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LONGEST NIGHT6

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Une Si Longue Nuit

 

par Melissa Good

 

Traduction : Fryda

(2006)

 

 

*********

Partie 6A

*********

 

Pour les avertissements et démentis, voir 1ère partie

 

*****

 

« Madame, il neige », dit Eustase en s’agitant par-dessus l’épaule de Cyrène, tandis que celle-ci finissait d’attacher les ficelles du dernier paquet d’une petite pile près d’elle sur la table.

 

« Merci pour le bulletin météo, ‘Stase », marmonna Cyrène d’un air absent, tout en rangeant les paquets dans un panier, avant de rayer un objet de la liste sur la table. « J’apprécie. »

 

« Mais… madame… vous n’allez quand même pas sortir par ce temps ? » Protesta la cuisinière. « Le soleil est même pas levé. »

 

Cyrène leva les yeux. « Bien sûr que j’y vais. » L’aubergiste lui lança un regard. « Par les dessous de la Grande Héra, Eustase, je vais juste de l’autre côté de la cour… je reviens tout de suite. » Elle se leva et s’enroula dans sa cape, releva la capuche et attacha la boucle. « Je n’ai pas eu l’occasion de faire ça pour le Solstice depuis bien trop longtemps… j’ai déjà apporté ceux de Toris et de Solan… je vais apporter ceux de mes filles… et je reviens tout de suite. »

 

Elle prit le panier et passa la porte, leva le bras pour se protéger de la neige qui tombait, et se fraya un chemin déterminé vers le chalet, dont elle pouvait à peine voir les contours peu éclairés dans la faible lumière reflétée par le sol couvert de neige. Elle avança avec précaution, consciente des couches de verglas, jusqu’à ce qu’elle atteigne la relative sécurité du porche du chalet. Par les dessous de la Grande Héra, en effet, s’émerveilla-t-elle. Contente que tout le monde soit là… c’est une journée parfaite pour rester à l’intérieur et avoir une grande fête chaleureuse toute la journée. Et quelle coïncidence… c’est exactement ce que nous allons faire. Elle rit doucement, en pensant au puits qu’ils avaient déjà rempli du cochon et scellé avant l’aube.

 

Elle poussa la porte et se glissa à l’intérieur, la refermant derrière elle avec soin ; et elle posa le panier sur la petite table, passant légèrement le bout des doigts sur l’armure brillante avant de jeter un coup d’œil vers le lit, très légèrement éclairé par la lueur rouge plate du feu, et les premières indications de l’aube claire. Arès était allongé au pied du lit, sa tête sombre posée sur ses pattes, ses yeux un simple scintillement tandis qu’il la regardait. Sa queue remua légèrement, mais il resta immobile, tandis qu’elle se rapprochait, et étudiait les autres occupantes du lit avec un sourire chaleureux.

 

Elle pouvait voir le visage paisible de sa fille, les traits puissants détendus dans le sommeil, avec la tête claire de Gabrielle posée sur son épaule. Les sourires infimes sur les deux visages amenèrent un écho affectueux dans celui de Cyrène.

 

Si différent de ce dernier Solstice avant Cortese. Cyrène soupira au souvenir, rappelant difficilement une image tranquille où elle entrait doucement dans la chambre de sa jeune fille, pour la trouver blottie, éveillée et silencieuse dans l’obscurité de l’avant aube.

 

Elle savait qu’il n’y avait eu aucun moyen de prévenir Xena des dangers du cœur… que pourrait-on dire ? De ne pas faire confiance ? De ne pas ouvrir son cœur à quelqu’un d’autre ? Elle aurait pu parler, supposa-t-elle… mais… c’était un risque que tout le monde prenait, et dont la plupart apprenait, après un moment, à s’en préserver plus ou à en endurer la douleur.

 

Le problème de Xena avait été qu’elle avait cru que les autres feraient, comme elle, confiance en toute honnêteté et entièrement, sans penser à tromper.

 

Ça avait été dur… pour elle, de découvrir comment si rapidement une main tendue par l’amitié pouvait se changer en frappe moqueuse, un sourire chaleureux devenir une raillerie, et sa première incursion en amour lui était revenue au visage comme n’étant qu’un défi… un pari gagné par un gamin sur ses copains pour voir si la fille qu’aucun d’eux ne pouvait vaincre dans les luttes juvéniles pouvait être vaincue autrement.

 

Lycéus, bien entendu, dans son ardeur adolescente, s’était hérissé et avait pratiquement quitté la maison en courant quand il avait entendu ça… avec l’intention d’obtenir un prix pour la douleur infligée à sa sœur si précieuse. Mais Xena l’avait arrêté, agrippant sa manche d’une main puissante, et d’une voix tranquillement neutre. « Je m’en suis occupée. » Et elle l’avait simplement lâché et était allée dans sa chambre se blottir sous les couvertures et repousser le reste du monde de son esprit.

 

Et Cyrène s’était alors approchée du lit, et avait posé ses petits paquets tout en s’asseyant sur le bord, caressant doucement les cheveux noirs soyeux pour les écarter de ces yeux clairs et tristes. « Ma chérie, ça ne sera pas toujours comme ça », lui avait-elle dit doucement. « Tu verras. »

 

Mais Xena avait secoué la tête, consciencieusement, avec une détermination juvénile absolue. « Je le referai jamais. »

 

Et pour ce désenchantement dans les yeux de sa fille, Cyrène aurait pu aller tuer ce maudit gamin elle-même. Et de savoir combien la jeune fille souffrait avait rendu ce qui s’était passé encore pire… de voir cette froideur s’installer sur ces yeux, et sa bonne nature devenir de la colère, et de la sauvagerie cruelle…

 

Cyrène soupira et laissa l’image s’évaporer, la remplaçant avec ce qu’elle voyait devant elle maintenant, cette jeune fille qui avait, d’une certaine façon… cherché en elle-même et ouvert une porte longtemps fermée, prenant un risque effrayant sur la chance qui, comme Cyrène l’avait dit, pouvait être vraie. Et elle l’avait été, que les Parques en soient remerciées, ainsi que Gabrielle.

 

Après un moment de silence, elle se tourna et ouvrit doucement le panier, posa rapidement son contenu sur la table, puis le referma une fois vidé, avant de se diriger vers la porte, s’arrêtant la main sur le bois tout en se tournant pour regarder derrière elle, et inscrire la vue dans sa mémoire. Puis elle sourit et se glissa dehors dans le froid du petit matin de Solstice.

 

*******

 

Iolaus laissa à contrecoeur le monde réel faire intrusion dans son rêve plutôt plaisant tandis qu’il sentait le matin approcher. Il devint paresseusement conscient de son environnement, le doux craquement plaisant du feu, les couvertures propres et confortables qui enveloppaient son corps délicieusement chaud, le léger tambourinement de la neige qui frappait la vitre… les doigts d’Hercule entourant fermement son avant…

 

Il ouvrit si brusquement ses yeux clairs que la chambre se mit à tourner, et Iolaus sentit son cœur quasiment sortir par ses oreilles dans sa hâte d’apporter du sang à son cerveau. Avec précaution, il roula la tête sur la gauche, et cligna des yeux vers les cheveux fauves posés contre son épaule, avec un vague sentiment de panique.

 

Respire, s’ordonna-t-il à lui-même. Il était soul ou bien il rêvait, c’est rien. Calme-toi. Respire. C’est ça… inspire, expire, inspire, expire… ok. Lentement, son pouls se ralentit, et il lança un second coup d’œil. Ok… ok… c’est pas grand-chose… il a juste roulé dans son sommeil et a attrapé quelque chose par réflexe… c’est juste mon bras. Rien d’excitant là-dedans… bouge, bouge, c’est mieux.

 

Ok. Il regardait maintenant le plafond, et considéra ses options. Il pourrait… bouger, et réveiller Hercule, ce qui provoquerait une scène et embarrasserait beaucoup son ami. Il pourrait… doucement réveiller le demi dieu… et obtenir le même effet. Ou bien il pourrait… juste se rendormir et prétendre que rien n’était arrivé. Quand Hercule se réveillerait, il se sortirait de là lui-même avec un minimum d’embarras pour tous les deux.

 

Il étudia l’expression tendue et épuisée sur le visage du demi dieu et soupira, souhaitant pouvoir faire autre chose pour Hercule… mais cet homme-là ne lui parlerait même pas de ce qui l’ennuyait… il avait espéré que peut-être Xena… et bien, ils les avaient vu se parler la veille au soir, et Herc semblait un peu plus joyeux après ça alors…

 

Rendors-toi… ça semblait être… pensa Iolaus, la meilleure solution. Il ferma les yeux tandis que son corps recommençait à se détendre, s’imprégnant de la chaleur du grand corps de son compagnon avec un plaisir nonchalant. Bon, ça m’a l’air assez innocent… décida-t-il, en retombant dans un léger somme.

 

******

 

Xena était vaguement consciente de rêver, d’une manière bizarre et saugrenue quand l’animal en peluche qu’elle tenait commença à lui parler. Elle l’écouta un moment, mais il récitait simplement une recette de saucisse, de saucisse d’agneau, ce qui lui sembla plutôt idiot parce que c’était un agneau en peluche qui parlait.

 

Elle le posa, et marcha dans son rêve, chassant quelques canards, qui portaient des écharpes de manière incongrue, et elle finit par s’asseoir dans un tas de pétales, qui s’élevèrent et la couvrirent à demi de leur douceur odorante. Elle s’allongea et laissa le soleil chaud l’imprégner, se rendant à peine compte du moment où le rêve devint réalité et que la chaleur du soleil fut remplacée par la chaleur du feu de leur chalet, et que la douceur des fleurs fit place à la légère pression des lèvres de Gabrielle sur elle.

 

Elle ouvrit les yeux, et regarda droit dans les étangs vert brume qui la fixaient, et elle sourit par pur réflexe. « Salut. » Elle s’éclaircit légèrement la gorge, clignant des yeux endormis vers sa compagne. Quelle façon agréable de se réveiller… « Bonjour… »

 

Gabrielle lui sourit et l’embrassa à nouveau. « Joyeux anniversaire… joyeux Solstice », répondit-elle, tout en se penchant en avant pour s’appuyer sur un coude, l’étudiant, avant de lancer un regard par-dessus son épaule vers la fenêtre. « Tu ne vas pas croire quel temps il fait. »

 

Xena pencha la tête et regarda la fenêtre, puis se redressa lentement tout en regardant dehors. « Bien », grogna-t-elle, et elle se laissa retomber en attirant le barde avec elle. « Si c’est le pire qui doit arriver aujourd’hui, je prends. » Elle sentait une lassitude rêveuse la titiller, et elle s’y détendit, savourant les sensations simples de la chaleur du lit et de la présence de sa compagne.

 

Les sourcils de Gabrielle s’arquèrent tandis qu’elle se blottissait un peu plus et glissait les mains sur le corps détendu de Xena, passant le bout de ses doigts sensibles sur les cicatrices à peine visibles sur ses cotes. « Tu penses que quelque chose de mauvais va arriver ? » Elle chatouilla légèrement le nombril de la guerrière, et vit le bref sourire passer sur son visage, et elle lui fit écho.

 

La guerrière haussa les épaules. « Avec notre pot habituel… bien sûr. » Elle rit. « Je dirais une tempête de neige… et toi ? »

 

Le barde lui mordilla la clavicule. « Mmmm… pas mal. » Elle leva les yeux et plissa le front. « Xena ? »

 

« Hmm ? » Une réponse paresseuse. Dieux… il faut que je bouge… allez maintenant… Elle se força à ouvrir les yeux et tourna la tête vers Gabrielle, admirant la lumière du feu qui scintillait sur son visage.

 

« C’est quoi sur la table ? » Le regard du barde alla dans cette direction, et elle se remit sur un coude. « Ça n’y était pas hier soir. »

 

Xena cligna des yeux, puis regarda et cligna à nouveau des yeux. « Hum… » Elle se redressa puis balança les jambes hors du lit et alla vers la table, posa les mains dessus et étudia le contenu. « Hum. »

 

Gabrielle la rejoignit, frottant sa joue contre le haut du bras de Xena tout en glissant une main sur son dos. « Tu l’as déjà dit ça », dit-elle. C’est quoi ce truc ?

 

La guerrière toucha légèrement les paquets et soupira. « Je ne… oh bon sang… je n’ai pas… » Elle s’assit sur la chaise près de la table et posa les avant-bras. « Elle faisait ça quand on était petit. » Elle leva les yeux vers Gabrielle qui s’était assise près d’elle, et examinait les petits tas avec intérêt. « C’est… ce sont juste des petits trucs… frivoles… un sachet de noix, un petit jouet… ce genre de choses. On se levait le matin du Solstice et on trouvait ça au bout de nos lits. » Et elle a apporté ça sans que je le sache… bon sang… je devais être plus soule que je ne pensais. Elle regarda Arès d’un air accusateur. « Pas même un grognement ? »

 

Le loup remua la queue et mit le museau dans son coude, réclamant une friandise. Xena soupira et lui gratta les oreilles. « Tu deviens aussi paresseux que moi, mon gars. » Elle lança un regard légèrement penaud à Gabrielle. « Maman a dû apporter ça ce matin. »

 

Le barde rit de ravissement. « C’est vraiment gentil. » Elle toucha les paquets du bout du doigt. « On n’a jamais fait ça, nous. » Son sourire s’effaça lentement. « On ne faisait pas grand-chose… pour le Solstice. » Elle baissa les yeux vers le sol. « On… se levait, et… on était… oh, jugé, je présume. Si on avait été gentil, on avait quelque chose, sinon… » Elle haussa les épaules. « Je n’avais pas beaucoup de cadeaux. »

 

Sauf ce dernier Solstice… celui avant qu’elle ne rencontre Xena. Il pensait l’avoir brisée cette année-là… elle n’avait pas raconté d’histoire depuis le printemps, et elle s’était tenue à la routine qu’on lui avait imposée. Laver. Aider. Parler quand on lui parlait.

 

Elle s’était levée ce matin-là et s’était habillée, avant que quiconque soit debout, et elle était tranquillement assise dans la salle de devant, à regarder par la fenêtre les arbres qui remuaient à cause du vent ce matin gris de Solstice. Elle se sentait aussi grise que les nuages.

 

Mais elle avait eu des cadeaux… des nouvelles jupes, et des chaussures… et un tablier… des rubans pour ses cheveux. Elle l’avait remercié avec soin, les avait rangés, et elle s’était assise dans le calme paisible, à regarder le sol. Et plus tard, après qu’il était allé à l’auberge, Lila était venue s’installer sur son lit dans leur chambre, et elle l’avait priée dans un murmure de raconter une histoire.

 

Et elle n’en avait trouvé aucune.

 

Elle s’était juste sentie… vide.

 

Xena prit sa main et la frotta doucement. « Je pense que ça va changer, mon amour. » Elle sourit à sa compagne. « Pourquoi tu ne t’occupes pas de ça pendant que je mets de l’eau à chauffer ? Je pense… » Elle regarda dans le panier sur la table. « Oui oui… maman a aussi apporté quelques bonnes choses. » Elle sortit un muffin du panier et le tendit au barde.

 

Un sourire revint sur le visage de Gabrielle et elle prit le muffin et en mordilla un coin. « D’accord. » Elle s’adossa dans le fauteuil et releva les jambes, les croisa et empila les petits paquets avec son nom sur ses cuisses. Xena mit la casserole d’eau à chauffer puis prit un châle de la commode et le mit autour des épaules de Gabrielle, tandis qu’elle rejoignait sa compagne pour ouvrir les petits cadeaux.

 

Un léger rire. « Oh… Xena regarde. » Gabrielle levait un petit écureuil qui tenait une plume. « C’est siiii mignon… »

 

Xena examina le jouet en peluche avec intérêt. « Hé… il te ressemble un peu », la taquina-t-elle, puis elle leva son propre jouet, un lapin à l’air féroce qui tenait une épée miniature. Elle posa le lapin près de l’écureuil, et elles rirent en chœur à cette vue. « Dieux », dit Xena en soupirant. « Je suppose que c’est nous, hein ? » Elle se leva et versa l’eau qui bouillait sur les herbes qu’elle avait mises dans deux grandes tasses, et elle les remua, tandis que Gabrielle continuait son exploration, mâchouillant un muffin dans une main tout en déballant de l’autre.

 

Elle s’assit à nouveau, posa le thé du barde sur la table, et se contenta de la regarder pendant un moment, touchant le paquet sur ses cuisses, mais préférant savourer le ravissement de Gabrielle. Les paquets étaient, comme elle s’en souvenait, des petites choses frivoles, des sachets de noisettes grillées roulées dans du miel et des épices, des boutons sculptés, les jouets en peluche… et puis Gabrielle déballa un petit sac, qu’elle ouvrit et elle le vida dans sa paume.

 

C’était une petite clé en cuivre. Le barde plissa le front. « Je ne… Xena, à quoi tu penses que ça sert ? » Elle leva les yeux vers un regard bleu chaleureux, qui descendit vers un objet dans la paume de Xena.

 

« Je pense que c’est fait pour ça », répondit calmement la guerrière, en levant le petit verrou en forme de cœur en cuivre. Elle regarda Gabrielle insérer doucement la clé, et le verrou s’ouvrit.

 

Elles se regardèrent. « Je suppose que ça explique tout », dit Xena, avec un petit sourire tandis qu’elle sortait la clé et la tendait au barde. « Viens… on s’habille et on y va… tout le monde doit être debout maintenant. »

 

Gabrielle hocha la tête, puis prit la clé et retira son collier en argent avec soin, accrocha la clé dessus et le rattacha autour de son cou. Xena sourit et fit la même chose avec son petit verrou, puis elle se leva et tendit la main à sa compagne. « On y va ? »

 

« Mmm… » Gabrielle se laissa mettre debout. « On ferait mieux… tous ces gens piégés dans cette petite auberge… ça pourrait devenir dingue. » Puis elle s’avança et passa les bras autour de sa compagne, et la serra aussi fort qu’elle pouvait. « Ça va être le meilleur Solstice depuis toujours. »

 

********

 

« Il neige », annonça Eponine en regardant par la fenêtre de la chambre d’Ephiny.

 

« Mmhmm », acquiesça solennellement la Régente tout en beurrant un muffin, puis elle versa un peu de miel dessus et le tendit à l’Amazone brune. « Tiens. »

 

« Merci », dit Eponine en soupirant, tout en retournant un regard maussade vers la fenêtre. « Je voulais sortir courir… mais on dirait bien que je risque de geler sur place. »

 

« Ce serait une mauvaise idée », dit Ephiny en venant derrière elle pour étudier la vue de la fenêtre. Voyons voir… j’en ai assez de ce flirt adolescent. Il est temps de mettre mes dinars de Régente là où je mets ma grande gueule. « Tu aurais vraiment l’air idiot gelée, Pony. Il faudrait qu’on te dégèle et ça pourrait tourner à l’affreux. »

 

La maîtresse d’armes rit doucement. « Ouais, tu as sûrement raison… c’est juste que je deviens irritable à rester tout le temps à l’intérieur. » Elle mordilla le muffin pensivement.

 

« Hmm… » Ephiny s’appuya contre le mur, se rapprochant. « Je pense que tu as besoin de développer un passe-temps, Pony. »

 

Le mordillement s’arrêta et des yeux couleur caramel inquiets la regardèrent. « Ah oui ? Tu veux dire comme… sculpter… ou bien un truc comme ça ? » Un autre mordillement, et elle avala. « Ou jouer aux cartes ? »

 

Ephiny se rapprocha et vit le battement sur le pouls de l’Amazone brune. C’est maintenant ou jamais… j’espère que je ne me trompe pas. « Nan… je pensais plutôt à quelque chose comme ça. » Elle se pencha et l’embrassa légèrement, savourant le goût subtil du miel du muffin sur ses lèvres.

 

Puis elle dut plonger vers l’avant et rattraper Eponine dont les jambes lâchaient et qu’elle tombait au sol. Elles finirent en pile, avec une Ephiny hilare. « Et bien… il faut que je te dise… que ça n’est jamais arrivé auparavant », dit-elle ironiquement, en étudiant le visage soudain pâle devant elle. « Hé… ça va ? Je ne voulais pas… »

 

Eponine rougit et elle pencha la tête, marmonnant quelque chose d’incohérent tout en luttant pour s’asseoir. « Je… euh… » Balbutia-t-elle, refusant de croiser le regard d’Ephiny.

 

« Hé… » La Régente lui prit le visage dans sa main. « C’est bon… écoute, je n’aurais pas dû faire ça. Je suis désolée. »

 

Eponine arrêta de lutter un instant, puis leva les yeux, croisant timidement le regard d’Ephiny. « Moi pas. » Elle remua la main. « Tu… m’as juste prise par surprise… c’est tout. »

 

« Ah oui. » La Régente rit doucement. « J’oubliais… que tu détestes les surprises. » Elle tendit la main et massa la nuque d’Eponine, et elle sourit en sentant le corps de la jeune femme brune bouger. « Maintenant que tu as été prévenue… et puisqu’on est déjà sur le sol, tu veux réessayer ? »

 

La main d’Eponine glissa le long de son bras en réponse, et elle se pencha, emmêlant les cheveux noirs entre ses doigts, attirant l’autre Amazone, et cette fois, Eponine répondit avec enthousiasme. Ephiny n’avait aucune idée du temps qui avait passé avant qu’elles ne s’arrêtent, blotties l’une contre l’autre sur le tapis doux près du feu.

 

« Je pense que tu avais raison au sujet de ce passe-temps », murmura Eponine.

 

« Contente que tu le penses », répondit Ephiny dans un souffle tout en s’étirant sur le côté, avant de passer les doigts sur la poitrine d’Eponine. « Je pense que je vais m’y mettre aussi. »

 

********

 

Xena resserra le manteau autour d’elle et avança dans la neige qui tombait, un bras autour de la silhouette vêtue de laine de Gabrielle, l’autre protégeant ses yeux contre les flocons humides. Arès trottinait devant elle, éternuant lorsque la neige atterrissait sur son museau, et secouant son poil rapidement pour s’en débarrasser.

 

« Attends. » Xena dirigea sa compagne vers un petit groupe qu’elle avait repéré, agglutiné dans une zone à l’arrière de la cuisine. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Elle passa la tête. « Maman ? »

 

« Je vérifie juste le cochon, ma chérie. » Cyrène lança négligemment une boule de neige au visage de sa fille, peu surprise de la voir la dévier d’un geste nonchalant de la main.

 

Xena jeta un coup d’œil au puits à demi-découvert dans le sol avec curiosité, et échangea un regard perplexe avec Gabrielle, qui haussa les épaules sous son manteau lourd. « Euh… maman… il y a un trou dans le sol. »

 

Cyrène alla vers elle et se tint dans l’abri confortable de sa grande stature. « Oui, je sais… et dans ce trou il y a un cochon, au dessus d’un feu qui s’est longuement consumé, farci avec tous les fruits secs que j’ai pu récupérer, et enveloppé dans de la paille humide. »

 

« Oh. » La guerrière produisit un rire de surprise. « Et à propos… » Elle enveloppa sa mère dans une embrassade. « Merci pour les trucs. »

 

Cyrène sourit contre le tissu épais du manteau de Xena. « Ça m’a rappelé quelques bons souvenirs… » Elle relâcha sa fille et fut immédiatement enveloppée dans une seconde étreinte par Gabrielle. « Hé mignonne… tu as aimé l’écureuil ? »

 

Gabrielle acquiesça de la tête. « Ouais… j’ai tout adoré… c’était vraiment gentil. » Elle soupira de joie. « Comment ça va par ici ? »

 

Cyrène pinça les lèvres. « Et bien… j’ai deux aides en plus… ta mère, et la mère de Jessan, qui est très gentille. » Elle les regarda. « Elle m’a raconté des histoires vraiment intéressantes. »

 

Les regards bleu et vert se croisèrent. « Oh non », marmonnèrent-elles en chœur.

 

L’aubergiste mit la main sur l’épaule de Gabrielle. « Ma chérie, je ne pense pas que ta mère soit… hum… aussi habituée au genre de choses dans lesquelles vous vous embarquez que moi. »

 

« Hum… non… non… elle est… plutôt préservée », dit Gabrielle en tressaillant. « Oups… j’avais oublié ça. »

 

Xena passa un bras autour d’elle et l’attira plus près. « Et bien, vois les choses comme ça. » Elle posa la tête contre celle du barde. « Après cette fête… tu n’auras probablement plus à t’en inquiéter. »

 

« Mpf. » Gabrielle lui donna un coup du dos de la main dans l’estomac. « Merci », dit-elle en soupirant. « Allez… on entre… je gèle. »

 

La guerrière l’enveloppa immédiatement dans son manteau, serrant bien le tissu, amenant leurs corps l’un contre l’autre. « Ça va mieux ? » Demanda-t-elle, ignorant le sourire narquois de sa mère. « Tout le monde est debout ? » Elle dirigea sa question vers l’aubergiste.

 

Cyrène les étudia avec un regard affectueux. « Et bien, non… en fait… vous faites partie des premiers, pour tout dire. » Elle resserra son propre manteau et les dirigea vers la porte de la cuisine. « J’étais un peu surprise… je présume que tout le monde traîne au lit aujourd’hui… ils doivent être encore fatigués après tous les tracas de ces derniers jours. »

 

Xena tint la porte ouverte et échangea un regard ironique avec sa compagne. « Hum… des tracas ? Raconte… on n’a pas eu l’occasion de prendre les… euh… nouvelles encore. » Elle leva les yeux et fit un signe de la tête à Hécuba, et sourit à Wennid, qui tranchait des légumes en formes bizarres avec un sourire ironique sur le visage.

 

« Ils ne vous ont pas parlé du puits à cochon alors ? » Demanda celle-ci, l’air de rien, en jetant un bout de racine dans une marmite d’eau près d’elle. « Mmm… »

 

Hécuba redressa la tête. « Un puits à cochon ? Je n’ai pas entendu parler de ça non plus. »

 

Xena retira son manteau et soulagea Gabrielle du sien, tandis que le barde rejoignait les deux femmes à la table et prenait un bout de carotte pour le mâchouiller pensivement. « Non… on n’a pas entendu parler de ça encore… je suppose que nos invités font la grasse matinée aujourd’hui… ça doit être le temps », dit la jeune femme blonde, en brossant un peu d’humidité restante sur sa chemise en laine verte.

 

Des regards significatifs firent le tour. « Qui est encore au lit ? » Demanda Xena nonchalamment, en passant la tête dans la grande salle pour compter les présents. « Hmm… Herc et Iolaus… Ephiny et Eponine… et Toris et Granella. » Elle recourba les lèvres en repérant Kaleipus dans une conversation profonde avec Hérodotus et Lestan dans le coin, et Cait qui amusait son fils avec… Elle plissa les yeux. Hmm. Une leçon pour poser les pièges. Oh bon.

 

Elle retourna son attention vers la table de la cuisine où les sourires narquois s’échangeaient, et elle haussa les sourcils. « Allons… c’est une belle journée pour traîner au lit… le temps, on a eu une soirée tardive hier… » Elle tira avec emphase sur les poignets de la tunique bordeaux qu’elle portait.

 

Elles la regardèrent avec des expressions ironiques.

 

Xena secoua la tête avec une fausse sévérité. « Quels esprit tordus… j’avais des pensées plus pures autour de moi quand je dirigeais mon armée. » Ça m’a pris du temps avant que je puisse blaguer là-dessus… Mais elle ne vit qu’une expression indulgente sur le visage de sa mère, et un sourire réprimé de la part de sa compagne.

 

Wennid ricana brièvement. « Tu veux entendre l’histoire du cochon ou pas ? » Elle fit des petites boucles avec une carotte et les posa dans un bol d’eau.

 

Xena s’appuya contre le comptoir et croisa les jambes aux chevilles, prit un muffin et le mordilla. « J’adorerais ça. »

 

**********

 

« Où tu vas ? » La question surprit Jessan qui était en train d’attacher les lacets de sa chemise en laine épaisse. Il se retourna et baissa le regard.

 

« Oh… salut Iolaus. » L’être de la forêt plissa le front. Qu’est-ce qu’il a ? « Hum… je sortais pour jeter un coup d’œil sur les chevaux… pourquoi ? »

 

« Je viens avec toi », déclara le jeune homme blond avec un hochement de tête nerveux. « Allons-y. »

 

« Euh… bien sûr… » Dit Jessan en lui faisant signe de descendre l’escalier. « Euh… tu es… hum… sûr ? Je veux dire… il neige plutôt fort là dehors… euh… c’est plutôt profond à certains endroits… »

 

Les yeux clairs le fustigèrent. « Tu es en train de dire que je suis petit ? » Grogna Iolaus.

 

Jessan écarquilla les yeux. Bon sang comme il a l’air échauffé et ennuyé. « Euh… non ! Non… hum… pas du tout… ben, la plupart des humains le sont pour moi, t’sais… je veux dire, regarde-moi, hein ? Plus de deux mètres… » Il regarda Iolaus. « Tu vas bien ? »

 

Iolaus prit une profonde inspiration, sentant une forte chaleur le traverser encore. « Je vais… bien… » Une pensée chaleureuse glissa le long de sa colonne avec séduction. « J’ai juste besoin d’air frais. » Se rendormir avait été… une mauvaise idée. Il frissonna.

 

« Ah. » Jessan ferma à demi les yeux et étendit sa Vision, puis courba un sourcil poilu tout en réfrénant un sourire. « Bien sûr… pas de problème, Iolaus… allons-y. » Il donna une tape sur le dos du petit homme et l’emmena dehors en bas des marches, baissant la tête face à la neige qui tombait.

 

Ils marchèrent péniblement en silence jusqu’à l’écurie, et se glissèrent à l’intérieur, et Jessan sourit quand son odorat fut assailli par les odeurs chaudes du foin et des chevaux. « Salut les petits… »

 

Eris hennit et redressa la tête pour renifler vers les deux humains, puis il passa le cou par-dessus la cloison de la stalle et mordilla la crinière couleur paille d’Argo.

 

Iolaus se frotta les mains brusquement et les posa sur le bois rugueux de la stalle. « Ils se connaissent ? « Demanda-t-il à Jessan, maintenant plus détendu.

 

L’être de la forêt tapota l’étalon noir affectueusement. « Ouaip… Xena l’a faite saillir par Eris quand elle est venue la saison dernière. » Il ébouriffa la crinière de l’étalon. « Alors ils forment un couple… » Puis son regard prit une lueur d’amusement. « Ça a l’air d’arriver pas mal par ici, j’ai remarqué. »

 

Iolaus lui lança un regard froid. « Qu’est-ce que tu entends par là ? »

 

Des yeux dorés clignèrent innocemment face à lui. « Hum… rien… ben, tu sais, j’ai remarqué que le frère de Xena et cette Amazone… et ces deux autres Amazones… c’est plutôt mignon. » Il sourit, montrant le bout de ses crocs.

 

« Oh. C’est vrai. » Iolaus rit, soulagé. « Ouais, ils font de jolis couples… » Une pause embarrassante s’installa. « Hum… alors, depuis quand tu connais Xena et Gabrielle ? » Il s’installa sur une meule de foin et en mâchouilla un brin.

 

Jessan se mit à l’œuvre pour nourrir les chevaux. « Et bien, pas si longtemps en fait. On s’est rencontrés par accident en quelque sorte. »

 

Iolaus se détendit un peu plus. « Ça arrive souvent. » Il hocha la tête. « Elles passent par-là. »

 

L’être de la forêt sourit sans être vu. « Ouais… c’est ce que j’ai entendu dire. Bref, je me suis mis dans les ennuis et Xena est arrivée et elle m’a sorti de là… »

 

Un léger ricanement de la part du jeune homme blond. « Ça arrive souvent aussi. »

 

Jessan le regarda. « J’ai aussi entendu dire ça. » Il mit du grain dans un seau pour Eris et Argo, puis alla s’occuper du cheval de son père. « Elles ont fini par nous rendre visite plusieurs fois… et on est tous devenus amis. » C’est pas une bonne version courte ça ?

 

Iolaus hocha tranquillement la tête. « On a entendu parler de Cirron. » Il donna des coups de pied dans la meule, puis en sauta et alla vers le distributeur de foin. « Tiens… je vais t’aider. » Il souleva du foin et alla vers l’auge pour le déposer, puis répéta le mouvement à la stalle suivante.

 

Avant même de s’en apercevoir, il parlait, racontant à l’être de la forêt tout ce qui s’était passé dans la mine ; racontant à un public silencieux qui vaquait dans l’écurie, écoutant sans l’interrompre. « C’était… ça l’allusion hier… » Il se calma enfin, soupirant, caressant les flancs lisses d’Argo. « Je sais que ça le tue… j’aimerais juste pouvoir faire quelque chose. »

 

Jessan s’assit sur une meule, et entrelaça ses grands doigts, réfléchissant. Il en avait entendu les grandes lignes par Toris pendant qu’ils décoraient la veille, et il pensait demander des détails à Xena. Surtout sur l’implication d’Arès. Mais ceci… quel genre de chose avait pu subvertir quelqu’un comme Hercule ? Et… pensa-t-il tranquillement, qu’il soit battu par Xena. « Iolaus… » Il secoua lentement la tête. « Ça dépasse mon expérience… qu’est-ce que dit Xena ? »

 

Le jeune homme blond leva les mains et les laissa retomber. « Ils ont parlé hier soir… je ne sais pas… » Il eut un regard d’excuses. « Désolé… je ne voulais pas prendre ton temps. » Il jeta un coup d’œil alentours. « On dirait bien qu’on va devoir aller chercher de l’eau. »

 

L’être de la forêt hocha la tête. « Ouais… je vais chercher des seaux. » Il fit une pause. « Et… je n’ai pas perdu mon temps, Iolaus… j’aimerais pouvoir faire quelque chose… mais le mieux que tu puisses faire c’est de laisser Xena s’en occuper. » Il eut un regard ironique. « Elle est vraiment bonne pour ce genre de chose. » Il s’interrompit. « Résoudre les problèmes… je veux dire… elle l’a été pour nous assurément. »

 

Iolaus réfléchit à ces paroles et sentit son anxiété diminuer un peu. « Ouais… je sais… mais c’est un peu étrange… c’est nous qui réglons les problèmes en général. » Il laissa passer un petit soupir inquiet. Et qu’est-ce que je vais faire s’il se souvient de tout ce qui est arrivé ? Il mâchouilla ses lèvres. Les marques sur mon dos… ouais… mais le reste ? Il ferma les yeux d’un air las, sursautant en sentant la main de Jessan sur son épaule. « Désolé… des seaux, d’accord ? »

 

Jessan l’étudia tranquillement. Il a besoin de parler à quelqu’un. Une image se forma dans son esprit de cheveux dorés ardents et d’yeux verts souriants, et il ressentit du soulagement. Ouais c’est ça la solution. « Euh… des seaux. Oui oui… si tu veux bien prendre ces deux-là, je vais chercher une hache pour la glace. »

 

******

 

« Attendez un peu ? » Gabrielle leva la main en riant légèrement. « Ils sont tombés dans un piège à sanglier après être tombés dans un trou boueux ? »

 

Wennid jeta une carotte dans l’eau. « Apparemment. » Elle renifla. « C’est ce qu’ils sentaient quand on les a trouvés. » Elle plissa le museau. « Imaginez ma surprise… nous voilà, en train de marcher dans la neige, et on trouve… un trou dans le sol rempli d’héros et d’Amazones boueuses. » Elle s’interrompit et regarda Xena qui écoutait silencieusement. « Et ton frère. »

 

Xena rit et se repoussa du comptoir, faucha un autre muffin et le lança en l’air. « Je reviens tout de suite », leur dit-elle, tout en sortant de la cuisine pour entrer dans la salle de repas de l’auberge. Solan la vit immédiatement et se tortilla pour se mettre debout, se dirigeant vers elle avant de se jeter dans ses bras avec un abandon puéril.

 

« Joyeux Solstice, maman. » Il sourit puis fronça les sourcils, et tira sur le col de sa tunique. « Tu m’as pas dit que c’était ton anniversaire », dit-il d’un ton accusateur.

 

Xena soupira et le porta jusqu’à une chaise près du feu, l’y installa et l’entoura de ses bras. « Je sais… désolée… » Elle le fixa pensivement. « Je n’ai pas vraiment l’habitude que tout le monde soit au courant. »

 

Il sembla l’accepter et se blottit dans ses bras. « Grand maman m’a donné plein de trucs sympas. » Il leva les yeux vers elle. « C’était vraiment génial. »

 

Xena lui valut un sourire de sa mère. « Ouais… elle nous a aussi donné des trucs sympas », répondit la guerrière en repoussant les cheveux des yeux du garçonnet. « On a des trucs pour toi aussi… pour après la cérémonie. » Elle sourit quand il bondit sur ses genoux tout excité. « Je suis content que tu aies pu venir. »

 

Il rayonnait. « Vraiment ? »

 

Elle lui toucha le nez du bout du doigt. « Ouais. » Je suppose que je peux lui donner quelque chose maintenant… J’espère que Gabrielle avait raison et que c’est quelque chose qu’il voulait vraiment. Elle l’étudia. « Ecoute… hum… on a des choses à faire cet été… peut-être qu’à l’automne tu pourrais revenir ici… rester un peu avec nous. »

 

Elle sentit sa respiration s’arrêter, et vit ses yeux s’agrandir. « Tu penses que tu aimerais ça ? » Demanda-t-elle doucement, avec espoir.

 

« Oui », répondit-il d’un ton étouffé, et il enfouit son visage dans le tissu de sa chemise, les mains serrées sur la laine douce.

 

Xena le serra contre elle et mit sa tête sous son menton, le berçant lentement d’avant en arrière. « Solan… je suis désolée… pour beaucoup de choses. » Elle soupira. « Je vais essayer de me rattraper, promis. »

 

Il l’agrippa plus fort et renifla. « Tu es le meilleur cadeau de Solstice au monde », murmura-t-il doucement.

 

La guerrière sourit tristement et fixa le feu un long moment, jusqu’à ce qu’elle sente des mains sur ses épaules, et elle leva les yeux pour voir le regard inquiet de Gabrielle, d’un ambre clair dans la douce lumière du feu. « Salut. »

 

Solan leva aussi les yeux et sourit. « Vous allez être unies aujourd’hui, pas vrai ? »

 

Gabrielle hocha la tête. « C’est ça… enfin… officiellement. » Elle échangea un sourire avec sa compagne. « Pourquoi ? »

 

Ses yeux brillèrent d’espièglerie. « Alors… après aujourd’hui je pourrai t’appeler maman aussi ? »

 

Le barde rit doucement. « Bien sûr… pourquoi pas ? » Elle tendit la main et lui pinça le nez, puis elle lança un regard ironique à Xena. « Mes parents ne peuvent pas criser plus qu’ils ne le font déjà. » Ça va être… très étrange au tout début, je pense… mais… Elle laissa un frisson glisser le long de sa colonne. Plutôt sympa.

 

Solan lui fit un sourire satisfait, et se nicha à nouveau dans les bras de Xena.

 

Celle-ci le regarda. « Alors… c’était ça le plan ? » Demanda-t-elle avec un sourire espiègle.

 

Il cligna vers elle de ses yeux bleus innocents. « Un plan ? »

 

Elle haussa un sourcil et il gloussa.

 

Gabrielle se pencha en avant et le cloua du regard. « Solan… tu es peut-être un garçon très intelligent… » Elle baissa la voix jusqu’à un murmure. « Mais n’oublie pas de qui ça te vient, OK ? » Elle cligna d’un œil et donna un coup de la tête dans la direction de Xena. « N’essaie pas de l’avoir. Ça ne marche pas. Je suis bien placée pour le savoir. »

 

Il gloussa encore plus fort. « Ok. » Il rougit un peu et regarda sa mère, qui lui souriait. « Ouais… ça marche juste comme je le voulais. »

 

Xena l’embrassa sur le dessus du crâne. « Bien. » Elle pencha la tête en arrière et regarda Gabrielle. « Tu as fini avec les ragots dans la cuisine ? » Elle la taquina doucement. « Tu penses qu’il est temps de… réveiller… Eph ?

 

« Mmm… je vais sûrement m’en tirer. » Gabrielle sourit en voyant les Amazones qui descendaient en bâillant de l’étage de l’auberge. « Avant que les rumeurs ne s’excitent. » Elle lança un coup d’œil par-dessus son épaule vers l’endroit où Lila et Elaini étaient confortablement assises à grignoter. Elles échangent sûrement des trucs de grossesse, songea le barde, puis elle vit son père, toujours en conversation avec Lestan et Kaleipus. Hé… on dirait que ça peut marcher. « Ok… je vais m’occuper des tâches difficiles. »

 

Xena la regarda partir vers la chambre d’Ephiny, admirant la façon dont la lumière du feu glissait sur sa silhouette et se ramassait en une lueur dans le doré de ses cheveux, et la manière dont la tunique moulante suivait les lignes minces de son corps. La démarche de Gabrielle avait un… son esprit chercha une comparaison. Presqu’un balancement de marin, un léger déhanchement qui avait plus à voir avec la maîtrise grandissante de son corps qu’avec n’importe quoi d’autre. Xena le trouvait mignon à l’extrême, mais elle était consciente qu’il ne fallait pas le mentionner à sa compagne, qui avait tendance à être complexée parfois. Juste là, cela se contenta d’apporter un sourire pour elle-même sur son visage tandis qu’elle regardait.

 

La voix de Solan chatouilla son oreille. « Je trouve qu’elle est vraiment mignonne. »

 

Xena réfréna un rire de surprise, puis le regarda. « Ah oui ? » Elle lui ébouriffa les cheveux et pencha sa tête près de la sienne. « Moi aussi. » Ils se sourirent avec un air de conspirateur.

 

Puis elle dressa l’oreille et Solan sentit son corps se raidir. Il écouta aussi, mais… « C’est un loup ? »

 

Xena se leva rapidement et le posa à terre, écoutant attentivement. Les autres personnes de l’auberge s’étaient interrompues en voyant le mouvement soudain, et Gabrielle revint vers elle avec une expression inquiète sur le visage.

 

Le son revint et maintenant elle en était sûre. « Arès », marmonna-t-elle, en partant en courant vers la porte, alors que les gens commençaient à bouger avec confusion autour d’elle. Elle les évita et se lança par-dessus la table qui bloquait son chemin, tordant son corps dans un saut qui la fit atterrir près de la porte, puis elle manoeuvra le loquet et fonça dehors dans la neige épaisse.

 

Le vent la frappa à pleine puissance tandis qu’elle se précipitait hors du porche, et partait vers le son à pleine vitesse, ses bottes envoyant des paquets de neige voler tandis qu’elle avançait, dans les tas à hauteur de genou qui s’amoncelaient dans la cour.

 

Encore quelques pas et les réactions de son corps la rattrapèrent, envoyant une rafale d’énergie dans ses membres qui combattit aisément le froid glacial, et la propulsa à une vitesse encore plus grande. Elle traversa la cour et se dirigea sur le chemin vers la rivière, tournant vers le sud où elle entendit le faible hurlement d’Arès qui cessa brusquement.

 

Ses pas lui manquèrent presque lorsque, spontanément, un sombre souvenir fit surface, d’elle plus jeune, qui contournait le coin de l’auberge dans la même cour, pour voir le minuscule tas de poils immobile qui avait été son petit Digger. Non. Son esprit se ferma à cette pensée. Pas le temps pour ça maintenant.

 

Résolument, elle repoussa le souvenir, et sauta par-dessus un arbre tombé, qui s’était effondré sous le poids de la neige inattendue. Alors que ses bottes frappaient le sol, elle glissa et plongea, sauta en l’air et reprit son équilibre, puis atterrit, tout en continuant à avancer vers l’eau.

 

Se concentrant, elle maintint ses foulées relâchées, essayant d’anticiper les flaques glissantes, et elle réussit à rester presque à pleine vitesse jusqu’à ce qu’elle arrive en haut de la butte qui menait à la rivière, et elle vit des formes en mouvement.

 

Beaucoup, qui attaquaient une silhouette haute et poilue, qui balayait la zone autour de lui avec une branche nue, tandis qu’un corps sombre et tournoyant plongeait sous lui et donnait des coups de dents vers leurs adversaires armés.

 

Une énergie d’une autre sorte bondit en elle, hérissant les poils de sa nuque, et envoyant une vague d’anticipation frissonnante à travers ses muscles ainsi qu’un cri sauvage à ses lèvres. « Jessan ! » Cela lui valut l’attention de l’être de la forêt, et il balança sa branche avec encore plus de détermination, s’avançant, faisant reculer ses ennemis distraits.

 

Elle attrapa un morceau de bois tandis que ses foulées l’amenaient à portée du plus proche, et alors qu’il se retournait et balayait de son épée, elle saisit son poignet du bout de la branche et entendit le craquement trempé lorsque le bois épais frappa la chair et l’os. Il laissa tomber l’arme avec un hurlement, et sortit une dague de son autre main, mais elle était déjà sur lui, et son coude frappait sa mâchoire avec tout son élan.

 

Il tomba comme une pierre et elle sauta par-dessus, déviant le coup d’épée du suivant d’un balayage vers le bas, tout en utilisant l’autre bout de la branche pour frapper la tête de son adversaire. Elle cogna le suivant, qui se précipitait en avant, de sa botte et le frappa du pied par-derrière, l’envoyant lui et l’homme dans lequel il atterrit glisser au sol en tas.

 

Un autre coup de pied, et elle fut face au chef apparent de la bande, qui tournait autour d’elle avec une intention mortelle, son épée tenue avec expérience.

 

Une lame dansante contre un morceau de bois peu équilibré, mais elle avait toujours l’avantage, tandis qu’elle déviait ses coups avec une grâce nonchalante, son poids à elle soutenait ses attaques puissantes, et sa force à lui égalait la sienne.

 

Finalement, sa lame se coinça dans le bois, et elle rejeta rudement son arme, le désarmant et envoyant l’épée voler vers l’endroit où Jessan avait fini avec son dernier adversaire, et où il s’agenouillait maintenant dans la neige. « Jess… tu vas bien ? » Cria la guerrière, en gardant l’œil sur son opposant toujours dangereux, qui avait sorti un long couteau courbé de sa ceinture.

 

« Oui », répondit l’être de la forêt d’un air las. « Mais pas Iolaus. Tu ferais bien de te dépêcher. »

 

Bon sang. Xena entendit les bruits de pas approchants tandis que de l’aide la rattrapait enfin, mais elle garda son attention sur l’homme devant elle, dont les cheveux et les yeux noirs semblaient absorber la faible lumière. Il portait une armure en cuir poussiéreuse et des fourrures noires, mais la lame qu’il tenait était soignée et brillait dans la lumière reflétée par la neige avec une lueur inconfortable.

 

Il plongea et sa main bougea vers elle, vive comme l’éclair, mais elle laissa tomber la branche et attrapa la main à la place, le surprenant. « Ça a été amusant », gronda-t-elle, tandis qu’elle tordait le poignet puissant et qu’il laissait tomber le couteau avec un cri. Elle le relâcha et le poussa contre un arbre, se baissant pour prendre sa lame avant d’avancer sur lui. « Mais j’ai plus le temps. Alors on va juste jouer à questions-réponses. Qu’est-ce que vous faites ici ? »

 

Des yeux morts la regardaient, et l’homme rit. « On le tue », dit-il, d’une voix à demi grondante, à demi rauque.

 

Xena se rapprocha et toucha sa poitrine du bout de sa lame. « Pourquoi ? »

 

« Pourquoi pas », reçut-elle dans une réponse railleuse.

 

La pointe de la lame poussa plus fort. « Qui vous a envoyés ? »

 

Un sourire mauvais. « Tu n’aurais pas la capacité de comprendre même si je te le disais. Alors je ne le ferai pas. »

 

Xena s’appuya sur la lame, tranchant l’armure en cuir. « Tu n’en auras pas la capacité non plus si je te coupe la tête. » Elle lui fit un sourire féroce. « Alors pourquoi tu n’essaies pas quand même. »

 

Il rit à nouveau. « Ils ont dit que tu étais douée. » Il cracha sur le sol. « Mais t’inquiète pas… ton tour viendra. » Il s’appuya contre l’arbre. « J’ai fait mon travail… ton petit ami ici est parti chez ton… Hadès. »

 

« Tu as raison », répondit doucement Xena, en entendant le bruit de plusieurs voix, puis elle fut consciente de la présence solide et chaude dans son dos. « Ton travail est fait. » Elle leva l’épée et il ferma les yeux. Elle tendit les muscles et l’énergie sombre coula tandis qu’elle se préparait à exercer la justice… ou était-ce la vengeance ? Ça n’avait pas d’importance.

 

Puis une pensée froide l’interrompit. Il veut que je le tue. Et ça fit émerger la question inévitable. Pourquoi ? Lentement, comme une marmite qu’on sort du feu, sa colère diminua, et devint une exaspération froide, glaciale.

 

Avec une assurance solide, elle poussa brutalement l’arme sur le côté, la cognant dans l’écorce de l’arbre sous lequel il se tenait, et envoyant une cascade de neige humide sur lui, enfonçant la lame de l’arme plusieurs centimètres dans le bois, piégeant son armure épaisse sous la lame, le clouant sur place.

 

Un moment de silence, puis Xena recula, et relâcha la poignée, laissant l’arme enfoncée dans l’arbre. « Tu as tort… » Sa voix était calme et elle vola jusqu’à lui comme un des flocons de neige indolents. « Personne ne va mourir aujourd’hui. » Elle se frotta les mains. « La loi peut s’occuper de toi pour autant que ça me concerne. »

 

Et elle lui tourna le dos, et alla vers l’endroit où plusieurs formes penchées et couvertes de neige étaient réunies autour du corps immobile de Iolaus ; son regard croisa celui de Gabrielle, là où le barde se tenait avec son bâton prêt, regardant la forme recouverte de neige du brigand. Arès s’accroupit à ses talons, grognant bizarrement vers la silhouette sombre, le poil lourd et enneigé du loup se dressait autour de sa tête.

 

Xena se mit sur un genou dans la neige, se pressant contre l’épaule de Toris pour mieux voir Iolaus. Oh bon sang… Elle tressaillit en réflexe lorsqu’elle vit la neige tâchée de sang et l’expression horrifiée sur le visage d’Hercule tandis qu’il berçait son ami entre ses bras. Elle vit la peau pâle, et la respiration erratique, et l’arrivée de sang entre ses doigts à chaque battement de cœur qui fit plonger le sien. L’épée était entrée juste sous ses côtes, et il perdait bien trop de sang, bien trop vite.

 

Aucune chance, lui cria doucement son esprit. Mais elle prit une double poignée de neige et la posa sur la blessure. « Mettez-en autant que vous pouvez là-dessus et emmenez-le à l’auberge. » Ils se dépêchèrent de faire ce qu’elle disait, et Jessan souleva facilement le petit homme dans ses bras énormes, et Hercule marcha près de lui, appuyant sur la neige avec ses mains.

 

Gabrielle les regarda partir et posa la main sur le bras de Xena. « Tu peux le sauver, hein ? »

 

Les yeux bleus la regardèrent tristement. « Allons-y. Je serai là-bas dans une minute. » Après que je me serai assurée que ce type se souvient de ce qu’il a fait ici… pendant très, très longtemps. Elle leva la main et caressa le visage tendu du barde. « Va avec lui. »

 

Le barde posa la main à plat sur le ventre de Xena et se pencha. « Tu viens aussi… ne… » Son regard passa au-dessus de l’épaule de Xena. « Laisse ça… ils ont plus besoin de nous… que tu as besoin de… » Elle s’arrêta de parler et tendit la main pour caresser le visage de Xena. « S’il te plait ? »

 

Xena sentit la louve en elle venir docilement à la main douce de Gabrielle, et laissa échapper sa colère, sentant la tristesse s’infiltrer et chasser le feu sombre. « Très bien. » Elle mit le bras autour du barde et l’attira contre elle pendant un long moment. « Allons-y. »

 

Dans la blancheur des congères parvint un claquement. Xena se retourna en sentant une présence familière, et elle s’écarta de Gabrielle, les mains sur les hanches tandis que la silhouette sombre et enveloppée s’approchait. « Et bien… on aurait pu s’attendre à toi. »

 

Arès avança tranquillement vers elle, tout en faisant un hypocrite petit sourire par-dessus l’épaule de la guerrière. « Beau travail. » Il regarda le brigand piégé. « J’essaie d’attraper un de ces types depuis un bon moment. » Il regarda Xena d’un air appréciateur. « Tu fais une fête et tu ne m’as même pas invité. Je suis effondré, Xena. »

 

Arès le loup vint tout près et renifla les bottes de son homonyme tout en remuant la queue. Il se redressa sur ses pattes arrière et mit celles de devant sur le torse couvert de cuir d’Arès, le reniflant avec un gémissement amical.

 

« Arrête ça », siffla le dieu, mais il lui gratta les oreilles et reçut un coup de langue sur le nez à son grand dam. « Xena, tu l’as entraîné à faire ça. » Le dieu leva les yeux et vit l’expression grimaçante sur son visage. « Qu’est-ce qu’il y a, t’es désolée de ne pas avoir pu tuer quelqu’un ? » Il lui tapota la joue. « Ne t’inquiète pas… c’était une bonne chose. » Il jeta un coup d’œil au brigand qui regardait attentivement, et qui avait maintenant une expression nerveuse sur le visage. « Tu m’as rendu un autre service, Xena… ça devient une habitude chez toi. »

 

« Tu le veux », demanda Xena d’une voix neutre, en avançant le menton vers le brigand toujours piégé. Une idée se formait dans son esprit…. C’était… dangereux… et peut-être… stupide. Mais c’était la seule chance de Iolaus.

 

Arès hocha la tête. « T’as tout compris, jeune fille. » Il se tourna pour se diriger vers le bandit, mais fut arrêté par une main puissante sur son épaule.

 

« Il y a un prix », dit Xena d’une voix douce et dangereuse.

 

Arès s’arrêta et la fixa. « Tu… es en train de m’annoncer un prix à MOI ? » Le dieu marcha tranquillement vers elle et lui caressa la joue d’une phalange. « Qu’est-ce que tu as en tête, yeux bleus ? » Il sourit. « Tu veux me violer ? C’est un prix que je suis prêt à payer… hmmm ? Fatiguée de ta petite amie là ? »

 

Les yeux en question croisèrent directement les siens. « Le prix est une vie. »

 

Un sourcil noir touffu se haussa, en même temps qu’un coin de sa bouche. « Qu… oh, Xena… non non non… pas le petit homme là, non… je peux pas faire ça, ma jolie… il est comme ça avec mon frère, et tu sais que… on est pas copains. Nan… désolé, je peux pas faire ça. »

 

« Allons, Arès. Je sais que tu peux le faire », demanda Xena calmement, un petit pincement au coin des lèvres. « Considère ça comme… un cadeau d’anniversaire. »

 

Le dieu de la Guerre ouvrit la bouche, puis la referma. Puis la rouvrit. « Xena, tu as une idée des ennuis dans lesquels je pourrais me mettre avec Héra si je fais ça ? » Il secoua la tête. « Nan… désolé, gamine. »

 

« Mais… sa mort sert leurs projets, Arès. » Xena tentait son avant-dernière carte. Son visage à lui resta sans expression. Elle sortit la dernière. « S’il te plait ? » Adoucissant consciemment sa voix tout en tirant sur les cordes sombres qui les reliaient tous les deux. Dangereux ça… oh oui.

 

Leurs regards se croisèrent un long moment tandis que les flocons de neige volaient entre eux.

 

« Un cadeau d’anniversaire, hein ? » Arès finit par soupirer. « Très bien… mais si quoi que ce soit transpire, vous êtes tous bons pour un tour de six mois dans l’endroit le plus affreux du Tartare. Compris ? » Il partit en tapant des pieds vers l’auberge, puis se retourna et lança un jet d’énergie vers l’arbre, qui cogna le brigand. « Ne va nulle part. » Il tapota la tête de Gabrielle au passage. « Salut fillette. » Puis il regarda Xena. « Un jour tu m’expliqueras ce que tu vois dans cette sale petite gamine, d’accord ? »

 

Xena lui lança un regard et il rit. « Arès, je veux bien prendre le temps de t’expliquer, mais tu ne comprendras jamais. » Elle leva les yeux au ciel. « Qu’est-ce qui se passe par Hadès… » Elle fit un geste autour d’elle. « Le temps, et ces maudits brigands, et ce collier… tout est relié, n’est-ce pas ? »

 

Le dieu caressa sa barbe pensivement. « C’est… ce que j’essaie de trouver. » Sa voix basse était maintenant sérieuse. « Et… si c’est ce que je pense… et bien, tu pourrais repenser à l’idée de te joindre à moi, ma douce. Parce que je pense qu’on va avoir besoin l’un de l’autre. »

 

Xena lui lança un regard, consciente de la soudaine pression des doigts de Gabrielle sur son coude. « Bien essayé, Arès. »

 

Contre toute attente, le dieu ne répondit pas, il se contenta de marcher, les planches en bois résonnant sous ses bottes sur les marches qui menaient à l’auberge.

 

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