| 
  • If you are citizen of an European Union member nation, you may not use this service unless you are at least 16 years old.

  • You already know Dokkio is an AI-powered assistant to organize & manage your digital files & messages. Very soon, Dokkio will support Outlook as well as One Drive. Check it out today!

View
 

HURRICANE WATCH8

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Avis de tempête

Hurricane Watch

 

 

par Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

Pour les démentis, voir la première partie.

 

**********

Partie 8A

**********

Chapitre 73

 

Kerry ouvrit la porte avec la clé et entra, souriant en entendant le piaillement rauque depuis la pièce où était Chino lorsqu'elle alluma. " OK, ma chérie… attends. " Elle ouvrit la porte et laissa Dar passer près d'elle, puis elle ferma la porte et laissa tomber son portable sur le divan alors que Dar posait les valises sur le sol. " Je vais aller la sortir… et je prendrais bien un café… et toi ? "

 

" Ouais ", approuva Dar en se redressant. " Sale temps… on a dû tourner au-dessus de Tampa pendant une heure au moins ", dit-elle d'un ton plaintif, en se frottant la nuque. " Dieu merci, on avait des sièges à l'avant. " Elle mit son portable sur son épaule et alla vers son bureau, où elle alluma en laissant tomber la mallette sur le bureau avant d'aller de l'autre côté, d'allumer son ordinateur et de s'asseoir dans la chaise en cuir confortable avec un soupir. " Voyons… il est neuf heures… on est dimanche… il est à la maison. " Elle fit craquer ses phalanges, puis remua les doigts avant de numéroter sur son téléphone à haut-parleur .

 

Qui sonna une fois.

 

Puis deux.

 

Une voix en sortit. " Allô ? "

 

Dar sourit et leva les doigts. " Bonjour. "

 

Un silence momentané. " Oh… oh… bonjour Dar ! " Une pause. " Eh eh… alors… comment se sont passées vos petites vacances ? "

 

Dar le laissa attendre un tout petit peu. " Génial jusqu'à ce que j'attrape un maudit journal à l'aéroport il y a quelques heures ", grogna-t-elle d'un ton intimidant.

 

" Bon, Dar… " la voix de Les se fit apaisante. " Laissez-moi vous expliquer. "

 

" Expliquer ? ? ? " aboya Dar. " Non, non… c'était parfaitement clair… en noir sur blanc en fait. "

 

" Dar… Dar… écoutez-moi… " Les s'éclaircit la voix. " J'ai essayé de vous appeler… j'ai essayé votre bipeur… plusieurs fois… mais vous ne m'avez jamais répondu. "

 

" J'étais en vacances ", lui rappela la jeune femme brune. " Vous le saviez. " Elle leva les yeux à l'arrivée de Kerry, qui portait une tasse fumante, et portait un Tee-shirt court en coton, qui lui couvrait à peine les cuisses. Elle sourit à sa compagne, oubliant presque son interlocuteur.

 

" Très bien, bon… mais j'ai essayé de vous joindre, Dar… il fallait que je prenne une décision, et vous le savez, quand je dois y aller, j'y vais… je ne peux pas attendre que les choses se fassent toutes seules. " Il s'éclaircit la voix. " C'était le bon moment… il me fallait quelque chose pour bousculer tout ça… et ça a marché ! "

 

" Qu'est-ce qui a marché ? " Demanda Dar prenant la tasse d'une main tout en traçant de l'autre la courbe douce de la jambe musclée de Kerry.

 

" L'action est montée de cinq dollars, bon sang ! " Bredouilla Les . " Allons... Vous ne pouvez pas être aussi furieuse contre moi. " Il la gronda. " Bon sang, Dar... on dirait que je vous ai demandé de vous faire missionnaire... C'était une promotion, au cas où vous n'auriez pas saisi cette partie. "

 

" Et si je n'en voulais pas ? " Demanda doucement la jeune femme brune. " Je ne vais sûrement pas rappliquer à Plano, Les, alors oubliez ça. Trouvez un autre chien pour remuer la queue. "

 

Un silence.

 

" Les ? "

 

" Hmm ? ? Oh ... Désolé, Dar... J'étais en train de contempler l'image de vous remuant la queue. " Dit le P.D.G. joyeusement. " Bon sang... Je déménagerais à Miami pour voir ça... pas besoin de vous faire venir jusqu'ici."

 

Dar soupira. " Les… "

 

" Je sais… je sais… les règles de conduite… mais écoutez, Dar… je n'ai jamais pensé à vous faire venir ici… j'ai un bureau confortable et paisible… je n'ai pas besoin que l'Ouragan Dar débarque et fiche la pagaille… non… ce n'est pas pour ça que je l'ai fait. " Il s'interrompit. " J'ai juste pensé que ça rendrait les choses plus faciles ici… certains problèmes viennent de la mentalité du comité directeur… tout ce que j'ai fait, c'est de faire de vous un comité à vous toute seule."

 

" C'est beaucoup de responsabilités en plus. " Dar glissa légèrement sa main vers le haut, pinçant le bord du Tee-shirt, avant qu'on ne lui tape la main. Elle leva les yeux vers Kerry avec un sourire diabolique.

 

" Et bien… je vous ai augmentée. " Les parut insulté. " Je veux dire, bon sang, Dar… lâchez-moi un peu, vous voulez ? J'ai mis tout ce qui va avec le job dans le panier… même les clés des salles de bains des dirigeants. "

 

" A Plano ", fit remarquer Dar pince-sans-rire. " Super… c'est tout ce dont j'avais besoin… Les… on arrête les conneries, d'accord ? Ce n'est pas d'argent que je parle. "

 

Il soupira. " Je pensais que vous seriez flattée. "

 

" Ne pleurnichez pas ", lui dit Dar, d'un ton irrité. " Peut-être bien que j'aime bien être consultée avant, avant de le lire dans un Bon Dieu de journal ! " Elle leva les yeux alors que Kerry ouvrait la partie Entreprises du journal qu'elle avait pris à l'extérieur de l'appartement. " Oh merde. " Elle se couvrit les yeux.

 

" La photo est pas mal ", fit remarquer Kerry, diplomatiquement. " J'aime bien ta coiffure. "

 

" C'est Kerry ? " demanda Les d'un ton joyeux. " Salut vous ? "

 

" Bonjour, M. Rosenthal ", répondit Kerry. " Il y a un énorme article sur la première page de la rubrique Entreprises du lundi dans le Herald au sujet de Dar. " Elle tapota sa compagne, qui s'était couvert les yeux et gémissait sur son épaule. " Ça a l'air génial. "

 

Les gloussa. " Oh oui… ils nous ont appelé pour avoir un texte et une photo… je pense qu'on leur a donné celle du pique-nique de la compagnie de l'an dernier. " Il s'éclaircit la voix. " Alors, qu'est-ce que vous en pensez, Dar ? Je vous concède que j'aurais dû vous consulter, mais je ne pensais pas vraiment que ça vous ennuierait. "

 

Dar soupira et étudia ses mains. " Il me faut quelques jours pour y réfléchir, Les ", dit-elle au P.D.G., son regard croisant celui de Kerry. " Je vous ferai connaître ma position. "

 

" Dar, j'ai horreur d'attendre ", se plaignit le P.D.G. " En plus, qu'est-ce que je suis supposé annoncer au conseil d'administration ? "

 

Un léger rire, presque inaudible. " Dites-leur que je les emmerde ", répondit Dar d'une voix traînante. " Je vous donnerai ma réponse dans quelques jours, Les. " Elle s'interrompit. " Bonne nuit. " Elle appuya sur la touche de libération, puis prit une gorgée de son café, observant son ordinateur avec un silence pensif. " Je me demande de combien j'ai été augmentée ? "

 

Kerry passa les doigts dans les cheveux noirs, puis regarda le téléphone qui sonnait. Elle décrocha. " Allô ? "

 

Une voix basse et rauque répondit, provoquant un sourire. " Oh… bonjour… oui… oui, c'est votre fille dans le journal, c'est bien ça. " Elle regarda l'attitude entière de Dar changer lorsque ses mots firent leur chemin. " Tiens… dis bonjour. " Elle tendit le téléphone à sa compagne et lui embrassa la tête. " Je vais ranger mes affaires ", murmura-t-elle, puis elle sortit de la pièce.

 

Chino trotta à sa suite, léchant les os de l'en-cas que Kerry lui avait donné et essayant de lui attraper les jambes. " Hé… arrête ça. " Elle rit, tendant la main pour attraper l'animal, puis elle la porta jusqu'en haut. " Tu laisses maman toute seule un moment, d'accord ? Elle parle à son papa. "

 

" Woo ? " Chino bâilla dans sa direction. " Yeep. "

 

" Oui… je sais. " Kerry entra dans sa chambre, et posa le chiot sur le lit, puis elle s'assit, s'allongeant sur la surface douce en regardant le plafond. Chino se blottit à côté d'elle et elle caressa le chiot doucement tout en réfléchissant.

 

" Chino… j'ai vingt-sept ans ", dit-elle à l'animal. " je ne suis pas prête à être directeur de quelque chose de plus vital que l'association des co-propriétaires d'ici. "

 

" Yeep. " Chino relécha les côtes.

 

" Je veux dire, c'est ridicule… je ne peux pas faire son boulot ", discuta Kerry en remuant la main. " Je ne peux même pas imaginer… regarde ce qui s'est passé pendant un seul jour sans elle ? " Elle secoua la tête. " Je ne sais pas ce qu'elle pense faire en suggérant ça… elle veut juste être sympa, Chino… elle ne peut pas sérieusement penser que je peux le faire. "

 

Elle joua avec les oreilles du chiot. " Je ne peux pas le faire… je ne suis pas assez bonne, Chino. " Elle se sentit un peu triste. " Je ne suis pas à son niveau… même si elle dit qu'elle m'a mise là parce qu'elle le pensait… je ne le suis pas. "

 

" Ce n'est pas vrai. " La voix basse et vibrante lui parvint de la porte.

 

Kerry se senti momentanément confuse. " Dar…"

 

" Ce n'est pas vrai, Kerry. " Dar traversa la pièce et s'installa sur le lit. " Je sais que tu crois ça, parce que des connards t'ont dit que tu étais une incapable la moitié de ta vie, mais ce n'est pas vrai, bon sang. " Sa voix baissa avec la colère. " Et tu me dessers en pensant que j'ai mis quelqu'un sur un job sans croire à ses compétences. " Une pause. " Sans croire en elle. "

 

Kerry ne savait pas quoi répondre à ça, alors elle ferma simplement les yeux. Elles restèrent assises en silence pendant un moment, puis elle ouvrit les yeux. " Je ne peux pas le faire, Dar… ne me le demande pas, s'il te plaît. " Elle tendit la main et captura celle de sa compagne. " Toute ma vie, j'ai dû me battre pour que les gens croient que je gagnais ce que j'avais… je ne serai pas capable de bien me battre sur ce coup-là. "

 

" Mais… "

 

" Dar… " Kerry leva les yeux, nauséeuse. " Tu sais que c'est vrai… peu importe ce que j'ai fait, neuf personnes sur dix dans cette compagnie vont penser que j'ai eu le job parce qu'on est amantes. " Et je suis l'une des neuf… tu ne le comprends pas ? ajouta silencieusement sa conscience.

 

Les épaules de Dar s'affaissèrent, alors qu'elle soupirait de résignation. " Mais ce n'est pas vrai… je le jure, Kerry… je le jure… même si je ne connaissais pas ton prénom, mais que j'avais travaillé avec toi aussi dur… je le jure, j'ai fait le meilleur choix. " Elle se leva et alla vers la porte-fenêtre, l'ouvrant pour sortir sur le balcon léché par la brise, elle s'y appuya et fixa l'océan.

 

Le bruit léger des vagues se brisant parvint aux oreilles de Kerry, alors qu'elle était là allongée, incapable de trouver ne serait-ce que le fantôme d'un plan, un plan qui leur donnerait à toutes les deux ce qu'elles voulaient. Ou ne voulaient pas, en l'occurrence.

 

" D'accord. " Dar était revenue et se tenait dans l'encadrement de la porte, les bras croisés, la mâchoire bougeant légèrement alors qu'elle réfléchissait. " Que penses-tu de ça… "

 

" Dar… "

 

" Tu veux bien m'écouter, s'il te plaît ? " La jeune brune insista. " Ecoute-moi juste une minute… Et si… et si je ne comblais pas le poste ? " Elle s'avança en levant une main. " Je le laisse vacant… parce que tu as raison, tu n'es avec nous que depuis quelques mois, et franchement, il n'y a personne d'autre dans la hiérarchie immédiate que je puisse mettre là de toutes façons. "

 

Kerry la regarda craintivement. " OK… "

 

" D'accord… et toi… tu t'y mets petit à petit… non attends... attends… écoute juste…. " Une autre main levée. " Essaye, vois si tu peux gérer tout ça. " Elle s'interrompit et attendit, consciente des yeux verts prudents qui la regardaient maintenant en silence. " Pas de pression… tu me remplaces par-ci par-là… juste pour voir si ça te plaît. "

 

" Et si je n'aime pas ", demanda Kerry d'une voix hésitante.

 

" Alors tu arrêtes… et après six… huit mois… tu sauras si tu peux faire le travail ou pas. Si tu peux, c'est génial… tu l'as, et à ce moment-là, tu auras fait tes preuves, et tout le monde me bottera le cul pour ne pas t'avoir promue plus tôt. Si tu décides que tu ne peux pas… alors tu pourras m'aider à choisir quelqu'un d'autre qui le fera. " Dar s'arrêta de nouveau et dressa un sourcil. " Qu'est-ce que tu en penses ? "

 

Kerry se leva et fit les cents pas autour du lit, les mains derrière son dos dans une pose classique, une Chino à l'air endormi l'observant curieusement depuis le lit. Elle s'arrêta enfin, et regarda sa compagne d'un air sévère. " Je pense que tu es trop intelligente pour ton bien, Paladar. "

 

Une étincelle prudente apparut. " Alors, ça veut dire oui ? " Marrant comme ce nom sonnait dit par ces lèvres.

 

La jeune blonde fit à nouveau tourner l'idée dans sa tête plusieurs fois, cherchant les pièges. C'était sensé… et ça lui donnait un moyen excellent et sans trop de pression pour savoir si vraiment elle possédait ce qu'il fallait, sans se mettre, ou Dar, ou bien leur relation en péril. " Je peux faire machine arrière n'importe quand ? " demanda-t-elle d'une voix appuyée. " Si j'en ai par-dessus la tête. "

 

" N'importe quand ", la rassura Dar. " Tu viens et tu dis simplement, 'je ne peux pas le faire'."

 

Hmm. Et en attendant, Dar allait désamorcer les charges de népotisme qui ne manqueraient pas de fuser… en fait, en n'agissant pas immédiatement, elle prendrait tout le monde à contre-pied. " Très bien ", dit-elle enfin, en mettant les mains sur ses hanches et en soupirant. " Je pense que je peux m'arranger comme ça. "

 

Dar pencha la tête d'un côté. " Tu en es sûre ? "

 

Kerry fronça les sourcils. " Tu me demandes ça MAINTENANT ? " dit-elle. " Et ne me fais pas ces yeux de chiot amoureux. "

 

Dar baissa les yeux d'un air coupable. " Je… Kerry, je ne veux pas que tu penses que je t'ai obligée à faire ça. Si tu ne le veux vraiment pas, tu n'as qu'à me le dire ", répondit-elle d'une voix ferme. " Je le pense vraiment. "

 

La petite femme laissa passer un souffle, puis elle marcha vers Dar, sentant la moquette douce sous ses pieds, et la brise fraîche qui entrait par les portes ouvertes. Elle s'arrêta tout près de Dar et leva les yeux. Elle pouvait voir la tension dans le corps de sa compagne, et l'effort qu'il fallait à Dar pour conserver une façade calme et détendue.

 

Son choix.

 

Bon sang. La vie était courte. " Ça ira. " Elle mit la main sur le ventre de Dar, et la poussa doucement d'un air amical. " Je peux vivre avec ce compromis. " Elle se pencha en avant et mit un baiser sur la clavicule de la grande femme. " Je trouve que c'est une idée très maligne. ".

 

Dar entoura sa compagne de ses bras, et l'attira vers elle pour l'étreindre, posant sa tête sur une de ses épaules et pressant ses lèvres sur les cheveux clairs. " Merci. " Elle sentit le corps de Kerry bouger sous la fine chemise en coton et se serrer chaleureusement contre elle, et elle les berça doucement pendant quelques temps.

 

" Est-ce que ça veut dire que tu vas dire oui, alors ? " Demanda enfin Kerry dans un murmure.

 

" Je pense. " Dar haussa les épaules. " Mais on n'a qu'à le laisser transpirer quelques jours… au cas où tu changerais d'avis. " Elle massa le dos de Kerry. " Il n'y a pas d'urgence. "

 

" Mm. " Kerry écouta le battement de son cœur pendant un moment. " Qu'est-ce que ton père voulait te dire ? "

 

Dar rit un peu, puis elle s'éclaircit la voix. " Laisse-moi t'dire, sale gamine… " Elle l'imita. " 'reusment qu'j'entrais dans c'te putain d'bâtiment du gouvern'ment, juste pour voir ma gamine accrochée à tous les murs… ça m'a presk' fait r'cracher mon café jusqu'à Tampa. "

 

Kerry éclata de rire. " Oh Bon sang… on dirait vraiment lui. " Elle hoqueta, se cognant la tête contre la silhouette massive de Dar. " Mais… " Elle se calma et leva les yeux. " Je parie qu'il était fier de toi tout de même, non ? "

 

La grande femme haussa les épaules d'un air nonchalant. " Il ne s'intéresse pas beaucoup aux affaire de statut social. " Elle repoussa l'idée. " J'en doute. "

 

" Dar. " Kerry attrapa le rebord de sa chemise et le tira. " C'est totalement faux et on le sait bien toutes les deux… je parie qu'il était prêt à exploser tellement il était fier de sa fille. " Elle réprimanda sa compagne.

 

Un sourire hésitant. " Ben… en fait il a dit qu'il se baladait et ramassait les exemplaires du journal pour trouver celui qui avait la meilleure photo ", admit-elle d'un air penaud.

 

" Pourquoi on ne lui donnerait pas simplement l'original ? " Demanda Kerry doucement. " On peut faire prendre ta photo dans un de ces endroits de la galerie commerciale… je parie qu'il aimerait ça. "

 

" Non… non, je… " Dar hésita. " Sauf si tu es dessus aussi ", dit-elle en changeant d'avis. " Je… hum… j'en aimerais bien une du centre de loisirs. "

 

Un sourire étonné mais vertigineux illumina le visage de Kerry. " ça roule ", accepta-t-elle avec enthousiasme. " Ce week-end. "

 

Dar hocha la tête, apparemment satisfaite. Puis elle regarda par-dessus son épaule. " Hé… il fait beau cette nuit… tu veux faire une petite ballade ? " Les oreilles de Chino se dressèrent au son de ce mot, et Dar sourit au chiot. " Et toi aussi. "

 

Kerry gloussa. " OK… laisse-moi le temps de passer de vrais vêtements… il fait un peu frais pour porter juste un T-shirt. "

 

" Et rien d'autre ", la taquina Dar, en glissant la main le long de son dos avant de la pincer à la fesse.

 

" Ouille ! " La jeune blonde sursauta un peu, agrippant les doigts de Dar. " C'est pas sympa ! "

 

" Ouaf ! " Chino s'assit et poussa son cri de chiot à son intention.

 

Chapitre 74

 

Dar regarda les vitres passer lentement du noir au gris sombre derrière les volets, claironnant l'aube naissante. Kerry était profondément endormie, les bras et les jambes enroulés autour de Dar comme une pieuvre blonde, le visage enfoui dans l'épaule de la grande femme.

 

Et bien, elle avait encore quelques minutes devant elle, se dit Dar en serrant les bras autour du corps chaud de Kerry et en soupirant. Je pourrais m'habituer à ça, songea-t-elle, en posant la joue sur les cheveux blonds et soyeux.

 

Elle y réfléchit un moment, écoutant le battement de son cœur, au rythme lent et régulier. Tu rigoles ou quoi ? Admit-elle enfin. Je suis habituée à ça… j'y suis tellement habituée que je ne sais pas comment je ferais sans.

 

Cela lui semblait si étrange. Elle avait été si incroyablement livrée à elle-même toute sa vie ; elle n'avait jamais dépendu de personne pour quoi que ce soit depuis très, très longtemps, et maintenant, quand on pouvait penser qu'elle commençait à avoir une certaine expérience, voilà qu'elle devenait volontairement dépendante de quelque chose d'aussi intangible que l'amour.

 

Est-ce que ça n'était pas la chose la plus tordue qu'on ait entendue ? Dar tira Kerry plus près d'elle, et fut récompensée par un marmonnement légèrement incohérent et un resserrement de l'étreinte déjà forte de la jeune blonde. Mais c'était si bon. Ses instincts les plus hédonistes et les plus indulgents hennirent de cette attention.

 

Admets-le, Dar, se dit-elle. Tu avais faim de ça depuis un sacré bout de temps, et maintenant tu en as une bonne grosse dose… pas étonnant que tout devienne dingue ici. Son corps remua d'approbation, et se laissa aller au contact de la peau sur la peau tout le long de leurs membres entrelacés.

 

Elle produisit un soupir d'aise, et abandonna toute inquiétude, retournant plutôt ses pensées vers la journée qui s'annonçait.

 

Lundi. Son front s'agrandit. Et ça n'allait pas être un lundi facile, pensa-t-elle. D'un autre côté, elle avait un certain avantage à y aller, non ? Un sourire commença à se former sur son visage alors qu'elle se représentait la réunion du comité exécutif. Steve était parti. José et Eléanor étaient intimidés. Mariana et Duks seraient ouvertement admiratifs.

 

Hmmm.

 

Ça pourrait être marrant.

 

Elle se demanda si elle pouvait virer José. Nan, décida-t-elle, probablement pas… mais… un sourire. Ce serait marrant de le laisser croire qu'elle le pouvait. Elle lança un coup d'œil vers la fenêtre maintenant franchement lumineuse, puis soupira. Il était temps de se lever et de reprendre la routine, avant que son corps ne s'habitue à toute cette paresse. Avec un rire silencieux, Dar s'étira, puis commença lentement à se démêler de sa compagne.

 

" Mm… " Kerry se plaignit doucement, resserrant son étreinte. " Non… "

 

" Allez, mon chaton… il faut que j'aille gagner notre vie ", murmura Dar en s'arrêtant lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire. Mon chaton ? Oh Bon Dieu, Dar… elle soupira alors que Kerry s'enfouissait un peu plus, laissant passer un minuscule miaulement. " Hé… " Elle tapota la joue de la jeune blonde, très doucement. " Allez … il faut que je me lève. "

 

Une inspiration irrégulière puis Kerry ouvrit les yeux d'un air brumeux, la fixant à travers des yeux à demi ouverts et hagards ? " D… Dar ? Qu… "

 

" Hé… ça va… je vais courir… rendors-toi ", lui dit Dar d'un air doux, tout en écartant les cheveux de la jeune femme de ses yeux.

 

Kerry la laissa lentement partir et se frotta le visage d'une main. " Oh… Dieu… J'étais en train de faire ce rêve… et il y avait des gerbilles (NdlT : petits rongeurs des régions steppiques d'Afrique, mais j'aurais pu vous laisser chercher J) partout… c'était si étrange… ", murmura-t-elle, visiblement désorientée.

 

" Des gerbilles ? ", répéta Dar d'un ton perplexe.

 

" Oui… plein… des petites gerbilles brunes vêtues de minuscules habits d'hôpital verts… qui couraient ", répondit Kerry. " C'était vraiment bizarre. "

 

Dar la regarda intriguée. " Plus de bananes nappées de chocolat avant d'aller au lit ", prononça-t-elle d'un ton grave en donnant un petit coup sur le ventre de Kerry. " Pas avec des rêves pareils. " Elles avaient fait un joli sort à l'excellent chocolat de Les la veille au soir, découvrant que les grandes barres de chocolat noir épais faisaient un excellent nappage pour plein de trucs.

 

Comme le raisin par exemple. Surtout s'il était congelé avant, et des bananes… et le chocolat chaud et épais faisait des miracles même avec les carottes. Mais ça, Dar avait toujours soupçonné que ce serait le cas. Il avait aussi eu un goût merveilleux sur Kerry, bien sûr, le souvenir provoquant l'arrivée d'un sourire lent et diabolique sur le visage de Dar, invisible dans la lueur.

 

Kerry roula sur le dos. " Beuh… oui, je pense que tu marques un point. " Elle réfréna un bâillement. " Donne-moi une minute pour me réveiller… et j'y vais avec toi ", proposa-t-elle. " Je n'ai rien fait depuis une semaine, et ça pourrait devenir dangereux. "

 

Dar faillit dire à sa compagne qu'elle n'avait pas besoin de faire ça, puis elle se souvint qu'il était bien plus plaisant d'avoir de la compagnie pendant qu'elle courait. Elle garda donc le silence, et roula simplement sur le côté, tendant la main pour frotter doucement les bras et les jambes de Kerry pour que le sang circule à nouveau. " Quelques tours de piste et un rapide petit déjeuner au Club de la plage ? " Suggéra-t-elle avec un sourire. " On est lundi… ils ont ces pancakes aux noix que tu aimes tant. "

 

" Est-ce que ça ne gâche pas l'objectif ? " Kerry se mit à rire en roulant hors du lit et se mit debout, arc-boutant son dos en passant les mains dans ses cheveux.

 

Dar cligna des yeux d'un air appréciatif alors que la lumière perlée de l'aube dessinait les contours du corps souple de son amante. " Quoi ? " Demanda-t-elle, son propre corps pleinement éveillé maintenant, et intéressé. Etonnant comme le sang pouvait grimper vite des reins au cerveau, n'est-ce pas ? Songea-t-elle avec ironie. Ou peut-être que c'était le contraire… Elle songea à cela pendant un moment puis réalisa que Kerry se tenait là, les mains sur les hanches, la regardant les sourcils dressés.

 

Et d'autres choses.

 

Dar se donna une tape mentale. " Euh… désolée… j'y vais. " Elle se tira du lit chaud et alla péniblement vers la salle de bains, contente, enfin, que son genou semble bien se comporter. Elle alluma et tressaillit à cause de la clarté, entendant le gémissement de protestation de Kerry derrière elle, le nez dans son dos.

 

Ouah. Une autre vague de sang. Et définitivement dans la mauvaise direction. " Hum… " Elle sentit des mains glisser le long de sa taille et se refermer devant elle, accompagnées d'un petit mordillement sur ses clavicules. " Kerry ? "

 

" Mm ? " La jeune blonde passa la tête près de son coude et la regarda, à moitié cachée par le corps de Dar. " Y'a un problème ? "

 

Dar mit le bout de son doigt sur le nez de Kerry avec un sourire désabusé. " L'effort avant le plaisir ", lui rappela-t-elle.

 

" Hmmm. " Kerry mordilla une côte, la léchant délicatement. " Tu en es sûre ? "

 

Dar sentit son cœur battre la chamade et sa respiration s'affoler. Et bien, on pourrait considérer ça comme un exercice d'aérobic, non ? Elle se retourna dans le cercle des bras de Kerry et lui prit le menton dans la main, lui levant la tête et se rendant à l'élan sexuel insistant. Ses doigts effleurèrent la peau chaude alors qu'elle atteignait l'interrupteur à l'aveuglette, appuyant pour les renvoyer aux ombres obscures.

 

Parce qu'elles n'avaient certainement pas besoin de lumière. Dar glissa les mains jusqu'à la taille de Kerry qu'elle agrippa, la soulevant à demi, la poussant en même temps vers le lit à eau, tout en la suivant, se retrouvant elle-même sur le dos et chevauchée alors qu'un rire léger et paresseux s'évadait de la poitrine de Kerry.

 

Ouah. Dar ressentit le chatouillis sur toute sa peau. C'était vraiment de l'aérobic. Elle en profita pour commencer aux genoux de son amante, et elle glissa les mains sous ses cuisses musclées, puis vers l'intérieur, et par-dessus l'abdomen de Kerry, qui se tendit par réflexe, alors qu'elle étendait les doigts et laissait de petites traces de chair de poule sous son toucher. Puis elle se repoussa, soulevant un peu Kerry avant de la mettre dans une position plus confortable. Hmm… un peu de lever de poids aussi. Elle gloussa alors que les lèvres de la jeune blonde commençaient une progression le long de son cou. Peut-être qu'on pourrait faire une cassette vidéo.

 

Elle inspira en réaction aux lèvres de Kerry qui descendaient, et leurs corps qui glissaient ensemble. Encore que, peut-être pas.

 

Elles finirent par faire leurs tours de piste, mais elles sautèrent le petit déjeuner, et prirent le ferry suivant après une douche rapide prise ensemble. " Pfui. " Kerry vérifia sa coiffure dans le rétroviseur de son côté de la Lexus. " C'était le lundi matin le plus intéressant que j'ai eu depuis longtemps. " Elle lança un regard vers Dar, le corps toujours en éveil à la présence proche de sa compagne.

 

Dar gloussa et soupira. " Oh oui… " Elle pianota le volant, appréciant sa bonne humeur détendue. " Sûr que ça bat toutes les réunions de personnel. " Elle jeta un coup d'œil à Kerry et elles se mirent toutes les deux à rire. " Ok... voyons ce qui se passe. " Dar composa un numéro sur le téléphone portable fixé au tableau de bord.

 

" Bonjour. Opérations, Maria à l'appareil. " La voix en retour était un tout petit peu plus officielle que d'habitude, étant donné qu'il était huit heures du matin.

 

" Bonjour, Maria ", dit Dar d'une voix traînante.

 

" AAAYYYYYYEEEEE ! ! ! ! ! " Couina la secrétaire, surprenant Kerry qui en sursauta. " Dar ! Dios Mio ! Vous êtes plus haut qu'El presidente maintenant ! ! "

 

" Et bien… oui, en quelque sorte ", dit Dar en riant. " Restez calme… je n'ai pas encore accepté ce foutu poste. "

 

" Oye, Dar… vous avez vu le journal ce matin ? " Demanda Maria.

 

" Quel journal ? " Demanda Dar innocemment.

 

" Vous voulez parler de celui avec sa photo ? " Interrompit Kerry pour l'aider.

 

Maria se mit à rire. " Si, si… Mark a mis la photo dans l'ordinateur, et on l'a tous en fond d'écran. "

 

" Quoi ? ? ? " Aboya Dar.

 

" Oh… ça, ça jette ", gloussa Kerry. " Il l'a mis sur le mien ? "

 

" Ne commence pas, toi ", l'avertit Dar en agitant le doigt. " Maria, vous lui dites que je veux voir tout ça retiré des écrans en arrivant, ou bien je lui fais une boucle d'oreille avec un des moniteurs. "

 

" Ouille… allons, Dar… " objecta Kerry. " Je trouve ça très sympa. "

 

" On voit que ce n'est pas ta photo. " rétorqua sa chef. " Maria, passez-moi Mark. "

 

" Dar… " Kerry lui lança un regard suppliant. " Je veux la voir… Je parie qu'il a fait du bon boulot… c'était une photo superbe. "

 

Des yeux bleus frustrés se fixèrent sur son visage. " Absolu… " Dar se sentit fondre à la vue de son regard suppliant et elle soupira. " Très bien… jusqu'à ce qu'on arrive. Mais après, ÇA DEGAGE ! ! ! "

 

Kerry lui envoya un baiser et sourit, et elle reçut un regard agacé en réponse. " Vous avez passé un bon week-end, Maria ? " Elle dirigea son attention vers le téléphone.

 

" Oh, si, Kerrisita… et vous ? " La secrétaire avait l'air satisfait.

 

" Oui… on s'est bien amusées… on a fait du cheval, et de la voile… " lui dit Kerry.

 

" Kerry est tombée de son cheval… " ajouta Dar doucereusement. " Ensuite elle m'a fichu dans le lac… "

 

" Tu as sauté par-dessus bord ", objecta Kerry. " Ce n'était pas ma faute. "

 

" Tu aurais pu dire qu'elle était à 14 degrés… l'eau n'est pas censée être aussi froide ", dit Dar en râlant. " Maria, on sera là dans à peu près dix minutes. " Elle démarra la Lexus et quitta le ferry, tourna sur la chaussée et se dirigea vers le bureau. Après un moment de silence relatif, elle jeta un coup d'œil à sa compagne. " Alors… il y a… hum… quelque chose de spécial que tu voudrais faire ce week-end ? "

 

Kerry tourna des yeux interrogateurs vers elle. " Ce week-end ? Je n'y pensais pas du tout… pourquoi ? "

 

Dar tourna son regard vers l'avant et regarda la route. " Oh… ben, je m'étais dit… " Elle fit une pause. " C'est pas grave. "

 

" Non… qu'est-ce que tu voulais dire ? " Kerry se tourna à demi, et s'appuya sur le siège de cuir souple. " Qu'est-ce qui se passe ce week-end ? Je ne suis pas au courant… j'ai raté quelque chose ? "

 

Dar tourna sur Bricknell et conduisit en silence pendant un moment. " Ben… je veux dire… c'est le dimanche de la Saint-Valentin ", marmonna-t-elle. " Je m'étais dit… hum… "

 

Kerry se frappa la tête. " Mon Dieu ", grogna-t-elle. " Bien sûr… je suis désolée, Dar… j'ai… " Elle réfléchit à ce qu'elle allait dire. " Je n'ai jamais eu de raison pour m'en souvenir avant. " Elle lança un regard d'excuses vers sa compagne. " Tu avais quelque chose en tête ? "

 

Dar garda le silence en entrant la voiture dans le parking, et elle se gara, puis coupa le moteur. " Laisse-moi y réfléchir ", dit-elle enfin en mettant son ordinateur sur l'épaule. " Je n'ai pas trop d'expérience dans ce domaine moi non plus. " Elle sortit et ferma la portière, attendant que Kerry en fasse autant avant de verrouiller.

 

" D'accord. " Kerry la rejoignit pour la courte marche vers l'immeuble. " Je suis sûre que tu vas trouver quelque chose d'incroyablement romantique. "

 

Des grands yeux bleus arrondis la regardèrent. " Euh… oui… oui… je vais trouver ", murmura Dar. " J'espère ", ajouta-t-elle entre ses dents. Et si je ne trouve pas, il y a toujours Yahoo sur Internet.

 

 

Chapitre 75

 

Entrer dans le bâtiment fut une expérience bizarre. Kerry en fit le tour du regard, tout en cherchant à voir les quelques autres occupants qui regardaient Dar. Elle savait qu'ils le faisaient, mais elles ne se rendirent vraiment compte de l'impact que lorsqu'elles atteignirent l'ascenseur et que la conversation cessa brutalement comme si les autres passagers avaient contracté une laryngite foudroyante et spontanée.

 

C'en était assourdissant. " Bon ", dit enfin Dar en faisant sursauter tout le monde. " Quel temps il a fait ici ? "

 

" Beau. "

 

" Génial. "

 

" Chaud. "

 

" Pluvieux. "

 

" Moche. "

 

Dar hocha la tête. " Je vois. " Elle se réappuya contre la cloison alors que l'ascenseur semblait prendre une éternité dans sa course ascendante. " Ça fait plaisir d'entendre ça. "

 

Une voix qui s'éclaircit. " Quel temps… hum… il a fait en Caroline du Nord ? " C'était Miles, un des auditeurs de Duks.

 

" Froid ", répondit Dar succinctement. " Il a plu les deux premiers jours, mais après ça, on a eu plutôt beau temps. "

 

" Ah. " Miles se frotta le lobe de l'oreille. " Ben, il a plu ici. " Il s'éclaircit la voix. " Hum… félicitations. "

 

Un murmure d'approbation s'éleva rapidement, et plusieurs regards reconnaissants allèrent au visage de l'auditeur.

 

Fort heureusement, les portes s'ouvrirent, leur permettant de s'échapper. " Merci ", dit Dar d'un ton désabusé, alors qu'ils prenaient le large, la laissant continuer deux étages avec Kerry. " Tu penses que j'étais le sujet de conversation avant qu'on entre ? "

 

" Oh… oui. " Kerry hocha fermement la tête, alors que les portes s'ouvraient pour les laisser sortir. " Attends… je vais descendre à la cafétéria chercher un café… pour voir à quelle vitesse ils arrivent à faire silence dans cette pièce, malgré le fait que la plus grande partie des conversations est en espagnol et que je n'en comprends que six mots ", dit-elle ironiquement. " Tu en veux un ? "

 

" Oh… mon Dieu… oui ", murmura Dar d'un air pathétique, alors qu'elles atteignaient la porte externe de son bureau. " Et tous les pastalitos au fromage qu'ils peuvent avoir. " Elle poussa la porte et sourit à Maria. " Bonjour. "

 

La secrétaire s'illumina à sa vue. " Buenos Dias, jefa. " Elle remua les doigts vers Kerry. " Buenos Dias, Kerrisita. "

 

Kerry lui sourit. " Je descends chercher du café… vous en voulez, Maria ? " Elle accepta le signe de tête de la secrétaire puis donna une petite tape sur le dos de Dar. " On se voit tout de suite. " Elle se glissa par la porte, laissant sa chef et Maria dans le bureau extérieur.

 

" Il y a du courrier ? " Dar alla vers le bureau, déplaçant légèrement la bandoulière de son portable. " J'attendais les nouveaux contrats. " Elle tendit la main pour prendre la pile dans la boîte d'arrivée, lorsque celle-ci fut capturée.

 

" Mi Madre. " Les yeux de Maria s'agrandirent. " Dar, c'est magnifique. "

 

La cadre se sentit soudain sans voix, alors que son cerveau moulinait frénétiquement pour trouver une réponse cohérente. Elle avait oublié qu'elle portait ce fichu truc, et sur " ce " doigt, et que quelqu'un le remarquerait sûrement.

 

" Hum… merci ", répondit-elle enfin, en reprenant sa main, et en pliant les doigt un tantinet nerveusement. " Ecoutez, je ne bouge pas… j'essaie de rattraper le retard . " Elle agrippa les papiers et se dirigea vers son bureau, passa la porte et la ferma derrière elle avec un soupir.

 

Puis elle leva les yeux, s'arrêtant net lorsqu'elle vit son bureau. " Nom de Dieu. "

 

Chapitre 76

 

Kerry mit les mains derrière le dos tout en s'appuyant contre la cloison, fixant la tenture murale lustrée à l'intérieur de l'ascenseur avec un manque total d'intérêt. La journée allait être bizarre, elle le savait, et comme pour le lui confirmer, l'ascenseur s'arrêta au huitième étage et deux secrétaires du marketing entrèrent. Leur bavardage s'arrêta à la minute où elles la virent, et elles se turent.

 

Ça pourrait bien vite me fatiguer, décida Kerry. " Bonjour ", dit-elle d'un ton naturel.

 

Elles échangèrent des regards. " Oh… bonjour, Kerry ", dit la plus âgée, un sourire de complaisance plaqué sur son visage. " Alors… comment ça va ? "

 

" Très bien ", répondit la jeune blonde. " Et vous ? "

 

" Oh… très bien… très bien. " Elle se tourna vers sa compagne. " Pas vrai ? "

 

La plus petite des deux femmes hocha la tête. " Sauf qu'on est lundi, ouais… sinon tout est génial. "

 

Un silence embarrassé commença à s'installer. Fort heureusement, l'ascenseur atteignit le rez-de-chaussée, et elles purent s'échapper. Kerry se dirigea vers la cafétéria, en secouant un peu la tête. A l'entrée, elle faillit percuter Mark, qui en sortait. " Oh… hé ! "

 

" Hé ! " Mark lui fit un grand sourire. " Génial… ça veut dire que La Tornade Blanche est là aussi, non ? (NDLT : En anglais Missy a écrit The Big Kahuna, qui est je crois le surnom de la vague suprême des surfers à Hawaï ou en Polynésie)"

 

Kerry réfréna un sourire. " Si tu parles de Dar, oui… elle est là-haut… on vient juste d'arriver. " C'était si bon de tomber sur quelqu'un de normal, se dit-elle. " Elle essaie de fixer les choses… c'est un peu sans dessus-dessous aujourd'hui. "

 

" Aujourd'hui ? " Mark lui prit le coude et l'emmena à l'intérieur de la cafétéria, où ils s'installèrent sur deux chaises rembourrées. " Tu aurais dû être là vendredi… bon Dieu, après que vous avez remis le réseau d'aplomb, tout le monde pétait les plombs… puis d'un coup d'un seul, tous les encostumés ont été appelés pour une vidéoconférence, et la minute qui a suivi, on a reçu un message électronique disant que Dar était promue. "

 

" Ouaouh. " Kerry se mit à rire doucement, puis elle passa sa commande à la serveuse. " Je pense qu'on a dormi pendant tout ce temps-là… c'est quand tu as appelé ? "

 

" Oui, oui. Mark sirota son café en la regardant. " On parle de vous deux partout ", ajouta-t-il, en baissant un peu la voix.

 

Kerry prit une serviette, regarda autour d'elle et vit les regards dardés sur elle. " Je m'en doutais ", répliqua-t-elle. " Après tout ce truc avec Steve… je savais qu'il allait passer la nouvelle pendant qu'il sortait à quatre pattes . " Elle soupira. " On avait décidé d'être claires avec ça de toutes les façons… après tout, Les s'en fiche. "

 

" Mm ", grogna Mark. " Mais c'est plutôt rude pour vous, non ? " Il lui lança un regard de sympathie. " Les gens se font des idées tordues. "

 

Oui. Bon. " Qu'ils aillent se faire voir ", répondit Kerry. " Ils se font toutes sortes d'idées, de toutes les façons, Mark… je m'en tape. " Elle leva les yeux lorsque sa commande arriva. " Merci. " Elle tendit la main et prit le sachet. " Je retourne là-haut… je sais que ça va être le bazar aujourd'hui. "

 

" Hé… " Mark lui toucha la main, en lui faisant un sourire hésitant. " Jolie bague. "

 

Kerry s'interrompit, et bougea un peu les doigts. " Merci… oui… hum… " Elle se sentit rougir. " Dar me l'a donnée. "

 

" Elle a bon goût. " Le chef du GSI l'admira. " Mais ça, on le savait déjà. " Il lui fit un clin d'œil en riant de sa rougeur grandissante. " Ecoute… ne laisse pas toute cette merde te toucher, Kerry… tu fais du très bon boulot, et la plupart des gens le savent. C'est surtout de la jalousie… il y a des gens qui ont voulu entrer dans ce bureau… et tu excuseras ce commentaire dégoûtant, mais aussi sous la jupe de Dar, et depuis des années. " Il haussa les épaules. " Ça les rend malades que tu soies venue aussi simplement et abracadabra… " Il claqua des doigts. " Tu t'offres le poste, les avantages, et la directrice déléguée la plus sexy que cette compagnie ait jamais eue, en un seul coup, les grandes gueules en sont tombées le cul par terre. "

 

Kerry ôta le couvercle de son café et prit une gorgée. " Merci, Mark… je sais que c'est dur à croire… en fait, parfois j'ai moi-même du mal à y croire ", ajouta-t-elle à voix basse. " C'est comme de la magie, tu vois ? " Elle leva les yeux vers lui. " Je me sens comme une gamine au cirque parfois. "

 

Il la fixa, un peu déconcerté. " Je ne sais pas… ça me dépasse un peu, Kerry… je ne connais pas grand-chose à tout ça… mais je sais que Dar est passée par de sacrés moments… et si elle a enfin trouvé quelqu'un qu'elle aime vraiment, on s'en tape de la boîte, tu comprends ? "

 

Cela lui valut un sourire de la jeune blonde. " Ouais, je comprends bien ", approuva-t-elle doucement. " On va gérer ça… ça va juste prendre un peu de temps pour que tout se remette en place. " Elle se pencha en avant, changeant fermement de sujet. " Tu as vraiment mis sa photo sur tous les postes de travail ? "

 

Il sourit. " Tu parles, Charles. " Il se leva et lui indiqua de le précéder. " Viens… je me cachais parce que je sais qu'elle va me botter le cul quand elle le verra… mais c'était une trop belle occasion. "

 

Kerry se mit à rire et lui tint la porte. " Oh… oui, elle en faisait une maladie… mais je l'ai convaincue de la laisser jusqu'à ce qu'on arrive, parce que je voulais la voir. "

 

Ils sortirent et faillirent percuter Eléanor et José qui entraient. Les deux cadres reculèrent et leur lancèrent des regards mauvais. " Bonjour. " Kerry leur sourit.

 

" Bonjour ", répliqua José d'un air grognon, en la contournant comme si elle était un animal dangereux. Eléanor le suivit sans un mot.

 

Kerry et Mark échangèrent des regards. " Ooooh. " Le responsable du SI tressaillit. " Ça va être une sacrée réunion ce matin. "

 

Ouais. Kerry observa les réactions alors qu'ils retournaient à l'ascenseur et elle remarqua que les gens s'écartaient subtilement mais distinctement d'elle. Est-ce que j'ai une marque au fer rouge sur le front ou quoi ?, se demanda-t-elle. Ou bien est-ce qu'ils pensent que c'est contagieux ? Elle s'appuya, essayant de vider son esprit de cette pensée.

 

" Hé, Kerry. "

 

Elle leva les yeux et vit Elaine, un des superviseurs de la saisie informatique qui s'avançait vers elle. " Bonjour. "

 

" J'ai entendu dire que vous avez fait un boulot d'enfer en Caroline du Nord… c'est top ", commenta Elaine avec un sourire. " Tu viens au groupe d'escalade mercredi ? "

 

Kerry sourit et se détendit un peu. " Oui… je pense… mes mains me font encore un peu mal mais je pense que ça ira. " Elle lança un regard reconnaissant à Elaine. " Ça m'a manqué cette semaine… ça sera sympa de revenir. " Ses yeux allèrent vers une des assistantes administratives qui leur lançait un regard dégoûté. " Il y a un problème ? " Demanda-t-elle à la femme d'un ton direct.

 

On entendit que le couinement de l'ascenseur pendant un moment. Kerry soutint le regard de la femme, avec une expression sans humour et de pierre. " Vous pouvez répondre, oui madame, ou non madame, choisissez ", ajouta-t-elle glaciale.

 

La femme inspira bruyamment. " Non… madame… il n'y a pas de problème. "

 

Les portes s'ouvrirent au septième étage et les deux jeunes femmes s'échappèrent vivement, laissant les portes se refermer derrière elles. Kerry se réinstalla contre la cloison et soupira. " Connasses. "

 

Elaine roula les yeux. " Elles sont tellement coincées. " Elle secoua la tête puis lança un regard vers Kerry. " Ne les laisse pas t'ennuyer. "

 

Les. Kerry réfléchit à ça alors que l'ascenseur arrivait au quatorzième. " Comme ça c'est eux contre nous ", dit-elle d'un ton songeur. " On est nombreuses comme ça ? " Demanda-t-elle à Elaine d'un ton curieux.

 

Un sourire énigmatique passa sur le visage de la grande blonde. " Je t'enverrai un e-mail", dit-elle alors que les portes s'ouvraient et elles sortirent. " Tu serais bien étonnée. "

 

Kerry inspira en regardant Elaine et Mark descendre le couloir à grandes enjambées. " Ah oui ? " Elle secoua la tête et trotta vers le bureau de Dar, ouvrit la porte extérieure et se glissa à l'intérieur. " Salut Maria… je suis de retour, je… " La secrétaire leva les yeux et lui sourit. " Je vous ai apporté du café. "

 

" Muchas Gracias, Kerrisita… " Elle montra la porte du doigt. " Je pense que la jefa est toujours sous le choc… vous feriez mieux d'aller voir. "

 

Intriguée, Kerry posa la petite tasse de cafacito devant Maria puis elle prit son sac et entra dans le bureau de Dar.

 

Le parfum des roses faillit la renverser. " Mon Dieu. " Elle cligna des yeux, essayant de deviner sa compagne derrière un énorme bouquet de trois couleurs de fleurs, qui rapetissait son bureau. " Hé… Dar ? Il faut que j'aille chercher une machette ? "

 

Les yeux bleus jaillirent de derrière une rose couleur pêche crémeuse. " Salut. " C'était Dar dans son état le plus penaud. " C'est un peu beaucoup, non ? "

 

Kerry contourna le bureau pour trouver sa compagne effondrée dans son fauteuil, qui regardait les fleurs avec un peu de trépidation. " Dar, c'est superbe… qui les a envoyées ? " Il devait y avoir trois douzaines de fleurs, une douzaine de rouges, une de crème, et une de jaunes. Le parfum était entêtant.

 

Sans un mot, Dar lui tendit la carte qu'elle avait trouvée.

 

Ça c'est ma petite chipie. " Ooooh…. " Kerry se mordit la lèvre, en lançant un regard ravi à sa compagne. " C'est siiiii gentil, Dar… je t'ai dit qu'il était fier de toi. "

 

Dar se pencha en arrière dans son fauteuil, posant un pied sur son bureau et jouant avec son crayon, avec un air étrangement adolescent. " On dirait ", répondit-elle d'un ton grognon, masquant à peine le petit sourire qui tremblait sur ses lèvres.

 

Kerry se pencha et l'embrassa sur la tête. " Tu es la petite fille à son papa. " Elle regarda Dar se battre avec ce qui était, de toute évidence, un surplus d'émotion, puis finalement soupirer et lâcher un énorme sourire. " Tiens… " Elle lui tendit le café puis prit doucement une rose dans sa main et la renifla. " Oh mon Dieu… elles sont incroyables… j'adore ce parfum. "

 

" Mm. " Dar enfouit le nez dans la tasse et se reprit. " Je pense qu'on peut les emporter à la maison et les mettre sur la table pendant quelques jours… hmmm ? "

 

Kerry gloussa. " Heureusement que c'est toi qui conduis, pas moi… je ne peux pas m'imaginer en train de nous installer toutes les deux avec ces fleurs dans la Mustang. " Elle regarda derrière Dar vers l'écran et rit. " Oh ouaouh… il s'est bien démerdé avec ça. "

 

Dar soupira en regardant l'écran. Mark avait pris la photo du journal et l'avait scannée, puis l'avait agrémentée d'un cadre avec des Dogbert dansants tout autour. " Je vais le tuer pour ça ", râla-t-elle, puis elle soupira. " J'ai trente pages de messages à lire, quinze centimètres de courrier, trois réunions, et je ne peux même pas accéder à mon bureau à cause de la jungle dessus. " Elle s'interrompit. " Est-ce que je peux rentrer à la maison ? "

 

Kerry divisa le courrier arrivé. " J'en prends la moitié. " Elle bougea l'arrangement floral avec précaution, le portant jusqu'à la desserte, où elle le posa et arrangea les fleurs. " Voilà. " Puis elle traversa le bureau vers la porte qui menait au sien. " Transmets-moi tout ce que tu ne veux pas traiter… je vais commencer à regarder mon avalanche à moi. " Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, pour voir une Dar qui mâchait joyeusement. " Dar… gardes-en au moins un peu pour après le déjeuner… tu vas être malade si tu manges tout. "

 

Dar se lécha les lèvres pour enlever un morceau de gâteau et prit une gorgée de café, puis elle tira la langue à sa compagne.

 

Kerry soupira et secoua la tête. " Tête de bois… je te dis pas. " Elle ouvrit la porte et se glissa dans son propre bureau.

 

 

 

Chapitre 77

 

" J'arrive tout de suite. " Dar fit un signe à Mariana en entrant dans les toilettes. Fort heureusement, la pièce était vide, alors elle passa un moment à tirer sur ses vêtements, et à se lancer des regards désespérés dans la glace. Elle portait le tailleur gris anthracite aujourd'hui, avec un chemisier en soie noire, la seule note de couleur était la broche que Kerry lui avait achetée sur la promenade.

 

C'est bon, Paladar. Le muscle de sa mâchoire bougea. Ils sont tous là-dedans à t'attendre. Ce n'est plus un comité exécutif. C'est une réunion du personnel. C'est ton personnel maintenant.

 

Tu es leur chef.

 

Dar tressaillit et son visage se rida dans une grimace. Ouille. Les yeux bleus légèrement agrandis la fixèrent avec mélancolie. Je suis trop jeune pour ça. Avec un soupir, elle leva la main et se passa les doigts dans ses cheveux noirs, les arrangeant à peu près, puis elle prit une profonde inspiration et la laissa sortir, avant de positionner le tissu repassé sur ses larges épaules. Okay. Quelle attitude tu vas prendre ?

 

Grognonne ? Nonchalante ? Glaciale ? Ennuyée ? Hé… je pourrais dire que j'ai mes règles. Elle y réfléchit un moment, puis rejeta l'idée. Nan. Ils ne seraient pas capable de faire la différence.

 

Elle leva un sourcil pour essayer. Et si… elle laissa un sourire sardonique passer sur son visage, pour s'ajouter au sourcil. Amusée. D'accord, je peux la jouer amusée. Il me suffira de penser qu'ils sont tous en sous-vêtements.

 

Le sourire s'élargit. Et j'en ai vu quelques-uns dans cette tenue, d'ailleurs. Après un dernier regard, elle quitta la pièce et se rendit dans le centre de conférences des cadres, où le reste de l'équipe dirigeante attendait.

 

" Bon sang, où est-elle ? " Murmura Duks, en poussant Mariana du genou.

 

La directrice du personnel lui jeta un coup d'œil. " Elle va arriver dans une minute… tu pourrais te calmer un peu ? " Murmura-t-elle à son tour, en observant le groupe agité. José et Eleanor étaient assis l'un à côté de l'autre, avec des mines renfrognées, et le reste de l'équipe était un mélange de personnes excitées, agacées, effrayées ou tout simplement blasées.

 

La porte s'ouvrit et tout le monde s'arrêta de parler alors que Dar entrait. Tous les yeux se fixèrent sur la nouvelle directrice des systèmes d'information, qui traversa la pièce d'une foulée glissante et puissante, et prit la chaise du bout dans un blizzard d'assurance qui roula sur la table vers eux.

 

En silence, Dar laissa son regard bleu glace aller de visage en visage, puis un sourire lent, paresseux et amusé releva très légèrement le coin de ses lèvres. " Bonjour. " Sa voix basse et riche fit un léger écho dans le silence. " Allons-y, ok ? "

 

Tout le monde déglutit, nota Mariana, stupéfaite par la quantité et la qualité de présence pure que Dar pouvait produire quand elle s'en donnait la peine.

 

" Pour… des raisons… évidentes… nous n'avons pas eu de réunion la semaine dernière. " Dar mit le bout de ses doigts sur la table, et s'appuya légèrement dessus, le tissu de sa veste tirant sur ses épaules. " Et comme j'ai deux mètres de conneries empilées sur mon bureau, celle-ci va être courte. "

 

Un silence.

 

" Premier point de l'ordre du jour. " La grande femme brune les fixa par-dessus la table. " Chaque département a une coupe de quinze pour cent de son budget d'exécution. A compter d'aujourd'hui. "

 

Les mâchoires tombèrent.

 

Dar attendit.

 

" Attends une minute, bon sang. " José se leva. " De quoi tu parles, Dar ? "

 

Un chœur de protestation s'éleva après lui, avec un courage à retardement après que le directeur des ventes ait brisé la glace, pour ainsi dire.

 

Dar attendit. En silence. Ses yeux bleus passant de visage en visage, avec une attitude de menace tranquille.

 

Les voix se turent peu à peu jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un silence maladroit.

 

" Je vais utiliser ce budget pour dupliquer le concentrateur de réseau ", continua Dar comme si de rien n'était. " Parce que, écoutez-moi bien, mesdames et messieurs, je ne vais pas passer une autre nuit dehors à me geler les fesses en Caroline du Nord pour remettre en marche cette putain de société. "

 

Duks mâchouilla son crayon. " Les budgets sont déjà programmés pour le trimestre, Dar ", dit-il calmement.

 

" Tu les redéploies ", lui répondit-elle, inflexible. " Ou vendez vos foutus fauteuils de bureau, je m'en fous, mais je vais avancer sur les équipements quoi qu'il arrive. "

 

José était toujours debout. Il mit les mains sur ses hanches. " Je pense qu'on devrait réfléchir aux alternatives, Dar… et je… "

 

Elle pointa du doigt vers lui. " Ceci…n'est… pas… un… comité. " Chaque mot était prononcé sèchement, avec une clarté féroce. " Il n'y a pas d'alternative. "

 

Le silence. Dar les observa. " Très bien, on fait un tour de table, vous dites ce dont vous avez besoin, mais soyez rapides. J'ai une tonne de choses à faire. " Elle finit par s'asseoir, et prit une gorgée d'eau du verre devant elle, puis elle se pencha en arrière et fixa Duks, qui était le plus proche d'elle. Elle leva un sourcil.

 

Impudemment, il lui passa le bout de la langue, de sorte qu'elle seule put le voir. " Félicitations, ma vieille. "

 

Ses yeux brillèrent sobrement dans sa direction, un soupçon de sourire au coin de sa bouche. " Merci. "

 

" J'ai de bonnes nouvelles ", continua Duks. " Le fonds de pension a un investissement dans un groupe technique, et on a fait un malheur la semaine dernière. On est trente pour cent au-dessus de nos attentes sur ce fonds. "

 

Les murmures coururent dans la pièce.

 

" Bien ", commenta Dar. " Qui les a choisi ? "

 

Duks nomma un de ses assistants. " Sacré bon boulot d'analyse ", ajouta-t-il. " J'ai mis une recommandation dans son dossier.

 

" Mets-en une dans sa paye ", suggéra Dar ironiquement. " Avant que Merril Lynch ne nous le pique. "

 

Un léger rire nerveux parcourut la table. " C'est tout pour toi ? " Demanda Dar.

 

Duks hocha la tête puis se tourna vers Mariana près de lui. " Au suivant ? "

 

Ils firent un tour de table, recevant des réponses sèches de José et rien d'Eléanor, et tout le monde sortit lorsqu'elle termina la réunion, à l'exception de Duks et Mari. Dar attendit que la porte soit fermée, puis elle les regarda. " Alors ? "

 

Duks s'appuya sur ses coudes. " C'était différent ", dit-il. " Quelque chose dit que ton règne ne sera pas du même tonneau que d'habitude "

 

" Lâche-moi un peu ", grogna Dar, en se penchant en arrière, s'autorisant à se détendre de la tension presque douloureuse de la réunion. Tout son corps lui faisait mal, et elle soupira de soulagement. " Tu sais que ça ne va pas durer… la semaine prochaine ils vont recommencer à râler. "

 

Mariana rit doucement. " Je ne suis pas sûre, Dar… tu leur as fait une sacrée impression… tu as beaucoup de présence, tu sais. "

 

Dar lui fit une grimace désabusée. " Eh bien, je ne parierais pas là-dessus… mais au moins, on n'a pas passé cinq heures à discuter des mêmes conneries dont on discute depuis deux ans. " Elle soupira et étudia son crayon, qu'elle tourna entre ses doigts. " Je vais avoir besoin d'une équipe projet sur cette nouvelle installation. "

 

Mariana hocha la tête. " J'avais bien compris… tu veux des nouveaux recrutements ? On peut les injecter là-dedans et prendre les crédits sur le budget des opérations. "

 

" Ça me paraît bien ", approuva doucement Dar. " Bon, j'ai deux conférences téléphoniques, quatre réunions clients et une proposition importante à vérifier, alors… vous allez traîner par ici plus tard, tous les deux ? On pourrait peut-être aller dîner ensemble ? "

 

Duks et Mari échangèrent des regards. " J'ai entendu dire que tu connaissais un bon restaurant thaï sur Biscayne… ça te va ? " Demanda Mari. " On peut attendre pour bavarder là-bas… tu vas pouvoir extirper Kerry de son bureau d'ici-là ? "

 

Dar gloussa. " Ouais… je crois. " Elle surprit leurs regards et réalisa ce qu'ils regardaient. Elle se retint à peine de fourrer ses mains dans ses poches, elle se contenta de plier les doigts. " Je ne vais pas combler mon poste tout de suite. "

 

Le silence alors qu'ils digéraient l'information. " Bonne idée. " Mariana hocha la tête, approuvant. " Tu vas transférer les responsabilités à Kerry petit à petit ? "

 

" Oui. "

 

" Malin. " Duks hocha aussi la tête. " Ça donne une chance à tout le monde de voir ce qu'elle sait faire. "

 

Un nouveau silence. Mariana s'éclaircit la voix doucement. " Est-ce que tu vas, hum… " Elle réfléchit, cherchant un moyen de poser la question avec délicatesse. " …changer les informations sur ton bénéficiaire dans la base du personnel ? "

 

Dar faillit rire, mais garda les yeux sur son crayon. " Ouaiiis… on dirait bien ", admit-elle, en levant les yeux pour voir une étincelle dans le regard de Mari. " Tu parles d'une façon de poser la question. "

 

Duks gloussa. " Allons, Mari... on a des trucs à faire, et la grande Prêtresse aussi (NDLT : dans la " V.O. " Missy emploie " the grand poobah ", je vous laisse chercher :-))… on y va. " Il se leva puis se pencha et frappa l'épaule de Dar. " Bon boulot, Dar. "

 

" Ouais ", ajouta Mari alors qu'ils rangeaient leurs fauteuils. " Je pense que ça va être bon pour tout le monde. "

 

Dar sentit son biper alors qu'elle les regardait partir, puis elle soupira, regarda la salle de conférence vide. " Je l'espère. " Elle se leva et alla vers le téléphone avant d'appeler son bureau. " Maria… qu'y a-t-il ? "

 

" Ah… Dar… je ne voulais pas vous déranger… mais ça fait un moment maintenant, et je… cette Michelle Graver est ici. "

 

" Oh. " Dar tressaillit. " Génial… est-ce qu'elle attend en bas ? J'arrive… on a fini ici. "

 

" Aye… non… non, Dar… elle est arrivée il y a une demi-heure… elle était pas contente à propos de quelque chose, mais Kerry l'a emmenée pour arranger les choses. "

 

Kerry ? Oh. Génial. Dar essaya de se souvenir si elle avait une trousse de premiers soins dans son bureau. " Hum… elle a dit où elles allaient ? "

 

" Non… mais je pense qu'elles étaient dans son bureau ", répondit Maria pour la rassurer. " C'est bien que je vous appelle ? Je n'aime pas cette femme, Dar… elle a vraiment l'air tordue. "

 

Ouais, tu l'as dit . " D'accord… oui, c'était bien, Maria… je vais m'en occuper. " Dar soupira. " Je vous vois tout à l'heure. " Elle raccrocha, puis attrapa son agenda et se dirigea d'un pas volontaire vers la porte.

**********

 

Comments (0)

You don't have permission to comment on this page.