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LA-FACE-AVEUGLE-DE-L-AMOUR35

Page history last edited by Fausta88 15 years, 4 months ago

TRADUCTIONS

 

LA FACE AVEUGLE DE L'AMOUR

 

 

 

 

par Dreams

 

 

Traduction : Emilie (happymeal@hotmail.fr)

 

 

Table des matières

 

 

66

 

Le bruit des vagues avait manqué à Julianne. Les promenades nocturnes le long de la plage aussi; le fait de se tenir pieds nus et sans souci dans le sable humide et poisseux; le fait de s’enfoncer dans le sable avant d’en émerger pour s’y enfoncer une nouvelle fois. C’était seulement en présence de ces éléments qu’elle réalisait l’énorme partie de son existence qui lui manquait.

 

C’était agréable maintenant, d’être assise dans la calme solitude de la nuit, et de regarder les dessins rythmiques des vagues sans être dérangée. Elle voulait rester là pour l’éternité, loin de sa mère, du public, de ses amis.

 

Loin de Kris…

 

Julianne se demanda combien de temps encore elle pourrait tenir sans se confesser. La peur de perdre l’amitié de Kris devenait maintenant une excuse plus qu’une raison. Le rejet serait-il si difficile? Elle pourrait s’en remettre; se remettre de quoi, elle ne savait pas, mais ce devait être mieux que de laisser ses émotions couver dans le coffre-fort de ses désirs. Rien ne pouvait être pire que ça.

 

Elle s’appuya sur ses coudes en soupirant. Elle s’était toujours considérée comme une personne sûre d’elle. Toute sa vie elle avait fait ce qu’elle voulait, alors pourquoi pas cette fois? Pourquoi ce ‘non’ était-il si terrifiant?

 

 

 

Kris observait Julianne depuis un moment. Elle n’avait pas eu l’intention de rencontrer l’actrice sur cette plage. Elles s’étaient dit bonne nuit et étaient sensées dormir toutes les deux.

 

Et Kris avait essayé. Elle avait regardé le plafond, observant la lutte entre la lumière et l’obscurité. Elle avait écouté les vagues, essayant de trouver un rythme qui la bercerait. Elle avait même compté jusqu’à 484 moutons avant de conclure que le sommeil ne viendrait pas.

 

Alors elle était partie se promener, et s’était heurtée, sans attente, à la silhouette de Julianne Franqui. Dans un instant de panique irrationnelle, elle s’était cachée. Et elle se sentait maintenant ridicule, comme une voyeuse. Une voyeuse ridicule.

 

Pourtant elle ne voulait pas révéler sa présence. Rester cachée était trop tentant, pour observer Julianne dans son état naturel, sans avoir à se soucier de la regarder trop longtemps ou avec trop d’intensité. Même si elle se sentait un peu sinistre en se fondant dans les ombres comme une fan dégénérée.

 

Kris voulait être courageuse. Elle voulait rejoindre Julianne et lui dire en face qu’elle ressentait bien plus que de l’amitié. Elle mourait d’envie de l’embrasser, même si cette idée la terrifiait autant qu’elle l’excitait. Kris voulait tout avouer, tout confesser. Peut-être alors, après le rejet qui suivrait sûrement, pourrait-elle tourner la page. Elle en avait assez de se rendre folle avec des fantaisies et des scénarios à base de ‘et si’.

 

Mais elle n’était pas aussi courageuse. Elle ne pourrait jamais prononcer ces mots, même si elle le voulait. Mais après tout, elle n’aurait jamais imaginé prononcer les mots qu’elle avait dit à la mère de Julianne. Alors peut-être y avait-il de l’espoir.

 

L’artiste laissa son attention dériver à nouveau vers la silhouette à quelques mètres d’elle. La vie serait tellement plus simple si les bulles de pensées existaient vraiment.

 

 

 

Les bruits de pas tirèrent Julianne de ses pensées. Elle se tourna, surprise de trouver Kris en train de marcher vers elle. Elle s’était figuré que l’artiste dormait. « Comment as-tu su que j’étais là? »

 

Kris la regarda puis s’assit. « Qu’est-ce qui te fait croire que je te cherchais? » la taquina-t-elle.

 

« Tu n’arrivais pas à dormir? » devina Julianne.

 

« Non, » avoua Kris en regardant l’océan. « Je pense que la journée a été dure. »

 

Julianne hocha la tête. Dure en effet. Elle n’avait toujours pas compris comment elle était parvenue à révéler son homosexualité à sa mère. Une part d’elle-même était toujours dans le déni. « Eh bien j’imagine que c’est un emplacement à insomniaques. »

 

Kris garda le silence un moment, et Julianne lutta pour empêcher son regard de glisser vers le visage de l’artiste.

 

« Tout ça te manque quand tu es à New York? » demanda Kris en tournant la tête. « C’est tellement calme comparé à la Ville. Enfin c’est calme tout court. »

 

« Ça me manque, oui, » admit Julianne. « Mais je reviendrai ici dans un mois ou deux. »

 

« Oh, » dit Kris avec ce que Julianne supposa être une pointe de tristesse. « J’imagine que quand le film sera terminé tu n’auras aucune raison de rester à New York. »

 

L’actrice ne savait pas comment avouer qu’il y avait une raison amplement suffisante pour elle d’y rester. Mais ce n’était pas le problème. « Je dois revenir pour finir le tournage de la saison de L’Ange Gardien. »

 

« Oh, c’est vrai, » répondit Kris. « Combien de temps durera encore la série? »

 

« Elle pourrait finir cette année, » répondit Julianne. « Mais ils m’ont demandé de signer un contrat pour deux saisons supplémentaires. »

 

« Tu seras plutôt occupée, alors, » commenta Kris.

 

Oui, très occupée en effet. D’autres films, d’autres séries télé, d’autres tours de promotion, d’autres interviews. Mais quel était l’intérêt d’avouer à Kris ses soucis? Julianne n’avait pas le temps pour une relation. « Je n’ai pas encore signé le contrat, » se surprit-elle à révéler.

 

Kris la regarda, surprise. « Tu ne sais pas si tu veux continuer ou non? »

 

L’actrice ne savait pas comment répondre. En réalité, elle possédait le contrat depuis des mois. Elle en avait discuté avec ses avocats. Dans son esprit, elle avait voulu tenir le rôle de Kiara deux ans de plus. Mais elle hésitait. Une grande part d’elle-même ne voulait pas de cette responsabilité menaçante. Elle voulait avoir une autre option, faire quelque chose d’autre, ou ne rien faire du tout. « Oui, » dit-elle enfin. « J’hésite. »

 

Kris hocha la tête mais ne demanda pas de détails. « Tu vas me manquer quand tu partiras, » dit-elle avec un sourire, quoi que triste. « Je me suis habituée à t’avoir dans les parages. »

 

Le cœur de Julianne s’arrêta lorsqu’elle entendit ces mots. « Je garderai l’appartement, » dit-elle, même si elle n’avait rien décidé avant cet instant. « Je reviendrai. »

 

« Bien, » prononça-t-elle.

 

Elles plongèrent dans le silence un long moment, à écouter les vagues. Julianne cherchait désespérément quelque chose à dire. Mais elle ne voulait pas que ça soit une phrase quelconque pour mettre fin au silence. Elle voulait dire quelque chose de sérieux, de profond, quelque chose qui exprimerait, même un peu, les émotions qui la traversaient.

 

C’était presque douloureux d’être assise là, à quelques centimètres de la personne qu’elle désirait, et de censurer ce qui comptait vraiment. Pourquoi était-ce si difficile de dire ‘je t’aime’?

 

« Tu trouves ça bizarre? »

 

Julianne cligna des yeux, complètement prise au dépourvu par la question. « Si je trouve que quoi est bizarre? »

 

« Nous? »

 

« Nous? » Questionna l’actrice.

 

Kris la regarda brièvement avant de détourner les yeux. Elle repoussa les mèches de cheveux de son visage et continua. « Que nous soyons amies. »

 

« Tu trouves ça bizarre? »

 

« Parfois, » admit Kris. « Quand je me rappelle qui tu es. »

 

« Et qui suis-je? » Julianne voulait savoir. La conversation l’intriguait soudain.

 

« Julianne Franqui, star de télé et de cinéma, » répondit Kris. « Tu sais quand on était à l’aéroport, j’ai vu trois magazines dont tu faisais la couverture. Et deux qui te mentionnaient seulement. C’était vraiment étrange. Comme si j’étais au milieu d’un rêve vraiment bizarre. »

 

Julianne ne savait pas comment répondre à cela. Qu’essayait de dire Kris? « Ma célébrité te gêne? »

 

Kris fronça les sourcils et regarda l’actrice. « Me gêner? Je suis impressionnée. Quand je vois tout ça je suis tellement ébahie. » Elle secoua la tête. « Ça ne me gêne pas, Julianne. Mais ça me rend un peu triste. »

 

« Pourquoi triste? »

 

« Parce qu’avant de te connaître, tout ce que je savais de toi était ce que je voyais à la télévision. Tu étais cette femme en deux dimensions, facile à détester parce que tu ne paraissais pas réelle. Et ça m’attriste que partout des gens voudront te faire tomber. Ils voudront te blesser parce que même hors de la télévision ou des films, tu seras toujours un personnage pour eux. »

 

Julianne garda le silence, une boule dans la gorge. Elle ne pensait pas pouvoir parler.

 

« Je dois te dire que je pense que tu es merveilleuse, » continua Kris. « Et je pense que quiconque sur cette terre aurait une chance incroyable d’être avec toi. »

 

Julianne plongea dans les yeux noisette, rendus presque noirs par la pénombre. Elle dût se rappeler de respirer, même si elle ne pouvait toujours pas parler. Personne ne lui avait parlé comme ça encore. Pas avec autant de sincérité. Son cœur était à l’agonie. « Merci, » fut sa réponse brillante.

 

« De rien, » répondit Kris.

 

C’était sa chance, Julianne réalisa. C’était le moment. Le moment de tout avouer à Kris, peu importe les conséquences. Son cœur battait si vite et si fort qu’elle entendait à peine les vagues par-dessus le bruit au cœur de sa poitrine. Elle voulait trouver les bons mots, rendre clair le fait qu’elle n’attendait rien en retour, et que rien ne changerait. Elle voulait, tout simplement, espérer, même une seule seconde avant la réponse de Kris. C’était de cet instant dont elle mourait d’envie, goûter au plaisir de ressentir autre chose que ce besoin amer.

 

« Julianne, » dit soudain Kris. « Qu’est-ce que tu recherches? Chez quelqu’un d’autre, je veux dire. »

 

Avait-elle laissé passer le moment, se demanda Julianne, à la fois déçue et rassurée que Kris ait pris la parole. « Dans quel sens? »

 

« Pourquoi as-tu arrêté de fréquenter Naomi? » demanda doucement l’artiste.

 

Julianne fronça les sourcils en entendant la question, hésitant sur la réponse à donner. La vérité était simple dans son esprit, mais elle n’arrivait pas à le prononcer. « Je n’avais pas de sentiments pour elle. »

 

« Mais pourquoi? » dit Kris en se tournant pour faire face à l’actrice. « Qu’est-ce qui a fait qu’elle n’était pas celle que tu recherches? »

 

Julianne se sentait froussarde. Elle en avait assez de tourner autour du pot, assez d’éviter la vérité. « Elle n’était pas toi, » avoua-t-elle, et pendant une seconde elle se demanda si elle avait bien prononcé ces mots.

 

Kris l’observa un long moment, qui parut une éternité à l’actrice. « Elle n’était pas moi? » demanda-t-elle, hésitante, comme si elle avait peur d’avoir mal entendu. Ou peut-être avait-elle peur d’avoir bien entendu, Julianne ne parvenait pas à se décider.

 

« Oui, » répondit simplement Julianne en arrachant son regard des yeux de Kris. Elle ne voulait pas savoir ce qu’elle y trouverait. Une partie d’elle-même voulait pleurer. Elle était submergée par un tel mélange de peur et de soulagement à cet instant qu’elle n’arrivait plus à gérer ses émotions. Elle risqua un regard vers Kris et trouva l’artiste en train de la regarder. « Tu as peur? »

 

« Je suis simplement choquée, » répondit Kris. « Et je crois… confuse aussi. »

 

« À propos de quoi? »

 

« De ce que tu essayes de dire, » répondit Kris.

 

Julianne sentit quelque chose céder en elle. « Ça n’a pas d’importance, » dit-elle en détournant les yeux. « Je ferais mieux d’aller dormir. »

 

Kris ne répondit pas immédiatement. Mais elle finit par dire, « Okay. »

 

Déçue, Julianne se leva et balaya le sable de son pantalon. « On se voit demain? »

 

Kris leva les yeux et hocha la tête. « Bien sûr. »

 

« Bonne nuit, Kris, » annonça Julianne.

 

« Bonne nuit. »

 

L’actrice hésita presque, voulant ajouter quelque chose. Peut-être n’avait-elle pas été assez claire, peut-être devait-elle en dire plus. Mais dans quel but? Elle avait été stupide de penser qu’avouer ses sentiments changerait quoi que ce soit.

 

Résignée, elle fit un signe de la main à Kris et se dirigea vers la maison.

 

 

 

Kris observa Julianne jusqu’à ce que l’actrice disparaisse à l’intérieur. Que s’était-il passé? Elle avait cherché le courage d’avouer à Julianne ce qu’elle ressentait, et l’instant d’après elle était complètement figée.

 

Elle n’était pas toi…

 

Les mots passaient en boucle dans l’esprit de l’artiste jusqu’à ce que son cœur lui donne l’impression de s’envoler. Julianne avait des sentiments pour elle. Julianne avait des sentiments pour elle, et Kris l’avait laissée aller dormir. « Je suis stupide, » dit-elle en repensant à sa réaction. Elle se serait giflée si elle n’avait pas été submergée par ses émotions.

 

Elle devait aller la trouver.

 

D’une certaine manière, elle parvint à s’empêcher de courir lorsqu’elle partit à la recherche de Julianne. Elle devait garder les idées claires, prévoir une sorte de monologue. Une excuse pour sa stupidité récente n’était pas une mauvaise idée, non plus.

 

Oh mon Dieu, Julianne a des sentiments pour moi.

 

La compréhension de ce que cela signifiait manqua de lui faire perdre pied. Elle crut un instant exploser à cause de la surcharge pure d’émotions.

 

Mais elle reprit sa route, entra dans la maison et se dirigea vers les escaliers. Elle avait l’impression de marcher au ralenti. Elle avait l’impression d’être perdue dans un rêve merveilleux qui se terminerait bientôt. Elle voulait que ce moment dure pour toujours, parce que le moment suivant la terrifiait.

 

Elle n’avait pas prévu d’autre réaction que le rejet. Le fait que Julianne puisse ressentir la même chose avait à peine touché le fond de ses pensées, avec tous les autres espoirs et rêves auxquels elle ne voulait pas penser. Alors comment pouvait-elle savoir quoi faire?

 

Elle s’arrêta devant la porte de la chambre de Julianne. Elle pouvait voir un rayon de lumière s’échapper sous la porte, et savoir que l’actrice était de l’autre côté de cette barrière de bois emplit Kris d’un besoin si profond qu’elle avait envie de pleurer.

 

Elle décida sa main à toquer après avoir dégluti plusieurs fois. Et elle attendit, redoutant chaque seconde qui passait, sachant qu’elle devrait faire face à une décision d’une seconde à l’autre.

 

La poignée tourna; le rayon de lumière s’étendit encore et encore, avant d’être éclipsé par le corps de Julianne, debout dans l’embrasure. Kris regarda avec hésitation dans les yeux bleus confus, et sentit tous ses doutes et réserves s’envoler. « Si je te dis que je t’aime, tu paniques? » demanda-t-elle, trouvant le moment irréel. Elle sentait son cœur marteler dans sa poitrine, et n’était pas certaine de respirer.

 

Julianne la regarda comme si elle ne parvenait pas à décider si Kris était réelle ou non. « Quoi? » répondit-elle enfin.

 

L’artiste se rapprocha, comme guidée par une force invisible qui lui donnait un courage qu’elle ne pensait pas posséder. Elle regarda brièvement les lèvres de Julianne, voulant à tout prix les sentir contre les siennes. Elle plongea à nouveau dans les yeux de Julianne, et y vit un éclat inconnu. « Je t’aime, » avoua doucement Kris, espérant que le message passe cette fois-ci, s’accrochant désespérément à l’espoir que Julianne pensait toujours ce qu’elle avait dit sur la plage.

 

« Kris… » dit l’actrice, la voix emplie d’incertitude.

 

« Tu n’es pas obligée de le dire, » ajouta rapidement Kris, effrayée d’en avoir trop dit. « Je voulais juste que tu le saches. » Elle commença à reculer, mais Julianne la prit par la main. L’artiste ne savait pas comment elle avait échappé à une crise cardiaque jusqu’ici, et elle était certaine que ce que son cœur faisait actuellement n’était pas bon pour la santé. Kris baissa les yeux vers leurs mains, incertaine de la signification de ce geste, incertaine que tout cela arrive vraiment. Elle replongea dans ces yeux bleus, et attendit.

 

 

 

Julianne paniquait. Son cerveau s’était entièrement figé à la seconde même où Kris avait commencé à  parler. Elle avait tellement de choses à dire; à demander, mais l’impact de la révélation de l’artiste l’avait rendu muette.

 

Il y avait tellement de choses en mouvement dans sa tête qu’elle ne savait pas où commencer. Elle voulait revenir en arrière, examiner chaque souvenir à la recherche d’une preuve que Kris lui disait la vérité. L’actrice voulait s’asseoir et disséquer chaque moment apparemment sans conséquence, pour y trouver les fragments de phrases laissés de côté, les mots futiles jetés aux oubliettes. Combien d’indices étaient apparus? Combien en avait-elle ignoré?

 

« Dis quelque chose, s’il te plaît, » demanda Kris.

 

Julianne sortit de ses pensées, s’apercevant soudain qu’elle tenait la main de Kris; sans savoir comment cela était arrivé. Elle baissa les yeux vers leurs doigts entrelacés, essayant de gagner du temps. Elle ne savait pas quoi dire; quoi faire; comment réagir. « Tu es… tu… »

 

Kris lui offrit un demi-sourire. « Vous avez des problèmes de script, Miss Franqui? » la taquina-t-elle.

 

Julianne ne savait pas si elle devait rire ou pleurer. Elle regarda à nouveau leurs mains, puis le visage de Kris. ‘Je t’aime’ ne semblait pas assez fort pour traduire ses sentiments. Comment deux petits mots pouvaient exprimer tous les jours et nuits, et les heures, minutes, secondes, passées à rêver de ce moment, tout en pensant que ça n’arriverait jamais?

 

Il n’y avait pas de mots. Seulement le silence entrecoupé de respirations rapides. Seulement les sons étouffés de quelque chose indistinct et indéchiffrable, à peine audible par-dessus l’intensité du moment. Il n’y avait que le fait d’ouvrir une porte pour trouver tout ce qu’elle voulait, espérait, et priait pour, dans l’embrasure de la porte.

 

Elle surprit Kris en train de regarder ses lèvres avant de détourner le regard, comme embarrassée. Le rythme cardiaque de Julianne accéléra, son cœur rata quelques battements, martela; elle pouvait sentir son corps tout entier trembler et se figer. Elles perdirent complètement notion du temps. L’actrice ne remarqua plus que le fait que les lèvres de Kris étaient si belles, douces, et incroyablement attirantes. Et même si elles n’étaient qu’à quelques centimètres des siennes, elles paraissaient à des kilomètres.

 

Ce fut au tour de Kris de la surprendre en pleine observation, et leurs regards se croisèrent une fraction de seconde avant de disparaître derrière leurs paupières. Julianne ne sut plus si elle respirait ou pas, remarquant seulement la chaleur du corps de Kris pressé contre le sien. Elle baissa la tête et ses lèvres frôlèrent une telle douceur qu’elle faillit se reculer à cause de l’assaut d’émotions.

 

Elle sentit le corps de Kris frémir avant de se détendre contre elle, l’attirant plus près. Leurs lèvres se rencontrèrent brièvement, se séparèrent une seconde avant de se rencontrer une nouvelle fois. Tout le corps de Julianne était prêt à exploser en sensations. Elle se sentait sur le point de fondre, ou d’être consumée par le simple plaisir de la bouche de Kris contre la sienne.

 

Kris se colla un peu plus en gémissant contre ses lèvres, intensifia le baiser jusqu’à ce que Julianne soit sur le point de s’évanouir. Tout son corps criait, tremblait et brûlait d’une merveilleuse chaleur qui s’écoulait dans chaque fibre de son être. Elle la laissa la traverser, comme un raz de marée de bonheur immense, et s’abandonna totalement un instant avant d’éloigner enfin ses lèvres, après ce qui semblait être un siècle passé dans un clignement, et de murmurer, « Je t’aime aussi. »

 

*****

 

 

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