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HURRICANE WATCH4

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Avis de tempête

Hurricane Watch

 

 

par Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

Pour les démentis, voir la première partie.

 

**********

Partie 4A

**********

 

Chapitre 29

" Ça va être un vrai cirque. " Dar se fraya un chemin vers le bureau, Kerry à ses côtés. " Je pense que je vais faire une pancarte racontant ce qui s'est passé et l'accrocher autour de mon fichu cou pour gagner du temps. " Le vent froid remua sa veste en cuir, qu'elle portait par-dessus une chemise en coton bien repassée, rentrée dans un confortable pantalon large. Ça avait été l'un des bons moments de la matinée, à part l'insistance de Kerry pour 'l'aider' à se doucher, et elle avait plutôt hâte d'apparaître à la réunion du comité exécutif et de regarder ses collègues s'agiter dans leurs costumes en laine.

 

Elles passèrent le garde de sécurité, qui leur fit signe, puis regarda Dar à deux fois, celle-ci roula les yeux et se dirigea vers l'ascenseur. " Je suis sacrément contente qu'il soit encore tôt ", dit la cadre sans rire. La montée fut sans histoires, et Dar s'appuya sur la cloison pendant que Kerry jouait avec son revers, qui portait une jolie broche rose pâle, avec des feuilles délicatement dessinées. " Est-ce que j'ai déjà dit que j'aime beaucoup ceci ? " murmura-t-elle.

 

" Au moins six fois. " Dar laissa un sourire passer sur son visage. " Et merci. " Elles avaient rencontré un de ces artistes qui traînaient sur la promenade la veille après le déjeuner, et elles s'étaient offert un ou deux de ces jolis objets… Dar avait pris un poney cabré qu'elle gardait pour quand elle n'aurait plus ses béquilles. Elles sortirent de l'ascenseur, Kerry un peu devant pour ouvrir la porte lorsqu'elles atteignirent le bureau de Dar. " Et bien, nous y voici. "

 

Maria leva la tête lorsqu'elles entrèrent. " Buenos Dias… Dios Mio, Dar ! " La secrétaire se leva et regarda sa chef qui manœuvrait dans le bureau. " Qu'est-ce qui s'est passé ? "

 

Kerry passa devant et ouvrit la porte intérieure, elle la laissa ouverte. " Rude week-end. " Elle blagua faiblement en levant sa main plâtrée. " Ça s'est terminé plus tôt que prévu, en fait. "

 

Dar soupira. " C'est une longue histoire, Maria… disons qu'il faut juste être prêt parce que ça va chier méchamment aujourd'hui. " Elle s'arrêta dans l'entrée et se tourna à demi. " En plus des désastres habituels du lundi… je suis sûre que Mariana va venir ici dès qu'elle sera arrivée… nous avons un peu mis le bazar. " Elle se retourna et marcha vers son bureau, puis s'assit dans son fauteuil confortable avec un sentiment de soulagement, avant de déposer ses béquilles sur le sol près d'elle. Elle alluma l'ordinateur et se cala dans son fauteuil ; dans la pièce à côté elle entendait la voix grave de Kerry qui mettait Maria au courant du week-end. Son programme de messagerie se mit en route et elle tressaillit, regardant les messages défiler rapidement sur l'écran.

 

Autrefois c'était amusant, se souvint-elle. Elle attendait même les lundis avec impatience, quand la plupart des désastres intéressants pointaient leurs têtes affreuses. Maintenant… elle concentra une oreille sur Kerry et elle soupira. Maintenant elle avait d'autres priorités. Son téléphone sonna et elle pressa le bouton. " Oui ? "

 

" Dar. "

" Mariana. Bonjour ", répliqua Dar tout en entrelaçant ses doigts et en se calant contre le dossier.

" Non, pas vraiment. Nous avons de vrais problèmes ", dit calmement la directrice du personnel. " La police arrive. Fabricini a porté plainte. "

Dar se redressa et s'accouda. " Porté plainte ? ? Pour quelle raison ? Je ne l'ai pas touché ! "

" Pas contre toi ", répliqua Mariana. " Contre Kerry. Pour agression. Elle lui a cassé le nez. "

" Oh, tu te fous de moi ou quoi ? ", lâcha Dar avec dégoût. " Il n'est pas sérieux. "

" Dar, je ne blague pas et il est sérieux… je lui ai déjà parlé et il ne reviendra pas sur sa décision. Il va porter plainte pour agression et la poursuivre en justice pour coups et blessures. " La voix de Mariana était très tendue. " Je ne sais pas ce qu'il cherche, mais… "

Dar fixa son bureau calmement. " Je sais, moi ", répondit-elle. " Je sais ce qu'il cherche. " Elle soupira puis hocha la tête. " Très bien… merci Mari… Je vais prévenir Kerry. " Elle raccrocha, gardant ce qu'elle savait pour elle lorsque Kerry passa la tête dans le bureau.

" Je cours chercher un café en bas… tu en veux ? " demanda la jeune blonde.

" Bien sûr. " Dar émit un sourire. " J'aimerais bien. " Elle regarda Kerry partir puis elle étudia le dessus de son bureau pendant un moment. Quinze ans. Ses yeux allèrent vers l'horloge dorée posée sur l'étagère de l'autre côté de la pièce, qui marquait ses dix ans passés là. Quinze ans. Elle inspira et composa un numéro, attendant qu'on lui réponde. " Viens ici ", dit-elle tranquillement lorsqu'on répondit, puis elle raccrocha et attendit simplement.

 

Ça ne prit pas longtemps. Fabricini entra dans son bureau, le visage à moitié caché par un bandage, la peau couverte de cloques, et enduite de lotion. Il s'assit sans qu'on lui propose et jeta un dossier sur son bureau, avec un air de triomphe tranquille.

 

Dar l'ouvrit et regarda le contenu avec un visage sans expression, puis elle le fixa. " Qu'est-ce que tu veux ? "

Il ne prétendit pas ne pas la comprendre. " Que tu fiches le camp ", répondit-il avec une satisfaction vicieuse.

Dar le fixa calmement. " Très bien ", répliqua-t-elle, très simplement. " Tu appelles les flics, tu annules les charges et tu l'as. "

" Oh non, Dar… je veux que ta putain paye son dû ", rétorqua Steve avec un sourire.

" Tu retires ta plainte ou tu n'as rien ", répondit Dar. " Et tu te fais poursuivre pour harcèlement sexuel. "

Il la laissa attendre un moment. " Tu te rends compte comme c'est bon ? " ronronna-t-il. " C'est parfait… tu es assise là, absolument impuissante, et j'adore cet instant. " Il s'interrompit. " Très bien, Dar… je vais laisser ta petite chérie tranquille… mais je veux que tu fiches le camp aujourd'hui. "

 

Dar jeta un coup d'œil en coin à son courrier qui finissait juste de se charger, quatre cents messages. " Très bien. " Elle accepta et lui tendit le combiné. " Appelle. "

Elle l'écouta parler d'une voix charmeuse au policier puis raccrocher. " Au revoir, Dar… travailler avec toi a été un vrai plaisir. " Il se leva et partit.

Dar ferma brièvement les yeux. Le plus dur maintenant. Elle prit le téléphone et composa le poste de Mari. La directrice du personnel répondit immédiatement. " Mari. "

" Dar… oh, bien… contente que ce soit toi… écoute, Duks et moi on se remuait les méninges, peut-être qu'on peut trouver un moyen de… "

" J'ai tout arrangé. " Dar l'interrompit. " Il a retiré sa plainte. "

Un silence. " Oh… " Mari était visiblement surprise. " Et bien… je… je ne pensais pas qu'il reculerait, Dar… je… "

" Il ne l'a pas fait ", dit tranquillement la jeune femme brune. " Je lui ai simplement donné ce qu'il voulait. " Elle inspira. " Je démissionne. " Un bruit léger lui fit lever les yeux pour voir Kerry dans l'entrée qui la regardait, choquée. " Je vais remplir les papiers… envoie-les, Mari. " Dar termina puis raccrocha. " Ferme la porte. "

Ce que fit Kerry, puis elle contourna le bureau et posa sa tasse, elle s'agenouilla à côté de Dar et mit la main sur son bras. " Qu'est-ce que tu veux dire par tu démissionnes ? " demanda-t-elle dans la plus profonde confusion. " Dar, qu'est-ce qui se passe ? "

Les yeux bleus tristes se posèrent sur elle. " La police allait venir, Kerry… il a porté plainte contre toi pour agression et il t'attaque pour coups et blessures. "

 

" Et alors ? " bredouilla Kerry. " Qu'il le fasse ! Dar, ne me dis pas que tu démissionnes à cause de ça… je… je… Qu'est-ce que je risque vraiment pour l'avoir cogné ? Qu'est-ce qu'ils vont faire… m'envoyer en prison ? A Dade County ? ça m'étonnerait… il faut au moins avoir tué quelqu'un pour être envoyé là-bas. "

" Kerry… je ne vais pas laisser mettre tout ce truc dans ton dossier, toute cette merde avec la police, être poursuivie et emmenée là-bas… aller en justice… et il pourrait même obtenir d'un jury Dieu sait quels dédommagements… " Elle mit la main sur la joue de la jeune blonde. " Non… je ne peux pas rester là à regarder faire ça, en sachant que c'était de ma faute… et que j'aurais pu l'empêcher. "

" Dar, tu ne peux pas le laisser gagner si facilement ", argumenta Kerry avec ferveur. " Je ne vais pas te laisser faire. "

Dar soupira et poussa le dossier vers elle. " Nous n'avons pas le choix. " Elle donna un petit coup au dossier. " L'une de nous deux devrait partir de toutes les façons. "

 

Kerry la regarda puis ouvrit le dossier, son regard tomba sur une pile de huit à dix photos. Dar et elle. Qui marchaient ensemble, qui faisaient les courses… qui se tenaient sur la promenade en s'étreignant. Elle donnant de la langouste à Dar. Une photo marquante qui la montrait en train de regarder sa compagne, avec une expression que Kerry ne pouvait que qualifier d'adoration. " Oh. " Elle referma le dossier. " Et bien, alors c'est moi qui vais partir, Dar… allons, tu as plus d'importance pour la compagnie que moi… c'est ridicule. " Elle leva les yeux vers Dar. " Tu ne peux pas appeler Les ? Tu ne peux rien faire ? "

Dar étudia ses doigts entrelacés. " Je ne suis pas sûre de vouloir faire quelque chose ", admit-elle.

Kerry la regarda fixement. " Alors tu renonces ? " Elle remua la main. " Après quinze ans, comme ça ? " Elle secoua la tête. " Je n'y crois pas. "

" Allons, Kerry… je ne regrette rien, mais peut-être qu'il est temps de bouger… ça m'est de plus en plus difficile de me tenir au niveau que tout ça demande. " Dar la suppliait de comprendre. " Pas sans que ça ne touche ma vie personnelle, et je ne le veux vraiment pas. "

Kerry garda le silence un moment. " Et moi, que suis-je supposée faire ? " finit-elle par demander. " Tu ne penses quand même pas que je vais rester dans ce maudit trou sans toi, n'est-ce pas ? " Elle se leva et passa la main dans ses cheveux. " Je ne peux pas croire que tu renonces et que tu le laisses gagner ", répéta-t-elle doucement. " Je… " Elle secoua la tête et alla vers la porte intérieure, l'ouvrit et sortit sans un mot de plus.

 

Dar était tranquillement surprise. Voilà qu'elle avait plutôt fait preuve de noblesse d'âme, pensait-elle, en se mettant entre Kerry et une mauvaise situation. Mais Kerry ne le voyait pas du tout comme ça… et plutôt que de lui en être reconnaissante, elle était déçue. Dar se sentait très confuse, mais elle n'eut pas le temps de réfléchir à ses choix que la porte s'ouvrit brutalement et que Mariana fit irruption, une expression bouleversée et de colère sur le visage. " Tu viens aussi pour me crier dessus ? " lâcha-t-elle sur la défensive.

Mariana s'arrêta et la regarda. " Je suis ici pour essayer de te ramener à la raison… Dar, tu ne peux pas partir comme ça. "

" Et pourquoi pas ? " Dar posa le menton sur sa main. " Est-ce que je suis liée par contrat ? "

" Non… non, Dar, tu sais très bien ce que je veux dire. " Mariana s'assit.

" Non, je ne le sais pas. " La grande femme secoua la tête. " C'est un contrat basé sur le bon vouloir, il n'y a rien de signé, je ne suis pas la propriété de la compagnie, et rien ne m'empêche de sortir simplement par cette foutue porte. " Dar se leva, attrapa ses béquilles et fit le tour du bureau. " C'est ce qu'il veut, c'est ce que veut José, c'est ce que veut Eléanor… peut-être que je suis dans leurs pattes. "

" Quoi ? Bien sûr que tu es dans leurs pattes, tu… " Mariana bredouilla. " Il faut que quelqu'un les contre, Dar, ou alors ils vont mener la compagnie au naufrage, toi et moi on le sait bien. "

" Et pourquoi moi ? " Dar se retourna et mit le pouce sur sa poitrine. " Dans tous les cas je suis une cible, Mari… quoi que je fasse, peu importe les rats morts dont je nous débarrasse, peu importe le nombre de comptes que je sauve, ou de combien de points la bourse monte grâce à moi, c'est toujours cette maudite garce de Dar Roberts… tu ne crois pas que ça me rend malade et que j'en ai marre parfois ? " Sa voix monta jusqu'à crier. " Et maintenant il y a cette espèce de foutu con que tu as embauché qui ne m'attire que des emmerdes, et je ne t'entends pas lui dire un seul foutu mot à lui, si ?"

Mariana la regarda fixement.

" Non, non… on n'a qu'à laisser la garce s'en occuper… elle va lui rendre la monnaie de sa pièce et lui fermer son clapet… c'est pas vrai ? " Dar fit le tour de Mariana. " C'est pas vrai ? Je dois subir une attaque personnelle de la part d'un autre employé, et tu me dis que je ne peux pas partir ? Va te faire voir, Mari ! " La colère de Dar était à son comble. " Et pourquoi diable ne l'as-tu pas attaqué pour harcèlement ? Ou pour une Bon Dieu d'insubordination ? " Elle se pencha sur le bureau. " Laisse-moi te dire une chose… il a une chance du Feu de Dieu que ce soit Kerry qui l'a frappé, parce que si ça avait été moi, il ne s'en serait pas tiré avec un foutu nez cassé. "

" OK… OK… Dar…calme-toi. " Mariana leva les mains avec précaution. " Tu marques un point. "

La femme brune se retourna et alla à la fenêtre, et elle s'y appuya d'une main. " Je le sais bien… ça fait si longtemps que je mène toutes ces batailles que tout le monde a oublié ", dit-elle doucement. " Et bien, il va falloir que tu te trouves quelqu'un d'autre pour combattre maintenant. " Elle laissa sa tête reposer sur la vitre chauffée par le soleil. " Je suis fatiguée de tout ça. "

Un silence. " Alors… ce n'est qu'une bonne excuse, n'est-ce pas ? " demanda Mariana tranquillement.

Dar regardait les vagues bleues et vertes. " Peut-être. "

Un léger soupir. " Qu'est-ce qui t'est arrivé, Dar ? "

C'en était presque drôle. " J'ai découvert qu'il y avait autre chose dans la vie que le prochain message, Mari ", grogna doucement Dar. " Malheureusement pour la compagnie. " Elle se retourna. " Je ne vais pas rester là à ne rien faire pendant que ce salaud attaque Kerry… et puisque tu ne fais rien, moi je le ferai. " Une pause. " Je l'ai fait. " Même si Kerry elle-même n'était pas d'accord. Elle espérait simplement que la jeune blonde lui pardonnerait.

Mariana se carra dans son fauteuil et soupira. " Je sais que tu penses que tout est de ma faute, Dar… et je suis désolée que tu le penses. " Elle leva les yeux mais la grande femme ne croisa pas son regard. " Peut-être que tu as raison… j'aurais dû lui tomber dessus plus tôt… arrêter ce truc quand ça a commencé… c'est que je pensais que tu contrôlais la situation, et que si j'interférais, ce serait pire. " Elle s'interrompit pour laisser à Dar une chance de s'exprimer. En voyant que l'autre femme ne réagissait pas, elle soupira. " Sur ce critère, j'aurais aussi dû m'interposer entre Kerry et toi quand j'ai découvert que vous sortiez ensemble. "

Toujours pas de réponse.

" Mais à ce moment-là, tu aurais dû le faire toi-même ", continua Mariana. " Et si tu l'avais fait, nous ne serions pas là à parler de ça. "

Le visage de Dar ne changea pas. " C'est ça. Dis que c'est entièrement de ma faute ", marmonna la jeune femme brune tranquillement. " C'est déjà ce que je me dis… et maintenant, je prends une décision. Alors quel est ton problème ? "

Elle n'eut pas l'occasion de répondre parce que la porte s'ouvrit et que José fit irruption. " Qu'est-ce que j'entends ? Tu pars ? " demanda José, d'un ton incrédule.

" Ouais ", répondit Dar. " Tu peux lancer les invitations, José… félicitations. Tu as gagné. " Elle tapa un message et l'envoya. " Voilà… je viens d'informer Les… ça devrait mettre un point final. " Elle se leva et prit sa mallette, en retira le portable et le posa sur le bureau. " Je n'ai pas grand-chose à moi ici. " Elle prit ses dauphins et jeta un coup d'œil à ses Combattants. " Je verrai si Maria les veut. " Elle jeta son badge sur le portable ainsi que son bipeur.

" Attends… attends… " José leva la main. " Qu'est-ce que tu veux dire par 'j'ai gagné' ? "

Dar le fixa. " Ce n'est pas ce que tu voulais ? Tu as engagé un type que tu savais être un de mes vieux ennemis, et tu lui as donné des instructions claires pour trouver mes faiblesses et les exploiter. Il l'a fait. Je pars, tu gagnes. " Le ton était froid et moqueur. " Félicitations, et bonne chance. J'espère que tu vas tellement foutre en l'air cette compagnie qu'ils vont devoir remplacer tout le bureau. "

" Je n'ai pas… "

" Oh si, tu l'as fait ", rétorqua Dar. " Tu veux voir l'e-mail que tu lui as envoyé ? "

Le téléphone bipa. " Dar, Mark sur la numero uno. " La voix de Maria flotta.

" Merci, Maria, vous pouvez m'appeler un taxi, s'il vous plaît ", demanda Dar d'un ton crispé.

" Si. " La secrétaire eut l'air intrigué.

" Merci. " Dar pressa le bouton. " Qu'y a-t-il, Mark ? "

" La liaison de sécurité du Nord-Est est hors service ", dit le chef du GSI. " Ils ne peuvent pas localiser le problème. "

Dar inspira. " Trouve quelqu'un d'autre pour s'en occuper, Mark. Ce n'est plus mon problème ", répondit-elle d'un ton neutre. " Donne-leur une heure pour choisir mon remplaçant. "

Le silence dura près de trente secondes. " Compris ", répondit enfin Mark, puis il raccrocha.

Dar mit sa mallette sur son épaule et jeta un coup d'œil autour d'elle. " Bon, je rentre chez moi ", dit-elle platement. " Amusez-vous bien. " Elle boita jusqu'à la porte et l'ouvrit, puis elle sortit. Maria se tenait près de son bureau, le visage froissé d'inquiétude. " Maria… "

La Cubaine contourna le bureau et s'approcha d'elle. " Vous partez ? Pour de bon ? " demanda-t-elle, visiblement ennuyée.

" Peur que oui ", répondit Dar doucement. " Merci, pour tout, Maria… vous êtes quelqu'un de bien… et j'apprécie tout ce que vous avez fait. "

Maria se tordit les mains puis elle s'avança et étreignit Dar. " Que Dieu vous bénisse, Dar… cet endroit ne vous mérite pas. " Elle jeta un regard noir à José, qui sortait de l'ex-bureau de Dar à ce moment-là. " Et vous, espèce de petit caca, j'espère que Dieu vous enverra sous un bus. " Elle alla à son bureau et prit son sac à main, puis sortit en claquant la porte derrière elle.

Dar la suivit calmement et descendit le couloir silencieux vers l'ascenseur, qui s'ouvrit lorsqu'elle s'approcha. Elle y entra puis se retourna et s'appuya contre la cloison du fond lorsque les portes se refermèrent et qu'il démarra.

 

 

Chapitre 30

 

Kerry retourna dans son bureau et s'assit, la table pendant un long moment sans bouger. " Je ne peux pas croire qu'elle a fait ça ", dit-elle enfin dans un soupir. " Je ne peux pas croire qu'elle l'a fait sans même m'en parler… comme si je n'étais qu'une gamine qu'on doit protéger. " Elle se leva et commença à faire les cent pas.

" Je ne peux pas la laisser faire. "

Un pas, deux pas, trois pas.

" Je sais qu'elle croit bien agir. " Kerry soupira. " Je sais qu'elle veut me protéger de toute cette merde juridique… mais ce dont elle ne se rend pas compte, c'est que j'ai bien plus de sens politique qu'elle ne le pense… elle oublie qui est mon père. "

Les yeux verts se tournèrent vers la fenêtre. " Très bien… alors qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire, bon sang ? " Elle pianota sur son bureau. " La première chose qu'il me faut, ce sont des alliés. " Elle regarda le téléphone, puis composa un numéro. Après plusieurs sonneries, ça bascula sur messagerie vocale. " Bon sang, Mark, où es-tu ? "

Elle reçut une réponse totalement inattendue lorsque la porte s'ouvrit et que Polenti entra, une expression de colère sur le visage. " Oh… tu sais. "

" Qu'est-ce qu'il se passe, Bon Dieu ? " demanda Mark en mettant les mains sur ses hanches. " Elle a démissionné ? "

Kerry s'assit sur son bureau. " C'est compliqué, mais pour l'essentiel, oui… elle l'a fait. " Elle croisa les bras. " La question est, qu'allons-nous faire contre ça ? "

" Attends… on peut commencer par pourquoi ? " Mark leva la main. " Ce n'est pas que je ne te soutienne pas pour agir, mais j'aimerais connaître le bouquin que je lis, et encore plus la page à laquelle nous sommes arrivés. "

Kerry pinça les lèvres. " La vraie raison? Elle l'a fait parce que Steve Fabricini allait me causer beaucoup d'ennuis, et elle a échangé ça contre son emploi. "

Mark la regarda avec curiosité.

" Je sais… mais je ne vais pas la laisser s'en sortir comme ça ", reconnut Kerry. " Alors… premièrement, quels ennuis je peux lui causer ? "

Mark s'assit et mit les mains entre ses genoux. " Des ennuis ? Et bien… je peux le déconnecter du réseau, ou rerouter son unité logique pour qu'il ne puisse plus trouver ses fichiers. "

Kerry se pencha en avant et croisa son regard. " Non, Mark… pas ce genre d'ennui. Les vrais. " Ses yeux verts brillèrent. " Le genre dont je te sais capable. "

Il s'éclaircit la voix en clignant des yeux de surprise. " Je ne pensais pas que tu… bon, d'accord, je peux lui causer beaucoup d'ennuis, pourquoi ? "

Kerry sourit. " J'aimerais que tu lui causes autant d'ennuis qu'il est humainement possible, OK ? " Elle marqua les points sur le bout de ses doigts. " Je parle de cartes de crédits, de permis de conduire, de judiciaire, de services publics… tout. "

La mâchoire de Mark retomba. " Tu es sérieuse ? "

Elle hocha la tête. " Je suis sérieuse. "

" Ouaouh. " Il se frotta le nez. " Tu es hargneuse. " Il leva la tête avec un sourire canaille. " J'aime ça. " Il se leva. " Qu'est-ce que tu vas faire ? "

Le visage de Kerry se durcit, et ses yeux devinrent froids et calculateurs. " Je vais leur faire comprendre combien elle est indispensable ", lui dit la jeune blonde en contournant son bureau pour regarder quelque chose sur son écran. " Voyons, où était… oh, OK… oui, c'est là. " Elle composa un numéro qui répondit au bout de deux sonneries. " Oui, ici Kerry Stuart aux Opérations à Miami… je dois parler à Les Roesenthal, s'il vous plaît. " Elle s'interrompit. " C'est urgent. " Elle coupa le son. " Commence par lui couper le courant, Mark… j'aime l'idée de le voir rentrer dans un appartement qui sent l'humidité. "

Mark sourit. " Oui, Madame. " Il sortit en fermant la porte derrière lui.

Kerry hocha la tête en direction de la porte, en grimaçant. " Tu veux me chercher ? Pauvre petite merde de chien ambulante. "

" Pardon ? " Une voix masculine lui répondit au téléphone. " Je n'ai pas bien compris… vous êtes Ms Stuart ? "

" Désolée… je parlais à quelqu'un d'autre. " Kerry réfréna un sourire embarrassé. " Oui, c'est moi… M. Roesenthal ? Je pense qu'il faut que nous parlions. "

 

 

Chapitre 31

 

Une mouette solitaire tournoyait au-dessus de la plage, en suivant les courants d'air chaud. Seul le léger bruissement et le murmure des vagues parvenaient aux oreilles de Dar, assise tranquillement sur le porche, son genou posé sur une chaise. Sa tête reposait sur la vitre et elle fixait la mouette, les yeux mi-clos.

Une bouteille de vin doux à moitié pleine était posée sur la table, près d'un verre. Dar leva un bras et remplit de nouveau le verre, puis elle prit une gorgée, la faisant rouler dans sa bouche avant de l'avaler. Chino dormait sur le carrelage à ses pieds ; le chiot était épuisé après ses pitreries de ravissement à l'arrivée inattendue de Dar.

Le téléphone avait sonné plusieurs fois à l'intérieur, mais Dar avait décidé de l'ignorer, préférant fixer l'horizon et étudier ses choix.

C'était étrange de ne pas travailler. D'autant plus étrange qu'elle n'était pas sûre d'avoir pris la bonne décision, simplement fondée sur une réaction épidermique à une attaque ressentie contre Kerry. Elle savait qu'elle devait une excuse à Mariana, mais elle se disait qu'elle pourrait toujours appeler la directrice du Personnel chez elle plus tard, en dehors des heures de bureau. Elle prit une autre gorgée de vin et l'avala, puis elle leva les yeux lorsque son portable sonna. " Ah… je me demande bien qui c'est, Chino. " Elle prit le téléphone et l'ouvrit. " Oui ? "

" Salut. "

Dar sentit une vague de soulagement la traverser. " Salut. " La voix de Kerry était calme et sans la pointe de colère qu'elle contenait plus tôt. " Désolée d'être partie sans te parler. "

" Mm… oui, j'étais plutôt déçue ", lui dit Kerry doucement.

Dar ne savait pas quoi dire alors elle garda le silence.

" Tu es à la maison ? " demanda Kerry.

" Oui. "

" Tu ne réponds pas au téléphone. "

" Je sais… je suis dehors sur le porche avec Chino ", répliqua la grande femme. " Alors… ils ne t'ont pas encore donné mon bureau ? "

Un rire léger lui répondit. " Et bien, dans la mesure où je sors juste d'une réunion où j'ai dit à deux directeurs qu'ils pouvaient aller se faire voir, ça ne risque probablement pas de m'arriver aujourd'hui. "

" Mm. " Un peu obscurément, cela réjouit Dar. " Lesquels ? "

" José et Eléanor… Mariana est rentrée chez elle ", répondit Kerry. " Et je pars moi aussi… puisque toute la division est en grève… on n'a pas vraiment besoin de moi ici. "

" Mm… c'est gentil… attends. " Dar se redressa. " Quoi ? "

" Ça doit être un truc à la cafétéria… cinquante-deux personnes aux Opérations, malades en même temps par coïncidence, et qui ont dû rentrer chez elles ", lui dit Kerry, joyeusement.

Dar soupira. " Kerry… c'est un beau geste, mais ça va juste causer des ennuis à tout le monde ", dit-elle à sa compagne.

" Dar, je ne leur ai pas demandé de le faire ", dit Kerry. " Je ne pense pas que tu réalises bien combien ces gens te respectent… Maria a donné sa démission, il y en a dix autres en attente, incluant celle de Mark et le Personnel a été bombardé de lettres officielles d'accusations contre Fabricini, allant du vol à la tentative de viol. "

" Oh ", murmura Dar.

" Et on a rayé sa voiture avec une clé. "

" Oh ", dit sur un ton différent.

" Et on a crevé ses pneus. "

" Ah… Kerry… "

" Et il n'a plus d'électricité, de téléphone, de gaz ni d'eau. "

" Kerry… " Sur un ton alarmé.

" Et ses cartes de crédits ont été annulées. "

" Hé ! "

" Son versement automatique a été détourné vers le fonds pour les Femmes et Enfants nécessiteux. "

" Kerry ! "

" Là, je blaguais. " Kerry gloussa.

" Allons… tu vas t'attirer un tas d'ennuis ", lui dit Dar, d'un ton ennuyé.

" Oui… et je suis parfaitement capable de gérer ça, Dar… je n'ai pas besoin que tu t'exposes pour moi ", répondit Kerry tout aussi sérieusement. " Ça m'a vraiment foutu en rogne que tu aies démissionné à cause de moi, tu le sais ? "

Elle n'avait rien à dire à ça.

" Dar ? "

" Oui ", répondit Dar calmement. " Je suis désolée… On dirait que j'ai réussi à foutre un beau merdier. " Elle regarda la mouette d'un air maussade. " Peut-être que j'aurais dû rester à la maison aujourd'hui. "

" Dar ? "

" Oui ? "

" Je t'aime. "

Un léger sourire remonta le coin des lèvres de Dar. " Je t'aime aussi. " Elle s'interrompit. " Désolée d'avoir réagi aussi vivement. "

" Excuses acceptées, si tu peux me pardonner à l'avance d'avoir essayé de te faire changer d'avis. "

Dar sourit un peu tristement. " Je ne pense pas avoir le choix maintenant, mon amour. "

Kerry gloussa.

" Pourquoi tu ris ? " demanda Dar avec curiosité.

" On se voit dans quelques minutes ", répliqua sa compagne. " Au revoir. "

Dar regarda le téléphone. " Qu'est-ce qu'elle a en tête ? " demanda-t-elle à Chino endormie, qui remua la queue.

 

 

Chapitre 32

 

Kerry ouvrit la porte et la referma derrière elle, elle entendit le bruit des pattes menues sur le carrelage et sourit lorsque Chino avança en se dandinant pour attaquer ses pieds. " Hé, mignonne… " Elle s'agenouilla et prit le chiot. " Ooh… tu grandis, hein ? Ça t'a fait plaisir d'avoir maman Dar à la maison aujourd'hui ? "

" Elle a découvert l'avocat de maman Kerry sur l'étagère du bas du réfrigérateur ", commenta Dar en s'appuyant sur le chambranle de la porte de la cuisine. " J'ai dû nettoyer du guacamole à des endroits intéressants. "

Kerry se mit à rire et massa l'estomac du chiot. " Ohhh… méchante fille. " Elle se leva et passa par-dessus Chino, puis elle déposa sa mallette et alla vers Dar, elle glissa les bras autour d'elle et l'étreignit. " Quelle journée pourrie. "

Dar lui rendit son étreinte. " J'aurais été d'accord avec toi jusqu'à il y a cinq secondes. " Elle ressentit un calme soulagement. " Ecoute… j'ai commandé des trucs au club… je me suis dit que ce n'était pas la bonne soirée pour cuisiner. "

" Mmmmmmm. " Kerry enfouit son visage dans le tissu léger du T-shirt en coton que Dar avait passé. " Tant que je peux manger juste ici, ça me va parfaitement. " Elle passa la main le long du côté de Dar puis l'étreignit de nouveau.

Dar se laissa baigner dans la chaleur, le chaos qui secouait ses intestins la laissant tranquille pour la première fois depuis le matin. Elle entoura la jeune femme de ses bras et enfouit son visage dans les doux cheveux blonds, se laissant aller à son besoin d'elle. " Je suis contente que tu ne sois plus en colère contre moi ", dit-elle doucement.

Kerry lui tapota le côté. " Je n'étais pas vraiment en colère… je veux dire que j'étais en colère contre ce qui se passait, mais… après tout, tu l'as fait pour moi, alors… comment est-ce que je pourrais être en colère, après tout ? " Elle pencha la tête en arrière et regarda Dar. " Et… hum… l'assistant de Mark a raconté quelques histoires horribles sur la prison de Dade County… il a l'air d'avoir pas mal d'histoires étonnantes de ce genre… et… hum… " Elle s'interrompit et expira. " Ce que j'essaye tant bien que mal de dire, c'est que je suis contente d'avoir échappé à cette expérience particulière. "

Dar sourit. " Je le suis aussi. " Elle posa ses avant-bras sur les épaules de Kerry. " Je n'avais pas prévu ça… mais quand j'ai entendu ce qu'il avait fait… " Elle secoua lentement la tête. " Je ne pouvais pas le laisser faire ça. "

Kerry passa la main dans les cheveux noirs de sa compagne. " Je sais mais… " Elle s'arrêta abruptement, et passa doucement les doigts sur le côté de la tête de Dar. " Hé… "

Dar tressaillit et recula un peu. " Aïe ! "

" Tu as toujours une bosse là. " Kerry persista et diminua la pression, elle passa simplement les doigts sur la bosse. " Ça te fait très mal ? "

Dar ferma les yeux brièvement puis les rouvrit. " Ça fait mal, un peu ", admit-elle. " Comme la jambe… une sorte de gêne un peu douloureuse. "

Kerry s'approcha pour regarder ses yeux. " Dar, viens à la fenêtre un instant. " Elle attendit que la jeune femme brune obéisse, puis elle se mit sur la pointe des pieds et regarda les iris bleu clair. " Ferme les yeux. " Dar obéit. " OK, ouvre-les. " Elle releva les cils. " Dar, ta pupille réagit différemment de ce côté. "

" Mm. " Dar hocha la tête d'un air désinvolte. " Ouais… je me suis dit que j'avais dû prendre quelque chose là-dedans. "

Kerry prit son visage entre ses mains. " Je pense que tu devrais montrer ça à un médecin ", dit-elle d'un ton ferme, en regardant de plus près lorsque Dar commença à protester. " Dar, tu t'es conduite bizarrement depuis que ça s'est produit. "

" Quoi ? " Elle fronça ses sourcils bruns. " Qu'est-ce que tu veux dire par-là ? "

Kerry soupira, ne sachant pas comment l'expliquer. " Tu étais juste différente… je pensais que c'était le voyage d'abord, mais lorsque nous sommes rentrées, tu n'étais pas… je ne sais pas… tu n'étais pas toi-même. "

Dar y réfléchit puis haussa les épaules. " Je me sens bien… ", objecta-t-elle. " J'étais un peu à plat, mais… " Elle remua la main. " Les deux derniers jours ont été rudes. "

" Viens là. " Kerry lui prit la main et glissa un bras autour de Dar pour la soutenir, et elle l'aida à boiter jusqu'au divan où elles s'assirent. Elle prit les mains de Dar entre les siennes, fixant son amie qui la regarda à son tour avec des yeux ouverts, presque anxieux. " Tu me fais confiance, Dar ? "

Les yeux s'écarquillèrent légèrement. " Bien sûr… pourquoi ? "

" S'il te plaît, appelons le Dr Steve ", demanda tranquillement Kerry. " Je me sentirais bien mieux s'il jetait un coup d'œil pour dire que tout va bien. "

Dar l'étudia, intriguée. " Mais… " Kerry était sérieuse, elle pouvait le voir. Et pour dire la vérité, le mal de crâne lancinant commençait à l'agacer. " Très bien. " Elle haussa légèrement les épaules. " Ça me paraît être une perte de temps pour un petit coup sur la tête, mais si ça peut te rassurer… "

 

 

Chapitre 33

 

Kerry serra les mains et étudia le sol carrelé péniblement propre dans la salle d'attente de l'hôpital Mount Sinaï sur la plage. Leur course au cabinet du Dr Steve avait résulté en une demande de sa part pour une tomographie, malgré les protestations véhémentes de Dar, et il avait fallu son considérable pouvoir de persuasion pour que sa compagne accepte d'y aller.

Elle soupira, ses doigts tiraient sur un fil de son pantalon. Dar était là-dedans depuis une heure et elle commençait à s'inquiéter. Est-ce qu'il fallait si longtemps ? Qu'est-ce qu'ils faisaient donc… ou bien est-ce que Dar se débattait, et que du coup ça prenait une éternité ?

Des bruits de pas légers lui firent lever les yeux de sa veille solitaire, après des heures passées à l'extérieur de la salle de radiographie. Une haute silhouette venait vers elle, avec un pas bondissant et étrangement familier. La silhouette portait un sweat-shirt avec une capuche, et bien que Kerry ne l'ait vu qu'une fois, elle le reconnut immédiatement. Elle se leva et fit un pas en avant, s'arrêtant lorsqu'il leva la main.

" Hé, jeune dame. " La voix rauque traîna alors qu'il s'approchait.

" M. Roberts ", murmura Kerry. " Dieu, que je suis contente de vous voir. " Elle l'étreignit impulsivement. " Dar est là-dedans et on lui examine la tête. "

Il répondit à sa manifestation physique d'un air embarrassé. " L'était temps… ", blagua-t-il faiblement. " Pourquoi elle est là la petite morveuse ? " Il regarda autour de lui et s'assit près d'elle. " Je suis venu chercher des médicaments… je vous ai vues venir par ici. "

Kerry le lui dit. " Et j'ai aussi payé de ma personne. " Elle leva la main. " Je trouvais qu'elle se comportait un peu bizarrement… elle a démissionné aujourd'hui. "

Le choc le fit tousser. " Bizarre ? C'est plus que bizarre, petite fille… Ma digne progéniture est plutôt remuée la cervelle, oui… qu'est-ce qu'on lui fait ? "

Elle soupira. " Je ne sais pas… ils sont là-dedans depuis une éternité… elle est sans doute en train de piquer une crise. " Elle entoura sa main striée de cicatrices de la sienne. " J'espère qu'elle va bien. "

" Hé, hé là… faut bien plus qu'un coup sur la tête pour embrouiller ma gamine, j'te le dis. " la rassura Andrew Roberts d'un air embarrassé. " Ah… " Il s'éclaircit la voix. " Tu l'aimes vraiment beaucoup, hein ? "

Kerry cligna des yeux en le regardant. " Oui vraiment ", dit-elle dans un soupir. " Elle représente tout pour moi. "

Les yeux aussi bleus que ceux de Dar l'étudièrent. " C'est bien… c'est vraiment bien… ne t'inquiète pas, elle ira bien. " Il s'interrompit. " Qu'est-ce qu'on lui fait ? "

" Une tomographie ", lui dit Kerry.

" Oh merde. " Andrew joua avec les cordes de son sweat-shirt. " Quand elle était gamine, elle est tombée du toit de la foutue maison… nous avons eu peur qu'elle se soit cassé le cou, ou le dos ou un truc comme ça… on l'a emmenée sanglée sur une planche et quand ils sont arrivés à ce foutu hôpital, ils l'ont immobilisée avec des attelles et tout ce bazar. "

Kerry hocha la tête. " Pour l'empêcher de bouger, bien sûr… "

" Ouais, et ben… ça a été du boulot… ils l'ont gardée attachée comme ça pendant… bon sang, au moins seize heures… elle en était presque folle… elle a failli arracher la maudite planche pour se libérer. " Il secoua la tête. " Depuis, elle déteste les hôpitaux. "

" Oh. " Kerry sentit qu'une petite pièce du puzzle se mettait en place. " Oui… ça veut tout dire, je pense. " Elle se mordilla la lèvre. " Elle avait quelque chose ? "

" Nan. " Il renifla. " Cette foutue gamine était faite à moitié d'acier et à moitié de caoutchouc. "

Kerry sourit légèrement puis se tourna vers lui, cherchant ses yeux dans le visage marqué. " Elle vous aime vraiment beaucoup, vous savez. "

Ses épaules s'affaissèrent et il soupira. " Ouais, je sais… c'est ma gamine… je l'aime aussi. "

Kerry étudia le carrelage. " Vous avez l'air de considérer normal que les parents aiment leurs enfants. "

Il allait lui répondre quand la porte s'ouvrit brusquement et qu'une infirmière passa la tête. " Ms Stuart ? "

Kerry se leva. " C'est moi. " Elle s'avança en réponse à son signe puis se tourna à demi pour dire à Andrew de la rejoindre.

Mais il était parti. Kerry soupira et alla vers la femme. " Oui ? "

" Le docteur veut vous parler… ensuite vous pourrez voir votre amie ", lui dit la femme. " Venez par ici. "

Le Dr Steve était dans la petite salle d'examen, dont un mur servait à regarder les radios et les autres clichés, mais il y avait aussi des écrans qui montraient les résultats du scanner. Il examinait l'un d'eux avec un autre homme et il leva les yeux quand Kerry entra. " Ah… Ms Kerry… bien… bien… " Il lui fit signe d'avancer.

" Bonjour. " Kerry s'arrêta et regarda le scanner par-dessus son épaule. Ça ne lui disait rien, juste une grande bulle avec des bulles plus claires au centre. " Alors… quel est le scoop ? " dit-elle dans un soupir. " Comment va Dar ? "

" Ah. " Le Dr Steve s'éclaircit la voix. " Nous avons dû lui donner un petit sédatif, mais elle se repose. " Il montra l'écran. " Alors… voilà le problème…. Ce petit coup a provoqué un afflux de fluide dans son crâne. " Il traça une petit zone semi-circulaire. " Il appuie sur son cerveau et lui rend les choses un peu floues pour l'instant. "

" Oh. " Kerry mit les mains sous ses bras. " Alors… qu'est-ce qu'on peut faire ? "

" Et bien, deux choses… nous pouvons le laisser diminuer de lui-même, ce qui, j'ajouterai, semble être le cas… vous voyez ici ? " Il traça une ligne fine et gris foncé. " Il était plus gros… et maintenant il a rétréci. " Il l'étudia. " Ou bien nous pouvons couper ici et retirer le truc. "

Kerry cligna des yeux. " Ce n'est pas dangereux ? "

" Ma chérie. " Le Dr Steve lui prit les mains. " Tout est dangereux dès qu'il s'agit de la caboche, vous comprenez ? Tout ce qui met la pagaille dans la matière grise peut causer toutes sortes de problèmes… de la paralysie, des problèmes d'équilibre, la perte de langage… c'est très délicat. "

Kerry devait avoir l'air terrifié parce qu'il relâcha ses mains pour entourer son visage. " Hé… oh… oh… on n'a affaire à rien de tout ça ici. " Il la rassura hâtivement. " Doucement… elle va bien, et je pense qu'elle va continuer à aller bien, mais, et je dis bien mais, il faudra que vous la persuadiez de rester au lit quelques jours, jusqu'à ce que ça passe. " Il la regarda. " Pas de boulot, Kerry… elle a besoin de rester au calme et de ne pas faire augmenter sa tension, ou ce genre de chose. "

Kerry inspira. " Pourriez-vous la garder ici ? C'est difficile de la garder tranquille à la maison. " Ceci changeait ses plans. Maintenant elle savait qu'elle devait retourner au bureau, et faire en sorte que les choses aillent bien jusqu'à ce que Dar se sente mieux. Elle avait espéré qu'un jour ou deux de grève ferait… et bien… il fallait qu'elle s'en arrange. " Si elle reste ici, elle n'aura pas le choix. "

Il soupira. " Je pourrais… mais je pense que ça lui causerait plus de stress que de la renvoyer chez elle… elle a un vrai problème avec les hôpitaux. "

" Je sais. " La jeune blonde hocha la tête. " D'accord… je m'arrangerai pour qu'elle se tienne tranquille ", promit-elle. " Je peux la voir ? "

Le Dr Steve hocha la tête. " Bien sûr… je veux juste que l'action du sédatif diminue avant qu'elle ne parte… ça va prendre vingt ou trente minutes. " Il indiqua un endroit. " Elle est là. "

Kerry serra son bras puis passa les portes automatiques qui menaient à une petite antichambre, où elle repéra sa compagne allongée sur un lit de transport étroit. Elle se tint là pendant un moment, à simplement la regarder, puis elle s'avança et prit la main de Dar dans les siennes et la frotta. " Hé ! "

Les yeux bleus voilés s'ouvrirent lentement, et se tournèrent vers elle. " Oh… hé ! " Dar parvint à sortir les mots. " Ils ont dû m'assommer sérieusement avec un truc ", murmura-t-elle. " Je peux partir maintenant ? "

" Dans quelques minutes ", lui dit Kerry doucement. " Tu as un coup aussi bien à l'intérieur du crâne qu'à l'extérieur. "

Dar prit une minute pour digérer l'information. " C'est grave ? "

" Mm… non… je ne pense pas… le Dr Steve a dit que tu devais simplement te reposer quelques jours… il va te laisser partir mais tu dois promettre d'être gentille, et de ne pas forcer. "

" C'est pas le bon moment. " Un sourire léger et désabusé passa sur le visage de Dar.

" Je pense au contraire que c'est vraiment le bon moment ", dit Kerry. " Il a parlé d'une semaine… cela devrait amplement donner le temps à la compagnie de se rendre vraiment compte de ce que tu fais pour elle. " Elle s'interrompit. " Et pourquoi ils ne peuvent pas se passer de toi."

Dar secoua légèrement la tête. " Personne n'est irremplaçable, Kerry. "

" Ils peuvent mettre quelqu'un dans ce bureau mais ils ne pourront jamais te remplacer, et nous le savons toutes les deux ", rétorqua Kerry en caressant la joue de Dar, puis elle repoussa les cheveux en désordre de son front. " Et je pense qu'une partie de toi aime vraiment ce travail, n'est-ce pas ? " Elle regarda Dar baisser les yeux. " Ne renonce pas à ça, Dar… nous allons arranger les choses… Les n'a pas encore validé ta démission. "

Les yeux bleus clignèrent lentement. " Comment le sais-tu ? "

Kerry sourit. " Parce qu'il me l'a dit… il veut avoir l'occasion de te parler d'abord. Il vient ici. " Elle continua à la caresser doucement. " Il m'a dit que tu étais le cœur de la compagnie et une de ses employées les plus précieuses, et qu'il serait idiot de rester simplement là à te regarder partir. "

" Tu lui as parlé ? " Dar essaya de ne pas avoir l'air trop flattée de ce compliment, mais elle ne put s'empêcher de sourire légèrement.

" Oh oui … je l'ai appelé et je lui ai crié dessus pendant au moins quinze minutes, en fait ", lui dit Kerry. " Je lui ai dit que José et Eléanor étaient des porcs, et ce que je pensais de Steve, et aussi ce qui s'est passé ce week-end, que c'était un miracle que tu ne l'aies pas enterré et laissé là, et que j'avais tout fichu en l'air parce que je ne savais pas me retenir. "

Dar la fixa simplement, sans voix.

" Et que je serais maudite si tu devais démissionner par ma faute ", continua Kerry. " Que ce n'était pas juste. "

Dar bougea plusieurs fois la mâchoire avant qu'un son ne sorte. " Qu'est-ce qu'il a dit ? "

Le front de Kerry s'agrandit. " Je ne suis pas sûre de savoir si c'est un compliment ou une insulte, mais il a dit qu'on formait une équipe parfaite. "

Un sourire élargir lentement le visage de Dar, et elle commença à rire doucement. " C'était un compliment. " Elle rassura la jeune blonde. " Kerry, tu es stupéfiante. "

" Non, pas du tout… j'étais juste furieuse. " Elle soupira. " J'étais en colère et frustrée, et je me fichais pas mal de ce qui arrivait… je veux dire que j'allais démissionner de toutes façons, alors je me suis dit que je pourrais aussi bien péter les plombs pendant que j'étais toujours employée. " Elle leva les yeux et regarda par les petites vitres carrées dans les portes qui menaient à l'extérieur de la petite pièce. " Oh… " Elle déroula son index vers la vitre. " Je me demandais par où il était parti. "

" Qui ? " Dar s'assit à demi puis elle se laissa retomber lorsqu'elle reconnut la silhouette capuchonnée qui se glissa dans la pièce. " Papa… "

" Shh… Shh… oui… hé, Dardar… " Andrew Roberts s'avança et lui ébouriffa doucement les cheveux. " Ces maudites infirmières traînent par ici… elles n'ont jamais de pause-café ou quoi ? "

Kerry observa le visage de Dar pendant qu'elle regardait l'homme de haute taille d'un air hébété. " Hé… M. Roberts, pourquoi ne pas revenir avec nous… et nous rendre un peu visite ? ", proposa-t-elle, en voyant une étincelle d'envie passer dans les yeux bleu clair de sa compagne. " C'est en sécurité et vraiment intime là-bas. "

" Papa… oui… juste une heure ou deux… nous pourrions rattraper le temps perdu ", ajouta Dar sur un ton d'urgence. " J'aimerais vraiment ça… et Kerry a raison… c'est intime là-bas. "

" Ah. " Andrew grogna doucement, en jetant un coup d'œil alentour. " Je le sais… j'y suis allé deux fois, pour m'assurer que tout allait bien pour toi. "

" Mais… " Kerry eut l'air confus.

" Bon sang, Dar… tu ne lui as pas dit que j'étais un SEAL ? " dit-il d'une voix rauque en hésitant pendant un moment perceptible.

" S'il te plaît ? " demanda-t-elle simplement.

Il regarda de nouveau autour de lui. " Très bien… je vous retrouve en bas… mais juste un moment… je ne… " Il s'interrompit. " Je ne reste nulle part longtemps. " Il serra la main de Dar avant de la relâcher. " Il faut que je m'assure que tu rentres bien à la maison… avec tes petits œufs brouillés là-dedans, Dardar. "

Dar sourit un peu en entendant le surnom. " Merci… tout le monde a l'air de vouloir prendre soin de moi aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi. " Elle leva un sourcil en direction de Kerry, qui lui tira la langue de manière impudente.

" Hé, attention à cette langue avant d'la perdre, jeune dame. " Andrew la réprimanda. " Très bien… je vous retrouve en bas près de l'entrée des ambulances. " Il tapota l'épaule de Dar et se glissa au-dehors, en regardant des deux côtés avant de laisser les portes à battants se refermer derrière lui.

Kerry croisa les bras. " Il est vraiment mignon ", dit-elle à Dar, qui s'asseyait avec précaution.

" Ouh… qu'il ne t'entende pas ", répliqua Dar en se frottant le front. " Il va faire une crise… tu vas démolir son image. "

Kerry gloussa et mit la main sur sa hanche. " Bon… " Elle traîna la voix. " Les chiens ne font pas des chats, n'est-ce pas, Dar ? "

Dar lui lança un regard de dessous ses sourcils sombres et bas, puis elle commença à rire. " Non… non, c'est vrai ", rétorqua-t-elle d'un air penaud. " On peut sortir maintenant ? "

Elles rejoignirent le père de Dar là où il l'avait dit et il se glissa rapidement sur le siège arrière de la Lexus, en fermant la porte derrière lui. " Damnation. "

" Quoi ? " demanda Dar en se retournant à moitié dans le siège du passager.

" J'ai vécu dans des endroits qui étaient plus petits que ce foutu truc ", grogna Andrew. " Il y a une douche aussi ? " Il étendit ses longues jambes et s'appuya contre la porte, en entourant le siège de Dar d'une main. " Tu as reçu ça de May ? "

Dar s'éclaircit la voix. " Non… je l'ai achetée ", admit-elle. " C'était une sorte de compromis entre ce que je voulais et ce que la compagnie s'attendait à me voir conduire. "

" Oui. " Il grogna. " Et qu'est-ce qu'ils te font faire maintenant ? " Il s'interrompit. " Ou te faisaient faire… la pt'ite kumquat-là dit que tu as démissionné aujourd'hui ? "

Kerry faillit entrer dans un arbre. " Comment vous m'avez appelée ? " demanda-t-elle d'une voix étonnée.

" C'est un fruit d'ici, Kerry ", la rassura Dar. " Une sorte d'orange ovale miniature. " Elle regarda son père d'un air spéculatif. " Quand à ce que je fais… ou faisais… " Elle haussa les épaules. " J'étais impliquée dans des opérations. "

Kerry se mit à rire. " Des châtaignes qui grillent sur le feu… ", chanta-t-elle mélodieusement.

" Kerry. " Dar lui lança un regard.

La jeune blonde monta sur le ferry et se gara, puis elle se tourna à demi pour regarder Andrew. " Elle est la directrice en titre des Opérations ", lui dit-elle. " Et le P.D.G. de la compagnie est en route pour la supplier de rester. "

" Eh Eh… " Andrew frappa le bras de sa fille. " Petite tête de lard… je savais que tu botterais quelques culs où que tu atterrisses. "

Dar soupira.

Kerry se contenta de sourire, contente de voir une petite étincelle revenir dans les yeux si bleus de Dar.

 

 

Chapitre 34

 

" Jésus sur la croix… à quoi elle pensait donc cette sacrée bonne femme ? " Andrew jeta un coup d'œil à l'appartement. " La dernière fois que j'ai vu autant de marbre, c'était dans un foutu mausolée. " Il fit quelques pas et regarda les paysages sidéraux. " Je parie que c'est pas à elle. " Il se retourna pour regarder Dar traverser le séjour avec ses béquilles et s'effondrer sur le divan. " T'es fatiguée, petite peste ? "

Dar soupira. " La journée a été sacrément longue. " Elle s'installa au fond du divan et leva les yeux alors que Kerry revenait avec une Chino remuante. " Hé… "

Kerry laissa partir le chiot qui grimpa à la jambe de Dar en piaillant et en couinant jusqu'à ce que la jeune femme brune la soulève. " Très bien… très bien… "

Andrew la regarda, avec sa capuche qui bougeait en même temps que sa tête. " Tu as fini par avoir un chien, hein ? "

Dar essayait vainement d'empêcher Chino de lui lécher l'intérieur de la bouche. " Elle est à Kerry ", marmonna-t-elle.

" Oh sûr, je vois ça ", grogna son père. " Je sais que tu en as toujours voulu. " Il s'assit sur la bergère en tapotant la surface. " C'est sacrément sympa ça, petite peste… je suis content que tu aies trouvé un endroit agréable pour te poser. "

Kerry était allée dans la cuisine et elle revenait avec le téléphone portable. " M. Roberts, est-ce que je vous offre quelque chose à manger ? Nous avions commandé quelque chose avant d'aller à l'hôpital. "

Les yeux bleus encadrés par la capuche vert forêt se concentrèrent sur elle. " Et à qui bon sang de bonsoir es-tu en train de parler, kumquat ? "

Kerry cligna des yeux. " Hum… à vous ? "

" Il n'y a personne du nom de M. Roberts ici ", lui dit-il. " C'est soit Commandant Roberts, ou Andy, ou ducon. " Il s'interrompit. " Choisis. "

Dar gloussa à l'expression de Kerry.

Mais la jeune blonde se ressaisit. " Que pensez-vous de Papa ? " Elle contre-attaqua tranquillement, en croisant son regard avec une douce acceptation.

C'était maintenant le tour d'Andrew de cligner des yeux. Il se tourna vers sa fille. " Elle a du cran, non ? " Il était émerveillé. " Très bien, kumquat… ça me va. " Il soupira. " Et s'ils ont quelque chose de normal comme un hamburger, j'en veux bien un. "

Kerry lui sourit. " D'accord, Papa. " Ses yeux verts brillèrent. " Un hamburger, ça marche. "

" Hm. " Il grogna puis leva les yeux. " Ils ont de la glace ? " Perplexe, il fixa Kerry qui éclatait de rire, et devait se tenir à la chaise pour s'empêcher de tomber. " Qu'est-ce qui ne va pas chez elle ? " demanda-t-il d'un ton plaintif.

Dar se contenta de secouer la tête.

 

 

Chapitre 35

 

Kerry se réveilla avant que le réveil ne sonne, et elle tendit le bras avec précaution pour arrêter l'alarme avant de se retourner à demi et de regarder sa compagne. Dar avait normalement besoin de peu de sommeil, mais ce matin-là, elle était profondément endormie, le visage complètement détendu et inexpressif. Cela avait été la même chose la veille et Kerry se demandait si sa blessure avait quelque chose à y voir.

Bon, Kerry avait quelques minutes devant elle, aussi elle se permit de simplement regarder Dar sommeiller paisiblement, le visage légèrement marqué dans la lueur matinale de l'aube, avec juste un léger mouvement irrégulier sur la peau douce et bronzée. Kerry enroula nonchalamment une mèche de cheveux noirs autour de ses doigts et l'effleura de ses lèvres, absorbant la paix du moment. Il lui était difficile de remuer et elle lutta contre l'envie de rester au côté de Dar, et d'envoyer la compagnie au diable.

Elle finit par soupirer et descendre prudemment du lit, remontant la couverture sur le corps de Dar avant d'aller dans le séjour à petits pas, puis vers sa chambre à l'étage. Elle s'arrêta net lorsqu'elle manqua de percuter une silhouette assise sur le sol. " Oh. "

" Hé, salut kumquat ", dit Andrew Roberts à voix basse. Chino était entre ses genoux et il jouait avec elle, le chiot ravi se mettant sur le dos pendant qu'il lui grattait le ventre. " Je pensais partir tôt avec toi. "

Ils avaient dîné la veille et Kerry avait renseigné le père de Dar sur ce qui s'était passé, et minuit était arrivé, alors il s'était couché à contrecœur, dans une chambre d'amis à l'étage.

Elle s'était brièvement demandée où il résidait d'habitude. Il ne semblait pas avoir de domicile fixe, pas qu'il leur ait mentionné, du moins, comme s'il vivait dans les ombres, apparaissant à intervalles irréguliers pour croiser leurs vies inopinément.

Kerry savait que Dar voulait lui demander de rester un moment. Elle pouvait le lire sur le visage de sa compagne, et dans l'expression nostalgique lorsqu'elle regardait son père, mais elle garda le silence, comme si elle craignait de le pousser et qu'il disparaisse de nouveau. Bon. Kerry regarda la silhouette floue devant elle. Peut-être que je peux arranger ça.

Elle s'installa les jambes croisées sur le carrelage froid près de lui, et repoussa ses cheveux derrière son oreille d'un air absent. " Hum… je suppose que je ne peux pas te convaincre de rester ici aujourd'hui, hein ? "

Il leva les yeux et se renfrogna. " Nan, allons Kerry… ça été agréable hier soir mais il faut que j'y aille… et je… " Il s'arrêta, cloué par les doux yeux verts. " Pourquoi ? " demanda-t-il avec prudence.

La jeune femme blonde soupira. " Et bien… il faut que j'aille travailler ", déclara-t-elle tranquillement. " Je n'en ai pas envie… ça va être le bazar, et je ne suis pas sûre de pouvoir gérer tout ça, mais il le faut. "

" Mouais. "

" Et si je laisse Dar toute seule ici, elle va devenir folle entre s'ennuyer et se demander ce qui se passe ", continua Kerry. " Et ce n'est pas bon pour elle… le docteur a dit qu'elle ne devait pas s'inquiéter. "

" Mouais. "

" Et je serai au bord de la crise de nerfs toute la journée, à me demander ce qu'elle devient. " Elle dit cela d'une voix douce. " Mais si tu restes là, elle ne s'ennuiera pas, et je n'aurai pas à m'inquiéter. " Kerry termina avec les yeux posés sur lui dans une prière silencieuse.

" T'as déjà pensé à faire de la diplomatie, ma jeune dame ? " demanda Andrew Robert d'un air ironique.

" C'est la vérité… je veux dire que tu connais Dar mieux que moi… n'est-ce pas ? " répliqua Kerry sur un ton raisonnable.

Il baissa les yeux vers ses mains, les coins de sa capuche cachant son visage dévasté. " Très bien ", répondit-il finalement, à contrecœur. " Je vais faire du baby-sitting pour toi. "

Kerry lui serra la main. " Merci… je ne serai pas partie toute la journée… promis. "

" Ouaip… c'est une bonne idée… tu ne sais pas dans quel merdier ma gamine et moi on peut se fourrer si on s'y met ", l'avertit Andrew.

" Hmm. " Les yeux de Kerry se plissèrent lorsqu'elle sourit. " Je garderai ça en tête. "

Il hocha la tête et chatouilla le chiot. " Elle est mignonne ", dit-il.

" Mm… oui, c'est sûr ", répondit Kerry. " Je pense qu'elle t'aime bien. " Elle rit doucement lorsque le chiot se tortilla contre son pied.

Il lui jeta un regard renfrogné. " Tu ne dois pas t'habiller pour aller là-bas, ou bien tu travailles en pyjama ? "

Kerry se leva et lui sourit. " J'ai compris l'allusion. " Elle trotta vers l'escalier, essayant de se préparer mentalement pour la journée à venir.

 

 

Chapitre 36

 

Une main posée sur son épaule. Dar sentit la secousse mais son corps refusa de bouger.

" Dar. "

Une partie de son cerveau reconnut la voix profonde et rauque, mais il y avait toujours un voile sombre et lourd sur sa conscience et elle combattit le désir de glisser de nouveau dans la paix et l'oubli.

" Paladar, bouge tes fesses ou j'y mets la main. "

Oh, oh. Un œil bleu s'ouvrit d'étonnement et le regarda, puis le suivant le rejoignit alors que Dar roulait à demi sur le dos, le cœur pompant dans un rythme erratique. " Papa ? " Elle s'éclaircit la voix enrouée, et se frotta les yeux, essayant de repousser le brouillard. " Qu… "

" Allons… il est plus de dix heures et j'ai nettoyé chaque centimètre de cet endroit. " Andrew tendit la main et lui releva doucement le menton, regardant son visage avec attention. " Ce maudit truc qu'il t'a donné t'a retournée. "

Dar sentit ses pensées s'enfuir et elle prit plusieurs inspirations profondes. " Tu crois ? "

" Ouaip… ça me fait la même chose ", lui dit son père. " J'ai jamais pu supporter les médicaments. " Il lui tapota doucement la joue. " Allez, p'tite morveuse… je vais te nourrir de beignets et de café. "

" Qu… d'accord. " La jeune femme brune lutta pour s'asseoir. " Qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais que tu allais filer ce matin… "

Andrew s'assit sur le bord du lit à eau et croisa les bras sur sa poitrine. " J'allais le faire… jusqu'à ce que ton petit kumquat ne tourne ses jolis yeux vers moi et me demande de rester un moment. " Il grogna. " Sacrée enjôleuse. "

Dar sourit un peu en étouffant un bâillement. " Oui… et bien, elle a le même effet sur moi. Que ça ne te mette pas mal à l'aise. "

Son père gloussa doucement.

Dar sentit un sourire se déployer sur son visage. " Très bien… allons me passer un peu d'eau sur la tête… " Elle balança les jambes hors du lit et tendit la main vers la genouillère. " Quel truc idiot… "

" Tiens… donne-moi ça. " Andrew prit la genouillère et la fit glisser avec des mains expertes. " Je pense que je me souviens comment on fait, vu que j'ai passé la moitié de ta foutue jeunesse à te poser des pansements. " Il ajusta les lanières.

Dar se pencha en arrière et l'observa. " C'est pratiquement dégonflé… au moins, ça marche. " Elle soupira en levant sa jambe quand il eut fini pour se mettre debout. " Merci. " Elle se leva et ressentit une vague d'étourdissement la traverser. " Bon sang… "

" Oh merde. " Andrew la rattrapa rapidement. " Accroche-toi… " Il mit son bras autour d'elle et la souleva, la berçant comme une enfant " Très bien… doucement, p'tite morveuse. "

Dar cligna des yeux alors qu'elle reprenait ses esprits, et elle inspira brusquement. " OK… je vais bien. " Elle se frotta les temps avec irritation. " Tu peux me reposer. "

Son père grogna. " Ouais, ouais… " Il sortit de la chambre en ignorant ses protestations, et la posa finalement sur le divan. " Arrête ton char, tu veux ? J'ai porté des trucs bien plus lourds que toi et bien plus loin qu'ça ", lui rappela-t-il. " Tu te souviens de Moose ? "

Dar s'installa dans le divan et retint sa respiration. " Oui… bien sûr… pour moi c'était un extraterrestre… je n'ai jamais vu un être humain manger autant que lui. "

" Ouais, bon… j'ai dû transporter ses fesses sur quatre kilomètres il y a quelques années… bon sang, ça a failli me tuer. Je lui ai fait manger des barres de céréales pendant trois mois après ça. " Il s'assit près d'elle et lui tapota la cuisse. " Alors tu me lâches. "

Dar sourit de nouveau et passa les mains dans ses cheveux. " Très bien. " Elle capitula. " Mon Dieu… quelle heure est-il ? Je me demande ce que fait Kerry… je ferais mieux de… "

" Ah, ah… " Son père remua une main couverte de cicatrices dans sa direction. " Elle a appelé il y a environ une heure… elle a dit, et je cite 'c'est merdique, mais je survis'. "

La jeune femme brune hocha lentement la tête. " Bon sang. " Elle mâchouilla sa lèvre. " Comme j'aimerais qu'elle n'ait pas à faire ça. "

" Refroidis les moteurs, pt'ite morveuse… c'est une sacrée petite débrouillarde que tu as là… elle va s'en sortir ", lui dit Andrew. " Je vais te faire avaler des œufs et des 'palets de hockey'. " Il se leva. " Pose tes fesses par ici, je te les apporte. "

Dar étouffa un bâillement et hocha la tête, en fixant pensivement la table pendant qu'il disparaissait.

 

 

Chapitre 37

 

Kerry avait l'impression de porter une énorme cible rouge, blanche et noire sur la poitrine lorsqu'elle entra dans le bâtiment. Elle avait déjà mal à l'estomac avant même d'avoir atteint l'ascenseur. Elle fit un signe de tête nerveux au gardien au passage.

" Ms. Stuart ? " dit l'homme en se penchant un peu vers elle.

" Oui ? " Elle s'arrêta, se demandant s'il avait des ordres pour l'empêcher de passer.

Il fit le tour du bureau et s'approcha. " Est-ce que Ms Roberts va bien ? " Il frotta nerveusement les pieds, et jeta un coup d'œil alentour. " Je sais qu'habituellement vous arrivez ensemble, alors… "

Kerry lui sourit chaleureusement. " Elle va bien… merci de poser la question. " Elle le rassura. " Est-ce que quelqu'un du treizième est déjà arrivé ? "

Il savait bien ce qu'elle voulait savoir. " Non, madame… vous êtes la toute première. "

Kerry hocha la tête. " OK… merci… je vais dire à Dar que vous avez pris de ses nouvelles. " Ses yeux verts brillèrent. " Souhaitez-moi bonne chance pour aujourd'hui. "

Il se lécha les lèvres. " Est-ce que vous êtes… " Il laissa l'idée en suspens.

" Oh non. " Kerry secoua fermement la tête. " Mais quelqu'un doit tenir le cerceau pendant que les autres sautent au travers, vous savez ? " Elle savait que l'information serait lâchée en quelques minutes. " Dar me l'a demandé. "

Il hocha la tête. " Je vois. " Il fit une sorte de salut. " Bonne chance, madame. "

Kerry continua, voyageant dans une splendeur solitaire jusqu'à son étage avant de sortir dans un couloir très vide. Ses pas la conduisirent d'abord au bureau de Dar, et elle utilisa sa clé pour la première fois, pour entrer là où Maria était habituellement déjà au travail. La pièce extérieure était sombrement silencieuse, le bureau de la secrétaire était aussi net qu'une table d'opérations, mais il y manquait les objets personnels que Maria avait l'habitude d'y poser. Son cube de photos, par exemple, et le prisme intrigant qui envoyait de la lumière dans la pièce, cadeau de Dar.

Kerry se sentit irrationnellement triste à cette vue, et elle passa la main sur la surface en bois, retenant une vague de frustration. " Tout ça n'a pas de sens. " Elle prit le contenu du panier d'arrivée, puis alla dans l'autre bureau, où elle ressentit l'absence de sa compagne comme un souffle physique. Elle remarqua que Dar avait tout laissé en l'état, même les poissons étaient posés à l'abandon sur la surface lisse du bureau, la lumière en provenance de la fenêtre les saisissant en éclairs de bleu et de cramoisi. Kerry se rendit compte que la seule chose qu'elle avait prise, c'étaient les dauphins qu'elle lui avait donnés.

" Oh, Dar. " Kerry soupira et se sentit malade. Le portable était là, silencieux, un testament muet de l'abandon de sa propriétaire. Elle se demanda ce qui était passé par la tête de Dar lorsqu'elle l'avait laissé ? Il était le badge tangible de son bureau, il lui donnait accès au cœur de la compagnie. Lui donnait l'autorité qui maintenant, bien que brièvement, reposait dans les mains de Kerry. Elle ramassa également ce qu'il y avait dans la boîte d'arrivée de Dar avec un soupir et contourna le bureau, avant de se diriger vers l'entrée de son propre bureau.

Elle savait qu'elle pouvait démarrer l'ordinateur depuis le bureau de Dar et y travailler, mais elle n'avait pas l'intention d'envoyer ce message particulier. Elle avait même les mots de passe de Dar… l'expression ultime de la confiance de sa compagne, et si elle le voulait, elle pouvait arrêter tous les serveurs du monde avec les autorisations et l'accès suprême de Dar. Mais elle n'avait pas non plus l'intention d'envoyer ce message.

Elle entra dans son bureau et posa les papiers, elle démarra son ordinateur, puis attrapa sa tasse et se dirigea péniblement vers le couloir pour se chercher du café.

Elle avait le dos à la porte et ne voyait pas qui entrait, mais cela lui donna également un moment pour décider de sa réponse lorsque la nouvelle arrivante la salua.

" Kerry. " La voix de Mariana avait l'air très fatiguée.

La jeune blonde se retourna et prit une inspiration. " Salut. "

" Je ne m'attendais pas à te voir ", lui dit honnêtement la directrice du Personnel. " Comment va Dar ? "

Kerry prit une gorgée de son café. " Elle va bien… elle se calme à la maison. " Elle fit une pause. " Elle a essayé de t'appeler hier soir. "

L'autre femme soupira et s'appuya sur le mur. " Je suis sortie et je me suis soûlée ", admit Mariana. " J'ai vu son numéro sur l'affichage digital… j'allais la rappeler aujourd'hui. " Elle regarda Kerry. " Tu sais que Les retient sa démission. "

" Oui, je sais ", répondit tranquillement Kerry. " Je lui ai parlé. " Elle soupira. " Allons dans mon bureau un moment. " Elle suivit Mari dans la pièce et ferma la porte. " Ecoute… je ne sais pas ce qui va se passer… " commença-t-elle.

" Il vient ici, Kerry ", lui dit Mariana d'un air las. " Et il est très contrarié. "

" Je sais ", répondit Kerry. " Je lui ai parlé pendant près d'une heure hier… je lui ai tout raconté… au sujet de José… d'Eléanor… et de ce foutu salaud. " Elle s'assit au bord du bureau. " Et je lui ai dit que tout était de ma faute. "

" Ta faute ? " Mariana commença à se rapprocher. " Kerry, qu'est-ce que tu racontes ? Qu'est-ce que tu veux dire par 'c'est ta faute' ? "

" J'ai perdu les pédales. " La jeune blonde la fixa du regard. " J'ai… perdu… les pédales… Dar a passé tout ce temps sans céder à son harcèlement… pas un seul mot… et elle aurait pu lui coller une raclée ", dit-elle à Mari. " Et j'ai tout fichu en l'air… je l'ai fait parce que je n'ai pas pu garder mon sang-froid quand il m'a aiguillonnée. " Elle posa son café et se leva pour marcher. " Sans ça, il n'aurait rien, rien, Mari… même avec ces photos stupides, il n'a rien… mais avec ça… il en a assez pour… " Elle s'arrêta et s'appuya sur la vitre froide. " Il a frappé Dar à son seul point faible ", conclut-elle doucement. " Moi. "

Mariana s'assit lentement dans l'un des fauteuils de visiteurs. " Non. " Elle manifesta tranquillement son désaccord. " Oh, oui, je veux dire, bien sûr… tu as raison, mais il n'aurait jamais dû arriver aussi loin, Kerry. " Elle s'appuya sur ses coudes. " Dar avait raison… j'aurais dû arrêter ça. "

La jeune femme donnait l'impression d'avoir été renversée par un camion. Kerry soupira. " Bon, ça n'a pas de sens de pleurer sur le passé, comme on dit toujours. " Elle se retourna et regarda son courrier, en tressaillant à la vue de toutes les pages de messages marqués urgents. " Voyons ce qui va se passer quand Les arrivera… je sais qu'il considère Dar comme une employée de grande valeur. "

" Ça oui ", approuva Mariana. " Elle est intervenue pour lui un grand nombre de fois… elle est intervenue pour nous tous, et c'est pour ça que tout ce truc est si… dégoûtant. "

Kerry regarda ses mains, croisées sur le bureau. " Tu as dit que tu aurais dû l'arrêter… pourquoi ne l'as-tu pas fait ? "

L'autre femme regarda la moquette. " J'ai passé la moitié de la nuit à y réfléchir ", admit-elle. " Et je suis arrivée à la conclusion que nous étions tous si habitués à ce que Dar se charge des basses besognes… qu'elle prenne les coups et serve de cible que nous avons tous… " Elle s'interrompit. " C'était plus facile de rester en arrière et de la laisser l'affronter… je n'ai jamais pensé, même une minute, qu'il pourrait prendre le plus petit avantage sur elle… elle est tellement au-dessus de lui. "

Kerry hocha la tête, acceptant cette explication. " J'espérais que c'était le cas… ", dit-elle doucement. " J'espérais que tout le monde ne restait pas en arrière à la laisser tomber. " Elle leva les yeux à l'expression stupéfaite de Mariana. " Elle m'a dit un jour… que tous ceux à qui elle avait fait confiance dans le travail l'avaient laissée tomber… et hier soir, avant qu'on aille se coucher, elle m'a dit que si… si je voyais tout le monde… faire la fête ici… pour son départ, je ne devrais pas me sentir mal. "

Une légère expiration. " Kerry, je pense que tu sais que ce n'est pas vrai. " Mari écarta la main. " Il y a une douzaine de bureaux vides pour le prouver ", déclara-t-elle. " Tu as une division déchirée, le P.D.G. qui arrive par le premier avion… Duks n'a pas voulu venir aujourd'hui, bon sang… je ne suis venue que parce que je ne peux pas faire autrement… tout ce truc qui va éclabousser la porte, va faire exploser MA porte… pour l'amour de Dieu, la plupart des gens ne la détestent pas. "

" Je sais. " La jeune femme le reconnut doucement. " Mais, je présume… que les quelques-uns pour qui c'est le cas crient plus fort, on le dirait parfois. " Elle tourna un crayon dans ses mains. " Quand j'ai commencé… c'est tout ce que j'ai entendu pendant quelques semaines… quelle horrible garce elle était. "

Mariana tira sur sa lèvre inférieure.

" J'ai découvert moi-même à quel point ils se trompaient. " Kerry soupira. " Mais la plupart des gens n'ont pas cette occasion. "

" Elle ne rend pas les choses faciles ", déclara tranquillement Mari. " Elle garde tout le monde à distance, Kerry… même Duks et moi, et nous sommes amis depuis des années. " Elle soupira. " Même Mark… dont tout le monde sait qu'il est désespérément amoureux d'elle. "

Les lèvres de Kerry se tendirent dans un léger sourire. " Tu sais, je ne l'ai jamais vue comme ça, alors… je veux dire que je savais qu'elle avait un côté dur, parce que je l'ai tout de suite vu, mais il y avait toujours quelque chose… je ne sais pas… j'ai toujours vu en elle autre chose que la garce de base. "

" Et bien. " Mariana lui lança un regard désabusé. " Tu avais des circonstances atténuantes comme disent les juristes. " Elle pondéra cependant. " Mais je vois ce que tu veux dire… si ça doit bien se terminer, je pense que nous devrons changer notre mode de gestion… travailler en commun pour essayer de réduire un peu du stress et des disputes. "

Kerry l'accepta. " Et bien, nous verrons… et même si elle doit reconsidérer les choses, elle ne reviendra pas cette semaine. "

Mari fronça les sourcils. " Sa jambe va si mal ? Je pensais que… "

Kerry soupira et joua avec son crayon. " Non… j'ai dû l'emmener à l'hôpital hier soir… elle a une commotion… et un gonflement interne dans le cerveau ", dit-elle.

" Bon Dieu… est-ce qu'elle va bien ? " Mari était réellement inquiète. " Ça pourrait être… "

" Dangereux… ouais. " La jeune blonde hocha calmement la tête. " Elle va bien… elle prend bien les choses… quelqu'un lui tient compagnie. " Elle leva les yeux. " Alors… il n'y a que moi. Je n'ai pas de personnel de soutien, je n'ai pas son expérience, et si j'entends une once de connerie depuis l'autre côté du couloir, je sors d'ici. "

Mari se leva. " Je vais aller leur parler ", dit-elle calmement. " Je pense qu'ils seront tellement contents de te voir qu'ils ne piperont pas mot, mais je vais m'en assurer. "

Le téléphone de Kerry se mit à sonner et elle regarda le bandeau qui indiquait un appel transféré depuis le bureau de Dar. " C'est parti. " Elle appuya sur le bouton. " Opérations, Stuart. "

" Ici John Adams de Providence… nous avons une commande pour un nouveau circuit qui attend depuis une semaine… qu'est-ce qui se passe chez vous, bon sang ! "

Kerry soupira intérieurement en lançant un regard vers Mariana. " Un moment… quel est votre numéro de compte ? " Elle tapa un numéro et commença à travailler.

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