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Le chevalier à la rose2

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Le Chevalier à la Rose

 

Par Styx

 

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Partie 3 (bientôt)

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Deuxième Acte – Scènes 1 & 2

 

Une bonne nuit de sommeil avait enfin permis à Athéna de se reposer. Et après la séance de chant de la veille au soir, elle n'appréhendait plus autant son arrivée à l'Opéra. Tout, bien sûr, n'était pas résolu, mais leur discussion intense devait lui permettre de repartir avec la diva sur des bases saines.

 

Une petite session de conditionnement dans la salle de bain, après la douche, avait achevé sa préparation. Tu connais le rôle par cœur. Tu pourrais le chanter en dormant. Et elle a dit qu'elle voulait chanter avec toi. Alors, tu finis de t'habiller et tu y vas !

 

Un taxi l'attendait au pied de l'hôtel et bien qu'embouteillé, le trajet ne prit pas autant de temps que le jour précédent. Le même jeune assistant l'attendait et la conduisit à un autre petit salon de répétition où se trouvait un simple piano droit. Elle demanda une petite heure pour préparer sa voix et, dès que la porte se referma, elle commença ses exercices.

 

Une heure plus tard, Karl était de retour et la mena vers la scène. Elle y retrouva la jeune soprano américaine d'origine chinoise Mary Wang et Alessandro Pietri commença à travailler avec elles pour les placements du deuxième acte. Mary, qui assistait aux répétitions depuis le début, n'en avait pas vraiment besoin, mais Athéna lui fut reconnaissante de sa présence et assimila rapidement les mouvements.

 

La mise en scène de Pietri était un mélange de classique et de moderne : tradition respectée en ce sens que les costumes et décors, comme dans le livret, seraient "18e siècle". Par contre, le maestro voulait que l'expression des sentiments soit franchement contemporaine. Il devait y avoir contact physique entre les interprètes et on ne parlait pas d'une main vaguement posée sur un bras pour simuler une fougueuse étreinte.

 

La présence d'A. Pietri à cette séance de travail avait agréablement surpris Athéna qui s'était attendue à voir un de ses assistants. D'autant qu'avec la répétition générale en costumes dans quelques heures, il devait y avoir un millier de détails à régler.

 

Herbert van Cuipert, qui jouait le rôle du Baron Ochs les avait rejoints et au milieu des éclats de rire, ils avaient travaillé le jeu de scène du début du 3e acte, quand Ocavian, déguisé en servante un peu innocente, joue l'ivresse pour mieux piéger le baron et l'écarter du chemin qui mène à Sophie.

 

Tout se déroulait au mieux quand Erika arriva à son tour. La répétition s'arrêta et Alessandro se précipita pour saluer sa vedette. Ils échangèrent quelques mots, puis Erika les rejoignit sur scène.

 

Le Maestro annonça alors qu'ils allaient finir le placement du 3e acte avant de libérer tout le monde sauf Erika et Athéna qui travailleraient la première partie du premier acte.

 

A cette nouvelle, Athéna ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil étonné à la diva. Elle avait été sûre qu'un assistant serait venu à ce moment pour servir de doublure à la Maréchale pendant qu'elle étudiait ses propres placements. Erika lui répondit par un petit signe de tête et un léger sourire.

 

La mise en scène de la fin de l'opéra était relativement simple. Les artistes fredonnaient leur partition à un rythme rapide tout en travaillant leurs déplacements. Quand tout sembla au point, Pietri allait laisser partir le reste de la troupe quand Erika demanda qu'elles reprennent juste une fois le trio du dernier acte quand Octavian déclare sa flamme à Sophie sans voir le retrait de sa maîtresse, la maréchale. Tous ceux qui avaient été présents la veille, savaient que le premier essai n'avait pas été une réussite et beaucoup s'étonnaient du calme avec lequel la diva avait pris la situation alors que tant était en jeu.

 

Même si Athéna se sentait rassurée après sa conversation de la veille avec Erika, elle n'avait pu chanter aucun passage de l'opéra, que ce soit avec elle ou Mary Wang. La difficulté de prendre le train en marche, et particulièrement ce train, faisait qu'elle aurait sa répétition générale avant ses répétitions particulières avec ses partenaires et le chef d'orchestre.

 

Devant la demande d'Erika, Mary haussa les épaules, Athéna hocha légèrement la tête et Pietri fit un signe à l'accompagnateur. Tous les autres artistes étaient redescendus dans la salle, mais personne ne s'était éloigné. Il y avait soudain dans l'air une énergie qui bruissait, de celle annonciatrice des grandes catastrophes... ou des miracles.

 

Le maestro annonça la mesure, l'accompagnateur joua les premières notes, puis les trois cantatrices rejoignirent leur marque. Sur un signe de Pietri, le pianiste reprit. Et au bout de quelques minutes, tous dans la salle comprirent que la volonté d'Erika de faire venir Athéna n'était pas un caprice de diva. Les voix des trois chanteuses se mariaient divinement, se mêlaient, se chassaient et se croisaient. A la fin du morceau, alors que la Maréchale s'éloigne au bras de Monsieur Faninal, le silence se prolongea plusieurs secondes avant d'être anéanti par les applaudissements de toutes les personnes présentes, artistes comme techniciens.

 

Athéna et Mary se regardaient comme le voulait la mise en scène. Erika revint et se dirigea vers elles. La jeune mezzo sembla sortir de la transe dans laquelle elle se trouvait et esquissa, restant dans son personnage, un salut en direction de Mary, puis se tournant vers Erika, s'inclina sur sa main et la lui baisa. Le geste déchaîna les cris et les rires des spectateurs, conscients d'avoir assisté à un moment d'exception. Athéna s'était redressée sans se dessaisir de la main d'Erika et les deux femmes se regardaient, un léger sourire complice aux lèvres. Leur bulle fut brisée quand Alessandro Pietri les rejoignit sur scène. Embrassant ses trois interprètes, il s'écria. "Cara, Cara, avec vous, je me demande pourquoi j'essaie de mettre en scène. Ils tomberaient tous sous votre charme même si vous deviez chanter dans le noir."

 

Tout le monde éclata de rire, sachant combien le maestro était attaché à ses indications scéniques.

 

Enfin, ceux qui n'avaient rien à faire au premier acte s'éloignèrent pour profiter d'un instant de repos avant la répétition générale de l'après-midi.

 

Pendant ce temps, le régisseur et ses aides installaient le décor des premières scènes, la chambre de la Maréchale avec un grand lit et une coiffeuse. Quand tout fut prêt, ils se retirèrent et Erika s'approcha du lit. Athéna n'y fit pas spécialement attention jusqu'à ce qu'elle la voie entrer dans le lit. La mise en scène classique mettait parfois Octavian dans le lit, mais jamais la Maréchale, le plus souvent déjà assise à sa coiffeuse.

 

Erika ajusta le drap au-dessus de ses jambes, puis en écarta un pan en invitant Athéna à la rejoindre. Elle regarda Alessandro d'un air interrogateur, mais celui-ci ne lui fit qu'un rapide signe de main lui demandant de s'installer. Athéna adopta une position similaire à celle d'Erika, mi-inclinée sur de larges oreillers tout en conservant une distance raisonnable avec sa partenaire. Alessandro les regardait toujours avec le même air soucieux. Il éclata soudain.

 

"Ladies, ladies... Non, ça n'ira pas ! D'abord, rapprochez-vous l'une de l'autre ! Vous venez de passer une nuit d'amour. Erika, tu te réveilles dans les bras de ton jeune amante. Tu dois... Oui, je sais, je te disais de tenir Octavian, mais notre jeune amie est plus grande que McLean. C'est donc à toi de te blottir contre elle.

 

Les paroles filaient. Les deux artistes trouvèrent naturellement les gestes qui collaient à l'action, avec de temps en temps, une indication d'Alessandro. "Erika, tu te lèves... Oui, bien... Octavian, tu te prélasses dans le lit...

Erika cara, tu vas vers la coiffeuse... Si... Molto bene... Octavian, tu te lèves maintenant et tu vas vers elle... Si... Et vous vous embrassez, I want a real kiss... Pas maintenant bien sûr... Vous continuez...Octavian, tu t'habilles... Vous entendez du bruit dans l'antichambre… Et les femmes de chambre arrivent... Bene... C'est un vrai plaisir de travailler avec de grandes artistes, vous chantez divinement bien, mais en plus, vous comprenez ce que vous chantez. Es tut mir leid... Mais c'est vrai, certaines de vos collègues, une voix de rossignol et pas beaucoup plus de cervelle."

 

Erika éclata de rire. "Maestro, vous êtes horrible."

 

"Cara mia, j'exagère peut-être un' poco, ma... Si peu. Enfin ! Vous comprenez ce que je veux. Je veux que le public, il oublie qu'il voit deux femmes. Il ne doit voir que la Maréchale qui n'est pas si vieille que ça et son jeune amant. Ils sont heureux, insouciants. Mais la Maréchale sait que sa jeunesse la fuira et qu'elle ne pourra pas garder Octavian. Et Octavian, même jeune et malgré toutes ses protestations d'amour, n'est qu'un homme. Et pour elle, chaque fois est un peu la dernière fois. Sauf que ce matin-là, ce sera vraiment la dernière fois et toi, Erika, tu en as le pressentiment alors que toi, Octavian, tu es inconscient de ce qui se prépare."

 

Athéna semblait saoulée par le flot de paroles. "Je crois que ça ira. Entre la répétition de cet après-midi et celles de demain et jeudi pour la musique et le chant, tout aura le temps de se mettre en place."

 

Erika intervint. "Je suis désolée de l'ordre des choses, mais il me serait impossible d'avoir la répétition générale plus tard."

 

Athéna la rassura. "Ne vous inquiétez pas ! Je comprends. Ce n'est pas comme si je n'avais jamais joué le rôle. Et maestro, je suis sûre que vous et vos assistants prendrez plein de notes tout à l'heure et que vous ferez un plaisir de me corriger d'ici vendredi."

 

Erika se rapprocha d'elle et posa sa main sur son bras. "Athéna, je suis certaine que tout se passera bien. J'ai peut-être des tas de raisons de m'angoisser, mais tu n'en fais pas partie. Moi par contre..."

 

Athéna n'eut pas le temps de répondre, Alessandro l'avait devancée. "Cara, souviens-toi de notre pacte ! Si ça ne devait pas être proche de la perfection, je te l'aurais dit. Tout ira bien et maintenant, repos. On reprend à 15 heures." Puis le maestro partit suivi de sa multitude d'assistants.

 

Les deux cantatrices se regardèrent et éclatèrent de rire. Erika fut cependant la première à retrouver son sérieux. "Je t'avais bien dit que tout irait bien."

 

Athéna alla s'asseoir sur le lit où Erika vint la joindre. "Je ne le dirai qu'après vendredi..."

 

Erika répondit avec une gentille bourrade dans l'épaule. "Où étais-tu ce matin ? Tu n'as pas entendu ? Ne me dis pas que tu veux retourner à New York !"

 

"Non, vous avez raison."

 

"Et la mise en scène ne te semble pas trop avant-gardiste ?"

 

"Tant qu'on ne doit pas chanter nues... Non, ça va aussi. Ce n'est pas plus mal de vouloir dépoussiérer l'original, sans pour autant transformer tout le contexte. Vous avez vu cette création à Salzbourg l'année dernière ? L'action était transposée juste avant la première guerre mondiale. C'était très bon, mais en même temps, un peu curieux."

 

"J'en ai entendu parler, mais je ne l'ai pas vue… Dis-moi… Veux-tu déjeuner avec moi, dans ma loge ? J'ai prévu quelque chose de reconstituant, mais pas trop lourd… à moins que tu n'aies d'autres projets…"

 

"Mmm… non, je n'avais rien de prévu. J'allais chercher Karl pour qu'il m'indique la cantine…"

 

"Alors, c'est décidé, tu viens avec moi."

 

*=*=*=*=*=*=*

 

Les deux femmes se dirigèrent vers leurs loges qui étaient l'une à côté de l'autre.

 

"Je n'avais pas réalisé que tu étais ma voisine. La loge d'Ellen se trouvait en face, un peu plus à gauche."

 

"Oui, je sais. Karl m'a expliqué qu'elle n'avait pas eu le temps de retirer encore ses affaires et comme celle-ci était libre…"

 

"Tu sais que j'ai repéré une porte qui doit communiquer entre nos deux loges ?"

 

"Je l'ai vue. Cela m'a étonnée…"

 

"Pas tant que ça. Il y a quand même quelques couples qui chantent ensembles. Et le reste du temps, la porte de communication est fermée."

 

"Bien sûr, je n'avais pas pensé à ça…"

 

Erika gloussa soudain d'une façon fort éloignée de son attitude habituelle, un peu comme une petite fille qui pense à une farce qu'elle pourrait faire.

 

"Nous pourrions ouvrir la porte entre nos loges…"

 

Athéna la regarda, la surprise sur son visage et répondit, hésitante. "On… pourrait…, mais je pensais que vous aimiez préserver votre intimité…"

 

"Je ne veux pas t'obliger…"

 

"Non ! Je suis juste étonnée. Je ne veux pas que vous vous forciez à faire…"

 

Erika l'arrêta d'une main sur son bras. "Attends ! Je sens que l'on nage en plein malentendu et je ne veux pas en parler dans un couloir. Viens !" Et elle l'attira dans sa propre loge où elle constata avec plaisir que le repas avait été servi. Elle voyait bien que quelque chose avait soudain changé chez sa jeune partenaire, mais elle ne pouvait pas comprendre quoi. La matinée s'était bien passée, le retour vers les loges également, jusqu'à ce qu'elle fasse cette remarque sur la porte de communication. Il lui fallait rapidement clarifier la situation.

 

Elle invita Athéna à s'asseoir à la table.

 

"Athéna ! Avant tout, je voudrais préciser quelque chose… parce que si tu as l'impression que je me force… je ne sais même pas pour quoi…"

 

Athéna baissa les yeux, gênée. "Mmm…. Vous êtes si différente de ce que je peux savoir de vous… je me demande pourquoi soudain vous vous montrez si ouverte à mon égard… et je ne voudrais pas que vous vous sentiez obligée… à cause de ce qui a pu se passer entre nous…"

 

Erika la regarda longuement avant de se décider à répondre. "J'imagine que ce que tu sais de moi provient de la lecture de la presse, spécialisée ou non…"

 

"Ou d'anciens partenaires…"

 

Erika sourit. "Je me demande toujours comment je fais pour générer une telle loyauté… Je ne leur ai jamais dit quoi répondre s'ils étaient interrogés à mon sujet… Tout ceci pour dire que je ne suis pas si réservée qu'on veut bien le dire… Et je ne me sens absolument pas obligée à ton égard… Ce qui est fait, est fait ! Je pense qu'hier soir, nous avons dit ce que nous avions à dire et nous avons tourné la page… Je me suis trompée ?"

 

Athéna releva enfin la tête en souriant. "Non, vous ne vous êtes pas trompée. J'aurais dû réaliser…"

 

"Que je n'avais rien de plus à gagner en m'ouvrant à toi ?"

 

"Oui… "

 

"Et que fais-tu du plaisir de gagner ton amitié ? A ce propos, j'aimerais beaucoup que tu me tutoies… Le vouvoiement met une certaine distance…" (NDA : quand Erika et Athéna sont seules, elles parlent généralement en allemand.)

 

"C'est pour moi une façon de marquer mon respect."

 

"Et tu sais que je ne te respecte pas moins même si je te tutoie depuis notre rencontre ?"

 

Devant le regard un peu hésitant d'Athéna, Erika soupira. "Comment peux-tu être si peu sûre de ta propre valeur… Non, ne réponds pas ! C'est de ma faute. Mais il faut que tu sois bien convaincue quand je te dis que tu n'as pas à t'inquiéter. Tu es là parce que je l'ai voulu et que je pense que tu es la meilleure pour le rôle, même si la production n'a pas souhaité faire appel à toi en premier… Et il faut vraiment que d'ici à vendredi, tu apprennes à te détendre en ma présence. C'est nécessaire pour le rôle…"

 

"Je vais essayer…"

 

"Il faut réussir… Tu as vu la mise en scène… Tu vas devoir m'embrasser et Pietri ne demande pas qu'un chaste baiser sur le front. De toute façon, d'ici la première, je ne te quitte plus. On travaillera ensemble."

 

Athéna acquiesça, se demandant toutefois si elle survivrait aux évènements des prochains jours.

 

 

 

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Comments (1)

Anna said

at 11:19 am on Jan 29, 2010

Excellent. J'ai l'impression de découvrir cet univers. Toujours aussi bien écrit!

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