| 
  • If you are citizen of an European Union member nation, you may not use this service unless you are at least 16 years old.

  • You already know Dokkio is an AI-powered assistant to organize & manage your digital files & messages. Very soon, Dokkio will support Outlook as well as One Drive. Check it out today!

View
 

HURRICANE WATCH2

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Avis de tempête

Hurricane Watch

 

 

par Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

Pour les démentis, voir la première partie.

 

**********

Partie 2A

**********

 

Pour les démentis, voir la première partie.

 

Chapitre 10

 

Kerry alluma son ordinateur tout en s'asseyant à son bureau ; elle jeta un coup d'œil à ses messages et prit une gorgée du café odorant qui fumait. Elle s'installa dans son confortable fauteuil en cuir et sourit légèrement, reposant sa tête sur la surface douce tout en attendant que son ordinateur finisse la session de démarrage.

 

Ce qu'il fit, et elle entrait son identifiant lorsque le téléphone sonna. Elle prit la ligne. " Kerry Stuart. "

 

" Bonjour, Kerry. Ici John Browne de Charlotte. " La voix de l'homme était précipitée, mais amicale. Elle se souvint qu'il était superviseur dans le bureau chargé du réseau là-bas.

 

" Bonjour, John… que puis-je pour vous ? " Elle lui répondit cordialement.

 

" Et bien… hum, j'ai reçu une requête de votre bureau et je voulais juste la vérifier… je ne veux pas faire quelque chose et me faire botter le cul, si vous voyez ce que je veux dire. J'ai d'abord essayé d'appeler le bureau de Ms Roberts, mais elle est absente. "

 

" Elle n'est pas loin, elle est au GSI… mais quel est le problème ? " demanda Kerry avec curiosité. " Qu'est-ce qu'on vous a demandé ? "

 

" C'est au sujet du T1 fractionné que nous utilisons pour les transferts de données de la division 'assurances'… nous avons reçu une demande pour couper leur lien, et rerouter le trafic du réseau de votre bureau vers le centre de conférences de Londres ", répliqua John. " Ils vont être furax si on fait ça, alors… "

 

Kerry fronça les sourcils. " Nous avons demandé quoi ? Attendez… non, je veux dire, je sais que vous avez un problème avec les liaisons intercontinentales, mais nous avons trouvé un moyen pour le contourner… qui a fait la demande ? "

 

Un froissement de papier. " Quelqu'un du nom de Fab… Fabarini ou quelque chose comme ça ", marmonna-t-il. " Je n'ai pas dû bien orthographier le nom… c'est un de mes gars qui a pris l'appel et me l'a donné pour que je vérifie. " Une pause. " Vous voulez que je continue. "

 

Kerry pianota sur le bureau. " Non ", répliqua-t-elle d'une voix égale. " En fait, vous ne faites rien qui soit demandé par ce bureau si ça ne vient pas de Dar, de Mark, ou de moi. "

 

Une longue pause. " Euh… d'accord ", répliqua John, qui ne comprenait visiblement pas tout. " Je veux dire que… habituellement, je ne remets pas en question ce genre de truc… je veux dire que vous nous demandez tout le temps ce genre de brassage, mais ça semblait plutôt drastique, vous voyez ? "

 

Quel petit con… " Oui, je sais… mais, rendez-moi service et vérifiez tout ici aux Opérations, avant, d'accord ? "

 

Elle put entendre le haussement d'épaules sur la ligne. " OK. " John acquiesça aimablement. " Je préfère ça… comme ça, je ne me ferai pas botter le cul par la division Assurances et Banques quand ils découvriront que leur tuyau a été coupé. " Il fit tinter des clés. " Merci, Kerry. "

 

" Pas de problème ", répondit la jeune blonde, et elle raccrocha. Elle écuma pendant un moment, puis elle se leva, prête à se diriger vers le GSI pour trouver Dar. Mais le téléphone sonna avant même qu'elle ne bouge, et elle rappuya sur le bouton. " Kerry Stuart. "

 

" Ici José. " La voix du directeur semblait décontenancée. " Nous sommes en réunion… venez nous rejoindre. Je ne trouve pas Dar. "

 

Les yeux verts fixèrent le téléphone. " OK ", répondit Kerry. " J'arrive tout de suite. " Elle fit le tour de son bureau et sortit à grands pas de la pièce, pour se diriger vers la grande salle de conférences au bout du couloir. Elle ouvrit la porte, vit un groupe de six ou sept personnes et entra.

 

" Nous allons droit au désastre ! " Steve Fabricini était insistant, et cognait du poing sur la table. " Vous pouvez imaginer le déshonneur ? " Il se retourna et vit Kerry qui s'approchait. " Et vous, vous n'avez rien fait pour empêcher ça ! C'est dégradant ! " Il leva les mains brusquement. " Si je n'avais pas été là, je me demande bien ce qui se serait passé ! " Une pause. " C'est gentil à vous de vous montrer… de vous ramener ici tranquillement à neuf heures. "

 

Kerry s'arrêta et le regarda, puis elle alla vers une chaise vide et s'assit, elle croisa les mains sur la table. " Ça vous ennuierait de reprendre au début Je ne suis pas sûre de savoir de quoi vous parlez ? "

 

José lança un crayon sur la table. " Nous avons une maudite conférence avec le bureau de Londres … et les lignes sont hors service. "

 

Kerry hocha lentement la tête. " Les circuits intercontinentaux… oui… on nous a prévenus ", répliqua-t-elle calmement, savourant ce qui allait arriver. " J'ai été bipée ce matin. " En fait, pas vraiment, mais…

 

" Et vous n'avez rien fait. " Steve écumait. " Et bien, moi je m'en suis occupé… j'ai demandé au bureau Réseau de nous ouvrir des lignes supplémentaires, alors ça devrait aller. "

 

La jeune blonde pencha la tête. " Non ", rétorqua-t-elle calmement. " Les gens du réseau ont vérifié auprès de nous et je leur ai dit de ne pas le faire. "

 

" Quoi ? " José se leva. " Vous êtes folle ? "

 

" C'est bien ça ! Je le savais… vous essayez de nous saboter ", accusa Fabricini, en s'appuyant sur ses mains.

 

Kerry soupira. " Ces circuits supplémentaires appartiennent à un compte en fonctionnement, que vous alliez mettre hors service sans avis préalable… alors, oui, je leur ai dit de ne pas le faire. " Elle se leva et mit les mains sur ses hanches. " Et nous n'en avons pas besoin, parce que nous avons déjà une liaison alternative. "

 

Un silence. " Quoi ? " demanda de nouveau José, en regardant Steve. " Tu as dit qu'on n'avait rien. " Il regarda de nouveau Kerry. " Il n'y avait personne dans votre bureau… nous avons appelé trois fois ! "

 

La jeune blonde haussa les épaules. " Personne ne m'a bipée ", répliqua-t-elle simplement. " Ou n'a appelé mon portable, ou ne m'a laissé de message vocal… ou n'a contacté Maria. On dirait qu'on n'a pas vraiment essayé de savoir si on était occupées. " Elle brossa un peu de poussière sur sa manche, puis elle alla vers l'ordinateur pour les présentations, et elle entra son identifiant, appuyant sur la touche qui allait commuter la sortie vers l'écran. Elle attendit puis accéda au réseau intranet et commença une session de conférence. Une liste de bureaux distants apparut, avec celui de Londres visible au centre. " Et voilà. " Elle leva les yeux. " Je peux faire autre chose ? J'ai plutôt pas mal de messages à lire avant de partir cet après-midi. "

 

Steve n'avait pas fini. " Ok… et à qui avez-vous piqué les lignes ? " demanda-t-il sarcastique.

 

Kerry lui sourit sans humour. " A personne ; Nous avons acheté de l'accès satellite et nous utilisons une voie montante ", rétorqua-t-elle d'un ton bref. " Et c'était fait avant l'aube, alors je pense que vous pouvez dire que nous avons travaillé trois heures de plus que vous. " Elle leur lança un regard puis contourna la table et se dirigea vers la porte.

 

" Vous auriez dû nous prévenir. " l'interrompit José. " Vous ne pouvez pas nous blâmer pour avoir pensé que nous étions dans la panade, Ms Stuart… j'ai tout un département et une entreprise à protéger, moi. "

 

Kerry se retourna à la porte et le fixa. " Vous avez raison ", lui dit-elle sincèrement. " Nous aurions dû vous biper… mais nous espérions obtenir la route alternative avant que quiconque ne se rende compte qu'il y avait un problème. " Elle l'admit volontiers. " Je m'en excuse… je m'assurerai que vous soyez avertis la prochaine fois. "

 

José joua avec sa cravate. " Exactement… exactement… oui. Très bien. " Il hocha la tête puis fit un geste vers sa secrétaire. " Démarrez cette conférence, s'il vous plaît. "

 

Kerry se glissa au-dehors, jetant un coup d'œil derrière elle lorsque la porte se referma pour voir des yeux hostiles la suivre. Elle soupira et laissa la porte se fermer, puis elle s'appuya sur le mur en se forçant à s'arrêter de trembler. Elle détestait les conflits frontaux. Tout d'un coup, son estomac se rebella et elle arriva aux toilettes juste à temps pour rendre son petit déjeuner, son corps réagissant violemment au stress soudain et inattendu. Elle s'appuya sur le mur après cette secousse, fermant les yeux et espérant que son estomac se calmerait. " OK, Kerry… détends-toi… tu t'es déjà trouvée dans des situations bien plus tendues que ça… qu'est-ce qui t'arrive ? " Et c'était pourtant vrai, avec son père, avec Dar, pour l'amour de Dieu… alors pourquoi est-ce que ce salaud la mettait dans cet état ? Elle soupira et alla péniblement vers le lavabo, elle se rinça la bouche et s'éclaboussa le visage surchauffé. Elle était en train de se sécher le visage avec une serviette en papier lorsqu'elle entendit des bruits de pas, et elle leva la tête au moment où la porte s'ouvrait et qu'une tête familière faisait son apparition. " Oh… salut. " Elle salua Dar. " J'allais justement te voir. "

 

Dar se glissa à l'intérieur et laissa la porte se refermer. " J'allais justement te voir aussi… " Elle fixa Kerry. " Tu vas bien ? "

 

Kerry hocha la tête, embarrassée. " Ouais… ouais… je vais bien… " Elle décida que Dar n'avait pas besoin d'être plus stressée. " Je m'assurais juste que la conférence allait pouvoir se faire… je me suis connectée et j'ai confirmé que les serveurs de Londres étaient accessibles depuis la grande salle de présentation. "

 

Le regard bleu l'étudia pendant un moment avec une inquiétude intriguée. " Bien… bien… je suis contente que tu l'aies fait… " Dar jeta un coup d'œil derrière elle puis s'approcha, elle toucha très doucement la joue de Kerry. " Tu as l'air bien pâle… tu es sûre que tu vas bien ? "

 

Kerry regarda également autour d'elle, consciente qu'elles se trouvaient dans un lieu hautement public. " Oui… j'en suis sûre… quelque chose n'est pas passé… peut-être ce pastalito à la viande… " Elle mit la main sur son estomac. " Mais ça va maintenant. "

 

Dar recula et lui fit un signe de tête de soulagement. " Oh… oui, ils étaient plutôt gras ce matin ", dit-elle. " Et bien, si cette crise est passée, j'en ai une autre à régler. "

 

Kerry soupira. " Vas-y ", répondit-elle. " C'est quoi encore ? " Elle sortit à la suite de Dar le long du couloir d'où elle pouvait entendre les légers bruits de la présentation qui se tenait dans la salle de conférences.

 

" Nous avons racheté une usine de production de composants et deux serveurs sont en panne ", répondit Dar.

 

" Et alors ? " demanda Kerry. " Ça n'a pas l'air si compliqué. "

 

" C'est à Hong-Kong ", rétorqua Dar pince-sans-rire. " Qui a actuellement imposé une restriction technologique et nous ne pouvons pas y envoyer les éléments nécessaires pour les réparer. "

 

" Oh. " La jeune blonde mâchouilla sa lèvre. " C'est merdique. "

 

" Mm… "

 

" On peut pas faire passer les puces dans des paquets de riz ?"

 

Dar rit doucement avec ironie alors qu'elles continuaient dans le couloir.

 

 

 

Chapitre 11

 

" Dar ? " La voix de Maria pénétra sa concentration alors qu'elle était penchée sur des diagrammes de circuit. Dar leva la tête, surprise, soudainement consciente de l'heure.

 

" Oui ? " demanda-t-elle en vérifiant sa montre. Merde.

 

" Mariana vient d'appeler… le bus est arrivé ", dit la secrétaire. " Elle demande si vous êtes prête. "

 

Dar s'enfonça dans son fauteuil et regarda la pile de documents sur son bureau avec une expression légèrement dégoûtée. " Non… mais ça n'empêchera pas ce truc, n'est-ce pas ? " marmonna-t-elle en réponse. " J'ai une pile de papier de quinze centimètres dont il faut que je m'occupe… et ces trois rapports… " Elle soupira et se massa les tempes. " Dites-lui que je me change et que je serai dans le lobby dans dix minutes… vous pourriez aussi appeler Kerry et voir si elle est prête à descendre. "

 

" Pas tout à fait ", répondit une voix douce depuis la porte intérieure.

 

Dar leva la tête pour voir la tête de Kerry. " Laissez tomber, Maria… elle est ici. "

 

" OK… je vais finir d'arranger les trucs ici, Dar… essayez de passer un bon week-end, OK ? " Même Maria avait l'air d'en douter, connaissant la situation. " Bonne chance. "

 

" Merci. " La femme brune soupira. " bon week-end à vous aussi, Maria. " Elle jeta un coup d'œil à Kerry. " Tu es prête ? "

 

Kerry entra ; elle portait déjà un jean et un sweat-shirt. " Autant que je peux l'être. " Elle lança un regard désabusé en direction de Dar. " J'ai terminé tout ce que je pouvais, Dar… mais il y a toujours plein de trucs en attente… on va en baver la semaine prochaine. "

 

" Je sais. " Dar soupira et se leva, elle étira sa silhouette de plus d'un mètre quatre-vingt et fit rouler son cou pour le détendre. " Quelle journée… très bien, je vais enlever ce costume de singe et nous y allons. " Elle fit le tour du bureau et tendit les bras. " Un dernier pour la route ? "

 

Kerry ne discuta pas. Elle se glissa dans l'étreinte de Dar, sentant la soie fraîche sous ses doigts se réchauffer lorsqu'elle referma les bras autour du corps de sa compagne. " Mmm… " Elle sentit la pression des lèvres sur sa tête et absorba la sensation agréable, avec le seul désir de rester là et de ne pas avoir à grimper dans ce maudit bus.

 

Elles se séparèrent après un long moment, à contrecœur, et Dar effleura la joue de Kerry de ses doigts. " Ça m'ennuie de passer un week-end entier à faire semblant de ne pas être désespérément amoureuse de toi ", déclara-t-elle sérieusement. " Je pense que ça m'ennuie encore plus que d'avoir à y aller. "

 

Kerry rougit légèrement. " J'espère juste que je ne vais pas déraper et oublier que tu n'es que ma chef ", admit-elle. " Tu ferais mieux de rester loin de moi la nuit. " Elle tapota le bras de Dar. " Va te changer… je vais chercher mon sac. "

 

Dar soupira mais obéit et échangea son tailleur bleu nuit contre un jean confortable et un polo. Elle tira sur le bas et boucla sa ceinture, avant de se lancer un regard superficiel dans le miroir, puis elle passa un peigne dans ses cheveux avant d'accrocher son tailleur sur un cintre et de sortir de son bureau.

 

" Dar, il fait froid dehors ", gronda Kerry. " Il te faut un sweat-shirt… tu vas attraper froid. " Elle fouilla dans le sac de sa chef et en retira un sweat-shirt doux et molletonné. " Mets ça. "

 

" Oui, maman. " Dar rit doucement mais fit ce qu'on lui disait de faire, passant le vêtement par-dessus sa tête avant d'en ajuster la taille. " C'est mieux comme ça ? "

 

Kerry observa le contraste de la couleur riche cramoisie et de la peau bronzée de Dar et de ses cheveux noirs et elle sourit. " Oh… comme j'aime ça… tu as vraiment belle allure en rouge. " Elle mit son sac sur l'épaule et soupira. " OK… allons-y. "

 

Elles longèrent le couloir jusqu'à l'ascenseur, et elles firent le chemin en silence, échangeant un dernier long regard avant que la porte ne s'ouvre.

 

Le reste du groupe les attendait et elles reçurent plusieurs regards agacés lorsqu'elles les rejoignirent. " Désolée. " Dar s'adressa d'un ton brusque à la femme chargée de les rassembler. " On essayait de régler des détails. "

 

La femme, une blonde animée au sourire communicatif hocha la tête. " Et bien, c'est génial… je suis contente que vous ayez pu nous rejoindre. " Elle vérifia sa tablette. " Vous devez être Roberts et Stuart, n'est-ce pas ? "

 

Dar hocha la tête. " Ouais. "

 

" Excellent. Et bien, OK… mon nom est Skippy et je serai votre guide pendant le séminaire. " Elle vérifia sa liste. " Et maintenant, nous allons monter dans le bus, et nous mettre en route… le camp est à environ trois heures et demi d'ici, au nord, et en chemin, nous allons remplir quelques questionnaires, et distribuer un petit en-cas, au cas où quelqu'un aurait la fringale, OK ? "

 

" Un en-cas ? " objecta José. " Hé, ça va pas non… la plupart d'entre nous n'a pas déjeuné. " Il regarda autour de lui en tirant sur sa veste pour la fermer. " Il est presque six heures. " D'autres personnes hochèrent la tête pour l'approuver.

 

" Très bien. " Skippy ne laissa rien passer. " Nous avons aussi des dîners complets à bord… alors, allons-y, et je vous en dirai plus sur le programme en route. " Elle les passa en revue au fur et à mesure qu'ils embarquaient à bord de l'énorme autocar de voyage. " Bon, nous n'avons pas une de ces choses horribles, comme un ordinateur, ou quelque chose comme ça, n'est-ce pas ? " Elle leur fit la leçon. " Nous essayons d'envoyer nos esprits ailleurs ce week-end. "

 

" Je me demande combien de personnes lui ont demandé si elle avait du beurre de cacahuètes ", commenta Duks dans un murmure. Ce qui fit rire Dar. " Je ne peux pas croire que je suis en train de faire ça, ma vieille… ou toi, d'ailleurs. "

 

Dar haussa les épaules. " Bah, ça ne nous fera pas de mal ", répliqua-t-elle laconiquement en regardant Kerry grimper à bord, puis elle monta derrière elle, contente de laisser l'épaisse odeur de diesel derrière elle. Le bus était luxueux, avec deux rangées de sièges de chaque côté, assez espacés pour laisser une place décente pour les jambes. Il n'y avait aucune excuse pour se serrer, alors Dar dépassa à contrecœur la rangée de Kerry et se glissa juste derrière elle, relevant l'accoudoir entre les deux sièges avant de s'étirer. Si elle s'appuyait sur la vitre, elle pouvait voir la tête de Kerry qui en faisait autant, et alors qu'elle regardait, la jeune blonde se retourna et la regarda à travers l'ouverture.

 

Elle tira la langue et fit sourire Dar, ce que celle-ci réfréna rapidement lorsque Steve vint s'installer dans le siège en face du sien, ses yeux sombres fixés froidement sur elle. Duks prit le siège derrière elle et Mariana, celui derrière Steve, et elle se morigéna brièvement de n'avoir pas pensé à faire la même chose avec Kerry.

 

Génial. Maintenant elle était condamnée à regarder la tronche de demeuré de Steve pendant trois heures. Dar leva un genou avec un soupir d'agacement, et y posa son bras, alors que le bus quittait le parking pour entrer dans le crépuscule finissant.

 

Chapitre 12

 

" Et voilà. " Skippy sourit à Kerry, tout en lui tendant une tablette avec quelques feuilles de papier. " Vous remplissez tout ça, et vous n'hésitez pas à me poser des questions. "

 

Kerry prit les papiers. " OK… à quoi ça sert ? " demanda-t-elle en jetant un coup d'œil aux formulaires.

 

Skippy mit la main sur le siège près d'elle. " Et bien, c'est pour mieux vous connaître… comme ça nous pouvons mieux adapter le séminaire à vos besoins. "

 

" Ah… et ça n'aurait pas été plus efficace si vous nous l'aviez donné bien plus tôt ? " demanda la jeune blonde avec curiosité. " Je veux dire que… ce n'est pas comme si vous aviez assez de temps pour faire des ajustements. "

 

Le sourire animé de Skippy se figea un peu. " Oh mais nous y passerons la nuit s'il le faut… ne vous inquiétez pas… donnez-nous simplement ces informations. "

 

Kerry retira le capuchon de son stylo et étudia les papiers. " A mon humble avis… je dirais plutôt que ceci est destiné à nous occuper pendant le voyage ", murmura-t-elle en secouant la tête. " Parce que je ne sais pas quelles adaptations vous allez bien pouvoir faire en ayant la liste de mes livres préférés. "

 

" Allons… allons… vous nous laissez faire notre travail… ces informations en apprennent beaucoup sur vous à nos analystes ", l'informa Skippy tout en s'échappant dans l'allée, pour tendre sa tablette à Dar et se pencher vers Steve pour lui donner la sienne. " Tenez… vous avez… hum… des questions ? "

 

" Ouais… vous avez un siège réservé ou vous pouvez m'aider à remplir la mienne ? " demanda Steve à la jeune blonde en lui faisant un sourire.

 

Skippy rayonna. " Et bien, attendez que je distribue le reste de ces documents, et je reviens pour vous aider, d'accord ? " Elle fit le tour du bus pour s'assurer que tout le monde avait une tablette. " Oui, monsieur ? " Elle se pencha vers Duks. " Vous avez besoin de quelque chose ? Un crayon ? "

 

Duks leva l'un des criteriums de son intarissable collection. " Non, merci. "

 

" Vous devez être comptable. " Elle lui sourit. " Ils ont toujours pleins de ces trucs. "

 

Duks hocha gravement la tête. " Lorsque vous sortez diplômé en finances, vous en recevez une douzaine de caisses ", l'assura-t-il. " Avec votre nom dessus. " Il leva le sien. " Vous voyez ? "

 

" Oh… oui. " Skippy s'éclipsa et fit un sourire éclatant à Dar, qui écrivait proprement son nom. " Et vous, vous faites quoi ? "

 

" Des problèmes ", répliqua Dar en la regardant par dessous ses cils noirs, avec un léger sourire sur les lèvres.

 

" Ah. " Skippy recula. " Et bien, vous voulez boire quelque chose, hein ? Nous avons du cola, de l'orangeade et de la limonade. "

 

" Du lait ", rétorqua Dar, décidée à tirer le plus de joie de ce week-end qu'elle le pourrait. Et cela incluait de tourmenter les petites filles blondes bien trop animées pour leur bien.

 

" Du lait… OK… je pense que nous en avons… je vais voir. " Elle s'échappa vers l'avant du bus, où se trouvaient Eléanor et son assistant dans toute leur splendeur majestueuse. La directrice du Marketing avait mis une chaude couverture colorée en laine sur ses genoux ; et son assistant, un homme grand et maigre, aux yeux qui clignaient nerveusement et aux verres épais, était penché sur les formulaires. Tout le monde avait choisi de porter des jeans, à l'exception de José, qui avait mis un pantalon en toile fraîchement repassé et une guyabera (NDLT : guyabera = chemise traditionnelle cubaine).

 

Dar releva les genoux et y posa sa tablette, mâchouillant le bout de son crayon en étudiant les formulaires. Il y avait un tas de questions destinées à tester son psychisme profond, se dit-elle, sinon à quoi bon demander si elle préférait le poulet au poisson, ou si elle choisissait un siège près du couloir ou près du hublot en avion ? Elle pensait à moitié que Kerry avait raison, et que ce truc était destiné à les occuper un moment jusqu'à ce qu'ils arrivent, ou jusqu'à ce que l'ennui ne s'installe et qu'ils ne s'endorment.

 

Skippy revint et tendit un petit carton de lait à Dar, puis elle s'assit près de Steve et commença à passer les questions en revue avec lui.

 

" Psst. " Un léger murmure attira son attention et elle jeta un coup d'œil au dossier du siège devant elle. Les yeux verts de Kerry la regardaient.

 

" Ouais ? " demanda-t-elle doucement. " Est-ce qu'on a des points quand même si on répond à plus de dix pour cent des questions avec 'aucune des réponses proposées' ? " demanda la jeune blonde. " Je déteste les animaux de la question six. "

 

" Hé… " La voix de José s'éleva. " Qu'est-ce que vous voulez dire par 'des relations avec les animaux' ? Vous nous prenez pour quel genre de personnes ? "

 

" Monsieur… il s'agit d'animaux domestiques. " Skippy lui sourit pleine d'entrain. " Vous savez bien, comme les petits chiens et les chatons… Vous aimez des animaux ? " Son sourire disparut. " Pas… euh… vous aimez… des animaux… pas comme ça… hum… nous ne… voulons pas savoir ce genre de choses. "

 

" Et pour mon python ? " demanda Duks pince-sans-rire depuis son coin sombre. " Est-ce que vous considérez que les rats dont je le nourris sont aussi des animaux domestiques ? "

 

Dar se couvrit les yeux et réfréna un rire.

 

" Hum… et bien, non… parce qu'on peut dire qu'ils sont… hum… passagers, n'est-ce pas ? Nous parlons d'animaux permanents ", répliqua Skippy. " De ceux qui restent tout le temps. "

 

" Comme ma Mignonne ", songea Mariana à haute voix, depuis son siège derrière Dar. " C'est le plus joli des perroquets. "

 

Skippy lui sourit. " Vous voyez ? Oui… c'est de ça que nous parlons. "

 

" Mm… je l'aimais tellement que je l'ai fait empailler quand elle est morte ", ajouta la directrice du Personnel. " Maintenant, c'est la chose la plus permanente de toute la maison. "

 

Dar serra fermement les muscles de sa mâchoire.

 

" Oh vous êtes tellement irrespectueux ", dit soudain Steve, sèchement. " Cette femme est ici pour faire son travail, et vous pensez tous qu'il ne s'agit que d'une blague. " Il leur lança un regard noir et Skippy rayonna avec reconnaissance. " La compagnie prend les choses très au sérieux et vous le devriez aussi. " Il se rassit, en souriant au guide alors qu'elle s'installait dans le siège près de lui.

 

Dar soupira. Le week-end allait être long.

 

Le bourdonnement des pneus du bus changea enfin, et Dar bougea, clignant des yeux en jetant un coup d'œil par la vitre. Il faisait nuit noire, avec juste le reflet d'une lampe par-ci par-là, et quelques panneaux occasionnels. Elle jeta un coup d'œil sur sa gauche, entre les sièges, et repéra la courbe douce de la joue de Kerry, alors que la jeune blonde somnolait, la tête contre la vitre froide.

 

En face d'elle, Steve et Skippy conversaient à voix basse, et tous les autres semblaient s'être endormis. Dar se redressa et regarda sa montre, puis elle se leva et s'étira pour chasser l'inconfort du siège. " On est presque arrivés ? " s'enquit-elle tranquillement.

 

Skippy tourna la tête. " Oui… nous venons de quitter l'autoroute… il nous reste un petit bout de chemin ", répondit-elle joyeusement. " C'est plutôt isolé par ici… nous voulions vous emmener à un endroit d'où vous n'entendrez plus le trafic. "

 

Dar se réappuya contre son siège et regarda par la vitre. Elle vit passer un panneau. " Aardvark, votre caution à portée de main ", dit-elle. " Prochaine à droite. " Elle tourna la tête. " J'ai l'impression que vous n'étiez pas les seuls à rechercher l'isolement ?. "

 

Skippy cligna des yeux dans sa direction. " Que voulez-vous dire ? "

 

Dar regarda de nouveau. " Le Paradis de Bill la Caution ", articula-t-elle. " Pas d'attente, six guichets. " Son regard bleu se posa sur la jeune femme avec ironie. " Nous sommes près de Stark. "

 

" Stark ? " demanda Steve, apparemment mécontent que leur conversation soit interrompue. " De quoi parles-tu, Dar ? "

 

" Du pénitencier fédéral. " La réponse arriva sur un ton amusé . " Il y a aussi une prison d'état près d'ici… si je ne me trompe pas… pas étonnant que ce soit désert. "

 

" Oh… et bien, ce n'est pas là que nous allons ", la rassura Skippy. " C'est un camp à l'est d'ici, réellement... nous ne vous emmènerions pas dans une prison, tout de même. "

 

" Oh, je ne sais pas ", dit Steve d'un ton critique. " J'aimerais bien voir ça, pour ce qui me concerne. "

 

Dar le fixa. " Steve… tu devrais bien plus t'inquiéter que moi là-dessus ", répliqua-t-elle d'un ton mielleux.

 

Il se pencha en arrière. " Oh… je ne le pense pas… je pense que ces femmes feraient voler en éclat cette attitude de dure que tu trimballes. "

 

La femme brune mit les mains sur ses hanches et lui sourit. " Au moins, moi j'ai quelque chose pour étayer mon attitude ", rétorqua-t-elle avec éloquence

 

Skippy les avait observés, la tête passant de l'un à l'autre, comme une balle de ping-pong blonde. " Oh… vous vous connaissez bien tous les deux ? " demanda-t-elle gaiement.

 

Steve étudia la haute silhouette de Dar d'un air spéculatif ? " Allons, Dar… tout ça est loin derrière toi… arrête ces conneries. " Il se mit à rire. " C'est quand la dernière fois que tu as touché le tapis ? "

 

" Le tapis ? " Skippy semblait sentir arriver la dispute et elle fit un essai pour l'empêcher. " De quel genre de tapis vous parlez ? Vous faites de l'aérobic ? Moi oui. "

 

Dar décida de les ignorer et préféra arpenter le bus pour aller au fond où se trouvaient les toilettes et un petit réfrigérateur. Dar l'explora et, à son grand délice, elle y trouva une boîte de Yoohoo. Elle prit également un sachet de bretzels et se retint, alors que le bus tournait à droite avant de s'arrêter brutalement.

 

" Oh… nous y sommes presque. " Skippy se leva et alla rejoindre son siège à l'avant, ramassant son tas de papier en regardant par le pare-brise. " Ok, tout le monde… vous feriez mieux de vous réveiller parce que la route est un peu cabossée, et je ne veux pas que quelqu'un soit effrayé. " Sa voix animée remua le reste du groupe, qui batailla pour se réveiller en jetant des coups d'œil partout.

 

Dar se fraya un chemin jusqu'à son siège et s'y laissa tomber ; elle ouvrit son soda et le sirota en silence. Une tête blonde apparut par-dessus le siège devant elle et elle leva les yeux, se retenant à peine de faire un sourire amical à Kerry. Les yeux verts, rendus ambrés par la faible lumière du bus, clignèrent un peu pour approuver, et au lieu de ça, elle offrit des bretzels à la jeune blonde.

 

" Merci ", répondit Kerry poliment, elle en choisit un et le mâcha.

 

Le bus tourna de nouveau à droite et ils avaient maintenant l'impression de rouler sur un millier de bosses, les vibrations résonnaient en eux de manière déplaisante.

 

" Jesús Cristo ", lâcha José. " Mais dans quel genre d'endroit on nous emmène ? " Ils regardèrent tous par les vitres, mais ils ne virent que l'obscurité, et les arbres dont les feuilles frappaient les hauts flancs du bus. Après dix minutes de vibrations, le bus ralentit et passa une sorte de portail, tout en tanguant de manière incertaine alors que la route se transformait en chemin poussiéreux.

 

Le bus finit par s'arrêter et les lumières intérieures s'allumèrent. " OK. " Skippy leur fit face. " Nous sommes en face du hall principal… nous allons sortir du bus et je vais vous conduire à vos cabanes. " Elle vérifia une liste. " Il y a du café chaud dans le hall, et aussi des sandwiches si vous avez faim, mais n'oubliez pas que ce camp n'est pas un hôtel de luxe, d'accord ? "

 

" Est-ce que ça veut dire qu'on a droit à la moutarde ou au ketchup, mais pas au deux ? " commenta Duks pince-sans-rire tout en mettant son sac sur son épaule.

 

Skippy sourit. " Vous verrez bien… nous essayons de faire en sorte que vous ne vous concentriez pas sur ce qu'il y a autour de vous… mais plutôt les uns sur les autres. " Elle prit la tête. " OK, on y va. "

 

Ils sortirent du bus et furent assaillis par l'air froid rempli de l'odeur de pin et de sable. Il y avait un bâtiment en bois en face d'eux, avec un porche qui en faisait pratiquement le tour, et ils suivirent Skippy qui montait l'escalier et passait la porte à battants.

 

L'endroit était terne, et rappela brutalement à Dar certains camps de la Marine où elle avait passé du temps dans sa jeunesse. Il y avait quelques tables sur tréteaux en rangées soignées, ainsi que des bancs étroits, et des bannières délavées sur le mur. L'endroit avait été nettoyé, mais il y faisait froid, et il n'y avait que trois lampes d'allumées, ce qui donnait une impression humide et presque miteuse. " Sympa ", dit-elle en secouant la tête. " C'est quoi cet endroit ? "

 

Skippy leva les yeux de ses papiers. " C'est un camp de la YMCA (NDLT : Young Men's Christian Association = Union chrétienne de jeunes gens, une sorte d'auberge de jeunesse pour les 'jeunes chrétiens' en détresse ; vous vous souvenez du groupe pop Village People ? ) ", répondit-elle avec un sourire un peu suffisant.

 

Eléanor qui regardait autour d'elle, fixait maintenant la femme d'un air horrifié. " Vous ne vous attendez tout de même pas à ce que nous restions dans cet endroit dégoûtant. " Elle resserra sa veste sur elle. " C'est ridicule. "

 

José fit un pas pour se rapprocher d'elle. " Je suis entièrement d'accord… ce n'est pas un endroit pour des gens comme nous. " Il remua la main en direction de Skippy. " Il doit bien y avoir un hôtel dans les environs. "

 

Duks s'assit sur le bord d'une table. " Je pourrais protester pour des raisons religieuses ", dit-il doucereusement, en jetant un coup d'œil à Mariana. " Est-ce que ça peut se plaider ? "

 

La directrice du Personnel expira profondément. " Je dois admettre que je ne m'attendais pas à ça de la part de votre entreprise. " Elle s'adressa à Skippy. " Je sais que ce n'est pas le genre d'équipement auxquels ils ont eu droit à Plano. "

 

Steve avait traîné dans la pièce, étudiant les murs. " Oh… je ne sais pas… ce n'est pas si mal. " Il leur fit un sourire. " Ça me rappelle un peu quand j'étais Boy-scout. " Il écarta les bras. " Allons… c'est juste pour deux nuits… beaucoup d'air frais… ça nous fera probablement du bien à tous. " Il inspira profondément.

 

Comme mus d'un commun accord, ils se tournèrent vers Dar, appuyée contre le mur. La grande directrice des Opérations haussa les épaules. " J'ai connu pire ", dit-elle. " Ce que j'en dis, c'est que… il n'y a rien d'autre dans les environs, n'est-ce pas ? " Elle tourna les yeux vers Skippy.

 

" Non. " La jeune femme blonde animée semblait préoccupée. " On nous avait assurés que vous n'auriez pas de problèmes avec cet endroit… je dois appeler mon bureau… nous avons été très explicites en le décrivant. "

 

José grogna. " Ils doivent se rouler par terre de rire à nos dépens ", lâcha-t-il avec dégoût. " Quelle bonne blague… quelle bonne blague… attendez que je retourne là-bas, je vais appeler ces salauds et leur dire ce que j'en pense. " Il pointa Dar du doigt. " Tu vois dans quoi tu nous as mis "

 

" Oui… je te tiens responsable de tout ça, Dar ", renchérit Eléanor. " A quoi pensais-tu donc ? "

 

Mariana se mit entre eux. " Attendez une minute… ceci n'a rien à voir avec Dar. "

 

" Bien sûr que si ", l'interrompit doucereusement Steve. " C'est son manque de coopération qui nous a entraînés ici, Mariana… mais maintenant que nous y sommes, nous ferions aussi bien de nous en accommoder au mieux. " Il sourit à Skippy qui avait toujours l'air très ennuyée. " Je suis sûre que nous allons continuer malgré ce dans quoi cette vieille Dar nous a collés. "

 

" C'est une très bonne attitude, St… je veux dire, M. Fabricini ", affirma la jeune blonde.

 

Dar leur lança un regard sévère, se rendant compte que Steve venait de gagner le point. " Discuter de ça maintenant n'a pas de sens ", déclara-t-elle d'un ton neutre. " Nous pourrons en parler à notre retour à Miami, ou mieux encore, nous pourrons prendre l'avion pour Plano et en parler directement à Les. "

 

Cette menace leur fit écarquiller les yeux. " Pour l'instant, finissons-en. " Elle regarda Skippy. " Vous alliez nous emmener à nos cabanes ? Je pense que ce serait une bonne idée de dormir un peu. "

 

" Hum… c'est vrai… OK… allons-y. " La guide savait quand battre en retraite. " C'est par ici… nous avons mis des draps et des couvertures sur les couchettes… il fait un peu froid ce soir, alors j'ai demandé à quelqu'un de trouver des chauffages d'appoint, mais nous ne les avons pas encore. " Elle les mena dans l'obscurité vers une petite structure en bois. " Nous y voilà. " Elle ouvrit la porte et recula pour les laisser entrer. " Faites attention à vous. "

 

Kerry décida que c'était plutôt horrifiant. Elle était déjà allée dans des camps, c'est sûr, mais ceux dans lesquels ses parents l'avait envoyée avaient de la moquette sur le sol et des lits privés pour chaque campeur. Ce n'était pas comme celui-là du tout. Il était composé de deux pièces, et d'une salle de bains commune au milieu, avec des couchettes en bois posés contre les murs, et des fenêtres fermées entre eux. Six couchettes dans une pièce, six dans l'autre, et la salle de bains était également séparée en deux, avec deux emplacements pour les toilettes, et deux douches, auxquelles il manquait des rideaux.

 

Oh bon sang. Kerry jeta un coup d'œil à Dar, qui avait l'air partagée entre un amusement sauvage et un réel agacement. " Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre ", dit platement la directrice des Opérations. " N'y pensez pas… choisissez une couchette et essayons de dormir."

 

Dar traversa le parquet en bois, elle choisit la couchette qui se trouvait dans le coin arrière et y jeta son sac. Kerry avança à grands pas et choisit celle juste à côté, elle s'y assit et croisa les mains sur ses genoux. Mariana prit la suite, choisissant en silence la couchette de l'autre côté de celle de Dar, puis elle sourit lorsque l'assistante de Duks s'assit près d'elle, laissant la couchette la plus éloignée à Eléanor.

 

" Bien. " Duks grogna et se dirigea vers l'autre pièce reliée par une porte. Il l'ouvrit et entra. " Allons, les gars… "

 

Steve rit doucement, faisant un sourire à Dar avant de suivre le directeur financier dans l'autre pièce, José sur ses pas, arborant une expression dégoûtée. L'assistant d'Eléanor suivit docilement, laissant les femmes se jauger du regard.

 

" Je vais être malade ", déclara fermement Eléanor, en tenant son sac. " Ceci est inacceptable. "

 

Kerry se leva et fit le tour de la petite pièce. " Et bien… ce n'est pas vraiment si mal ", déclara-t-elle. " Je veux dire que ça pourrait être pire, et les draps sont propres… c'est propre, ils s'en occupent visiblement. " Elle leva la tête et décida de ne pas mentionner l'énorme toile d'araignée. "Ce n'est que pour une nuit ou deux. " Elle jeta un coup d'œil à Eléanor. " Ecoutez… nous sommes coincés ici en quelque sorte… il n'y a aucune raison d'en faire tout un plat pour l'instant… attendons d'être rentrés, ensuite nous pourrons en parler. "

 

Eléanor pinça les lèvres, incapable de trouver un moyen de contredire la logique de Kerry, et elle approcha la couchette avec précaution, touchant le tissu de son doigt. " Et bien… c'est propre. " Elle poussa l'oreiller du doigt pour le tester. " Je suppose que je pourrais bien faire un sacrifice… " Elle leva les yeux vers Dar. " Mais tu vas le payer, Roberts. "

 

Dar était assise sur sa couchette, appuyée contre le mur et elle la regardait d'un air impassible. " Les menaces sont inutiles ", dit-elle, catégoriquement. " Alors ferme-la… je n'ai rien demandé… ce n'est pas moi qui ai envoyé ce foutu message à Les… et je ne veux pas entendre ces conneries pendant les deux jours à venir. "

 

" Et bien… il n'aurait pas eu besoin de l'envoyer si tu avais coopéré, n'est-ce pas ? " répliqua Eléanor à son tour.

 

" Je ne coopère pas quand on me demande des choses déraisonnables… tu devrais le savoir depuis tout ce temps, bon sang ", répondit Dar d'un ton irrité. " Je me fiche de qui le demande… toi, Les, et surtout votre petit homme de main. "

 

" Mesdames. " Mariana leva une main. " Est-ce qu'on peut en finir pour ce soir, s'il vous plaît ? " demanda-t-elle. " Nous aurons tout le temps de nous blâmer et de nous disputer lorsque nous serons rentrés à Miami… finissons-en. "

 

Dar soupira. Mariana avait raison et par ailleurs, elle avait laissé Eléanor la mettre en boule. " C'est vrai… " Elle se redressa et ouvrit son sac pour en retirer une chemise de nuit en coton. Un silence embarrassé s'installa et elle leva la tête pour voir tout le monde s'observer. " Allons donc… il n'y a que des filles ici ", leur rappela-t-elle sur un ton amusé alors qu'elle retirait son sweat-shirt et sortait son polo de son jean.

 

" Oh non. " Eléanor prit son sac et battit retraite vers la salle de bains, laissant les autres dans un silence inconfortable.

 

Dar soupira. " Eteignez alors ", ordonna-t-elle à Mary Lou. " Vous ne vous verrez pas dans le noir. "

 

La grande femme blond cendré hocha la tête d'un ton appréciatif et obéit, plongeant la pièce dans les ténèbres, juste perturbés par des frottements et le bruit de pieds nus sur le sol en bois. A côté, on entendait des voix masculines paillardes et elles pouvaient voir la lumière sous la porte.

 

" Vous voyez ? Les garçons s'en fichent bien, eux ", remarqua Dar en mettant ses vêtements de côté avant de s'asseoir sur sa couchette, qui était légèrement surélevée par rapport au sol.

 

Mariana grogna. " Ils s'en fichent ? Ils rivalisent oui… ils sont sûrement en train de se la mesurer pendant que nous parlons. "

 

Des rires.

 

" Pas par ce temps ", dit lentement Dar d'un air ironique. " Ils auraient besoin d'un compas. "

 

D'autres rires, cette fois plus forts.

 

Un cri sauvage explosa derrière la porte fermée de la salle de bains, et après un moment de stupéfaction, la porte s'ouvrit brusquement, déversant une Eléanor à moitié vêtue, qui hurla et bondit vers la porte de la cabane.

 

Elle oublia malheureusement de l'ouvrir et percuta les planches avec le visage. " Oh mon Dieu… oh mon Dieu… à l'aide ! ! ! "

 

Dar sauta du lit et avança, entendant des pas lourds en provenance de l'autre porte. Elle atteignit Eléanor juste au moment où José ouvrait brutalement la porte, resplendissant dans son caleçon de soie blanche avec des petits cœurs rouges. " Jesús ! ! ! Qu'est-ce qui se passe ici "

 

" Je n'en ai aucune idée ", grogna Dar. " Eléanor, bon Dieu, qu'est-ce qui s'est passé ? "

 

La cadre du Marketing se retourna, et remua sauvagement les mains. " Ça m'a attaquée ! Mon Dieu... Il faut que je m'en aille ! " Elle montra la salle de bains. " Là-dedans ! "

 

Kerry avait suivi Dar et elle passait maintenant la tête dans la salle de bains, regardant partout avec précaution. Elle vit les toilettes, un petit lavabo avec le maquillage d'Eléanor éparpillé partout, la douche, et un serpent. Elle commença à retirer sa tête puis se pétrifia. " Oh… mon Dieu… " Elle écarquilla les yeux. " Est-ce que quelqu'un connaît la faune locale ? " Elle sauta en arrière lorsque le serpent rampa de sa cachette. " Attention ! "

 

" Dios Mio ! " cria José en le repérant. Il sauta en arrière dans la pièce des garçons et claqua la porte.

 

Le serpent, un spécimen d'un mètre de long se dirigeait vers Dar. " Et où est Steve Irwin quand on a besoin de lui ? " marmonna Dar en le cherchant des yeux dans la lumière basse. " Je pense qu'il est inoffensif. "

 

" Tu penses ? " Mariana était debout sur son lit. " Dar, ne me donne pas du 'je pense', d'accord ? Je ne vais pas passer tout mon lundi à remplir des paperasses parce que tu as été mordue par un 'je pense'. "

 

" Non… c'est bien inoffensif. " Dar attendit que le serpent rampe sur son pied, puis elle le captura par le cou, et le souleva. " Il cherche probablement un endroit chaud. " Elle l'examina. " Ouais… c'est juste un serpent de jardin… il n'est pas dangereux. "

 

La porte des hommes émit un craquement en s'ouvrant et trois paires d'yeux apparurent. " Bonté Divine. " L'assistant d'Eléanor couina.

 

Dar soupira et fit signe à Eléanor de s'écarter de la porte. " Bouge… je vais le mettre dehors. "

 

" Quoi ? " Steve passait maintenant la tête par la porte. " Et le laisser attaquer quelqu'un d'autre ? Pas question… tue-le ! "

 

" Nous ne pouvons pas toujours tuer les choses qui ont le don de nous ennuyer ", dit Dar en le regardant fermement. " Maintenant, tire-toi de mon chemin, Eléanor. " Elle avança vers la porte et l'autre femme hurla, s'écartant et glissant sur le balai mis dans la cabane pour le ménage. Elle trébucha dessus et atterrit sur le derrière, avant de ramper en arrière, avec l'air d'une énorme araignée à la peau blanche.

 

Dar sortit le serpent du bâtiment puis se frotta les mains et rentra à l'intérieur.

 

Les garçons étaient derrière leur porte. Les filles agglutinées contre le mur, derrière le Titi de Kerry.

 

Tout le monde la regardait. " Nous t'avons élue Chasseuse de serpents ", l'informa Kerry avec un léger sourire. " Dans le style, peux-tu vérifier s'il en reste ? "

 

Dar mit les mains sur les hanches. " Je n'ai pas voté ", protesta-t-elle. " Par ailleurs, par ce temps, c'est facile… regardez là où il fait chaud. "

 

Comme un seul homme, cinq paires d'yeux se tournèrent vers les couchettes. " Oh mon Dieu. " Eléanor s'affaissa sur le sol, évanouie.

 

" Euh… je pense que nous ferions mieux de laisser allumé. " dit Mariana nerveusement, alors que Mary Lou et elle luttaient pour mettre Eléanor sur sa couchette.

 

Dar soupira et secoua la tête, elle alla vers sa couchette sur laquelle elle s'assit. " Je suis sûre qu'il était seul ", les rassura-t-elle. " Allons… il faut dormir un peu… Dieu seul sait ce que Sœur Sourire nous réserve pour demain. " Elle s'étendit sur le côté, croisa les jambes aux chevilles et posa la tête sur une main.

 

Kerry fit lentement de même, rampant sur son lit après l'avoir vérifié nerveusement, puis elle s'allongea de telle façon que sa tête soit près de celle de Dar. " Je déteste les serpents ", marmonna-t-elle ".

 

" Hmmm ? Et quel effet te font les lézards " demanda Dar sérieusement.

 

" Hum… je ne sais pas… pourquoi ? " demanda Kerry avec hésitation.

 

" Il y en a un sur ta jambe. " Elle lui montra.

 

Kerry hurla et sauta en l'air, par-dessus l'espace qui séparait leurs couchettes et elle atterrit pratiquement dans les bras de Dar. " Merde ! " Elle regarda le lézard minuscule détaler, puis elle expira bruyamment. " Bon sang. "

 

Puis elle réalisa où elle se trouvait et regarda le visage de Dar. " Euh… désolée. " Elle s'écarta de la grande femme dont les yeux pétillaient. " Dar, ce n'est pas drôle… je déteste ces trucs. "

 

Dar faillit lui dire de rester où elle était… qu'elle la protégerait. Mais Mariana et Mary Lou les regardaient. "Ecoute… détends-toi. Les lézards sont gentils… ils mangent des insectes."

 

La chose à ne pas dire. En l'espace d'une seconde, tout le monde était au milieu de la pièce à regarder les lits.

 

Dar soupira et tira les couvertures sur son visage. La nuit allait être très longue.

 

************

 

Comments (0)

You don't have permission to comment on this page.