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HURRICANE WATCH1

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Avis de tempête

Hurricane Watch

 

 

par Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

 

Démentis : Nan, aucun. Ce sont mes personnages, ma ville, ma pseudo-société. C'est une Uber-fiction, avec deux personnages déjà rencontrés dans une précédente histoire, Tropical Storm (Tempête Tropicale). Dar Roberts est la directrice des opérations d'un groupe de renommée internationale dans le domaine des Services d'Information. Kerry Stuart est son adjointe et sa protégée.

Elles s'aiment bien, on pourrait dire ça.

Vous y trouverez un peu de violence, quelques mots grossiers, un peu d'activité sexuelle, et de la sauce un peu épicée avec des chips.

Oups. Oubliez ça…

(Traduction commencée en juin 1999)

 

 

*******

Partie 1A

*******

 

 

Chapitre 1

 

Le bureau était silencieux, à part le faible crissement d'un stylo sur le papier, et le bourdonnement léger et distinctif de l'ordinateur. La pièce contenait des meubles en bois d'acajou chaleureux ; d'un côté une petite table de réunion était entourée de chaises, et de l'autre une desserte discrète supportait un plateau accompagné d'un pichet d'eau et de verres ; le bureau se trouvait à l'arrière, tournant le dos à une grande baie vitrée s'ouvrant sur l'Océan Atlantique aux vagues bleu-vert remuantes.

 

Une grande femme brune était assise devant le bureau, elle était habillée d'une jupe grise classique et d'un chemisier en soie blanche, dont elle avait relevé les manches jusqu'aux coudes, exposant ses avant-bras bronzés et musclés. Un blazer gris était posé sur le dossier de la chaise ; la tête brune était appuyée sur un poing pendant que l'autre main tenait un stylo affairé. L'un des papiers fut terminé, puis retourné et posé près d'un petit aquarium où deux Combattants soupçonneux nageaient langoureusement, envoyant des regards vitreux occasionnels vers l'occupante du bureau.

 

" Et de douze, plus que dix-huit. " Dar soupira, en se grattant la mâchoire avec le bout du crayon. " On pourrait penser que nos évaluations de personnel se font sur informatique de nos jours. " Elle s'interrompit et pressa un bouton sur le poste téléphonique de son bureau. " Mari ? "

 

" Oui… bonjour, Dar. " La voix de la directrice du personnel était décontractée et amicale.

 

" Ça t'ennuie si je te demande pourquoi l'une des plus grandes compagnies de services d'information au monde ne peut pas installer ses fiches d'évaluations sur intranet ? " demanda Dar, pour la tester. " Tu as une idée du temps qu'on gagnerait ? "

 

" Ah, Dar. " Mariana soupira comme si elle avait répondu à cette question toute la journée. Ce qu'elle avait fait, en fait. " Si nous le faisions, comment pourrions-nous nous conformer à la règle qui nous impose de vérifier que nos cadres dirigeants savent écrire à la main ? " demanda-t-elle légèrement. " Allons, allons… tu ne devrais pas te plaindre… tu n'as que trente personnes directement sous ta responsabilité. Pense à José ? Il en a deux cents. "

 

Dar réfléchit à ça en mâchouillant le bout de son crayon. " Tu as raison. Ça, ça me met de bien meilleure humeur. " Elle rit doucement. " Il doit s'arracher ce qui lui reste de cheveux. "

 

" Sans rire. " Mari soupira. " En fait, la raison pour laquelle les fiches ne sont pas sous forme électronique, c'est qu'il y a eu des inquiétudes quant à la sécurité des informations sur les employés ; les fiches seraient accessibles sur intranet à des gens qui n'ont pas le droit de les lire. "

 

" Oh. " Dar réfléchit à ces mots. " Alors… je ferais mieux de ne pas te dire que je reviens juste de la salle des imprimantes et que j'y ai vu s'éditer toutes les fiches remplies par José, n'est-ce pas ? "

 

Mari soupira d'un air chagriné.

 

" Il y avait une certaine frénésie là-bas. " Dar sourit au téléphone. " Tout le monde regardait. "

 

" Et tu as laissé faire ? Allons, Dar… tu es supposée faire partie des cadres responsables. " La directrice du Personnel semblait irritée.

 

" Hé… et comment je pouvais savoir si ce n'était pas une de ses opérations de motivation pour des nouvelles ventes ? " demanda Dar d'un ton raisonnable. " Après tout, je remplis bien les miennes à la main. "

 

" Mon Dieu. Très bien… j'ai besoin d'une tasse de café de toutes façons… je vais aller me balader par-là ", dit Mariana dans un souffle. " Où en es-tu ? "

 

" A la moitié environ ", mentit Dar.

 

" C'est pas vrai... " Mariana n'avait pas l'air suprêmement convaincue. " Pourquoi est-ce que vous attendez toujours la dernière minute ? "

 

" Parce que c'est une vraie plaie, Mari ! ! ! " répondit Dar, exaspérée. " Dis à Plano qu'il est peut-être temps qu'ils bougent leurs culs jusque dans le 21ème siècle et de mettre ces maudites fiches en ligne ! S'ils migraient en IIS4, la sécurité ne serait pas un foutu problème ! "

 

" Tu peux m'épeler ça, Dar ? Je leur envoie un pigeon voyageur ", répondit Mariana avec sérieux. " Très bien… je vais encore envoyer une recommandation pour que les fiches soient traduites en version électronique. "

 

" Merci ", grommela Dar. " Faut que j'y aille. " Elle raccrocha et retourna à sa tâche. Chaque formulaire comportait cinquante catégories, dans lesquelles elles devait noter ses employés, et une partie pour les commentaires qui, selon les règles, devait être remplie. " Mon Dieu… " Elle soupira en passant la pile en revue. " Si je pouvais envoyer un simple bout de papier disant ' S'ils ne sont pas virés, c'est qu'ils sont bons' ? " Elle se plaignit auprès des poissons, qui remuèrent leurs écailles.

 

" Non, hein. " Elle pencha la tête vers le papier, et piqua un fruit sec dans un plat bleu cobalt sur son bureau avant de le mordiller.

 

Un petit coup donné à la porte principale lui fit une coupure bienvenue. " Entrez ", dit-elle en levant les yeux pour voir sa secrétaire passer la tête. " Maria… les rapports du Marketing sont arrivés ? "

 

La petite femme plus âgée secoua la tête. " Nada… et j'ai appelé la nouvelle facilitatoria trois fois. " Elle traversa le sol moquetté et mit plusieurs dossiers dans la panière d'arrivée de Dar. " Trois nouveaux clients… Kerrisita va être occupée cette semaine. "

 

" Mm. " Dar approuva, la mention de son assistante amenant un sourire inconscient sur son visage. " Attendez… " Elle composa un numéro. Deux sonneries, puis une voix animée lui répondit. " Il faut que je parle à José. ", dit Dar d'un ton sec.

 

" Je suis désolée… il est en réunion ", répondit la voix.

 

" Dites-lui de sortir des chiottes et de venir au téléphone, ou il va m'avoir aux fesses dans trente secondes ", répliqua Dar en baissant sa voix d'un ton.

 

Silence de mort. " Un moment, s'il vous plaît. "

 

Dar attendit et vérifia sa montre. Maria se couvrit la bouche pour réfréner un rire. Vingt secondes plus tard, nouvelle réponse.

 

" Que diable se passe-t-il, Dar ? " Claqua le directeur du Marketing.

 

" J'ai besoin des rapports ", claqua Dar à son tour. " Et franchement, mon Bon Dieu de personnel n'a pas le temps de courir après le tien pour les avoir. "

 

Elle entendit sa lourde respiration dans le silence qui suivit. Elle attendit en faisant quelques commentaires de plus sur la feuille devant elle, et en mâchant un autre morceau de fruit sec. " J'attends ", commenta-t-elle d'un ton sec.

 

" Attends. " De la musique vint sur la ligne et Dar chantonna, sélectionnant une noix de pécan du plat avant de le pousser vers Maria. " Vous en voulez ? "

 

La secrétaire accepta l'offre, choisit un morceau d'abricot et le mit dans sa bouche, secrètement amusée du soudain intérêt de sa chef pour de la nourriture relativement saine, qui remplaçait son plat habituel de chocolats.

 

" Tu les auras dans cinq minutes. " La voix de José revint sur la ligne. " Et arrête de foutre la trouille à mon personnel. "

 

" Si ton personnel faisait son boulot, je n'aurais pas besoin de t'appeler, pas vrai ? " répliqua Dar d'une voix soyeuse avant de raccrocher. " Trouduc ", marmonna-t-elle en secouant la tête. " Ok… si ces rapports ne sont pas là le temps que vous retourniez à votre bureau, dites-le moi. "

 

" Si… Dar, vous avez vu le nouvel assistant de M. José ? " Maria baissa la voix. " Je ne suis pas du genre à cancaner, mais j'ai entendu dire deux fois aujourd'hui qu'il est très malin, et ils attendent qu'il, comment vous dites… vous tombe dessus. "

 

Dar s'appuya sur ses coudes et joua avec le crayon, puis elle leva les yeux. " J'ai entendu la même chose. " Ses yeux clairs, intensément bleus regardaient Maria. " Kerry est en réunion avec lui, et Eléanor aussi en fait… il a mis en cause les projections de la direction des opérations pour cette année. "

 

" Dios Mio. " Le front de la femme s'agrandit. " Ça ressemble à des ennuis, non ? "

 

Un lent hochement de tête. " M. Fabricini et moi, nous nous connaissons déjà ", dit la cadre tranquillement. " En fait, nous avons même été amis. " Il avait été son camarade de classe, en fait, et la nouvelle de son embauche avait été une surprise déplaisante lorsqu'elles étaient rentrées de vacances. " Nous ne le sommes plus ", dit-elle avec franchise à Maria. " Ça pourrait devenir très moche, c'est vrai. "

 

Maria soupira. " C'est pas bon. " Elle fronça les sourcils. " Pourquoi est-ce que les gens ne peuvent pas tout simplement venir, faire leur travail, rentrer à la maison… sans passer leurs journées à causer des problèmes. " Elle expira. " Pauvre Kerrisita… coincée avec ces deux-là. "

 

Un sourire tranquille vint aux lèvres de Dar. " Elle a du cran … elle s'en sortira, Maria ", rassura-t-elle sa secrétaire. " Ecoutez, je sais que j'ai une réunion du comité exécutif après déjeuner, mais est-ce qu'on a reporté cet autre briefing à demain ou est-ce qu'il est toujours prévu à quatre heures ? "

 

" Je vais vérifier. " Maria se dirigea vers la porte. " Et je vous tiens au courant pour ces rapports. "

 

" Merci. " Dar expira et retourna à sa tâche, se concentrant pendant une minute avant de poser son crayon et de se pencher en arrière, les yeux pensifs.

 

Voilà. Même Maria l'avait entendu. Dar sentit une frustration familière monter en elle, déclenchée par la question plaintive de la secrétaire. Pourquoi les gens ne pouvaient-ils pas venir et faire simplement leur boulot ? Il était évident depuis leur première rencontre que Steven Fabricini avait été engagé parce qu'il connaissait Dar, et que José espérait que cela pourrait tourner les événements en sa faveur au comité de direction.

 

Il était plutôt qualifié, d'ailleurs, songea Dar. Il l'était plus que José, de l'avis de Dar. Mais il était également moins scrupuleux que le Cubain furibond, plus impitoyable, et bien plus agressif.

 

Tout comme elle, si elle voulait bien regarder les choses très objectivement, auquel cas le choix de José n'était pas mauvais, vu ses intentions. Leur première rencontre ne s'était pas bien passée.

 

" Bonjour, Steven. " Dar s'était tranquillement tenue debout, les mains posées sur son bureau, lorsqu'il était entré.

 

" Tiens, tiens, tiens… regardez qui est là. On dirait ma vieille et meilleure copine, Dar Roberts. " Steven était entré à grandes enjambées, fermant la porte derrière lui avant de traverser la pièce pour aller vers elle. Il n'avait pas beaucoup changé, il était toujours aussi grand, avec un physique élancé de coureur, et des cheveux noirs épais. Ses yeux noisette ne s'étaient pas privés de la détailler alors qu'il s'approchait, et un large sourire visqueux avait envahi son visage lorsqu'il lui avait tendu la main. " Ça fait un bail, non ? "

 

Pas assez longtemps, avait failli répondre Dar, en rendant sa poignée de main à contrecœur. " C'est sûr ", avait-elle répliqué d'un ton neutre. " Je crois que la dernière fois que je t'ai vu, c'était juste après qu'on t'ait viré de l'école au dernier semestre. "

 

" Mm… oui, et tu as adoré organiser ça, n'est-ce pas ? " Il rit doucement. " Ça va… pas de rancune… après tout, les choses se sont plutôt bien passées, non ? Nous sommes là tous les deux. " Il avait écarté les bras. " Mon bureau n'est pas aussi sympa que celui-ci, mais… " Il avait tourné les yeux vers elle. " Peut-être que ça va bientôt changer. "

 

Dar avait à peine levé un sourcil et refusé de mordre à l'hameçon. " Et bien, je te souhaite bonne chance ", avait-elle dit en gardant une expression neutre.

 

Puis il y avait eu un coup à la porte intérieure, et elle avait répondu, tournant à demi la tête pour regarder entrer Kerry. La jeune blonde était passée dans le rayon de lumière qui entrait par la vitre, qui avait éclairé ses cheveux clairs et rehaussé son physique gracieux. " J'ai les rapports ", avait-elle dit en lançant un regard curieux en direction de Steven, avant de retourner son attention vers Dar. " Ce centre de New York va être pratiquement impossible à terminer… Nynex a prévu soixante jours pour amener les circuits. "

 

" C'est trop long ", avait dit Dar sèchement. " Je vais voir ce que je peux faire. " Elle s'était tournée vers Steven qui regardait avec intérêt. " Kerry, voici Steven Fabricini, le nouvel adjoint de José ", avait-elle dit. " Voici Kerry Stuart, mon bras droit. "

 

Kerry avait presque… presque… souri à ces mots. Dar avait vu la peau se froncer autour de ses yeux alors qu'elle tendait courtoisement la main à Steven. " Ravie de vous rencontrer. "

 

" Moi aussi… j'en suis sûr ", avait-il dit paresseusement en lui faisant un sourire charmeur. " Nous allons travailler étroitement, je vois. "

 

Kerry avait à peine hoché la tête puis s'était retournée et s'était glissée dehors, les laissant à nouveau seuls.

 

" Eh bien… eh bien… Dar, ma bonne vieille débauchée… tu as bien meilleur goût qu'avant. " Steven avait ri. " C'est un joli morceau. "

 

Elle avait juste réussi à calmer sa colère lorsqu'elle s'était rendue compte, presque trop tard, qu'il essayait de la mettre en boule. " Cette compagnie a un code de conduite, Steven, et nous le prenons très au sérieux. Si j'étais toi, je me carrerais ce genre de commentaires là où ils seront le plus au chaud. "

 

" Ah, allons Dar. " Il s'était levé, avec ce sourire puant sur le visage. " Tout le monde ici est si aveuglé par cette attitude hautaine… mais je ne suis pas dupe. " Il pointa un doigt vers elle. " Je te connais… et c'est comme ça que je vais te battre . "

 

Dar l'avait regardé froidement. " Steven, je ne suis plus la personne que tu connaissais. Prends garde à ne pas faire des promesses que tu ne peux pas tenir. "

 

Il avait souri et était sorti.

 

Depuis, il y avait eu toute une série de petits tests, qui avaient culminé en une mise en cause, deux jours plus tôt, des projections pour les ajouts d'équipement prévus avant la fin de l'année précédente. Elle savait que Steven voulait montrer sa valeur à José, et en profiter pour s'opposer à elle, alors elle avait vérifié elle-même les informations et envoyé Kerry à la réunion à sa place.

 

Elle se demandait comment ça se passait.

 

Chapitre 2

 

C'était une petite salle de réunion, avec juste une table ovale entourée de six chaises et avec un tableau blanc posé contre le mur de tissu beige. Quatre personnes étaient assises autour de la table, trois d'entre elles regardant la quatrième, une jeune femme de taille moyenne aux cheveux blonds et aux yeux vert clair. Elle était vêtue d'une jupe simple de couleur bleu foncé et d'un pull assorti, qui contrastait avec les costumes rayés, la jupe rouge voyant et le blazer des autres occupants de la pièce.

 

" Je suis désolée… je ne suis pas sûre d'avoir compris la question ", dit Kerry en tournant le crayon entre ses doigts et en regardant patiemment autour de la table. Les autres participants étaient José, Eléanor et Steven, et Kerry avait la sensation très désagréable d'être un lapin en cage entouré de trois serpents affamés.

 

Heureusement, soupira-t-elle, les lapins ont des griffes, et des dents et ils peuvent les utiliser en cas de besoin. " Qu'est-ce qu'une demi-douzaine de prospects qui ne sont même pas arrivés au stade de l'offre ont à voir avec les projections de l'année dernière ? "

 

Steven Fabricini avait visiblement été froissé que Dar l'envoie, elle, Kerry s'en rendait compte, mais elle comprenait aussi pourquoi sa chef l'avait fait… elle avait les réponses à leurs questions et elle évitait que la réunion ne devienne un forum où Dar serait obligée de se défendre, attaquée par les trois membres de la division Ventes et Marketing.

 

Steven se leva et alla vers le tableau blanc. " Bon, voilà comment je vois les choses… si nous pouvons présenter ce genre de potentiel, alors les opérations vont devoir ajouter de la largeur de bande pour que nous ayons la possibilité de conclure les contrats. " Il leva les mains. " Qu'y a-t-il d'autre à comprendre ? "

 

Kerry pencha la tête. " C'est comme si vous disiez que vous allez acheter six hamburgers chez MacDonalds parce que vous pourriez avoir faim ", déclara-t-elle. " L'ajout de largeur de bande est calculé d'après une formule basée sur les derniers résultats de votre département… si vous voulez un changement, il vous faut signer plus de contrats, parce qu'ils ne vont pas acquérir des circuits simplement sur la base de prospects. " Elle consulta les informations que Dar avait imprimées pour elle. " Si je me réfère aux projections des cinq dernières années, le département des infrastructures augmente ses circuits en se basant sur un taux de croissance des nouveaux clients de dix pour cent. " Elle leva les yeux. " Etes-vous en train de me dire que vous allez contracter plus de clients que ça ? "

 

" Nous n'en avons aucune idée ! " José leva brusquement les mains. " Mais nous ne pouvons pas attirer les comptes si nous n'avons pas la largeur de bande suffisante pour répondre immédiatement à leur demande. "

 

" Vous voyez, Kerry… " ajouta Eléanor doucereusement, en lui souriant. " Il nous faut un élément de négociation. "

 

" Ah ", dit Kerry en croisant les mains sur les papiers. " Ok… alors que va-t-il se passer si nous n'ajoutons pas assez de comptes, et que nous finissons avec un solde négatif à compenser ? "

 

" Vous voyez ? C'est votre problème, ma grande … il ne faut pas penser à ça… il faut être positif. " Steven pointa le marqueur vers elle. " Vous êtes trop conservateurs… et c'est ce qui tue votre capacité à signer des nouveaux contrats. "

 

Kerry posa le menton sur une main. " Non… nous suivons les règles écrites pour signer un nouveau contrat, telles qu'elles sont établies par le siège , à Plano. Si vous avez un problème avec la façon dont les affaires doivent être structurées, adressez-vous à Les Rosenthal, parce que c'est lui qui les a établies. " Elle renvoya proprement la balle dans son camp. " Et les cinq contrats que vous jetez dans cette affaire ne suivent pas ce modèle… en fait, deux d'entre eux montrent plutôt un potentiel de perte sur le total, malgré le bonus que vous allez en tirer si vous signez le contrat. " Sa voix était douce, presque plaisante. " Alors, comme vous pouvez le voir, je ne pense pas vraiment qu'on devrait aller voir les Infrastructures avec ça pour leur demander d'accélérer leur programme. " Elle se leva. " Et maintenant… si vous voulez bien m'excuser, j'ai un déjeuner d'affaires dans vingt minutes. "

 

José attrapa ses papiers et sortit, avec une expression dégoûtée. Eléanor le suivit de près, laissant Kerry et Steven. Il marcha vers elle. " Vous êtes plutôt maligne. "

 

Elle le regarda de ses yeux vert océan. " Merci. " Elle prit ses papiers. " Excusez-moi. "

 

" Hé… hé… attendez… " Steven fit le tour de la table et s'y assit. " Je ne vais pas vous mordre. " Il sourit. " Sauf si vous le voulez, bien sûr. " Il remua les papiers. " Pas besoin d'être hostile… nous sommes du même côté, vous vous souvenez ? "

 

" Ah bon ? " demanda Kerry. " Alors pourquoi accuser notre division de saboter délibérément la vôtre ? " Elle leva le message imprimé. " Ou ce n'est pas vous qui avez écrit ça ? "

 

" Oh… allons… " Steven rit. " C'est juste un jeu… détendez-vous. " Il la frappa légèrement sur le bras avec ses papiers pliés. " Nous sommes tous les deux plutôt nouveaux par ici, non ? "

 

" Plus ou moins ", répliqua Kerry en se détendant un peu.

 

" Alors… nous pouvons parler… écoutez, je ne suis pas venu pour causer des ennuis, Ok ? Je fais juste de mon mieux pour essayer de faire décoller les ventes… c'est pour le profit de tous, vous vous souvenez ? " Il leva les sourcils. " Nous pouvons nous entraider… les choses stagnent plutôt… et si nous travaillons ensemble, peut-être que nous pouvons les faire bouger de nouveau. "

 

Kerry l'étudia. Il était charmant, il le savait, et elle pouvait sentir l'attrait de ce sourire engageant. " Je serai contente de vous aider autant que je le peux ", répondit-elle, avec précaution. " Sans compromettre nos normes. "

 

Il se rapprocha nonchalamment. " Ah voyons, Kerry… est-ce que je pourrais vous demander de compromettre nos normes ? " Il sourit. " Je vous ai entendu dire que vous aviez un déjeuner d'affaires… peut-être que demain on pourrait manger un morceau à la cafétéria et discuter… qu'en pensez-vous ? " Steven captura son regard et ses lèvres se tordirent un peu.

 

" Très bien ", dit la jeune blonde tranquillement. " On peut faire ça. " Elle remua ses papiers. " Il faut que j'y aille… je vais être en retard pour mon rendez-vous. " Elle lui fit la faveur d'un doux sourire.

 

Il cligna de l'œil. " Allez-y, ma grande… on se verra plus tard. " Il la regarda partir puis sourit pour lui-même en laissant passer un rire bas et léger. " Il y a plus d'un moyen de retirer les griffes d'un chat, Dar… je pense que tu viens de faire une grosse, très grosse erreur. "

 

Chapitre 3

 

La cafétéria était occupée par les gens qui déjeunaient tôt, le personnel qui arrivait avant huit heures et qui avait plus que faim à midi. Kerry prit son plateau et se fraya un chemin dans la pièce, repérant Maria et quelques femmes plus âgées assise au fond près d'une fenêtre d'où on voyait l'eau. " Salut. " Elle les salua en posant son plateau devant une chaise vide. " On dirait qu'il va pleuvoir. "

 

" Si ", approuva Maria en regardant vers les nuages menaçants. " Comment ça va, Kerrisita ? La réunion s'est bien passée ? "

 

Kerry s'assit et prit ses couverts. " Plus ou moins… " Elle prit une gorgée de son thé glacé et piqua une feuille de salade. " Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que nous ne sommes pas d'accord… vous voyez le genre. " Elle lança un regard malicieux à la femme, puis jeta un coup d'œil nonchalant autour d'elle. " La chef est encore coincée ? "

 

Maria hocha la tête. " Si… une audio- conférence avec la France… elle m'a demandé de lui remonter un sandwich. "

 

Kerry gloussa et secoua la tête mais elle ne dit rien. La conversation passa au commentaire du dernier épisode d'une série télé que tout le monde aimait bien, et elle s'y joignit joyeusement.

 

" Je présume que la lune de miel a fini vite. " La remarque légèrement sarcastique fit lever la tête à Duks et il regarda froidement celui qui venait de parler.

 

" Pardon ? "

 

Le contrôleur de gestion Sélène Advosan s'approcha. " Allons, Duks… lorsqu'elle a commencé, la princesse des glaces et elle étaient plus proches qu'un bouton de champagne et sa bouteille… je ne les ai même pas vues manger ensemble depuis le Nouvel An … je présume que l'effet de nouveauté est passé. "

 

Le directeur financier mâcha son sandwich au corned- beef pensivement . " Je n'ai rien remarqué. " Il haussa les épaules puis regarda vers Kerry, qui avait l'air parfaitement à l'aise avec ses voisines, et qui riait à quelque chose que Maria avait dit. " Peut-être qu'elles sont simplement occupées… Dar ne déjeunait pas souvent, de toutes façons… et elles ont l'air de s'entendre plutôt bien. "

 

" Ouais… mais je pensais qu'on en avait une bonne à se mettre sous la dent là pendant un moment. " Sélène soupira. " J'aurais dû m'en douter… Elle est pas du tout le genre de Dar. "

 

" Mm. " Duks repoussa le sujet et se concentra sur son déjeuner.

 

Kerry rangea son plateau et rejoignit Maria qui commandait un sandwich pour leur chef. La secrétaire passa les options en revue puis jeta un regard de côté. " Qu'en pensez-vous… une salade au poulet ? " demanda-t-elle en agrandissant le front.

 

" Pâté de thon sur un toast au raisin ", murmura Kerry. " Avec des frites. "

 

" Aye. " Maria tressaillit et lui lança un regard atterré. La jeune blonde haussa les épaules et sourit. " Dios Mio. Très bien. " Elle commanda le sandwich et prit quelques serviettes en attendant. Elle prit le sac que lui tendait le serveur et gloussa à son tour, puis elle suivit Kerry jusqu'à l'ascenseur, qui les avala en même temps que plusieurs autres personnes. Au dernier moment, des pas de course se firent entendre et une main entre les portes les retarda alors que Steven Fabricini se glissait à l'intérieur.

 

" Et bien, bonjour à tous. " Il se fit un chemin au travers du coursier et de deux assistantes, choisissant de s'appuyer contre le même mur que Kerry. " Comment s'est passé le repas ? "

 

" Bien merci ", répliqua la jeune blonde de bon cœur " Cette cafétéria n'est pas mauvaise… meilleure que certains restaurants des environs. "

 

" Ah. " Il regarda les portes s'ouvrir pour laisser passer une femme qui sortait. " Vous vivez dans le coin ? "

 

" A Kendall ", répondit aimablement Kerry.

 

" Hé… moi aussi. " Steven sourit. " On dirait que c'est le cas d'une grande partie des gens dans ce bâtiment… soit ici, soit à Miramar. " Il leva les yeux lorsque le coursier et l'autre femme sortirent. " Je crois que nous allons au même endroit ", dit-il en voyant que le bouton du quinzième restait seul allumé.

 

" Je crois aussi. " Kerry le dévisagea. " Où avez-vous atterri à Kendall ? "

 

Il lui dit tout en croisant les bras. " C'est un petit ensemble sympa… il y a un club-house et tout. "

 

" Ce n'est pas trop loin de chez moi… j'aime bien cet endroit. Nous allons souvent faire du roller vers la petite boulangerie près de la galerie marchande", commenta la jeune femme.

 

" Hé… je fais du roller sans arrêt. " Steven sourit. " Peut-être qu'on tombera l'un sur l'autre un de ces jours… j'aime ce petit endroit. " La porte s'ouvrit et il fit un geste. " Les dames d'abord. "

 

Kerry suivit Maria et vit le dos raidi de la secrétaire, elle retint un petit sourire. Steven les accompagna le long du couloir jusqu'au bureau de Dar, d'où la voix distinctive et vibrante de la cadre sortait grondant à travers les panneaux de bois épais. " Aye… quoi encore. " Maria soupira.

 

Steven rit doucement. " Dar n'a jamais eu besoin de raisons pour être grossière et imbuvable. " Il passa près d'elles et entra dans le bureau de la femme brune, fermant la porte derrière lui.

 

Kerry et Maria échangèrent un coup d'œil puis Kerry prit le sac en papier. " Je vais lui porter ça. " Elle s'arrêta, la main sur la poignée, puis elle ouvrit la porte intérieure et entra.

 

" Mike, je me fiche pas mal de ce qu'ils te disent, c'est des conneries. " Dar ponctuait ses mots par des coups de crayon sur le bureau. " Je ne vais pas accepter soixante jours pour amener un circuit à la con, alors ils feraient mieux de trouver autre chose. "

 

" Ecoute, Dar… nous sommes avec eux depuis des mois là-dessus… ils ne bougeront pas. " La voix de l'homme avait l'air fatigué. " Ils négocient avec les syndicats là-bas, et des équipements qui sont plus vieux que ma pauvre mère. "

 

Dar regarda vers la porte qui s'ouvrait et ses narines s'écartèrent un peu lorsque Steven entra effrontément dans son bureau. " Attends une minute. " Elle pressa le bouton de mise en attente. " Les gens frappent avant d'entrer dans ce bureau. "

 

Steven gloussa et se laissa tomber dans une chaise. " Décoince tes fesses, Dar. "

 

" Qu'est-ce que tu veux ? Je suis occupée. " La femme brune claqua sa réponse.

 

Steven s'appuya en arrière, levant les yeux lorsque la porte s'ouvrit et que Kerry se glissa à l'intérieur. " Je croyais que les gens frappaient avant d'entrer ? " demanda-t-il d'un ton moqueur en souriant à Dar.

 

" Elle n'a pas besoin de frapper. Elle travaille ici ", répliqua Dar. " Tu as dix secondes. Parle, ou décampe. "

 

Kerry traversa tranquillement la pièce et déposa le paquet sur le bureau de Dar. " Le déjeuner ", murmura-t-elle, puis elle se dirigea vers la porte intérieure qui donnait sur un couloir menant à son propre bureau.

 

" Merci. " Dar lui lança un coup d'œil rapide. " Attends une seconde… j'ai des contacts à te passer. " Puis elle se concentra de nouveau sur son invité importun. " Qu'est-ce qu'il y a ? "

 

" Je veux créer un groupe de travail. " Il se pencha en avant abruptement. " Je veux deux personnes de chez toi pour me rendre compte de ce que vous êtes en train d'essayer de faire par ici, bordel, et voir si je peux redresser tout ça. " Il montra Kerry du doigt. " Je la veux, elle, et qui que ce soit d'autre que tu vas m'assigner pendant une période de deux mois, à compter de demain. "

 

Le silence tomba. Dar croisa les mains sur son bureau, et cligna des yeux. " C'est ça que tu veux ? " demanda-t-elle doucereusement.

 

" C'est ça que je veux. " Il sourit.

 

Un doigt long et puissant pointa vers la porte. " Ce que je veux, moi, c'est que tu sortes de mon bureau ", déclara la cadre d'un ton plat. " Je n'ai pas le temps, d'envoyer des gens courir partout pour te faire plaisir. Si tu veux embaucher des vacataires pour jouer avec les fichiers, tu t'adresses à Mariana. "

 

" Tu as peur de ce que je pourrais trouver, Dar ? " Il croisa les jambes et lui sourit, tout en jetant un regard de côté à une patiente Kerry. " Tu ne pourras pas le cacher éternellement. "

 

Dar le regarda à peine.

 

" Très bien. " Il se leva et se frotta le pantalon. " Je vais donc faire une demande officielle par la voie hiérarchique… j'aurais ce que je veux… et tout le monde le saura… désolé, Dar… j'essayais de t'épargner ça en souvenir du bon vieux temps. " Il cligna de l'œil vers Kerry et partit, la porte se fermant derrière lui avec un grand bruit.

 

Un silence s'installa dans la pièce, puis Kerry s'éclaircit la voix. " Tu sais ce que je voudrais ? "

 

Dar leva un sourcil.

 

La jeune blonde alla vers elle et s'installa sur le coin du bureau. " Je voudrais installer une douche. " Elle montra du doigt. " Juste dans ce coin, comme ça, chaque fois que je devrais parler à cette espèce de pourriture de fumier tordu, je pourrais me laver après. " Elle fit une grimace et s'étouffa. " Il me donne l'impression d'être poisseuse ! ! ! " Elle frissonna. " Beurk ! Dar ! Baah ! Arg ! Pouah ! "

 

Cela lui valut un rire las de la part de la grande femme, qui secoua la tête et soupira. " C'est un sale type, c'est sûr. " Elle pressa le bouton du téléphone. " Mike, tu es toujours là ? "

 

" Ouais… " Une voix étouffée lui répondit. " Je prends juste mon déjeuner. "

 

" Très bien… donne-moi le nom de quelqu'un dans la hiérarchie… je vais voir ce que je peux faire pour faire un peu avancer les choses. " Dar posa la tête sur sa main. " Soixante jours… mon chien pourrait tirer un circuit en moins de soixante jours. "

 

" Et il ferait sûrement du meilleur boulot ", acquiesça la voix. " Je t'envoie un message avec quelques noms… merci, Dar. "

 

" Ouais, ouais… " Dar soupira en se déconnectant et se tourna pour faire face à Kerry. " Hé ! "

 

Kerry pencha la tête et sourit. " Hé ! " Elle montra le sac. " Du thon sur du pain au raisin… tu ferais mieux de manger les frites avant qu'elles ne dégoulinent du sac. "

 

L'expression de Dar s'adoucit et elle captura la main de Kerry, pour la serrer. " Merci… comment s'est passé la réunion ? Tu dois l'avoir impressionné ou il ne t'aurait pas demandée. "

 

Kerry roula ses yeux vert océan. " Je pense qu'il est tenu et déterminé à te foutre en l'air… il était d'abord condescendant et antagoniste, et puis- il m'a fait du plat. " Elle fit la grimace. " Il veut qu'on déjeune demain. " Elle regarda le sourcil de Dar se dresser. " Ici… à la cafétéria. " Elle ajouta un léger clignement. Le sourcil resta à sa place. " Oh… est-ce que j'aperçois un droit de la propriété qui pointe son nez ? "

 

" Hmmf. " Dar grogna doucement. " Non… ce n'est pas ça… tu peux aller déjeuner avec qui tu veux, Kerry… je ne suis pas… hum… "

 

Une main entoura sa joue par surprise. " Je suis flattée ", murmura Kerry.

 

Dar garda le silence puis rit un peu. " J'ai une possessivité prononcée, oui ", admit-elle d'un ton désabusé. " Mais sois prudente, d'accord ? Il est très malin. "

 

La jeune blonde se rapprocha. " Pas autant que toi ", murmura-t-elle doucement. " Même s'il croit l'être ", informa-t-elle sa chef. " Et c'est bien son problème, d'ailleurs. "

 

Dar soupira. " On est allés en classe ensemble… on était vraiment bons amis, même si on n'avait pas grand chose en commun… on faisait des arts martiaux ensemble, on sortait avec la même bande... les ennuis ont commencé quand je l'ai battu aux championnats nationaux cette année-là. "

 

" Ah. " Kerry leva la main. " Je vois… laisse-moi deviner, il était l'enfant prodigue du karaté ? "

 

" Non ", répliqua Dar, avec surprise. " Il n'était pas si bon, c'était peut-être ça le problème… il n'a jamais réussi à passer les rounds préliminaires, et c'est moi qui l'ai poussé dans le coin des perdants… uniquement par chance. " Elle expira au souvenir. " Il avait le sentiment que j'aurais dû l'aider à progresser… parce qu'il essayait d'impressionner cette fille de l'équipe adverse après laquelle il courait depuis des années… c'est comme ça qu'il s'était trouvé mêlé à ce truc en fait. "

 

" Ça n'a pas de sens… pourquoi est-ce que tu aurais dû te coucher pour lui ? " demanda Kerry . " Je ne te vois pas faire ça du tout. "

 

Les yeux bleus clairs clignèrent de dessous les longs cils noirs. " C'était compliqué… il pensait que je lui devais ce service… mais quoi qu'il en soit, je ne l'ai pas fait, et il a perdu, et il a quitté le cours de karaté après ça. " Elle s'interrompit, mettant de l'ordre dans ses pensées. " Il étudiait la conception de systèmes… et au travers d'un programme de probabilité que j'avais lancé, j'ai découvert qu'il avait piqué toute sa matrice de conception à quelqu'un d'autre. "

 

" Oh, oh. " Kerry tressaillit.

 

" Oui… et bien, moi qui était une pauvre conne honnête et pleine de principes à l'époque, il a fallu que je coure voir le responsable du département pour lui dire, et il a été viré de l'école. " Dar soupira. " Notre dernière rencontre n'a pas été très plaisante… il m'a dit que je le lui paierais un de ces jours, et aujourd'hui, il essaie. "

 

" Mon Dieu… il devrait essayer de vivre pour autre chose… ça fait quoi, dix ans ? Quelle perte de temps. " Kerry croisa les bras sur sa poitrine. " Il me donne la chair de poule. "

 

" Mm. " Dar approuva. " Et bien, il faut qu'on fasse avec… s'il continue à te courir après, tu peux lui dire que tu n'es pas intéressée… ou que tu as quelqu'un d'autre. "

 

" Et les deux sont totalement exacts ", acquiesça Kerry. " Ton sandwich refroidit. " Elle poussa sa chef d'une façon pas très subtile.

 

La femme brune sourit, puis ouvrit le sac, pour en retirer le sandwich et mâcher une frite. " Mm… je parie que Maria a fait la grimace quand tu as pris ça. " Elle mordit joyeusement dans le sandwich pâteux. " En général, elle m'apporte de la salade de poulet sur du pain pita. "

 

Kerry la regarda avec indulgence pendant une minute, puis elle se leva. " Oui, elle a fait la grimace… mais pas autant que quand le vieux Steven le Serpent m'a fait du gringue. " Elle toucha l'épaule de Dar. " Je pense qu'elle aussi a un sens possessif développé. "

 

" Mmhmm… " Dar hocha la tête, la bouche pleine. " Elle pense que tu es une manifestation de la Vierge Marie pour me faire manger des fruits secs au lieu de boules de chocolat au lait malté. "

 

Kerry grogna doucement. " Ça n'a pas demandé beaucoup d'effort… allons… n'importe qui y serait arrivé. "

 

Dar étudia son sandwich pendant un moment avant d'en prendre une bouchée. " Personne d'autre n'a essayé ", remarqua-t-elle nonchalamment, en mâchant, et en appréciant le goût sucré du raisin dans le pain. " Même ma mère a abandonné. "

 

" C'est que.... " Kerry repoussa une mèche noire isolée des yeux de Dar. " Je suis plutôt têtue. " Elle sourit. " Sans parler de mon petit côté possessif aussi ", confessa-t-elle. " Est-ce que ta mère aimait les légumes verts ? "

 

" Une végétarienne ", répliqua Dar en s'essuyant la bouche. " Elle a essayé… mais mon père m'a dit que même bébé, je virais les petits pois et je lui piquais ses hamburgers. J'ai dû la rendre folle. " Elle finit ses frites et jeta proprement le sac. " Merci… il me reste assez de temps pour revoir ce maudit rapport avant la réunion du comité exécutif… et j'ai un briefing sur un nouveau client à quatre heures… je ne serai pas sortie avant sept heures. "

 

Kerry hocha la tête. " Je retrouve des nouveaux au gymnase pour grimper à six heures… tu seras sortie pour notre cours ? "

 

" Oh oui ", répondit Dar positivement. " Je serai prête… la journée a été longue et ennuyeuse et on n'en est qu'à la moitié. "

 

" Mince ! " Les mains de Kerry avaient trouvé leur chemin le long de la nuque de sa chef, elle sentait la tension dans les épaules. Elle se leva et passa derrière la chaise, pour faire un léger massage, et apprécier la chaleur de la peau de Dar sous la soie fraîche de son chemisier. " Tu es tendue, hein ? "

 

" Mm. " Dar ferma les yeux et laissa tomber sa tête en avant, se soumettant avec reconnaissance au toucher de sa compagne. " Oui… ooh… oh… bon sang, ce que c'est bon. " Elle se dit que c'était une sensation si agréable. Pas seulement le massage, qui la relaxait, mais la chaleur et la douceur qu'elle pouvait quasiment sentir couler de Kerry. Ça repoussait la laideur de la journée, et la mettait dans un meilleur état d'esprit pour affronter la réunion. Elle se pencha finalement en arrière alors que la jeune blonde terminait, et elle leva les yeux vers elle. " Merci. "

 

Kerry lui sourit. " De rien… je ferais mieux d'y aller… tu avais vraiment quelque chose pour moi ou c'était juste une raison pour me garder ? "

 

Un léger rire. " Tu vois le mal partout. Tiens... " Dar lui tendit les trois dossiers. " Trois nouveaux clients… et au cas où je ne l'aurais pas encore dit, tu as fait du bon travail avec les deux dont tu t'es occupée la semaine dernière. " Et elle le pensait vraiment, les plans d'affaires avaient bien été conçus, et les programmes de lancement étaient efficaces et bien pensés. " J'ai reçu un mot d'Eléanor concernant la réunion de New England Power… elle a été très impressionnée de la façon dont tu t'en es occupée. "

 

Kerry rayonna littéralement. Un énorme sourire lumineux s'installa sur son visage et ses yeux s'illuminèrent, alors qu'elle buvait le compliment. " Ouah… merci… " D'une certaine façon, lorsque Dar lui parlait travail, elle réussissait à oublier leur relation, et elle réagissait comme n'importe qui d'autre félicité par son patron. C'était une sensation bizarre, comme si Dar et elle avaient des facettes différentes, celles qui travaillaient ensemble, et celles qui vivaient ensemble. " Contente d'avoir fait du bon travail. "

 

Le téléphone de Dar bourdonna. " Dar ? " La voix de Maria paraissait résignée.

 

" Oui ? " répondit la cadre en s'appuyant sur un coude.

 

" Le Personnel, ligne numero uno. "

 

" Je parie que je sais de quoi il retourne. " Dar soupira. " Merci… " Elle pressa le bouton. " Dar Roberts. "

 

" Tu es une sacrée emmerdeuse, tu le sais ? " La voix de Mariana était à mi-chemin entre l'irritation et l'amusement. " Est-ce que tu essaies de battre le record des plaintes contre un employé ? "

 

Dar leva les mains et les laissa retomber sur le bureau. " Qu'est-ce que j'ai fait ? "

 

" Oh… voyons voir… " Un froissement de papier. " Grossière, obstructionniste, manque de coopération, empêche le bon déroulement des affaires… "

 

" Ce n'est pas vrai, Mari " Kerry parla par-dessus l'épaule de sa chef. " J'étais là… elle a été très polie, en fait. "

 

Mariana soupira. " Qu'est-ce qu'il voulait ? "

 

" Moi ", répliqua Kerry. " Il me voulait ainsi qu'une autre personne, qu'on lui soit assignées personnellement pour deux mois, pendant qu'il… comme il l'a dit, nous redressait. "

 

Un juron léger s'ensuivit dans un langage fluide. " Et tu lui as dit non, je présume ? "

 

" Je lui ai dit que je n'avais ni le temps ni le personnel pour lui donner le plaisir de fouiner partout… que s'il voulait des chiens de meute, il n'avait qu'à aller te voir ", répliqua Dar. " Je n'assigne personne de mon personnel, et surtout pas ma précieuse et très efficace assistante, à ce trouduc. "

 

" Mmm… je vois. " La directrice du Personnel soupira. " Et bien, il a balancé une copie de ce truc à Les avec un tas de statistiques… ça m'a l'air plutôt nauséabond, Dar… je t'en envoie une copie. "

 

Dar pianota sur le bureau. " Est-ce qu'il en a fait une copie à José ? "

 

Un instant de silence. " Hum… maintenant que tu le dis, non ", répliqua Mariana.

 

Dar sourit. " Ok… merci… je m'arrangerai avec Les s'il décide de s'impliquer. " Elle rapprocha un dossier. " Je te vois dans la salle de conférence ? "

 

" Sans faute ", approuva Mariana avant de raccrocher.

 

" On dirait qu'il veut vraiment en faire une affaire personnelle, Dar ", dit calmement Kerry, les sourcils froncés d'inquiétude. " Est-ce qu'il ne serait pas plus simple de faire ce qu'il demande ? Je veux dire… ce n'est pas comme s'il risquait de trouver quelque chose. "

 

Les yeux bleus clairs balayèrent pensivement la pièce, et s'arrêtèrent sur Kerry avec une calme intensité. " Oui, ce serait plus simple ", dit-elle platement. " Mais je ne vais pas le faire. " La férocité dans sa voix surprit Kerry. " Il veut la bagarre ? Il va l'avoir. "

 

 

 

Chapitre 4

 

Dar jeta un coup d'œil à sa montre en entrant dans son bureau. La réunion avait duré une heure de plus que prévu mais s'était bien terminée, alors elle se dit que ça en valait la peine. Mais il était près de sept heures et elle prit son téléphone portable et composa un numéro sans regarder. Trois sonneries, quatre, puis une voix essoufflée lui répondit. " Hé ! "

 

" Oh… " Kerry s'arrêta pour reprendre sa respiration. " Hé… qu'est-ce qu'il y a ? "

 

" Où es-tu ? " demanda Dar au son du halètement.

 

" Au milieu du mur d'escalade, et je me retiens d'une seule main ", répliqua la jeune femme. " Alors… même si j'adore te parler, pourrais-tu… "

 

" Désolée. " Dar s'excusa . " Je rentre juste de la réunion… je serai là dans dix minutes environ. "

 

" Très bien… je le dis à tout le monde ", répondit Kerry. " ouf… oh… attends… ok. " Elle soupira. " C'est mieux… j'étais un peu déséquilibrée et j'essayais de me m'accrocher… mon bras était en train de me lâcher. "

 

La cadre rit doucement. " Ok… bon, tu remets les deux mains sur les prises, ok ? A tout de suite. " Elle se réjouissait de retrouver son cours et l'entraînement avec Ken. " Fais attention. "

 

" Ok… à tout de suite… " Kerry raccrocha puis essaya d'accrocher le téléphone à l'arrière de son short. " Je suis bien contente d'avoir pris le modèle léger ", dit-elle au mur rugueux devant elle. " Bon, il est temps de descendre. "

 

Elle se fit lentement un chemin le long de la paroi, de prise en prise, et elle lâcha finalement la dernière pour atterrir légèrement sur le sol. Elle avait mal aux épaules et aux cuisses, et elle se redressa lentement, puis elle s'appuya sur le mur et reprit sa respiration. " Ouah. " Elle se secoua les bras et plia les mains, puis elle sortit lentement de la salle d'escalade et s'arrêta, scrutant la salle de gym encombrée. " Ah. " Elle repéra Ken près de son petit bureau et elle se dirigea dans sa direction.

 

Il leva les yeux à son approche et un sourire apparut sur son visage amical. " Hé, salut ! "

 

" Salut, Ken… " Kerry s'essuya le front avec la serviette qu'elle coinçait dans sa ceinture. " Dar arrive… elle avait une réunion tardive. "

 

Ken se frotta la nuque. " Je ne suis pas encore remis de la soirée d'hier ", se plaignit-il d'un air désabusé. Dar l'avait surpris avec un coup de pied latéral qui lui avait cloué la mâchoire et décroché la tête. " Peut-être qu'on prendra juste un café ce soir, hein ? "

 

Kerry se mit à rire doucement. " Je pense qu'elle aime vraiment vos séances… mais je suis sûre qu'elle ralentira si tu lui demandes. " Elle leva les yeux à l'approche de Colleen, déjà en tenue. " Hé, Col… encore quelques minutes. Dar arrive. "

 

La rouquine sourit. " Bien… je pensais être en retard… deux caissiers avaient des erreurs aujourd'hui et nous avons passé une heure de plus à essayer de voir ce qui s'était passé. " Elle tira sur le short de Kerry. " On n'a qu'à prendre un verre en attendant. "

 

" Ok… je vais poser mes affaires… " Kerry acquiesça. " Tu veux quelque chose, Ken ? "

 

" Non… " Le responsable du gymnase secoua la tête. " Allez-y vous deux… j'ai quelques trucs à faire. " Il montra un petit groupe de femmes à l'air inquiet. " Des nouvelles. "

 

Kerry hocha la tête puis suivit Colleen vers le bar de jus de fruits. " Tu me commandes un jus fraise-banane, tu veux bien… je vais me changer. " Elle changea de direction pour aller vers le vestiaire, en faisant signe à trois femmes en sueur qui passaient près d'elle. " Salut les filles… "

 

" Salut, Kerry ", répondit la plus proche, une spécialiste de la programmation qui travaillait dans le département de Mark.

 

" Elle arrive. " La jeune blonde sourit en continuant vers le vestiaire carrelé qui résonnait du bruit des douches et du claquement des verrous contre les portes en métal. Elle alla vers son casier et le déverrouilla, pour en tirer ses vêtements en coton léger, et la ceinture blanche qui allait avec, et elle retira son short et le T-shirt qu'elle portait pour grimper, ainsi que les protections qui l'empêchaient de se cogner les genoux contre le béton rugueux.

 

Elle regarda paresseusement vers la droite, et surprit son image dans le miroir, elle se posa pour évaluer le reflet. A moitié tournée, elle pouvait voir les courbes souples des muscles de ses cuisses, qui étaient devenus bien plus prononcés, et elle glissa une main le long de sa taille, qu'elle commençait juste à se dessiner. " Hmmm. " Elle leva un sourcil à cette vision, regardant les muscles des épaules s'arrondir et bouger quand elle bougeait le bras. Il lui avait fallu du temps pour s'y faire, honnêtement… elle avait été tellement habituée à se voir d'une certaine façon que ce changement soudain l'avait un peu mise mal à l'aise au début.

 

Ok, elle soupira en se glissant dans le pantalon en coton. Très mal à l'aise… alors que son esprit combattait toute une vie passée à vivre selon la vision de sa mère sur ce à quoi une femme devait ou pas ressembler. Les femmes n'étaient pas censées avoir l'air de lutteuses. Elancées, oui. Un joli port de tête, oui. Costaudes ?

 

Ah, ça non. Et beaucoup de personnes ici à la gym répondaient aux critères de sa mère, en se contentant strictement de faire de l'aérobic, et d'aller au sauna, pour avoir des corps comme des lanières, faits d'os saillants et de peau tendue. Des gens qui évitaient les appareils de musculation comme la peste.

 

Dar l'avait amenée à voir les choses d'une manière très différente. La grande femme considérait les exercices de force comme faisant partie de son entraînement, et elle n'avait absolument aucun complexe au sujet des muscles souples que son corps affichait ; elle avait expliqué à Kerry, l'air penaud, qu'elle se préférait comme ça parce que les muscles brûlaient les excès qu'elle s'autorisait.

 

Kerry comprenait parfaitement cela et elle avait décidé que si elle devait partager sa vie avec Dar, elle ferait mieux de s'assurer que de partager les habitudes alimentaires de sa compagne n'aurait pas un effet dévastateur sur elle. Et elle s'était rendue compte qu'elle aimait les activités, ainsi que sa compétence grandissante ; et elle se sentait à l'aise à l'idée que les heures d'escalade, qu'elle appréciait par ailleurs, lui feraient aussi accepter les kilos de fraises et le chocolat épais et noir sans culpabiliser pour autant. Et comme mû par un signal, son estomac commença à gronder, et elle fit rouler ses yeux, avant de verrouiller son casier et de se diriger vers la porte tout en attachant sa ceinture.

 

" Ça t'a pris du temps, dis donc. " Colleen lui avança gentiment son verre. " Alors… comment s'est passée la semaine ? "

 

Kerry soupira. " Personnellement, très bien. Professionnellement, très bien, sauf ce nouveau type dont je t'ai parlé… il nous a rendues dingues cette semaine. " Elle prit une longue gorgée de la boisson aux fruits mousseuse, en savourant le goût piquant et sucré. " Il en veut à Dar. "

 

Colleen sirota sa boisson à son tour, et joua avec une serviette. " Tu fais attention à toi, ma chérie… ne reste pas dans la ligne de mire ", l'avertit-elle. " Dar est parfaitement capable de se défendre toute seule. "

 

" J'y suis déjà. " La jeune blonde soupira. " C'est le bordel… mais on va régler ça. " Ses yeux allèrent à la porte juste au moment où elle s'ouvrait et qu'une silhouette familière entrait. Dar portait toujours son tailleur, mais elle avait son sac de gym sur l'épaule, et elle le repoussa en balayant la salle de gym du regard.

 

Cela lui prit moins de cinq secondes, compta Kerry. C'était un jeu entre elles, parfois, de voir à quelle vitesse elles pouvaient se trouver. A quatre secondes pile, les yeux bleus se figèrent sur les siens, et les lèvres de Dar se changèrent en un sourire. Elle se fraya un chemin vers l'endroit où elles se trouvaient, évitant avec grâce deux marcheurs vers la zone des machines.

 

" Hé ! " Kerry lui tendit son verre. " Comment ça s'est passé ? "

 

Un haussement d'épaule. " Comme d'habitude. " Dar accepta le verre et prit une gorgée de la douceur aux fruits. " Salut Colleen. "

 

La rouquine lui sourit. " Salut, Dar… on a une chance de s'amuser un peu aujourd'hui ? "

 

" Bien sûr ", répliqua Dar en rendant le verre à Kerry. " Je vais me changer… je vous retrouve aux tatamis. " Elle se dirigea vers les vestiaires jusqu'à son casier, près de celui de Kerry, et l'ouvrit. Elle y rangea son sac et se changea rapidement, contente de sortir de sa jupe, de sa blouse et de ses escarpins pour les remplacer par un pantalon en coton confortable et des bottines légères.

 

Elle accrocha ses affaires de boulot, fit glisser la chemise mi-longue sur ses épaules, et retira la longue ceinture noire de son sac à laquelle elle jeta un œil avant de l'enrouler deux fois et de la nouer autour de sa taille. Mettre ces vêtements lui avait paru bizarre, se souvenait-elle. D'habitude, elle s'entraînait sur l'île habillée d'un caleçon en coton et d'un T-shirt, mais lorsqu'elle avait commencé à enseigner, Ken lui avait dit que les élèves se sentiraient moins embarrassés avec leur kimono si elle portait aussi le sien. Alors elle avait fouillé dans les trois coffres rangés dans le placard de l'appartement, et qui représentaient la totalité de ses affaires personnelles, et elle en avait extirpé des vieux trucs, étonnée que ça lui aille encore. Elle avait eu quelques doutes avant de les porter, mais Kerry lui avait dit qu'elle les trouvait bien… ok, en fait, elle avait dit à Dar qu'elle la trouvait vraiment mignonne là-dedans, et depuis, ça ne lui faisait plus rien de les porter de nouveau.

 

" On est un peu égotiste, hein ?. " se demanda-t-elle d'un air désabusé. " Oh, juste un peu. " Elle se réprimanda en verrouillant le casier et se dirigea vers la zone de cours.

 

Le groupe l'attendait, dix personnes incluant Kerry et Colleen. Dar leur fit faire des séries d'échauffement, en utilisant cette période pour s'étirer elle-même, puis elle leur fit réviser plusieurs concepts qu'elle leur avait enseignés la semaine précédente et qu'elle relia à la leçon du jour. Kerry, comme toujours, la regardait avec cette petite expression de concentration intense, les sourcils froncés, en passant un peu le bout de la langue, pendant qu'elle répétait l'exercice, tout d'abord avec incertitude, puis avec plus d'assurance.

 

" Pas mal. " Dar la complimenta. " Ok… maintenant Colleen et toi vous travaillez ensemble. " Le reste des élèves regarda la blonde et la rousse se mettre en place, puis Kerry fit un pas en avant, saisit le bras de Colleen et la renversa correctement sur les fesses. " Très bien. "

 

" Aïe. " Colleen plissa les yeux. " Je vais avoir besoin d'un coussin pour mes fesses, si ça continue. "

 

Kerry sourit et lui tendit la main pour l'aider à se relever.

 

Dar ne s'était pas attendue à aimer enseigner. Elle s'était portée volontaire dan le feu de l'action, et l'avait presque regretté ensuite ; mais les semaines passant, elle se réjouissait de retrouver son petit cours. " Ok… c'est bien. " Elle hocha la tête alors que deux hommes se mettaient en place et faisaient une démonstration. " Très bien… un peu plus haut sur le coup de pied… il faut toucher juste au-dessus du genou. " Elle s'approcha et tapota la cuisse de l'homme. " Ici. "

 

Le cours se termina et elle s'appuya contre le mur, regardant Ken qui venait vers elle à grands pas, une expression d'excuse sur le visage. " Bonsoir, Ken. " Elle salua l'homme de petite taille. " Comment va la nuque ? " Elle n'avait vraiment pas voulu cogner le pauvre homme à ce point… elle avait juste tenté un mouvement qu'elle n'était plus capable de faire depuis un moment, s'attendant à moitié à ce que ça ne marche pas ; lorsque le contraire se produisit, ils avaient tous les deux été surpris. Ou plutôt, c'était elle qui avait été surprise, parce que Ken était trop occupé à compter les étoiles sur le tatami pour penser à autre chose qu'à la douleur.

 

" Ça fait un mal de chien… " admit-il. " Je pense que je vais te faire faux-bond ce soir. "

 

Dar mâchouilla sa lèvre. " Je suis désolée ", lui dit-elle sincèrement.

 

" Ne t'en fais pas. " Il rit en se moquant de lui-même, puis il leva les yeux vers elle. " Dis, Dar… est-ce que tu as pensé à refaire de la compétition ? "

 

La question la surprit. " Non, je… " Elle fit une pause. " Non… allons, Ken… ça fait dix ans. Je suis trop loin de tout ça. "

 

Il secoua la tête. " Permets-moi ne pas être d'accord avec toi… je veux dire, je sais que tu n'es pas intéressée, mais j'ai assisté à un match le week-end dernier, et il faut que je dise, Dar, honnêtement… tu aurais remporté le trophée. " Il mit les mains dans les poches et haussa les épaules. " Je sais bien que c'était un petit truc local, mais si tu le voulais, tu pourrais t'y remettre… tu maîtrises toujours les mouvements, ça demanderait juste un peu de travail. "

 

Son premier réflexe était de dire non. Hors de question, elle n'en avait pas le temps, sa vie était bien trop compliquée, elle n'avait aucun moyen de s'y mettre sérieusement… d'arriver à la condition nécessaire pour faire de la compétition.

 

Mais…

 

Une pensée séduisante qu'elle pensait avoir enterrée depuis longtemps refaisait surface, lui rappelant combien elle avait aimé la compétition. Combien elle avait aimé gagner. Peut-être que d'avoir revu Steven l'avait libérée et ramenée à la surface, songea-t-elle. Elle tourna les yeux vers Ken qui attendait. " Je vais y penser ", répliqua-t-elle tranquillement. " Je ne sais pas… je n'y ai pas vraiment réfléchi. "

 

Il sourit. " Et bien… penses-y… " Il lui tapota le bras. " Nous en reparlons dans quelques jours. "

 

Dar traversa lentement la salle affairée, les yeux pensifs.

 

*************

 

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