| 
  • If you are citizen of an European Union member nation, you may not use this service unless you are at least 16 years old.

  • You already know Dokkio is an AI-powered assistant to organize & manage your digital files & messages. Very soon, Dokkio will support Outlook as well as One Drive. Check it out today!

View
 

Home3B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Ton coeur est ton foyer

Home is where the Heart is

 

Melissa Good

 

Traductrice : Katell

 

************

Partie 3B

********

 

Une fois dehors, Hécuba s'essuya les mains et hocha rapidement la tête. "C'est fait. Maintenant, j'ai d'autres choses à faire…" elle s'interrompit, alors qu'elle venait, tout comme sa fille et Xena, de repérer Hérodotus qui se dirigeait droit vers elles.

 

Gabrielle sentit un nœud familier se former dans son estomac en voyant la colère évidente sur le visage de son père. Son cœur commença à battre plus fort, dans une réaction irraisonnée qui lui fit trembler les jambes et gêna sa respiration. Dieux… hurla son esprit, au bord de la panique.

 

Et puis deux choses se produisirent en même temps. Une main se posa sur son épaule, lui apportant un sentiment de sécurité qui dissolva doucement sa panique… puis ses yeux, fixés sur le visage de son père, virent quelque chose d'incroyable. De la peur. Pendant quelques secondes stupéfiantes, elle cligna des yeux. De quoi… pouvait-il bien avoir peur ? Qu'est-ce qu'il…

 

"Viens", grogna Hérodotus à quelques pas d'elles, faisant signe à Hécuba avec un geste coléreux. Mais ses yeux s'éloignèrent d'elles et il ne se retourna pas, traversant la place, les mains serrées autour du bras de sa femme.

 

"Ça va ?" murmura Xena, la regarda, inquiète.

 

"Ouais", fit le barde, un peu secouée. "Je suis… je me demande ce qui l'a fait réagir comme ça…" Elle suivit Xena qui la tirait doucement vers la place. "Je n'avais jamais vu… qu'est-ce que… tu as vu ce qu'il regardait ?"

 

Xena hésita, puis haussa les épaules. "Moi." Et c'est sans doute tant mieux qu'elle n'ait pas vu ma figure, parce que je suis sûre que ça ne devait pas être très joli.

 

"Toi ?" répondit Gabrielle pensivement, sentant sa peur disparaître. Xena. Bien sûr qu'il avait peur d'elle. Tout le monde avait peur d'elle. Pourquoi son père serait-il différent…

 

"Ouais", confirma Xena. "Ecoute, je vais retourner voir Argo. Tu veux aller chercher…" elle sourit "… ce qu'il faut pour un pique-nique ?"

 

"Absolument", répondit le barde, les yeux brillants. "Je te retrouve à la grange." Elle se dirigea vers la place du marché, faisant mentalement une liste de choses dont elle avait besoin.

 

Ça ne lui prit pas longtemps, à peine trois échoppes, et elle avait tout ce qu'elle voulait, le tout regroupé dans un paquet qu'elle coinça sous son bras. Ce qu'il a de bien quand on passe tout son temps avec quelqu'un pendant deux ans, pensa-t-elle, amusée, c'est qu'on sait ce qu'elle aime et ce qu'elle n'aime pas…. Et ses goûts et ceux de Xena étaient étonnement similaires. Ce qui était plutôt une bonne chose, se dit-elle, avec une ironie désabusée, ou l'heure du repas serait un vrai casse-tête.

 

Elle fit le tour du dernier bâtiment au bout de la place et se dirigea vers la grange. Et s'arrêta, en voyant ce qui se trouvait devant elle. Agtès et ses amis. Le sourire aux lèvres.

 

"Tiens, tiens… regardez qui voilà… la p'tite Bree", fit Agtès avec un air suffisant.

 

"Bonjour, Agtès", répondit doucement Gabrielle. Et maintenant, qu'est-ce que je fais ? Dieux… Mais Agtès n'était pas son père… et elle avait vu bien pire au cours de ses voyages. Pas de panique… juste une colère bouillonnante qu'elle pouvait sentir monter en elle. "Excuse-moi", dit-elle, avançant pour passer.

 

"Oh… pas si vite", fit Agtès en riant, et il lui saisit le bras. "Je ne t'ai pas vue depuis un bon moment, Bree… on raconte que tu cours le guilledou avec cet ex-seigneur de guerre… ton… amie… à ce qu'on dit." Il s'approcha un peu plus. "Est-ce qu'elle te rend… heureuse… Bree ?" Ses amis éclatèrent de rire.

 

Gabrielle considéra puis rejeta différentes options avant de choisir sa réponse. "Très", fit-elle d'une voix traînante, lui adressant un sourire inattendu. "Maintenant, j'aimerais passer." Elle apprécia son regard stupéfait alors qu'elle se baissait pour passer et continuer son chemin.

 

"Hé…" grogna-t-il, et il se jeta sur elle, lui saisissant les épaules et la forçant à se retourner.

 

Le barde se laissa faire jusqu'à ce qu'elle lui fasse face, puis envoya son coude à toute volée dans sa mâchoire, accusant le choc et voyant sa tête partir en arrière. Il trébucha un peu, clignant des yeux et elle suivit sa première attaque par un coup de pied à l'entrejambe qui le mit à genoux, le souffle coupé.

 

Un silence tomba, les autres gamins la regardant, stupéfaits. Elle se retourna, s'essuyant les mains l'une contre l'autre. "Maintenant, je le répète. J'aimerais passer." Elle passa donc, puis s'arrêta et se retourna. "Vous n'avez vraiment rien de mieux à faire que d'embêter les gens ?" Et elle reprit son chemin, secouant légèrement la tête. "Bande de crétins."

 

Elle poussa la porte de la grange et s'arrêta, en entendant des voix à l'intérieur. Puis on prononça son nom et elle s'avança dans le bâtiment faiblement éclairé, repérant Xena, près d'Argo, en conversation avec Lila.

 

"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda-t-elle, voyant le visage couvert de larmes de Lila et l'expression sinistre qu'affichait Xena.

 

"Oh… Bree…" dit Lila dans un souffle, tendant la main vers elle. "C'est Maman… il…"

 

Xena prit le paquet des mains du barde et le posa. "On dirait qu'il s'est calmé les nerfs sur ta mère, Gabrielle", expliqua la guerrière avec une froide colère.

 

"Elle est blessée, Bree… et il ne veut pas laisser le guérisseur la voir", gémit Lila, tombant presque dans les bras de sa sœur.

 

Xena marcha jusqu'aux sacoches d'Argo et en retira un petit paquet. "Vous deux restez ici", dit-elle d'un ton qui n'admettait pas la discussion.

 

"Attends, Xena", protesta brusquement Gabrielle. "Pas question… je vais avec toi."

 

La guerrière se retourna et vint près d'elle, capturant ses yeux d'un regard intense. "Non, Gabrielle. Je ne plaisante pas. Ça va déjà être suffisamment pénible sans que tu sois là, alors…" Ne me contredis pas, pour une fois, Gabrielle, je n'ai pas le temps d'essayer de te convaincre… je t'en prie… "Fais-moi confiance, ok ??" Elle sentit la douleur que ces mots représentaient encore pour elle, à cet endroit.

 

Gabrielle hésita, honteuse du sentiment de soulagement qui l'envahit. Mais elle devait accepter cette demande. "D'accord. Mais s'il te plaît, fais attention", murmura-t-elle, libérant une main de l'étreinte frénétique de Lila et enroulant ses doigts autour de ceux de Xena.

 

Elle sentit la main de la guerrière serrer la sienne. "Ne t'inquiète pas", répondit-elle. "Je serai de retour en un rien de temps. Occupe-toi de Lila. Je crois qu'elle a besoin d'un verre d'eau.'

 

Puis Xena disparut et elle aida Lila à s'asseoir dans la paille. "Attends, je vais te trouver à boire." Elle regarda Lila avaler une longue gorgée de la coupe qu'elle lui tendit. "Maintenait… dis-moi exactement ce qui s'est passé."

 

 

 

Le gravier crissait sous les bottes de Xena alors qu'elle remontait le chemin qui conduisait à la maison de Gabrielle. Devant elle, elle pouvait entendre une dispute et, après la dernière courbe du chemin, elle vit Hérodotus crier sur un homme plus petit et un peu maigrelet. A sa vue, elle sentit une vague d'émotions éclater en elle, dans un endroit très sombre, au plus profond de son être. Il lui fallut un effort intense, plus grand qu'elle n'avait anticipé, pour repousser cette sensation, avant qu'il ne lève les yeux et ne voie ce qui, elle le savait bien, se lisait sur son visage.

 

"J'ai dit : fiche le camp", grognait Hérodotus, poussant le petit homme.

 

"Mais laisse-moi au moins…", protestait l'autre, levant les deux mains dans un geste de supplication. "Hérodotus, je t'en prie…"

 

Ils levèrent tous les deux les yeux en entendant des bruits de pas et virent Xena se diriger droit sur eux. Le guérisseur cligna des yeux, surpris. "Dieux", murmura-t-il, ne sachant pas trop quoi en penser.

 

"Bons dieux", grogna Hérodotus. "Dégage !" cria-t-il à la guerrière qui s'approchait toujours.

 

Et qui ne broncha pas, et continua, monta les escaliers jusqu'au porche et s'arrêta juste devant eux. "Ote-toi de mon chemin", ordonna Xena. "Ou je vais le faire moi-même."

 

Pendant une fraction de seconde, elle pensa… elle espéra… elle voulut qu'Hérodotus essaie de l'arrêter… parce que cela lui aurait donné une raison de s'abandonner au besoin qu'elle avait de lui taper dessus. Un seul doigt posé sur elle suffirait… allez, Hérodotus… donne-moi une raison de me justifier auprès de ta fille… je t'en prie… allez… tu sais que tu veux le faire. Frappe-moi. Rien qu'une fois. C'est tout ce que je demande. "J'ai dit, DEGAGE", sa voix devint plus grave, presque un grognement et elle pouvait sentir la colère monter en elle… si proche, prête à prendre le contrôle.

 

Mais il n'était pas idiot. "Je vais te dénoncer à la justice, Xena", répondit-il froidement, tout en la laissant passer.

 

Xena s'approcha de lui, une expression violente et féroce sur le visage. "Fiche-le camp." Sa voix devint un murmure. "Ou je vais te faire regretter chacune des marques que tu as faites sur elles."

 

"Ce ne sont pas tes affaires", fit Hérodotus d'un air méprisant. "La loi est de mon côté, espèce de petite ordure arrogante, et tu ne peux rien contre moi."

 

Le loup refit surface, et Xena le laissa faire. Elle vit les yeux d'Hérodotus s'agrandir lorsqu'il vit le changement en elle. "Oh… tu te trompes, tu te trompes complètement." Un ricanement bas et cruel s'échappa de ses lèvres. "Gabrielle est mon affaire… et par le nom d'Arès, espèce de porc… si tu la touches encore…" Sa voix glissa sur les mots comme un serpent sur l'herbe. "Ne serait-ce qu'une seule fois, je… oh, oui… je te ferai tellement mal que tu souhaiteras être mort."

 

Puis elle poussa la porte et entra dans la maison faiblement éclairée. Elle s'arrêta et se tint là, totalement immobile et silencieuse pendant un très long moment, pour laisser le feu dans ses entrailles s'éteindre, et le tremblement de ses membres se dissiper. Ça avait été juste… si juste. Trop juste. Enfin, elle inspira profondément et avança, écoutant attentivement.

 

De petites gémissements la conduisirent à la cuisine où elle s'arrêta un moment. Puis, secouant doucement sa tête sombre, elle alla s'agenouiller auprès d'Hécuba. "Doucement… doucement…" dit-elle alors que la mère de Gabrielle se roulait encore plus en boule. "Tout va bien… doucement."

 

Elle tendit la main et saisit les épaules de la femme, la tournant doucement sur le dos, découvrant la douleur dans ses yeux. "Tout va bien…" Elle vit l'expression d'horreur pure disparaître légèrement et une lueur de reconnaissance la remplacer. "Oui, c'est ça… tu me connais… du calme, je ne vais pas te faire de mal."

 

"Mmmon bras", souffla Hécuba, les yeux fixés sur le visage de la guerrière à moitié plongé dans l'ombre.

 

"Je sais", dit Xena, les yeux bougeant rapidement, ses mains ouvrant sa trousse. "Ok… il faut que je remette l'os en place." Elle jeta un coup d'œil sur le visage d'Hécuba. "Je vais bloquer la douleur avec un point de pression, ok ?"

 

Un hochement de tête effrayé. "OK", fit Xena et elle appuya deux doigts à la jointure du cou et de l'épaule et entendit Hécuba inspirer brusquement. "Ok… tout va bien." Elle posa la main sur l'épaule de la femme. "Ne regarde pas."

 

Elle saisit son coude d'une main ferme et son poignet de l'autre, puis fit tourner le bras fracturé pour le remettre en place. Elle sentit les os frotter avant d'être réalignés et elle esquissa une grimace en voyant la pâleur soudaine sur le visage de la mère du barde. "Ok… presque fini." Xena posa une attelle et enroula le bras dans des bandages en lin, puis serra le tout avant de relâcher le point de pression.

 

Hécuba laissa échapper un gémissement lorsque la douleur revint, mais pas aussi aiguë qu'avant. "Ça fait mal, je le sais."

 

"C'est mieux", souffla Hécuba. "Oh, dieux… comment as-tu su…"

 

Xena lui tapota l'épaule. "Lila est venue me chercher." Elle passa son bras derrière les épaules d'Hécuba. "Tiens bon." Elle souleva les genoux de son autre main, puis se leva et porta la femme jusqu'à la chambre à coucher, avant de l'allonger sur une paillasse près de la porte. "Voilà", dit-elle, en s'accroupissant près de la femme. "La douleur va persister toute la nuit, mais demain matin, ça devrait aller un peu mieux."

 

Hécuba la fixa. "Je ne te comprends pas."

 

Xena soupira. "J'ai l'habitude."

 

"Gabrielle le sait ?" demanda-t-elle faiblement.

 

La guerrière hocha la tête.

 

"Ne la laisse pas venir ici", fit Hécuba, ses paupières se fermant, alors qu'elle essayait de ne pas s'endormir.

 

"Ne t'inquiète pas pour Gabrielle", répondit Xena, posa la main sur son épaule. "Repose-toi."

 

Hécuba ferma les yeux et elle acquiesça doucement. "Elle est entre de bonnes mains."

 

Xena sourit, désabusée, et observa ses mains. Beaucoup de gens objecteraient, Hécuba. Ton mari, pour commencer. Et vu que j'étais à deux doigts de commettre un meurtre de sang froid sur ton porche, je devrais sans doute aussi objecter… Soupirant, elle se leva et alla sans bruit jusqu'à la porte, traversant la salle principale. Aucun signe d'Hérodotus, pensa-t-elle, amusée. Il était peut-être parti chercher le bailli. Ça devrait être intéressant.

 

En silence, elle ouvrit la porte et se glissa à l'extérieur, reprenant le même chemin.

 

 

 

 

Hérodotus quitta son porche et se dirigea vers le centre du village, à la recherche du bailli. Ce n'est pas que cet imbécile va faire quelque chose, mais… pensa-t-il, amusé. En passant devant la porte de la grange, il remarqua des voix douces à l'intérieur. Des voix qu'il reconnut, et il s'arrêta, puis resta immobile, réfléchissant, pendant un long moment.

 

Puis il sourit et entra dans la grange.

 

Lila eut le souffle coupé en reconnaissant la grande silhouette sur le seuil de la porte, et sa main saisit celle de Gabrielle avec l'intensité du désespoir. "Dieux…", murmura-t-elle.

 

Le barde inspira brusquement et se tint debout, entre Lila et leur père. Son cœur commença à battre plus vite, malgré ses efforts pour le calmer. Je peux le faire. Je peux le faire. Xena a dit que je pouvais le faire, répéta son esprit sans cesse. Je peux. Et à présent, son cœur écouta et ralentit un peu ; elle le regarda alors avec une attente nerveuse.

 

"Voyons, Bree…", fit Hérodotus, d'une voix apaisante, les mains ouvertes vers elle pour lui montrer qu'elles étaient vides. "Du calme, ma fille. Est-ce que c'est si mal pour un père de vouloir parler à sa fille ?"

 

Gabrielle observa son visage en silence. "Tu ne crois pas que tu as assez parlé comme ça l'autre soir ?" demanda-t-elle enfin, d'une voix calme. Dieux… qu'est-ce que je fais ici… ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Je… je ne suis pas sûre de pouvoir affronter cela… "Tu as autre chose à dire ?"

 

Son père secoua solennellement sa tête grise. "C'était avant que je comprenne que tu avais beaucoup grandi, Gabrielle." Elle ne manqua pas de remarquer qu'il venait d'utiliser son nom en entier. "Toi et moi… devons parler. Je ne te demande pas grand-chose… simplement de t'asseoir et de me parler, à l'auberge. Tu peux faire ça, non ? Quel mal y a-t-il à parler ?"

 

Quel mal, en effet… Gabrielle sentit la pensée se glisser dans sa conscience. Je sais parler… et il veut parler, c'est tout. Je sais… je sais que je ne devrais pas… mais… "D'accord", répondit-elle, sentant les ongles de Lila s'enfoncer dans son bras.

 

"Non", murmura Lila, lui adressant un regard désespéré. "Bree…"

 

"Je dois le faire", répondit le barde, d'une voix rauque. "Je ne peux pas… Lila, il faut que je le fasse. Lâche-moi, s'il te plaît." Elle sentit la main de Lila quitter son bras et elle fit un pas en avant. Vers lui. "Allons-y." Elle le vit se retourner et marcher vers la porte devant elle, jusqu'à ce qu'ils fussent tous les deux dehors, puis il vint à ses côtés.

 

Ils traversèrent la petite cour en silence, et atteignirent bientôt l'auberge ; en silence, il ouvrit la porte et la tint ouverte pour elle, lui adressant un petit hochement de tête pour lui indiquer de passer. Leurs yeux se croisèrent, et un sourire se dessina sur ses lèvres, un sourire qui toucha ses souvenirs comme un tison ardent. Des souvenirs qu'elle avait d'elle, une toute petite enfant, près du feu en hiver… et lui… lui racontant des histoires. L'image remplit son esprit et serra sa gorge, et elle sentit bientôt des larmes lui piquer les yeux. J'avais oublié. Ses souvenirs lui murmuraient à l'oreille. Oh, papa…

 

Hérodotus la conduisit à une table et tira une chaise pour elle, attendit qu'elle soit assise avant de prendre la chaise en face d'elle. "Tu vois, ce n'est pas si terrible."

 

"Non", répondit Gabrielle, gardant les yeux fixés sur ses mains, qu'elle croisa sur la table devant elle. Je ne suis plus une enfant. Et… les bons souvenirs que j'ai de lui… n'effacent pas les mauvais. Pas vrai ? "Qu'est-ce que tu veux ?" demanda-t-elle doucement, levant les yeux pour croiser son regard

 

Hérodotus eut un petit haussement d'épaules et joua du doigt avec un défaut de la table en bois. "Je sais… que tu es très en colère, Gabrielle, pour ce que je t'ai dit et ce qui s'est passé l'autre jour. Je ne vais pas te présenter mes excuses pour cela, ça n'aurait pas de sens. Je pensais ce que je t'ai dit, et je l'ai fait… parce que je pense que ta place est ici, avec nous. Tu comprends cela ?"

 

Gabrielle le regarda. "Je comprends ce que tu veux. Comprends-tu que ce n'est pas ce que je veux, moi ?"

 

"Disons que…" il eut un petit rire. "Tu as été plutôt claire sur ce point, pas vrai ?" Il pencha un peu la tête sur le côté. "Mais j'ai commis une grosse erreur, Gabrielle… je t'ai traitée comme une enfant, et tu n'es plus une enfant. Tu es une femme forte, une femme courageuse, n'est-ce pas ?"

 

Le barde réfléchit à ces mots. "Je ne suis pas la même personne que j'étais quand je suis partie, si c'est ce que tu veux dire."

 

Hérodotus acquiesça. "Exactement… et c'est ce dont je dois te parler… parce que, vois-tu, Gabrielle, Lila va partir. Elle va aller vivre sa vie… et ça… ça pose un problème."

 

"Pourquoi ?" demanda simplement le barde.

 

Son père baissa les yeux, étudiant ses mains. "Parce que j'ai un problème, Gabrielle. Comme tu le sais bien. Je ne peux pas… me contrôler. Tu le sais bien, pas vrai ? Que je n'ai jamais voulu faire du mal à qui que ce soit… mais cela arrive, et je n'y peux rien."

 

Etait-ce la vérité ? se demanda l'esprit du barde, torturé.

 

"Alors, maintenant que Lila va partir, j'ai un problème. Parce qu'il ne reste plus que ta mère et moi… et ta mère et moi… eh, bien, disons que… nous nous disputons."

 

"Comme tu viens de le faire ?" Gabrielle ne reconnut même pas sa propre voix.

 

Il hocha lentement la tête. "Lila ne pourrait jamais m'arrêter… mais toi, si, Bree. Je sais que tu peux." Il tendit la main et toucha son menton, et elle fut bien trop stupéfaite pour l'en empêcher. "Oui… tu es ma fille… pas vrai ?" Il la fixait. "Tu pourrais rendre les choses tellement plus simples pour ta mère, Gabrielle. Tu lui dois bien cela, non ?"

 

Gabrielle sentit son esprit se pétrifier. Devait-elle autant à sa famille ? Parce qu'elle savait, malgré tout, que ce qu'il venait de dire était vrai. Mais il y avait une autre vérité qui la liait aussi profondément que les liens du sang la liaient à cet homme et cette femme. Et briser ce lien… Gabrielle sentit quelque chose s'effriter dans le délicat équilibre qu'elle tentait tant bien que mal de maintenir.

 

"Il faut que j'y réfléchisse", fit-elle, tendue, ses mots à moitié coupés.

 

"D'accord, Bree", dit-il doucement. "Tu y réfléchis… et… Bree… j'aimerais… entendre tes histoires, tu veux ?"

 

Elle acquiesça rapidement, puis il lui tapota la main et se leva pour partir, laissant sa main un moment de plus sur la sienne. "Tu es une bonne fille." Il lui sourit tendrement, puis marcha jusqu'à la porte et sortit.

 

 

 

_________________________________________________________________________________

 

Xena avait écouté en silence les explications frénétiques de Lila, puis avait posé une main sur son épaule. "Lila…" Essayant d'ignorer la sensation de nausée dans son estomac. "Il ne lui fera rien dans l'auberge… pas en public. Et… Gabrielle peut se défendre."

 

"Non", insista Lila, tirant sur la manche de Xena. "Tu… il prépare un mauvais coup, Xena. Quelque chose… que personne ne va aimer, je le sais… je le sens. Il est… obsédé par Gabrielle… il veut qu'elle reste. Vraiment."

 

Xena soupira. "Pourquoi ?" Une simple question.

 

Lila secoua la tête. "Hadès seul le sait… mais Xena…" Ses yeux croisèrent ceux de la guerrière. "Elle veut tant le croire."

 

"Je sais", répondit-elle doucement. "Ecoute, Lila… rentre chez toi. Ta mère va dormir pendant un moment… j'ai soigné son bras. Je vais attendre ici que Gabrielle revienne, et puis on verra où on en est."

 

Lila acquiesça à contrecœur. "D'accord… mais, Xena… ne le laisse pas faire quelque chose qu'elle regrettera, d'accord ?" Ses yeux noisette cherchaient le regard bleu de Xena.

 

La guerrière parvient à esquisser un haussement d'épaules. "Lila, c'est son foyer, ici."

 

"Non", fit la jeune fille brune, secouant la tête, et elle adressa à Xena un sourire timide. "Non… ce n'est pas son foyer." Elle se retourna et partit vers la porte, s'arrêtant sur le seuil et se retournant. "C'est toi, son foyer." Puis elle sortit.

 

Xena marcha lentement jusqu'au mur et se laissa glisser sur une meule de foin près de la porte, posant ses coudes sur ses genoux et fixant le sol entre ses bottes. Alors… nous y revoilà, hein ? Encore des choix à faire… dieux, j'ai horreur de ça. J'ai horreur de… bon sang. Ok, arrête un peu, Xena. Il faut te ressaisir. Ok. Elle secoua la tête en silence. Je savais que ça arriverait quand j'ai décidé de suivre ce chemin, pas vrai ? Je savais que ça ne serait pas… pour toujours. Ou même… pour longtemps… alors… pourquoi… Elle arrêta de penser et resta là, assise, fixant ses mains, étudiant les cicatrices sur sa peau comme si elle les voyait pour la première fois.

 

Elle inspira profondément, une fois, puis deux. Ok… tu sais ce qu'il faut faire. C'est son choix… pas le mien… dieux… jamais le mien… et ça, depuis… Un bruit à la porte et elle leva les yeux pour voir Gabrielle, debout sur le seuil, qui la regardait.

 

Le barde traversa lentement le sol couvert de paille et s'agenouilla devant elle, posant la main sur son genou. "Il faut que je te parle", dit-elle, ses yeux verts capturant les siens. "On peut aller marcher un peu… peut-être vers la rivière ?" Elle vit les barrières se lever dans les yeux bleus. Oh… oui, Xena, vas-y… ferme tout bien… "S'il te plaît ?"

 

"Bien sûr", répondit calmement Xena en se levant, puis elle fit un geste vers la porte. Ne montrant surtout pas que ses jambes tremblaient si fort qu'elle pouvait à peine marcher.

 

Gabrielle ramassa les provisions pour le pique-nique et les regarda, les prenant sous son bras. "On peut toujours les prendre avec nous", dit-elle, tentant de faire comme si de rien n'était.

 

"Oui", acquiesça Xena.

 

Elles marchèrent côte à côte sur le chemin qui conduisait à la rivière, en silence, écoutant les bruits qui les entouraient… les sauterelles, et les gargouillis de l'eau. Et les mouvements des feuilles qui se mêlaient à leurs pas.

 

Et près de la rivière, Gabrielle quitta le chemin et alla s'asseoir sur une saillie en ardoises, regardant de l'autre côté de l'eau, alors que Xena vint s'asseoir dans l'herbe près d'elle. "Alors", fit doucement la guerrière. "Qu'est-ce qui se passe ?" Elle rassembla ses émotions et les repoussa du mieux qu'elle le put.

 

Gabrielle ne la regarda pas, mais parla d'une voix égale, et lui répéta ce que son père lui avait dit. "Xena…" dit-elle, lorsqu'elle eut terminé. "J'ai besoin de te poser quelques questions… et… il faut que je te les pose parce que je sais que tu ne… me mentiras pas." Ses yeux croisèrent ceux de la guerrière pendant un instant, puis se baissèrent en voyant ce qu'elle y vit. Oh, dieux… comment est-ce que je peux lui faire une chose pareille ?

 

"D'accord", répondit Xena dans l'attente. "Demande-moi ce que tu veux."

 

"Est-ce que je pourrais l'arrêter ?" demanda le barde.

 

"Oui", répondit Xena d'une voix égale.

 

"Pourrais-je faire une différence pour elle ?" A présent, la voix de Gabrielle tremblait un peu.

 

"Oui." Xena observait ses mains et ne leva pas les yeux, même lorsqu'elle sut que Gabrielle attendait qu'elle le fasse. Pardon… mais tu y verrais trop… et je me suis juré de ne jamais influencer tes décisions. Pas sur ce point. Pas vrai ? Mais je ne peux pas la laisser… oh, dieux de l'Olympe… je ne crois pas que je puisse le faire…

 

"Xena, est-ce que tu crois que je devrais rester ici ?" La voix de Gabrielle se brisa. Maintenant… je vais avoir droit au sermon habituel, hurla son esprit… "Suis ton cœur, Gabrielle… tu dois faire ce que tu penses être le mieux…" Je l'ai entendu si souvent, je me demande pourquoi je lui ai posé la question.

 

"Non." Un seul mot, ferme. "Ne reste pas." Le reste fut un peu plus doux, plus rauque aussi.

 

Puis un long silence s'installa entre elles.

 

"Est-ce que tu es en train de me dire…" Une question douce et étonnée de la part du barde.

 

"Oui." Un long soupir. "J'ai juré que je ne le ferais jamais…" Une pause. "Mais je ne peux pas… faire comme si… ce que tu décides… de faire ne m'affectait pas." Xena avala, puis leva enfin les yeux. "Parce que c'est faux." Tes promesses, tu parles. "Pardon. Je sais que ce n'est pas la réponse que tu voulais entendre."

 

Gabrielle ferma les yeux et laissa la vague douce et calme l'envahir. "C'est exactement la réponse que je voulais entendre", fit-elle. "C'est la même réponse à laquelle j'étais parvenue… je voulais seulement m'assurer que ce n'était pas de… l'égoïsme de ma part."

 

Elles se regardèrent un moment, en silence. "Ecoute…" dit enfin Gabrielle, inspirant. "Je sais… que tu veux toujours que je fasse ce qui est mieux pour moi."

 

"Oui", fit Xena dans un souffle. "Je m'inquiète parce qu'on est toujours sur la route… toujours à se battre… à être blessées… je…"

 

"Je sais." Gabrielle bougea un peu sur le rocher. "Et je veux que tu trouves la paix, et que tu sois heureuse… et que tu n'aies pas à passer toute ta vie à te battre pour une raison ou pour une autre." Elle fit une pause. "Mais tu sais… je me fiche pas mal de ce que tu fais, ou de l'endroit où tu te trouves… je veux y être avec toi." Un long silence. "J'ai besoin d'être près de toi."

 

Xena la regarda et sentit le poids immense qui lui comprimait la poitrine se relâcher, si vite qu'elle en fut étourdie. "J'ai besoin que tu sois là." Et c'était aussi simple que ça, pensa Xena par la suite. Pourquoi cela m'a-t-il pris aussi longtemps pour le dire ? Parce que… en disant cela, j'ai franchi la dernière ligne, fait tomber la dernière barrière… et il n'est plus question de revenir en arrière. Et c'était la chose la plus effrayante et la plus excitante qu'elle ait jamais ressentie.

 

"Tu ne sais pas à quel point je suis heureuse de t'entendre dire ça", admit doucement Gabrielle.

 

Elles restèrent assises une minute, puis Xena se pencha un peu et posa sa main sur le mollet du barde. "Je ne veux pas que tu…"

 

"Je sais…" répondit Gabrielle, dans un soupir. "Je…l'ai presque fait. Pendant quelques minutes, pendant qu'il me parlait… je voulais le croire. Mais une fois qu'il a été parti, je suis restée là et j'ai réfléchi à ce qu'il venait de dire, et tu sais, Xena… je me suis souvenu de ce que tu avais dit à propos de Perdicus… et de Callisto… et de nous." Elle s'interrompit. "Sur le fait que les gens sont responsables d'eux-mêmes, pas des autres."

 

Un long silence suivit. "Je ne peux pas le changer, Xena. Tu as raison… je l'ai bien senti… je pourrais rester et servir de… je ne sais pas… de tampon, entre eux." Elle fit une pause et inspira. "Et ça rendrait peut-être les choses un peu plus faciles, parfois, pendant un moment. Mais ça ne changerait pas ce qu'il est… ou ce qu'il a fait… à Maman… ou à Lila." Une pause. "Ou à moi."

 

Elle observa ses mains, enroulées l'une autour de l'autre, blanches d'avoir trop serré. "Lorsqu'il a commencé à me parler, je… j'ai pensé que ça serait vraiment bien… de le retrouver… tel qu'il était au début… quand j'étais petite. Je voulais ressentir ça à nouveau." Elle avala et jeta un coup d'œil à Xena. "Mais… ça n'arrivera pas, parce que je suis ce que je suis et je ne suis plus l'enfant d'autrefois." Ses doigts s'enroulèrent autour de ceux de Xena. "Ça m'a simplement pris un peu de temps pour m'en souvenir."

 

Xena l'entoura d'un bras et la serra contre elle. "Je savais que tu y arriverais", murmura-t-elle.

 

"Avec l'aide de ma meilleure amie", répondit-elle, souriant doucement. "Tu sais… c'était vraiment étrange… mais de le voir être gentil, comme ça… je… tout à coup, je n'ai plus eu peur. Et il a commencé à me faire pitié." Elle leva les yeux vers la guerrière. "Je sais que c'est bizarre…"

 

"Pas vraiment", répondit Xena, pensive. "C'est tout à fait toi." Un petit sourire se dessina sur ses lèvres.

 

Gabrielle laissa échapper un petit rire. "Sans doute." Puis elle soupira. "Mais j'ai peur pour ma mère, Xena… Je lui ai tenu tête, et c'était vraiment merveilleux." Un bref sourire. "Mais je ne suis pas sûre de pouvoir lui montrer comment faire ça… après tout ce temps."

 

Xena réfléchit quelques instants. "Mmm… je ne crois pas que tu y puisses grand-chose non plus."

 

Le barde soupira et ses épaules s'affaissèrent.

 

"Mais…", continua Xena, un sourire apparaissant lentement sur son visage. "Je crois que je connais quelqu'un qui pourrait l'aider."

 

Des yeux vert pâle croisèrent les siens, interrogatifs. "Hmm ?"

 

"Ma mère." Une étincelle malicieuse dans ces yeux si bleus.

 

"Oh….oui…" fit Gabrielle dans un souffle. "Mais tu crois qu'elle… je veux dire, Xena…"

 

Xena s'appuya en arrière contre le rocher sur lequel était assise Gabrielle et étendit les jambes. "Mmm… oui, elle le ferait." Elle se mordit la langue, riant.

 

"Bon sang… dommage que Johan soit parti ce matin", soupira Gabrielle.

 

"Ouais… heureusement que je lui ai laissé un mot avant qu'il parte", fit Xena, l'air de ne pas y toucher, en adressant au barde un sourire des plus innocents.

 

Qui n'était pas très réussi, d'ailleurs.

 

"Xena !" fit Gabrielle en riant, lui donnant une tape sur l'épaule. "Aïe… il faut que je me souvienne de ne pas faire ça… tu es pleine de surprises, aujourd'hui, pas vrai ?"

 

La guerrière haussa légèrement les épaules. "Je fais de mon mieux." Elle ferma les yeux rapidement contre le martèlement qui vibrait dans sa tête. Contente que ça soit terminé… "J'essaie juste d'être serviable." Et j'espère que je n'aurai jamais plus à revivre ça. Ça m'a épuisée plus qu'une journée entière sur le champ de bataille. Dieux… je ne suis pas prête pour ce genre de choses.

 

Et elle leva les yeux pour voir Gabrielle qui l'observait de près. "Ça va ?" demanda le barde, lisant les petites indications sur son visage qui, elle le savait bien, voulaient dire que sa compagne souffrait.

 

Xena pensa brièvement à éviter la question, puis elle s'arrêta et réfléchit sérieusement. "Mmm… j'ai un de ces maux de tête", admit-elle, avec un petit sourire. "Rien de mortel."

 

Gabrielle glissa la main sur sa nuque et tâta doucement. "Bon sang… tu es toute nouée…" murmura-t-elle, voyant les yeux de Xena se fermer au toucher. C'est moi qui ai causé ça, pensa-t-elle, sinistre. Je me demande si ça arrive souvent et qu'elle n'en dit rien. Souvent, probablement. "Attends…" Elle se laissa glisser près de la guerrière et tapota sa cuisse. "Allonge-toi."

 

Xena hésita, puis obéit. Elle vit bientôt les feuillages des arbres au-dessus de sa tête, sentant la douceur inégale du sol sous elle, et les mains fortes de Gabrielle qui travaillaient la raideur de sa nuque. C'était… merveilleux, et elle s'abandonna totalement au moment, fermant les yeux, laissant la tension disparaître totalement de son corps.

 

"C'est mieux ?" demanda Gabrielle.

 

"Hmm, hmm", répondit doucement Xena, en tournant légèrement la tête et en ouvrant les yeux. "Merci."

 

"Pas de problème", fit le barde avec un sourire ravi. "Tu as faim ?"

 

Xena réfléchit à la question. "Oui", répondit-elle, et elle commença à se lever, lorsque le barde lui saisit l'épaule.

 

"Hé… ne bouge pas. Je m'en occupe." Un petit rire du barde. "Allez… c'est pas souvent que j'ai l'occasion de faire ça."

 

Est-ce que je la laisse faire ? Bon sang… je vais m'attirer des ennuis si je continue comme ça… mais… oh, Hadès… en ce moment, je m'en fiche pas mal… "OK." Et elle se rallongea, réinstallant sa tête avec un sourire paresseux. "Tu me gâtes trop." Ce qui était à peine une critique.

 

"Exactement", acquiesça joyeusement le barde. "Alors, détends-toi et profites-en." Elle déballa les provisions qu'elle avait achetées le matin, et commença à assembler les ingrédients, qu'elle servit par deux, un pour elle et un pour Xena qui accepta d'être nourrie à la main avec une bienveillance amusée, les mains croisées sur le ventre, allongée de tout son long avec un soupir satisfait.

 

"La végétation a pas mal poussé, mais cet endroit n'est pas si différent, tu ne trouves pas ?" commenta Gabrielle, en jetant un coup d'œil aux alentours. "On est presque où je me trouvais, en plus… quand on a vu les marchands d'esclaves."

 

"J'étais derrière cette rangée d'arbres", répondit Xena, sans regarder. "A droite." Elle accepta un pâté de viande des doigts de Gabrielle et mâcha, avalant avant de reprendre. "Je venais d'enterrer mon armure et mes armes… je ne sais pas ce qui m'a fait choisir ce chemin pour descendre, mais c'est ce que j'ai fait."

 

Le barde hocha lentement la tête. "Quand je t'ai vue les attaquer… j'ai senti quelque chose." Sa voix devint pensive. "J'ai toujours mis ça sur le compte de l'excitation du moment… après tout, ce n'est pas tous les jours que tu vois un truc pareil, quand tu n'es qu'une simple villageoise."

 

Xena réfléchit, fermant les yeux pour mieux se souvenir, puis les laissant se rouvrir avec une expression curieuse. "Moi aussi… maintenant que j'y repense. A l'époque…" elle secoua la tête. "J'étais plutôt… préoccupée. Je n'ai pas fait attention." Mais maintenant, si… elle repensait au moment où tout s'était en quelque sorte… arrêté, lorsque leurs yeux s'étaient croisés pour la première fois. Ça l'avait distraite… "Oui. Je me souviens."

 

Elles s'observèrent.

 

"Je commence à croire que je t'aurais suivie de toute façon, tu sais", fit Gabrielle d'une voix traînante, avec un petit sourire. "Même si j'avais eu la vie facile, ici."

 

Xena la regarda. "Je commence à me dire que j'aurais fini sur ce chemin, quelle qu'ait été la tournure des événements avec mon armée."

 

"Parfois, les choses arrivent", observa Gabrielle, en offrant un autre pâté.

 

"Parfois, oui", acquiesça la guerrière, en attrapant le morceau entre ses dents, puis elle donna un coup de tête, l'envoyant voler dans les airs avant de le rattraper avec la bouche. "Très bon repas, mon barde."

 

Gabrielle gloussa. "C'est encore un de tes nombreux talents ?"

 

"Peut-être", fit Xena en souriant. Elle jeta un coup d'œil vers le ciel. "Il commence à se faire tard", fit-elle d'un ton plein de regrets.

 

"Tu as un rendez-vous ?" demanda Gabrielle en levant un sourcil.

 

"Oh… des gens à voir, tu sais… des bardes à chatouiller…" fit tranquillement Xena, se soulevant avec une fluidité soudaine, et se tournant sur le côté pour saisir Gabrielle, qui ne s'y attendait pas du tout.

 

"Hé !!" cria-t-elle en se tournant, en vain. "Arrête !" Mais la guerrière n'abandonna pas, et la réduisit à un barde gloussant en très peu de temps. "Yaahhhh !!!!" couina-t-elle et elle parvint à se lever et à prendre un peu de distance, étouffant un juron lorsque Xena se leva pour la poursuivre. "Oh, Hadès…", et elle déguerpit, distançant la guerrière de quelques pas, avant que Xena n'allonge ses foulées et ne la rattrape, la soulevant doucement et la lâchant dans un carré de solidages, envoyant un nuage de pollen tout autour d'elle.

 

"Yah !!" rit Gabrielle, en clignant des yeux pour se débarrasser de la poussière d'or. "Attends que je t'attrape…" Et elle le fit… elle se leva et, s'élançant vers Xena à toute vitesse, ne voyant pas la pente au bord de laquelle se tenait la guerrière. Elle décolla à quelques pas de sa compagne et se jeta sur elle d'un seul bond qui prit Xena par surprise.

 

"Whoa !" cria la guerrière, écarquillant les yeux lorsque le barde la heurta de plein fouet. Elle leva les bras, se préparant à l'impact. Elle attrapa Gabrielle, comme le barde savait bien qu'elle le ferait, mais sentit le sol se dérober sous elle. "Oh, oh", marmonna-t-elle, alors que le bond de Gabrielle les entraînait toutes les deux en arrière et en bas de la pente.

 

Elles roulèrent le long de la pente en riant. Les bras de Xena enroulés autour de Gabrielle pour amortir la descente, elle sentait le gloussement incontrôlable du barde secouer son corps tout entier. Elles roulèrent par-delà une petite montée, puis Xena se sentit tomber et resserra son étreinte autour de Gabrielle, l'entourant de ses bras et de ses jambes pour la protéger d'un impact éventuel.

 

Qui se produisit sur un attroupement de canards. Qui fit autant de bruit qu'une armée au combat, pensa Xena, un bras bataillant un nuage de plumes et d'ailes. "Euh…" fit-elle, puis elle éclata de rire. "Dieux."

 

Gabrielle se dégagea et s'assit, regardant Xena qui était à présent sur le dos, les bras étendus, entourée d'une nuée de canards particulièrement furieux. Elle tomba sur le côté, riant, se tenant les côtes.

 

Xena leva les yeux.

 

"Couac", protesta un colvert, tournant la tête pour la regarder, furieux.

 

Xena réussit à arrêter de rire et rendit son regard au canard. "Grr", grogna-t-elle.

 

"Couac", répéta le canard, se dandinant d'un pied palmé sur l'autre. "Couac."

 

Xena plissa les yeux, et grogna à nouveau. "Tu pourrais bien finir à la broche, si tu ne fais pas attention", fit-elle d'un ton menaçant.

 

"Couac !" Le canard comprit et s'éloigna rapidement, agitant les plumes de sa queue.

 

"Pip." Xena jeta un coup d'œil dans la direction d'un bruit différent. Elle regarda vers Gabrielle. Oh, je vous en prie… faites qu'elle ne regarde pas maintenant… "Pip." Le minuscule caneton sauta sur sa jambe et se dandina jusqu'à sa poitrine, avant de s'arrêter, clignant des yeux. "Pip." Xena leva la tête et fronça les sourcils. "Ouste."

 

Gabrielle regarda la scène, puis rampa jusqu'à Xena. "Tu sais… ce qui est vraiment dommage, Xena…"

 

Un faux regard noir dans sa direction. "Si tu racontes ça à qui que ce soit, le barde, je te transforme en lacets à chaussures."

 

"Personne ne me croirait", répondit Gabrielle, parvenant à garder son sérieux pendant plusieurs secondes avant d'éclater de rire.

 

"Pip", commenta le caneton, puis il s'installa avec un frétillement de sa minuscule queue.

 

"Tais-toi", grogna Xena.

 

"Couac !" protesta le colvert.

 

Xena finit par soupirer et laissa sa tête retomber en arrière.

 

Gabrielle finit par s'arrêter de rire et s'installa contre le côté droit de Xena pour reprendre son souffle. "Ouh", fit-elle. "Je n'avais pas ri comme ça depuis… je ne me souviens même pas." Elle posa la tête contre le bras tendu de Xena et sourit alors que le bras se contractait et l'attirait plus près. Je crois que je suis enfin parvenue à lui faire surmonter sa réticence du contact. En tout cas, avec moi, pensa-t-elle, amusée. Et c'est plutôt une bonne chose, parce qu'il faudrait que je me coupe les mains pour m'empêcher de la toucher. Et… je crois bien que c'est la même chose pour elle. Je me demande ce que ça lui fait ? Ça doit être vraiment bizarre pour elle.

 

"Ouais", admit Xena avec un soupir ravi. "Ça fait vraiment du bien… même la descente." Elle donna une petite tape au barde. "C'était quoi, ce numéro de voltige ? Et si je t'avais laissé tomber, hein ?" Mais son visage se détendit en un sourire ravi qui illumina ses yeux alors qu'elle regardait le profil de Gabrielle.

 

"Nan", fut la réponse immédiate de Gabrielle, alors qu'elle se tournait un peu vers la guerrière, et glissa une main le long du bras de Xena, laissant le bout de ses doigts dessiner les muscles sous la peau. "Pas possible", fit-elle, avec un regard espiègle. "Je ne m'inquiétais pas du tout."

 

"Oh vraiment ?" fit Xena, levant un sourcil. "Ça va t'attirer des ennuis un de ces jours," Ses lèvres esquissèrent un sourire. "mon amour."

 

Elle vit le sourire et la rougeur soudaine qui envahirent le visage de Gabrielle.

 

Je crois que j'aime bien entendre ça… pensa joyeusement le barde, en penchant la tête et en laissant ses lèvres effleurer l'endroit où le cou et l'épaule de Xena se rejoignaient, respirant le parfum chaleureux de l'herbe écrasée, mêlé à l'odeur du lin et de la peau propre. Je dois être plus sensible à tout ce qui la concerne, maintenant… pensa-t-elle, avec un petit sourire.

 

Inspirant profondément, ravie, elle leva les yeux vers le regard bleu, tout près, et se retrouva encore une fois prisonnière de la chaleur caractéristique de leur lien, à laquelle elle s'abandonna volontiers, laissant sa main glisser le long du cou de Xena et s'arrêter juste au-dessus de son pouls, remarquant le rythme cardiaque qui s'accélérait sous ses doigts. Hmmm… on dirait qu'on est toutes les deux plus sensibles…

 

Fermant les yeux lorsque son corps réagit immédiatement au contact chaleureux de la main de Xena sur ses côtes. Hmmm… ouais, pas de doute. Un doux sourire se dessina sur les lèvres du barde, alors qu'elle s'appuyait contre ce contact et savourait la sensation lorsque leurs lèvres se touchèrent, envoyant un frisson le long de son corps et lui arrachant un rire rauque.

 

"Tu aimes ça, hein ?" fit Xena d'une voix traînante, laissant ses mains glisser lentement sur la poitrine du barde, qui se soulevait irrégulièrement au toucher. Elle entendit le marmonnement incohérent qui lui répondit, et qui vint se heurter aux protestations bien faibles de ses instincts défensifs.

 

Attends… attends… Xena, espèce d'idiote. On est au milieu de la journée, dans un champ ouvert… tu as perdu le peu d'esprit qui te reste ? protesta son esprit rationnel, mais son corps la trahissait joyeusement en répondant aux mains douces de Gabrielle avec un abandon sensuel. Non, non… il faut que ça cesse… arrête maintenant… je ne plaisante pas… Le barde fit glisser ses lèvres plus bas, et glissa une main dans sa tunique. Non… hmm… oh, Hadès. Si quelqu'un veut attaquer, il faudra qu'il passe ces andouilles de canards, de toute façon… Et puis elle s'arrêta de penser à quoi que ce soit, sauf à la chaleur incroyable du soleil, et à la douceur de la brise, et au toucher délicieux de sa compagne.

 

 

 

"Hé", murmura-t-elle, un bon moment plus tard, regardant le corps inerte de Gabrielle étendu sur le sien.

 

"Mmm", répondit paresseusement le barde en se blottissant un peu plus contre son épaule. "Chhh… tu vas réveiller les canards", marmonna-t-elle, sentant un rire lui répondre sous son bras.

 

"Ils font de bonnes sentinelles", remarqua la guerrière, un sourcil levé, regardant les canards qui étaient toujours regroupés autour d'elles et qui leur lançaient de temps en temps des regards courroucés. Je n'arrive pas à croire que j'ai fait ça, se dit-elle, avec un dégoût amusé. Elle jeta un œil autour d'elle. Enfin, l'herbe est plutôt haute… et cette pente permet d'avoir un peu d'avertissement, et… Allez, Xena. Arrête un peu… autant admettre que tu as complètement perdu les pédales. Tu n'as plus aucun contrôle sur quoi que ce soit. Elle ferma les yeux et se laissa baigner dans la lumière du soleil qui commençait à descendre à l'horizon, et laissa la paix l'envahir pendant un long moment. Et je ne peux même pas faire semblant de vouloir changer les choses… c'est en train de guérir des points douloureux que je ne me souvenais même plus avoir.

 

"Il commence à se faire tard", soupira-t-elle, massant doucement la nuque de Gabrielle du bout des doigts. "Allez, feignasse."

 

Gabrielle roula la tête en arrière et regarda le visage de Xena. "Ouais… on devrait sans doute rentrer avant qu'ils n'organisent des recherches." Elle sourit malicieusement. "Alors… c'était pas une bonne idée, ce pique-nique ?"

 

Ce qui lui valut deux sourcils levés en même temps. "Une de tes meilleures idées, je crois. Il faudrait se refaire ça." Et tout ça avec l'air le plus sérieux du monde. "Allez…" ajouta la guerrière, se libérant de l'étreinte du barde avant de se lever.

 

"Couac !" protestèrent les canards, affolés, battant des ailes et s'agitant.

 

Les mains sur les hanches, Xena les étudia d'un œil noir. Puis, sans avertissement, elle laissa tomber ses bras et poussa un cri de guerre sauvage qui envoya des plumes, des canards et des canetons dans toutes les directions dans un bourdonnement d'ailes et de couacs, alors que la volée tout entière s'enfuyait laborieusement vers la rivière.

 

Un silence tomba. Xena sourit, croisa les bras, se retourna et adressa à Gabrielle un regard satisfait. "Voilà qui est mieux." Elle tendit la main au barde toujours assise par terre. "On y va ?"

 

Gabrielle secoua la tête et se mit à rire. "C'était méchant." Elle s'interrompit. "Mais c'était drôle, d'une certaine façon. Ou peut-être que c'était drôle d'une façon méchante… ou…" La main de Xena saisit la sienne et elle se retrouva sur ses pieds. "Ou peut-être pas", finit-elle, joyeusement, tendant la main pour resserrer la ceinture autour de la tunique de Xena alors que la guerrière essuyait les brins d'herbe de ses manches. "Allons voir si on peut convaincre Lila et Lennat de se joindre à nous pour le dîner."

 

Xena se mit à rire. "Tu penses déjà au dîner ?"

 

"Il n'est jamais trop tôt pour y penser", répondit le barde d'un air suffisant, alors qu'elles reprenaient le chemin du village.

 

 

 

"Comment va ta mère ?" demanda Lennat en s'appuyant sur la table de l'auberge et en saisissant la main de Lila dans la sienne. "Elle se sent mieux ?" Il observa son visage, y voyant une expression inquiète.

 

Lila soupira. "Son bras est cassé, cette fois. Xena… s'en est occupée." Elle frotta doucement les doigts de Lennat dans les siens. "Elle a moins mal, maintenant. Elle a dormi un peu. Mais c'est toujours douloureux." Elle leva les yeux vers la porte pour la centième fois. "Par Hadès, où sont-elles passées ?" grommela-t-elle, mais elle s'interrompit en voyant la porte s'ouvrir et Gabrielle se glisser à l'intérieur.

 

"Salut", fit sa sœur aînée, en s'asseyant à la table, tortillant quelque chose entre ses doigts. "Qu'est-ce qui se passe ? Comment va Maman ?"

 

"Pas mal", répondit Lila distraitement. "Qu'est-ce que c'est que ça ?" demanda-t-elle, indiquant les mains de sa sœur. "Où étais-tu passée ?" Sans attendre de réponse. "Où est Xena ?"

 

Gabrielle s'appuya en arrière contre le dossier et sourit. "Une plume de canard, à la rivière et dans la grange pour voir Argo."

 

Lennat se pencha en avant. "Une plume de canard ?"

 

"Oui", répondit le barde. "Un souvenir. Je les collectionne."

 

Ils la regardèrent tous les deux.

 

Elle leur rendit leur regard. "Quoi ?"

 

 

 

"Arrête de bouger, Argo", grommela Xena alors qu'elle examinait les sabots de la jument. "Très bien", approuva-t-elle, en laissant retomber le dernier et donnant une petite tape sur le poitrail. "Beau travail, cette fois, ma fille." Elle fit le tour de l'animal et la gratta sous la mâchoire.

 

Et sentit, dans l'atmosphère chaude de la grange, le mouvement léger d'une brise extérieure, et le picotement de ses sens qui fit dresser les cheveux de sa nuque. Sa bonne humeur détendue s'évanouit, et elle se retrouva tendue, en alerte, attentive à la zone, à l'affût du moindre son.

 

De la paille qui bougeait. Un craquement de bois. La respiration des chevaux. Dans le coin, une souris qui grignotait sur le bord de son nid.

 

Le son caractéristique du souffle d'un autre être humain. Le froissement d'un vêtement alors que l'intrus se déplaçait furtivement. Et le gémissement aigu de la tension appliquée sur un boyau alors qu'une flèche se préparait à être propulsée.

 

Xena ferma les yeux et attendit, un sourire féroce sur le visage.

 

Elle entendit le gémissement cesser, et le faible craquement du bois alors que l'arc se bandait complètement et restait tendu. Un arc long, pensa-t-elle. Il ne prend pas de risque.

 

Et puis la relâche, qui envoya dans l'air des vibrations qu'elle put littéralement sentir, et puis la poussée d'air sur les plumes alors que la flèche se ruait sur elle. Elle se détendit et laissa ses instincts prendre le contrôle, regardant d'un œil presque paresseux alors que son corps se retournait, que sa main se levait et saisissait la flèche avant qu'elle ne l'atteigne.

 

Elle la lâcha et se rua sur l'endroit où elle pensait trouver l'archer, voyant une étincelle de lumière alors que la porte de derrière s'ouvrait et que l'intrus prenait la fuite.

 

Elle entendit un mouvement soudain au-dessus de sa tête en atteignant l'endroit et eut à peine le temps de lever les bras pour se protéger lorsque le réservoir à foin s'écroula sur elle. Grimaçante, elle sentit les lourdes poutres s'écraser sur ses avant-bras et elle roula en arrière, vers l'intérieur de la grange.

 

Le silence tomba, avec un grincement de bois.

 

Xena se dégagea lentement de dessous quelques poutres plus légères, les soulevant avant de rouler sur elle-même. Bon sang,soupira son esprit. Elle vérifia rapidement et vit qu'elle était plus ou moins en un seul morceau. De la chance… beaucoup de chance. Ça… Elle jeta un œil vers le réservoir à foin en métal… aurait pu être très douloureux.

 

Et toute trace de son assaillant invisible était maintenant ensevelie sous un énorme tas de foin, de métal et de bouts de bois. Ses yeux se posèrent sur Argo, alors que la jument la regardait, nerveuse. "A part ça", grommela-t-elle en se levant, avant d'aller ramasser la flèche abandonnée et de l'examiner.

 

La porte extérieure s'ouvrit, et des pas rapides résonnèrent, avant que les mains de Gabrielle ne soient sur son bras, ses yeux verts la dévisageant avec inquiétude. "Qu'est-ce qui s'est passé ? Ça va ?"

 

"Ça va, " répliqua Xena en lui tendant la flèche. "Mais quelqu'un s'est donné beaucoup de mal pour essayer de me faire peur." Son visage se détendit en un sourire, plus à l'intention de Gabrielle que pour elle-même. "Il va falloir qu'ils trouvent autre chose." Elle leva les yeux par-dessus l'épaule du barde et croisa le regard de Lennat. "Quelqu'un que tu connais ?"

 

Lennat prit sinistrement la flèche et l'étudia, jetant un coup d'œil vers Lila, dont le visage s'était figé dans une expression d'horreur. "Non", soupira-t-il. "C'est une flèche normale. Je crois qu'elle vient du terrain d'entraînement."

 

"Pas grave." La voix de Gabrielle trancha soudainement le silence qui venait de tomber. "Il n'y a pas beaucoup de gens qui…" Elle s'interrompit et jeta un coup d'œil vers le visage de Xena, qui était devenu calme et impassible. Elle sait, pensa le barde. "C'est à moi de m'en occuper", termina-t-elle.

 

"Gabrielle..." La voix de Xena envoya un frisson le long de son dos. "Si on en est à parler de flèches…" L'avertissement était très clair. "Je viens avec toi."

 

Le barde réfléchit un court instant. "Il faut d'abord que tu me laisses dire ce que j'ai à dire, seule." Elle leva la main et fit taire les protestations de Xena lorsque le bout de ses doigts effleura les lèvres de la guerrière. "Mais ça devrait être beaucoup plus facile sachant que tu es juste de l'autre côté.

 

 *********

 

Comments (0)

You don't have permission to comment on this page.