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LA BRECHE3

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

LA BRECHE

 

de C Paradee

 

C. Paradee : norns@earthlink.net

 

 

Traduction : Nathalie (Themis@dsuper.net)

troisième partie : Cyahnne@yahoo.fr

 

Chap. 3A

 

***

Phinéas entra dans la chambre de Xéna.

 

La Conquérante l'avait convoqué, lui demandant également d'apporter les parchemins contenant les textes de loi et il se demanda quelle nouvelle loi elle s'apprêtait à éditer. Il avait observé un adoucissement général de son attitude envers le peuple de la cité depuis l'arrivée de Gabrielle, qui avait une très bonne influence sur la dirigeante. Et bien que Phinéas n'approuvât pas toutes les décisions de la Conquérante, il l'avait toujours bien aimée et respectée.

 

"Bonjour, Conquérante".

 

Xéna répondit de même puis dit : " Je veux que soit immédiatement révoquée la loi sur le couvre-feu. Et je veux également que tu prennes note d'une nouvelle loi : Chaque citoyen de Grèce accusé de crime se verra offert un procès équitable avant toute condamnation".

 

Voyant l'expression de surprise sur le visage de Phinéas, Xéna ajouta : " Pendant que nous étions dans les provinces éloignées, Darphus a non seulement prit sur lui de faire exécuter 50 citoyens, mais il l'a fait sans procès préalable et a été assez bon pour me le faire attribuer".

 

Le bâtard !" Laissa échapper Phinéas, avant de pouvoir arrêter les mots.

 

C'est ce qu'il est", acquiesça Xéna. "Garde tes yeux et tes oreilles ouverts. Je sais qu'il prépare quelque chose et nous devons rester sur nos gardes en permanence".

 

Pourquoi ne pas l'exécuter ?" Phinéas posa la question évidente.

 

Parce que je ne sais pas combien lui sont fidèle. Darphus n'est pas stupide. Il doit avoir de nombreux partisans pour faire quelque chose d'aussi flagrant. Il devait savoir que je pourrais fort bien découvrir quelque chose à ce sujet".

 

Il est très orgueilleux, Conquérante. Il avait peut-être l'intention de bouger avant que cela n'arrive".

 

Peut-être. Mais je n'ai pas non plus l'intention de m'asseoir et d'attendre gentiment que ça se passe. Utilise autant de serviteurs que tu le souhaites pour envoyer les nouvelles lois. Je veux que ce soit fait aujourd'hui".

 

Ce sera fait", lui assura Phinéas.

 

 

 

 

 

Gabrielle se leva de bonne heure le lendemain matin. Elle avait passé une nuit difficile. Elle avait demandé à Xéna de lui faire confiance et maintenant, elle devait lui prouver que cette confiance était méritée. Gabrielle savait que s'il y avait une personne qui devait être au courant de ce qui se tramait, c'était Iris. Mais parlerait-elle ? Même à elle ?

 

 

 

Salut, Iris" lui lança Gabrielle.

 

Salut à toi. Alors, quel bon ragot me rapportes-tu ? Qui était là ? Que portaient-ils ? Certains se sont-ils ridiculisés ? Avaient-ils leur habituel air d'égoïstes mal embouchés ?".

 

 

 

Gabrielle commença à rire. "Laisse-moi une chance de respirer. Une chose à la fois, OK ?".

 

Iris interrogea Gabrielle toute l'heure suivante sur tous les aspects de la fête auxquels elle put penser.

 

Et tu as vu cette femme ridicule qui portait sa coiffure sur le haut de la tête, fixée par ce bijou ridiculement gros ?".

 

Oh, tu veux parler de Lasthena. C'est vrai qu'elle a l'air pas banal".

 

Humph... pas banal ? Ca, pour le coup, c'est un euphémisme".

 

Ce n'est pas parce que quelqu'un est différent que cela veut dire qu'on devrait se moquer de lui".

 

Oh, je ne pensais pas à mal. C'est juste qu'ils nous regardent de haut et nous traitent comme si nous n'avions pas de sentiments".

 

Pas Xéna". Gabrielle réalisa son erreur à la seconde où les mots franchissaient sa bouche. Dieux, comment ai-je pu être aussi stupide ?

 

 

 

Iris releva l'erreur immédiatement : "Xéna ? Sais-tu ce qu'elle ferait si elle t'entendait l'appeler comme ça ?".

 

Ouais, je sais. Mais je ne peux pas te le dire. Changeant de sujet, Gabrielle demanda : "Iris, je voudrais que tu m'aides".

 

Bien sûr. Tout ce que tu veux. Tu le sais". La cuisinière sourit à son amie.

 

Y aurait-il eu quelqu'un qui aurait parlé de rébellion, ici, dans l'enceinte ?".

 

Iris détourna le regard. Pourquoi faut-il qu'elle me demande précisément ça ? Il y a des choses qu'il vaut mieux prétendre n'avoir jamais entendues.

 

Iris ?"

 

Certaines choses ne doivent pas être discutées. Pourquoi veux-tu le savoir ?"

 

Je veux aider Xéna"

 

Pourquoi ? Quelle différence cela fait-il que ce soit elle la dirigeante ou quelqu'un d'autre ? Ils sont tous pareils. Ils ne portent aucune attention au petit peuple".

 

Xéna t'a-t-elle jamais traitée injustement ?"

 

Ben... non"

 

Penses-tu que Darphus ferait un bon dirigeant ?"

 

 

 

Iris regarda Gabrielle. Que savait-elle vraiment ? Il était évident qu'elle n'ignorait pas que Darphus menait l'opposition.

 

 

 

Soupirant, sachant que ça vie ne vaudrait plus grand chose si Darphus était vainqueur, Iris commença à raconter à Gabrielle ce qu'elle avait entendu, ces derniers mois.

 

Quand elle eut fini, Gabrielle dit : "Tu dois venir avec moi voir Xéna. Elle a besoin de savoir tout ce que tu viens de me dire".

 

Non. Toi, tu lui diras".

 

S'il te plaît, Iris. Viens avec moi".

 

Si Darphus gagne, sais-tu ce qu'il nous fera ?"

 

 

 

Gabrielle frissonna aux images que ces mots évoquèrent. "Oui. Nous devons donc faire tout ce que nous pouvons pour que ça n'arrive pas".

 

Iris acquiesça et les deux femmes se rendirent à la chambre de la Conquérante, à qui Iris raconta tout ce qu'elle avait entendu. "La dernière chose que j'ai entendue est que Darphus va arranger un accident pour Cadmon lors de la mission d'entraînement de demain".

 

Merci, Iris. Tu peux partir, maintenant". Tournant son attention vers Gabrielle, elle dit : "Reste, s'il te plaît".

 

 

 

Iris partie, Xéna dit : "Tu es vraiment surprenante. Tu as recueilli plus d'informations en quelques heures que je n'aie été capable d'en découvrir en plusieurs jours. A toi seule, tu as probablement sauvé le royaume". Plaçant sa main sur le bras de Gabrielle, elle dit : "Merci".

 

Je t'en prie. C'était facile. Vraiment. Il suffit de savoir à qui parler". Profitant de la situation et souriant pour adoucir ses propos, Gabrielle ajouta : " Les serviteurs sont aussi des gens".

 

 

 

Xéna sourit amèrement. "Tu l'as prouvé aujourd'hui. Si mon commandement survit à cette menace, je ferai des changements pour améliorer la vie des citoyens".

 

 

 

Son esprit prenant les devants, planifiant une défense contre l'attaque prévue, Xéna continua : " Ce n'est pas sûr pour toi de rester ici. C'est trop dangereux. Je vais te faire escorter chez toi".

 

Non"

 

Non ? Gabrielle, tu dois. Si je ne réussis pas..."

 

 

 

Gabrielle franchit la distance qui les séparait. Levant les yeux vers Xéna, elle dit : " Je ne te quitte pas". Craignant d'être rejetée mais ne voulant pas se retenir plus longtemps, elle entoura la femme de ses bras et l'étreignit. Elle sentit le raidissement du corps de la guerrière contre le sien, mais au lieu de relâcher son étreinte, elle appuya sa tête contre la poitrine de Xéna, qu'elle sentit se détendre et placer ses bras autour d'elle, reposant son menton sur la tête du barde.

 

Xéna fut surprise par ce geste. Elle avait admis ses sentiments pour la jeune femme mais ne s'attendait pas à ce qu'ils soient réciproques et ne voulait pas influer sur ces sentiments. Ceci lui semblait si juste.

 

 

 

Les deux femmes se tinrent ainsi silencieusement, chacune appréciant le contact, et aucune ne voulant faire un geste qui y mettrait fin. Bien que ne voulant pas arrêter ce moment, tout en sachant qu'il le fallait, Xéna rompit l'étreinte. Regardant Gabrielle, son visage reflétant une tendresse dont beaucoup l'auraient crut incapable, Xéna dit : " Tu es si étonnante". Plaçant sa main sur le visage du barde, elle continua : "J'ai des préparatifs à faire. Je dois prévenir Cadmon et trouver un endroit sûr pour toi".

 

 

 

Tentant d'apaiser l'inquiétude de Xéna, Gabrielle dit : " Je resterai avec les servantes. Darphus les tient pour quantité négligeable".

 

 

 

Incapable de trouver une meilleure idée, Xéna acquiesça et descendit aux cuisines avec Gabrielle. Regardant Iris, Xéna dit : "Gabrielle et toi serez probablement les plus en danger quand les attaques commenceront. Vous resterez ensemble et hors de vue dès que les combats débuteront, ce qui devrait survenir d'ici deux jours".

 

 

 

Xéna avait envoyé Darphus vers un village éloigné afin que Cadmon soit libre de rencontrer ses guerriers secrètement. Seuls ceux dont Cadmon était absolument sûrs de la loyauté furent conviés.

 

 

 

 

 

Cadmon repensa à la conversation qu'il venait juste d'avoir avec Xéna. Il n'était pas surpris que Darphus aie essayé de monter les citoyens de la cité contre elle. S'il avait prévu un coup d'état, il voudrait aussi les citoyens de son côté.

 

 

 

"La Conquérante pense que Darphus projette une rébellion. Face à l'évidence, je suis d'accord avec elle. Il est prévu pour nous demain une mission d'entraînement. C'est probablement à ce moment que Darphus bougera contre nous. Je veux que vous soyez très vigilants. Quoiqu'il arrive à ce moment-là, vous devez être sûrs de pouvoir revenir protéger le palais. Pour ce faire, si vous devez faire allégeance à Darphus, faites-le. Vous aurez vos chances quand l'attaque commencera. L'important est de rester en vie jusqu'à la bataille afin de pouvoir être assez fort pour repousser ses forces".

 

 

 

 

 

Darphus profita de la mission que lui avait confiée Xéna pour rencontrer les soldats qui lui étaient fidèles. Rassemblant ses officiers supérieurs, il commença à les briefer :

 

"Demain, nous partons pour une mission d'entraînement". Regardant son aide de camps le plus sûr, il continua : " Korax, tu t'assureras que Cadmon ne rentrera pas. Fais en sorte que sa mort aie l'air accidentel. Je te laisse t'occuper des détails".

 

Korax sourit : "Ce sera un plaisir. Je déteste ce bâtard hypocrite".

 

"Vous autres, vous maintiendrez les soldats ennemis occupés pour que Korax aie le temps d'accomplir sa mission. Je resterai dans l'enceinte du palais pour écarter de moi les soupçons".

 

 

 

Darphus dévoila ses plans pour la prise de contrôle du palais et de l'enceinte. Pas à pas, il les passa en revue avec ses officiers. En terminant, il dit : "Nous attaquerons dans deux jours".

 

 

 

***

 

Le grondement sourd de sabots heurtant le sol dans la pénombre précédant l'aube résonna dans l'enceinte. Xéna se tint à la fenêtre, regardant le départ des soldats. Elle passa sa main dans ses cheveux ébouriffés par la brise et elle vit Darphus regagner ses quartiers. Ainsi, il a décidé de ne pas y aller. Intelligent de sa part si son plan échoue. Dommage pour lui : il n'en tirera rien de bon.

 

 

 

***

 

 

 

Xéna ouvrit la porte de la chambre. Voyant Archéron, elle lui dit : "Dis à Phinéas que je veux le voir dans une heure". Ayant refermé la porte, Xéna se dirigea vers un coffre, dont l'abattant était ornementé d'un chakram sculpté dans le bois. Pressant le côté droit du chakram, elle attendit que l'abattant s'ouvre. Sortant plusieurs rouleaux de parchemin, Xéna commença à y étudier la disposition du palais. Il était temps de se préparer contre l'attaque prévue. Xéna releva mentalement les sites qui fourniraient la meilleure défense et annota chacun d'un X. D'un point de vue stratégique, tout attaquant devrait triompher des gardes à au moins un de ces sites avant de pouvoir pénétrer.

 

 

 

Quand Phinéas arriva, Xéna lui donna une copie du plan de défense qu'elle avait dessiné. "Les grands X indiquent les sites d'entrée probables et les petits x montrent les sites secondaires. La Garde Royale sera la première ligne de défense. Je veux que tu rassembles tous les serviteurs qui auront eu un quelconque entraînement aux armes. Si tu as le moindre doute quant à leur loyauté, ne les inclus pas. Les serviteurs ne seront utilisés que si les gardes se font déborder. Place-les en conséquence".

 

 

 

La Conquérante était inquiète : même si elle avait prévenu Cadmon qu'on attenterait à sa vie, Darphus était très intelligent. Il serait impossible pour lui de prévoir tous les scénarios. Si Cadmon ne rentrait pas, ses lieutenants sauraient-ils maintenir la cohésion de l'armée sans lui ? Bien sûr, elle serait là, mais elle aurait affaire à Darphus avant de pouvoir effectivement les commander et elle était sûre qu'il devait avoir un plan de secours.

 

 

 

Ses pensées se tournèrent alors vers Gabrielle, ses pas la menant à plusieurs reprises vers les cuisines, afin d'insister pour que le barde quitte l'enceinte. A chaque fois, elle s'arrêtait net, sachant que la jeune femme le ressentirait comme une mise à l'écart. Et si quelque chose lui arrivait ? Elle ne pourrait jamais se le pardonner ! Xéna continua à ressasser diverses idées pour protéger la personne qui était devenue pour elle plus importante que tout, y compris le royaume...

 

 

 

 

 

 

 

Gabrielle errait dans les cuisines, inquiète à propos de l'attaque prochaine. Et si quelque chose arrivait à Xéna ? Elle avait attendu toute sa vie la "bonne" personne. Son père avait arrangé ses fiançailles avec Perdicas, mais elle n'avait jamais ressenti pour lui ce qu'elle ressentait pour Xéna.

 

 

 

Laissant ses pensées retourner à la nuit précédente, elle se rappela la façon dont son corps avait réagi, pressé contre celui de Xéna. La douceur de la poitrine contre laquelle elle avait appuyé sa tête, la force des bras de Xéna, la tenant si doucement contre elle. La sensation d'être en sécurité et protégée.

 

 

 

"Gabrielle ! "

 

Regardant Iris d'un air interrogateur, Gabrielle se demanda pourquoi elle avait haussé le ton.

 

Qu'est-ce qui ne va pas ?"

 

Rien de mon côté. Mais c'est la troisième fois que je t'appelle par ton nom pour attirer ton attention. A quoi es-tu en train de penser ?"

 

 

 

Gabrielle sentit ses joues rosir. "Euh... à rien".

 

Ca ressemble à un "rien" très intéressant", répliqua Iris.

 

 

 

 

 

Gabrielle fut sauvée d'un interrogatoire plus poussé par Phinéas entrant dans les cuisines. Après avoir salué les deux femmes, il se dirigea résolument vers l'une des larges casseroles, dont il souleva le couvercle. "Qu'est-ce que tu prépares ?" demanda-t-il à Iris.

 

Tu ne changeras jamais. Nous serons peut-être tous morts demain et tout ce dont tu t'inquiètes, c'est de savoir ce qu'il y a pour le repas de midi !", le réprimanda-t-elle.

 

Ben... il n'y a pas de raison de mourir affamé" Plaisanta Phinéas.

 

 

 

Gabrielle les regarda l'un et l'autre. Ils badinaient toujours ainsi et semblaient beaucoup s'apprécier. Sentant qu'il y avait plus dans leur amitié que ce qui était visible, elle s'excusa, pour leur laisser un peu d'intimité.

 

 

 

Elle commença à marcher dans les longs couloirs menant à sa chambre. A mi-chemin, elle changea de direction et se dirigea vers celle de Xéna. Elle marchait distraitement, plongée dans ses pensées, aussi fut-elle effrayée, quand, tournant au coin du couloir, elle heurta quelqu'un. Embarrassée, elle s'excusa : "Désolée", tout en levant la tête pour voir qui elle avait heurté.

 

 

 

 

 

Xéna retint un juron quand elle vit Gabrielle. Elle se dirigeait vers la cuisine, après avoir passé une matinée agitée dans sa chambre. Elle ne pouvait rien préparer de plus et ses pensées s'étaient tournées vers la jeune femme.

 

Souriant, elle dit : "Je suppose que je devrais regarder où je vais...".

 

Non, c'était de ma faute..." Répondit rapidement Gabrielle, qui sourit en voyant l'expression moqueuse sur le visage de Xéna. "Je venais simplement te voir".

 

Il semblerait que nous ayons eu toutes les deux la même idée. Viens. Retournons à ma chambre. Nous pourrons parler, là".

 

 

 

Xéna suggéra qu'elles s'assoient sur le banc matelassé. Gabrielle s'assit à une extrémité et Xéna à l'autre. Gabrielle rompit le silence embarrassé. "Je voulais juste savoir si je pouvais faire quelque chose pour aider. Tu sais, pour les préparatifs...". Elle laissa mourir sa phrase.

 

Tout ce qui pouvait être fait l'a été. Je voudrais vraiment que tu quittes l'enceinte jusqu'à ce que tout soit terminé". Se tournant, elle fit face à Gabrielle et continua : "Je ne veux pas qu'il t'arrive quoique ce soit. Ce n'est pas sûr, ici".

 

Tu pars ?"

 

Bien sûr que non. Je ne peux pas partir. Qu'est-ce que ça a à voir ?"

 

Je préfère tenter ma chance ici avec toi que partir et ne pas savoir si je te reverrais jamais. Au moins, ici, je peux aider".

 

 

 

Xéna ouvrit la bouche pour exprimer son désaccord et la ferma à nouveau. Les doutes qui l'avaient tourmentée au sujet des sentiments de Gabrielle commencèrent à disparaître. Elle se soucie vraiment de ce qui pourrait m'arriver. Elle savoura la pensée avec émerveillement.

 

 

 

"Tu veux rester ici... avec moi ?"

 

 

 

Gabrielle tendit la main, qu'elle posa sur le genou de Xéna. La regardant, ses yeux transmettant la profondeur de son émotion, elle dit simplement "Oui je le veux".

 

L'aveu laissa Xéna sans voix. Même après la nuit précédente, elle avait continué à être assaillie de doutes. Elle plaça sa main sur celle de Gabrielle et la pressa légèrement. Elles n'avaient pas besoin de mots et Gabrielle comprit le message silencieux.

 

 

 

Les deux femmes passèrent ensemble le reste de l'après-midi, parlant de tout et de rien, avides de mieux se connaître.

 

 

 

***

 

Darphus rencontra Archéron, qui était le maillon central de son plan de secours. Archéron espionnait pour lui depuis les deux dernières saisons, depuis que Darphus l'avait surprit à dormir pendant sa garde devant la chambre de Xéna. En échange de sa vie, il rapportait à Darphus tout ce qu'il voyait et entendait dans la place.

 

 

 

"As-tu des questions ?" Lui demanda Darphus.

 

 

 

Archéron regarda le guerrier qu'il craignait et détestait. "Non. Ca ne devrait pas être un problème", dit-il nerveusement.

 

Ca vaudrait mieux pour toi ou tu es un homme mort. Tu as bien compris ?", Darphus grogna-t-il.

 

Oui", répondit l'homme effrayé.

 

 

 

Darphus se détourna avec dégoût et se mit en quête de son second espion, un des serviteurs de la maison. Le trouvant, il lui dit : "Tu l'as trouvé ?".

 

"Oui. C'était là où vous avez dit qu'il serait. Je suis sûr que personne ne connaît son existence".

 

- c'est ce qui compte, dit Darphus sarcastiquement. L'as-tu montré à Archéron ?

 

- Pas encore.

 

- Qu'est-ce que tu attends ? Montre-le-lui maintenant". Quel crétin ! Pas étonnant qu'il ne soit que serviteur ! Il n'a pas assez de bon sens pour faire quoique ce soit d'autre !

 

 

 

Darphus regarda le serviteur partir précipitamment en quête d'Archéron et il regagna ses quartiers. Les armes qu'il avait cachées hors du palais seraient déplacées cette nuit dans l'enceinte. Avec Cadmon hors de son chemin, ce serait une tâche aisée. Il ne pensait pas en avoir besoin, mais au cas où les citoyens voudraient se joindre à lui, il voulait être prêt.

 

Darphus savait que l'effet de surprise serait la clé de l'opération. Il devait prendre Xéna par surprise. Il l'avait vue au temps où elle était chef de guerre parvenir à triompher de situations insurmontables et s'en sortir pratiquement indemne. Mais elle avait bien changé : elle était devenue molle depuis sa conquête de la Grèce.

 

Il était à un jour de la victoire.

 

Couché sur sa paillasse, les pensées de Darphus revinrent à la dernière fois qu'il avait défié Xéna. Même si ça avait eu lieu des années auparavant, il le revivait quotidiennement.

 

 

 

Il s'était constitué une petite armée et était craint dans toute la province. Darphus s'était établi une réputation de sauvagerie, tuant tous ceux qui se tenaient sur son chemin. Il était temps d'étendre son territoire. Darphus savait qu'une femme chef de guerre nommée Xéna contrôlait la province de l'Ouest. Il trouvait cela comique que personne à ce jour n'ait été capable de la défaire. Pitoyables chefs de guerre, si vous l'en croyiez ! Il les couvrirait de honte et accroîtrait son armée quand il la vaincrait.

 

C'était une journée chaude et poussiéreuse. Darphus lampa une longue goulée de son outre. Ses espions lui avaient rapporté que l'armée de Xéna campait de l'autre côté des contreforts, à environ une heure de route. Regroupant son armée, il commença d'approcher la force ennemie.

 

Parvenu au sommet de la colline, il avait levé son épée vers le ciel, commandant en silence le début de la charge. Son cheval partit d'un petit galop après qu'il lui eut brutalement éperonné les flans. Ayant traversé au grand galop le camp, il stoppa son cheval : c'était désert. Il n'y avait personne.

 

Trop tard, il avait ordonné la retraite : avant qu'ils aient pu exécuter l'ordre, l'armée de Xéna les avait complètement encerclés. Se battant avec une fureur désespérée pour tenter de sauver son armée, Darphus organisa une retraite précipitée.

 

Cette nuit là, il avait trouvé la solution parfaite : il la défierait en duel, le gagnant assumant le commandement des deux armées. Il envoya donc un messager faire part du défi, qui fut accepté. Le duel se tiendrait à l'aube, le lendemain. Darphus, souriant, dormit bien : il était très habile au maniement de l'épée.

 

 

 

Les guerriers se rassemblèrent autour des deux combattants. Il avait vu les petits sourires sur les visages des guerriers de Xéna, mais leur signification ne parvint pas à son esprit trop sûr de lui.

 

Il l'avait totalement sous-estimée. En quelques secondes, elle l'avait désarmé, marqué au visage et ne l'avait épargné que parce qu'il l'avait suppliée, devant tous les soldats qui regardaient.

 

 

 

Il s'était silencieusement juré vengeance, ce jour là et il avait passé des années à gagner sa confiance et à devenir le meilleur combattant sous son commandement.

 

Et bien qu'il la provoquât chaque fois qu'il en avait l'occasion, il ne lui avait toujours montré que la plus parfaite loyauté, même s'il avait eu du mal dernièrement à maintenir cette façade. De toute façon, ça n'aurait bientôt plus d'importance. Et elle souffrirait, avant de mourir. Il la ridiculiserait sous les yeux de son armée, comme elle l'avait fait pour lui.

 

Darphus songea aux différentes façons dont il torturerait Xéna et s'endormit, un sourire aux lèvres.

 

 

 

**

 

 

 

La poussière tourbillonnait en nuages impénétrables. Les soldats s'étaient entraînés dur et la fausse bataille était enfin terminée. Cadmon regarda autour de lui. Discrètement, il s'était tenu à l'écart, au cours de l'exercice, des officiers qu'il suspectait être loyaux à Darphus.

 

Cadmon donna le signal du départ et l'armée se dirigea vers l'enceinte, le terrain montagneux obligeant les soldats à chevaucher en file indienne. L'un des guerriers chevaucha vers l'arrière garde et appela Cadmon : "Tu devrais vraiment venir voir".

 

De quoi s'agit-il ?

 

Des paysans ont été tués, avec une vague tentative de camoufler leurs corps !"

 

Cadmon soupira. Voilà bien quelque chose dont il n'avait vraiment pas besoin en ce moment, mais mieux valait s'en occuper maintenant pour pouvoir rentrer plus vite au palais. "Montre-moi".

 

Le soldat conduisit Cadmon vers un passage étroit, hors de la route sur laquelle ils voyageaient. Démontant, il fit signe à Cadmon de le suivre jusqu'à un taillis de buissons. Quelques pas plus loin étaient étendus les corps de trois paysans, que Cadmon examina. Tout semblait indiquer une exécution : il y avait peu de sang, chacun avait été poignardé dans le dos, la dague ayant probablement percé le cœur, les tuant instantanément. Mais il n'y avait aucune indication quant à la raison de ces meurtres.

 

Se tournant vers le soldat, Cadmon dit : "Rejoint le détachement et dis à Eustis de m'envoyer un petit groupe de 10 hommes pour les enterrer. Je vais rester encore un peu par ici pour jeter un coup d'œil sur les environs".

 

Après le départ du soldat, Cadmon commença à chercher autour de lui des indices pouvant lui révéler la cause, le mobile et le responsable des meurtres. Se penchant, il observa dans la poussière ce qui pouvait être des traces laissant entendre que les corps auraient été traînés. Il fut alarmé quand il entendit des bruits de mouvement derrière lui. Se tournant, il vit Korax. Furieux, il lui dit : Tu sais parfaitement qu'il ne faut pas approcher comme ça sans prévenir. As-tu amené des hommes pour enfouir ces corps ?

 

Non. Il n'y aura pas d'enfouissement.

 

Qu'est-ce que tu dis ? J'ai fait passer le message par l'un des hommes. C'est moi qui commande, aujourd'hui, Korax, que ça te plaise ou non. Alors tu vas retourner là-bas sur ton cheval et ramener un groupe de fossoyeurs, puisque tu sembles avoir intercepté le message".

 

Non, Cadmon", dit Korax en sortant son épée et se dirigeant vers le lieutenant stupéfait.

 

Cadmon fit prestement un écart et dégaina son épée, mais avant qu'il ait pu la sortir, Korax lui avait déjà frappé le bras. Ignorant la douleur, Cadmon affirma sa prise sur la poignée de son épée et para le coup suivant.

 

Korax sourit. Il n'avait pas de raison de se hâter : au rythme où Cadmon perdait son sang, le combat serait bientôt terminé.

 

 

 

***

 

Darphus et Xéna regardèrent, chacun de son point d'observation, l'armée rentrer dans l'enceinte. Xéna convoqua Phinéas et l'envoya s'assurer du retour de Cadmon.

 

Darphus marcha parmi les soldats, cherchant Cadmon ou Korax. Ne voyant ni l'un ni l'autre, il sourit intérieurement et demanda à l'un des lieutenants où se trouvait l'officier.

 

"Cadmon est resté en arrière pour enquêter sur la mort de quelques paysans, il y a environ une heure", répondit l'homme.

 

Darphus songea : voilà qui est original : Korax s'est de nouveau surpassé. Il va falloir le récompenser correctement. Bien, tout semble se dérouler comme prévu.

 

Les 5 soldats qui allaient l'assister avec les armes cachées avaient déjà été prévenus. Ils partiraient quand la lune serait haute dans le ciel et que les gardes de l'enceinte seraient moins vigilants.

 

 

 

***

 

Il n'est pas rentré, Conquérante. Eustis dit qu'il enquêtait sur la mort de quelques paysans dont l'un des soldats a trouvé les corps. Il a dit que Cadmon serait certainement de retour bientôt".

 

Oui. Je présume...", songea Xéna à voix haute. Elle ne pouvait vraiment rien faire d'autre qu'attendre. Elle fit les cents pas dans la chambre. Elle attendrait jusqu'à l'aube. Si Cadmon n'était pas de retour à ce moment là, elle présumerait le pire et mettrait Eustis en charge du commandement. Il avait montré qu'il savait prendre de bonnes initiatives, dans son poste actuel de Capitaine de la Garde et il était loyal.

 

Regardant Phinéas, elle ajouta : "Va te reposer. Demain sera une très longue journée".

 

Phinéas regarda la femme inquiète et, voulant la rassurer, dit : "Je ne pense pas qu'il ait assez de partisans pour réussir".

 

J'espère que tu as raison".

 

 

 

 

 

Gabrielle s'assit sur la paillasse de sa chambre. Ne voulant pas gêner, elle avait quitté la chambre de Xéna au retour de l'armée. Elle songea à l'après-midi tranquille qu'elles avaient passées, se parlant simplement l'une à l'autre. Elle s'était sentie à l'aise. Elles avaient partagé de nombreux souvenirs d'enfance et dans un certain sens, c'était comme si elles se retrouvaient après une longue absence. C'était un sentiment intéressant, car elles ne s'étaient jamais rencontrées avant ce jour fatidique, dans le jardin aux simples (= herbes médicinales. NDT). Cependant, quelque chose chez Xéna la touchait jusqu'au plus profond de son âme et Gabrielle réalisa que la pensée de la vie sans Xéna était insupportable. Elle s'allongea et sombra dans un sommeil agité. Elle était tourmentée par des rêves où Xéna était blessée ou pire, tuée pendant la bataille à venir.

 

 

 

***

 

 

 

Le soldat s'accroupit près du mur de pierre, attendant qu'un nuage vienne obscurcir la lune avant de pénétrer dans l'enceinte. Il savait où était posté chaque garde et il était important de ne pas se faire repérer.

 

Lentement, en s'assurant que son armure ne racle pas la surface de la pierre, il se hissa sur le mur. Parvenu de l'autre côté, il s'accroupit, recherchant les zones d'ombre plus profondes qui le dissimuleraient dans son approche du palais.

 

 

 

 

 

Xéna marchait nerveusement le long des corridors. La familière excitation de l'appel du sang courait dans ses veines à l'évocation de la trahison de Darphus. Elle ne dormirait pas avant le début de l'attaque imminente.

 

Entendant un léger bruit près de l'une des fenêtres, elle bondit, atterrissant sur ses pieds, sur le côté de la fenêtre et hors de vue. Se plaquant contre le mur, elle dégaina la dague cachée qu'elle préférait pour les corps à corps.

 

Ses réflexes aiguisés lui permirent de saisir l'intrus aux épaules quand il apparut à la fenêtre et elle le tira à l'intérieur avant qu'il ait pu proférer un son. L'attrapant par les cheveux, elle lui poussa la tête en arrière, exposant la gorge contre laquelle elle plaça sa lame.

 

"Conquérante ! Attends !"

 

Xéna reconnu immédiatement et la voix, et l'odeur du sang. "Cadmon ?"

 

oui. Je suis désolé, mais je ne voulais pas que Darphus sache que je suis toujours en vie.

 

Xéna retira sa dague. "Tu es blessé", constata-t-elle.

 

Cadmon serra les dents, la souffrance irradiant dans son bras blessé. Il aurait le temps de s'en inquiéter plus tard. Pour l'instant, il devait faire part à Xéna de ce qu'il avait appris de Korax. "Ce n'est rien".

 

Elle se releva et l'aida à se mettre debout. Le sentant chanceler, elle le saisit fermement en lui disant : " Mets ton bras autour de mes épaules. Nous pourrons parler dans ma chambre". Elle devait examiner la blessure : l'odeur du sang était trop forte pour que ce ne soit pas grave.

 

Croisant l'un des gardes, elle lui dit : "Envoie un serviteur chercher du drap dans la salle d'eau et me le rapporter". Elle ne voulait pas attirer l'attention de Darphus en utilisant les ressources de l'infirmerie.

 

Dans sa chambre, elle installa Cadmon sur une banquette et, après avoir allumé plusieurs bougies, elle vint l'examiner. Il était pâle et son bras droit était drapé dans un tissu multicolore, rendu plus coloré encore par le sang rouge foncé qui l'avait imbibé. Elle regarda d'abord le bandage, puis Cadmon, levant un sourcil interrogateur.

 

Parvenant à sourire faiblement, il dit : "C'est la chemise d'un paysan mort. Il n'en a plus besoin".

 

Que s'est-il passé ?". Xéna déroula le tissu couvrant le bras de Cadmon tout en l'écoutant raconter ce qui s'était passé.

 

Korax a tué des paysans pour m'attirer à l'écart de l'armée. La seule raison pour laquelle je suis blessé est qu'il m'a prit par surprise. Il était tellement sûr de gagner qu'il m'a révélé ses plans. Darphus attaquera demain, pendant le repas de midi. Ses partisans entreront simplement dans le réfectoire pleinement armés dès que les soldats auront reçu leur ration. Ca sera terminé avant d'avoir commencé". Cadmon fit une pause, essayant de faire en sorte que la pièce cesse de tournoyer.

 

Doucement. Tu as perdu beaucoup de sang"

 

Darphus veut te tuer d'abord..." ajouta-t-il avant de perdre connaissance.

 

Le serviteur arriva avec le drap et Xéna l'envoya chercher Gabrielle et Phinéas. Elle comprima la blessure pour arrêter le saignement qui avait reprit.

 

Quand elle arriva, Gabrielle n'eut besoin d'aucune instruction à la vue du soldat inconscient : elle ouvrit son sac à herbes et sortit le nécessaire pour suturer la plaie, pendant que le serviteur était envoyé chercher de l'eau.

 

Regardant Xéna, elle dit : "C'est une mauvaise blessure, qui va nécessiter de nombreux points de suture. J'espère qu'il n'a pas perdu trop de sang".

 

moi aussi". Xéna fit une pause puis reprit : "Fais ce que tu peux pour lui puis va retrouver Iris. Je vous veux toutes les deux hors de vue. Iris saura où se cacher".

 

Où vas-tu ?

 

Rendre une petite visite à Darphus. Je la lui dois depuis trop longtemps ".

 

 

 

Phinéas qui était allé s'assurer des gardes revint pour entendre les derniers mots de Xéna, qui dit, en voyant son air étonné : "J'ai décidé de passer à l'offensive. Réveille Eustis et dis-lui de préparer les soldats pour le combat. Ils attendront mon signal pour attaquer".

 

Personne n'avait remarqué le serviteur écoutant à la porte.

 

Après le départ de Phinéas, Xéna regarda Gabrielle et demanda : "Encore combien de temps ?"

 

environ une demi-heure.

 

Bien. Je vais attendre jusque là". Xéna savait que le meilleur moyen de protéger Gabrielle était de tuer Darphus et de garder ses partisans en dehors du combat. "Sois sûre de rester hors de vue".

 

Xéna ?

 

Oui ?

 

Sois prudente. D'accord ?".

 

Xéna s'approcha de Gabrielle et s'agenouilla près d'elle, regardant son travail sur la blessure de Cadmon. Cette femme avait apporté de tels changements dans sa vie, depuis qu'elle l'avait rencontrée. Et si quelque chose d'imprévu arrivait ? et si c'était la dernière fois qu'elles se voyaient ? D'une façon ou d'une autre, elle devait montrer à Gabrielle à quel point elle était importante. Souriant intérieurement, elle reconnut que son esprit avait cessé de protester, ayant certainement comprit que la lutte contre son cœur serait vaine.

 

Plaçant sa main sur la cuisse de Gabrielle et tirant du réconfort de ce contact, elle dit : "Je serai prudente, Gabrielle. Faire moins serait te mettre en danger et ça, je ne le veux pas".

 

Gabrielle leva les yeux de sa tâche et rencontra les yeux bleu profond qui la regardaient. En souriant, son esprit tournoyant devant l'implication de cette déclaration, elle ne put dire que "merci" avant de retourner à sa tâche. Mais la profondeur de l'émotion exprimée dans ce simple mot n'échappa pas à Xéna, qui dit en se relevant : "Il faut que j'y aille. Je te verrai quand ce sera terminé". Xéna ne savait pas qui elle rassurait, Gabrielle ou elle, mais elle avait l'intention de tenir parole.

 

Gabrielle releva la tête et dit : "J'y compte bien".

***

 

 

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