| 
  • If you are citizen of an European Union member nation, you may not use this service unless you are at least 16 years old.

  • You already know Dokkio is an AI-powered assistant to organize & manage your digital files & messages. Very soon, Dokkio will support Outlook as well as One Drive. Check it out today!

View
 

L'amour naît en été

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

FANS FICTIONS FRANCOPHONES

Entre elles

 

L’Amour naît en été

 

Par Rudeya

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

 

Je m’appelle Cassandra, et je vais bientôt avoir dix-huit ans. Je suis assez grande, aux alentours d’un mètre soixante-dix, je me trouve pas trop mal avec mes cinquante-huit kilos. Je fais pas mal de sport ce qui me permet de ne pas être obnubilé par mon poids et les régimes. J’ai la peau bronzée (merci à la famille d’habiter dans le sud), les cheveux châtains juste assez longs pour me les attacher, le visage plutôt allongé, et les yeux vert noisette. Quand je ne suis pas en train de rire à en mourir, je suis du genre rêveuse sauf lorsque j’essaye de garder mon sérieux et c’est pas évident. Voilà c’est moi, enfin pour la vue d’ensemble.

 

J’ai une bande de joyeux amis avec qui j’adore m’amuser et passer de bons moments, et la fête est un de nos nombreux passe-temps. C’est justement à une de ses fêtes que ma vie a pris un virage radical et captivant. Plusieurs années se sont écoulées depuis cette soirée et je ne regrette absolument rien, bien au contraire.

 

Mais laissez-moi plutôt vous plonger dans mes souvenirs et vous faire découvrir ce qui s’est passé, avec autant de précision que je le pourrai.

 

 

 

 

1

 

 

 

 

Le soleil se levait sur la prairie encore endormie. Une brise fraîche soufflait doucement entre les branches des quelques arbres. L’herbe humide de la rosée, s’animait aux passages des animaux, qui éveillés commençaient à s’activer. Les rayons du soleil, chauds et caressants, découvraient une forme assoupie près d’un buisson. Lentement la forme bougea, et de l’ombre émergea deux silhouettes entrelacées. Deux jeunes adolescents jouant à cache-cache ? Tu parles…

 

Nous étions au début de l’été, l’année scolaire était terminée, les examens réussis et à présent, nous fêtions les résultats. La soirée avait été parfaitement organisée et tout le monde en garderait longtemps le souvenir. Nous étions très nombreux, mais se connaissant presque tous. Ça se passait chez une amie qui avait une grande maison avec piscine, un peu à l’écart dans la campagne, où l’on ne risquait pas de déranger les voisins. La fête avait commencé avec un buffet à l’intérieur, continué dans la piscine et puis peu à peu, les pièces de la maison, le jardin et ses alentours fourmillaient de jeunes, heureux de vivre et encore plus de se retrouver ici. Toute la nuit jusqu’au petit matin, s’étaient mélangés musique, alcool, danse, embrassades, cris de joies, plongeons, courses poursuites, rires, etc.

 

Quelques-uns étaient partis se coucher, d’autres s’étaient effondrés sur place, ivres ou morts d’épuisement. Certains, comme moi, avaient prolongé la fête jusqu’à l’aurore et il nous semblait que tant qu’il y aurait de la musique, nous continuerions de danser et que la fatigue ne prendrait pas le dessus. Nous pourrions tenir des heures encore, grâce à l’adrénaline qui parcourait nos veines, comme l’électricité alimentant une machine. Et puis, il y avait ceux en couple, ici et là, qui avaient varié les activités et décidé de faire la fête différemment.

 

Je faillis surprendre les deux amoureux, près de ce buisson, quand j’errais à la recherche d’une jeune fille appelée Emmanuelle. Entendons-nous bien, Manu est juste une amie. Elle va avoir dix-neuf ans. Elle est plus grande que moi, dans le mètre quatre-vingt, des cheveux bruns et soyeux qui lui arrivent au-dessus des épaules, un corps svelte et athlétique, le teint hâlé, le visage chaleureux, des yeux verts à vous perdre dedans et un sourire charmeur. Elle est drôle, attentionnée, en fait, elle se rapproche de l’idéal. Pourquoi ne sort-on pas ensemble alors ? Bonne question… Je ne suis pas normale, ça doit être ça ! Complètement stupide, certainement !

 

Enfin, bref ! Je cherchais Emmanuelle pour lui demander de me conduire en ville, parce que nous devions aller chercher les croissants pour le petit déjeuner. Elle m’avait proposé d’y aller ensemble à peine une heure plus tôt et elle restait introuvable pour l’instant. Elle était peut-être elle aussi sous un de ces buissons avec une fille et naturellement, ce devait être plus intéressant que d’acheter des croissants.

 

A présent, le vent soufflait un peu plus fort et il me fit frissonner. Maintenant que je marchais calmement dehors, au lieu de danser comme une folle avec les autres, je regrettais un peu la chaleur de la maison. Bon sang, je n’allais pas lui courir après, si je ne trouvais pas Manu, je demanderais à quelqu’un d’autre. Après tout, elle pouvait faire ce qu’elle voulait avec qui elle voulait, cela n’avait aucune importance pour moi, je m’en fichais. Ouais! C’est ça… Bon d’accord, ça m’embêtait qu’elle soit avec quelqu’un alors qu’elle m’avait dit qu’elle m’accompagnerait, bon et alors ?

 

Je m’apprêtai à rebrousser chemin lorsque j’entendis une voix. Je m’arrêtai et écoutai avec toute mon attention, je ne m’étais pas trompée, quelqu’un m’appelait par mon prénom. Puis Manu apparut de derrière un arbre. Super, elle tenait,– ou plutôt elle traînait –,quelqu’un par la main. J’étais bonne pour les présentations avec le sourire crispé, scotché sur la figure, si je ne voulais pas être désagréable de bon matin. Notez que je suis rarement de bonne humeur le matin au réveil, sauf que là, je ne m’étais pas couchée. Et puis, la personne en question sortit de derrière l’arbre à son tour, et du coup se retrouva en pleine lumière, ainsi je vis que c’était un garçon. Je me rappelais l’avoir déjà vu quelque part, il était dans la même promotion que Manu et il était gay. Andrew. C’était mon jour de chance, finalement ! Il avait l’air mal en point, une sacrée gueule de bois à mon avis.

 

Nous étions retournés jusqu’à la maison, pratiquement en le portant ; puis nous l’avions allongé sur un canapé, en lui rappelant où se trouvait la salle de bain. Emmanuelle me remercia pour le coup de main et m’adressa un sourire qui m’aurait fait fondre si je n’avais pas su qu’elle le faisait à tout le monde.

 

- On va les chercher ces croissants ? Demanda-t-elle en se rapprochant de moi.

 

Finalement, j’étais peut-être bien en train de fondre…

 

J’acquiesçai en souriant et nous nous dirigeâmes vers sa voiture. Elle alluma la radio avant de démarrer comme elle en avait l’habitude et nous chantâmes pendant tout le trajet. De retour dans la maison, j’étais de nouveau en pleine forme, mais au lieu de me remettre à faire la fête avec ceux qui ne s’étaient toujours pas lassés, je décidai plutôt de préparer le petit déjeuner. Une bonne action dès le matin ne me ferait pas de mal et puis, ça ferait plaisir a tout le monde.

 

Des garçons et des filles surgissaient dans la salle à manger, seuls ou par groupe, certains encore ensommeillés, d’autres frais et prêts à attaquer cette nouvelle journée. Au bout de quelques heures et après avoir refait cinq ou six fois du café, la majorité des personnes invitées étaient rassemblées dans la maison et s’activaient à ranger et à nettoyer chaque pièce. Les cendriers débordaient et les bouteilles s’alignaient le long des murs, le sol était collant et glissant à la fois, ce qui rendait les déplacements difficiles. Mais la maison retrouva fière allure et peu à peu, chacun rentra chez soi.

 

Il ne restait plus qu’un petit groupe qui se composait des organisateurs de la soirée en question. Tout d’abord, la maîtresse de maison, Natasha dite Tasha, belle et élancée, la peau claire, les cheveux blonds très longs et les yeux bleu gris. Elle ressemblait à ces mannequins qui viennent de l’Est, belles et froides. Mais si elle était belle, elle n’avait rien de froid quand on la connaissait, et surtout pas aux yeux. Passionnée de sports extrêmes, elle adorait faire du saut à l’élastique ou du snowboard hors piste. Assis à côté d’elle, son petit copain Nicolaï, d’origine russe, grand et musclé, il avait les yeux d’un bleu glacial et les cheveux blonds, coupés en brosse. Le regard fier et arrogant, il était pourtant sympathique et un peu timide. Je trouvais qu’ils s’assemblaient parfaitement, peut-être à cause de leur ressemblance physique, enfin peu importe, ils s’aimaient depuis qu’ils s’étaient rencontrés, un vrai coup de foudre.

 

Vincent, le meilleur ami de Nico, se tenait contre le mur, il était un peu plus petit que moi, très mince, un visage petit et nerveux, les yeux marrons et les cheveux châtains coupés très courts. Je ne le connaissais pas beaucoup et il me mettait un peu mal à l’aise. Pas mon type de garçon. Je n’avais rien contre lui, mais le fait qu’il me rende nerveuse ne jouait pas en sa faveur. A côté de lui, Isabelle était assise sur la table, décontractée et souriante. Tasha et elle, avaient grandi ensemble, et elles étaient pratiquement inséparables. Isa était pétillante de vie, la peau très foncée, petite et un peu boulotte. Des cheveux bruns, coupés au carré encadraient son visage rond éclairé par son sourire moqueur et ses yeux noisette malicieux. Elles étaient aussi différentes l’une de l’autre qu’une petite poupée de tissu à côté d’une poupée de porcelaine, mais elles étaient comme deux sœurs.

 

Emmanuelle était à côté de moi sur le canapé, tandis qu’elle était immobile dans une pose parfaite comme si elle attendait un photographe de mode, moi je m’étais avachie de tout mon long dans une position très confortable. Je les écoutais discuter de la soirée, comme s’ils faisaient un rapport. Puis ils commencèrent à parler de la soirée prévue le lendemain soir : l’anniversaire d’Emmanuelle. Tout le monde avait accepté l’invitation de Tasha à le fêter de nouveau chez elle, cependant Emmanuelle avait décidé qu’il n’y aurait pas autant de monde qu’hier soir et cela convenait parfaitement. Demain soir, je connaîtrais tous les invités et je m’en réjouissais.

 

Il restait quelques courses à faire dans la journée, mais globalement tout était prêt pour la seconde fête. Manu me déposa chez moi, puis partit finir les derniers préparatifs. Après avoir salué mes parents et leur avoir affirmé que j’avais passé une agréable soirée, je montai m’effondrer sur mon lit. Je m’endormis avant même de toucher l’oreiller.

 

 

 

 

2

 

 

 

 

Je ne me réveillai que le lendemain matin, après quelques vingt heures de sommeil. Il était environ dix heures et mon estomac vide criait sa faim. Je me levai pour aller prendre mon petit déjeuner et mis la musique, ce qui finit de me réveiller totalement.

 

C’était une journée très ensoleillée, sans nuage et sans le moindre souffle de vent. Les heures passaient, rapprochant le début de la soirée inévitablement. Vers dix-neuf heures, je commençai à me préparer, après quelques hésitations dans le choix de ma tenue, je m’habillai et me coiffai. Jessica arriva vers vingt heures pour m’emmener à la soirée. Jessie est ma meilleure amie et je la considère aussi comme ma sœur, de plus, nous nous ressemblons beaucoup. Elle a dix-neuf ans et elle est légèrement plus petite que moi, ce sont les seules différences flagrantes entre nous.

 

- Tu es sûre que l’on va à la même fête ? Demanda-t-elle, en me détaillant avec un regard moqueur. Rassure-moi, tu ne dois pas rentrer à minuit, parce que j’ai l’intention de me lâcher ce soir ! Elle me jeta un regard entendu et éclata de rire.

 

- Nous ne rentrons que demain matin et je n’ai nullement envie de partir avant, répondis-je en faisant mine de ne pas savoir à quoi elle faisait allusion. Je lui adressai un sourire angélique. Tu ne comptes pas t’éterniser ici ? Nous pouvons peut-être nous mettre en route.

 

- Bien sûr, on y va ! Il ne faudrait pas faire attendre Manu, surtout quand on voit que tu n’y attaches aucune importance, me lança-t-elle en essayant de garder son sérieux.

 

L’espace d’un instant, j’eus envie de remonter dans ma chambre me changer, mais elle m’attrapa par la main et m’entraîna vers la voiture. J’eus à peine le temps d’empoigner le sac avec mes affaires et le cadeau d’anniversaire. J’avais longtemps réfléchi à la façon dont j’allais m’habiller et je me demandai si j’avais eu raison. Je portais un chemisier rouge, une jupe longue noire qui était fendue sur le côté, des bottes noires en cuir qui montaient jusqu’au genou. Je m’étais coiffé simplement, quelques petites tresses sur le dessus de ma tête, mes cheveux tombant en dégradé de chaque côté de mon visage. Je me maquillais très rarement car je trouvais cela un peu compliqué, mais j’avais fait ressortir mes yeux en les soulignant de noir.

 

- Jess, tu crois …

 

- Je crois que tu n’avais même pas besoin de lui acheter un cadeau d’anniversaire. Toi seule suffirait ! Surtout que l’emballage est superbe. Crois-moi, tu vas faire un malheur !

 

Je ne pus m’empêcher de rougir. Le compliment me faisait énormément plaisir, mais le sous-entendu ne m’échappait pas et ça m’embêtait un peu qu’elle me connaisse aussi bien. Elle dut s’en rendre compte car elle ajouta, en souriant :

 

- Bien sûr que je te connais, mais j’avoue que je ne te comprends pas. Pourquoi ne sors-tu pas avec Manu ? Vous vous entendez tellement bien, vous vous dévorez des yeux à chaque fois que vous vous regardez, et vous êtes mortes de jalousie à chaque fois que l’une de vous s’intéresse à quelqu’un d’autre. Tu ne vas pas me dire que tout le monde l’a vu sauf vous ? Et ne me dis pas que tu as des préjugés !

 

Soudainement, je me tournai vers la fenêtre et trouvai le paysage absolument fascinant. Jessie avait touché le point sensible et je lui en voulais. Je me posai des centaines de questions et mon cerveau fonctionnait à toute vitesse. Je ne savais pas quoi répondre et décidai de garder le silence. Jessie n’insista pas et alluma la radio pour briser le silence. Je n’avais pas envie de parler, mais qu’elle nous croît fâchées m’inquiétais plus et après s’être respectivement excusées, nous bavardâmes pendant tout le trajet, mais sans aborder le sujet épineux : « Emmanuelle ».

 

Nous arrivâmes en même temps que la plupart des autres invités. Il ne manquait plus que quatre ou cinq personne pour être au complet, mais la fête avait déjà commencé. Nous avions rapidement salué tout le monde et puis, nous étions rentrées à l’intérieur. Tasha et Nicolaï s’avancèrent dans notre direction pour nous dire bonjour.

 

- Tu es absolument radieuse Cassie ! s’exclama Tasha souriante et Nicolaï hocha la tête en signe d’assentiment. Elle me serra dans ses bras et me glissa à l’oreille : « elle va fondre ! ».

 

Je rougis et baissai la tête ce qui la fit rire.

 

- Tasha, Nicolaï, ce soir, je m’éclate et j’ai bien l‘intention que vous m’accompagniez ! Lança Jessie en se dirigeant vers le bar.

 

- Je ne manquerai ça pour rien au monde, c’est toujours inoubliable quand tu te lâches. D’un air entendu, Nicolaï la rejoignit au bar.

 

Tasha me lança un regard insistant, fît quelques pas en direction du bar, puis s’arrêta et se retourna vers moi. Elle sembla regarder par-dessus mon épaule et secoua la tête d’un air complice.

 

- Si tu ne fais rien ce soir, je te noie dans la piscine ! Ajouta-t-elle en partant dans un grand éclat de rire, puis elle s’éloigna sans me laisser le temps de répliquer.

 

D’ailleurs, je n’aurais pas su quoi répondre.

 

 

 

 

3

 

 

 

 

***************************************************************************

 

Laissez-moi faire une petite parenthèse sur Emmanuelle. Je voudrais préciser le fait, si vos n’aviez pas deviné tout seul, que tout le monde ou disons plutôt tous ses amis sont au courant de l’homosexualité de Manu et l’acceptent très bien. Ceux qui ne l’ont pas fait, et bien, ne la fréquentent plus malheureusement ; mais dans un sens, c’est mieux ainsi, c’est qu’ils n’étaient pas assez bien pour recevoir son amitié, s’ils ne peuvent pas accepter ça. Enfin bref, tout cela pour dire que je savais qu’elle était homosexuelle, mais moi j’en étais encore au stade de « je suis quoi exactement ? Hétéro ? Homo ? Bi ? ». Et donc, c’était peut-être aussi, même certainement une des grandes raisons pour lesquelles je restais encore indécise quant à Manu. Je ne voulais pas que ce soit une expérience juste comme ça, pour essayer comme j’aurais pu le faire avec la première jolie fille venue.

 

***************************************************************************

 

 

 

 

Tout à mes réflexions, je ne vis pas Emmanuelle s’approcher. Je me retournais dans un sursaut, en entendant mon prénom. Elle écarquilla les yeux, un instant et me détailla de haut en bas.

 

- Cassie… Tu es… Tu es magnifique ! Bredouilla-t-elle.

 

Je l’observai à mon tour et remarquai que nous étions assorties. Elle portait un pantalon noir plutôt moulant et une chemise rouge, entrouverte sur le haut de sa poitrine. Elle s’était fait une queue de cheval pour coiffer ses cheveux longs. Elle était plus séduisante que jamais et semblait tout droit sortie d’un magazine de mode.

 

Son compliment me fit rougir de nouveau et je baissai les yeux, ce qui m’évita de rester bouche bée à la dévisager. Je lui rendis le compliment et nous restâmes un moment l’une en face de l’autre, sans savoir que dire.

 

Le but de la soirée me revînt à l’esprit et j’avisai le paquet que je tenais dans la main. Je lui tendis le cadeau que j’avais acheté à son intention et lui souhaitai un bon anniversaire. Elle l’ouvrit et je pus lire sur son visage que mon cadeau lui plaisait. C’était une chevalière, avec ses initiales gravées dessus. Elle m’avait souvent dit qu’elle rêvait d’en posséder une, alors j’avais sauté sur l’occasion.

 

Elle leva la tête vers moi, elle était si émue qu’elle en avait les larmes aux yeux. Elle était sensible, mais cachait souvent ses sentiments et qu’elle se laisse aller devant moi était un vrai cadeau. Elle passa la chevalière à son doigt et me prit dans ses bras.

 

- Elle est splendide, je ne sais comment te remercier.

 

Le fait de me retrouver dans ses bras m’avait surprise et je ne sus pas quoi lui répondre, car j’essayais d’arrêter le frisson qui me parcourait. Je sentais les muscles de ses bras, de son corps et sa poitrine à travers sa chemise, qui m’entouraient et si cela me procurait une sensation plutôt agréable au début, c’était le genre de sensation qui cesse de l’être quand elle dure trop longtemps. Pas que je n’aimais pas me retrouver dans ses bras, mais le fait est que j’avais l’impression d’être parcourue par une colonie de fourmis. Je reculai donc et elle me lâcha avec une expression embarrassée, comme une petite fille prise en faute.

 

Je dois avouer que voir cette expression sur son visage, m’aurait certainement fait beaucoup rire dans toute autre situation que celle-là.

 

Par miracle, à moins qu’elle nous observait, (ce dont je ne doute que faiblement, car en plus d’être curieuse, elle avait décidé de veiller sur moi), Jessica intervint pour briser le silence gênant qui commençait à s’installer. Elle me fourra littéralement un verre dans les mains, que je bus d’un trait, et en faisant un petit signe de la main à Manu, elle m’entraîna vers le bar. J’en demandai un autre que je bus aussi vite.

 

- Ho, Ho ! On se calme ! C’est pas de l’eau que tu bois, là, c’est de la vodka ! Me lança-t-elle, en m’arrachant le verre des mains pour le poser sur le comptoir. On va aller danser plutôt. Vaut mieux que tu te défoules sur la piste, que de vider la bouteille.

 

- Si tu veux ! Répondis-je sans conviction.

 

- ça t’a fait autant d’effet que ça ? Me demanda-t-elle, soudain sérieuse.

 

- Je crois que oui.

 

- Ben, merde alors !

 

- Comme tu dis ! Je lui adressai un petit sourire. Bon, on va danser ?

 

Elle acquiesça d’un mouvement de tête et main dans la main, nous nous dirigeâmes sur la piste de danse. Elle avait envie de s’éclater et moi, j’avais besoin de penser à autre chose, nous passâmes donc la majeure partie de la soirée à danser et à faire quelques allers-retours au bar, pour se désaltérer.

 

Comme j’essayais de me sortir Emmanuelle de la tête, (franchement pas évident, je vous le concède), je ne lui portais pas grande attention et donc je ne remarquais pas qu’elle ne me quittait pas des yeux. Puis vint le moment fatidique, où le DJ avertit au micro qu’il allait passer de la musique pour danser en couple. Le premier morceau était un peu latino et c’était le genre où il fallait danser collé-serré. Jessie et moi comptions danser ensemble, mais deux charmants garçons nous invitèrent. Elle m’adressa un clin d’œil et nous acceptâmes l’invitation.

 

A la fin de la chanson, j’eus à peine le temps de remercier mon cavalier, qu’Emmanuelle surgit à côté de lui, l’air en colère et le bousculant presque. Sans me laisser le temps de comprendre ou de réagir, elle me prit les mains et me fit danser sur un morceau de rock. Après le rock, le DJ annonça une série de slows, qu’il accompagna de joyeux commentaires.

 

 

 

 

4

 

 

 

 

- Excuse-moi, je ne sais pas ce qui m’a pris tout à l’heure, me dit-elle. Si tu ne veux pas danser avec moi, dis-le moi et je te laisse tranquille. Elle n’avait plus l’air en colère, mais elle semblait tiraillée de l’intérieur, comme si cette idée la désespérait.

 

Je lui souris et me rapprochant d’elle, je posai mes mains sur ses épaules.

 

- C’est pas grave pour tout à l’heure, mais arrête de dire des bêtises. Si je ne voulais pas danser avec toi, on ne serait pas là.

 

Son visage s’éclaira et ses yeux brillèrent, puis elle passa ses bras autour de moi et après avoir hésité, posa ses mains sur mes hanches.

 

- Quand je t’ai vu danser avec ce type, collé contre toi, j’ai pété un câble, j’étais folle de rage. Je voulais pas qu’il te touche… et je voulais être à sa place, déclara-t-elle sans reprendre sa respiration. Elle attendait une réponse, un commentaire, comme si elle était suspendue à un fil. Elle me tira par les hanches pour me rapprocher un peu plus d’elle en guettant ma réaction.

 

- Jalouse ? Soufflais-je.

 

- Oui, murmura-t-elle en baissant les yeux.

 

Je me collais à elle et nouai mes bras derrière sa nuque. Un éclair de surprise passa dans ses yeux, remplacé rapidement par de l’envie. Comme au ralenti, j’approchai mon visage du sien et fermant les yeux pour mieux apprécier l’instant, je l’embrassai doucement. Ce fut un baiser tendre et sage, chacune un peu intimidée par l’autre. Nous nous regardâmes dans les yeux, laissant échapper un sourire de satisfaction.

 

- ça fait longtemps que j’avais envie de faire ça, lui avouais-je, sans pouvoir la quitter des yeux.

 

- Moi aussi.

 

Elle se pencha vers moi pour m’embrasser à nouveau et cette fois ce fut un peu plus long, chacune explorant l’autre et savourant la découverte. J’enfouis mes mains dans ses cheveux et je jouai un moment avec. Elle me serra plus fort dans ses bras et laissa ses mains courir le long de mon dos. Nous étions si bien ensemble. Tout ce qui nous entourait n’avait plus aucune importance, comme si rien d’autre n’existait.

 

Quand nous nous écartâmes l’une de l’autre, le souffle court, je me sentais tellement bien, que je ne remarquai pas immédiatement que nous étions le centre de l’attention. C’est à l’expression embarrassée de Manu que je m’aperçus des regards braqués sur nous. Je regardai autour de moi à la recherche de mes amis et les trouvai tous regroupés au comptoir, le sourire aux lèvres et un verre à la main, qu’ils levèrent dans notre direction comme pour porter un toast à notre union.

 

J’avais assez rougi pour la soirée, alors je répondis par un hochement de tête et entraînant Emmanuelle par la main, nous les rejoignîmes au bar. Une fois tous réunis, ils posèrent leur verre et se mirent à applaudir en nous adressant de joyeux commentaires, dont la moitié était incompréhensible à cause du bruit.

 

- Il était temps ! C’était pire que dans ces séries stupides qui n’en finissent pas, lança Isabelle en riant. Ça s’éternisait, on se demandait si vous alliez y arriver toute seules ! !

 

- Si vous voulez être un peu seules, c’est par-là ! Glissa Vincent, en désignant l’escalier qui montait à l’étage.

 

- Laisse-les profiter, après tout le temps qu’elles ont attendu, elles patienteront encore un peu avant de se jeter l’une sur l’autre, répliqua Nico en lui donnant une bourrade dans les côtes.

 

Emmanuelle rentrant dans le jeu, leur répondit avec une grimace :

 

- Justement après tout ce temps, je ne sais pas si je vais pouvoir me retenir encore longtemps !

 

Sa remarque fut accueillie par un éclat de rire général, qui se prolongea un moment chacun rajoutant son petit commentaire, pour faire durer la comédie.

 

Se glissant derrière moi, elle me prit dans ses bras et me chuchota à l’oreille :

 

- à moins que je ne sois obligée d’attendre le mariage !

 

J’appuyai mon dos contre sa poitrine, posant mes mains sur ses bras qui m’entouraient. Je secouai la tête en signe de dénégation et souris, savourant son contact. Elle resserra son étreinte et déposa plusieurs baisers dans mon cou, qui me firent frissonner. Ses lèvres sur ma peau me faisaient l’effet d’une brûlure, mais je ne voulais pas qu’elle s’arrête une seule seconde. Je me dégageai de ses bras à regret, et lui fit face. Je découvris de la déception au fond de ses yeux verts.

 

- Si on ne s’arrête pas maintenant, on ne pourra plus s’arrêter du tout, répondis-je pour m’excuser.

 

- ça ne me dérangerait pas, chuchota-t-elle avec un sourire malicieux, m’attirant de nouveau dans ses bras. Elle m’embrassa pour m’empêcher de répliquer et pour mieux me persuader.

 

Si elle avait compris que je ne pouvais pas lui résister et ne rien lui refuser, j’étais mal barrée pour la suite des événements. Nous étions enlacées et nos corps se moulaient si parfaitement que c’en était magique. Mon corps répondait au sien, sans me consulter, il ne m’appartenait plus. Je lui étais déjà toute offerte, Emmanuelle n’avait qu’à demander et prendre. Et merde !

 

 

 

 

5

 

 

 

 

J’essayais de réfléchir, mais les lèvres et les mains de Manu sur moi m’empêchaient de formuler toute pensée cohérente. Discrètement, tout en m’embrassant, elle m’emmenait vers la baie vitrée qui donnait sur le parc et bientôt, nous nous retrouvâmes à l’extérieur de la maison. S’écartant de moi, elle me sourit et avec un regard malicieux éclairé par la pâle lueur de la pleine lune, elle me prit la main et m’entraîna dans le parc.

 

Main dans la main, nous nous enfonçâmes dans le parc, savourant notre petite escapade sous le clair de lune, au calme et enfin seules. Le silence nous enveloppait, apaisant, mais aucune de nous deux ne chercha à le briser. Il n’y avait rien à dire pour l’instant, on était ensemble, on était bien, c’était suffisant, c’était tout !

 

Je ne pourrais pas dire exactement combien de temps nous sommes restées dehors, appréciant la présence silencieuse et réconfortante de l’autre. Seulement lorsque nous reprîmes la direction de la maison, la piste s’était un peu vidée et les gens se pressaient en petits groupes dans la salle. Il semblait aussi que quelques personnes s’étaient déjà éclipsées.

 

Passant discrètement, de l’autre côté de notre petit groupe d’amis pour ne pas attirer leur attention sur notre retour, nous allions nous engager dans le couloir pour rejoindre l’escalier, menant à l’étage, quand Natasha apparut soudainement devant nous. Elle nous adressa un doux sourire, attendrie par l’image que nous lui offrions, tendrement enlacées.

 

- Il ne fait pas trop froid dehors ? Demanda-t-elle, curieuse.

 

- Non, c’est plus que supportable, annonça Manu.

 

- Vous êtes parties longtemps, j’ai cru un moment que vous aviez décidé de dormir à la belle étoile !

 

- Je préférerais un bon lit douillet ! Déclara mon amie en souriant.

 

- Oh, Bien sûr ! Prenez ma chambre si vous voulez, proposa Tasha complice. On n’est pas près de se coucher avec Nico, ne t’inquiète pas, rajouta-t-elle en voyant que j’allais répliquer.

 

Je la remerciais dans un sourire timide, sentant le rouge me monter aux joues, une fois de plus. Natasha me sourit et après un petit signe de main, pour signifier que ce n’était rien, elle partit retrouver le petit groupe. Je sentis les bras puissants de Manu m’enserrer doucement, me sortant de ma rêverie et un baiser déposé dans mon cou, me décida à profiter de l’offre de Natasha.

 

 

 

 

6

 

 

 

 

Je pris la main d’Emmanuelle dans la mienne et je l’entraînais dans l’escalier, jusqu’à la chambre. Arrivées dans la pièce, j’eus un moment d’hésitation et je me tournais vers elle. Mon amie me lança un sourire tendre et je plongeai dans ses yeux, emplis d’amour et de désir. Je lui rendis son sourire, toute hésitation envolée, et je m’efforçai de lui transmettre tout mon amour et mon désir, égaux aux siens, dans un regard, suivi d’un baiser passionné. Elle m’enlaça délicatement et ferma la porte d’un coup de pied. Sans rompre notre baiser, j’entourai sa taille de mes jambes, lorsqu’elle me souleva apparemment sans effort, pour me porter sur le lit.

 

 

 

 

***************************************************************************

 

A partir de ce moment-là, mes souvenirs sont si flous et embrouillés et à la fois si clairs, qu’il me serait difficile de décrire exactement ce qui s’est passé et ce que j’ai ressenti. Mais de toute façon, il est peu probable que je dévoile ce moment de mon existence où ma vie est devenue un rêve, que ma mémoire se fasse fidèle ou confuse. Cela pourra vous paraître égoïste, mais ce moment-là et les autres, n’appartiennent qu’à nous deux et je préférerais qu’il en reste ainsi ! ! Grâce à elle, je plane désormais sur un petit nuage, dont il est très difficile de me déloger.

 

***************************************************************************

 

 

 

 

Le lendemain bien sûr, nous eûmes droit à quelques plaisanteries bon enfant, mais aucune réflexions de mauvais goût. Tout le monde semblait se réjouir pour nous, et j’en étais très touchée. Manu ne me lâcha pas une seconde, je ne l’aurais pas laissé faire de toute façon, et tant qu’il y avait du monde, elle voulait bien établir que je lui appartenais, et ça m’allait très bien.

 

 

 

Epilogue

 

 

 

 

Après cette nuit magique, où elle m’apprit à aimer, nous ne nous sommes plus quittées. Le moindre instant de séparation était un vrai supplice et engendrait des retrouvailles fiévreuses. Surtout que je m’appliquais dès que je le pouvais, à lui montrer quelle élève consciencieuse j’étais, pour son plus grand plaisir, (passez-moi le jeu de mot).

 

 

Nous nous sommes installées ensemble dans un petit appartement et poursuivons nos études tranquillement. Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir, mais une chose est sûre, à ses côtés, il ne peut être que merveilleux.

 

 

 

 

 

****************

 

Voilà, c’est ma première histoire écrite à la première personne et ça m’a fait bizarre de l’écrire comme ça, car ce n’était pas évident et c’était nouveau, mais c’était un petit défi que je m’étais lancé. Alors soyez indulgents s’il vous plaît et j’espère qu’elle vous a plu. J’apprécierais beaucoup vos commentaires, merci.

Sydaud87@aol.com

Rudeya

(Merci Kaktus)

 

 

*********

 

Comments (0)

You don't have permission to comment on this page.