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Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Ton coeur est ton foyer

Home is where the Heart is

 

Melissa Good

 

Traductrice : Katell

 

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Partie 4A

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Xena observa attentivement le visage de Gabrielle, remarquant la froide dureté de son expression, là où d'ordinaire n'était que confiance. "On en parlera plus tard", dit doucement la guerrière, puis elle se retourna et marcha sur les débris du réservoir à foin, avant de mettre un genou à terre. "On dirait que les supports ont été sciés", marmonna-t-elle, soulevant l'extrémité d'un des supports tout en l'examinant.

 

Lennat la rejoignit, hochant la tête. "Oui… ça y ressemble bien", dit-il en caressant du doigt le bois tranché. "Et du travail vite fait, en plus." Un coup d'œil rapide vers le visage tendu de Xena. "Tu es… je veux dire…"

 

Ses yeux glissèrent jusqu'aux siens et un sourcil se leva en même temps. "Quoi ?" demanda-t-elle. Le jeune homme lui adressa un demi-sourire. "Ben, tu as l'air d'aller bien… pas vrai ?"

 

Xena se retourna complètement pour le regarder. "Je vais bien", répéta-t-elle. Qu'est-ce qui se passe ? "Ça a dû faire un sacré boucan, hein ?" Elle désigna le réservoir en métal.

 

Un long silence suivit. "Non… enfin, j'en sais rien", fit-il enfin. "On n'a rien entendu." Ce n'est pas parce qu'on a entendu un bruit qu'on est arrivés en courant, Xena. Mais je ne sais vraiment pas comment expliquer ce qui s'est passé.

 

"Oh." La réponse fut calme, accompagnée d'un sourire et d'un coup d'œil par-dessus l'épaule vers Gabrielle, qui perdit son expression figée lorsque leurs yeux se croisèrent. Elle s'avança et s'accroupit à côté de Xena, posant une main sur le dos de la guerrière pour maintenir l'équilibre. "Tu…" hésita Xena, curieuse. "Qu'est-ce que…?"

 

Un sourire étrange se dessina sur les lèvres du barde. "Oui… c'est ça", répondit-elle, pensive. "C'était… vraiment bizarre." J'étais tranquillement assise là, à discuter, et puis tout à coup… il fallait que je vienne… ici. "Alors… on dirait que ça marche dans les deux sens." Je me demandais si c'était le cas… je l'espérais.

 

"Est-ce que l'une de vous deux pourrait m'expliquer ce qui se passe ?" demanda enfin Lila, visiblement agitée. "Tout ce que je sais c'est que Bree a tout à coup sursauté comme si quelqu'un lui avait collé une gifle, et puis la voilà partie." Elle fit un geste de la main pour indiquer la scène. "Et puis on arrive et on trouve ça. Et toi… et…"

 

"Plus tard", fit Xena, ignorant ses questions, puis elle retourna à son inspection des débris. "Lennat, donne-moi un coup de main." Elle se leva et saisit un côté du réservoir en métal, attendant qu'il en fasse de même. "Il faut le bouger." Elle désigna d'un mouvement de tête le mur du fond. "Prêt ?"

 

"Euh… ok…" grimaça Lennat, essayant de faire bouger le métal. "D'accord. Mais je ne…" Crois pas qu'on ait la moindre chance de soulever ce truc… Hadès…

 

"Allez", fit Xena. Elle redressa le dos, prenant tout le poids du réservoir sur les jambes et les épaules, avant de le déplacer vers le mur. Oh… m… Et puis je ne peux pas le lâcher ou je vais avoir l'air d'une andouille. Xena… il y a des jours, franchement… Mais ses muscles tinrent le coup, à sa grande surprise. Un mois passé à m'exercer à la maison, ça m'a fait du bien, après tout.

 

Lennat sentit que ses bras était prêts à tomber et il pria pour qu'il ne lâche pas ce machin avant de l'avoir déplacé. Zeus… pensa-t-il en regardant Xena soulever son côté avec une relative facilité. Mais comment fait-elle ça ???

 

"Attends… je vais t'aider", sourit Gabrielle, saisissant une partie de son côté, voyant les tendons autour de son cou saillir dangereusement. Ils parvinrent à déplacer l'énorme réservoir et attendirent que Xena revienne inspecter la paille sur le sol.

 

"C'est bien ce que je pensais", marmonna-t-elle, brandissant un petit objet. Ils se rassemblèrent autour d'elle et regardèrent. C'était une pièce d'or. "Contente de savoir ce que je vaux." fit Xena d'une voix sèche.

 

"Hé !" fit une petite voix derrière eux. "Qu'est-ce qui s'est passé ?" Alain regarda l'espace autour des box avec de grands yeux écarquillés.

 

"Bonjour, Alain." La voix de Xena les prit tous par surprise. "Il y a eu un petit accident… je suis contente que tu n'aies pas été dans les parages."

 

Le garçon vint jusqu'à elle et s'arrêta. "Moi aussi." Il baissa les yeux. "Ohh… tu saignes !" s'exclama-t-il, inquiet.

 

"C'est juste une égratignure", assura Xena. "Alors… où es-tu allé cet après-midi ?"

 

Alain regardai, soupçonneux, ce que Xena qualifiait d'égratignure, et Gabrielle l'imita très bientôt, regardant de plus près, avant de fermer les yeux. "Xena, il faut soigner ça." Sa voix était douce, mais ferme. "Toi et tes égratignures."

 

"Plus tard", grogna Xena. "Alain ?"

 

"Oh…euh… je suis rentré à la maison", dit le garçon d'écurie en s'accroupissant près d'elle et en croisant son regard. "Quelqu'un m'a dit que Papa me cherchait, alors j'y suis allé. Mais c'était pas vrai." Il haussa les épaules. "Encore un sale tour, sans doute."

 

Lennat pencha la tête vers Alain. "Qui t'a dit de rentrer chez toi ?"

 

Alain haussa les épaules. "L'un d'eux… tu sais. Il passait et il a crié." Il tourna à nouveau ses yeux gris vers le visage de Xena. "Hé… je peux faire faire un tour à Argo ? Elle m'aime bien…" Sa voix était un peu essoufflée. "S'il te plaît ?"

 

Xena l'observa et laissa un petit sourire satisfait se dessiner sur ses lèvres. "D'accord… ça lui plaira." Ses yeux se posèrent sur la jument. "Et puis, ça lui fera du bien. Vas-y. "

 

Alain sourit et se redressa, puis alla en boitant jusqu'à l'endroit où se tenait Argo. Il caressa l'épaule droite de la jument. "Allez… je vais te montrer les petits veaux… on verra peut-être aussi des canards…" Il parlait doucement à l'animal, tout en lui passant la bride au-dessus de la tête.

 

Gabrielle étouffa un petit gloussement et leva les yeux pour croiser ceux de Xena. "Qui a fait cela ?" demanda le barde, redevenant sérieuse. "Est-ce que c'était vraiment…"

 

Xena haussa les épaules. "C'était surtout pour me faire peur, je crois. Après tout…" Ses yeux brillèrent. "Tu as fait en sorte que tout le monde dans ce village sache que je suis tout à fait capable d'attraper des flèches au vol quand il le faut vraiment." Elle regarda autour d'elle. "Mais pas besoin de te dire que toute cette histoire commence vraiment à m'énerver."

 

"Moi aussi" fut la réponse inattendue de Gabrielle. "Pour l'instant, occupons-nous de ces… euh… égratignures, OK ?"

 

Ce qui veut dire… pensa Xena, amusée. Qu'elles sont plus que de simples égratignures et elle a sans doute raison, parce que ça fait un mal de chien. "Ok", approuva-t-elle à contrecœur, avant de s'interrompre. "Hé." Elle vit l'expression un peu floue dans les yeux du barde. "Gabrielle ?"

 

L'une de ces poutres a dû lui tomber en plein dessus… pensa le barde en frémissant. Si c'est mon père qui a… arrangé… cet accident… elle s'arrêta et réfléchit. Maman. Lila. Moi… je sens une colère lancinante… une telle tristesse… Son esprit se concentra à nouveau. Mais maintenant, il s'en prend à quelque chose qui vaut plus à mes yeux… plus que ma vie. Alors, quoi ? Pourquoi est-ce si différent, tout à coup ? Je ressens… c'est plus que de la colère… c'est de la fureur. C'est terrifiant. "Ouais", fit le barde, secouant un peu la tête. "Désolée… je réfléchissais." Elle soupira. "Je ferais sans doute mieux de lui parler le plus vite possible."

 

Lennat secoua lentement la tête. "Pas ce soir, Bree." Elles le regardèrent toutes les trois. "Lui et Métrus étaient à l'auberge tout à l'heure… tu ne les as sans doute pas remarqués, Bree. Ils étaient déjà bien partis." Il lui adressa un petit haussement d'épaules, comme pour s'excuser.

 

Lila hocha la tête. "Ils vont en avoir pour toute la nuit. Ça me donne une idée…" Elle regarda Xena, puis Gabrielle. "Venez dîner à la maison. Je sais…" Ses yeux étincelèrent un peu, "que tu adores la cuisine de l'auberge, mais…" Elle tendit la main et toucha le bras de Gabrielle. "S'il te plaît, Bree ? Maman serait si contente… je sais qu'elle veut te voir."

 

"C'est une bonne idée", dit doucement Xena. Gabrielle leva les yeux vers elle, un peu surprise, mais acquiesça. "Merci… sinon, j'aurais dû aller chasser pour notre dîner", fit la guerrière avec un sourire un peu comique qui fit rire les trois autres. "Peut-être même que Gabrielle pourrait être convaincue de donner une prestation privée."

 

Le barde ricana. "Oh, oui, c'est ça… je suis sûre qu'ils ont envie d'entendre encore des histoires." Mais ses yeux et son sourire à Xena brillaient de reconnaissance. "Tu me le paieras… je vais en raconter quelques-unes de tes plus dingues."

 

Lila se mit à rire. "Ça devrait être intéressant… ok. Je vais y aller maintenant pour commencer à préparer tout ça… après le coucher du soleil, ça vous va ?" Elle se tourna vers Lennat. "Tu es invité aussi, bien entendu."

 

Le jeune homme rit un peu. "Comme si j'allais manquer ça." Il adressa un clin d'œil à Gabrielle. "En plus, j'ai manqué les histoires de la nuit dernière… j'étais un peu…" Un grand sourire. "occupé." Il prit le bras de Lila et la conduisit à l'extérieur, leur faisant signe de la main. "A plus tard…" fit-il par-dessus son épaule.

 

Un silence tomba dans la grange et elles se regardèrent.

 

"Alors… qu'est-ce qui s'est vraiment passé ?" demanda Gabrielle en s'appuyant sur la guerrière, l'entourant de ses bras ; elle n'avait pensé qu'à cela depuis qu'elle était arrivée. "Dieux… c'est si étrange… c'était comme si on m'avait tirée jusqu'ici."

 

Xena ne répondit pas pendant un moment, goûtant en silence l'étreinte de Gabrielle. Puis elle soupira et glissa son bras autour des épaules du barde, avant de marcher jusqu'à l'endroit où se trouvait le réservoir. "J'étais près d'Argo… je regardais les nouveaux fers que je lui ai mis hier." Elle s'éclaircit la gorge. "Je l'ai entendu… bander son arc. Alors… j'ai fait comme d'habitude." Et ce, avec un petit haussement d'épaule. "Et puis j'ai essayé de l'attraper… mais le temps que j'arrive ici…" Elle montra de la main. "Les supports ont cédé et tout m'est tombé dessus." Une petite grimace de douleur. "J'ai à peine eu le temps de lever les bras au-dessus de la tête et de rouler en arrière. Il n'y a que les petites poutres que j'ai prises sur les épaules."

 

"C'était juste", murmura Gabrielle, muselant fermement sa colère. "Je ne crois pas que je pourrais jamais lui pardonner."

 

Xena la regarda. "Du calme, Gabrielle… on ne sait pas s'il était vraiment derrière tout ça… et… ce n'était pas bien méchant, quand on y pense."

 

"Tu aurais pu être grièvement blessée, Xena", fit le barde, les dents serrées, sentant une colère inhabituelle monter en elle. "Je ne peux pas… tu ne lui as jamais rien fait, Xena !"

 

"Mais toi non plus", répondit Xena d'une voix grave et calme, en se tournant pour capturer son regard.

 

"Ce n'est pas la même chose", fit Gabrielle, haussant la voix. "Il n'a aucune raison…."

 

"Si, il a une bonne raison", coupa Xena.

 

Une longue pause. "Qu'est-ce que tu veux dire ?" demanda le barde, observant son visage. "Tu n'as rien f…" Elle vit sur le visage de Xena que ce n'était pas vrai. "Qu'est-ce que…"

 

Le visage de Xena était dans l'ombre crée par la faible lumière de cette fin de journée, mais c'était suffisant pour que Gabrielle puisse voir la colère apportée par ce souvenir. "Tu vois, Gabrielle…" fit Xena, doucement. "Je lui ai crié dessus à cause de ce qu'il a fait à ta mère."

 

Pas de réponse de la part de Gabrielle, seul un regard calme et intense qui semblait la transpercer.

 

"Il a dit que ce n'était pas mes affaires", continua la guerrière.

 

"Vraiment ?" fit Gabrielle dans un murmure.

 

"Oui. Et je lui ai dit que tu… étais mes affaires." Gabrielle ferma les yeux et un petit sourire s'esquissa sur ses lèvres. "Et puis, je lui ai dit que si jamais il… te… touchait… encore…" Xena expira les mots dans un grognement grave mais contrôlé. "Je lui ferai si mal qu'il souhaitera être mort." Elle regarda le barde avec intensité. "Il vaut mieux qu'il me voit comme une menace, Gabrielle… je préfère qu'il essaie ces petits coups sur moi que sur toi."

 

Contre tout attente, Gabrielle sourit, sentant la colère la quitter soudainement. "C'est sûr… que ça a dû l'agacer." Sa voix avait repris un ton normal. "Je crois qu'il doit sans doute préférer l'approche de Lennat, mais…" Ça ne me plaît pas de l'admettre… même à moi-même… mais elle a raison.

 

Xena s'interrompit et réfléchit à ce qu'elle avait dit. Bon sang… j'ai fait comme si elle était ma propriété. A ses yeux à lui, en tout cas. Elle rit. "Il aurait pu voir ça comme ça…" Elle baissa les yeux vers Gabrielle. "Ça te gêne que je parle en ton nom ?" demanda-t-elle, regardant le barde réfléchir à la question.

 

"Dieux, non…" fit Gabrielle en riant. "Je veux dire…" Elle rougit un peu et baissa les yeux. Et sentit la main de Xena sur son menton, levant sa tête pour croiser son regard. "Ça ne me dérange vraiment pas." Et je suis censée mener mes propres combats… ne pas la laisser s'occuper de mes problèmes et me laisser affronter ma famille à ma façon. Tu parles… Et vous savez quoi ? J'adore ça. Je devrais vraiment être morte de honte. Mais… il y a quelque chose en moi qui veut simplement… tout lui abandonner. Il faut que ça change… ce n'est pas juste. Mais parfois, pour certaines choses… c'est peut-être mieux de la laisser faire…

 

"Ecoute, j'aurais dû t'en parler…" commença Xena, en hésitant un peu. "Mais c'est arrivé avant qu'on aille à la rivière et…" Un petit haussement d'épaule. "Ensuite, on s'est laissées un peu distraire." "Non… ce n'est pas grave", fit Gabrielle en souriant. "Je suis contente que tu l'aies fait… ça me fait vraiment chaud au cœur." "Vraiment ?" fit Xena. C'est nouveau, ça…. D'habitude, elle déteste quand je fais ça.

 

"Oui, vraiment", confirma le barde. "Allez, viens… allons te nettoyer un peu et manger un morceau. Je meurs de faim." Elle prit le bras de Xena et se mit en route. "Hé… tu es sûre qu'Alain s'en sortira avec Argo ? Je croyais qu'elle détestait que quelqu'un d'autre la monte."

 

Xena rit un peu. "Il n'aura pas de problème. Elle l'aime bien. Comme elle t'aime bien, mon barde." Elle donna un petit coup de coude à Gabrielle. "Et ça lui fera du bien. Je ne lui ai pas fait faire beaucoup d'exercice des derniers jours." Elle fit une pause. "En fait, je crois qu'après le dîner, je pourrais bien me faire plaisir avec quelques exercices à l'épée, dont j'ai bien besoin d'ailleurs."

 

Gabrielle la regarda. "Dans la forêt ?"

 

"Nan." Un sourire se dessina sur le visage de Xena. "Ici, dans la cour." Ses yeux bleus étincelèrent. "Juste au cas où quelqu'un aurait l'idée d'essayer ce genre de petit tour… au moins, ils sauront ce qui les attend."

 

"Ohhh…" souffla le barde. "Je vais pouvoir assister au spectacle, alors."

 

Xena se contenta de ricaner.

 

 

 

"Arrête de bouger, tu veux ?" Gabrielle leva les yeux au ciel et étouffa un soupir. "Ce n'est pas de ma faute si tu as la moitié de cette grange incrustée dans le dos. Je vais aussi doucement que possible." Elle retira encore une écharde de la peau bronzée de Xena, entre les omoplates.

 

"Pardon", marmonna Xena, serrant les deux mains en réaction à la douleur. Se forçant à ne pas bouger sous les douces mains du barde, elle se pencha en avant et ferma les yeux, attendant que Gabrielle finisse.

 

Le barde grimaça en voyant l'écharde suivante et qui faisant facilement cinq centimètres de long, dont la moitié était encore sous la peau. "Oh… Xena. Celle-là va faire mal", fit-elle en guise d'avertissement, posant une main apaisante sur l'épaule tendue. "Mais c'est la dernière. Tiens bon."

 

La guerrière hocha un peu la tête et tendit la main pour saisir les supports de la chaise près d'elle. "Vas-y", dit-elle d'une voix égale.

 

Le barde inspira profondément, et saisit solidement l'écharde, puis la tira d'une traction constante. Pas un mot de la part de Xena, mais un craquement soudain qui la surprit, à tel point qu'elle en lâcha presque le morceau de bois et les pinces qu'elle tenait. Elle baissa les yeux pour voir Xena, l'air penaud, qui examinait les supports de la chaise qu'elle venait de briser entre ses mains comme du petit bois. "Eh ben. Tu parles d'une poigne."

 

Xena étouffa un petit ricanement. "Ouais, je me surprends moi-même parfois", admit-elle en secouant la tête.

 

Gabrielle tapota son épaule nue. "Je vais te mettre un peu de désinfectant là-dessus. Les coupures ne sont pas très profondes, mais il y en a beaucoup… et un gros bleu, ici." Elle traça du bout des doigts une ligne le long de l'omoplate gauche de Xena qui bougea lorsque la guerrière plia le bras pour constater l'étendue des dégâts. Le barde sourit doucement en sentant les muscles bouger sous sa main. "Ça ne va pas améliorer les choses", fit-elle, taquine, apercevant pour toute réponse un sourire sur les lèvres de Xena, qui était à moitié tournée vers elle. "C'est mieux", dit-elle lorsque le mouvement cessa et qu'elle put terminer tranquillement, nettoyant les plaies avec du désinfectant, avant d'appliquer une mixture calmante à base d'aloès.

 

Xena s'appuya en arrière lorsqu'elle eut fini et inspira profondément. Son dos tout entier était en feu et elle soupira tout en essayant de se convaincre de l'ignorer, en se concentrant jusqu'à ce que la douleur ne disparaisse de son subconscient, et qu'elle soit capable de penser à autre chose. "Merci." Elle adressa à Gabrielle un petit sourire, puis se leva et enfila la tunique propre qu'elle avait sortie de son sac et l'attacha.

 

Gabrielle fit la grimace. "Pas de problème… mais j'aimerais autant ne pas avoir à faire ça. Ça ne te fatigue pas, parfois ?" Elle secoua sa tête blonde et replaça les médicaments dans la trousse de Xena, ne voyant pas les mains de la guerrière s'immobiliser et son visage se fermer.

 

"Parfois", répondit Xena avec un gros soupir. "Je suis fatiguée d'avoir tout le temps mal, c'est vrai." Bon sang… c'était juste un commentaire en passant, Xena… ne lui donne pas ce genre de réponse. Elle vit l'expression d'inquiétude soudaine sur le visage du barde. "Mais ça passe", corrigea-t-elle, souriant. Et elle fit un clin d'œil à Gabrielle, accompagné d'une petite tape sur l'épaule et en fut récompensée par un regard soulagé de sa compagne. Voilà qui est mieux. En plus, espèce d'idiote, c'est toi qui as choisi cette vie, pas vrai ? Tu savais ce qui t'attendait… tu te souviens des bleus et des coups à l'entraînement ? Dieux… ça fait si longtemps. "Ça ne fait presque plus mal, maintenant." Et, à son grand étonnement, c'était vrai… que ce soit à cause des attentions du barde ou de sa propre volonté, la douleur s'était transformée en quelque chose qui n'était plus qu'un chatouillement dont elle était consciente.

 

"Roo !" fit Arès, tirant sur sa botte avec enthousiasme. "Grr !" ajouta-t-il lorsqu'elle se mit à rire et se laissa tomber par terre avant de s'asseoir en tailleur devant lui. "D'accord… d'accord." Elle leva les yeux vers Gabrielle qui la regardait en silence, les mains posées sur la trousse médicale, baignée dans la lumière de cette fin de journée qui donnait à ses cheveux des reflets dorés flamboyants et faisait briller ses yeux de l'intérieur. "Au fait, ça te dit, une petite séance d'entraînement au bâton, ce soir ?" Ses yeux prirent une expression malicieuse. "J'ai remarqué que tu te relâchais un peu, ces derniers temps."

 

"Tu es sûre que ça ne sera pas trop dur pour toi ?" demanda Gabrielle, attendant et voyant bientôt un sourcil se lever. "Je ne voudrais pas te faire de mal." Elle vit apparaître la lueur de compétition évidente, une lueur qui lui fit chaud au cœur. Oh, oh… je crois que je vais avoir des problèmes… et elle a raison… je me suis relâchée… et je parie que je vais le sentir passer ce soir. Elle ricana intérieurement. C'est que j'ai été un peu… ailleurs…

 

"Ah oui ?… on verra bien…" répondit Xena d'une voix traînante, tout en jouant avec Arès, caressant le ventre du chiot et agitant un bout de cuir devant son nez. "Allez, Arès… tu peux faire mieux que ça."

 

Gabrielle sourit et enfila une tunique propre, inspirant profondément pour constater l'état de sa blessure. "Hé… ça ne fait presque plus mal", remarqua-t-elle avec une expression satisfaite. "Je vais peut-être même te donner du fil à retordre ce soir." Elle attendit une seconde, que Xena ait levé les yeux. "Pendant plus de… oh… trois parades, en tout cas." Avec une expression penaude.

 

"C'est possible", répliqua Xena, tirant une dernière fois sur le morceau de cuir, avant d'essuyer un peu sa tenue et d'aller vers le barde qui était en train de se brosser rapidement les cheveux. "Ahh… c'est pour ça que tu m'as laissée paresser toute l'après-midi, à me donner seulement quelques miettes à manger, hein ? C'était un plan… pour avoir l'avantage à l'entraînement."

 

Gabrielle se mit à rire. "Oh… tout à fait. Il faut bien que j'ai un avantage." Elle se leva et donna un petit coup à Xena. "Allez, allons dîner. Je meurs de faim."

 

 

 

"Tout est prêt pour le mariage", dit Hécuba tout en travaillant aux côtés de Lila dans la petite cuisine. "Si seulement…"

 

Lila soupira. "Je sais… si seulement ce n'était pas si tendu… si seulement Papa n'était pas si…" Elle leva les yeux vers sa mère. "Mais au point où on en est… je suis simplement heureuse de pouvoir me marier." Elle inspira, tremblant un peu. "Je n'aurais jamais pensé que… je…"

 

Hécuba la serra un peu maladroitement contre elle avec un bras. "Tu vas me manquer, Lila", admit-elle avec un soupir. "Si seulement…" Mieux vaut ne rien dire. "Je suis contente que les choses se soient arrangées pour toi. C'est étrange, la façon dont tout a bien tourné… ça doit être la lune." Elle rit un peu. "Maintenant, si seulement on pouvait convaincre ta sœur de se ranger. Je sais qu'elle aime voyager, mais…"

 

Lila coupa les légumes en rondelles et les déposa tranquillement dans le plat. Peut-être qu'elle pourrait rendre service à Gabrielle, pour une fois… elle était sûre que sa sœur aînée n'avait pas envie de subir le même sermon pendant les années à venir alors qu'il était évident aux yeux de Lila que Gabrielle était aussi rangée qu'elle voulait bien l'être. "Tu sais, puisque tu en parles, maman…" commença Lila. "Les choses n'ont simplement pas … bien tourné."

 

Hécuba cessa sa bataille avec un gros fromage qu'elle tentait de couper en tranches, et adressa un regard confus à Lila. "Pardon ?"

 

Lila entama un autre tas de légumes et les ajouta au ragoût qui cuisait doucement sur le feu. "La nuit où Gabrielle est arrivée… dès qu'elle a compris ce qui l'attendait, elle en a parlé à Xena. Et…" Ses yeux observèrent le profil d'Hécuba avec intensité. "Elle a dit, ensuite, que Xena trouverait un moyen… d'arranger les choses." Elle tourna la tête vers sa mère et s'arrêta de couper. "Et c'est ce qu'elle a fait, maman. Je ne sais pas comment, mais elle l'a fait."

 

Hécuba inspira profondément et alla s'asseoir à un coin de la table de préparation. "Elle est venue… ici. Ce matin, et elle m'a aidée." Ses doigts jouaient distraitement avec le couteau. "C'est une personne très étrange, très violente. J'ai peur pour Gabrielle, de la savoir avec elle. Malgré ce qu'elle a fait pour moi… et le fait qu'elle semble bien s'occuper de ta sœur." Elle secoua sa tête grise. "Je veux qu'elle revienne à la maison, Lila. Je refuse de croire qu'on ne puisse pas lui trouver quelqu'un qui la rendra heureuse ici."

 

"Elles s'aiment, maman", fit Lila sans la regarder.

 

"Bien sûr que non", répliqua vivement Hécuba. "Ne laisse pas ton imagination romantique s'emballer. C'est ridicule. Je sais que Gabrielle s'inquiète pour la sécurité de Xena, et je sais que Xena essaie de s'assurer que Gabrielle reste en bonne santé, mais c'est normal. Elles voyagent ensemble depuis un bon moment. Bien sûr, elles sont devenues… amies… aussi difficile à croire que cela puisse être."

 

"Maman." Lila s'arrêta dans sa tâche et fit face à Hécuba, posant ses mains sur les épaules de sa mère. "Elles s'aiment. Tout comme Lennat et moi nous aimons." Elle vit l'expression incrédule sur le visage de sa mère. "J'ai passé du temps avec elles au cours des derniers jours ; pas toi."

 

Hécuba la fixa un moment, puis entoura ses bras autour d'elle-même et baissa les yeux. "Je ne peux pas croire ça." Elle releva les yeux. "Je ne veux pas le croire. Je suis désolée, Lila… ce n'est pas quelque chose que je peux accepter aussi facilement que tu as l'air de le faire." Elle s'éclaircit la gorge. "Je vais lui demander de rester cette fois-ci."

 

Lila ferma les yeux. "Maman, ne fais pas ça. Je t'en prie", murmura-t-elle, tendant la main vers sa mère. "Ecoute, je pensais la même chose que toi… il y a quelques jours." Elle se détourna et remua un peu les mains. "Je l'ai détestée… pour avoir emmené Gabrielle. Pour l'avoir gardée loin de nous… avec tout ce danger… je croyais qu'elle se fichait de ce qui pouvait lui arriver."

 

"Et tu as changé d'avis ?" demanda Hécuba, sceptique.

 

"Oui", répondit Lila avec un sourire. "Elle ne s'en fiche pas du tout."

 

Sa mère la regarda avec une expression froide. "Je crois que tu te trompes, Lila. Je pense que Gabrielle est une gentille compagne de voyage. Elle est assez drôle, et elle raconte des histoires, et elle fait la cuisine, elle coupe du bois… et je pense qu'elle pourrait faire beaucoup mieux."

 

Lila retourna à ses légumes. En tout cas, j'ai essayé. Dieux… comme si ce n'était pas assez dur comme ça. "Peut-être… mais je ne crois pas qu'elle soit de cet avis."

 

 

 

Le crépuscule tombait sur le village, apportant une lueur pourpre qui jetait des ombres sous les porches des petites maisons et grisait toutes les couleurs. La fumée des feux de cheminées se mélangeait doucement à la douce et fraîche brume, apportant une odeur de bois brûlé et le riche parfum du pin humide alors que Xena et Gabrielle marchaient vers la maison. Tout était calme et elles restèrent silencieuses jusqu'à ce qu'elles soient presque arrivées.

 

"Belle nuit", commenta Xena levant les yeux vers la sphère qui émergeait à peine au-dessus des arbres. "Pleine lune."

 

Gabrielle acquiesça et se rapprocha un peu, prenant la main de Xena et lui souriant.

 

"Ta mère ne me fait toujours pas confiance, tu sais", ajouta Xena avec un petit sourire désabusé, avant de tendre la main et de serrer celle de Gabrielle.

 

Le barde pencha un peu la tête. "Je sais", soupira-t-elle. "J'essaierai de lui parler."

 

"Peut-être que je devrais essayer", fit Xena en plaisantant, avec un demi-sourire. "Je ne me débrouille pas mal dans ce domaine, ces derniers temps."

 

Gabrielle ricana alors qu'elles atteignaient le porche et montèrent les marches, à l'unisson. "Tu as peut-être raison." Elle tendit la main et poussa la porte. "Beaucoup mieux que moi, en fait", marmonna-t-elle entre ses dents.

 

Hécuba leva les yeux en les entendant entrer et leur sourit. "Entrez… entrez." Elle leur fit signe d'avancer et regarda Xena avancer droit sur elle, se déplaçant avec cette puissance surnaturelle qui la rendait nerveuse. Elle inspira lorsque la guerrière s'arrêta à un pas devant elle et leva un sourcil.

 

"Comment va ton bras ?" demanda-t-elle, de cette voix grave qui semblait la transpercer.

 

Hécuba montra son bras. "Ça… fait mal. Comme tu m'avais prévenue. Mais… ça va aller." Elle fit un signe vers la table où Lila et Lennat étaient déjà assis, penchés l'un vers l'autre. "Je t'en prie… assieds-toi." Elle serra Gabrielle dans ses bras. "Je suis contente que tu sois venue", dit-elle à sa fille en souriant. "On pourra peut-être te soutirer une autre histoire."

 

Le dîner se passa bien, Hécuba posant de nombreuses questions sur les histoires qu'elle avait entendues la nuit précédente. "Mais, ma chérie, tu étais donc vraiment dans ce village centaure ? C'est très dangereux, tu sais… tu n'aurais pas pu obtenir des descriptions de…quelqu'un d'autre ?" Sa voix ne laissa aucun doute quant à l'identité de ce 'quelqu'un d'autre'.

 

Xena s'appuya contre le dossier de sa chaise, regarda sa compagne et décida qu'elle en avait assez. "Eh bien, Hécuba", fit-elle d'une voix traînante. "Le problème, c'est que… je suis peut-être une guerrière complètement folle, mais…" Un sourire féroce se dessina sur ses lèvres. "Il n'y a vraiment pas beaucoup de gens pour lesquels je me jetterai devant une flèche." Elle fit une pause et vit l'expression résignée sur le visage de Gabrielle ; elle en sourit intérieurement. "La reine amazone dont mon barde parlait si bien, c'est elle-même. C'était elle, l'héroïne de cette histoire."

 

Silence de mort dans la pièce. Tous se tournèrent vers Gabrielle qui adressa à Xena un regard affectueux mais exaspéré. "Tu me le paieras…"

 

"Gabrielle…" murmura Hécuba. "C'est vrai ? C'était toi ?"

 

"Oui", répondit le barde comme si de rien n'était. "C'était bien moi. Et je peux te dire que j'étais rudement contente de voir Xena arriver…" Ça, oui. Assez contente pour l'embrasser devant toute une tribu de Centaures et la moitié de la nation amazone, et de nous emmener dans des eaux inexplorées. Heureusement qu'on savait toutes les deux nager… Ses lèvres esquissèrent un sourire.

 

"Dieux…" fit Lila dans un souffle. "Je n'aurais jamais pensé… ça a dû être terrifiant… c'est la pire chose que tu aies eu à affronter ?"

 

"Non", répondit Gabrielle d'une voix calme. "Mais l'autre chose en question a fini par… bien tourner." Elle sentit des doigts s'enrouler autour des siens sous la table. Et serra en retour, reconnaissante.

 

"Bien tourner…" répéta Hécuba. "Gabrielle, tu aurais pu mourir."

 

"J'aurais pu", acquiesça le barde. "Mais je ne suis pas morte." Elle vit la colère envahir les yeux de sa mère. "Les Amazones sont ma responsabilité, maman. Et j'ai eu des problèmes à ce moment-là… mais fort heureusement, comme toujours, je pouvais compter sur Xena pour m'en sortir." Elle adressa à sa compagne un regard reconnaissant. "Aucune raison de s'inquiéter."

 

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