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LONGEST NIGHT2

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Une Si Longue Nuit

 

par Melissa Good

 

Traduction : Fryda

(2006)

 

 

*********

Partie 2A

*********

 

******

Pour les avertissements et démentis, voir 1ère partie

 

***

 

« C’est chouette », fit remarquer Iolaus d’un ton approbateur, en regardant la chambre où Ephiny les avait conduits. La Régente amazone était appuyée contre l’encadrement de la porte, les bras croisés sur sa poitrine et un demi-sourire sur son visage.

 

La chambre était grande, située à un coin, avec deux grandes fenêtres aux vitres givrées ; elles laissaient entrer la faible lumière filtrée de l’après-midi, qui s’étalait sur le grand lit, faisant ressortir la riche moisson de couleurs des couvertures, et donnant au sol en bois sans tâche une couleur de crème dorée.

 

« Très chouette », acquiesça Hercule, qui entra et posa son sac, avant de passer un doigt le long du dessus de la grande baignoire en bois dans le coin. « Ça me plait bien ce truc. » Il se tourna et lança un regard désabusé à Ephiny. « On a eu deux semaines de vents froids. »

 

Ephiny lui rendit un regard de sympathie amusée. « Déjà vu, déjà fait », répondit-elle avec un rire. « On a une chouette grande pièce de bain au village, elle est attenante au foyer de la forgeronne… et bon sang, quand on rentre d’une semaine de chasse… » Elle leva les yeux au ciel et soupira. Elle vit passer l’image d’une nuée d’Amazones se baignant dans leur esprit et elle leva les yeux au ciel pour une raison différente. Les hommes. Puis elle s’interrompit et réfléchit. Oh… d’accord, Ephiny… et COMBIEN de gens t’ont demandé de convaincre Gabrielle et Xena de prendre leur bain au village la dernière fois ? Hmm ? ? ? Ne grimpe pas sur tes grands centaures, ma gaillarde.

 

Il y avait plusieurs grands seaux tout près, le foyer comportait une petite étagère pour chauffer l’eau, et toute la pièce sentait plaisamment le pin et le lin.

 

Ephiny se repoussa de l’encadrement et leur fit un petit signe de la main. « Pourquoi vous ne vous installeriez pas… ensuite vous nous rejoignez pour le déjeuner en bas ? » Proposa-t-elle, son regard les étudiant tous les deux. Xena avait raison… ils auraient besoin d’une pause… surtout le grand gars. Bon sang, je veux savoir ce qui a pu se passer pour lessiver un demi-dieu comme ça. « Ça vous va ? »

 

« Génial », dit Iolaus en souriant. « Herc, tu vas adorer la nourriture ici. » Il laissa tomber son sac sur le sol et se dirigea vers le bassin d’eau, se rinça les mains et se frotta le visage dans l’eau froide.

 

« Merci. » Hercule le regarda avec amusement, pendant un instant, puis hocha la tête vers Ephiny. « On descend tout de suite… »

 

L’Amazone leur fit un autre signe de la main et descendit l’escalier, gardant une prise ferme sur la rampe en bois brut.

 

Hercule la regarda partir pendant un instant, puis ferma calmement la porte et soupira longuement, approchant du lit pour y poser un doigt, en poussant pour le tester. « Oh… je pense que ceci va ma plaire encore plus », marmonna-t-il, en s’asseyant avec précautions, puis il se laissa tomber sur l’oreiller avec un soupir. « Je pourrais dormir une semaine », dit-il à Iolaus, en fermant les yeux.

 

Celui-ci l’étudia discrètement depuis le bassin, utilisant un morceau de lin propre pour s’essuyer le visage. « Pourquoi tu ne te détends pas alors, hein ? » Proposa-t-il d’un ton neutre. « On est en sécurité ici… on a toutes ces Amazones en bas… bon sang que je me sens bien et en sécurité… et comment tu as trouvé ce système d’alerte sur le chemin ? »

 

« Ouais… » Murmura le grand demi-dieu. « Elle a l’air plutôt sympa. »

 

« Qui… Ephiny ? » Grogna Iolaus. « Sûr… pour une Reine amazone… et pendant qu’on est sur le sujet, merci beaucoup de m’avoir informé sur Gabrielle. »

 

Hercule soupira. « Tu n’as rien demandé. » Il roula la tête d’un côté et mit un bras sur ses yeux.

 

« Je n’ai pas demandé… » Iolaus regarda le plafond avec incrédulité, levant les mains brusquement avant de les laisser retomber sur ses côtés. « Juste comme je n’ai pas demandé à… leur sujet, c’est ça ? »

 

« Oui oui », acquiesça Hercule. « Mais… Iolaus… TOUT LE MONDE savait ça… même Callisto. » Il s’interrompit. « Bien que je suis sûr qu’Arès n’a pas encore compris. »

 

« Oh… et c’est supposé me rassurer ? » Demanda le jeune homme blond d’un air caustique. « Nooon… il a fallu que Xena elle-même me le dise… Hercule, tu as la moindre idée de combien c’était embarrassant ? »

 

Le grand demi-dieu regarda de dessous son bras et produisit un sourire. « Ouais… ça a dû être dur. »

 

« Ouaip, tu parles que ça l’a été », confirma le jeune homme blond, en s’approchant pour tirer sur la couverture, puis s’installer sur son compagnon. « Vas-y… endors-toi. Je t’apporterai une cuisse de dinde ou un truc comme ça. »

 

« Non… non, ça va », protesta Hercule en ouvrant les yeux. « Allons, Iolaus… ce n’est pas poli. »

 

Le jeune homme blond leva un sourcil couleur sable. « Oh… alors tu es prêt à faire face à l’Inquisition Amazone là en bas ? Je t’ai dit ce qui m’est arrivé avec elles… tu es prêt pour un millier de questions ? »

 

Hercule hésita, ses yeux bleus s’arrondissant. « Euh… oui… je vois ce que tu veux dire. » En plus, je ne veux vraiment pas avoir de conversation prolongée avec sa mère… pas avant que j’aie une chance de dire à Xena ce que j’ai trouvé d’autre sur ce collier… Je me demande si elle s’était rendu compte que ça aurait été plus sûr de laisser Iolaus essayer de l’enlever ? Probablement pas. Non… je suis sûr que cette pensée n’a jamais traversé son esprit. »

 

« Ouais, alors reste là, d’accord ? » Finit Iolaus en donnant un coup de poing sur son bras. « Tu auras assez le temps de les affronter toutes au dîner… je vais essayer d’émousser un peu leur curiosité, OK ? En plus tu as l’air de sortir des Enfers, et si ça ne change pas d’ici au retour de Xena, elle va me courser partout dans cette auberge, et… »

 

« D’accord… d’accord… d’accord… » Hercule remua la main, et le frappa dans la poitrine. « Assez… je vais rester ici. » Il referma les yeux.

 

« Bien ! » Dit Iolaus en soupirant. On s’est occupé de cette mine de travailleurs… mais il n’a pas dormi une seule nuit depuis… seul Zeus sait de quoi ces rêves sont faits. Ou cette brûlure sur sa poitrine qui n’a pas encore guéri, et qu’il ne me laisse pas voir. « A plus. »

 

« Oui oui », reçut-il dans une réponse ensommeillée.

 

Avec un petit mouvement de sa tête turbulente, Iolaus alla vers la porte, et s’arrêta dans l’entrée pour jeter un dernier coup d’œil à la silhouette immobile, avant de sortir et de refermer la porte derrière lui, puis de descendre silencieusement l’escalier.

 

****

 

« Alors… c’est lui Hercule, hein ? » Dit Eponine d’un ton songeur, en jouant d’un air débonnaire avec sa tasse. « Tu as pu savoir ce qui s’est passé ? »

 

Ephiny secoua la tête, affairée à mâcher une bouchée de bœuf. « Nan nan », confirma-t-elle, en s’essuyant les lèvres avant de s’adosser à nouveau légèrement. « Gabrielle avait les lèvres cousues sur le sujet… tout ce qu’elle a bien voulu dire, c’est que l’affaire était résolue. »

 

Eponine renifla pensivement. « Tu penses qu’elle connaît l’histoire ? »

 

Le sourcil de la Régente amazone se recourba. « Oh ouais », dit-elle en riant. « Tu penses qu’elle laisserait Xena s’en tirer avec ça ? Non. » Elle haussa les épaules. « Mais ça a dû être sérieux… parce qu’autrement… ben, je présume qu’on en entendra parler quand ce sera le moment. » Elle prit sa tasse et sirota une gorgée de cidre, puis elle laissa passer un soupir. « Encore de la pluie », marmonna-t-elle, alors qu’on entendait le tonnerre gronder.

 

« Mmm », dit Eponine en riant. « J’espère que Xena va trouver un endroit pour s’abriter… je déteste l’idée qu’elles soient toutes les deux dehors dans une tempête. » Elle fit une pause. « Oh… ben, d’un autre côté… elles se débrouillent plutôt bien dans une tempête, non ? »

 

Elles échangèrent un regard connaisseur. « Oh… » Ephiny sourit d’un air espiègle. « Ça c’est sûr… » Elle leva les yeux à l’arrivée de Iolaus et lui fit un signe de tête, souriant lorsqu’il s’approcha et tira une chaise. « Salut. »

 

Le jeune homme blond soupira. « Bonjour, mesdames. » Il ignora les sourcils dressés autour de la table avec désinvolture. « Je vois qu’on est encore bon pour de la pluie… par Zeus, je suis content qu’on soit arrivé. J’en ai marre d’être toujours mouillé. » Il leva les yeux alors qu’une serveuse posait une grande assiette de viande et de d’orge bouilli devant lui. « Oh… merci… ça sent super bon. » Il prit une fourchetée et soupira joyeusement.

 

« Tiens. » Ephiny fit passer un plat en bois sur lequel se trouvait du pain tranché. D’un autre côté… peut-être que je peux connaître l’histoire de la bouche du vieux Iolaus, là… il a l’air d’un type sympathique. »

 

« Mmm… merci. » Iolaus lui sourit. « Alors… comment tu te sens ? » Une pause. « Si je peux me permettre de demander, je sais qu’on s’est jamais rencontrés, mais c’est comme si on se connaissait, je veux dire, Xena m’a raconté ce qui s’est passé, et tout ça. » En neuf mots. Elle est tombée dans l’eau, je l’en ai sortie. Le truc bardique, c’était vraiment le royaume de Gabrielle.

 

Ephiny rit et tendit l’avant-bras. « Bien sûr… bien sûr… salut Iolaus. J’ai beaucoup entendu parler de toi aussi. » Elle montra de la tête. « Eponine, Raina, Ellis, et Marta. » Les Amazones sourirent à Iolaus, il rendit leur sourire un peu nerveusement. Ephiny se radossa et remua la main. « Et en réponse à ta question… comme-ci comme ça… ça a été… » Elle soupira. « Plutôt rude… avec toute l’excitation et tout. »

 

Iolaus s’arrêta de mâcher, et leva les yeux vers elle. « Quelle excitation ? » Il les regarda toutes puis revint sur Ephiny. « Qu’est-ce qu’on a raté ? »

 

Les yeux d’Ephiny brillèrent et une idée prit forme. « Oh… Gabrielle kidnappée… » Elle traîna la voix. « Tu sais. »

 

Les yeux de Iolaus lui sortirent de la tête. « Quoi ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Kidnappée ? » Dieu… ça ne fait que deux semaines… comment elle a pu être kidnappée pendant les quoi… trois… quatre… jours où Xena était partie ?

 

La Régente amazone prit une longue gorgée de cidre, et le regarda spéculativement. « Je vais te dire, Iolaus… on échange des histoires. » Du coin de l’œil, elle vit Eponine masquer rapidement un sourire. « Avec tous ces ennuis… on n’a pas pu entendre ce qui vous est arrivé à vous… »

 

« Oh. » Iolaus mâchouilla sa lèvre, dévoré par la curiosité. « Ben, ok… d’accord. » Il regarda alentours. « Mais… vous gardez ça pour vous… Hercule est pas vraiment heureux de ça, OK ? » Ça va finir par sortir un jour ou l’autre… autant l’entendre d’une source sûre… non ? Ouais. « On échange. »

 

Ephiny lui tapota doucement le bras. « Tu peux nous faire confiance, Iolaus. » Elle s’éclaircit la voix, et les autres Amazones approchèrent leurs chaises pour mieux entendre. « Bon, ça a commencé le lendemain de ton départ… Gabrielle a emmené les gamines se balader, et elle n’est pas revenue. »

 

Iolaus cligna des yeux. « Tu blagues, hein ? Pas juste Gabrielle, mais toutes ces… hum… Amazonettes ? »

 

Des sourcils dressés autour de la table. « Et bien… oui », grogna Eponine. « On pourrait les appeler comme ça, mais la plupart des gens ne le ferait pas. »

 

Un silence. « Désolé », marmonna Iolaus. « Où est-ce qu’elles sont allées ? »

 

Quand elle eut fini, le jeune homme blond était assis, la fourchette dans la main, avec une expression de stupéfaction sur le visage. Il garda le silence un moment, puis soupira. « Et bien… je suis content que les choses aient bien tourné… relativement bien, je veux dire. C’est trop moche que Gabrielle ait été blessée. » Bon sang… elle aurait pu mourir… pauvre gamine.

 

« Mmm », acquiesça Ephiny, en étudiant ses mains pensivement. « A toi. » Elle leva ses yeux clairs qui croisèrent son regard aussi clair. Sans être remarquée par Iolaus, Cyrène était entrée silencieusement, et elle s’était assise à la table d’à côté, écoutant tranquillement.

 

« Oh. » Iolaus laissa passer un soupir. « Bien… euh… ok. Bon, on est parti d’ici, et on a voyagé vers la montagne, jusqu’à un village juste à l’extérieur des mines où… Hercule se trouvait. »

 

Ephiny posa doucement la main sur son poignet. « Iolaus, qu’est-ce qu’il faisait là ? Qu’est-ce qui n’allait pas ? »

 

Un long silence. Finalement, Iolaus déglutit et se lécha les lèvres. « Il était… hum… il y avait quelque chose qui clochait chez lui… il… » Il prit une brusque inspiration. « Il fournissait un service au prince à qui appartenaient les mines… il était… geôlier. »

 

Un silence de mort cette fois. « Il… punissait les gens qui ne faisaient pas ce que le prince voulait. » Iolaus finit calmement, son regard cloué sur le dessus de la table.

 

Ephiny sentit son cœur tomber dans son estomac. Pas étonnant, songea-t-elle, pas étonnant que Gabrielle voulait garder ça secret… dieux… j’aurais dû respecter ça. « Iolaus… » Dit-elle doucement, en lui tapotant la main. « Je suis désolée… ça a dû être horrible pour vous. »

 

Il soupira. « C’était… je ne… j’ai essayé de l’en sortir… essayé. Mais il ne savait même pas qui j’étais. Il… » Le jeune homme blond regarda au loin, puis revint. « C’était comme s’il était quelqu’un d’autre. » Iolaus pinça les lèvres. « Alors… quand j’ai vu que ça ne marchait pas, j’ai su que j’avais besoin d’aide… j’avais besoin de quelqu’un qui pourrait m’aider à rentrer dans la forteresse, qui connaissait… Hercule… assez bien pour voir que ce n’était pas vraiment lui, et qui voudrait bien m’aider… et… hum… j’avais besoin de quelqu’un qui pourrait… si rien ne marchait… l’arrêter. »

 

Maintenant c’était leur tour de garder le silence. Des coups d’œil rapides firent le tour de la table. « Alors… tu es venu ici et tu as demandé à Xena », dit Ephiny, calmement. « Et bien, c’est sensé. Bon choix. » Elle fit un sourire encourageant à Iolaus, cachant sa surprise et son malaise. Qu’est-ce qui lui a fait penser qu’elle pourrait arrêter un demi-dieu ? Bon sang… Xena est douée, on le sait tous, mais… c’est trop demander, même à elle. Elle aurait pu être tuée, s’il ne savait pas vraiment ce qui se passait.

 

Iolaus lui rendit un sourire faible. « Merci. » Il soupira un peu, plus détendu maintenant que la partie difficile était passée. « Bref… on est retourné aux mines… et Xena s’est assurée qu’on serait emmené dans les cellules de punition. »

 

« Tu paries », ricana calmement Eponine. « Combien de gens elle a cogné en route ? »

 

Iolaus sourit. « J’ai arrêté de compter. » Il secoua la tête. « Alors… elle l’a défié en quelque sorte… et il l’a battue pour la punir… et ils se sont battus. » Sa bouche se recourba. « Elle a gagné. »

 

« Pfiiiiiou », siffla Ellis.

 

« Ouais… et j’ai perdu 50 dinars avec Gabrielle », marmonna Iolaus, puis il secoua la tête. « Bon, c’était de l’argent bien dépensé, quand même… alors elle a découvert ce collier autour de son cou… »

 

« Un collier ? » Demanda Eponine, en l’étudiant calmement.

 

« Ouais… » Iolaus soupira. « Une chaîne en or… grosse… avec un rubis dedans… un peu clinquant. » Il haussa les épaules. « C’était ça… elle lui a retiré, et quand il est finalement revenu à lui… il était de nouveau lui-même. »

 

« Juste comme ça ? » Dit Ephiny dans un souffle, fascinée. « Comment elle lui a enlevé ? »

 

Mais Iolaus se contenta de secouer la tête. « Je sais pas… elle m’a fait sortir de la pièce avant… elle m’a fait verrouiller la porte… » Il hésita. « Hum… je pense qu’elle était inquiète de ce que ça pourrait lui faire à elle. »

 

« Mais ça ne lui a rien fait ? » Clarifia Ephiny. « N’est-ce pas ? »

 

Le jeune homme blond secoua la tête. « Non… mais je pense que ça a eu un effet… elle avait l’air plutôt secoué quand je suis revenu là-dedans. » Il fit une pause. « Alors… ensuite Arès s’est pointé. »

 

« Le loup ? » Demanda Ephiny, le front plissé.

 

« Le Dieu », la corrigea Iolaus. « Et, pour être complètement honnête, c’est la première fois que j’étais, quoi, peut-être un peu content de le voir. »

 

Ephiny échangea un regard avec Eponine. « Vraiment ? »

 

« Vraiment. » Iolaus soupira lourdement. « Xena lui a demandé tout de go s’il était derrière le collier… et il a dit non… que c’était juste arrivé comme ça… et ils, il voulait dire les autres dieux, étaient inquiets à son sujet. Il… a remercié Xena de s’en être occupée… et pour montrer sa reconnaissance, il a transporté nos chevaux jusqu’à la sortie la plus proche et il s’est débarrassé des gardes pour nous. »

 

« Vraiment », dirent Eponine et Ephiny dans un chœur parfait.

 

Iolaus hocha la tête. « Oui… et ensuite Xena nous a emmenés jusqu’à une grotte qu’elle connaissait tout près… comme ça on a pu se reposer un peu… et donner une chance à Herc de se remettre un peu… il était plutôt secoué après tout ce truc. » Il soupira. « Puis elle est partie… en disant qu’elle avait un truc à régler… maintenant je sais ce que c’était ce truc. »

 

Ephiny plissa le front. « Mais elle ne pouvait pas savoir… elle… »

 

Iolaus secouait la tête solennellement. « Elle savait. » Il étudia ses mains. « La nuit au-dessus du château… quelque chose a changé… je l’ai remarqué, mais je pensais que c’était juste… je ne sais pas. Elle est devenue vraiment nerveuse… et anxieuse de finir. » Il leva les mains et les laissa retomber. « Ne me demandez pas comment, ne me demandez pas pourquoi, mais elle savait. »

 

La Régente amazone se repositionna et leva la main à son tour. « Iolaus, c’est impossible. »

 

« Non. » La voix de Cyrène s’éleva, et ils se tournèrent pour regarder l’aubergiste, penchée sur la table, à siroter d’une grande tasse. « Ça ne l’est pas… je l’ai vu se passer. » Son regard passa vers Ephiny. « Et toi aussi. »

 

Ephiny la fixa, puis elle courba la bouche. « Bon sang… tu as raison… mais je n’ai jamais entendu parler de quelque chose comme ça auparavant. » Elle se tourna vers Eponine. « Et toi ? »

 

L’Amazone plus âgée fixait par-dessus l’épaule d’Ephiny, étudiant apparemment la pluie qui frappait la fenêtre de l’auberge, elle finit par se tourner et croiser le regard clair d’Ephiny. « Peut-être. » Elle sourit un peu. « Il faut que j’y réfléchisse. »

 

Ephiny dressa les sourcils et se pencha un peu plus. « Tu vas bien ? »

 

Un rire. « Oui. » Xena… toi et moi il faudra qu’on parle à ton retour… Eponine mit le nez dans sa tasse et le laissa là jusqu’à ce qu’Ephiny retourne son attention vers Iolaus.

 

Puis le rugissement de la pluie qui frappait l’auberge les surprit, même Cyrène… et ils sursautèrent de surprise, se levant à demi lorsque la porte s’ouvrit brusquement vers l’intérieur, mais se relaxant lorsqu’une silhouette vêtue de noir avança d’un pas chancelant et referma la porte derrière elle.

 

« Bon sang », haleta Toris, faisant cligner ses yeux brûlants, tout en repoussant ses cheveux noirs de son front. « C’est l’enfer là-dehors, les gars. » Il se tourna vers Cyrène. « La rivière monte. On dirait qu’elle va sortir de son lit avant le souper. » Il retira son manteau et le laissa goutter près de la porte, puis vint vers la chaleur du foyer avec gratitude.

 

« Oh… désolé… » Il fit un détour lorsqu’il se rendit compte qu’il y avait un étranger à la table « Tu dois être Iolaus. »

 

Le jeune homme blond leva les yeux, étudiant l’homme grand aux cheveux noirs avec curiosité. « Et tu dois être Toris. »

 

Un sourire familier lui répondit, et un regard bleu croisa le sien. « Laisse-moi deviner… air de famille ? »

 

Iolaus rit. « Quelque chose comme ça, oui. » Il relâcha le bras de l’autre homme. « On n’a pas pu se rencontrer l’autre fois… mais une de tes vieilles chemises m’a sauvé la vie. »

 

Toris rit en se mettant dans une chaise près du feu, et s’y adossa. « Content qu’elle aura fini par servir… elle était trop petite pour moi depuis un moment. » Il regarda Cyrène qui lui tendait une tasse fumante. « Merci, maman. » Il porta un toast à la fenêtre. « J’espère que tu es à couvert, soeurette. »

 

Cyrène ricana. « Elle le sera… pas pour elle, mais… »

 

Des sourires dans la pièce.

 

*********

 

Xena posa légèrement la tête sur son manteau plié, regardant paisiblement la pluie tomber rudement, et l’air froid et humide du dehors paresseusement contré par la chaleur joyeuse du feu, qui claquait à intervalles réguliers, et envoyait de temps en temps des étincelles vers le plafond à peine éclairé de la caverne.

 

Gabrielle somnolait légèrement, son corps lové autour de celui de sa compagne, le battement rythmique de la pluie les berçant avec insistance dans une chaleur paresseuse et dorée, dans laquelle il était plus facile de plonger que de sortir. Ceci… songea Xena, devient une habitude.

 

Elle réfléchit à ces paroles un moment, tournant l’idée dans sa tête, et l’examinant avec soin. Quelle habitude agréable, décida-t-elle à la fin, je pense que je vais la garder. Un bâillement mit fin à ses pensées, et elle s’y détendit, glissant les bras autour de Gabrielle pour la serrer plus fort, s’immergeant dans le mélange du contact de leur peau, et elle rit quand le barde s’éveilla à demi et commença à mordiller sa poitrine. « Tu as encore faim ? » La taquina-t-elle doucement. Elles venaient de finir un déjeuner plaisant, et s’étaient installées pour se détendre alors que le mauvais temps grondait.

 

« Mmm… » Gabrielle mordilla un peu plus. « Pleut toujours ? »

 

« Ouaip », l’informa Xena. « Ça tombe en trombes. »

 

« Bien », reçut-elle en réponse, alors que les douces attentions du barde voyageaient sur la cage thoracique de sa compagne. « Désolée… je sais qu’on doit aller quelque part… » Elle posa légèrement la joue sur le ventre de Xena, levant les yeux vers cette dernière. « Mais je ne vais pas mentir en disant que je ne savoure pas chaque instant de ceci. » Elle traça paresseusement les côtes de Xena d’un doigt, sentant les creux et les inclinaisons entre elles, puis elle laissa son doigt traîner sur la fine cicatrice qui courait sur son côté.

 

Des doigts couvrirent les siens et elle leva les yeux vers un regard bleu chaleureux. « Moi aussi », répondit doucement Xena, en relâchant la main du barde pour caresser sa joue, sentant Gabrielle sourire sous son contact, et elle traça doucement la courbe de ses lèvres. Et ce simple sourire détacha une nouvelle couche de noirceur ancrée en elle, et l’envoya voler en morceaux dans le vent froid. Elle la sentit partir… mue par l’élan d’amour dans ces yeux verts. « Il peut pleuvoir toute la journée pour ce qui me concerne. » Elle laissa un sourire recourber ses lèvres. « Il n’y a pas d’autre endroit où je voudrais être. »

 

Xena sentit la douce chaleur lorsque Gabrielle soupira, et sentit le mouvement lorsque le barde sourit contre la peau douce de son estomac. « Moi non plus », admit sa compagne, avec un rire paresseux, alors qu’elle se faisait un chemin vers le haut du corps de Xena jusqu’à ce que leurs lèvres se touchent, et la guerrière glissa les mains autour de la taille du barde et la souleva, l’installant allongée sur elle confortablement.

 

« Hé… » Marmonna Gabrielle, en se reculant un peu. « Je vais t’écraser… »

 

Xena ricana légèrement, les mains enroulées autour du bas du dos du barde et elle pressa. « Aucune chance… tu te surestimes, mon barde. »

 

Cela lui valut un ricanement en retour. « Tu adores frimer, hein ? » Gabrielle la regarda affectueusement.

 

« Aww… » Ronronna Xena. « C’est pas de la frime. » Un sourire diabolique saisit ses traits alors qu’elle glissait ses mains un peu plus bas et les posait sur les hanches de Gabrielle, puis elle pressa vers le haut, soulevant le barde en souriant à son cri d’indignation. Elle la redescendit lentement, et la maintint juste quelques centimètres au-dessus de sa poitrine avant de la poser doucement. « Là… ça… c’était de la frime. »

 

« Pour sûr. » Gabrielle rit en secouant la tête et soupira, en tournant la tête pour regarder paresseusement la pluie. « Dieux… c’est quasiment une tempête… tu penses que la rivière est déjà en crue ? »

 

Xena réfléchit à la question, ses mains faisant de doux cercles sur le dos du barde. « Mmm… peut-être, mais probablement pas avant la tombée du jour… » Elle recourba les lèvres. « Et je ne vais certainement pas prendre le risque de te laisser là-dehors par ce mauvais temps… alors je pense qu’on est coincé ici jusqu’à ce que ce soit terminé. »

 

« Mince », dit Gabrielle d’un ton traînant. « Je ne sais pas… » Elle bâilla et s’étira, glissant la main le long du corps chaud de Xena. « Je commence à me dire que tout ça était arrangé. »

 

Xena tendit la main et lui chatouilla doucement les côtes. « Par qui, moi ? Nan. » Elle chatouilla à nouveau le barde, la faisant se tortiller. « Je pense que tu es de plus en plus chatouilleuse. » Elle sourit, utilisant les deux mains cette fois.

 

« Beuh. » Gabrielle lui attrapa les mains et se pencha loin en arrière, essayant de les éloigner de sa peau sensible. « Arrête ça… » Une main se libéra. « Xena ! ! Aaaagggggggghhhh… »

 

Plusieurs minutes plus tard, le barde finit par s’effondrer et grogner. « Je me rends… » Haleta-t-elle, essayant de reprendre son souffle. « Dieux… » Elle laissa sa tête retomber sur l’épaule de Xena et attendit que son cœur ralentisse.

 

Xena soupira doucement et lui massa le dos. « Chhh… doucement… je n’aurais pas dû être aussi brutale avec toi. » Elle étudia Gabrielle avec un froncement minuscule d’inquiétude. « Ça va tes côtes ? Je ne t’ai pas fait mal, hein ? »

 

Comme si j’admettrais le contraire, songea Gabrielle. Comme si tu avais besoin de plus de culpabilité à trimballer, non ? « Sois pas bête. » Elle donna une petite claque à sa compagne. « Bien sûr que non. » Elle prit une inspiration profonde et se reblottit contre le côté de Xena. « Je manque juste de souffle… d’être restée allongée si longtemps après avoir été blessée m’a vraiment ralentie. » Elle sentit les mains de Xena commencer un léger massage sur son dos et soupira. « Et tu es d’une si mauvaise influence. »

 

« Oui oui », approuva Xena d’un ton aimable, en sentant le corps du barde se détendre. « On pourrait se lever et s’entraîner un peu, si tu préfères ça. »

 

Gabrielle y réfléchit. Mais pas longtemps. « Je devrais… » Elle soupira, laissant déjà la chaleur commencer à l’envahir. « Peut-être après le dîner, hein ? »

 

« D’accord. » Xena sourit ironiquement. « Mais vas-y doucement… ton corps a besoin de se reposer, Gabrielle. » Elle effleura les cheveux clairs du barde de ses lèvres. « Guérir demande beaucoup de travail. »

 

« Hypocrite », marmonna Gabrielle, en ouvrant un œil accusateur. « Deux poids, deux mesures, Xena. »

 

La guerrière l’étreignit. « Ouaip, ça c’est sûr », approuva-t-elle joyeusement. « Désolée… Je me réserve le droit de m’occuper mieux de toi que de moi-même. »

 

Le barde la regarda pensivement, puis finit par sourire. « Xena, c’est idiot de t’occuper de moi si tu ne t’occupes pas de toi-même. » Elle leva le regard vers les yeux bleus surpris, qui s’agrandirent légèrement lorsqu’elle leva la main et passa les doigts sur les traits de sa compagne. » S’il te plait… prends soin de toi. » Elle fit une pause. « D’accord ? »

 

Elle sentit Xena prendre une inspiration, et la laisser lentement passer, puis elle regarda la guerrière laisser un sourire désabusé s’installer sur son visage. « Je pense… que tu m’as eue. » Ses yeux brillèrent. « Très rusé, Gabrielle. »

 

« Ouiiiii… » gloussa le barde, triomphant. « Tu le feras, hein ? »

 

Un moment de silence hésitant. « Oui. »

 

« Promis ? » Demanda immédiatement Gabrielle.

 

« Je promets », reçut-elle en réponse solennelle. Xena passa les doigts dans les cheveux du barde et laissa passer un minuscule soupir satisfait. Il est temps que je commence à le faire, de toutes les façons… avant que ça ne me rattrape… non ? C’était bien de ne pas avoir mal le matin… n’est-ce pas ?

 

Gabrielle réinstalla confortablement sa tête et sourit, ferma les yeux et se laissa replonger dans une brume ensommeillée plaisante, écoutant le battement lent et inévitablement en rythme de leurs cœurs… de leur respiration… jusqu’à ce qu’elle s’enfonce.

 

****

 

« Bon sang. » Xena serra la ceinture de sa tunique et alla vers l’ouverture de la grotte, fixant la pluie au-dehors. « On peut à peine voir la rivière. »

 

Gabrielle la rejoignit, passant un bras autour de la taille de Xena tout en clignant des yeux vers le mauvais temps. « Wow… » Dit-elle dans un souffle, en regardant les arbres se pencher sous la force du vent, contente qu’elles soient dans une niche protégée. L’air était glacé, et elle pouvait entendre le crépitement de la pluie qui se muait en grêlons et se cassait d’elle-même sur les murs rocheux autour d’elles.

 

« Je me sens en peine pour quiconque est dehors par ce temps », dit la guerrière d’un ton songeur, secouant un peu la tête.

 

« Tu te souviens de cette tempête… » Commença Gabrielle, puis elle vit le sourire de Xena. « Bien sûr. »

 

Elle s’en souvenait. Ça faisait quelques mauvais jours… non… quelques mauvaises semaines, à combattre chaque jour, et la chaleur avait été… et bien, même Xena en avait assez, elle qui ignorait habituellement ce genre de choses. Tout était sec et poussiéreux, et Gabrielle s’était rendu compte que tout ça mettait sa compagne d’une humeur encore plus exécrable que d’habitude.

 

Sachant que la façon dont elle se sentait n’avait rien fait pour arranger les choses, alors que Xena la disputait pour la centième fois ce jour-là, parce qu’elle avait très chaud, et tout autant fatiguée que l’était la guerrière. Mais… après tout, Xena avait donné plus que sa part dans le combat de leur dernière rencontre, avait-elle essayé de se raisonner, alors qu’elle avait été assommée lorsque le cheval de l’un des brigands l’avait percutée et qu’elle ne s’était pas remise avant que la bataille soit pratiquement terminée. Et Xena avait hésité un moment inhabituellement long avant de se repousser de l’arbre contre lequel elle était appuyée et de rengainer son épée.

 

Gabrielle avait soupçonné sa compagne d’être au bord de l’épuisement, mais refusant de s’y abandonner, ou de l’admettre, et c’est ce qui la rendait si grognonne. Mais le savoir n’avait pas arrangé les choses non plus, parce que Gabrielle était pas mal fatiguée aussi, et qu’elle en avait plus qu’assez des critiques.

 

« Ecoute », avait-elle fini par dire. « Je vais aller chercher une chambre dans l’auberge qu’on vient juste de passer. Je me fiche pas mal de ce que tu vas faire. » Et elle avait tourné les talons et était partie, tout simplement.

 

Et elle s’était immédiatement sentie mal de faire ça, alors elle était revenue, mais Xena était déjà partie.

 

« Elle a probablement saisi sa chance », avait pensé Gabrielle, avec un soupir. « C’est probablement une bonne idée… on a besoin de temps… loin l’une de l’autre là maintenant. » Alors elle était allée à l’auberge, et avait pris une chambre, avec un repas et un bain. Elle s’était sentie mieux un moment, mais après être restée assise très tranquillement dans la taverne, à siroter une bière froide, elle s’était retrouvée à souhaiter la présence de Xena. Même si elle balançait des critiques.

 

Le tonnerre roulait au-dessus, et ses pensées l’avaient amenée à se demander où était la guerrière… et lorsque les premières gouttes avaient frappé la vitre, elle avait souhaité que Xena se soit trouvé un abri.

 

Puis elle avait capté les paroles de deux hommes au sujet d’un cheval de guerre doré dans l’étable à côté, et elle s’était rendu compte qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul animal dont ils parlaient. Argo. Elle s’était glissée hors de la taverne et avait traversé en courant la petite cour dont le sol s’agglutinait rapidement sous le crépitement grandissant des grosses gouttes, arrivant à l’écurie juste avant que le lourd rideau de pluie ne frappe violemment le bois.

 

Il faisait noir à l’intérieur, avec l’odeur de moisi du vieux foin mélangé à celle de la pluie dehors, et elle était tranquillement restée là, et avait laissé son regard s’accoutumer avant de tenter d’avancer un peu plus.

 

Elle avait vu Argo tranquille dans une stalle de taille décente, les yeux marron doux de la jument tournés avec curiosité vers elle. Elle s’était avancée vers le cheval, voyant à sa robe brillante, et à ses crinière et queue bien peignées, que Xena s’était bien occupée d’elle comme à son habitude, et sa sellerie était posée sur la cloison, le cuir riche nettoyé de sa couche de poussière et de saleté. Elle avait passé le bout de son doigt sur la surface chaude, puis avait jeté un coup d’œil dans la stalle et senti sa respiration s’arrêter.

 

Il lui apparaissait évident que Xena avait pris du temps pour Argo, mais pas pour elle-même. La guerrière était blottie dans le coin le plus sombre de la stalle, toujours vêtue de sa combinaison en cuir, et d’une partie de son armure, une des couvertures d’Argo autour d’elle. Sur la paille près d’elle se trouvait son kit de soin, et si elle forçait sa vision, Gabrielle pouvait saisir la ligne fine et tâchée de sang sur son avant-bras où elle avait pratiqué une suture sur ce qui ressemblait à une méchante coupure. Qui avait laissé une trace profonde dans le bracelet en cuir, jeté dans un coin.

 

Avec soin, elle avait ouvert la stalle et s’était glissée à l’intérieur, donnant une tape silencieuse à Argo en contournant la grande jument. Sachant combien Xena devait être fatiguée parce que la guerrière ne s’était pas réveillée à son approche, mais à cause du froissement de la paille lorsqu’elle s’installa calmement à côté de Xena, avaient amené les yeux bleus de cette dernière sur elle.

 

Gabrielle n’avait pas dit un mot, elle était juste restée assise là, le regard posé surtout sur les sabots d’Argo.

 

« Par Hadès, qu’est-ce que tu fais là », avait fini par demander la guerrière. « Tu n’as pas de meilleures choses à faire… de meilleur endroit où aller ? »

 

Le barde s’était mordu la lèvre. « Je présume que non », avait-elle répondu doucement.

 

« Sors d’ici, Gabrielle », lui avait répliqué Xena, d’un ton las. « Tu n’as pas envie d’être avec moi… je sais que je te rends malheureuse… et j’en suis désolée… je… » La guerrière avait laissé sa tête retomber contre la cloison en bois, et avait rapproché la couverture. « Laisse-moi seule. »

 

Ça aurait été la chose la plus intelligente à faire, Gabrielle l’avait compris. Elle avait assez vu Xena de cette humeur, et quand la guerrière demandait qu’on la laisse seule, il valait mieux faire ce qu’elle demandait.

 

Mais…

 

Ceci était différent… Gabrielle ne pouvait pas dire comment… ni pourquoi… elle savait juste que ça l’était. Alors elle avait soupiré et avait croisé les bras sur ses genoux. « Non », avait-elle répondu. Se préparant à la réponse.

 

« NON ? » Avait répété Xena d’un ton glacial. « Qu’est-ce que tu veux dire par non ? »

 

Gabrielle avait pris une inspiration profonde, luttant contre le roulement nerveux de son estomac. « Non, je ne vais pas te laisser seule quand tu es dans cet état. »

 

« Quel état ? » Reçut-elle dans une réponse sarcastique.

 

« Ecoute… » Avait discuté le barde. « Tu es fatiguée, et tu es blessée… tu ne m’as même pas entendu entrer ici. »

 

Les yeux de Xena avaient brillé. « C’est à ça que sert Argo. Tu es passée. Personne d’autre ne l’aurait fait. »

 

Ça avait fait mal. « Peut-être », avait-elle répliqué. « Mais je ne veux pas prendre ce risque. »

 

La légère courbure d’un sourcil. « Tu ne veux PAS ? » La voix de Xena était tombée à un octave dangereux.

 

Et le barde avait saisi son courage à deux mains, et avait regardé Xena droit dans les yeux. « Non. Je ne veux pas risquer ta sécurité. » Elle avait hésité. « Aucune véritable amie ne le voudrait. »

 

Un long silence. « Je pensais que tu te fichais de ce que je faisais », avait fait remarquer Xena tranquillement.

 

La réponse avait été sobre, et presque murmurée. « Et bien non. »

 

Xena avait fermé les yeux pendant un long moment puis avait reposé la tête sur la main posée sur ses genoux relevés. « Je suis désolée… j’ai été une telle garce, Gabrielle. »

 

Gabrielle s’était rendu compte qu’elle devait déglutir plusieurs fois avant de pouvoir faire fonctionner sa gorge. « C’est… bon. Je… j’ai pas été mieux. »

 

La guerrière avait pris une inspiration, puis une seconde. « Ecoute… il n’y a… aucune raison pour que tu traverses ça. » Une autre inspiration. « On est près de Potadeia… pourquoi tu… »

 

Cela avait déchiré quelque chose en elle. Gabrielle l’avait laissé passer. Cela avait amené une question qu’elle avait peur de poser… depuis presque deux ans. « Tu veux que je rentre à la maison ? » Et… avait-elle pensé. Peu importe la douleur que ça sera… j’accepterai sa réponse. J’ai assez appris sur moi… et sur elle, pour le faire.

 

Xena avait regardé droit devant elle entre les jambes avant d’Argo pendant un long moment, avant de tourner la tête et de poser la joue sur son bras. Son regard était triste, et un peu compatissant, et le barde avait serré le ventre et attendu d’entendre ce qu’elle savait que Xena allait lui dire.

 

« Non. » Une pause. « Je ne le veux pas. » Une autre pause. « Mais ce n’est pas ma décision, Gabrielle. C’est la tienne… et après ce que tu as traversé… et la manière dont j’ai agi ces derniers temps… je ne te blâmerais pas… si tu le faisais. » Elle prenait la responsabilité de l’échec sur ses épaules. Comme toujours.

 

Gabrielle avait été si affairée à occuper son esprit autour du « Non. » et du « Je ne le veux pas. » Qu’elle avait à peine entendu le reste de la phrase. NON ? NON ? ? ? ? Son cœur faisait des bonds en rond, incrédule. Finalement, elle avait levé les yeux, et avait croisé le regard blessé de Xena sur elle, et elle s’était rendu compte de comment son silence était reçu. Puis le regard de la guerrière s’était baissé pour étudier la paille, et Gabrielle avait vu, dans un éclair soudain, l’expression calme et résignée sur son visage.

 

« Jamais. » Sa voix s’était brisée et elle avait dégluti. Elle avait vu le serrement surpris de la mâchoire de Xena. « Les amis restent ensemble, Xena… pas seulement dans les bons moments… mais aussi dans les mauvais. C’est ça l’amitié. » Elle avait tendu la main et attrapé le bras de Xena. « Tu es coincée avec moi. »

 

Un lourd craquement de tonnerre et le rugissement grandissant de la pluie leur avaient fait lever les yeux. « Et… » Gabrielle avait doucement souri. « Je pense que je suis coincée ici. »

 

Elles s’étaient regardées, puis le barde avait glissé sa main le long du bras de Xena et pris ses doigts, et elle avait senti la guerrière lui rendre le geste avec un demi sourire. « Je crois qu’oui », avait-elle répondu.

 

« Tu es blessée ailleurs ? » Avait demandé Gabrielle, plus pour briser le silence soudain et presque embarrassant.

 

Pas de réponse. « Xena ? »

 

A contrecœur. « Oui… c’est… je… » Xena s’était tue et avait porté la main à sa poitrine. « Un mauvais endroit… j’ai juste… »

 

Gabrielle avait doucement soupiré. « Allonge-toi. » Elle avait poussé la guerrière avec douceur sur la paille propre, et avait écarté avec soin la déchirure maintenant visible sur sa combinaison de cuir, retirant le bandage couvert de sang pressé sur la poitrine de sa compagne. « Oh Xena… » Une inspiration soudaine, alors qu’un flot de sang frais apparaissait. Le fluide d’un rouge riche tomba sur la paille, contrastant vivement avec la surface dorée poussiéreuse.

 

« Mauvais endroit… » Avait marmonné la guerrière. « Je ne pouvais pas l’atteindre. Je pense qu’il faut recoudre. » Elle avait levé les yeux vers le visage inquiet du barde. « Doucement… ça a juste l’air effrayant à cause du sang… ça n’est pas si sérieux. »

 

Elle avait fini de recoudre, couvrant la déchirure avec un bandage en lin du kit de Xena, puis elle avait tiré la couverture et en avait couvert les épaules de la guerrière. Le regard bleu tranquille l’avait suivie dans l’insécurité éclairée par la tempête, alors qu’elle resserrait le kit de soin, puis se nichait près de Xena, se blottissant contre son côté, la tête posée sur une main. « Hmm… »

 

Un sourcil interrogateur s’était dressé.

 

« Je pense que c’est plus propre ici que dans cette auberge », avait-elle admis, avec un sourire espiègle.

 

Un demi sourire de la part de Xena, et un toucher de plume sur ses cheveux, que la guerrière lui ébouriffait doucement. « Merci. »

 

Un courant d’air passa doucement dans l’écurie. « On dirait bien que ça a fini par se rafraîchir », avait fait remarquer le barde, se nichant un peu plus dans la paille alors que le vent humide lui cognait les côtés dénudés. Puis elle avait levé les yeux alors que la laine chaude de la couverture d’Argo s’installait sur elle. « Oh… hum… » Une douce vague de chaleur s’était étalée sur elle autant par l’action que par le tissu.

 

« Je ne mords pas », avait commenté Xena nonchalamment. « Surtout avec autant de points de suture. Détends-toi. »

 

Il lui fallut un léger instant pour se décider, puis elle se nicha un peu plus, et posa la joue contre l’épaule de Xena, enroulant les doigts autour du bras de la guerrière. « Je ne suis pas inquiète. » Elle avait levé les yeux pour voir un sourcil recourbé, mais le coin de la bouche tout autant.

 

Gabrielle avait souri et fermé les yeux, sentant la colère, et la frustration des dernières semaines diminuer, la laissant dans une douce paix nostalgique, qui s’était transformée en émerveillement silencieux lorsqu’elle avait senti le biceps de Xena se tendre momentanément sous ses doigts, puis avait senti la soudaine chaleur alors que la main de sa compagne se posait dans une étreinte légère sur son genou plié.

 

Xena soupira et caressa les cheveux de Gabrielle. « Bon sang… qu’est-ce que j’ai eu de la chance que tu soies venue à ma recherche… j’aurais probablement saigné à mort. » Elle secoua la tête puis regarda dehors. « Hé… regarde en haut de la rivière… »

 

Elles le virent en même temps… une tâche brune qui voyageait le long de la rivière, tournoyant dans le courant dangereux. « Que… » Xena plissa le front en concentrant sa vision, sentant Gabrielle lui attraper le bras dans un contraste soudain de mains chaudes sur sa peau refroidie. « C’est un chariot. »

 

Le barde garda le silence un moment, puis laissa souffla brusquement. « Il y a quelqu’un dedans. »

 

Xena jura, et se précipita hors de la grotte, écartant la pluie verglacée d’une main tout en se dirigeant sur le chemin qui tournait vers la rivière. La bourrasque gelée la frappa lorsqu’elle atteignit la falaise, et c’est seulement là qu’elle se rendit compte que Gabrielle la suivait.

 

Et… d’une certaine façon… bien qu’elle sache qu’elle devrait ressentir autre chose… ça lui parut, bien. « Fais attention… » Avertit-elle. « Reste tout près. » Elle sentit une main serrer sa tunique, et glissa en bas du chemin, essayant de protéger le corps du barde autant que possible du vent mêlé de glace.

 

Elles étaient presque arrivées à la rivière, et Xena pouvait maintenant voir le chariot plus clairement, voir les trois visages effrayés qui regardaient par-dessus, alors que la structure en bois flottait contre le courant. « Tenez bon ! ! » Cria-t-elle, en voyant un tas de débris jetés à la hâte près de la rivière, visiblement abandonnés ou laissés là par le courant. « Une corde. » Une instruction brusque, et Gabrielle l’aidait à détacher l’enchevêtrement de chanvre enroulé autour du tas.

 

Elle fit une boucle à un bout et la glissa par-dessus son épaule, puis la serra autour de sa poitrine. Elle se retourna et tendit l’autre bout à Gabrielle. « Attache ça à un arbre. » Une pause. « Bien serré. »

 

Un échange de regards infini, silencieux, puis la guerrière se tournait et s’élançait dans la froide obscurité de l’eau, avec des mouvements puissants contre le courant transversal sur une direction perpendiculaire à celle du chariot.

 

L’eau était glacée et la traversait comme des pics de glace, lui arrachant la respiration et faisant battre son cœur à tout rompre. En haletant, elle baissa la tête et força ses bras à bouger, évitant les débris flottants en se rapprochant du centre de la rivière, tressaillant lorsqu’une grand branche lui cogna le dos.

 

Le chariot se rapprochait, et elle pouvait clairement voir les visages maintenant… une femme et deux enfants, tous terrorisés. Elle tourna directement dans le courant et nagea puissamment, sentant ses dents commencer à claquer, alors que le froid ankylosait ses muscles. Merde.

 

Le chariot fut tout proche, et elle se reprit, laissant le courant l’amener de côté puis elle plongea lorsque le bois fut à une distance égale à celle de son corps, et elle s’accrocha à un des rayons de roue, se retenant fermement alors que la carriole sursautait et s’enfonçait sous son poids.

 

La femme hurla, et attrapa les enfants, se baissant dans la carriole alors que Xena se retenait d’un bras avec acharnement, utilisant l’autre pour retirer la corde de ses épaules, et glisser la boucle par-dessus le moyeu de la roue, la serrant d’un coup sec. « Tenez bon… » Cria-t-elle, en attrapant le bord de la roue alors que le courant faisait pencher le chariot d’un côté.

 

Puis la corde se resserra et le chariot tournoya, tordant et faisant perdre prise à Xena et envoyant la guerrière voler en amont du courant. L’eau torrentielle frappa son corps avec une force brutale, obscurcissant presque sa vision. Le courant la saisit, et elle fut sans défense bien qu’essayant frénétiquement de garder la tête au-dessus de l’eau, tressaillant lorsque la houle la jeta contre un rocher à demi immergé, et elle roula dans l’eau, levant le bras pour se protéger la tête.

 

Elle réussit à prendre une demi inspiration avant de couler à nouveau, cette fois avec la sensation d’un poids sur ses épaules alors qu’une grosse branche coulée la pressait au fond, les branches nerveuses s’emmêlèrent autour de son corps et des bords inclinés et acérés entourant sa nuque. Bon sang… elle jura intérieurement, luttant contre l’eau furieuse, dont le côté glacial aspirait rapidement sa force et engourdissait sa peau.

 

Puis une main attrapa son épaule et retira la branche, la tira par le col au-dessus du niveau de l’eau et elle réussit à reprendre une nouvelle inspiration haletante, toussant lorsqu’elle la sentit mêlée au liquide glacé.

 

« Xena ! » La voix de Gabrielle était teintée de crainte tendue. La guerrière sentit des mains chaudes agripper ses épaules et elle glissa sur le dos, laissant le courant les porter tout en attrapant le corps frissonnant de Gabrielle.

 

Un millier de pensées lui traversèrent l’esprit alors qu’elle secouait la tête pour enlever les cheveux mouillés de ses yeux, et elle croisa le regard anxieux du barde. Plus tard, décida-t-elle, il faut d’abord se sortir d’ici. « Merci », dit-elle en toussant, et elle vit le soulagement en réponse dans les yeux de sa compagne. « Il faut qu’on sorte d’ici. » Elle toussa à nouveau, crachant l’eau de la rivière qu’elle avait à demi inspirée, à demi avalée, et elle regarda devant elles, pour voir un courant dévier vers la rive, vers la silhouette d’un Arès qui courait anxieusement, et elle les emmena dedans.

 

Elle comprit son erreur presque immédiatement, mais elle n’avait pas le temps de la corriger, alors que l’eau furieuse les emmenait directement vers un tronc d’arbre à demi submergé, son bord proche coupé par la rivière montante. Le regard de Gabrielle s’agrandit et elle commença à plonger, mais Xena les fit tourner au dernier moment, entourant le barde de ses bras et se retournant pour prendre l’impact de l’arbre sur son propre corps.

 

Il ne vint jamais, alors que le torrent les submergeait, sous les racines émergentes, et les cognait toutes deux contre un mur de terre battue érodée, la rivière en crue sous elles.

 

Et la masse de l’arbre au-dessus d’elles, les piégeant sans défense contre la force des eaux qui arrivaient.

 

Le niveau monta alors qu’elles fixaient avec une incrédulité figée, la force de l’eau les clouant contre la rive, trop forte pour que même Xena puisse lutter contre.

 

Cette dernière jura violemment, le regard balayant leur prison jusqu’à ce qu’elle voit une faible ouverture près du coin le plus éloigné, et elle plongea dans sa direction, tirant Gabrielle avec elle. Elle poussa le barde contre le mur couvert de racines, et se tint derrière elle, les deux bras contre la masse de l’arbre au-dessus d’elle.

 

« Vas-y… je vais… pousser… » Réussit-elle à dire, sachant par la soudaine tension dans les épaules du barde qu’elle avait été entendue. « Tu devrais avoir juste assez de place pour sortir… mais… juste une seconde. » Une faible opportunité, mais possible, si Gabrielle avait de la chance et la force nécessaire.

 

Gabrielle se tourna et lui attrapa les épaules, l’eau tournoyant autour de leurs tailles. « Et toi ? » Hurla-t-elle.

 

Elle n’eut que le silence pour réponse.

 

« Si… » Finit par dire Xena. « Seule l’une d’entre nous peut réussir… le monde y gagnera plus avec toi, mon amour. » Un mouvement de tête. « Sois prête. » Elle ferma son esprit à tout… toute autre chose, rassemblant sa force.

 

Des mains sur son visage l’obligèrent à regarder, l’obligèrent à croiser ce regard vert brume pour ce qu’elle savait être la dernière fois. L’eau atteignait maintenant ses coudes, et elle relâcha une main des racines pour caresser doucement le visage de Gabrielle. « Pas de regrets, Gabrielle. »

 

Incapable de comprendre le regard complexe mêlé de tristesse et de joie, d’horreur et de soulagement qui se trouvait dans les yeux de Gabrielle. « Non », murmura le barde, entourant la nuque de Xena de ses bras pour s’y accrocher. « Où tu iras… j’irai. »

 

L’eau glaciale, le rugissement, l’engourdissement douloureux de ses membres diminua, jusqu’à ce qu’elle puisse sentir la pression des bras de Gabrielle autour d’elle, et la chaleur du corps du barde contre le sien. Et la paix tranquille de leurs âmes qui s’ajustaient, main dans la main. Elle savait qu’elle devrait discuter… devrait forcer le barde à partir. A s’échapper. Pour vivre.

 

Mais elle relâcha son autre main, et se tourna pour remettre son dos contre la rive en terre battue, alors que l’eau montait à la moitié de ses bras et elle serra Gabrielle contre elle avec toute la force qui lui restait. Elle sentit le barde lui rendre son étreinte.

 

« Pas de regrets, Xena », entendit-elle en réponse doucement dans son oreille. « Pas un seul moment passé. »

 

L’eau atteignit ses épaules, et elle sentit l’engourdissement s’étaler. Elle prit une profonde inspiration et fixa la Mort en face, ne ressentant aucune crainte, juste une calme acceptation. Elle sentit les bras de Gabrielle se resserrer et elle frotta le dos du barde, reposant sa tête contre celle de sa compagne et sentant la respiration de celle-ci s’accélérer.

 

« Je t’aime », murmura Gabrielle, et sa respiration envoya un minuscule frisson de chaleur sur la peau glacée de Xena. « Je t’ai toujours aimée… depuis l’instant où je t’ai vue… et tout ça en a valu la peine, tu comprends ? »

 

Un hochement de tête, alors que l’eau tournoyait à hauteur de son menton. « Gabrielle… je t’aime avec tout ce que je suis… et je t’aimerai toujours… peu importe ce qui arrive maintenant… tu te souviendras de ça, d’accord ? » Sa voix se brisa. « Peu importe ce qui arrive… tu me le promets ? »

 

« Je te le promets », hoqueta le barde alors que l’eau atteignait sa nuque. « Mais ceci ne va pas nous séparer, Xena. Je ne le laisserai pas faire. » Elle s’accrocha un peu plus. « Rien ne le fera. » Elle s’interrompit. « Promets-moi que tu le crois. »

 

« Je te le promets. » Xena glissa une main le long du cou de sa compagne, cherchant les points de pression. Le rugissement augmenta, et la rivière se déversa plus vite dans leur prison, cassant la rive, et envoyant un tournoiement empli de boue autour d’elle. Ses mains touchèrent des endroits familiers, et elle attendit encore une seconde avant de faire perdre conscience à Gabrielle, refusant que le barde ne subisse la terreur glaciale de la noyade.

 

Un dernier instant, elle mémorisa la sensation qu’elle avait d’elle, et elle laissa son cœur s’ouvrir totalement, submergée dans la chaleur profonde de leur connexion au fond de ses tripes, connexion qui défiait le froid de l’eau, et de l’obscurité. Il faudrait que ça lui dure… pour toujours.

 

Puis l’eau explosa à l’intérieur, emportée par le flot incessant, rugissant à travers les racines, et par-dessus les rives, alors qu’elle réclamait la terre dans une houle pleine de boue, aspirant la terre sous l’arbre.

 

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