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Home4B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Ton coeur est ton foyer

Home is where the Heart is

 

Melissa Good

 

Traductrice : Katell

 

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Partie 4B

********

 

Hécuba se leva et retourna vers la cuisine, ses gestes raides et furieux. Elle se retourna à la porte et fixa Xena droit dans les yeux. "Et tu trouves ça normal, de laisser ma fille risquer sa vie comme ça ? C'est criminel."

 

Gabrielle se leva à son tour et sentit monter en elle une colère dont elle n'avait pas l'habitude. "Comment oses-tu…" Sa voix s'éleva, coupante, mais une main se posa sur son avant-bras et la tira vers le bas, la faisant s'interrompre. Elle se tourna et regarda Xena qui croisa son regard avec compréhension. Elle leva un sourcil et lui adressa un petit sourire en coin… et la colère s'évapora, laissant place à une douce réalisation. Oh oui… elle peut se défendre toute seule. Pas vrai ?

 

Xena posa son regard sur Hécuba qui se tenait toujours sur le seuil de la cuisine. "Non. Je ne trouve pas ça normal du tout", dit-elle avec un soupir. "Mais c'est ce qu'elle a choisi de faire." Et je suis celle avec qui elle choisit de le faire. Même si je trouve ça incroyable. "La vie est dangereuse, Hécuba." Ses yeux se posèrent sur le bras de la femme. " Ici, ailleurs… qui est vraiment complètement en sécurité ?"

 

Un long silence, et Hécuba retourna lentement vers la table, puis s'assit, posant ses mains devant elle. "J'ai peur pour elle", dit-elle, comme si Gabrielle n'était pas là. A cette personne, si étrange, qu'elle connaissait à peine et qui était, semblait-il, responsable pour sa fille. Qui, aussi incroyable que cela puisse paraître, était de toute évidence une amie, même Hécuba pouvait voir cela entre elles.

 

Xena se pencha en avant et lui adressa un sourire triste. "Moi aussi." Elle jeta un coup d'œil vers Gabrielle qui ne disait rien. "Mais tu peux me croire quand je te dis que sa sécurité est pour moi plus importante que tout." Bien plus de la mienne… je me demande si elle s'en rend compte.

 

"Hé !" s'exclama soudainement Gabrielle. "Une petite minute, là. A vous écouter, on a l'impression que c'est moi qui m'attire toujours des ennuis." Elle attendit qu'ils la regardent tous. Il faut que j'allège un peu l'atmosphère… on est censés se détendre. "Quelques Amazones ? Ne me faites pas rire ! Attendez que je vous raconte les ennuis dans lesquels Xena se colle."

 

Et elle était partie, racontant leurs aventures et, après trois ou quatre, elle parvint à capturer l'attention de tous. Et à les faire tous rire, avant qu'ils n'aillent s'installer sur les tapis colorés devant l'âtre, pour continuer à écouter ses histoires. Lennat s'appuya contre le mur et tapota le sol près de lui, où Lila s'installa tout de suite, appuyée contre son épaule.

 

Xena allongea les jambes près de l'âtre, croisant les bras et appuyant la tête contre la pierre. Elle regarda le visage de Gabrielle tandis que le barde parlait. La façon dont les flammes se reflétaient sur ses cheveux et soulignaient ses mains gracieuses tandis qu'elle décrivait une action. Xena sentit son regard irrésistiblement attiré par le profil du barde et laissa un doux sourire se dessiner sur ses lèvres, alors que les mots de l'histoire flottaient autour d'elle.

 

Hécuba parvint enfin à se laisser transporter par la voix de sa fille, et cessa d'agoniser sur la vie qu'elle décrivait dans ces contes, parfois drôles, parfois graves. Après un moment, elle réalisa que Xena n'écoutait pas vraiment les histoires, et elle décida de la regarder, du coin de l'œil. Evidemment, elle les a déjà entendues… vécues, en fait… et à entendre Gabrielle parler d'elle, on pourrait croire que c'est une espèce de… héros.

 

Elle soupira. Puis elle vit l'expression de ces yeux pâles et féroces changer, devenir beaucoup plus douce, alors qu'un sourire tout aussi doux transforma son visage, passant d'une vigilance dure à une soudaine et stupéfiante adoration. Et Hécuba vit ce que ces yeux regardaient et ferma les siens en y voyant la vérité. Non… elle se trompait, elle devait se tromper. Elle ouvrit les yeux, juste à temps pour voir sa fille se tourner à moitié, sentant le regard de la guerrière, et rendre le sourire avec une chaleur ouverte qui n'épargna pas ses craintes. Oh, Héra, gémit intérieurement Hécuba. Comment ai-je pu manquer ça ? J'ai bien peur… que Lila ait vu juste. Oh, dieux.

 

Son esprit accepta l'idée peu à peu et à présent, elle regardait Xena à la dérobée, avec une nouvelle perspective. Et elle vit, pour la première fois, les qualités qui lui avaient jusque là échappées. Comme l'humour chaleureux de son sourire. Et l'étincelle amicale de son regard lorsqu'elle échangeait des coups d'œil avec Lennat et Lila. Et le roulement d'yeux exaspéré lorsque Gabrielle élaborait sur les choses qu'elle avait faites.

 

Hécuba sourit malgré elle. Bon. Ça ne me plaît toujours pas… C'est trop dangereux. Elle soupira intérieurement. Mais je vois bien que je ne vais pas pouvoir la convaincre. Xena leva une main et interrompit Gabrielle en entendant la voix de sa compagne se casser un peu. "Hé… tu ne vas plus avoir de voix demain si tu continues." Son commentaire était tranquille, mais elle remarqua le petit hochement de tête d'Hécuba. Tiens, tiens… maman approuve… intéressant…

 

"Hah", fit Gabrielle en souriant. "Tu dis ça parce que tu sais bien quelle histoire je vais raconter ensuite." Ce qui lui valut un sourire détendu. "Ah, ah. Je t'ai eue." Mais elle sentait la fatigue et savait que Xena avait sans doute raison. "Mais tu as un bon point." Elle étouffa un bâillement. "La journée a été longue." Elle haussa les épaules, désolée. "Merci pour la soirée."

 

"Je suis contente que tu sois venue", répondit Hécuba avec un sourire désabusée. "Que vous soyez venues, toutes les deux", ajouta-t-elle, voyant un sourcil se lever et un soupçon de sourire se dessiner sur les lèvres de Xena.

 

Je me demande ce que j'ai fait pour mériter ce petit sceau d'approbation, pensa Xena, amusée. Elle se leva et tendit la main à Gabrielle, toujours assise, qui la prit avec enthousiasme et se laissa hisser sur ses pieds.

 

Elles souhaitèrent une bonne nuit à la famille de Gabrielle et retournèrent dans l'air froid de la nuit, chargée d'une fumée de bois et de cuisine, appréciant la fraîcheur après la chaleur fermée de la maison.

 

"Mmm…", fit Gabrielle en bâillant. "Ça fait du bien. C'était un peu étouffant, là-dedans." Elle jeta un coup d'œil à sa compagne. "Ça s'est… plutôt bien passé… après un peu de tension. Et au moins, le dîner était correct." Un petit rire. "Pas aussi bon que la cuisine de ta mère, mais bon..."

 

"Hmm, hmm", répondit Xena, regardant, pensive, le chemin devant elle. "Pas trop mal." Un petit coup d'œil vers Gabrielle qui bâillait encore. "Hé… Tu m'as promis un entraînement au bâton, feignasse."

 

Gabrielle grogna et jeta un regard noir à Xena. "Dieux… tu es sûre ? Ce que je peux être bête, parfois." Un regard de côté pour évaluer l'humeur. "Ok… ok… allons-y… je plaisante." Dieux… elle a un niveau d'énergie pas possible… comment elle fait ça ? Ça n'en finit jamais… parfois, ça me fatigue, rien que de la regarder.

 

 

 

Gabrielle marcha tranquillement jusqu'à Xena, qui avait à moitié retiré sa tunique. "Je vais en profiter pour te remettre un peu d'aloès." Elle tira doucement Xena par le coude. "Assieds-toi."

 

Avec un regard légèrement amusé, Xena obéit. "Ok… ok…", soupira-t-elle, laissant le tissu glisser sur ses épaules et se détendant lorsque le barde appliqua à nouveau la crème calmante sur son dos meurtri. "Merci… ça fait vraiment du bien", admit-elle, adressant un demi-sourire à Gabrielle. Même si elle ne savait pas ce qui faisait le plus de bien : la crème sur son dos ou le fait que Gabrielle avait pensé à l'appliquer. Mmm… Pile ou face, décida-t-elle avec un sourire, fermant les yeux, sentant avec un doux plaisir les mains du barde sur sa peau

 

"Ces coupures sont plutôt vilaines", fit le barde. "Tu es sûre que tu veux… je veux dire… je ne suis pas en train d'essayer d'échapper à la séance d'entraînement, mais…" Elle grimaça en examinant les pires coupures. "Ça ne serait peut-être pas une mauvaise idée de faire sans pour ce soir… ça me fait mal rien de les regarder." Elle sentit la tension dans les épaules de la guerrière et massa doucement les muscles autour de la nuque, sentant Xena se détendre. La guerrière s'appuya en arrière contre elle. "Mmm ? Tu es sûre de vouloir y aller ?"

 

"Non… je ne suis pas sûre", répliqua Xena avec un sourire triste. "Mais je vais quand même y aller. Tu n'es pas obligée, remarque. Tu as eu une longue journée." Elle tapota la jambe de Gabrielle et renversa la tête en arrière, regardant les émotions contradictoires sur le visage du barde. "Vraiment. Je te taquinais tout à l'heure, tu sais."

 

Gabrielle soupira. "Non… si tu y vas, j'y vais." Ses lèvres esquissèrent un sourire. "Et puis, tu as raison. Je me suis laissée aller ces derniers temps… et il va bien falloir que je m'y remette." Elle se pencha en avant et effleura de son nez celui de Xena, riant lorsque la guerrière prit une mèche de ses cheveux entre ses dents. "Hé ! Aïe ! Ok… ok… allons-y." Elle libéra ses cheveux et alla chercher dans son sac sa tenue de voyage habituelle qu'elle enfila aussitôt. "Ça te dirait un bon bain chaud avec moi après ça, hmm ?" Elle leva les yeux en entendant le petit rire qui lui répondit. "Mon idée te plaît ?"

 

"Oh, oui", acquiesça Xena, attachant les boucles de la tunique matelassée qu'elle portait pour l'entraînement à l'épée. "Mais tu n'as pas besoin de m'attendre, tu sais. Ça va me prendre un bon moment." Elle tendit la main au-dessus de sa tête et attacha le fourreau aux sangles de la tunique. Sachant parfaitement que le barde insisterait pour attendre.

 

Gabrielle haussa les épaules et ramassa son étui à parchemins. "Nan… je travaillerai un peu en t'attendant… j'ai deux histoires que je dois terminer." Elle glissa son étui sur son épaule, puis avança jusqu'à la porte, la tenant ouverte pour Xena, avant de sortir derrière elle.

 

 

 

"Ton ventre te fait encore mal ?" demanda Xena en interrompant son attaque et en étudiant sa compagne avec un brin d'inquiétude.

 

"Un peu", admit Gabrielle en reculant pour reprendre son souffle. "C'est plutôt que je n'ai pas fait d'exercice ces derniers temps, je crois." Elle fit une grimace d'excuse. "Je n'avais jamais compris pourquoi tu t'entraînais tous les jours… maintenant, si. Je ne me rendais pas compte à quel point tu perds ce que tu as appris si tu ne t'entraînes pas." Elle fit une pause et repoussa les cheveux qui lui tombaient sur le front, puis se repositionna. "Ok… on peut y aller." Elle s'avança et leva son bâton dans une posture défensive avant de bloquer l'attaque de Xena. "Arrête de me dorloter, Xena…" grogna-t-elle en sentant le manque certain d'enthousiasme dans le contact.

 

Un rire de la guerrière. "Peut-être que c'est moi que je dorlote… je le sens jusque dans le dos à chaque fois que tu frappes." Mais l'étincelle de ses yeux bleus contredisait ses mots, et elle balança le bâton en avant, faisant sauter l'arme de Gabrielle des mains du barde et l'envoyant voler dans les airs. "Oups. Pardon."

 

"C'est ça", fit Gabrielle, caustique, avant d'aller récupérer son bâton en trottinant. "Ça m'apprendra à ouvrir ma grande…"

 

"Jamais", commenta joyeusement Xena en contrant une attaque déterminée du barde. "Voilà, c'est mieux, ça", approuva-t-elle, alors que le bord du bâton de Gabrielle glissait par-delà ses défenses et toucha son avant-bras. "Bien. Il faut que tu essaies d'immobiliser ce bras, parce que ça sera beaucoup plus difficile pour moi de faire ça." Clac. "Tu vois ?"

 

Gabrielle hocha la tête et inspira, satisfaite. Elle ne touchait pas Xena très souvent. Elles s'entraînaient depuis un bon moment, assez longtemps pour que les torches aient à moitié brûlé à l'extérieur de la grange, et elle commençait à sentir la fatigue. "Ok…" Essayons ça… Elle regroupa toute sa force et se lança en avant, se mordant la lèvre sous le coup de la concentration et utilisa un mouvement renversé qui se termina en balayage bas, ce qui fonctionnait d'habitude mieux pour elle contre Xena à cause de leur différence de taille.

 

Et cela fonctionna cette fois-ci… elle passa la parade de Xena et frappa la guerrière de toutes ses forces en haut de la cuisse. Elles grimacèrent toutes les deux sous le coup de la douleur… Xena, à cause du coup et Gabrielle, à cause de la piqûre que provoqua le coup lorsque son bâton rebondit et lui fit perdre l'équilibre.

 

"Bon sang, Xena", s'exclama le barde en lâchant le bâton, secouant les mains. "Je crois que j'aurais préféré te manquer… ça aurait fait moins mal."

 

"Moi aussi", répondit Xena secouant la jambe et examinant la marque rouge laissée par le bâton du barde. "Joli coup, remarque."

 

Gabrielle ricana, désabusée. "Ouais, c'était un peu comme frapper un arbre." Elle ramassa son bâton et s'appuya dessus, sentant une fatigue agréable l'envahir. "Je crois que ça va aller pour moi."

 

Xena lui jeta un coup d'œil puis acquiesça. "Ok, fais une pause. Je vais aller boire un peu et faire quelques exercice à l'épée."

 

Gabrielle ramassa son étui à parchemins et s'installa confortablement sur un tas de foin qu'on avait sorti de la grange. Elle étala ses parchemins devant elle et sortit une plume, la taillant distraitement tout en regardant Xena faire quelques exercices d'échauffement. Ça fait un moment que je ne l'ai pas vu faire ça. D'habitude, je travaille sur mes histoires pendant qu'elle fait ça… Oh, wow… Alors que Xena terminait sa première série d'exercices et passait à des mouvements beaucoup plus rapides, son épée troublant l'air devant elle.

 

Elle se déplaça alors en cercle, et commença à combiner des coups offensifs et défensifs avec des sauts. Gabrielle resta assise, fascinée, sa plume oubliée. Les torches brûlaient doucement et les ombres devenaient de plus en plus grandes dans la cour, la lumière intermittente reflétant des éclairs rapides sur l'épée de Xena. Oh… dieux… dieux… j'avais oublié à quel point elle est douée. Instinctivement, le barde commença à chercher les mots qui la décriraient le mieux… un poème, peut-être ?

 

Eh… pensa Xena, amusée, tout en virevoltant dans les airs. Au moins, j'ai un public appréciateur… Elle vit les visages collés contre la vitre de l'auberge, un peu flous dans l'obscurité qui régnait dans la cour et qui cachait aussi les observateurs silencieux qui se tenaient dehors. Elle s'accroupit, puis se redressa et s'élança vers le ciel, se surprenant elle-même par la hauteur du saut, et atterrit doucement tout en lançant son épée dans les airs avant de la rattraper sans mal. Je sais… je frime. Elle se réprimanda, jetant un coup d'œil vers Gabrielle qui la regardait, fascinée, avec de grands yeux écarquillés. D'un autre côté… elle a dit qu'elle voulait du spectacle… Un sourire se dessina sur son visage. Voyons un peu si ça lui plaît… Et elle lança son épée vers les étoiles, se jeta dans la direction opposée, puis fit un saut en arrière vers le centre de la cour, sans utiliser ses mains. Au sommet du dernier saut, elle rattrapa son épée et atterrit, rebondissant un peu, avant de faire tournoyer son épée au-dessus de son bras et de la rabaisser, enfin.

 

Un coup d'œil à l'expression stupéfaite de Gabrielle la fit ricaner. Pas mal… pas mal du tout. Elle testa ses réserves et se rendit compte que son corps était détendu et prêt pour l'action. Ça fait du bien… je sais que j'ai perdu ça pendant un moment… contente que ça soit revenu… Elle se lança dans quelques coups de pieds sautés, progressant doucement jusqu'à ce qu'elle frappe l'air au-dessus de sa tête. Enfin, elle s'élança en courant et sauta pour attraper une branche pendante du gros arbre planté devant l'auberge. Elle s'agrippa et appuya son corps contre la branche. Dégainant son épée, elle se mit debout, sautillant doucement, regardant le sol, là, en bas.

 

Gabrielle leva les yeux vers elle, secouant doucement sa tête blonde, puis ses yeux s'agrandirent lorsqu'elle vit Xena sauter de la branche et atterrir sur une autre, plus flexible, se balancer et sauter enfin vers le sol à une vitesse effrayante. Dieux ! cria son esprit, alors que la guerrière touchait le sol avec une force incroyable, roulait sur elle-même, puis sautait encore dans les airs et atterrissait, assise près d'elle, sur le tas de foin.

 

"Salut", fit-elle, un petit sourire satisfait sur les lèvres. "Le spectacle t'a plu ?"

 

"Tu m'écœures", fit Gabrielle en croisant les bras. "Tu n'es même pas essoufflée." Elle secoua doucement la tête. "Oui, le spectacle m'a plu… et à tout le monde, d'ailleurs, je crois." Elle sourit. "Je ne sais pas si c'est parce que ça fait longtemps que je ne t'avais pas regardée faire ça, mais… tu étais incroyable… remarque, c'est pas comme si tu ne le savais pas, mais… je ne me souviens pas t'avoir vue atteindre une hauteur pareille dans tes sauts. C'est moi ou quoi ?"

 

Xena soupira et s'appuya en arrière, grimaçant en sentant ses coupures frotter contre le bois rugueux. "Non… je me suis rendue compte que…" Elle haussa les épaules et baissa les yeux vers ses mains. "… que j'avais un peu perdu récemment. Je ne sais pas… peut-être que c'était la dernière fois que je me suis blessée." Suis morte, en fait, mais elle ne disait jamais ça devant Gabrielle. C'était trop… douloureux. Encore maintenant. "Mais après ça, ça n'allait pas complètement bien. Comme si j'étais tout le temps fatiguée." Elle jeta un coup d'œil autour de la cour. "Il a fallu que je pousse… pour faire des trucs qui étaient faciles avant." C'était difficile d'admettre cela… sachant à quel point le barde dépendait d'elle pour la protéger.

 

"Tu n'as pas vraiment eu l'occasion de te reposer après ça…" répliqua pensivement Gabrielle. "Je croyais qu'on allait prendre quelques jours de vacances… mais il est arrivé des trucs." Des trucs leur arrivaient toujours. Cela faisait partie de leur vie ensemble. "J'étais… un peu inquiète à ton sujet." Dis plutôt très inquiète… Mais j'étais tellement contente que tu me souries tous les matins, que je…

 

"Oui… je sais", fit Xena en riant doucement. "J'ai remarqué que tu restais très près de moi après ça." Elle vit Gabrielle baisser les yeux et une douce rougeur envahir son visage. "Non… ça m'a fait plaisir. Je suis contente que tu l'aies fait." Elle soupira. "Mais de toute façon, pendant le mois que j'ai passé à la maison, j'ai eu l'occasion de dormir vraiment pour la première fois depuis… dieux… je ne sais plus… et c'était vraiment… merveilleux." Elle adressa au barde un sourire penaud. "Et bien sûr Maman me gavait comme une oie…alors au bout du compte, j'ai commencé à me sentir beaucoup mieux et à sortir la nuit et à reconstruire beaucoup de choses. Je me sens très bien, maintenant." Une pause. "Mieux que jamais."

 

"Ça se voit", fit Gabrielle en souriant. "Tu as l'air plus détendu." Et beaucoup plus encline à me dire… des trucs comme ça. Je crois que ça me plaît bien.

 

"Mmm", acquiesça Xena avec un petit sourire. "Bien que je ne sois pas sûr que ça ait un rapport avec les saltos arrière. " Elle tourna la tête et regarda intensément Gabrielle qui se mit bientôt à rougir. "Tu as fini tes histoires ?"

 

Le barde ricana. "Pas… un seul mot, et tu le sais parfaitement." Elle donna à Xena un petit coup dans les côtes. "Avec le spectacle que tu m'as offert ? Quel barde serais-je si je restais là à gribouiller ?" Les yeux étincelaient un peu. "Mais je ne dirais pas que je n'étais pas occupée à composer… oh… un poème… peut-être."

 

"Oh, vraiment ?" demanda Xena avec un regard interrogateur. "Sur quoi ?"

 

Un sourire diabolique se forma sur les lèvres de Gabrielle. "Mon sujet préféré, et l'impossibilité de ce que je viens de voir, et la cour sombre éclairée par cette torche, et les éclats de feu et la lune se reflétant sur ton épée, et toi…"

 

Xena ricana. "Gabrielle, comment peux-tu rendre poétique un exercice d'épée ?"

 

Le barde secoua lentement la tête et tendit la main, passant doucement les doigts dans les cheveux sombres sur l'épaule de Xena. "Je ne peux pas… mais toi, si. Tu bouges, et c'est de la poésie." Elle vit, amusée, le clignement étonné des yeux bleus. "Ne sais-tu pas à quel point tu es magique ? Xena… je pourrais passer le restant de mes jours à essayer de le décrire, sans y arriver."

 

Un silence… puis un soupir. "Non… c'est toi qui as cette magie, mon barde. Je ne suis qu'une veille guerrière sur le retour." Xena eut un petit sourire étrange. "Il y en a des milliers, des comme moi."

 

Le visage de Gabrielle devint sérieux et la main posée sur l'épaule de Xena se serra. "Ce que tu es… à mes yeux… est unique." Une pause. "Et la lumière dorée dont tu remplis mon âme est plus précieuse pour moi que toutes les richesses du Mont Olympe."

 

Xena ne répondit pas. Elle resta assise là, en silence, la regardant pendant ce qui lui sembla une éternité, là, dans le clair de lune un peu brumeux, dans les ombres d'une torche. Avec le parfum humide de la terre qui montait autour d'elles et le soupçon léger des fleurs de jasmin dans l'air.

 

Enfin, elle secoua la tête et laissa ses doigts effleurer le visage de Gabrielle. "Tu sais…" dit-elle d'une voix très douce. "Tu es la seule chose dans toute ma vie pour laquelle je n'ai aucun regret." Elle vit les yeux du barde se fermer et de douces larmes silencieuses rouler sur ses joues. "Hé…" Elle glissa un bras autour des épaules de Gabrielle et tapota sa manche matelassée. "Viens… c'est tout doux."

 

Le barde se blottit aussitôt, se drapant autour de la silhouette détendue de Xena et enfouissant son visage dans l'épaule chaude de la guerrière.

 

"Tu sais, tout le monde est probablement en train de nous regarder", commenta Xena, en posant doucement son menton sur la tête de Gabrielle, avant de fermer les yeux.

 

"Qu'ils regardent", marmonna le barde. "Je m'en fous."

 

Un sourcil levé de la part de Xena, qui réfléchit un instant, puis haussa légèrement les épaules. "OK." Elle ricana doucement. "Je crois me souvenir que tu as parlé d'un bain chaud ??" Caressant doucement son dos du bout des doigts. "Hmm ?"

 

"Ça veut dire qu'il faut que je bouge", objecta Gabrielle en resserrant son étreinte.

 

La guerrière sourit doucement. "Nan", murmura-t-elle, puis elle se mordit la lèvre, ricanant, et glissa les bras atour du barde avant de se lever, la tenant doucement contre elle.

 

"Aah", protesta Gabrielle. "Xena… qu'est-ce que tu fabriques ?"

 

"Accroche-toi", répondit-elle. "Tu as dit que tu ne voulais pas bouger, pas vrai ? Alors…" Elle recula et étudia les alentours. Je suis dingue. C'est officiel : un ex-seigneur de guerre perd la tête et tente des cascades idiotes sans bonne raison… Ah. Elle repéra un tas de caisses à l'extérieur de l'auberge et se dirigea vers elles, augmentant sa vitesse en se rapprochant, puis elle se lança dans les airs et atterrit sur la première en rebondissement légèrement.

 

"Hé !" s'écria Gabrielle, s'accrochant encore plus fermement au cou de Xena. "Par tous les dieux, qu'est-ce tu fais ?"

 

Xena sourit. "Eh bien, je me suis dit que naviguer dans ce tout petit escalier allait être difficile… alors je vais essayer la fenêtre…" Elle leva les yeux vers la fenêtre ouverte au premier étage. "Accroche-toi bien."

 

"Xena… repose-moi par terre… je peux marcher… je plaisantais", remarqua le barde, qui commençait à relâcher son étreinte.

 

La guerrière baissa les yeux vers elle. "Tu n'as pas confiance ?" fit-elle, provocante, et sans la lâcher.

 

Des yeux verts étudièrent les siens. "Ne sois pas bête. Tu sais bien que si… mais ce n'est pas la peine de…"

 

"Alors accroche-toi", interrompit Xena. "Et tais-toi une minute." Elle prépara sa trajectoire et se déplaça doucement d'une caisse à l'autre. Si je perds l'équilibre et que je tombe, ça restera dans les annales comme le truc le plus idiot que j'ai jamais essayé. Elle sauta du tas de caisses jusque sur le proche et sentit le bois solide fléchir sous ses pieds. Le toit supérieur qui conduisait à la fenêtre était à deux mètres environ, et un mètre au-dessus d'elle. Une idée complètement folle germa dans son esprit, créée par la sensation de ressort sous ses bottes.

 

"A quoi penses-tu ?" demanda Gabrielle, en relâchant une main et en la tendant pour écarter les cheveux sombres de ses yeux. "Tu as ce regard vraiment bizarre."

 

Xena sentit un sourire sauvage se former sur ses lèvres. "Ok… encore un dernier saut, mon barde… tiens bon." Et elle sentit les mains de Gabrielle se cramponner à elle. "C'est ça."

 

Elle prit deux longues enjambées, puis rebondit, s'accroupissant en atterrissant, profitant de la flexibilité du bois. Puis elle se catapulta du bord du porche et les envoya toutes les deux dans les airs avec toute la force de ses jambes puissantes.

 

"Whoa !" glapit Gabrielle, écarquillant les yeux en sentant le corps de Xena se rouler sur lui-même et les transporter toutes les deux dans un saut paresseux. Elle éclata de rire en voyant le monde tournoyer sous elle, un peu flou, puis elle se retrouva à nouveau dans le bon sens, alors que les bottes de Xena touchaient le toit et qu'elle se redressait. "Wow !" souffla-t-elle. "C'était génial !!"

 

Xena sourit et s'avança, passant par la fenêtre ouverte avant de tomber doucement dans la chambre. "Ça t'a plu, hein ?" Très contente d'elle, elle bondit sur le lit, tenant toujours le barde et tomba à moitié, à demi-étendue sur le dos, et finit par relâcher son étreinte.

 

"Oh oui", fit Gabrielle en riant, ravie. "Je ne savais pas que ça faisait cet effet… pas étonnant que tu adores faire ça." Elle fit une pause. "C'était quand même un peu dingue… pas vrai ?"

 

"Ouais…" admit Xena avec un petit sourire penaud. "Je… je ne sais pas ce qui m'a pris." Et elle sentit un vertige chaleureux l'envahir soudainement. Tu parles que je ne sais pas… c'est cette sensation complètement impossible, merveilleuse, ridicule, totalement bêtifiante d'être amoureuse. Dieux. J'arrive pas à croire ce que je ressens… une vraie gamine.

 

Gabrielle lui sourit lentement et installa sa tête contre le ventre de la guerrière, laissant ses doigts jouer avec les boucles cousues sur le tissu. "J'ai aimé ça." Elle ferma les yeux et sourit. "Et je t'aime, toi." Elle sentit un bâillement arriver et le laissa faire en s'étirant avant de placer ses bras autour de Xena

 

La guerrière ricana doucement. "Je t'aime aussi", soupira Xena, mêlant ses doigts aux cheveux blonds-roux étalés sur sa poitrine. "Ça te dit un bon bain chaud avec moi ?"

 

Gabrielle sentait le sommeil la tenter et réfléchit un instant. "Seulement si tu me laisses m'endormir dedans…" Elle sourit. "Je suis un peu fatiguée." Encore un bâillement. "Mmm… confortable, cet oreiller." Elle fit doucement rebondir sa tête sur la douce surface. "Un peu dur, quand même."

 

Xena ricana. "Allez, viens… ou faut-il que je te porte encore une fois ?" Un sourire tranquille se dessina sur ses lèvres.

 

"J'arrive", soupira le barde en roulant sur elle-même avant de se lever et de passer la main dans ses cheveux. Elle alla jusqu'à leurs sacs et sortit deux serviettes de lin. Elle se retourna et en passa une à Xena, qui était venue derrière elle et avait posé ses avant-bras sur les épaules de Gabrielle. "Allons-y…"

 

Elles allèrent jusqu'au bout du couloir, en essayant de ne pas faire de bruit à cause de l'heure tardive, alors que les seuls bruits qu'on entendait provenaient de l'auberge en bas… un grincement de bois alors qu'on bougeait une table, le grattement des souris, et le cliquetis éloigné de la vaisselle qu'on lavait après une longue soirée de travail.

 

"Chh…" fit Xena en soulevant la canne à seau et sortit deux seaux pleins d'eau chaude de la citerne placée près de la cheminée, gardant l'eau à la bonne température. Elle les transporta et Gabrielle les vida ensuite doucement dans la baignoire. Elles recommencèrent plusieurs fois, jusqu'à ce que le niveau soit assez élevé pour les couvrir.

 

Gabrielle sourit en retirant sa jupe et son haut et approcha de l'eau, avant de s'arrêter devant le sourire paresseux de Xena. "Ah… il faut faire attention. Il ne faudrait pas que tu glisses", fit-elle en riant, puis elle souleva le barde dans ses bras et la descendit doucement dans l'eau, s'arrêtant à mi-chemin pour goûter ses lèvres dans un long baiser.

 

"Oh, dieux", marmonna Gabrielle lorsqu'elles se séparèrent et que Xena recula pour retirer sa tenue matelassée. Un sourire se dessina sur son visage alors qu'elle regardait la guerrière poser tranquillement ses mains sur le bord de la baignoire, puis soulever et descendre son corps, avant de se laisser glisser dans l'eau juste derrière Gabrielle. "Tu adores frimer, c'est incroyable", fit le barde en gloussant.

 

"Qui ?… moi ??" fut la réponse étonnée de la guerrière. "Qu'est-ce que tu racontes ?" Et le parfum frais et distinct du savon aux herbes vola par-dessus l'épaule de Gabrielle lorsqu'elle sentit les mains de Xena glisser le long de son dos. "Je rentrais dans l'eau, Gabrielle, c'est tout. Tu préférerais que je plonge la tête la première ?"

 

Le barde laissa échapper un ricanement. "Ça ferait mal." Elle sourit et se détendit sous les effets de l'eau chaude, le parfum propre des herbes et la présence de Xena. Elle sentit un doigt tracer doucement une ligne le long de son cou et envoyer des frissons le long de sa colonne vertébrale. Elle ferma les yeux et s'appuya contre le corps chaud de Xena, gloussant doucement lorsque la guerrière la chatouilla un peu en l'entourant de ses bras et en l'attirant plus près. "Mmm…" grogna-t-elle en renversant la tête en arrière avant de sentir les lèvres de Xena effleurer les siennes.

 

Elles alternèrent combats d'eau pas trop bruyants et longues explorations mutuelles, alors cela prit un bon moment, mais elles finirent par être propres. Xena se leva, sauta par-dessus le bord de la baignoire et se secoua avec enthousiasme, puis elle se retourna vers le barde, les mains sur les hanches. "Alors ? Tu veux essayer de sauter par-dessus ce côté ou tu veux que je frime encore un peu ?"

 

Gabrielle se hissa sur ses pieds et posa doucement les mains sur le bord de la baignoire, regardant sa compagne avec une franche admiration. "Oh, frime encore, s'il te plaît", répondit-elle joyeusement. Sortir de cette baignoire quand on fait ma taille serait plutôt embarrassant et elle le sait.

 

"Ouais, ouais", acquiesça Xena, désabusée. "C'est bien ce que je pensais." Elle s'approcha et attendit que Gabrielle lève les bras et les laisse retomber sur les épaules de la guerrière. Puis elle se pencha en avant et saisit la taille du barde, avant de reculer et de la soulever en un mouvement fluide, la balançant au-dessus de la paroi élevée et la reposant doucement par terre. "Et voilà." Elle lui passa une serviette en lin. "Tiens…" Elle en garda l'extrémité dans la main et essuya doucement les oreilles et le visage du barde. "Il ne faudrait pas que tu prennes froid."

 

C'est fou… pensa Gabrielle, rêveuse… Si quelqu'un d'autre qu'elle me parlait avec une telle condescendance, je… ouais… alors pourquoi est-ce ça me fait fondre quand c'est elle ? Avant, je m'énervais dès qu'elle me traitait comme une gamine… et maintenant… oh, dieux… est-il possible d'avoir des sentiments si forts pour quelque chose… quelqu'un… et y survivre ? J'espère que oui. "Merci, maman", fit-elle, taquine, ses yeux verts pétillants. Ce qui lui valut un sourcil levé et un petit coup dans le ventre. Elle gloussa.

 

"Attention, le barde", répondit Xena dans un grognement menaçant. Et avec un petit claquement de serviette pour insister. Elles se mirent à rire toutes les deux et, s'enroulant dans les serviettes de lin, elles retournèrent tranquillement jusqu'à leur chambre.

 

"Roo", s'exclama Arès en les voyant. Il trottina vers elles et attrapa le bout de la serviette de Gabrielle, tirant dessus. "Hé !" protesta le barde en riant. "Ce truc est assez petit comme ça, Arès ! Arrête !"

 

Xena regarda la scène en souriant, tout en échangeant sa serviette contre une chemise douce, puis elle avança tranquillement jusqu'à la fenêtre, regardant distraitement dehors. Elle remarqua deux silhouettes qui observaient la fenêtre et s'immobilisa, réalisant à quel point sa silhouette était visible à cause de la faible lumière de la chambre. Bon sang… Ses yeux s'habituèrent à l'obscurité, essayant de voir qui l'observait. Des hommes, oui… de taille moyenne, et d'après leur posture, d'âge moyen… elle se rendit compte que l'un était Métrus, reconnaissant sa lourde silhouette. L'autre… ses yeux se plissèrent. Hérodotus.

 

"Qu'est-ce qui se passe ?" fit la voix de Gabrielle derrière elle, et elle balança automatiquement un bras pour empêcher le barde d'approcher. "Xena ?"

 

"N'approche pas", marmonna Xena à voix basse. "Nous avons des spectateurs très attentifs." Elle se redressa et posa négligemment une main sur le rebord de la fenêtre, leur rendant leur regard sans sourciller. "Métrus et ton père", informa-t-elle le barde. Elle sentit une main se poser doucement sur son dos ; Gabrielle ignora son avertissement, la rejoignit devant la fenêtre ouverte et vint se tenir à ses côtés, l'entourant de ses bras. Xena hésita, puis ses lèvres esquissèrent un sourire et elle entoura les épaules du barde, l'attirant plus près d'elle. "C'est ça que tu veux qu'ils voient ?" murmura-t-elle, alors que les deux hommes tournaient les talons et disparaissaient bientôt dans l'obscurité.

 

"Oui", répondit tranquillement Gabrielle, d'une voix satisfaite.

 

"Ça ne va pas arranger les choses, demain", commenta Xena, en fronçant les sourcils, ce qui assombrit un peu son visage.

 

"Je sais", répondit brièvement le barde. "Xena… je… j'ai décidé que je n'aimais pas avoir peur." Elle observa le visage au-dessus d'elle, dans l'ombre. "Ça me fait quelque chose… à l'intérieur… quelque chose que je ne veux vraiment pas affronter."

 

"On a tous peur parfois, Gabrielle", répondit Xena, baissant les yeux vers elle.

 

"Pas comme ça", répliqua sérieusement le barde. "Pas ce genre de peur, une peur qui te fait oublier qui tu es, et ce que tu as fait. Je n'aime pas ça. Je ne veux pas de ça en moi. Ça fait deux ans que j'essaie de lui échapper, Xena. C'est fini."

 

Xena l'observa un long moment. Puis elle hocha lentement la tête. "D'accord. Je comprends ce que tu veux faire, Gabrielle." Elle sourit au barde. "Je serai là pour toi." Une pause. "Ton courage m'étonnera toujours, mon barde."

 

Ce fut au tour de Gabrielle de sourire, puis de rire un peu. "Ça ne devrait pas… il vient de toi." Elle poussa doucement Xena, qui la regardait, étonnée. "Allez, viens… je suis tellement fatiguée que je vais m'effondrer."

 

Pourtant, il lui fallut un bon moment cette nuit-là pour trouver le sommeil et, pendant un moment infini, elle se reposa tranquillement dans les bras de Xena, sentant les battements réguliers du cœur de la guerrière contre sa joue. Tôt ou tard, il faut tous qu'on fasse le dernier pas, pensa-t-elle. Lorsqu'on cesse d'être des enfants, et qu'on devient adulte… les choses changent. J'ai eu tout le temps pour m'y préparer… après tout, quel âge avait Xena lorsqu'elle a dû faire face à tout ça ? Quinze ans ? Je ne crois pas que j'aurais pu faire ce qu'elle a fait. Non… je sais bien que non. Pas à l'époque… parce que je ne l'avais pas encore rencontrée… et qu'elle ne m'avait pas encore appris à contrôler ce qui est en moi. Maintenant… si. Et c'est un cadeau qu'elle ne sait même pas m'avoir fait. Paresseusement, elle ouvrit les yeux et observa les traits du visage au-dessus d'elle. Puis elle sourit et effleura des lèvres la mâchoire bronzée. Merci. Pour tout ce que tu es. Et tout ce que tu m'as aidé à devenir. Puis elle ferma les yeux et inspira profondément, avant de se glisser dans le sommeil.

 

Elle ne vit pas la lueur faible de la bougie se refléter dans les yeux bleus qui la regardaient dormir avec une douce compréhension. Puis se fermaient à leur tour.

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