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JE ME SOUVIENS

Page history last edited by PBworks 16 years, 5 months ago

Je me souviens

 

de Prisca

 

 

Avertissement standard : Les personnages de ce récit sont issus et appartiennent à Universal et à MGM / USA. Je ne fais que partir de leur univers pour construire une histoire qui est née de mon imagination. Je n'en tire aucun intérêt, il s'agit juste du plaisir d'une fan qui veut le faire partager.

 

Subtext : La définition du mot se suffit à elle seule. Vous pouvez le voir ou l'ignorer, c'est à votre imagination et à votre sensibilité de travailler. Il n'y a en tout cas rien de graphique ici, n'importe qui peut lire. Si cela ne vous intéresse pas, il vous suffit de passer votre chemin, et si le subtext vous dérange, faites de même.

 

Avertissement de l'auteur : Tout d'abord cette histoire est un cross-over. C'est-à-dire que j'ai choisi de croiser deux séries dans un même récit. En l'occurrence il s'agit ici de Xena et de Stargate. J'aime beaucoup ces deux univers et un jour l'idée a germé de faire se rencontrer les deux personnages principaux du premier avec un personnage du second que j'apprécie et que je trouve trop "discret" parfois ;-) Ces deux univers ne sont pas complètement antinomiques, le cadre général des deux séries est bien sûr très différent mais pas inconciliable. Parce que le soin consacré à l'élaboration des personnages est tellement important que quelque part, ils se sont rejoint dans mon imaginaire.

 

Ensuite, vous remarquerez tout de suite que cette histoire a un mode de narration particulier. Il ne faut rien y voir d'autre qu'un parti-pris narratif. J'aime les récits à la première personne, j'aime ce canal direct qui touche le lecteur, et j'ai eu envie de l'utiliser ici. Samantha Carter est un personnage que j'aime bien, et j'ai simplement imaginé ce qu'elle pouvait ressentir. Nous sommes dans le domaine de la représentation, tout est permis !

 

Remerciements : Il y a bien sûr ici une personne qui est particulièrement concernée, ma source d'inspiration, la lumière du récit.

Merci également à Kaktus, éditrice bienveillante pour le voyageur du net. C'est peu de chose et beaucoup en même temps.

 

 

 

 

Ils étaient tous face à moi. Ils me fixaient. La table de briefing était devenue un tribunal. Ils ne me croyaient pas, je le savais.

 

Mais comment pouvaient-ils seulement me croire ? Je ne cherchais même plus à leur expliquer ce que j'avais vu, vécu. Mes amis que j'aimais tant s'éloignaient de moi. Et face à toutes ces choses qui s'écroulaient, comme ma carrière, mes certitudes, ces deux ans de bonheur à travailler au SG-1, rien ne me touchait si ce n'est cette impression incroyable de familiarité avec quelque chose de présent dans la pièce. C'en était presque palpable. Je n'écoutais même plus le général Hammond mettre ma vie en pièce. J'ai tourné la tête vers la porte des étoiles, et alors, j'ai compris.

 

***

 

En ce début d'automne nous avions découvert dans CF2-495 une curieuse construction cylindrique. Je ne sais pas d'ailleurs si on peut parler de " construction ", tant l'œuvre de la nature était difficilement discernable d'une autre main que nous n'osions pas nommer humaine. De loin nous l'avions confondue avec une formation rocheuse. La taille de l'édifice était énorme, démesurée. La porte d'entrée que nous avons trouvée, puis réussi à manœuvrer semblait destinée à des créatures exceptionnellement imposantes.

 

O'Neil est entré le premier suivi de Daniel, de moi Samantha Carter, et Teal'c qui fermait la marche. Notre première impression fut d'avoir littéralement le souffle coupé par la taille de la salle. Les murs de pierre immenses montaient vers le ciel. La pièce était parfaitement ronde. Les autres se déployaient tout autour, inspectant les étranges motifs gravés sur les murs. Ils en étaient couverts. Chacun était différent, entouré d'une sorte de cercle. Il y en avait à plusieurs niveaux, et certains étaient bien hors de notre portée. Daniel passait d'un motif à l'autre d'un air fasciné, Teal'c s'était immobilisé face à la porte pour surveiller l'extérieur et O'Neil s'absorbait dans la contemplation du sommet de la tour. Quant à moi, je ressentais une sorte de malaise et je restais immobile au milieu de la pièce. Pourtant un des étranges motifs attirait mon attention. Il était face à moi, à quelques dizaine de pas.

 

Je me suis avancée et lorsque je l'ai touché pour la première fois, j'ai ressenti comme un picotement dans la nuque. J'ai cru un instant avoir reçu une image mentale, mais ce fut si fugace que je ne me suis pas inquiétée. J'ai posé ma main à plat sur la pierre froide, et sans savoir pourquoi, j'ai appuyé. A ma grande surprise la pierre s'est enfoncée dans le mur. L'instant d'après une sorte de lumière aveuglante a envahi la pièce, comme sortie des enfers, et tout a disparu autour de moi.

 

***

 

Je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente. Je ne souffrais pas, juste une vague douleur au sommet du crâne. Le seul petit problème c'est que je n'étais pas au même endroit, et complètement seule. Les autres ne m'auraient jamais abandonnée comme ça. Dieu merci j'avais toutes mes armes. J'ai regardé autour de moi. J'étais au milieu d'une clairière. Plus de trace de la grande salle cylindrique. Même le paysage environnant était radicalement différent. CF2-495 était pratiquement uniquement composée d'un désert rocheux, inapte à toute forme de vie évoluée. Ici la végétation était luxuriante, et tous les bruits de la forêt appelaient la vie. La seule trace de civilisation était une sorte de socle taillé grossièrement dans un rocher au milieu de la clairière. J'ai eu l'espace d'un instant l'impression qu'il avait soutenu une porte des étoiles, mais je n'en avais aucune preuve concrète.

 

Je restais là à observer ce qui m'entourait, et soudainement une panique incroyable m'a envahie. Je crois que je m'étais attendue à ce que les autres débarquent, mais il ne se passait rien. Et surtout, j'étais dans un lieu totalement inconnu. Je n'y comprenais rien. A moins d'avoir perdu la mémoire, ce que je ne croyais pas vraisemblable, je n'avais pas retraversé la porte des étoiles.

 

Je me suis avancée vers la lisière de la forêt et je m'y suis enfoncée. Je retrouvais un semblant de calme sous la voûte protectrice des arbres, entourée d'odeurs familières. Je me suis dit que j'allais progresser un peu pour essayer de voir dans quelle sorte d'endroit j'étais, sur la Terre où ailleurs, mais que surtout je ne devais pas m'éloigner de la clairière. Je savais que les autres me cherchaient déjà, ils ne me laisseraient pas tomber.

 

Honnêtement, j'avais peur. L'apprentissage de la solitude est quelque chose de difficile, que ce soit dans un monde inconnu ou en plein New-York quand vous débarquez de votre campagne. J'avais peur, pas de l'environnement, mais du son de mes pas qui me semblait produire un vacarme assourdissant. Solitude.

 

Je suis arrivée à une sorte de route, un chemin plutôt, en terre et à moitié défoncé. Je me suis dit que si je n'étais pas sur la Terre, je devais être sur une planète primitive, je voyais mal un véhicule rouler là-dessus. Je l'ai suivi en prenant une direction au hasard, vers le Nord plus précisément, et je veux être précise, je veux que l'on me croit. Je le suivais à demi cachée, en prenant toutes les précautions, mais cela ne m'a pas empêchée de tomber sur un habitant. Il était lui aussi caché dans les fourrés et je ne l'ai vu qu'au dernier moment. Il était habillé plus avec des haillons qu'autres choses, mais de ce que j'en ai jugé à ce moment-là, il semblait sortir d'une autre époque. Il a paru aussi surpris que moi et même un peu plus. J'ai regretté immédiatement de m'être éloignée de la clairière. Quand on ne veut pas être remarqué, particulièrement dans un monde primitif ou de technologie différente, il est IMPERATIF de ne pas se montrer. Et je venais de faire une erreur, j'en étais persuadée. Les conseils répétés un millier de fois au briefing n'avaient servi à rien.

 

Ce qu'il est important de comprendre, c'est qu'à ce moment-là j'ai senti que je m'étais engagée sur le mauvais chemin mais en réalité, et je le dis aujourd'hui avec un calme que j'ignorais jusqu'à présent, c'est que je venais de faire le premier pas qui allait m'entraîner dans un engrenage aux lourdes conséquences mais que surtout je n'oublierais jamais. Une question me tracasse encore et encore dans cette froide salle de briefing, devant tous ces regards inquisiteurs : est-ce que je regrette vraiment tout cela ?

 

Mais revenons à ma situation, je ne veux pas que vous perdiez le fil de l'histoire, c'est essentiel. J'ai donc rencontré cet homme, et bien évidemment maintenant que le mal était fait il fallait que je réagisse. Je me suis adressée à lui doucement, pour essayer d'établir un semblant de communication et surtout ne pas l'effrayer. Comme vous pouvez le deviner, ça a produit l'effet contraire. Il a tourné les talons et s'est mis à courir comme un dératé en hurlant des mots incompréhensibles. J'ai soupiré bruyamment en regrettant que Daniel et sa fabuleuse connaissance des langues ne soient pas là tous les deux. Mais je suis vite revenue de mes pensées en entendant distinctement d'autres bruits, comme des cris. Il venait d'avertir d'autres personnes visiblement, et ça ne se passait pas très bien. J'ai commis à cet instant ma deuxième erreur, au lieu de m'enfuir je suis restée à les attendre, me postant au milieu du chemin, décidée à essayer de communiquer. Car avant toute chose, je voulais savoir où j'étais. Plusieurs personnes sont apparues, vêtues quasiment comme l'autre homme, mais un peu plus richement me semble-t-il. Ils se sont arrêtés net en me voyant. J'ai senti l'adrénaline monter. Je suis un soldat et je n'ai pas peur aussi facilement, mais là, il y avait quelque chose de décalé que je ne comprenais pas et qui était en train de me prendre mes dernières chances. Avant même que j'ai pu ouvrir la bouche ils m'ont foncé dessus. J'ai pris mon fusil automatique et j'ai tiré une longue rafale au-dessus d'eux, faisant voler des branches d'arbres qui retombaient en pluie serrée sur mes assaillants. ça aussi, ça les a stoppé net. J'ai même cru qu'ils allaient en mourir sur le coup. Un instant je me suis dit qu'ils n'avaient pas vraiment l'intention de me faire mal, qu'ils voulaient juste me neutraliser, prendre mes armes. J'ai en effet réalisé qu'ils n'avaient pas d'arme dans les mains, et que l'homme que j'avais fait fuir était peut-être simplement une sentinelle. Mais le bruit de l'arme automatique et ces dizaines de visages fixés vers moi m'ont donné une sorte de peur irrationnelle. Et j'ai commis ma troisième erreur, je suis rentrée comme une folle dans la forêt, courant aussi vite que je le pouvais, ignorant les branches qui me frappaient le visage. Le problème étant que je suis repartie dans la mauvaise direction, et qu'avant que je ne m'en aperçoive, j'étais perdue, dans une espèce de vague étendue herbeuse.

 

Je me suis arrêtée hors d'haleine, me disant qu'en un temps record j'avais accumulé le maximum de problèmes. J'ai ressenti de nouveau cet étrange sentiment qu'enfant je sentais parfois, et que les rêves dont je peuplais mon univers combattaient inlassablement : cette sensation d'être seule, si seule, ontologiquement seule.

 

Je pense que j'aurais dû logiquement retourner dans la forêt pour y retrouver un abri, mais je me suis avancée sur cette plaine. Elle avait quelque chose d'étonnant, et je n'ai compris que plus tard de quoi il s'agissait, mais pour l'instant je n'y voyais que l'expression de mon malaise. En fait elle était relativement plane hormis quelques reliefs aux formes différentes, comme des rochers sous la terre, que les herbes sauvages auraient recouverts. J'ai marché vers le sud pour tenter de retrouver mon chemin. Mais était-ce bien vers le sud ?

 

Je progressais depuis un moment quand tout d'un coup j'ai eu la sensation d'une présence. J'ai regardé autour de moi et je n'ai rien vu, non rien du tout je vous assure. Et pourtant quand j'ai de nouveau tourné la tête il y avait quelqu'un devant moi, quelqu'un semblant sortir de nulle part. Deux yeux bleus purs comme la mer me regardaient, et à l'expression que j'y ai vue j'ai senti que rien ne serait plus comme avant.

 

Cette femme immense me regardait avec un mélange de méfiance à la limite de la haine, et une sorte d'absence, de douleur. Elle avait vraiment un accoutrement que je n'avais jamais rencontré, une sorte d'armure en cuir et des armes primitives. Pourtant il y avait quelque chose en elle qui la distinguait des autres villageois que j'avais rencontrés plus tôt. Je ne savais pas quoi exactement, et maintenant finalement toujours pas. Qu'est-ce qui m'a frappé chez elle à ce moment là ? La régularité de ses traits, le regard vif, intelligent, ou cette présence, menaçante et fascinante à la fois ? Vraiment je ne sais pas, tout ce que je sais c'est qu'elle se tenait face à moi pleine d'assurance, presque arrogante, et en même temps on sentait une urgence.

 

J'ai fait un pas en arrière mais je n'ai pas levé mon arme. Elle était assez proche et semblait plutôt dangereuse. Et surtout, je voulais essayer de communiquer. J'ai prononcé quelques mots dans toutes les langues que je connaissais, mais rien n'y faisait, je la voyais froncer des sourcils en essayant de me comprendre.

 

J'ai eu alors une sorte d'intuition, j'ai mis un genou au sol, et j'ai tracé dans l'herbe humide une représentation de la tour cylindrique et de la dalle que j'avais enfoncée. J'ai vu en un instant son visage changer, elle s'est approchée de moi avec une rapidité qui m'a quelque peu inquiétée, et en me parlant dans une langue incompréhensible elle m'a désigné l'un de ces espèces de rocher recouvert d'herbes dont je vous ai parlés.

 

Je n'y comprenais rien, absolument rien. J'ai alors moi aussi tendu la main vers ces drôles de formes et je l'ai posée à plat. La femme a saisi ma main rageusement et l'en a écarté. Elle avait quelque chose d'incroyablement menaçant dans le regard à ce moment là et j'ai paniqué. J'ai levé mon arme et elle a sorti son épée. Et tout ce dont je me souviens, c'est qu'entre nous la forme herbeuse a pris vie, et s'est dressée devant nous.

 

Elle avait une forme humaine, le tronc semblait attaché à la terre, et le reste du corps couvert d'herbe tendait des bras aux formes terriblement humaines vers moi. Cette chose avait aussi une forme sur le visage, une sorte de rictus de peur et de douleur.

 

Bien sûr je sais que tout cela est difficile à croire, mais je l'ai vu. A cet instant précis j'ai perdu les dernières traces de mon sang froid tout militaire. J'ai tiré avec mon arme en position automatique sur cette abomination de la nature ou de je ne sais quoi. Elle s'est effondrée sans un cri, la terre se mêlait à des formes étranges qui ressemblaient à des formes humaines. Je crois que si je n'avais pas vu l'autre femme foncer sur moi, j'aurais perdu conscience.

 

Elle s'est lancée sur moi et la lame de son épée a percuté dans une gerbe d'étincelle le canon de mon M16. Je ne sais pas par quel miracle je ne l'ai pas lâché, mais le choc m'a envoyé au sol. J'ai senti plus que je n'ai vu la pointe de la lame à quelques centimètres de ma gorge. Mon arme était braquée vers elle.

 

Je crois que ce jour-là n'était définitivement pas mon jour. Je sentais que mes nerfs étaient en train de lâcher, et mes yeux s'obscurcissaient. La grande femme est restée un instant immobile, un instant qui avait à voir avec l'éternité, puis elle a rangé son arme et elle a tourné les talons.

 

J'ai mis un certain temps à me relever, mes jambes me portaient à peine. Dans un sens je m'en étais bien sortie jusqu'à maintenant, je veux dire indemne, cependant j'avais la sensation qu'il ne fallait pas que je perde de vue cette femme, qu'elle était la clef de quelque chose. Mais déjà elle semblait loin, et en plus elle s'éloignait de cette plaine aux formes immondes.

 

J'ai essayé de la suivre mais je n'y suis pas arrivée. Je faisais tellement attention de ne pas effleurer l'une de ces créatures que j'ai fini par la perdre de vue. Une espèce de brume recouvrait toute la plaine. Comme la nuit tombait je suis revenue à la lisière de la forêt. Je ne savais absolument plus où j'étais. C'était le monde de Sokar où le vert avait remplacé les flammes de son enfer.

 

Je me suis assise sous un arbre après avoir essayé de faire un feu. Je sentais l'humidité de la forêt me pénétrer jusqu'aux os. En fait je ne pensais plus à rien. J'avais la sensation que je ne reverrais plus jamais les autres, que j'allais pourrir sur ce monde insensé. La solitude m'enveloppait comme un manteau soyeux. La Solitude.

 

***

 

J'ai veillé presque toute la nuit, avant de m'assoupir une heure ou deux. Lorsque j'ai ouvert les yeux, c'était l'aube. Elle était semblable à des milliers d'autres que j'avais observées depuis la Terre, hormis sans doute les ombres des rochers vivants qui se détachaient presque avec majesté du paysage.

 

Il y avait une nouveauté, qui se présentait sous la forme d'une femme d'1M80, directement sur ma droite, légèrement en retrait. Je me suis dit qu'être décapitée à 6 H 00 du matin ne devait pas être une chose très agréable, mais franchement je commençais à en avoir assez de tout ça. Je me suis relevée lentement et je lui ai fait face. Seule ici, j'étais perdue. Je le sentais. Et je sentais que cette femme savait quelque chose.

 

Elle m'a fixée un long moment puis a fait demi-tour en me faisant signe de la suivre. Nous avons commencé une lente traversée de la plaine. Je me suis rendue compte que je n'étais pas la seule à prêter attention à mes moindres pas au milieu des créatures d'herbes. Je sentais également qu'elle surveillait chacun de mes gestes. Pas de crainte que je ne l'attaque, mais plutôt parce qu'elle tenait à ce que je ne reproduise pas l'erreur d'hier. Elle ne voulait pas que je touche une autre de ces créatures. A cet instant je n'en connaissais pas la vraie raison.

 

Nous avons marché assez longtemps ainsi. La forêt me semblait loin derrière, et je commençais à me demander si j'avais fait le bon choix. Nous sommes bientôt arrivées en face d'une haute colline. Nous l'avons contournée, et là j'ai compris.

 

La même tour, immense, se dressait devant moi. Elle était posée dans une sorte de cratère qui m'a fait penser à celui d'une météorite. A ceci près qu'il semblait avoir été taillé juste au diamètre de la tour. Il fallait donc descendre pour en atteindre l'entrée.

 

La femme s'était retournée et son regard avait changé. Elle se tenait droite devant moi, comme en sentinelle devant la tour, et elle semblait soudainement comme accablée. Ses yeux s'étaient voilés. Je me suis dit qu'elle aussi avait subi les pouvoirs de cet endroit.

 

J'ai voulu m'avancer vers l'entrée du cratère mais elle s'est interposée. Je me suis arrêtée net. Elle a alors tendu le bras et m'a désigné la plaine, ou plus particulièrement les formes sous l'herbe. Elle a fait une série de signes et j'ai commencé à comprendre ce qu'elle essayait de m'expliquer et toute l'étendue du problème.

 

Ces formes monstrueuses étaient des sortes de gardiennes de la tour. En fait, pour vous expliquer les choses telles que je les aies découvertes plus tard, il s'agissait tout simplement d'êtres humains qui s'étaient retrouvés piégés sous cette nouvelle forme de vie. Et s'ils vous touchaient, vous deveniez de même. Pour les éveiller il suffisait de les effleurer, et alors ils cherchaient le contact, ce qui les libérait de leur forme alors que vous preniez leur place. Un processus infaillible, démoniaque.

 

J'ai essayé d'imaginer avec effroi combien de vie innocentes étaient enfermées dans cet enfer. J'ai mieux compris la panique puis l'hostilité des villageois que j'ai rencontrés. Combien des leurs avaient-ils perdu ainsi ? Le piège était imprenable, grandiose dans son habilité maléfique. Car comment décider par exemple d'essayer de les détruire alors qu'un proche était l'une de ces formes, et qu'il y avait un espoir qu'il puisse revenir, ne serait-ce qu'au prix d'une autre vie ? J'ai pensé un moment aux Goa'ulds, à leur manière de procéder et de vivre. Ils parasitent un corps qui ne leur appartient pas, et ceux qui ont aimé la personne tentent de la retrouver sous une forme où elle n'existe plus. Car il reste pourtant quelque chose d'elle, un faible espoir de la voir revivre. Je me suis soudainement posée des questions sur les motivations de cette femme, et la colère qu'elle avait éprouvée quand j'avais tué une de ces choses. Etait-ce cela la douleur dans ses yeux ?

 

Encore maintenant je ne sais pas qui a construit ces choses, ou plutôt quoi. Quel peuple a bien pu concevoir cette tour immense et imaginer un piège aussi monstrueux qu'habile ? Ce n'était pas les Goa'ulds, car ça ne ressemblait en rien à leur technologie, surtout cette manière d'allier la technique à la nature. C'est un mystère, encore aujourd'hui. Parfois j'y repense et cela m'effraie, mais il est des tombes qui doivent garder leurs secrets.

 

Mais revenons à la situation sans issue dans laquelle j'étais. La guerrière, je peux l'appeler ainsi je pense, se tenait bien droite devant moi et espérait dans chaque signe de mon visage que je comprenais bien la situation. A ce moment je ne saisissais pas encore le lien entre le fait d'entrer dans la tour et les formes sur la plaine. Elle a fini par faire un pas sur le côté, et prudemment, je suis descendue dans le cratère.

 

L'intérieur de la tour ressemblait en tout point à l'autre. Le côté gigantesque, parfaitement cylindrique, et les multiples inscriptions sur les parois. La femme brune s'est immédiatement dirigée vers un point précis qu'elle m'a désigné. C'était l'une des inscriptions. J'avais du mal à me concentrer pour l'écouter, car en fait je ne pensais qu'à une chose, c'était chercher celle que j'avais actionnée sur CF2-495. Mais la femme devenait de plus en plus nerveuse, je crois qu'elle comptait sur moi, vu la technologie que je possédais, pour résoudre ce qui lui était arrivé, ou plutôt, ce qui leur était arrivé.

 

Car, et c'est bien ce que j'avais soupçonné, il y avait une autre personne en jeu. Celle-ci avait du actionner comme je l'avait fait un de ces signes et en avait subi les conséquences. Nous n'avions croisé personne sur CF2-495, mais cela ne signifiait rien, la planète était immense et j'ignorais depuis combien de temps tout cela s'était produit. Mais en réalité j'ai bien vite pensé au fait que toutes les pierres ne provoquaient pas la même chose. Sans doute s'agissait-il d'un gigantesque tableau de commandes. Que lui était-il arrivé alors ?

 

J'ai été interrompue dans ma réflexion par un son étrange. Comme l'écoulement d'une rivière, ou plutôt un bruit de succion. Je me suis approchée de la porte, et alors j'ai compris. Mon sang s'est glacé dans mes veines. Toute la plaine était en mouvement, elle formait une sorte de vague gigantesque qui avançait en ondulant vers…nous.

 

J'ai mis un genou au sol et j'ai sorti les grenades à explosion horizontale. Mais j'ai senti une poigne incroyablement dure me saisir toute l'épaule, et en un instant j'étais hissée à la hauteur de deux yeux bleus pleins de fureur. Elle a prononcé lentement une phrase, maintes et maintes fois répétée j'en ai eu soudain conscience. Et surtout j'ai compris au milieu de tout ça quelque chose qui ressemblait à un prénom. Gabrielle. Oui c'est cela, Gabrielle. Et j'ai aussi compris que cette Gabrielle était au milieu de tout ça, de cette mer monstrueuse qui montait jusqu'à nous.

 

L'une des pierres devait être la commande qui précisément activait cet état. La grande femme brune a saisi fermement l'une de mes mains, et m'a bien fait entendre que je n'avais pas intérêt à me saisir de l'une quelconque de mes armes contre les formes de la plaine. J'ai reculé vers l'intérieur de la tour, et à vrai dire, je ne savais vraiment pas comment j'allais me sortir de tout ça…

 

Je vous assure que vous auriez été sidéré par ce spectacle terrifiant. La plaine entière semblait ramper vers nous. Comme si cette planète entière avait décidé de nous anéantir. Je ne savais plus quoi faire, les formes se rapprochaient et il suffisait d'un seul contact…

 

Je me suis retournée et j'ai vu la grande femme qui observait un autre motif du mur. Elle semblait hésiter. Je me suis approchée vivement d'elle et je lui ai fait comprendre que provoquer une catastrophe à la fois était amplement suffisant… Puis j'ai regardé, instinctivement, la pierre qui attirait son attention. Et j'ai immédiatement compris pourquoi. Elle était la forme inversée de la précédente. On pouvait légitimement croire qu'elle en annulait donc les effets. La guerrière me regardait, scrutait chacune de mes réactions. Mais tout cela était pure spéculation, la civilisation qui avait construit cet édifice était tellement éloigné de tout entendement humain.

 

L'intérieur de la tour s'est soudainement assombri, les formes étaient au bord du cratère et masquaient en partie la lumière du soleil. J'ai senti mes jambes trembler, et avant que je n'ai pu l'en empêcher, la grande femme a enfoncé la pierre. J'ai senti comme un tremblement, le sol était parcouru d'ondes de plus en plus fortes. Je me suis dit que c'était notre dernière erreur…

 

Mais le phénomène s'est arrêté. Les formes obstruaient toujours la lumière du soleil, mais l'horrible bruit de succion avait disparu. J'ai entendu comme des bruits de pas et une ombre a surgi dans l'embrasure de la porte. J'ai armé mon fusil à l'épaule, je préférais mourir qu'être condamnée à cette torture. Mais ce fut un être humain qui apparut. C'était un homme plutôt grand, à la peau d'une étrange couleur, au teint de bronze. C'était surtout son accoutrement qui était bizarre, il n'était pas de cette planète, c'était sûr. Son habillement dénotait une technologie plus avancée, ce que j'identifiais comme des micro-appareils étaient incrustés dans ses vêtements même. Il nous regardait d'un air étrange, un peu hagard, comme lorsqu'on se réveille brutalement d'un sommeil profond. Je me suis dit que nous aussi nous devions donner un étrange spectacle vestimentaire, cette guerrière et moi…

 

Alors que fascinée je m'avançais vers la porte, je comprenais avant même de le saisir clairement que nous avions inversé le processus de transformation. Je suis sortie au-dehors, et j'ai ressenti un étrange sentiment, que je n'oublierai jamais. La peur avait disparu, et j'ai eu la sensation qu'au moins une fois dans mon existence j'avais fait quelque chose de bien, du moins j'en avais été le témoin. Car la plaine était couverte de personnes, hommes, femmes, enfants, tous différents, qui se regardaient, les yeux encore embués par un mauvais rêve. Je crois qu'ils ne comprenaient pas encore très bien ce qu'il leur était arrivé. Ce qui était extraordinaire, c'était les retrouvailles entre certains d'entre-eux. Ils se touchaient du bout des doigts puis se jetaient dans les bras l'un de l'autre, sidérés d'avoir de nouveau des repères, de retrouver des visages familiers. Mais surtout, et particulièrement pour la scientifique que j'étais, c'était fascinant de voir les populations différentes qui se côtoyaient. C'était comme un instantané de l'univers, comme si l'on avait réussi à saisir toutes les diversités que la race humaine avait pu donner. Depuis combien de temps certains étaient-ils prisonniers de ce piège ? Nul ne saurait le dire. Je reconnaissais aisément les habitants de ce monde, mais ils étaient loin d'être majoritaire. Les autres avaient du être capturés dans des mondes lointains, peut-être éteints, et avaient fini ici, avec cette tour qui se confirmait être, du moins d'après moi, un vaisseau échoué ici volontairement ou non, peut-être oublié par ses créateurs.

 

Je me demandais où ils pouvaient être d'ailleurs. Vu la taille gigantesque de l'engin, on aurait du les retrouver, au moins ce qu'il en restait. Ceci dit, depuis combien de temps le vaisseau était-il là ? L'ironie de tout cela aurait voulu qu'il aurait pu être sans occupant, naviguant avec une sorte de pilote automatique, et que pour une raison ou une autre il se serait échoué ici, provoquant des ravages, source d'une malédiction qui durait peut-être depuis des siècles. J'ai pensé à CF2-495 et me suis dit qu'au moins là-bas il n'y avait pas d'habitant. Et alors qu'une brise légère me touchait le visage, je me suis souvenue de la forme particulièrement accidentée de la planète, de tous les rochers qui la recouvraient. Et si cette technologie s'adaptait à l'environnement rencontré… Je me suis sentie frissonner.

 

Soudainement, une jeune femme au regard d'or est apparue devant moi. Comme les plus proches personnes de la tour, je crois qu'elle a plus ou moins deviné mon rôle dans ce qui venait de se produire. Elle m'a souri, son visage était lumineux. Elle portait les vêtements de ce monde, mais elle avait une telle intelligence dans son regard que je crois qu'elle en savait autant que moi. Elle m'a alors montré une bague et a écarté les mains, dans un signe d'interrogation. Le symbole qui y était gravé m'a fait penser à quelque chose. Cela m'est revenu rapidement à l'esprit, j'avais vu le même symbole sur l'armure de la guerrière. J'ai souri à la jeune femme à mon tour et je lui ai fait signe de me suivre. Nous sommes descendues dans le cratère. L'homme que j'avais vu en premier m'accueillit d'un regard étrange, il n'a pas eu à me faire signe, j'ai tout de suite compris. A l'autre bout de la tour se dressait une statue immense en pierre, à l'image familière…

 

Lorsque j'étais sortie je n'avais pas jeté de regard en arrière, et pourtant le phénomène avait du se produire au moment où nous avions rendu vie à toutes les personnes de la plaine. La guerrière avait été transformée à son tour, le piège s'adaptant à l'environnement de pierre de la tour. La jeune femme au regard clair s'était figée, elle n'esquissait plus aucun mouvement. Ces deux femmes devaient être fortement liées, tant je voyais le combat qu'elles menaient lorsqu'elles étaient séparées. Je n'ai réagi que lorsque la jeune femme a tendu la main pour toucher la forme de pierre, je ne savais que trop bien ce qui risquait de se passer.

 

La jeune femme a fait volte face et s'est alors adressée à moi, comme si elle venait d'être frappée par une idée. J'ai durement ressenti la barrière de la langue et j'aurai donné n'importe quoi pour que Daniel soit là. Mais peu à peu j'ai commencé à comprendre ce qu'elle essayait de m'expliquer. Elle s'est agenouillée au sol, et elle s'est mise à dessiner dans la poussière qui le recouvrait. Dieu que cette femme avait un talent certain pour cela, ce devait être une artiste. J'ai finalement compris ce qui s'était passé. Cette jeune femme était Gabrielle et ce n'est pas elle qui fut transformée en premier. En fait c'est son amie qui fut prise par le piège, et c'est elle qui s'est sacrifiée en la touchant pour la faire revenir. Je pense que la tour possédait une sorte de système de défense qui permettait d'emprisonner toute créature qui antérieurement avait été touchée par sa propre technologie. La guerrière devait porter quelque part la trace du piège dont elle avait été victime, et comme un système d'alarme, il l'avait de nouveau piégé. Les murs, qui devaient être un gigantesque tableau de commandes (certaines des pierres gravées étaient bien hors de notre portée), avaient un système de protection qui leur permettait de ne pas être utilisé par ce qui était connu comme étant un ennemi.

 

J'imaginais bien le sacrifice que cela avait constitué pour cette jeune femme de faire ce geste pour son amie, je discernais quelque chose de si fort entre elles. Et j'enrageais de ne pas savoir quoi faire. Il devait bien y avoir une autre commande d'annulation quelque part. Mais les murs étaient si grands… J'ai dessiné à mon tour les symboles des deux pierres, mes deux infortunés compagnons n'ont pas tardé à comprendre. Ils se sont mis aussitôt à chercher sur les murs. L'homme au teint de bronze semblait tout à fait deviner ce qu'il nous devait, à la grande femme et à moi, et il était décidé à nous aider. Ce fut lui qui trouva le symbole, il était exactement semblable aux deux autres, à ceci près qu'il était incliné à demi.

 

Je me sentais si sûre de moi l'instant d'avant, mais maintenant, face à ce risque, je ne savais plus trop quoi faire. Peut-être aussi parce que juste à côté il y avait la pierre qui portait le même signe, mais inversé que j'avais vu sur CF2-495… Toucher à chaque pierre constituait un tel risque.

 

Pourtant je sentais sur moi le lourd regard de la statue de pierre. Moi aussi, je lui devais quelque chose, que serais-je d'autre qu'une ombre dans la forêt si elle n'avait été sur ma route ? Ce fut un moment étrange et très fort, je m'en souviens encore dans cette froide salle du SG-C. Car moi seule pouvait actionner ce mécanisme. Je me suis avancée et j'ai regardé la jeune femme blonde bien dans les yeux. Il n'a pas été nécessaire d'en faire plus.

 

***

 

Et oui c'est ainsi, nous avions percé le secret de la tour. Et pourtant qu'étions-nous de plus si ce n'est une poignée incongrue de voyageurs égarés loin de chez eux. C'était vraiment étonnant de communiquer alors que nous ne pouvions utiliser les mots. J'ai appris ce jour-là à observer les regards, à m'en imprégner. Je crois qu'un jour un homme avait fait de même, bloqué sur un lit d'hôpital par une terrible maladie. Il ne pouvait plus parler mais savait exactement ce que ressentait chaque personne qui franchissait la porte de sa chambre. Lui, pauvre malade souffrant dans une chambre blanche, a fait immortaliser son nom en créant une méthode nouvelle et empirique pour essayer de nous permettre de nous comprendre entre nous. Finalement, ce fut ma révélation à moi ce jour-là, quand j'ai vu l'éclair de lumière jaillir de la statue de pierre et rendre au monde cette femme étrange et magnifique. Et surtout la joie puissante et pure qui fit se joindre ces improbables amantes dans cet univers si dur.

 

Je me suis sentie lavée à cet instant de toute une vie passée à poursuivre des chimères ; la reconnaissance de ma famille, l'ambition pour progresser dans l'armée et même la soif de connaissance. Je repensais bien sûr à notre groupe du SG-1. Nous étions devenus plus que de simples collaborateurs. Mais nous nous trompions sur les bases de cette amitié pourtant bien réelle. Et surtout je sus que la solitude n'était pas un malheur que nous ne pouvions tolérer qu'en nous en détournant l'espace de quelques instants en nous plongeant dans le regard d'un ami. Ces deux femmes n'étaient plus seules, et pourtant je devinais comme elles avaient du l'être. Ce fut magnifique et triste à la fois de découvrir tout cela, de le voir vraiment, de se laisser éblouir par cette révélation.

 

Aujourd'hui je suis assise dans cette grande salle froide, et personne ne comprend. Mes vieux amis de mon autre vie tentent d'expliquer mon attitude qui leur échappe. Ils essaient de me protéger bien malgré moi. Car comment leur dire avec de simples mots ce que j'ai vu ?

 

Je crois que je me suis mise à rire. La grosse huile dépêchée par le Pentagone s'en est arrêtée de parler. Je sais qu'il ne me pardonne pas de refuser de donner la manière d'aborder ce monde. Moi seule connaît la pierre qui permet d'y mener, et il y en a des milliers. Je ris intérieurement car il est curieux que parmi toutes ces possibilités je sois tombée sur celle-ci. Je pense au Fatum antique, le Destin. Même les dieux y étaient soumis.

 

Le type insiste et veut savoir, mais je ne dirai rien. Je ne les laisserai pas souiller ce monde nouveau, où des êtres d'autres civilisations dont nous n'avions pu soupçonner l'existence vont apprendre à vivre ensemble et vont se construire un nouveau monde. Et puis il y a ces deux femmes dont la vision magnifique ne cesse de m'habiter. Je ne peux pas les trahir. Je sais qu'ils vont envoyer un groupe de recherche pour étudier la tour sur CF2-495. Mais ils vont devoir être très prudent, ils ne connaissent rien de cette technologie. Bien sûr vous vous doutez bien qu'ils finiront par trouver. Mais pas aussi vite qu'il ne le faudra. La guerrière m'a donné trois lunes de délais, à peu près deux mois de notre temps, avant qu'elle ne détruise la tour. Ça me donne tout le temps nécessaire. Car moi seule connaît la bonne pierre pour y retourner.

 

Il s'essouffle pour rien ce pauvre homme. Avant il m'énervait profondément par son arrogance, mais maintenant il ne m'inspire que de la compassion. Je tourne la tête vers la salle de la porte, et soudainement je me souviens. L'anneau de la porte me rappelait bien quelque chose. J'ai déjà vu cet anneau, bien sûr. A la ceinture de cette femme. Fatum. J'en ris si fort que le souffle me manque. Oui, je me souviens.

 

 

 

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