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Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Ton coeur est ton foyer

Home is where the Heart is

 

Melissa Good

 

Traductrice : Katell

 

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Partie 5A

********

 

 

 

"Qui est-ce ?" murmura le barde, jetant un coup d'œil vers la fenêtre avant de revenir vers Xena. Rien de bien méchant, sans doute ; elle sourit.

 

"Ma mère et…" Elle se concentra, puis laissa échapper un petit rire ironique. "Toris."

 

Gabrielle sourit, ravie. "Super !" Elle fit une pause. "Je peux leur raconter l'histoire du minotaure ?"

 

Xena haussa les épaules. "Je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas… les autres le feront sûrement de toute façon." Elle roula sur le dos, puis se leva, soulevant Gabrielle dans ses bras, avant de la poser sur ses pieds. "Et voilà."

 

"Merci." Le barde lui donna une petite tape sur le côté. "Tiens", fit-elle en lui tendant une tunique qu'elle avait prise dans le sac près du lit. Puis elle en prit une pour elle. "Attention, Arès." Elle évita le chiot, maintenant complètement éveillé, et enfila le vêtement, l'attacha, puis attrapa un fruit dans le panier posé sur la table. "Tu crois que ta mère voudra bien leur donner quelques leçons de cuisine ?" fit-elle en plaisantant, avant de croquer à belles dents dans la pomme et de se tourner vers Xena.

 

Et le morceau de pomme lui fut promptement volé par des dents blanches et précises, avant d'être remplacé par un baiser. "Ooh", gloussa-t-elle, puis elle mastiqua en hâte le bout qui lui restait dans la bouche et l'avala. "On peut recommencer ?"

 

"Plus tard", fit Xena en riant, avec un clin d'œil. Elle ouvrit la porte. "Allons d'abord leur dire bonjour."

 

Elles atteignaient le bas des marches alors que Cyrène et Toris parlaient doucement à l'aubergiste. Qui leva les yeux en entendant les pas dans l'escalier, puis cligna des yeux, son regard allant de Xena aux nouveaux venus et vice versa.

 

"Tiens, tiens… regardez qui va là", fit Toris en souriant, et il passa l'aubergiste pour aller étreindre sa sœur, étreinte qui lui fut rendue avec enthousiasme. Ils se séparèrent, et il regarda Gabrielle pendant un instant.

 

Le barde comprit son hésitation et lui sourit chaleureusement. "Bonjour, Toris." Puis elle avança pour le serrer dans ses bras. Il sourit et obéit, son étreinte étant cette fois beaucoup plus douce.

 

"Maman", dit Xena alors que Cyrène la serrait dans ses bras. "Merci d'être venue."

 

Cyrène leva un sourcil. "Lorsque Johan m'a dit…" Elle secoua la tête et baissa les yeux. "On en parlera plus tard." Elle se tourna, un superbe sourire aux lèvres, vers Gabrielle et enroula ses bras autour du barde, puis la tint à distance de ses bras pendant un long moment.

 

"Bonjour, Maman", fit Gabrielle avec un sourire espiègle. "Je ne pensais pas te revoir si tôt."

 

Xena les regarda un moment, puis se tourna vers l'aubergiste qui les observait. "Il y a un problème ?" fit-elle en levant un sourcil.

 

"Euh… des amis à toi, guerrière ?" demanda l'homme en hésitant un peu.

 

"De la famille", répondit Xena, goûtant le mot dans sa bouche, le faisant rouler et aimant vraiment la sensation.

 

"Je vais leur donner ma meilleure chambre", promit l'aubergiste avec un sourire nerveux.

 

"Tu vas bien, ma fille ?' demandait Cyrène à Gabrielle d'une voix basse, observant son visage avec inquiétude.

 

Le barde expira, puis hocha la tête. "Oui… maintenant, ça va." Ses yeux se posèrent inconsciemment sur la grande silhouette de Xena, puis revinrent vers elle. "J'étais dans de bonnes mains."

 

Cyrène lui tapota doucement la joue. "Oh, ça, je le sais." Elle se tourna vers Xena. "Et si on s'asseyait pour parler un peu ?" Elle désigna de la main les tables qui, à cette heure-là, étaient pour la plupart vides.

 

"D'accord", fit Xena en posant une main sur le dos de Toris et en le poussant doucement en avant. "Tant qu'on ne me demande pas de goûter à leur tambouille." Cette dernière remarque étant destinée aux oreilles de Cyrène seulement.

 

Sa mère s'arrêta puis la regarda, pensive. "Je reviens dans une minute." Et elle se dirigea d'un pas décidé vers la cuisine.

 

Xena sourit et adressa un clin d'œil à Toris. Qui lui rendit son sourire, avec une compréhension toute fraternelle. Ils allèrent s'asseoir à une table libre et burent tranquillement les coupes de bière que l'aubergiste leur apporta.

 

"Alors…" commença Toris en s'appuyant sur le dossier de sa chaise, posant son pied sur le support de la table. "Qu'est-ce qui s'est passé ?"

 

Ils entendirent un grand bruit en provenance de la cuisine. "Cyrène, Aubergiste Guerrière", marmonna Xena et elle se leva d'un bond, puis partit vers la porte, sautant par-dessus deux tables qui se trouvaient sur son passage.

 

Toris et Gabrielle se regardèrent un long moment, puis éclatèrent de rire.

 

"Oh, dieux…" soupira Gabrielle. "J'en avais vraiment besoin." Elle but une longue gorgée de bière. Puis elle leva les yeux pour croiser le regard inquiet de Toris. C'est si bizarre… pensa-t-elle, amusée. De voir ses yeux à elle sur son visage à lui.

 

Toris se pencha en avant et hésita, puis se lança. "Ecoute… si tu savais à quel point ça m'a secoué quand Johan nous a raconté." Il regarda autour d'eux, puis ses yeux se posèrent à nouveau sur elle. "Tu es comme une sœur pour moi, Gabrielle."

 

Les yeux verts l'observèrent doucement. "Tu n'as pas idée de ce que ça représente pour moi… que vous veniez ici, tous les deux." Elle vit la légère rougeur qui envahit le visage du jeune homme. "Merci, Toris. C'est vraiment très gentil." Elle s'interrompit, et ce fut à son tour de baisser les yeux. "De savoir que…" Elle s'arrêta à nouveau et sentit bientôt la chaleur des mains de Toris qui couvraient les siennes, posées sur la table. "Et si ta sœur n'avait pas été là… je ne sais pas… ce que j'aurais fait."

 

Toris sourit. "Tu fais partie de la famille, tu le sais bien", dit-il pour la rassurer. "Et… je n'ai pas eu l'occasion de te le dire… avant que vous ne partiez… mais je suis vraiment content que ça soit le cas." Ses yeux brillaient doucement. "Je suis content pour vous deux." Il leva les yeux alors que la porte se rouvrait et il rendit le regard curieux du grand homme blond qui se tenait devant eux.

 

Gabrielle se tourna pour voir qui il regardait et sourit. "Salut, Lennat."

 

Lennat vint jusqu'à eux, regardant toujours le jeune homme brun aux yeux bleus qui était assis avec le barde. "Salut. Euh…"

 

"Oh… pardon", fit le barde. "Euh… Lennat, je te présente Toris. C'est le frère de Xena. Toris, voici le promis de ma sœur, Lennat."

 

Les deux hommes se regardèrent, puis Toris sourit doucement et tendit son bras. "Je suis ravi de rencontrer un nouveau membre de ma famille étendue", fit-il d'une voix traînante.

 

Lennat serra son bras en retour. "Hmm…" Ses pensées se lisaient clairement sur son visage…. Il n'y avait jamais pensé de cette façon. "Tu as sans doute raison…" Avec une note de surprise appréciative. "Content de te voir moi aussi."

 

Il s'assit à côté de Gabrielle et resta silencieux pendant quelques minutes, de toute évidence réfléchissant à ce nouveau changement de sa vie. "J'étais en train de me faire mettre en boîte par mes copains", dit-il enfin, comme pour expliquer sa présence dans cet endroit à une heure pareille.

 

Ils levèrent à nouveau tous les yeux lorsque la porte s'ouvrit encore et que Lila, étouffant un bâillement, passa la tête par l'ouverture. Elle entra ensuite complètement, serrant un châle autour de ses épaules pour se tenir chaud. "Maman…" Puis elle leva les yeux, réalisant qu'il y avait un étranger assis avec eux. "Oh… pardon." Ses sourcils se levèrent alors qu'elle s'habituait à la lumière et que son esprit essayait de comprendre l'étrange familiarité de ce nouveau visage.

 

"N'essaie pas de te souvenir où tu m'as déjà vu", soupira Toris en roulant des yeux. "Je m'appelle Toris, on ne s'est jamais vus, mais tu connais ma sœur."

 

"Ta sœur ?" fit Lila, penchant la tête tout en le regardant.

 

Toris leva un sourcil très expressif.

 

"Oh !" Lila éclata de rire. "Je ne savais pas…"

 

"Personne ne sait jamais", répliquèrent Gabrielle et Toris de concert.

 

C'est alors que la porte de la cuisine s'ouvrit et que Xena poussa devant elle une Cyrène au petit sourire satisfait. La guerrière fit une pause en voyant les nouveaux venus. Eh bien… ça nous fait une belle réunion de famille… pensa-t-elle amusée. "Bonjour, Lennat. Lila", fit-elle avec un hochement de tête. "Dites bonjour à ma mère, Cyrène." Elle jeta un coup d'œil de l'autre côté de la table. "Je vois que vous avez déjà fait la connaissance de Toris." Elle s'assit près de lui et s'appuya en arrière, posant un bras sur le dossier de la chaise du jeune homme. "C'est mon frère."

 

"On n'aurait jamais deviné", firent Lennat et Lila en même temps, puis ils échangèrent un regard et se mirent à rire.

 

"Mission accomplie ?" demanda Gabrielle à Cyrène, qui étouffa un petit ricanement.

 

"C'est rien de le dire…" commenta Xena avant de prendre une longue gorgée de bière. "Les chances de n'enregistrer aucun empoisonnement au mariage de ta sœur demain viennent d'augmenter de façon significative."

 

"Alors… pourquoi ce grand bruit ?" insista le barde en tendant la main sous la table pour chatouiller doucement sa compagne derrière le genou. Ce qui lui valut un sourcil promptement levé et un sourire féroce. Elle se mordit la lèvre pour ne pas rire.

 

Cyrène soupira. "J'essayais juste de…"

 

"Maman n'était pas d'accord avec les techniques de stockage qu'ils utilisent", marmonna Xena en regardant rapidement Toris.

 

Il fit une grimace. "Oh."

 

"Effrayant", répliqua-t-elle. "Très effrayant."

 

Lila et Lennat restèrent là, à écouter Gabrielle raconter l'histoire de l'attaque du matin. Xena se détendit un peu en écoutant, et observa le reste du groupe qui regardait Gabrielle. Elle vit la grimace qu'ils firent tous en entendant la description graphique du combat avec le minotaure et eut un petit haussement d'épaule.

 

Lila et Lennat se levèrent lorsque l'histoire fut finie et leur souhaitèrent à tous une bonne nuit. "En fait, Maman m'avait envoyée ici pour vérifier que tout allait bien", murmura Lila à l'oreille de Gabrielle alors qu'elles échangeaient une étreinte.

 

Gabrielle la regarda curieusement. "Je l'ai vue après que tout soit terminé… alors…"

 

Lila sourit et serra doucement sa main. "Elle s'inquiétait pour Xena", chuchota-t-elle avec une note de conspiration.

 

"Oh", fit le barde en souriant. "Elle va bien." Mais son cœur se réchauffa devant le geste. Même ça commence à s'arranger… pensa-t-elle, amusée. "Merci de demander."

 

Lennat ne parla pas sur le chemin du retour mais il finit par soupirer, alors qu'ils marchaient sur le sentier éclairé par la lumière de la lune. "Alors… qu'est-ce que tu en as pensé ?" demanda-t-il enfin, tout en l'arrêtant pour aller s'asseoir sur un rocher tout près. Il tapota la pierre près de lui et elle le rejoint, se collant contre lui pour avoir plus chaud.

 

"Pensé de quoi ?" demanda Lila, bien qu'elle eut une bonne idée de ce dont il parlait.

 

"De tout ça", répliqua Lennat.

 

"Tout ça dans le sens 'la famille de Xena', ou tout ça dans le sens 'ma sœur et elle', ou…" taquina gentiment Lila. "Allez, Lennat, de quoi tu parles ?"

 

"Toris a dit que nous faisions maintenant partie de sa famille étendue", fit Lennat en évitant la question. "Il pense… je suppose… je ne…"

 

Lila y réfléchit un instant. "Il considère Gabrielle comme une sœur", dit-elle amusée. "Alors… du coup, je deviens aussi sa sœur… et toi… eh bien, puisque tu vas devenir mon mari…" Elle leva les yeux vers lui. "Ça te gêne ? Dis-moi la vérité, Lennat. Tu sais que tu peux tout me dire."

 

"C'est juste que…" soupira Lennat. "On dirait qu'il prend ça si… comme si c'était naturel." Ses yeux regardèrent les siens, un peu mal à l'aise. "Et ce n'est pas naturel, pour moi. Toi et moi… ça, c'est naturel."

 

Lila le regard sans rien dire. Puis : "Tu crois qu'elles s'aiment moins que toi et moi ?" demanda-t-elle doucement.

 

Le jeune homme regarda vers la sombre forêt pendant un moment. Enfin, il baissa les yeux vers ses mains, puis les releva. "Non", fit-il en tordant un peu les lèvres. "Non, je ne le crois pas."

 

"Alors quoi ?" demanda Lila. "Ecoute… ça m'a prit un moment pour m'y habituer aussi… mais ensuite, Lennat… ensuite… dieux… qui sommes-nous pour dire ce qui est bien et ce qui est mal ? Ça ne peut pas être mal… l'amour ne peut pas être mal, Lennat. Pas ce genre d'amour… c'est ce que toi et moi ressentons l'un pour l'autre. Comment pourrais-tu dénier ce sentiment à qui que ce soit ?"

 

Lennat la regarda longuement. "Je ne pourrais pas", fit-il dans un long soupir. "Je ne peux pas, et je ne le ferai pas, et… maintenant que j'ai eu un peu de temps pour me faire à cette idée, ça va devenir naturel pour moi aussi." Ses yeux sourirent. "Et ils vont tous devenir de la famille pour nous, pour toi, et pour moi, et pour nos enfants." Ses sourcils bougèrent un peu. "Et en plus…" Maintenant, un sourire se dessinait sur ses lèvres. "Dans le monde où nous vivons, je crois qu'il y a des gens bien pires qui pourraient faire partie de ma famille."

 

Lila posa doucement la main sur sa joue. "Merci, mon amour." Elle leva les yeux. "Maintenant, on ferait mieux de rentrer et d'aller se reposer. J'ai le sentiment que demain va être… une longue journée."

 

Lennat ricana. "Je crois que tu as raison." Il se leva et lui tendit le bras. "Ma dame ?" Comme dans les jeux de princes et de princesses auxquels ils jouaient lorsqu'ils étaient tout petits. Lila sourit et posa la main sur son bras. "Mon seigneur…" fit-elle et ils se remirent en route sous le clair de lune.

 

 

 

Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va faire la grasse matinée, pensa Xena en regardant distraitement le ciel dehors prendre une couleur un peu orangée. Déjà, elle pouvait entendre les gens qui s'affairaient à l'extérieur de l'auberge : les bruits étouffés du bétail qu'on harnachait, le léger retentissement du marteau du forgeron au loin, les protestations d'une chèvre… tout lui parvenait par l'intermédiaire d'une brise fraîche qui lui amenait aussi le parfum du charbon de bois et l'odeur riche d'un four en plein travail.

 

Elle devrait se lever… il y avait plein de choses à faire. Elle baissa les yeux vers Gabrielle qui venait de bouger un peu. Puis le barde se blottit contre elle un peu plus avant de se détendre avec un soupir satisfait. Un sourire se dessina sur les lèvres de Xena tandis qu'elle regardait sa compagne endormie. Oh, bon… peut-être encore quelques minutes… Elle n'avait vraiment pas le courage de la réveiller… pas lorsqu'elle avait l'air si paisible. Pas lorsque leur étreinte la faisait sourire de cette façon. Cela toucha le cœur de Xena et fit fondre ses résolutions comme neige au soleil. Elle me mène par le bout du nez, comme si j'étais une adolescente amoureuse… Ça devrait m'énerver, pensa-t-elle, amusée. Sauf que ça me plaît autant qu'à elle.

 

Elle était contente que Gabrielle semble oublier ses cauchemars lorsqu'elles dormaient ainsi, et ça faisait déjà un petit moment que ça durait. Et les miens aussi… Les yeux de Xena s'assombrirent un peu. Moins fréquents, mais plus sombres et plus violents que ceux du barde. Elles dormaient toute la nuit sans s'éveiller maintenant… et cela rendait les choses plus faciles entre elles pendant la journée. Elle devient irritable lorsqu'elle ne dort pas bien. Et je m'énerve aussi. Ce n'est pas une bonne combinaison. Ça… c'est bien pour nous. Ses yeux commencèrent à se fermer contre sa volonté, et elle soupira, puis se força à les rouvrir. Non, non… allez, on a vraiment des choses à faire aujourd'hui.

 

Je n'aurais pas dû rester debout si tard hier soir avec Maman et Toris… c'était idiot. Ses lèvres esquissèrent un sourire. Cyrène avait été douce et encourageante tant que Gabrielle était restée avec eux en bas, mais dès qu'elle leur eut dit bonsoir, à contrecœur, et qu'elle fut montée dans leur chambre, sa mère avait passé un bon moment à libérer sa colère. Contre les parents de Gabrielle. Contre Potadeia. Contre Xena elle-même, une fois qu'elle avait compris que sa fille avait risqué sa vie pour "cet homme".

 

Et puis elle l'avait envoyé se coucher, en disant que la bataille l'avait fatiguée et qu'elle avait besoin de se reposer. Xena s'était contenté de secouer la tête et avait échangé un coup d'œil entendu avec son frère… et puis elle avait suivi la suggestion et était allée se blottir avec un plaisir joyeux contre sa compagne dans la chambre sombre.

 

Ses yeux se fermèrent à nouveau et elle les laissa faire pendant quelques minutes, puis s'obligea à s'éveiller à nouveau. Ça ne marche pas… admit-elle.

 

Gabrielle bougea à nouveau et cette fois-ci, ses yeux s'ouvrirent paresseusement, avant qu'elle ne sourie à Xena. "B'jour" fit-elle avec un plaisir sensuel, puis elle resserra son étreinte avec enthousiasme.

 

"Bonjour", ricana Xena. "Pourquoi tu as fait ça ?"

 

"Parce que je peux", répondit-elle, espiègle, en la serrant à nouveau. Elle jeta un coup d'œil vers la fenêtre, puis leva les yeux vers le regard indulgent de Xena. "Zut. Il fait jour dehors." Elle laissa échapper un faux soupir. "Je suppose qu'il faut qu'on aille aider, hein ?" tout en laissant ses doigts courir sur le côté de Xena, et souriant en voyant un sourcil se lever en réaction.

 

Xena hocha la tête et passa doucement les doigts dans les cheveux de Gabrielle. "Hmm, hm", fit-elle en suivant doucement le contour de l'oreille du barde et en voyant son pouls s'accélérer sur son cou.

Gabrielle pensa rapidement à soutirer un peu plus de temps à Xena, sachant qu'elle en était capable… mais elle savait aussi que sa mère avait sans doute besoin de son aide. Et de son soutien. Elle se mit soudain à glousser. "Oh dieux…"

 

"Quoi ?" fit Xena en la regardant.

 

"Ma mère va devenir dingue en rencontrant la tienne." Elle roula sur le dos tout en riant. "Ça va valoir le détour. Tu as vu Lila la regarder du coin de l'œil ? Cyrène, Aubergiste Guerrière. Dieux, Xena, j'ai cru que j'allais avoir une attaque. "

 

Xena se laissa rouler sur un coude et sourit. "Mais c'est vrai. Elle a terrorisé cette pauvre cuisinière."

 

Le barde la regarda et sourit, désabusée. "Il faut croire que tu tiens ça d'elle, alors, hein ? "

 

La guerrière lui jeta un regard noir puis se mit à rire. "Ouais… peut-être", admit-elle, un peu penaude.

 

Gabrielle regarda tendrement les traits de son visage et suivit les lignes de lumière que le soleil dessinait sur son cou et ses larges épaules. Puis elle soupira. "Il faut aller aider, hein ?" fit-elle, pleine d'espoir. Et elle trouva son attention soudainement détournée par l'intensité des yeux bleus devant elle, sentant une chaleur subtile commencer à se répandre dans son estomac. Hmm… peut-être que ça peut attendre un tout petit peu…

 

"Sans doute", fit Xena, mais elle ne semblait pas pouvoir arracher son regard de celui de Gabrielle et elle réalisa bientôt que sa main se déplaçait sans son consentement pour aller caresser le visage du barde. Elle sentit l'explosion de joie lorsque Gabrielle saisit sa main dans la sienne, embrassa la paume, et fit battre son cœur plus vite. Les préparatifs pourront bien attendre un peu… pensa-t-elle en se penchant en avant. Elle sentit les mains de Gabrielle se glisser sous sa chemise et commencer une exploration taquine, alors que leurs lèvres se rencontraient et faisaient disparaître le reste du monde.

 

 

 

 

"Tu sais, je pourrais m'habituer à me lever de bonne heure, dans ces conditions", fit Gabrielle d'une voix traînante, un peu plus tard, tout en mordillant doucement le ventre nu de Xena avant de finir sous son menton et de s'installer confortablement dans les bras qui l'entouraient. "Il faudrait que j'essaie de me réveiller comme ça plus souvent." Et elle sentit Xena inspirer profondément, puis expirer lentement, ce qui réchauffa le haut de son crâne et envoya une coulée d'air le long de son cou. Gabrielle sourit… C'est si bon. Tout comme le rire grave qui suivit et lui envoya de petites vibrations le long de sa colonne vertébrale. En fait, c'était mieux que bon. Elle ferma les yeux, ravie.

 

"Il faudra que je m'en souvienne", fit Xena, lançant vers la fenêtre et le grand jour un regard penaud. "Il faut vraiment qu'on aille aider, ou on va en entendre parler…"

 

"Mmm", soupira Gabrielle. "Je suppose que je ne peux pas dire à toute la noce d'aller au Tartare, hein ?"

 

"Gabrielle…" un avertissement, mais l'amusement était très clair dans sa voix.

 

"Il faut que tu m'aides à enfiler cette robe. Il y a tout un tas de petits trucs à attacher. C'est pire que ton armure", ajouta le barde d'un ton désolé, alors que Xena la serrait dans les bras, puis la relâchait, avant de rouler hors du lit et de se lever. "Ok… ok…" Elle sauta du lit et alla jusqu'à l'endroit où Xena fourrageait dans leurs sacs. Une fois là, elle passa ses mains sur le dos nu de la guerrière. "On t'a déjà dit que tu avais un très joli dos ?"

 

Xena se retourna et posa ses mains sur ses hanches. "Juste toi, mais à plusieurs occasions", répondit-elle avec un ricanement désabusé. "Habille-toi, Gabrielle." Elle fit une pause et laissa ses yeux caresser la silhouette du barde qui souriait sans honte. "Ou qu'on ne me demande pas d'expliquer pourquoi tu as manqué le mariage de ta sœur."

 

Gabrielle ferma les yeux et inspira profondément. "Tu ferais mieux de t'habiller en premier, ou je vais m'en ficher pas mal de manquer le mariage de ma sœur." Dieux… qu'est-ce qui m'arrive aujourd'hui ? Il devait y avoir quelque chose dans la bière, hier soir. Elle rougit et entendit le doux rire de Xena. "Pardon."

 

Elle sentit des mains prendre doucement son visage et elle ouvrit les yeux pour voir le sourire éblouissant de Xena. "Ne t'excuse jamais pour ça, Gabrielle." Et elle l'embrassa passionnément.

 

"Tu avais besoin de faire ça ?" gloussa le barde lorsqu'elles se séparèrent et que Xena lui lança une tunique en riant. "Je vais te tuer."

 

"C'est ça, c'est ça. Des menaces, toujours des menaces", fit la guerrière, dédaigneusement, tout en enfilant les bretelles de sa combinaison de cuir. "Je suis morte de peur." Elle se peigna rapidement les cheveux et les repoussa de son visage.

 

"Roo !"

 

Elles baissèrent toutes les deux les yeux et virent Arès, assis sur son séant, les pattes avant bien plantées, les yeux allant de l'une à l'autre. "Oh…" Xena s'accroupit et le fit rouler sur le dos, avant de lui gratter le ventre. "Tu veux être de la fête toi aussi ? Ok… tu peux venir chasser avec moi, si tu veux. Ça te va ?" Elle se leva, ramassa le chiot au passage et partit vers les escaliers, Arès sous le bras.

 

 

 

 

Cyrène se dirigea tranquillement vers le petit temple, hochant la tête, perdue dans ses pensées. Elle avait eu une matinée productive et avait toutes les raisons du monde d'être satisfaite. Elle avait refusé le banquet proposé par l'auberge et, lorsqu'ils avaient dit qu'il n'avait rien d'autre de disponible… sa fille, dont les talents de chasseuse avaient été bénis des dieux, était soudainement arrivée avec le plus gros chevreuil qu'elle ait jamais vu et l'avait déposé aux pieds de l'aubergiste avec ce petit sourire satisfait qu'elle affectionnait tout particulièrement. Cyrène sourit rien qu'en y repensant.

 

Alors ça s'était plutôt bien passé, et elle avait fini par s'entendre avec la cuisinière de l'auberge, une fois qu'elle avait convaincu celle-ci qu'elle savait vraiment ce qu'elle faisait. Et qu'elle lui avait fait quelques démonstrations. Cyrène ricana doucement.

 

Et puis il y avait eu le temple. Elle y avait envoyé Toris pour qu'il aide à le décorer avec des guirlandes de fleurs et à présent, elle revenait jeter un coup d'œil. Elle remarqua un groupe de jeunes filles qui travaillaient elles aussi à la décoration et aidaient Toris, mais il était évident que son attention était détournée par une silhouette silencieuse travaillant un peu à l'écart des autres.

 

Gabrielle, avec une expression déterminée sur le visage. Cyrène resta là un moment et regarda le barde finir sa tâche, puis sortir par la petite porte du temple. Elle remarqua les regards mal à l'aise qu'elle reçut des villageois et celui, inquiet, de son fils. Toris la repéra et vint jusqu'à elle, avant de lui saisir le bras et de l'emmener dehors.

 

"Qu'est-ce qui ne va pas ?" demanda-t-elle à voix basse.

 

Toris jeta un coup d'œil autour de lui puis revint vers elle. "C'est Gabrielle… tu sais ce qui s'est passé la dernière fois qu'elle est venue ici ?"

 

"Non", fit Cyrène dans un souffle. "Mais tu vas me le dire, n'est-ce pas, mon chéri ?"

 

Et c'est ce qu'il fit, puisqu'il avait entendu différentes versions de l'histoire de la bouche des jeunes villageoises qui l'avaient aidé. Perdicus, Callisto et son propre mariage. "Dieux", soupira Cyrène. "C'est bien Xena de ne pas mentionner cela." Elle lui tapota le bras. "Reste ici pour aider. Je vais voir si je peux la trouver."

 

"Essaie le cimetière", répliqua doucement Toris en hochant la tête ; puis il retourna vers le temple. Les jeunes filles le regardèrent revenir vers elles et prendre une autre guirlande, et il se mit à rire. C'est l'heure d'une petite leçon, je crois.

 

"Alors…" demanda la plus âgée d'entre elles, en le regardant du coin de l'œil. "Ça fait quoi d'être le frère de Xena ?" Les plus jeunes se mirent à glousser. "Elle peut te coller une raclée ?"

 

Toris éclata de rire. "Bien sûr." Il remarqua leur regard étonné. "Elle peut coller une raclée à n'importe qui. C'est plutôt pratique, comme vous vous en êtes rendues compte hier." Il fit une pause. "Désolé qu'on ait manqué le spectacle. Mais on est vraiment contents d'être venus ici pour rencontrer le restant de la famille de Gabrielle." Ça devenait difficile de ne pas rire. "Maintenant qu'elle est aussi ma sœur."

 

La plus âgée des filles s'arrêta et pencha la tête vers lui. "Tu considères Gabrielle comme faisant partie de ta famille ?" Elle le regardaient toutes de près, ne faisant plus du tout attention aux fleurs.

 

"Bien sûr", répliqua Toris, en sautant sur un banc de pierre avant de lancer l'extrémité de la guirlande par-dessus la poutre de support en bois au-dessus de sa tête. "Pour nous tous, elle fait partie de la famille… et si vous aviez vu la fête qu'on lui avait préparée pour son anniversaire quand elle est rentrée…" il hésita un moment. "A la maison." Et pendant un instant, ça avait été sa maison. Et peut-être, pensa-t-il, qu'un jour ça le redeviendrait. Il sourit. "On l'adore. Elle est fantastique."

 

Elles le regardèrent en silence, puis échangèrent des coups d'œil.

 

Toris sourit et retourna à sa décoration.

 

 

 

 

Cyrène descendit le chemin toute seule, le seul bruit l'accompagnant étant celui de ses semelles sur le gravier qui recouvrait le sol. Les bois alentours avaient l'air clairsemé, alors que l'hiver s'installait doucement dans la région et elle se sentit… frissonner. Elle atteignit le dernier virage avant le cimetière et s'arrêta, à l'ombre d'un vieux chêne, une main posée sur l'écorce rêche. Devant elle se trouvait le cimetière et au milieu des nombreuses pierres, une silhouette.

 

Gabrielle se tenait en silence, les yeux baissés vers une pierre tombale impeccable à ses pieds. Bonjour, Perdicus. Elle soupira. J'espère que tu es aux Champs Elysées, quelque part. Avec plein de gens à qui parler, et plein de choses à faire. Elle regarda ses bottes un moment. Je sais que tu peux entendre mes pensées… et je sais que tu sais ce qui m'est arrivé depuis que tu es… parti. Une longue pause. Je suis désolée, Perdicus. Tu ne sais pas à quel point. Désolée que tu te sois trouvé sur son chemin. Désolée de ne pas avoir pu te donner la seule chose que tu voulais de moi. Ses yeux se remplirent de larmes. Parce que je l'avais déjà donnée à quelqu'un d'autre avant qu'on ne se revoit. Et je crois… qu'au fond de ton cœur… tu le savais. Elle s'entoura de ses bras. Je le savais, moi. Et je t'ai quand même épousé, et je ne me le pardonnerai jamais. Jamais. Même si toi tu me pardonnes. Même si… bien qu'elle m'ait pardonné. Pas moi. Jamais.

 

Un coup d'œil vers le ciel bleu sans nuage. Ils ont raison, Perdicus. Ce n'est plus ma maison. Peut-être que je n'ai pas de chance. Ils disaient toujours que les mauvaises moissons étaient de ma faute, tu te souviens ? Enfin... Je sais que tu es en paix, maintenant. Un de ces jours, on ira s'asseoir tous les deux et on parlera, d'accord ? Et n'en veux pas à Xena… ce n'est pas de sa faute, Perdicus. Rien de tout ça. Callisto nous a surpris… on pensait qu'elle s'en prendrait à moi. On ne pensait pas que ça serait toi. Si Xena avait pu l'arrêter, elle l'aurait fait… même si… je le sais maintenant… ça aurait été atroce pour nous deux. Pour nous tous. Parce qu'elle est l'autre moitié de mon âme, et même si je sais que tu m'aimais vraiment… ça nous aurait séparés.

 

Elle a prié pour moi, Perdicus… elle ne demande jamais rien aux dieux, mais elle s'est mise à genoux et a offert son épée et elle a prié pour mon âme. Et tu sais… c'est une image que je garde en mon cœur… toujours. Elle essuya ses yeux du revers de sa manche. Il est temps que j'aille me préparer, et que j'aille assister au mariage de ma sœur, Perdicus. Je prie pour que sa vie auprès de Lennat soit longue, et paisible et féconde. Ils sont faits l'un pour l'autre… sois heureux pour eux. Je le suis. Doucement, elle s'agenouilla et prit quelques fleurs d'une guirlande du mariage qu'elle avait apportée, puis les posa doucement sur sa tombe. Puis elle se releva et garda une dernière fleur, la faisant tourner entre ses doigts. Repose en paix, Perdicus. Elle inspira longuement et se tourna enfin, avant de repartir, marchant entre les rangées de tombes, nouvelles et anciennes.

 

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