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LONGEST NIGHT8

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Une Si Longue Nuit

 

par Melissa Good

 

Traduction : Fryda

(2006)

 

 

*********

Partie 8A

*********

 

Pour les avertissements et démentis, voir 1ère partie

*****

 

Cyrène regardait tranquillement par la fenêtre de la cuisine, se baignant dans le soleil qui se déversait dans la pièce, tandis qu’elle remuait d’un air absent une tasse fumante qui lui envoyait une odeur chatouillante de menthe. Dormir avait été… bénéfique. Elle laissa passer un léger soupir et s’appuya contre l’embrasure, sirotant lentement le thé tout en resserrant sa robe de chambre autour d’elle, savourant le calme paisible et serein de l’auberge.

 

L’un dans l’autre, elle se souvenait d’une fête joyeuse. Malgré le mauvais temps, et la touche finale en soirée par sa fille, la bataille sauvagement rafraîchissante, qui lui avait envoyé de la neige glacée sur le dos, sans mentionner tous les autres, et qui avait résulté en beaucoup de… recherche de chaleur après que les deux officiantes s’en soient allées.

 

L’aubergiste rit doucement en pensant à sa propre nuitée aussi étonnamment active. Qui donc savait que Johan était aussi habile de… ses mains ? Ce fut définitivement une surprise plaisante, une fois qu’ils eurent tous deux dépassé leur timidité adolescente et presque loufoque du moment. Qu’est-ce qui leur avait donc pris ? Elle but une gorgée de son thé et soupira joyeusement. On s’en fiche.

 

Ça avait dû être de regarder toutes ces danses, se dit-elle avec un sourire désabusé. Bon sang, ces Amazones secouaient des choses qui n’avaient jamais été prévues pour remuer de cette façon. Et sa fille… Bon, songea Cyrène, ces muscles doivent être utiles pour autre chose que se battre… Elle laissa cette pensée appeler un ricanement étouffé puis s’interrompit. Avait-elle entendu quelque chose ?

 

« Pssst. »

 

En effet. Cyrène se retourna lentement et ses yeux s’agrandirent quand une silhouette encapuchonnée et emmitouflée avança sa forme menaçante dans l’encadrement de la porte. Elle grimaça et chercha derrière elle pour un couteau, et elle sentit ses doigts s’enrouler autour d’un manche épais et familier. « Qu’est-ce que vous voulez ? »

 

La silhouette s’arrêta et poussa un bol vers elle. « Qu’est-ce qu’il y avait là-dedans ? » Les mots lui parvinrent étouffés.

 

Cyrène haussa les sourcils. « Ephiny ? » Elle laissa rapidement le couteau tomber derrière elle et posa sa tasse, traversa la pièce et examina le bol avec précaution. « Que… qu’est-ce qui se passe ? C’est mon bol à glaçage… je me demandais où il avait disparu hier soir. » Elle le prit des mains de l’Amazone, puis s’arrêta. « Euh… » Un regard. « Il est vide. »

 

« Ouais », marmonna Ephiny. « Hum… qu’est-ce qu’il y avait dedans ? »

 

L’aubergiste étudia le visage voilé. « Pourquoi ? » Puis elle baissa le regard et se mit doucement à rire. « Oh… bonté divine… est-ce que tu… » Elle soupira. » Et bien, si ça ne t’a pas donné mal au ventre jusqu’à maintenant, ça ne te tuera probablement pas. » Elle essaya de regarder sous la capuche du manteau d’Ephiny. « Qu’est-ce que tu fais toute emballée comme ça ? »

 

L’Amazone garda le silence pendant un long moment de suspense, puis leva une main à contrecoeur et repoussa la capuche.

 

Cyrène plaqua la main sur sa bouche et se mordit la lèvre. Ephiny était couverte de… rayures. Des rayures et des pois ondulés… presque artistiques, et… oh, est-ce que c’était un petit signe bouclé ? Fait de plein de nuances tachetées de bleu, qui contrastait bizarrement avec ses cheveux et ses yeux clairs. « Par… Hadès ? ? ? »

 

Ephiny grinça des dents. « Dis-moi… juste… comment… enlever… ça », dit-elle en énonçant chaque mot lentement comme si elle les goûtait.

 

Et ça devait avoir mauvais goût à juger de l’expression aigre sur son visage.

 

« Hum. » Le regard de Cyrène alla vers le bol puis vers elle. « Et bien… c’est euh… »

 

La porte s’ouvrit brusquement et Jessan entra à grands pas, tout en étouffant un bâillement derrière une main énorme avant de se figer net quand ses yeux dorés se posèrent sur Ephiny.

 

« Un seul mot et tu finis en tapis », déclara calmement la régente amazone.

 

On entendit un couinement lorsque Jessan ferma la bouche si vite qu’il en oublia de rentrer la langue et qu’elle finit par ressortir dans un mouvement comique, à travers ses crocs recourbés.

 

Cyrène se massa les tempes puis mit les mains l’une contre l’autre. « Est-ce que tu étais… hum… oh… je… » Elle vit un regard implorant et impuissant se former lentement dans les yeux de la jeune femme blonde. « Tu pratiquais… euh… des décorations corporelles… amazones… traditionnelles ? »

 

Un silence de mort puis un soupir de la part d’Ephiny. « J’avais pas pensé à celle-là », admit-elle en s’asseyant sur le banc avec un bruit sourd. « Ok… ok… hum… Cyrène, comment je me débarrasse de ce truc ? »

 

L’aubergiste se mit à califourchon sur le banc en face d’elle et posa un coude sur la table, étudiant son visage. « Oh bon sang », dit-elle en soupirant. « Et bien, c’est à base d’huile, malheureusement. »

 

Jessan se laissa lentement tomber de l’autre côté de la table et posa son menton entre ses mains poilues, scrutant avec intérêt le côté du visage de l’Amazone. « Zut alors… comment t’as fait pour avoir ce truc jusque là ? » Demanda-t-il avec curiosité.

 

Ephiny lui lança un regard noir. « T’as pas quelque chose de plus intéressant à faire ? »

 

L’être de la forêt sourit, montrant le bout de ses crocs. « Plus intéressant que ça ? Bien sûr que non. » Il lui montra le bout de sa langue. « Des humains peints en bleu avant le petit déjeuner, ça me chatouille mes oreilles poilues. »

 

Cyrène soupira. « Et bien… je ferais mieux d’appeler notre guérisseur… peut-être qu’il… »

 

« Euuuuh… non… non… s’il te plaît. » Ephiny tressaillit. « Je ne veux pas avoir à expliquer ça à… hum… un mec. »

 

« Hé ! » Objecta Jessan, le museau coloré. « Je suis un mec ! »

 

« Tu ne comptes pas », grogna l’Amazone.

 

L’aubergiste se mordilla la phalange. « Et bien… alors il n’y a qu’une seule personne qui peut vraiment… trouver quelque chose. »

 

Ephiny ferma les yeux et laissa sa tête reposer sur sa main. « J’avais peur que tu dises ça. »

 

Cyrène leva les mains et les laissa retomber. « Et bien, ma chérie, elle a beaucoup de talents. » Elle tourna la tête vers Jessan. « Tu veux bien aller la réveiller ? »

 

Les yeux dorés passèrent d’une femme à l’autre. « Euh… non. » A moins que…, bon, peut-être qu’elles sont déjà réveillées… Il concentra sa Vision rapidement. OH… Foutussabotsdechevauxrayés. « Euh… » Je pense que mon poil fume là.

 

Ephiny haussa les sourcils. « Oh… allez… elle n’est pas si difficile à réveiller… tu n’as pas grand-chose à faire… juste… disons, respirer, à neuf ou dix mètres de distance. »

 

« Elle est réveillée », marmonna Jessan, le museau d’un rouge sang. « Je viens juste de… euh… ok… euh… c’est bon… je reviens tout de suite. » Il se leva et se précipita dehors, claquant la porte derrière lui.

 

Ephiny et Cyrène se regardèrent en silence. « Un peu… puéril pour quelqu’un à l’air si féroce », commenta Cyrène d’un air ironique. « Hum… ça t’embête si je demande… »

 

Les yeux clairs d’Ephiny la fixèrent plaintivement. « Oui », grogna-t-elle, puis ses épaules s’affaissèrent. « Oh… par Hadès… on… » Elle leva les mains et les laissa retomber, « s’amusait juste. » Elle pianota sur la table, se demandant combien de temps il faudrait à une Eponine furieuse avant qu’elle n’arrête d’essayer de frotter ce truc avec un morceau de cuir savonneux et qu’elle décide de débarquer ici, furieuse. C’est pas… Ephiny devait se l’admettre, que ce n’était pas drôle… c’était… elle souhaitait juste que ça soit arrivé à quelqu’un d’autre.

 

Ça nous apprendra à être de telles hédonistes, pensa l’Amazone en soupirant, ayant dit exactement la même chose à Eponine quand elles s’étaient réveillées avec des yeux mutuellement écarquillés et des expressions horrifiées. Oh bon… Elle leva les yeux lorsque Cyrène posa un grand bol de céréales fumantes et à l’odeur de noisette devant elle tout en lui tendant une cuillère. « Tu peux aussi bien manger, hein ? »

 

************

 

Gabrielle regardait nonchalamment les rayons de soleil traverser paresseusement la pièce, se faufiler près du lit et glisser sur leurs formes blotties comme un serpent éthéré, peignant une onde de chaleur dorée le long de son bras et faisant ressortir les poils clairs et fins. Quelques particules de poussière flottaient avec indolence dans la lumière, et le barde les regarda simplement, n’ayant aucune envie ou désir de bouger d’un pouce.

 

Au lieu de ça, elle laissa son regard s’abreuver de la forme endormie de sa compagne, savourant les dessins du soleil qui faisait alternativement ressortir les reflets acajous dans les cheveux noirs, et envoyait des ombres sur son profil anguleux, qui, même détendu dans le sommeil, comportait toujours un soupçon de tension, le pincement subtil d’un muscle juste sous sa peau sur le côté de son visage, témoin qu’à un certain niveau, elle était consciente. D’elle, de la cabane… des oiseaux dehors, probablement.

 

« Comment fais-tu ça ? » Avait demandé Gabrielle, en toute innocence, quand elles voyageaient ensemble depuis peu de temps.

 

Xena avait levé les yeux avec cette expression acérée et impatiente qu’elle recevait parfois… souvent. « Fais quoi ? »

 

Elle marchait lentement près d’Argo, et soudain elle avait entraîné la jument dans l’ombre de quelques arbres, tirant en même temps Gabrielle par la blouse. De longues minutes avaient passé, et Gabrielle avait été sur le point d’exiger une explication, quand la guerrière avait collé une main sur sa bouche sans cérémonie.

 

Ensuite, de manière presque inaudible, elle avait détecté des bruits de sabots, et elles avaient regardé en silence une légion de gardes du roi les dépasser, leur manière paillarde indiquant qu’une rencontre n’aurait pas amené à une conclusion joyeuse.

 

« Ouaouh », avait-elle dit dans un ravissement rieur. « C’était stupéfiant. » Et elle avait demandé. « Comment fais-tu ça ? »

 

Xena lui avait lancé un regard sévère et n’avait pas répondu, se contenant de repartir.

 

Mais bien plus tard, ce soir-là, quand elles étaient allongées sur leurs couchages depuis un moment, elle avait entendu une voix presque désincarnée flotter par-dessus le feu de camp. « Ce n’est pas… de la magie, si c’est ce que tu penses. »

 

Gabrielle avait dû fouiller dans ses souvenirs pour se demander de quoi la femme parlait, puis elle avait calmement hoché la tête pour elle-même. « Non… et bien… je veux dire, je ne le pense pas, vraiment, parce que… je ne sais pas… c’est juste comme si… tu le fais tout simplement. »

 

Un soupir. « J’ai dû apprendre à le faire. Quand… j’étais… et bien avant… quand pratiquement tous ceux qui m’entouraient étaient des ennemis », avait expliqué Xena d’une voix neutre. « J’ai appris à… toujours être sur mes gardes… alors si… on m’attaquait… ou essayait de le faire… dans l’obscurité… ou quand je dormais, j’avais une chance de pouvoir les arrêter. »

 

Ce fut l’un des discours les plus longs qu’elle avait entendu, et Gabrielle lui donna un moment respectueux de contemplation silencieuse. « Je ne tenterai jamais de te faire du mal », avait-elle finalement dit, en regardant par-dessus les flammes, voyant le demi-sourire qui éclairait brièvement le visage de la guerrière.

 

« Je n’étais pas vraiment inquiète pour ça, Gabrielle », avait répondu Xena avec un soupçon d’amusement ironique. « Mais… hum… tu n’as pas à t’inquiéter que quelqu’un nous saute dessus la nuit non plus… ça joue pour toi aussi. »

 

Le barde avait roulé sur le côté et fixé son amie. « Je ne me suis jamais inquiétée pour ça. » Elle avait même ri un peu. « Tu me donnes toujours l’impression d’être en sécurité… je te fais entièrement confiance. » Cela avait semblé… alors… une déclaration évidente, et Gabrielle n’y avait pas repensé.

 

Mais Xena s’était à demi relevée, la lumière du feu éclairant ses traits sombres et l’avait regardée. « Gabrielle… tu me connais à peine », avait protesté la guerrière.

 

Et elle s’était contenté de hausser les épaules. « Je sais… mais je ne peux pas m’en empêcher. C’est comme si je te connaissais depuis toujours. »

 

Les yeux de la guerrière l’avaient étudiée pendant un long moment inexpressif. Puis elle avait baissé les cils et penché la tête, tout en regardant sa main, qui caressait la fourrure de son couchage d’un air absent. « C’est fou de dire ça », avait dit Xena, doucement, puis elle avait relevé les yeux. « Je suis contente que ce ne soit pas le cas. »

 

Et Gabrielle avait compris ce que Xena voulait dire, mais avait tenté de mettre tout son cœur dans sa réponse, espérant que sa compagne taciturne et souvent froide, la comprendrait. « Ça n’aurait pas eu d’importance. On aurait quand même été amies. »

 

Ça lui avait valu… ce demi sourire tandis que la lumière du feu reflétait ces yeux bleu clair. « Tu crois ? » Avait commenté Xena sèchement.

 

« Ouais », avait répondu Gabrielle avec une calme confiance. « D’une façon ou d’une autre. »

 

Et Xena s’était contenté de secouer la tête, légèrement.

 

L’écho de cette simple déclaration se réverbérait en elle, et elle sourit, inspirant l’odeur familière de son âme sœur, et savourant leur contact. Ça n’a jamais changé, songea-t-elle avec un soupir d’aise. C’est toujours l’endroit le plus sûr du monde.

 

Son regard glissa le long du corps de sa compagne, embrassant chaque ligne et chaque courbe, reposant légèrement sur les cicatrices indistinctes, et l’entaille que son pouce pouvait à peine sentir au bas de la côte brisée il y a quelques mois. La poitrine de Xena se soulevait et retombait avec une régularité puissante et rythmée, que sa propre respiration accompagnait à la perfection, et le barde sentit alors la subtile tension démarrer dans les muscles qui reposaient sous son bras et qui signifiait que sa compagne se réveillait.

 

Et aussi sûrement, quand elle pencha la tête et leva les yeux, des yeux bleus ensommeillés la regardaient, et un demi-sourire paresseux recourbait les lèvres de Xena. « Bonjour », dit la guerrière d’une voix traînante, tout en glissant une main le long du dos du barde pour le masser doucement.

 

« Uhnngh… » Grogna sa compagne. « J’ai trop dansé hier soir… dieux, je suis toute raide. » Elle arqua le dos sous le toucher de Xena et s’étira pour éliminer la douleur sourde.

 

Xena laissa le sourire s’agrandir, tout en s’occupant des muscles tendus qu’elle pouvait sentir sous ses doigts. « Ecoutez-moi ça… » Elle gloussa entre ses dents tandis qu’elle oeuvrait. « Dansé, hein ? »

 

« Mmmm… ouais, dansé… et d’autres trucs », marmonna Gabrielle avec bonheur, fermant les yeux tout en soupirant. Elle laissa son corps bouger lentement contre celui de Xena et frotta sa joue contre l’épaule de la guerrière. « Je pense que c’est moi qui deviens un gros matou », confessa-t-elle. « Je me sens… vraiment gâtée en ce moment. »

 

« Ah oui ? » Gronda Xena au plus profond de sa gorge, un son plus ressenti qu’entendu. Sa seconde main rejoignit la première et étendit le massage, taquinant et touchant jusqu’à ce que Gabrielle lui réchauffe la poitrine de sa respiration, et que les mains du barde commencent à leur tour à voyager, glissant doucement sur la hanche de la guerrière jusqu’à sa cuisse.

 

« Xena ? » Murmura le barde tout en mordillant la mâchoire de la guerrière, sentant le pouls battre sous ses lèvres, qui se courbèrent en un sourire quand elle sentit les muscles bouger sous ses doigts baladeurs. »

 

« Hein ? » Un œil bleu apparut en réponse.

 

« Combien tu penses qu’on a de temps… » Les lèvres de Gabrielle explorèrent plus avant, capturant un lobe goûteux. « Avant qu’Eph ne nous coure après ? »

 

Xena se contenta de secouer sa tête sombre, et eut un rire profond. « J’sais pas… mais si quelqu’un débarque ici, il va recevoir un chakram sur le… »

 

« Xena ! » Grogna Gabrielle tout en riant.

 

« Nez », finit doucement la guerrière en mordant celui de sa compagne avant de l’embrasser. « En plus… elle ne va pas sortir en public. »

 

Gabrielle prit quelques moments pour respirer, totalement distraite, avant d’avoir la présence d’esprit de penser à ces mots. « Que… combien… hum… euh… ooh… c’est bon. Hum… de ce truc bleu tu lui as mis dessus ? »

 

« J’sais pas », dit de nouveau Xena. « Ça dépend de la créativité d’Eponine. »

 

Gabrielle s’interrompit et baissa les yeux vers le regard bleu. « Xena… elle était soule. » Dit-elle d’un ton légèrement réprimandeur.

 

Elle reçut un sourire éclatant et espiègle. « Je sais. » Puis Xena saisit l’opportunité d’explorer le nombril de sa compagne qu’elle considérait comme très mignon, en plus d’être l’endroit le plus chatouilleux du barde.

 

« Tu es… très, très vilaine », lui dit Gabrielle, en luttant pour maintenir une expression sévère. « Auggh… Xena… arrête ça ! ! ! « Elle se mordit la lèvre pour s’empêcher de rire mais en vain. Le bruit tronqué sortit comme un gargouillis.

 

« Hé… tu peux parier sur tes fesses de barde que je le fais », dit Xena en riant, se frayant un chemin en mordillant sur la poitrine du barde, écoutant ses rires impuissants. « Détends-toi… j’ai quelque chose pour enlever ce truc… » Rassura-t-elle sa compagne. « Voyons juste combien de temps il leur faudra pour céder et le demander. »

 

« Oh… » Gabrielle pencha la tête d’un côté et mit doucement le nez dans le cou de sa compagne. « Alors ce n’est pas permanent ? » Les mots sortirent étouffés. Elle laissa passer un grognement incohérent tandis que les mains de Xena glissaient sur elle.

 

Puis la guerrière pencha doucement la tête et écouta un moment. « Hmmm… » Aucun son ne lui parvint et elle rit, puis captura les lèvres du barde, lui portant toute son attention pendant un très long moment, sans une seule pensée pour la forme poilue endormie avec indolence sur le porche de leur cabane.

 

*******

 

Il n’avait pas vraiment prévu de s’endormir mais le soleil, et l’air froid et sec ainsi que la soirée tardive de la veille, s’étaient combinés pour laisser ses sens divaguer, tandis qu’il s’enroulait sur le porche maintenant dégagé de toute neige. Il se mit à rêver, des petits rêves sans signification, du temps passé avec ses amis pendant son enfance, à vagabonder dans les hautes herbes des clairières près de son village natal.

 

C’était marrant de courir après les écureuils, et ils s’étaient bien amusés, courant à travers les herbes à hauteur de poitrine de la haute rivière, qui fouettaient son pelage épais tandis que la senteur de la terre chauffée par le soleil montait vers son odorat aiguisé, un soupçon de musc en provenance de la rivière s’y joignant. Il avait fini par s’arrêter, inspirant l’air chaud, sentant les herbes chatouiller son visage tout autour de lui.

 

Il les avait repoussées mais elles persistaient, essayant de pénétrer dans son oreille gauche et le détournant presque de son but.

 

Il ouvrit les yeux et tourna brusquement la tête, frappant ce qui le chatouillait. Il reçut un long rire en réponse tandis que son regard croisait celui de Xena, adossée près de lui sur le porche, un brin de paille bien serré dans sa main. « Oh… euh… salut ! »

 

La guerrière le regarda avec amusement. « Salut. » Elle tendit la main et lui chatouilla le museau de sa paille, ses réflexes bien plus rapides que les siens. « Merci d’avoir attendu. » Elle montra les dents dans un sourire diabolique, riant en voyant son museau foncer, et ses lèvres se tordre d’un air renfrogné.

 

Jessan soupira. « Tu savais que j’étais là, hein ? » Elle haussa un sourcil. « Oublie… laisse tomber. Bien sûr que tu savais. » Il sentit sa rougeur diminuer et releva un genou pour enrouler ses longs bras autour. « Alors… hum… bonjour ! »

 

Xena redressa les épaules et regarda de l’autre côté de la cour. « Ouais… ça l’est. » Elle rendit son regard à l’être de la forêt. « Pas eu la chance de te parler… on a été un peu occupé. » Elle étudia le brin de paille entre ses mains. « Contente que vous ayez pu venir. »

 

Jessan sourit. « Content aussi… ça a été marrant… même maman et papa se sont bien amusés. » Il se frotta le nez. « Ma maman aime vraiment beaucoup ta maman. »

 

Ils se regardèrent. « Ça pourrait être dangereux », dit Xena ironiquement, puis elle lui donna une légère tape. « J’ai entendu dire que tu allais être père. »

 

L’être de la forêt renifla vers elle d’un air faussement outré. « Ah… oui ? Eh ben, j’ai entendu dire que tu étais mère ! » Ricana-t-il. « Tu parles de garder des secrets… bon sang, Xena ! » Il sourit à la vue de son léger rougissement. « Il est vraiment mignon… il te ressemble. »

 

Elle haussa légèrement les épaules et rit. « Ouais… ben… je… » Elle soupira. « Il fait une bonne cible, Jess. » Elle hocha un peu la tête. « Il est mieux chez les Centaures, du moins pour l’instant. »

 

Il arqua légèrement un sourcil doré. « Pour l’instant ? » Ses yeux brillèrent. « Alors… comment tu trouves ce genre de retraite ? » Ces mots dits avec un soupçon de taquinerie tandis que sa Vision passait sur elle. Ah… mon amie… alors tu as connu la paix, hein ? Pendant un petit moment du moins. Ça me fait chaud au cœur de voir ça. « C’est pas que je te blâme pour ça… c’est sympathique ici. »

 

La guerrière eut un mouvement de tête négligent. « Ça a été… très bien », acquiesça-t-elle. « Je l’ai surtout fait pour Gabrielle… » Une légère courbure des lèvres. « Ça a été bon pour elle. » Elle remua un doigt de sa longue main. « De s’installer pendant un moment… je pense que ça lui manquait. »

 

Bien sûr. Jessan la fixa avec un air entendu. Et Gabrielle insisterait sur le contraire, naturellement… mais c’était un aveuglement inoffensif de la part de chacune. « Oh… et la pauvre Xena a dû accepter en grognant, hein ? » Il se mordit la lèvre et lui fit un sourire taquin.

 

Un rire bas. « Nan… c’est bon… j’ai aussi pris du bon temps. » Elle leva les yeux à l’approche d’Arès trottinant sur le porche, qui vint s’installer derrière elle, le museau sur son côté tout en lançant un regard noir à Jessan. « Salut mon gars… »

 

« Rrrrr… » Gronda le loup à l’attention de Jessan.

 

« Rrrrrrr », gronda Jessan en retour, soulevant les lèvres pour exposer ses crocs.

 

« Arrêtez ça tous les deux », dit Xena en soupirant, tout en poussant légèrement Jessan. « Commence pas avec lui. » Elle gratta nonchalamment les oreilles du loup. « Alors… qu’est-ce que tu pense d’Arès ? »

 

Jessan arrêta de gronder et cligna des yeux. « Ben… il est mignon… » Dit-il. « Pourquoi tu me demandes ça ? »

 

Xena leva les yeux en l’air. « Je parle du Dieu de la Guerre. » Elle soupira.

 

« Oh », marmonna Jessan. « Hum… c’était… inattendu… je savais, je veux dire, j’avais entendu dire que… vous vous connaissiez un peu… mais je pensais que c’était hum… un peu plus… euh… » Il remua les mains. « Formel ? » Il soupira. « Il était… comme l’un de nous, sauf qu’il a disparu dans un éclair bleu, et qu’il a guéri Iolaus. » Il s’interrompit. « C’était… un peu bizarre. » Il s’interrompit à nouveau. « Papa a été impressionné. »

 

Xena ricana doucement. « Il… » Elle soupira. « De temps en temps… c’est utile de le connaître. »

 

« Mmm », approuva Jessan, en étudiant son profil, se souvenant du sentiment vacillant de ressemblance qu’il avait eu en voyant son amie et le Dieu de la Guerre se tenir face à face, dans leur carrure, leur posture, et leur regard de faucon acéré. « Ouais, mais ça peut jouer dans les deux sens. »

 

La guerrière soupira. « Comme si je ne le savais pas. » Elle s’étira à nouveau et tordit le bord de sa tunique pour l’ajuster, agençant le tissu couleur rouille avec nonchalance. « Alors… tu campes sur mon porche pour une bonne raison ou juste parce que c’est trop bruyant là-bas ? »

 

« Ah. » Jessan adossa ses larges épaules plus confortablement contre le mur de la cabane et roula la tête vers elle. « Et ben… hum… il y a eu une sorte… d’accident. »

 

Elle haussa un sourcil noir. « Un accident ? » Le regard de Xena prit une teinte pensive. « Quel genre… d’accident ? »

 

L’être de la forêt ouvrit la bouche puis la referma plusieurs fois, puis il croisa et décroisa les bras et soupira. « Hum… et ben, apparemment ta mère a laissé un peu de son… j’ai aucune idée de ce que c’était mais c’était bleu… un truc ou un autre… et apparemment… un couple d’Amazones a… hum… »

 

Xena sourit. « Ont pratiqué le cérémonial de la peinture corporelle ? »

 

Jessan lâcha un souffle. « Ouais… comment tu sais ça ? »

 

« Une vieille coutume », l’assura Xena sobrement. « Alors… tu es venu ici pour me faire faire… quoi ? » Elle s’interrompit. « Juger la compétition ? » Oh par les dieux… c’est presque aussi drôle que de battre les gens. Et j’ai moins mal à la fin… sauf si on compte le mal à l’estomac à force de rire.

 

L’être de la forêt gloussa. « Non non… ta mère espérait que tu saurais comment enlever ce truc. »

 

« Hmm. » Xena leva les yeux alors que Gabrielle apparaissait, refermant la porte pour venir vers eux, avant de se laisser tomber jambes croisées sur le sol en bois. « Qu’en penses-tu ? »

 

« A quel sujet ? » Demanda le barde avec raison, ses yeux verts étincelant dans le soleil. Elle portait une chemise bleu clair dont les manches étaient roulées aux coudes et dont les plis amples étaient attachés à sa taille par une ceinture en cuir.

 

« Ils veulent que je trouve une concoction pour retirer le pigment bleu de leur peau », expliqua Xena pince-sans-rire. « Apparemment certaines de tes Amazones sont tombées sur le glaçage de maman. »

 

« Vraiment », dit Gabrielle d’une voix traînante, son expression d’une grâce délicate identique à celle de sa compagne. « Hum… et bien, tu sais, Xena… je ne peux pas vraiment laisser… euh… MES Amazones parader partout avec… » Elle regarda Jessan.

 

« Des rayures », offrit-il succinctement. « Et… quelques tâches, quelques spirales… un trait de plume intéressant… »

 

Xena et Gabrielle se regardèrent, les mêmes muscles tressautant dans leur mâchoire.

 

« Bien. » Xena se leva et se frotta les vêtements. « Faut que j’y aille. » Oh il faut que je voie ça…

 

« Moi aussi », acquiesça Gabrielle en se levant également. « Pour le soutien moral. »

 

Xena rit puis mit la main sur la rambarde du porche et sauta par-dessus, atterrissant légèrement dans la neige toujours présente, avant de s’y frayer un chemin déterminé vers l’auberge. Arès se tortilla derrière elle, bondissant dans son ombre avec un grognement avide.

 

Gabrielle se mit doucement à rire, et secoua la tête tout en quittant le porche par le moyen conventionnel, Jessan la suivant d’un pas tranquille..

 

************

 

« Alors… hum… Ephiny… je présume que vous allez toutes rentrer chez vous maintenant. » Cyrène s’interrompit et mâchouilla une bouchée de céréales. « Une fois qu’on t’aura nett… hum… remise en état. »

 

L’Amazone soupira, un léger sourire au coin des lèvres. « Ouais… on emballait des trucs… il est temps pour nous de rentrer au village… de voir ce qui se passe là-bas. » Elle leva les yeux. « Merci… pour ta grande hospitalité, à propos. Je sais qu’on n’a pas été facile. »

 

Cyrène fit de son mieux pour ne pas laisser le point bleu sur le bout du nez d’Ephiny la faire éclater de rire. « Ça a été amusant, en fait… ça faisait un bon bout de temps qu’il n’y avait pas eu autant de jeunesse par ici. » Elle tapota le bras de l’Amazone. « Vous m’avez laissé pas mal de souvenirs pour plus tard. »

 

Ephiny sourit tranquillement. « Merci… pareil pour moi. » Elle mangea une autre cuillerée. « On me disait de prendre une pause de temps en temps… ce n’est pas exactement ce que j’avais en tête, mais… mais hum… » Ses yeux étincelèrent doucement. « C’est quelque chose que je n’oublierai pas de sitôt. »

 

L’aubergiste se mit à rire. « Aucun de nous, je pense. » Elle joua avec sa cuillère. « Tu as… de la famille… au village, Ephiny ? » Est-ce que les Amazones ont de la famille ? J’aurais dû demander à Gabrielle…

 

« A part la Nation tout entière, tu veux dire ? » Répliqua Ephiny avec un sourire. « J’ai un fils, oui… » Elle regarda Cyrène. « Il s’appelle Xenon, en fait. » Elle sourit à l’expression de surprise de l’aubergiste. « Son nom vient de la personne qui a aidé à le mettre au monde. »

 

« Hmm… » Dit Cyrène. « Je ne pense pas avoir jamais entendu cette histoire… » Puis elle rit. « Gabrielle ne devait pas y être. »

 

Ephiny s’arrêta de manger et fixa la table, se souvenant. « Oh… non, elle était bien là », répondit-elle avec précaution. « C’était… en Thessalie… pendant la guerre civile. Elle a été… blessée. »

 

Ah ? Cyrène réfléchit à ces mots. « J’ai entendu dire… que la guerre s’est arrêtée brusquement… juste au moment où les Minoens allaient déclarer une victoire totale. Marmax a… stoppé ses troupes… et demandé la paix. »

 

Ephiny hocha la tête. « Oh oui… c’est ce qu’il a fait… Son cerveau a été remué par une certaine de nos connaissances jusqu’à ce qu’il réalise quel prix il payait pour la victoire. » Elle prit une inspiration. « Dans un temple dédié aux soins… Xena lui a donné un coup de couteau et l’a amené là pour voir si elle pouvait le faire changer d’attitude. » Elle s’interrompit. « Ça a marché. »

 

« Oh… et bien, je pense qu’elle était plutôt fière de ça », dit Cyrène d’un ton raisonnable. « Ça a sûrement sauvé beaucoup de vies. »

 

Ephiny prit une inspiration et pinça les lèvres. « Mais ça a failli coûter celle de Gabrielle », répliqua-t-elle calmement. « Et je ne pense pas qu’elle aurait accepté ça comme un échange acceptable. » Elle soupira. « Je ne pense pas qu’elle aime parler de ça à cause de ce qui est arrivé. » Puis elle rayonna. « Mais… elle a réussi à tout remettre d’aplomb… et j’ai fini avec Xenon. » Elle baissa les yeux avec un sourire. « Et une cicatrice pour le prouver. »

 

Cyrène haussa les sourcils, distraite de ce qui s’était passé. « Elle a dû… oh… par la déesse. » Elle tapota la main d’Ephiny. « Pauvre petite chose. »

 

« Et bien… » Admit Ephiny avec franchise. « Son père était un Centaure… je ne suis pas sûre que ce n’était pas le mieux à faire. »

 

La mâchoire de Cyrène s’affaissa tandis que son esprit essayait d’imaginer comment… « Un… Centaure ? ? »

 

L’Amazone sourit tristement. « Phantès… oui. » Elle leva les yeux vers la porte de la cuisine qui s’ouvrait et tressaillit en croisant un regard bleu familier. « Oh… salut. »

 

Je suis un seigneur de guerre, se rappela Xena avec force. Je combats depuis l’âge de quinze ans. J’ai tenu tête au Dieu de la Guerre lui-même et j’ai gardé le contrôle. Je ne vais PAS éclater de rire. Non non. « Salut. » Un haussement de sourcil. Respire… ne ris pas… respire… « Jolies… rayures. » Respire… « Bonjour maman. » Garde l’air menaçant, c’est tout. Ouf.

 

Cyrène se leva, l’esprit toujours affairé à contempler des Centaures, et elle poussa Xena vers une chaise. « Assieds-toi, ma chérie. » Elle alla vers la cuisinière et manqua rentrer dans Gabrielle et Jessan qui entraient et se figèrent.

 

« Ouaouh. » Gabrielle cligna des yeux à la vue d’Ephiny, qui rougit, faisant ressortir ses rayures bleues. « Hum… Eph… c’est vraiment… hum… » Elle se tourna brusquement vers sa compagne qui s’était assise en face d’Ephiny, et avait sérieusement l’air de quelqu’un habitué à voir des Amazones au visage peint dans la cuisine de sa mère tous les jours. « Tu sais, Xena… ça me rappelle ce poisson que tu as attrapé dans l’océan une fois. » Elle sourit doucereusement à sa compagne. « Tu vois lequel. Celui avec les lèvres crispées. »

 

Xena ferma les yeux. Merci Gabrielle. IL fallait que tu me rappelles le poisson clown, hein ? Et son petit faciès comique et son allure loufoque d’insecte. Elle leva la main et s’en couvrit la bouche, puis regarda le visage d’Ephiny, se mordant la lèvre pour s’empêcher de rire.

 

Cette dernière mit le menton dans sa main et soupira. « Vas-y, ris. » Elle fixa le visage pincé de la guerrière. « Je le mérite… je ne peux pas croire que j’ai fait quelque chose d’aussi stupide. »

 

Xena sentit un coup brutal contre ses côtes, et soupira intérieurement. « Hé… Eph… je… euh… j’ai un truc qui enlève ça. » Un autre coup. « Euh… je vais aller le chercher. » Elle sentit l’avant-bras du barde se poser sur ses épaules et se pencha en arrière, sentant la douce chaleur du corps de Gabrielle pressé contre le sien. Elle résista au désir de fermer les yeux et balaya tardivement le sourire idiot de son visage en voyant celui narquois sur la face d’Ephiny. Par les dieux… il faut que je mette un arrêt à ça. Quel genre de réputation ça va me valoir ? Xena, Princesse Guerrière Guimauve.

 

« J’ai une meilleure idée », dit le barde. « Et pourquoi pas un agréable bain chaud minéral ? »

 

***************

 

« Je ne peux pas croire que tu m’as convaincue de faire ça », grognait Eponine, tandis qu’elle resserrait sa capuche autour de son visage, et tapait méchamment du pied un caillou qui avait eu l’audace d’être dans son chemin. « Je ne veux pas qu’elles me voient. »

 

Ephiny soupira. « Tu veux bien te détendre s’il te plait ? C’est juste Xena et Gabrielle. » Elle lança un coup d’œil à leurs deux compagnes qui marchaient à quelque distance devant, se parlant à voix basse. « Et Xena a le truc pour enlever ce bazar. Alors… du calme. Elles l’ont déjà vu… elles s’en fichent. »

 

« Xena… » Gabrielle se rapprocha et mit la main autour du bras de sa compagne. « Est-ce que ce truc va vraiment enlever le bleu ? » Elle jeta un coup d’œil derrière elles. « Pony est vraiment furieuse. » Elle s’interrompit. « Je ne peux pas croire que tu as fait ça. »

 

Xena laissa passer un soupir agacé. « Gabrielle, je n’ai RIEN fait… j’étais attachée à toi toute la soirée, tu te souviens ? Tout ce que j’ai fait c’est… hum… laisser ça là où… c’était accessible. Ce n’est pas MOI qui les ait fait en manger…. Pas MOI qui les ait fait l’utiliser l’une sur l’autre pour des raisons… artistiques. »

 

Gabrielle rit doucement. « Je sais… je sais… » Elle resserra sa prise et soupira. « Peut-être que ça va les rapprocher. »

 

Elles atteignirent la grotte sans encombre et même l’humeur grincheuse d’Eponine s’améliora quand elle vit la mare fumante et que l’odeur épicée emplit ses poumons.

 

« Allez. » Xena leur fit signe d’entrer dans la mare. « Il faut que je mélange ce savon. » Elle sortit ses provisions sur un rocher plat et s’agenouilla à côté, dégrafa son manteau et le posa d’un côté. Elle se concentra sur sa tâche, consciente à la périphérie de ses sens des bruissements subtils du tissu sur la peau et des légers murmures tandis que ses compagnes retiraient leurs vêtements, puis le son arythmique de l’eau remuée quand elles y entrèrent, en même temps que des marmonnements de plaisir à la sensation.

 

Elle sourit tranquillement, envoyant un rapide coup d’œil par-dessus son épaule aux Amazones qui soupiraient d’aise et à l’expression affecteusement amusée sur le visage de sa compagne tandis qu’elle les regardait. Gabrielle était appuyée contre le mur tout près, les bras étirés sur les bords de la mare, et Xena prit un moment pour apprécier le corps souple et grâcieux qui commençait à prendre forme chez le barde. Que je soies damnée si elle ne met pas la honte à ces Amazones. La guerrière rit doucement pour elle-même.

 

Ses mains donnèrent aux ingrédients la forme d’un savon lisse et elle se leva, savourant l’odeur douce et âcre et de la préparation. Puis elle traversa la mare et se laissa tomber sur un genou, tendant le savon à Eponine qui se trouvait la plus près du bord. « Tiens. »

 

Eponine haussa un sourcil noir et tendit la main pour prendre le savon avec précaution, puis dans un mouvement rapide, elle tendit l’autre main et attrapa le bras de Xena, tirant fort, les dents découvertes dans un sourire félin.

 

Xena se sentit soudain perdre l’équilibre et compensa automatiquement, les muscles de ses cuisses tendus pour la maintenir en place. Elle rendit son sourire à Eponine, et il s’agrandit quand l’Amazone laissa passer un souffle dégoûté et la relâcha. « Bien essayé », dit-elle d’une voix traînante, en secouant son bras pour l’en débarrasser des goutelettes d’eau laissées par la main d’Eponine. « Sois contente… si tu m’avais tirée dans l’eau, et que tu m’avais fait revenir dans ce mauvais temps toute mouillée, tu aurais affronté la colère de sa Majesté ici présente. » Elle montra de la mâchoire une Gabrielle qui sourit d’un air narquois.

 

« Elle a raison », acquiesça le barde, en s’adossant avec indolence, la tête sur ses mains. « Tu viens avec nous ? » Ces mots étaient destinés à sa compagne. Allons Xena… j’adore montrer à ces Amazones si coriaces à quoi ressemble la chose la plus féroce qui existe. Elle laissa un demi sourire recourber ses lèvres et fut récompensée par son jumeau sur celles de Xena.

 

« Ouais… » La guerrière se leva et se brossa, puis elle alla vers l’endroit où elle avait laissé son kit et le rangea, puis le posa de côté avant de déboucler la ceinture de sa tunique et de passer celle-ci par-dessus sa tête.

 

« Tiens… » Ephiny secoua la tête et frotta le savon sur le visage d’Eponine, produisant de la mousse bleue. Les yeux couleur caramel la regardèrent d’un air penaud. « Tu peux pas résister, hein ? » Marmonna doucement la régente.

 

« J’avais une bonne occasion… » Marmotta Eponine en réponse. « J’y peux rien si cette satanée bonne femme pèse plus que moi. » Elle soupira de soulagement quand le savon retira les tâches bleues sur ses bras. « Ça commençait à démanger. »

 

La suggestion envoya immédiatement un frissson chatouilleux le long de la colonne d’Ephiny. « Merci. » Elle eut un sourire ironique à l’attention d’Eponine. « J’avais bien besoin d’entendre ça. »

 

« Désolée », marmonna la maîtresse d’armes. « Tiens. » Elle tendit la moitié du savon à Ephiny et se frotta avec soin, jetant un coup d’œil par-dessus l’épaule de celle-ci avant de s’arrêter. « Bon sang. » Elle haussa un sourcil.

 

Ephiny plissa le front. « Qu’est-ce qui ne va pas ? » Elle regarda par-dessus son épaule et se mit à rire. « Oh. » Xena entrait dans la mare, toute son attention tournée vers sa compagne, qui évitait des éclaboussures envoyées par les doigts de la guerrière.

 

La régente saisit l’occasion pour étudier le long corps mince avec une attention appropriée, ayant passé toute sa vie au milieu des guerrières et possédant de ce fait un œil connaisseur pour la force subtile du corps féminin. Elle songea que les proportions étaient tellement justes chez Xena… elle n’était pas outrageusement musclée comme certaines des Amazones… comme Arella par exemple. Mais chacune des parties de son corps étaient de la bonne dimension, et de la bonne longueur, et le tout était d’une précision extrêmement harmonieuse, avec un sentiment de solidité qui en disait long sur les années d’utilisation de son corps.

 

Plus grande que la moyenne, sûr… une grande partie de cette longueur dans les jambes, si musclées qu’elles auraient pu paraître gauches, sauf que le haut de son corps était suffisamment long et bien développé pour contrebalancer cela aisément, et il montrait le contraste bizarre des courbes d’une femme, recouvrant les mouvements vagues de celui de la puissance sans compromis d’une guerrière.

 

Séduisante et effrayante, attirante et intimidante… elle se tenait là à demi submergée, sa peau recevant les faisceaux de lumière de leurs torches comme une sorte de statue de bronze. Totallement inconsciente, songea Ephiny, du sentiment de puissance qu’elle dégageait… son attention totalement rivée sur Gabrielle, tandis qu’elle permettait au barde de la faire tomber, et de les emporter toutes deux dans les eaux plus profondes.

 

Intrépide. Ephiny secoua la tête, tandis qu’elle regardait Gabrielle remuer sa compagne comme un jouet favori, souriant quand elle enfonça la tête de Xena sous l’eau. La combattante la plus dangereuse ici, ou dans n’importe quel endroit de la Grèce, et la gamine se jette sur elle comme un chaton sur sa balle.

 

« Hé. » Xena cracha l’eau qui lui remplissait la bouche, et secoua sa tête sombre, envoyant des gouttes d’eau chaude partout. « C’était nécessaire ça ? » Elle lança un regard espiègle au barde puis l’éclaboussa d’un mouvement rapide. « Regarde… plus d’Amazones peintes », fit-elle observer en se radossant contre le mur du fond tout en croisant les mains sur son estomac. « Vous avez de la chance qu’on soit venues ici avant que quelqu’un d’autre se réveille. »

 

Eponine grogna. « Ça c’est sûr. » Elle lança un regard diabolique vers Xena. « Si jamais j’entends un seul mot là-dessus, je jure que… »

 

Xena ricana doucement. « Et ben… on verra bien… maman sait… elle est plutôt bonne pour garder les secrets. »

 

« C’est d’elle que tu tiens ça ? » Demanda Gabrielle innocemment, tandis qu’elle s’installait près d’elle.

 

« Gabrielle… tu aimerais que ta mère entende parler des Bacchae ? » Menaça Xena.

 

Le barde grimaça. « Ok… ok… je serai gentille. » Ooh… je pense qu’on va éviter de raconter celle-là aux parents… à moi ça me fiche toujours la frousse.

 

« On aimerait bien entendre parler des Bacchae, nous », dirent Eponine et Ephiny dans un chœur parfait. « S’il vous plait ? »

 

Gabrielle soupira. « Je vais te tuer. » Elle s’interrompit. « Ou mieux encore… je vais leur dire qui a laissé ce bol dans leur chambre. » Les mots sortirent avant qu’elle n’ait le temps d’y réfléchir, et elle tressaillit en réaction. Crottin de Centaure. Désolée mon amour… Son regard fit des excuses quand elle vit la guerrière soupirer.

 

Xena la regarda dans une demande silencieuse puis fixa par-dessus l’épaule du barde quand elle repéra deux Amazones vraiment furieuses qui se dressaient hors de la mare. Et bien… je me suis bien amusée… Elle se glissa hors de la poigne de Gabrielle et passa sous l’eau, tandis que deux corps volaient et heurtaient l’espace où elle s’était trouvée. Allons les filles… il faut être plus rapides que ça.

 

Elle fit surface en riant et leur fit face. « Hé… c’est pas moi qui vous ait fait manger ce truc. » Elle plongea à nouveau quand Eponine fonça sur elle, l’eau explosant de partout tandis qu’elle se glissait dessous, et poussait pour parcourir le reste de la mare, glissant sous les corps qui se débattaient pour sortir de l’autre côté. « Ou qui l’ait utilisé comme… peinture avec les doigts. »

 

Puis elle sortit de l’espace, toutes les deux agrippées à elle, tandis qu’elle s’élançait dans l’eau les tirant avec elle. C’était plus profond par ici et elle réalisa brusquement son erreur tandis qu’un corps lourd atterrissait sur ses épaules la forçant sous l’eau, et que l’obscurité se refermait sur elle. Non !

 

Elle entendit à peine le cri d’avertissement de Gabrielle avant que son corps ne perde la faculté de faire la différence entre amie ou ennemie, et que ses sens réagissent à la sensation soudaine d’être piégée et incapable de respirer. La force qui la maintenait devint plus insistente et elle put sentir des mains qui lui agrippaient le cou avec une puissance sauvage.

 

Xena libéra un bras et l’enroula autour du corps au-dessus d’elle, l’attirant vers le bas avec toute sa force, puis elle repoussa son assaillante tandis qu’elle brisait la surface de l’eau et prenait une inspiration essouflée, qui fut relâchée avec un rugissement. Ses sens trouvèrent automatiquement une cible et elle surgit à demi hors de l’eau, se dirigeant vers le mur du fond.

 

Puis des bras autour de son cou à nouveau mais ce fut un toucher que son corps reconnut et elle ne fit aucun geste pour empêcher Gabrielle de glisser dans ses défenses. Ni aucun geste pour empêcher sa main de caresser sa joue doucement, tandis qu’elle luttait pour mettre sa fureur sous contrôle. « Doucement… doucement… » Souffla doucement le barde dans son oreille. « C’est bon… c’est juste Pony… elle s’est laissé dépasser par son enthousiasme… »

 

Xena sentit son corps se relâcher, les instincts de combat diminuant tandis qu’elle regardait froidement par-dessus l’épaule de sa compagne où une Eponine effarée clignait calmement des yeux dans la poigne d’Ephiny, après avoir été projetée contre le mur de la grotte puis dans l’eau par la force du mouvement de la guerrière. « Tu pensais à quoi par Hadès ? »

 

Gabrielle soupira tandis qu’elle se tournait à demi et fixait les deux autres Amazones. « C’était vraiment idiot. » Elle continua à masser doucement et d’un geste apaisant le côté de Xena, sentant la tension profonde, presque involontaire commencer à diminuer. C’est ça… doucement, mon amour… Elle atendit que ses propres nerfs s’arrêtent de tressauter, et que son cœur ralentisse son battement rapide qui avait commencé aussitôt qu’elle s’était rendu compte de ce que faisait Eponine. Ephiny avait commencé à s’y mettre, mais Gabrielle l’avait agrippée et jetée hors du chemin, quelques secondes avant que le corps puissant de Xena n’émerge brusquement de l’eau, repoussant Eponine comme une sorte de jouet usé de l’autre côté de la mare. « Vraiment idiot », répéta-t-elle en croisant le regard choqué d’Ephiny.

 

« Par les dieux… désolée… » Dit Eponine en toussant. « Xena… je suis désolée… je ne me suis pas du tout rendu compte de ce que je faisais. » Elle leva les yeux et croisa le regard bleu froid de la guerrière. « Je ne voulais pas te coincer là-dessous… je ne sais pas à quoi je pensais… je… j’ai oublié sur qui je posais mes fichues mains. » Elle les regarda. « J’ai de la chance de toujours les avoir. » Elle lança un regard désabusé et franchement désolé à Xena. Ouaouh. Cette poussée lui avait donné l’impression d’être lancée par une catapulte, et l’Amazone tressaillit en bougeant son épaule, qu’elle avait écrasée contre le mur. De toutes les choses idiotes et tarées que j’aurais pu choisir de faire… c’est plutôt bien classé. Elle échangea un regard sombre avec Ephiny, qui regardait Xena avec des yeux inquiets, consciente de la tension toujours palpable et présente qui se dégageait de la guerrière en vagues qui traversaient la mare. « Désolée », marmonna-t-elle finalement et doucement.

 

Xena s’appuya contre le mur de la mare, tandis qu’une vague de soulagement las la submergeait. J’aurais pu tuer Eponine, lui adressa son esprit faiblement. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle me faisait. Son regard perdit la plus grande partie de sa dureté glaciale et elle soupira, presque silencieusement. Ça avait été… si facile… d’oublier comme le vernis était fin… je pense que je m’étais leurrée moi-même à penser que je pourrais juste être… oh bon sang… oublie ça. « C’est bon, Eponine », finit-elle par dire calmement. « C’est de ma faute. »

 

L’Amazone ricana doucement. « Je ne pense pas. » Elle se remit en position assise, essayant de ne pas tressaillir. « C’est moi l’idiote qui a décidé de te sauter sur le dos et de te maintenir sous l’eau. Je pense qu’on m’a cogné la tête trop souvent. » Elle bougea malencontreusement et grogna.

 

Xena la regarda pensivement. Je leur dois une explication. Bon sang. Elle regarda les yeux inquiets de Gabrielle et fit un sourire à sa compagne, qu’elle espéra rassurant, puis elle releva les yeux pour regarder les visages inquiets de l’autre côté de la mare. Ce sont mes amies, non ? Je ne peux pas cacher ça éternellement. « J’ai… un problème avec les lieux clos », finti par dire Xena d’une voix calme, et elle sentit le sursaut en Gabrielle à ces mots. Tu t’attendais pas à ça, hein, mon barde ? « J’ai… ça… depuis que je suis gamine. Je ne peux pas toujours contrôler ma réaction dans ce cas… tu as eu de la chance. » Elle termina et sentit le bras du barde se resserrer dans une étreinte puissante autour d’elle, lui amenant un petit sourire sur le visage.

 

Eponine cligna des yeux de stupéfaction. Je ne peux pas croire que j’entends ça. Est-ce qu’elle vient juste d’admettre qu’elle est… Bon sang… Je pense qu’elle l’a fait. Elle sentit la surprise d’Ephiny tandis qu’elle et la régente échangeaient un regard. Wow. Ça demande des tripes. Tout d’un coup, son esprit glissa tandis qu’elle tentait de réajuster son image mentale de la grande guerrière aux cheveux noirs en face d’elle. Une de mes cousines était comme ça… elle pouvait pas supporter les foules… les petites pièces. Son regard fit le tour de la grotte et se souvint de l’étroitesse de la fête la veille au soir, et un nouveau respect entra dans son regard quand elle leva les yeux vers Xena. Bon sang.

 

Ephiny eut un éclair soudain de souvenir, de la douce voix de Gabrielle qui racontait leur dernière aventure, et maintenant elle prenait une toute nouvelle signification alors qu’elle réalisait le prix caché qu’avait dû payer Xena. Le courage, lui avait une fois dit sa mère, n’était pas le simple fait de n’avoir peur de rien… c’était d’avoir peur et de faire ce qu’il fallait quoi qu’il en soit. Le courage c’était de gérer ses peurs, pas de les laisser vous guider. Elle l’avait découvert par elle-même… elle pouvait aussi bien partager son propre fardeau. « Ouais et ben… » Elle croisa le regard las de Xena. « J’ai un problème avec les hauteurs. Ça fait que grimper aux arbres c’est une plaie. »

 

Gabrielle rit doucement en s’appuyant contre sa compagne. « Moi aussi. » Elle posa sa joue contre le bras de Xena et continua à caresser calmement et doucement, tandis qu’elle sentait le corps de la guerrière se détendre. « Je pense que tout le monde a quelque chose. » Merci Ephiny… Ses yeux brillèrent à l’attention de la régente.

 

Elles regardèrent toutes Eponine, qui bougeait pour prendre une position plus confortable dans l’eau et elles froncèrent les sourcils. « Les insectes », finit-elle par marmonner. « Mais je vous défie de le raconter… ou toutes les morveuses du village vont me coller des coccinelles dans mes couvertures. »

 

Xena laissa passer un éclat de rire sourd, et la tension autour d’elles se dissout tandis qu’elles se joignaient à elle. « Désolée… Pony… » Finit par dire Xena en soupirant. « J’espère ne pas t’avoir trop secouée. » Elle glissa le bras autour de Gabrielle et laissa passer une inspiration longuement retenue, sentant les doigts du barde venir légèrement chatouiller sa cage thoracique avant de reprendre leurs dessins lentement sur son ventre.

 

L’Amazone grogna. « Nan… en fait, je pense que tu m’as rendu service… tu m’as remis ma fichue colonne en place. J’avais un tour de reins depuis ce matin. »

 

La guerrière lui lança un regard ironique. « Toujours contente d’apporter mon aide. »

 

Ephiny s’éclaircit la gorge. « Bon… à propos de ce truc bleu ? ? » Elle mit les mains sur ses hanches et lança un regard sévère à Xena. « Ça n’était vraiment pas gentil, Xena. » Changeons de sujet, hmm ? En plus… Elle regarda l’expression de Xena qui se calmait avec un intérêt un peu amusé. On dirait bien que Gabrielle sait très exactement comment s’occuper d’elle.

 

« Hé. » Gabrielle devança la réponse de sa compagne. « Elle n’a eu qu’à trouver un bon endroit pour ce bol… je ne l’ai pas vue en train de forcer quiconque à consommer le contenu. » Elle leur fit face avec une expression de défi sur le visage. « Et… hum… elle n’a certainement donné aucune… indication… sur la façon de placer les… peintures. » Elle sortit une main de l’eau et secoua le doigt vers elles. « Alors… arretez les accusations. » Elle croisa les bras. « Autrement. »

 

Elles la regardèrent toutes, Ephiny et Eponine avec des expressions perplexes, Xena avec un sourire ravi.

 

« En plus », dit la guerrière, en glissant les deux bras autour de l’estomac du barde pour l’attirer plus près. « Je n’ai rien eu à faire… juste fournir… les… moyens… et laisser la nature humaine faire le reste. » Ses yeux bleus brillaient.

 

Les deux Amazones se regardèrent. « Elle a raison », dit Ephiny en soupirant. « Ça nous apprendra à être de petites cochonnes hédonistes. » Elle sourit à la vue de l’expression renfrognée d’Eponine et rougit. « Alors… sujet suivant… » Elle jeta un coup d’œil à la grotte. « Vous… voulez comparer des cicatrices ou un truc comme ça ? »

 

« Pas juste », objecta Gabrielle avec un faux froncement de sourcils. « Je suis désavantagée. »

 

« Mmm… » Approuva Xena en touchant l’unique cicatrice profonde sur son cou avant de laisser sa mains descendre sur la plus petite sur son biceps. « J’ai bien l’intention que ça reste comme ça. »

 

Ephiny ricana. « Tiens tiens. » Elle s’adossa. « En plus, ma plus grande, c’est toi qui me l’a donnée. » Elle baissa les yeux vers son ventre et traça la ligne fine et bien dessinée de son regard. « Pas que je me plaigne, tu sais. » Elle bâilla et leva un bras hors de l’eau, fixant son épaule. « Celle-là, d’un autre côté, elle vient d’un sanglier. »

 

Elles la regardèrent avec respect. « Vraiment ? » Grogna Eponine, examinant le dessin clair sur la peau bronzée d’Ephiny. « Il t’a mordue ? »

 

Ephiny pinça les lèvres pendant un instant, puis sourit. « Il m’a couru dessus. J’ai glissé et je suis tombée devant lui… ce satané truc décampait devant un feu de forêt. » Elle leur fit un sourire penaud. « Alors c’est la plus embarrassante. » Elle tourna la tête. « Et toi ? »

 

Eponine fronça les sourcils et leva la jambe hors de l’eau, exposant un mollet musclé tout en pointant une cicatrice en forme de demi-lune. « J’étais partie chasser… et j’ai trouvé un essaim dans un arbre. J’ai grimpé, j’ai enfumé les abeilles et j’avais les mains dessus quand une fichue pie a volé juste devant mon visage et m’a fait perdre ma prise sur ce foutu arbre. »

 

« Tu t’es griffée en tombant ? » Demanda Xena avec un sourire.

 

« Non », répondit Eponine en grinchant. « Je ne voulais pas lâcher l’essaim, alors je… euh… j’ai un peu rebondi… » Elle ignora les rires rapidement étouffés des autres. « J’ai roulé jusqu’à la rive direct dans le petit ravin. »

 

« Et tu… t’es coupée sur un rocher ? » Hasarda Gabrielle.

 

« Non », répliqua Eponine. « J’ai traversé le ravin et j’ai atterri dans un terrier de lapins. »

 

« Hummm…. Une branche t’a piqué la jambe ? » C’était le tour d’Ephiny et elle examina attentivement la cicatrice après avoir posé la question.

 

« Non », grogna Eponine. « Un lapin m’a mordue. »

 

Elles la regardèrent. « Un lapin », répéta Xena. « Ils peuvent être dangereux. »

 

« Vrai. » Ephiny hocha sagement la tête. « Vicieux. »

 

Gabrielle se contenta d’éclater de rire. « Oh… wow… une morsure de lapinou. » Un rire. « Trop drôle. »

 

Eponine soupira avec un air de martyre. « Je savais bien que je n’aurais pas dû raconter celle-là. »

 

Xena la regarda avec de la sympathie. « T’occupe pas d’elle. » Elle fit nonchalamment plonger le barde toujours rigolard dans l’eau et la ressortit crachotante. « Vraiment. »

 

Gabrielle l’éclaboussa. « Ok, Princesse Guerrière des Remarques Acerbes, et toi, quelle est ta cicatrice la plus embarrassante ? » Puis elle se demanda brièvement si Xena la laisserait s’en sortir avec celle-là… parfois, elle le savait, elle passait de l’autre côté d’une ligne fine entre faire se relâcher sa compagne et pousser trop loin le sens parfois imprévisible de la dignité de Xena. Le corps sous ses mains ne se raidit pas cependant, alors elle se dit qu’elle allait s’en sortir cette fois.

 

La guerrière brune la contempla en silence pendant un long moment, puis elle laissa un léger sourire recourber ses lèvres. « Ben… » Un haussement d’épaules. « La première fois de ma vie que j’ai été soule… »

 

Eponine grogna doucement et étudia le plafond. « Oohhh… ne va pas dans cette direction. »

 

Xena se mit à rire. « Ouais, et ben… c’était ici… à la maison. Un groupe de marchands traversait la ville, on avait un grand festival… les choses ont un peu dérapé. » Elle s’interrompit, perdue dans son souvenir. « C’était.. quelques années avant Cortese, je pense… un des marchands était lanceur de couteaux en plus… des paris, ce genre de trucs. »

 

Gabrielle roula la tête en arrière et leva les yeux vers le profil de sa compagne. « Laisse-moi deviner… tu l’as défié. »

 

Elle reçut un regard neutre en retour. « Nan », réfuta Xena joyeusement. « Il m’a défiée. » Une étincelle dans les yeux bleus. « J’ai gagné. »

 

« Ooh… quelle surprise », dit Ephiny en riant, l’éclaboussant d’eau chaude.

 

La guerrière sourit. « Mais le mauvais côté des choses, c’est qu’on m’a payé pas mal de verres… ce qui n’était pas très bon. Alors… j’ai réussi à m’éclipser de l’auberge et je suis allée dans l’écurie… avec l’idée de me cacher jusqu’à ce que ma tête arrête de tourner. » Elle soupira et secoua la tête. « J’avais oublié que je venais de faire une poussée de croissance… et j’ai réussi à marcher pile dans une fourche. » Une main retomba sur la courbure de son sein droit et tapota la petite cicatrice. « Bon sang, comme ça m’a fait mal. »

 

Gabrielle tressaillit et examina la cicatrice. « Je me suis toujours posée la question. »

 

Un ricanement de la guerrière. « Ouais… j’étais trop embarrassée pour laisser maman la regarder… alors j’ai tenté de la recoudre moi-même. » Elle grimaça. « Sans succès d’ailleurs. »

 

Eponine se mit à rire. « Je parie que tu jurais comme un charretier. » Elle regarda Ephiny se mordre la lèvre en imaginant la scène.

 

« Oh oui. » Xena leva les yeux au ciel puis posa le regard sur la tête mouillée de Gabrielle. « Et toi ? »

 

Gabrielle sourit et laissa sa tête reposer sur l’épaule de Xena. « Hmm… je ne pense pas avoir de marques permanentes qui soit… embarrass… oh… et bien… » Elle rougit. « Tu te souviens de Tympani ? »

 

« Ton poney ? » Dit Xena en échangeant un sourire avec les Amazones. « Gabrielle a eu un poney autrefois. »

 

« Vraiment ? » Ephiny croisa les bras.. « Je pensais que tu n’aimais pas les chevaux. »

 

« Il m’a mordue », répondit le barde solennellement. « C’est sûrement pour ça que j’ai une dent contre eux. »

 

« Mordue ? ? ? » Xena se redressa et la regarda. « Gabrielle, il faut que je te dise un truc… AUCUN cheval ne m’a jamais mordue. »

 

Le barde ricana. « Je suis sûre que non… oh Princesse Guerrière de tous les Animaux Têtus. Ils t’aiment tous. » Elle fit voleter de l’eau au-dessus de la surface puis se rendit compte de ce qu’elle avait dit, et comment ça pouvait être interprété, et elle tressaillit en voyant les expressions hautement amusées sur les visages de ses amies. « Je ne suis pas têtue. »

 

Même Xena se mit à rire, repoussant la tentative de Gabrielle de l’éclabousser. « Hé… hé… c’est toi qui l’as dit ! ! » Protesta-t-elle puis elle chatouilla le barde sous l’eau. « Alors… où est-ce qu’il t’a mordue ? »

 

« Ouais… où ? » Demanda Ephiny en mettant les mains derrière sa tête pour se laisser flotter avec aise.

 

Gabrielle pinça le visage dans un demi sourire embarrassé. « Hum… » Elle se mâchouilla la lèvre. « Sur le derrière, en fait. »

 

Un moment de silence puis elles se mirent à rire, faisant à moitié couler Ephiny qui eut de l’eau jusqu’au nez. Elle fit surface en toussant. « Par les dieux. »

 

Xena regarda la rougeur monter sur le cou de sa compagne et envisagea brièvement l’idée de lui demander de montrer la cicatrice. Non. « Alors… c’est ça que c’est », dit-elle d’un ton traînant à la place.

 

La rougeur du barde s’assombrit et elle plongea le visage dans l’épaule de la guerrière. « Je ne peux pas croire que j’ai dit ça », marmonna-t-elle à voix basse.

 

« C’est bon », murmura Xena, la voix couverte par les rires et les éclaboussures dans la mare. « C’est mignon. » Elle glissa la main le long du dos du barde et traça doucement la cicatrice en question. « J’allais te poser la question là-dessus. »

 

Elles restèrent à flotter encore un moment jusqu’à ce que Xena se rende compte de l’heure tardive. « Hé… ils vous attendent probablement, vous deux », dit-elle en poussant doucement une Gabrielle à demi-endormie blottie avec les bras qui enserraient légèrement la taille de Xena.

 

Ephiny tourna la tête et regarda la guerrière aux cheveux noirs. « Ouais… hé… si vous restez pas mal de temps par ici… vous devriez nous rendre visite plus souvent… pas d’excuses. »

 

« Pareil pour toi », répliqua Gabrielle. « Mais pas aussi dramatiquement la prochaine fois, ok Eph ? » Elle gargouilla de surprise quand Xena se releva, la prenant dans ses bras pour sortir de l’eau et se diriger vers leurs affaires. « Crâneuse », siffla-t-elle à la guerrière au sourire narquois tout en la poussant doucement. « Repose-moi. »

 

« Je vais essayer », grogna Ephiny en se tirant pour sortir de la mare et prendre le morceau de coton que Xena lui tendait, avant de s’essuyer vigoureusement. « Crois-moi, je n’ai pas l’intention de me causer des vacances forcées pour au moins un mois. » Elle leva les yeux. « Encore que ça a été marrant vers la fin. »

 

Xena leva des yeux pleins d’une lueur espiègle. « Même de tomber dans la boue ? » Elle rit à l’expression mortifiée d’Eponine. « Vous n’aviez pas l’intention de nous raconter cette petite escapade, hein ? »

 

« Bon sang », grogna l’Amazone brune. « Très bien… qui a cafté… » Elle passe sa chemise par-dessus sa tête et la serra d’un coup brusque. « Hercule ? ? »

 

Xena secoua la tête. « Nan… c’est un vrai tombeau », informa-t-elle la jeune femme d’un ton sobre.

 

« Iolaus ? » Fut l’essai suivant d’Eponine.

 

« Nan », répondit Xena en serrant son propre vêtement tout en tendant le sien à Gabrielle.

 

« Alors… » Eponine se tourna soudainement et regarda Ephiny d’un œil noir. « C’était… »

 

La régente leva les mains. « Pas moi, ma grande. » Elles se regardèrent puis se tournèrent ensemble vers Xena. « Toris. »

 

Cette dernière sourit.

 

« Il est cuit », gronda Eponine en ramassant ses affaires. « Je vais le trouver et… »

 

Xena leva la main. « Ah ah… attends un peu… » Elle remua le doigt vers Eponine. « C’est mon frère… et je ne vais pas rester là à regarder quelqu’un s’en servir pour nettoyer le sol. » Elle s’interrompit. « C’est mon privilège. » Elle s’interrompit et eut un sourire espiègle. « En plus… je pense qu’il va y avoir une autre Amazone sur ton chemin. »

 

Ephniny soupira mais sourit néanmoins. « On va encore perdre un membre de notre Nation à Amphipolis, hein ? »

 

Gabrielle rit doucement. « Pense à ça comme à… hum… une sorte d’avant-poste permanent… qu’en penses-tu ? » Elle repoussa ses cheveux pour les faire sécher. « Au moins on pourra envoyer des messages plus vite. »

 

La régente réfléchit à ces mots et finit par hocher la tête. « Très bien… » Elle commença à avancer dans le tunnel. « Allez Pony… on rentre à la maison. »

 

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