

" Disons… tu avales un peu de soupe, et je vois ce que je peux faire. "

Les yeux bleus se fermèrent avec contentement. " Marché conclu. "

 

******************

Pendant ce temps, Céci essaie de se réaccoutumer à la présence de son époux, qui, de son côté, a retrouvé des gestes anciens, tel que réparer un ouvre-boîte, comme il en avait l'habitude quand ils vivaient sur les bases militaires. Cécila Roberts se remémore d'ailleurs comme cela avait été de s'habituer à une vie simple après avoir vécu dans l'aisance que lui conférait la richesse de sa famille.

Elle se souvient aussi qu'au moment le plus difficile de sa vie, le mois qui a précédé la naissance de Dar, Andrew Roberts s'était caché pour ne pas partir en mission en mer et la laisser seule. Il avait ainsi pu la soutenir à cette période cruciale.

Et Dar avait été une enfant difficile à élever, fière de son père et qui voulait lui ressembler, et pas seulement physiquement. Cécilia reconnaît que sa fille avait été particulièrement en avance sur son âge et brillante et elle regrettait à l'époque son choix d'entrer dans la Marine. Elle se dit que si elle a finalement dû attendre toutes ces années, elle peut néanmoins être fière de Dar et de la surprise qu'elle a donnée à sa famille maternelle.

Andrew la rejoint et lui demande à quoi elle pense et ils évoquent des souvenirs sur leur fille. Et parlent de sa relation avec Kerry. Cécilia connaît le père de celle-ci de réputation et dit que le sénateur a dû mal prendre la nouvelle.

Andrew acquiesce et ajoute que Roger Stuart a même voulu faire interner Kerry et que Dar l'en a sortie de force, ce qui surprend à moitié Cécilia qui reconnaît bien là les traits paternels chez leur fille.

Puis ils restent silencieux à apprécier ensemble le moment qui passe avant que Cécilia ne reprenne la conversation pour évoquer l'avenir et son souhait fort de reprendre la vie commune.

 

Extrait :

Ils restèrent tous les deux tranquilles un moment, à regarder les nuées d'oiseaux voler en cercle sur le lac, certains atterrissant pour chercher à manger, d'autres tournant au-dessus d'eux en dessins compliqués.

Céci finit par poser sa joue sur le bras d'Andrew. " Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? " elle sentit le mouvement et sut que si elle penchait la tête en arrière, elle le verrait la regarder. " Maintenant que je peux redonner un sens à ma vie, au lieu de la laisser passer. "

C'était curieux. Elle pouvait sentir le temps passer dans le corps de son mari, alors qu'il rassemblait ses pensées, et se préparait à répondre, mais elle eut également le sentiment qu'il retenait une surprise, tout comme il avait l'habitude de se montrer de manière impromptue à la fenêtre de sa chambre, une main dans le dos, et une petite étincelle dans les yeux.

" Tu aimes cet endroit ? " Il fit le tri de ses questions et lui posa celle-là en premier.

Céci haussa les épaules. " Je voulais juste m'éloigner le plus possible de là où j'étais. "

Il la regarda simplement, et ne répondit pas pendant un moment. " J'ai vécu dans des foyers dans le Sud… Des couchettes et une couverture quand je pouvais en trouver. Pas un truc que tu voudrais faire, je pense. "

" Tant qu'ils ont une couverture en plus. " Elle le fixa paisiblement. " Ça a l'air super. "

" Céc… "

" Ecoute-moi ! " Elle tendit la main et prit sa mâchoire, le forçant à la regarder. " Tu es ma vie. " Inspiration. Expiration. " Je me fiche pas mal que tu vives sous un pont… où tu vas, je vais. "

Ses yeux lui sourirent. " Chérie, je sais ça ", répondit doucement Andrew. " Je n'allais pas dire que tu ne peux pas… j'allais dire que j'en ai foutrement marre de vivre comme ça, et que j'ai bien envie de me trouver un petit coin… sur l'eau au large… pour toi et moi. "

Un sentiment de soulagement pur la submergea, et donna un ton plus intense aux couleurs. " Ça me plairait beaucoup. " Céci prit une inspiration joyeuse. " En fait, avec la peinture et tout ça, j'ai mis un peu d'argent de côté. On pourrait… " Elle se tut lorsqu'un doigt large lui couvrit les lèvres. Elle l'attrapa. " Tout va bien, Andy… l'appartement est à Charles… je lui paie juste un loyer. Il n'y a rien ici qui me retienne, en fait… " Là elle dut se taire, parce que le doigt était devenu une main entière, plus large que la moitié de son visage.

" Chut. " Andy retira sa main. " Quand Dar était ici, elle a dû signer des papiers qui avaient à voir avec l'héritage de May, et… "

" OH. " Céci se sentit rougir. " Mon Dieu… s'il te plaît. Ne… je suis si désolée pour ça. "

Il s'interrompit. " Hein ? "

Cécilia soupira. " C'est de ma faute. J'aurais dû vérifier…. J'aurais dû… ce stupide héritage… " Elle s'interrompit. " Je suis désolée… je lui ai dit que je l'étais. "

" Céci… de quoi tu parles ? "

Elle cligna des yeux. " L'héritage… quand la famille a appris que je… que j'avais demandé à Dar de venir pour les funérailles, ils m'ont demandé de lui parler à ce sujet. "

" Ah ouais ? "

Un haussement d'épaules. " Ça ne leur était jamais venu à l'esprit… ni à moi, honnêtement, qu'elle avait pu réussir aussi bien… " Céci leva les yeux pour voir un visage vraiment blessé. " Je sais, je sais, Andrew… je suis tombée dans le piège. "

Il baissa les yeux vers le sol.

" Richard a mentionné que Dar venait de changer ses papiers notariaux récemment… et qu'elle avait désigné un nouveau légataire… je pense qu'il s'inquiétait que… " Cécilia s'interrompit et prit une inspiration. " Non… je vais être honnête. Nous… moi comprise, étions inquiets que quelqu'un ne profite d'elle, et qu'elle ne s'en rende pas compte. "

Andrew soupira. " Bon Dieu. "

Céci soupira et ferma les yeux. " je ne la blâme pas d'être fâchée. Quand je me suis rendue compte… c'était si dur, Andy… je n'ai pas vraiment su quoi dire… quoi faire… je me suis sentie vraiment idiote. " Elle posa la tête sur sa main. " Quel gâchis. "

" Et bien. " Andy mit le bras autour d'elle. " Ça dû faire mal, pour sûr… mais j'pense que Dar a trouvé un truc pour récupérer son bien. " Il se mâchouilla la lèvre. " L'a mis quéque part pour rendre dingue sa famille. "

" Mm ? " Céci leva la tête. " Qu'est-ce qu'elle a fait… elle l'a donné à la Fondation des Droits de l'Homme ? " Dit-elle en riant à demi, le regardant se reculer lentement pour tirer quelque chose de sa poche et le lui tendre. " Qu'est-ce que c'est ? "

" C'qu'elle a fait. "

Elle ouvrit le papier sur sa cuisse et le lut.

Puis elle lut de nouveau.

Puis elle regarda son mari.

" Elle m'a pas donné la chance de r'fuser. " Andy souriait avec nostalgie. " J'ai bien failli en tomber par terre. "

" Ouaouh. "

" Ouais. "

Céci passa le doigt sur le papier. " Je me sens diablement petite. " Elle avait un goût amer dans la bouche. " Elle est devenue trop grande pour moi. "

Andy l'attira plus près, et elle sentit un léger frisson lorsque ses lèvres se pressèrent sur ses cheveux, en dépit de la honte qui la couvrait. " Nous faisons tous des erreurs, Céc ", murmura-t-il. " On n'a qu'à tirer un trait et continuer. " Il la sentit défaillir contre lui. " On a plein de nouvelles chances maintenant. "

Oui, ils en avaient, non ? Cécilia mit les mains sur la poitrine de son mari, sentant le battement puissant sous ses doigts. Les rêves étaient possibles maintenant… bien que le seul qui avait jamais signifié quelque chose pour elle était bien réel, et vivant, et l'entourait de ses bras puissants…

Tout était possible.

 

*******************************

Le lendemain matin, Dar se réveille en meilleure santé bien que fatiguée. Mais pas assez pour entamer une bagarre de chatouilles avec Kerry, rejointe par Chino qui ajoute ses propres attentions. Kerry profite de la faiblesse de Dar pour prendre le dessus et tenter de démarrer quelques câlins que Dar se voit contrainte à regret de repousser à plus tard vu son état.

Elles décident alors de prendre un petit déjeuner mérité après le jeûne forcé de la veille.

 

************************************

 

Dar reprend le travail avec une certaine allégresse, heureuse d'avoir dépassé son problème de santé. Elle retrouve Maria et les Combattants avec joie, tout en se souvenant comme elle n'avait pas particulièrement aimé les poissons au début.

Maria, contente de la retrouver aussi vite également, la complimente sur ses nouveaux vêtements, un cadeau-surprise de Kerry le matin même. Et Dar se dit alors que sa relation avec Kerry est la plus longue qu'elle ait connue et que c'est vraiment agréable d'avoir quelqu'un qui a des attentions pour vous.

Maria informe ensuite Dar sur les événements de la journée à venir, réunions, conférences-téléphone, etc. Dar organise son emploi du temps avec sa secrétaire avant de lui remettre une enveloppe qui porte un nom sur la couverture, pour qu'elle la transmette directement à Mariana, sans prendre le risque de la faire passer par le courrier.

Maria informe enfin Dar qu'Ankow est parti la veille en annonçant qu'elle entendrait de nouveau parler de lui. Ce qui étonne peu Dar et la fait même sourire, car elle devine que ce départ signifie qu'il n'a rien trouvé pour l'enfoncer.

Elle se remet au travail et efface des dizaines de messages électroniques sans les lire, avec une joie non feinte.

 

************************************

 

Extrait :

 

Kerry relâcha le bouton du téléphone, et soupira, sentant ses épaules s'affaisser alors qu'elle regardait l'écran sous ses mains croisées. La matinée avait été superbe jusqu'à ce dernier appel. Elle avait abattu pas mal de travail, et avait dû supporter un minuscule et sournois petit écureuil qui s'était avisé d'apparaître et de disparaître de son écran et de grignoter ses fenêtres.

Elle l'avait appelé Dar et il avait ricané.

Il y eut un grattement à la porte intérieure et elle leva les yeux alors qu'elle s'ouvrait et qu'une tête sombre faisait une apparition. " Salut toi ! " Kerry sourit un peu, contente de voir l'expression détendue sur le visage de Dar. " Comment te sens-tu ? "

" Pas trop mal. " Sa chef entra à grandes enjambées dans la pièce et s'assit sur le bureau. " Pas prête pour manger Thaï, mais je me suis attaquée à une bouteille de jus de fruit toute la matinée… tout est resté en place. " Elle pencha la tête. " Et toi, qu'est-ce tu as ? "

" Qu'est-ce qui te fait penser qu'il y a quelque chose ? " Demanda Kerry.

Dar tendit la main et mit le bout de son doigt juste entre les deux yeux de Kerry, sur son front. " Tu as une petite ride juste là quand quelque chose te dérange. "

Les sourcils clairs se froncèrent. " C'est vrai ? "

" Ouais. "

Kerry pencha la tête. " Et bien, je viens juste d'avoir un appel de l'avocat de mon père. " Les mots apportèrent un mauvais goût dans sa bouche. " Ou plutôt je devrais dire, l'un des avocats de son écurie. " Elle s'interrompit. " Il… euh… m'a officiellement informée que je ne devais approcher personne de la famille… que je serai considérée comme un témoin hostile. "

Dar fit une grimace, puis elle tapota la main de Kerry. " Je suis désolée. " Elle nota le mouvement découragé des épaules de Kerry et se racla la cervelle pour penser à quelque chose qui lui remonterait le moral. " Hé… tu me dois une virée à la boutique de cuir. "

" Quoi ? "

" Tu n'as pas dit que tu serais ma cavalière pour la fête du lycée ? " La taquina Dar. " On doit te trouver des trucs en cuir pour l'occasion, tu te souviens ? "

" Beuh… " Kerry se mordit un peu la lèvre en essayant de retenir un sourire. " Ben, ouais, j'ai dit quelque chose comme ça, hein ? "

" Oooooh oui… tu l'as dit. "

" Tu… penses à un endroit en particulier ? "

" Oooooh oui… j'y pense ", dit Dar en gloussant doucement, une étincelle définitivement malicieuse dans les yeux.

" Ooooooooohh… j'ai des soucis à me faire, hein ? " Couina Kerry.

" Oooooh oui… tu peux. " La grande femme lui toucha légèrement la joue. " C'est toi qui m'a entraînée là-dedans, Mademoiselle la Championne de la Tchatche, et je vais t'entraîner avec moi. " Un sourire. " En plus… je parie qu'un truc en cuir joli et bien moulant t'ira très bien. "

Kerry sentit sa bouche se dessécher pendant une seconde et elle manqua soudain d'air. " D'accord… ah… on pourrait y aller après le boulot… dîner léger… qu'est-ce que tu en dis ? "

" Ça me va très bien. " Dar sourit. " Et… Ker ? "

Elle extirpa ses pensées de Dar et du cuir et leva les yeux. " mm ? "

" J'aimerais bien être avec toi pour l'audience, si ça ne t'ennuie pas. "

Les yeux verts s'agrandirent et se fixèrent sur elle, alors que Kerry s'asseyait, un peu abasourdie pendant un très long moment. " Mais… comment peux-tu… " Elle s'interrompit, alors que Dar s'asseyait, la regardant. " Tu ne peux pas… m… " Un long soupir lui échappa. " Mon Dieu, ce que je t'aime… " Elle ferma les yeux. " Bien sûr que ça ne m'ennuie pas. "

Dar lui ébouriffa les cheveux. " Bien. J'ai quelques réunions cet après-midi… Je te rattraperai à la sortie, d'accord ? "

Kerry hocha silencieusement la tête.

" Prévoie un peu de temps lundi ou mardi… j'ai une évaluation à finir avec toi. "

Un autre hochement de tête silencieux.

" Ça va ? " Dar retint un rire, à la vue de l'expression agitée sur le visage de sa compagne.

Kerry tendit la main et pressa le bouton de l'intercom. " Mayté ? "

" Oui, Ms Kerry ? " La voix de la jeune fille lui répondit promptement.

" Je suis en réunion privée, d'accord ? "

Une pause intriguée. " D'accord… combien de temps ? "

" Je vous rappellerai. " Kerry pressa de nouveau le bouton, puis se leva et mit les bras autour de Dar, l'étreignant vigoureusement.

Etonnée, mais contente, Dar rendit l'étreinte, en lui tapotant doucement le dos. Elle entendit un léger reniflement près de son oreille et sentit que Kerry enfouissait son visage dans le coton doux du chemisier qu'elle portait. " Désolée pour cet avocat, Ker… c'était un truc plutôt tordu de leur part. "

" Ça m'a fichu un coup, je crois", murmura sa compagne. " Je leur ai fait ça, Dar… je suis un témoin hostile. "

Il n'y avait rien là que Dar pouvait réfuter vraiment. " Tu as fait ce qu'il fallait, Kerry. "

" Vraiment ? " Doucement. " Tout le monde s'en fiche, Dar… tu as vu les journaux. C'est comme, oh… regardez… encore un qui a touché des pots-de-vin. Oh tiens, donc. " Elle soupira. " Je sais que je veux le beurre et l'argent du beurre, Dar… je veux que la justice soit faite, et je veux qu'ils continuent à m'aimer. "

" Mm. "

" Je ne peux pas avoir les deux. "

" Non. "

Kerry s'appuya contre elle, avec un besoin de sécurité, contente au-delà du possible qu'elle pouvait compter sur la présence de Dar à ce qui promettait d'être un endroit très glacial.

La justice c'était bien, elle le reconnut tristement, mais côté câlins, c'était nul.

 

************************************

 

A des centaines de kilomètres de là, Céci et Andrew continuent à se redécouvrir mutuellement après toutes ces années de séparation. Ils évoquent la possibilité de vivre à nouveau ensemble, et pourquoi pas, quelque part près de Dar.

Céci apprend que sa fille, dès qu'elle a eu connaissance que son père était vivant, a trouvé un moyen de connaître son adresse et de contribuer à améliorer son existence, puisque c'était elle, Cécilia qui touchait la pension d'Andrew.

Céci commence à prendre réellement la mesure du changement intervenu chez Dar ces dernières années et se dit qu'il lui faut réapprendre à vivre avec cette nouvelle idée de sa fille.

A ce moment, Elli, une parente de Céci appelle pour lui rappeler la fête organisée à la galerie en son honneur et, étonnée par son attitude, elle lui demande si quelque chose ne va pas. Céci réplique qu'au contraire, pour changer, tout va enfin mieux dans sa vie et annonce qu'Andy est revenu.

Elle crée un choc bien évident chez son interlocutrice à qui, en plus, elle passe son mari au téléphone. Andrew s'exécute plaisamment, d'autant que de tous les parents de Céci, Elli est celle qu'il rejette le moins.

Après un petit débat avec Elli et ensuite Andrew, Céci propose à son mari de l'accompagner à la fête et Andrew, bien que réticent, finit par accepter, avec la perspective que cela va secouer le panier de crabes.

 

**********************

 

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