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LA-FACE-AVEUGLE-DE-L-AMOUR32

Page history last edited by Fausta88 15 years, 3 months ago

 

TRADUCTIONS

 

LA FACE AVEUGLE DE L'AMOUR

 

 

 

 

par Dreams

 

 

Traduction : Emilie (happymeal@hotmail.fr)

 

 

Table des matières

 

 

 

63

 

Mercredi, 1:02.

 

La vie paraissait tellement plus sérieuse drapée de silence.

 

Elle regarda les nombres brillants sur le réveil, semblant plus lumineux dans la pénombre de la pièce. Elle voulait fermer les yeux et s’abandonner. Elle voulait ignorer comme le temps passait lentement quand on y faisait attention.

 

Mais son esprit restait insensible à ses souhaits. C’était un miroir reflétant ses sentiments, mais ne les contrôlant pas. C’était un miroir qui reflétait ses sentiments mais qui ne pouvait pas les contrôler. Et ses pensées projetaient des lumières sur l’écran d’argent de la conscience non désirée; la forçant à réfléchir, la forçant à avoir des sentiments… requérant des sentiments.

 

Julianne regarda les peintures sur le mur, maintenant sombre et grotesque en présence des ombres: c’était étrange comme la beauté pouvait être si facilement déformée en l’absence de lumière. Elle commençait à en avoir assez de la pénombre… de la souffrance.

 

Elle s’était trompée lorsqu’elle avait pensé pouvoir contrôler ses émotions. Elle ne se souvenait plus de l’instant où elle s’était sentie tomber et avait abandonné la lutte. Mais elle blâmait le silence: les pauses, les comas, les espaces entre les mots. Tous ces moments trop immatériels pour les nommer l’avaient quelque part convaincue qu’elle pourrait supporter la nuit.

 

Et maintenant elle réalisait pourquoi elle avait choisi la solitude. Jusqu’à maintenant, elle n’avait pas eu conscience de ce que cela représentait.

 

 

Mercredi, 1:46

 

Contres:

-    Déshéritée par la famille

-    Pas de mariage légal (Vermont?)

-    Pas d’enfants (adoption, insémination artificielle?)

-    Péché?

-    Se cacher

-    Honte

-    Peur

 

Pours:

 

Kris regarda l’écran d’ordinateur et soupira. Y avait-il des pours à être gay? Elle n’en trouvait aucun. « Mon dieu c’est déprimant, » marmonna-t-elle en fermant le document Word. La société n’aidait vraiment pas les choses. Comment Mark et William arrivaient-ils à se lever le matin? Ou Julianne, pour ce que ça changeait.

 

Julianne…

 

Elle jeta un regard au téléphone près de son lit. L’actrice dormait-elle? Probablement. Il était presque deux heures du matin. Mais après tout, elle n’était pas complètement sûre que Julianne dorme. Pourtant, si elle appelait, il y avait la possibilité qu’elle prononce des choses qu’elle ne souhaitait pas révéler.

 

Mais encore, si elle n’appelait pas, elle passerait le reste de la nuit à se demander si Julianne était encore éveillée. Et à un certain moment, les fantaisies commenceraient à s’implanter dans son inconscient, la faisant se poser des questions stupides comme: Julianne pense-t-elle à moi? Ou pire encore: Rêve-t-elle de moi? Et la bêtise de ses errances escaladerait jusqu’à ce que le bon sens, la logique et la raison disparaissent dans l’oubli, laissant Kris frustrée, énervée et la plupart du temps, le souffle coupé et excitée.

 

Elle décrocha le téléphone et composa le numéro.

 

« Franqui. »

 

Kris sourit au combiné. « Je te réveille? »

 

« Pas vraiment. Je regardais la télé. Un problème? »

 

« Seulement si l’ennui peut être qualifié de problème, » répondit Kris. Elle se demanda si ses appels après minuit dérangeaient Julianne. Elle se demanda également s’il y avait un moyen d’enregistrer la voix de Julianne. On en devenait vite dépendant. « Il y a quelque chose d’intéressant à la télé? »

 

« Des pubs, » répondit Julianne. « Voyons voir… d’autres pubs… le journal… la météo… un truc avec des aliens bizarres… une femme nue qui fait du cheval… »

 

Kris rit. « Perverse. »

 

« Hé, je n’ai pas fait le film, » répondit l’actrice.

 

« Tu serais capable de faire du porno? » demanda Kris.

 

« Bien sûr. Juste après La Fin de l’Eté, j’ai un rôle pour mes seins. »

 

« Je trouve que tes seins sont bien faits, » avoua Kris.

 

« C’est gentil d’avoir remarqué. Je ne savais pas que tu regardais. »

 

Kris rougissait maintenant, elle le savait. « Comment s’est passé le tournage, tout à l’heure? La scène qu’on a répétée. » Kris remarqua que le son en arrière plan s’était évanoui, et elle se demanda si Julianne avait éteint la télévision. Ou si elle avait juste coupé le son.

 

« Eh bien, » commença l’actrice, « ça avait bien commencé. Mais une fois que Samantha et moi avons commencé à nous embrasser, les nerfs de Naomi ont lâché. Elle s’est mise à crier sur Samantha, en lui disant qu’elle seule était autorisée à m’embrasser. Et puis Samantha l’a frappé. Elles ont commencé à s’entretuer et à arracher les vêtements l’une de l’autre… »

 

Kris leva les yeux au ciel mais sourit. « C’est le genre de fantaisie qui te trotte dans la tête pendant la nuit? »

 

« Non, parfois elles portent des t-shirts blancs et une foule leur jette de l’eau dessus. »

 

Kris se mit à rire. « Qui êtes-vous? Le côté obscur de Julianne? »

 

« Il est tard. »

 

« Hin hin. »

 

« C’est vrai! »

 

« Alors qu’est-ce qu’il s’est vraiment passé? »

 

« J’ai débité mes lignes avec une précision assourdissante, » répondit Julianne. « Et puis j’ai embrassé Samantha comme elle ne l’avait encore jamais été. »

 

Kris décida qu’elle n’aimait plus Samantha. En fait, elle ne connaissait pas Samantha, et cela lui simplifia la tâche de ne pas l’aimer. « Tu as l’air de t’être bien débrouillée. »

 

« Et qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui? »

 

Eh bien j’ai décortiqué mon homosexualité en plein épanouissement pendant des heures. Et puis j’ai décidé de t’appeler pour m’embrouiller un peu plus. « Leigh et moi avons fait une soirée pizza et film. Le must pour tisser des liens. »

 

« Tu t’es amusée? »

 

« Ouais, c’était sympa de passer du temps avec elle, » répondit Kris. « Même si on n’a pas beaucoup parlé. Jeremy a appelé trois fois. »

 

« Comment ça va entre eux? »

 

« En tant que couple? Bien je crois. Leigh a l’air heureuse, et ça me suffit. »

 

« Bien. »

 

« À quelle heure partira-t-on Vendredi? »

 

« Je passerai te chercher à 7:30. »

 

« Aussi tôt? »

 

« Ça va être une longue journée. »

 

Kris était impatiente.

 

« Euh Kris? »

 

« Ouais? »

 

« Les choses seront assez différentes en Californie. On sera sûrement suivies par beaucoup de caméras. Et je devrai probablement redevenir Julianne Franqui à certains moments. »

 

« Qui es-tu en ce moment? » demanda Kris.

 

« Moi. »

 

L’artiste ne savait pas si elle comprenait la différence. Mais elle avait le sentiment qu’elle comprendrait bientôt.

 

 

 

Jeudi, 15:43

 

« Tu es vraiment amoureuse de Julianne Franqui? »

 

Kris soupira en entendant la question, regrettant d’avoir décroché le téléphone. « Mark, je suis occupée là. »

 

« Qu’est-ce que tu fais? »

 

« Je fais mes valises. »

 

« Pour quoi faire? »

 

« Un voyage. »

 

« Kris… »

 

À nouveau elle soupira, cette fois de résignation. Elle s’assit au bord du lit et poussa la valise pour se faire de la place. « Je vais en Californie avec Julianne ce week-end. »

 

« C’est pas vrai! »

 

« Elle doit aller à l’avant-première de son dernier film, » expliqua Kris tout en sachant qu’elle ne pouvait pas dire grand-chose pour empêcher l’imagination de Mark de s’emballer. Surtout après ce qu’elle venait de dire.

 

Mark eut un hoquet de surprise. « Oh mon Dieu, je vais devenir l’oncle des enfants de Julianne Franqui. Pincez-moi. »

 

« Je ferai bien plus que ça si tu étais ici, » l’avertit Kris. « Écoute Mark. Il n’y a vraiment rien entre Julianne et moi. C’est Julianne Franqui et je suis… ben personne. Et puis nous ne sommes qu’amies. »

 

« Tu l’as embrassée? »

 

« Bien sûr que non! Rappelle toi du ‘juste amies’. »

 

« Elle est vraiment gay? »

 

Kris grogna. « Ne me fais pas répondre à ça s’il te plaît. »

 

« Ce qui veut dire oui. » Mark poussa un cri aigu. « C’est tellement irréel. Alors quel est ton plan d’action? »

 

« Mon quoi? »

 

« Comment vas-tu la conquérir? » expliqua Mark. « Tu vas inventer un cauchemar pour qu’elle rampe jusqu’à ton lit en plein milieu de la nuit? Ou attendre qu’elle soit dans la douche et t’y introduire accidentellement? »

 

Elle fronça les sourcils. « Je dois vraiment préparer mes affaires. »

 

« Attends, » insista Mark d’un ton soudain sérieux. « Il faut que je t’avoue quelque chose. »

 

« Qu’est-ce que c’est? » demanda Kris avec impatience.

 

Mark hésita. « Ne me tue pas s’il te plaît. Mais quand tu m’as laissé seul avec Julianne l’autre nuit au club, j’ai peut-être accidentellement laissé échapper le fait que tu… tu sais, que tu te poses des questions. Et je ne sais plus, mais je pense que je n’ai pas bien réussi à cacher le fait que tu te posais des questions sur ce que tu ressens pour elle. »

 

Kris se figea. « Quoi? »

 

« Je suis désolé, les mots sortaient tout seuls de ma bouche. Et je ne me souviens pas de ce que j’ai dit exactement. »

 

« Mark! » hurla Kris. « Dis-moi que tu plaisantes. Qu’est-ce que tu lui as dis? »

 

« Je suis désolé, Kris. Je ne me souviens vraiment pas. Je devais avoir un peu bu. Je n’ai peut-être même rien dit. »

 

« Mais tu penses avoir dit quelque chose? » insista Kris.

 

« Je pense me souvenir avoir dit quelque chose concernant le fait que tu questionnes ta sexualité, » répondit-il.

 

L’esprit de Kris s’emballait. Julianne était-elle au courant? Elle mourrait d’humiliation si c’était le cas. « Je dois y aller. »

 

« Ça va? »

 

« Un peu étourdie. »

 

« Tu m’en veux? »

 

« Non. Mais je vais vraiment te tuer. »

 

« Ça me parait équitable. Amuse-toi bien en Californie. N’oublie pas de me ramener un souvenir. »

 

« Mark, » le prévint-elle.

 

« Je t’adore! Salut. » Mark raccrocha.

 

Kris raccrocha le téléphone avant de le jeter sur le lit. « C’est très, très mauvais. »

 

« Qu’est-ce qui est très, très mauvais? »

 

Kris regarda vers la porte pour y trouver Leigh. Elle n’avait pas réalisé qu’elle avait parlé à haute voix. « Euh, j’ai oublié de prévenir un de mes professeurs que je ne serai pas là Lundi, » mentit-elle.

 

« Oh, » répondit Leigh en haussant les épaules. « Ça ne m’a pas l’air si mauvais que ça. Je suis sûre que tu peux lui envoyer un email, non? »

 

Kris hocha la tête. « Bien sûr, » acquiesça-t-elle.

 

Leigh resta là pendant quelques secondes, silencieuse, regardant les alentours. « Tu es prête? »

 

Kris regarda la valise, en proie à un étrange mélange d’émotions à la mémoire de son voyage imminent. « Presque. Julianne ne m’a pas vraiment indiqué quel genre de vêtement emporter. »

 

« Alors prends au moins une tenue de chaque type, » suggéra Leigh avant de s’illuminer. « Elle va peut-être t’emmener dîner dans un de ces restaurant hors de prix. Vous serez assises dans la section V.I.P. et les gens murmureront en se demandant qui tu es. »

 

Kris se sentit mal à cette idée. « Tu penses vraiment? »

 

« Ils murmureront, ‘Qui est cette beauté avec Julianne Franqui’, derrière leur serviette en soie et leurs menus dorés. »

 

« Je parlais de la partie à propos du dîner. » Kris se leva et se dirigea vers son placard. Elle fouilla dans ses affaires. « Je n’ai rien à porter pour une occasion pareille! Je pensais qu’on resterait chez elles et qu’on commanderait des pizzas! »

 

Leigh arqua un sourcil. « Tu réalises que tu vas dans la maison de Julianne Franqui. » Elle disparut dans le salon avant de revenir quelques instants plus tard avec un magazine. Elle désigna la couverture, où s’affichait une photo de Julianne. « Star de cinéma célèbre. Tu te rappelles? »

 

Kris regarda l’image. Il était toujours difficile de relier les deux personnes dans sa tête. Peut-être était-ce de ça dont parlait Julianne lorsqu’elle disait qu’elle redeviendrait Julianne Franqui un moment. Mais où cela laisserait Kris? Elle se demanda soudain si aller en Californie était vraiment une bonne idée.

 

Leigh commença à feuilleter le magazine. « Jusqu’où connais-tu Julianne, Kris? » demanda-t-elle d’un ton absent.

 

« Qu’est-ce que tu veux dire? »

 

Leigh haussa les épaules sans lever le regard. « J’ai juste l’impression qu’elle t’a emmené dans une bulle où seules vous deux existez. Et c’est bien, mais elle reste Julianne Franqui. » Elle siffla et tourna le magazine vers Kris pour qu’elle le voit. « Tu penses qu’ils me photographieront comme ça? »

 

Kris ignora la photo. Elle l’avait déjà vue, et avait ensuite passé quinze minutes à débattre pour déterminer si elle devait prendre une douche froide. Elle s’était également demandé si d’autres personnes ressentaient la même chose en voyant cette image, ce qui avait entraîné un surplus d’émotions qu’elle avait entrepris d’ignorer.

 

« La Terre appelle Kris, » appela Leigh.

 

« Je suis là. »

 

« T’es sûre? » demanda Leigh en fermant le magazine. « Alors qui est le cavalier mystère de Julianne pour l’avant-première? La créature hideuse des MTV Movie Awards? »

 

Créature hideuse? Kris nota mentalement de poser la question à Julianne. « Euh, je n’en ai aucune idée à vrai dire. Elle ne m’a pas dit. »

 

« De quoi vous parlez, de toute façon? » demanda Leigh. « Jeremy m’a posé la question l’autre nuit et je n’ai pas su répondre. »

 

« Pourquoi Jeremy t’as demandé ça? » s’interrogea Kris.

 

Leigh haussa les épaules. « Qui sait? Une petite New-yorkaise qui a quitté le droit chemin et qui traîne avec une célébrité multi-millionnaire. Ça attire forcément l’intérêt du public. »

 

« Depuis quand j’ai quitté le droit chemin? »

 

« Je me suis dit que ça rajouterait au dramatique, » répondit Leigh. « Alors de quoi parlez-vous avec Miss Franqui? »

 

Kris réfléchit un instant. « De tout. Et de rien. On parle c’est tout… »

 

« Je vois, » dit Leigh, semblant pourtant ne rien voir du tout.

 

« Toi aussi tu lui as parlé quand elle n’était que Julia, » répliqua Kris, sur la défensive.

 

« Pas vraiment. Je veux dire, on a parlé, mais on n’a jamais eu de conversation de plusieurs heures comme vous avez toutes les deux. Et maintenant on ne parle plus que du film. Rien de sidérant. »

 

Kris ne savait pas quoi répondre à ça.

 

« À quelle heure vous partez demain? »

 

« Julianne m’a dit 7:30. »

 

Leigh hocha la tête. « Bon, je vais prendre une douche. Jeremy passe me chercher tout à l’heure. Tu es sûre que tu ne veux pas venir? Le mec mignon est toujours intéressé. »

 

Kris soupira. « Non merci. »

 

« Tu es sûre qu’il n’y a rien qui te tracasse? » demanda sérieusement Leigh. « Enfin je suis toujours ta meilleure amie, non? »

 

« Toujours, » la rassura Kris avec un sourire. « Je suis simplement un peu stressée. Sinon tout va bien. »

 

Leigh sourit. « Tu ne sais toujours pas mentir, mais d’accord. Tu sais où j’habite si un jour tu veux parler. »

 

Kris sourit en regardant la porte de sa chambre se fermer sur Leigh. Elle observa la valise. Ça n’avait aucun sens que Julianne l’invite chez elle juste pour rester là et manger des pizza. Mais si Julianne avait un dîner fantaisie en tête, Kris aurait à traverser cette épreuve.

 

Elle soupira. « Mon dieu faites que ce week-end ne tourne pas au fiasco. »

 

 

 

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