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Longestnight7B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Une Si Longue Nuit

 

par Melissa Good

 

Traduction : Fryda

(2006)

 

 

*********

Partie 7B

*********

 

 

Cyrène s’appuya contre le placard alors qu’une vague d’épuisement la frappait. Quelle longue… longue journée. Elle soupira. Mais… ça en valait largement la peine. Elle était seule dans la cuisine, à prendre un moment de paix loin de la fête qui continuait toujours à côté. Elle pouvait entendre la musique filtrer à travers la porte, ainsi que l’odeur du cidre épicé et du vin qu’on chauffait et qu’on servait.

 

Elle leva les yeux en entendant la porte craquer en s’ouvrant, et elle sourit en voyant Ephiny entrer. « Tu fais une pause ? » Hasarda l’aubergiste avec une étincelle dans les yeux. « On dirait que tu t’amuses bien là-dehors. »

 

Ephiny se passa les doigts dans ses cheveux clairs et bouclés et rit doucement. « Oh oui… super bien. » Surtout cette dernière danse… son corps frémit en se souvenant. « Je viens juste… voir si je peux donner un coup de main… je me sens mal à l’idée qu’on s’amuse alors qu’il y a tellement de travail. » Et… quelques minutes pour respirer ne font pas de mal… Elle avait été inondée par les railleries de Granella sur les… étincelles… qu’elles envoyaient depuis la piste de danse, jusqu’à ce que Xena et Gabrielle se lèvent et ça, ça avait fait taire tout le monde très vite. Elle sourit tranquillement et se fit une note mentale d’adresser ses remerciements au barde un peu plus tard. Bien plus tard.

 

On avait toujours pensé que Xena était… et bien, elle avait beaucoup de puissance, et quand elle combattait, c’était presque comme regarder une sorte de danse, c’était si souple, et si rapide. Mais gracieux ? Et qui savait que Gabrielle savait bouger comme ça ? Ben ben… une soirée éducative on pouvait dire.

 

Cyrène tordit la bouche et alla vers la zone de rangement, puis revint avec un grand verre. « Tiens. » Elle le tendit à l’Amazone. « On dirait bien que tu as besoin de boire quelque chose de froid. » Elle étudia Ephiny. « Comment te sens-tu ? »

 

Elle reçut un sourire désabusé en réponse. « Un peu fatiguée, mais s’il te plait… ne dis rien… ils m’enverraient au lit et je m’amuse vraiment beaucoup », supplia Ephiny. « Ça arrive combien de fois ? »

 

Cyrène lui fit un sourire tranquille. « Une seule fois dans une vie, je pense. »

 

La porte s’ouvrit et Jessan entra en titubant, la refermant derrière lui avant de chanceler vers la table. « Par les boules d’Arès », grogna l’être de la forêt, en s’asseyant pour se prendre la tête entre ses grandes mains.

 

Cyrène et Ephiny échangèrent un regard alarmé, et se précipitèrent vers lui. « Jessan ? Qu’est-ce qui se passe ? » L’Amazone mit la main sur son bras, qui était très chaud. « Hé… tu as de la fièvre ? »

 

Jessan leur jeta un regard noir et trouble. « Demandez pas. »

 

« Nous demandons », dirent-elle en chœur. « Tiens… » Ephiny lui tendit son verre. « Quelque chose de froid ? »

 

Froid. Jessan regarda le breuvage. Bonne idée. « Merci. » Il descendit le contenu d’une seule traite et se lécha les lèvres. « Hé. Du lait. J’adore ça. »

 

Ephiny retint un rire à la vue de la mousse blanche sur son museau doré et lui tapota l’épaule. « Ça va mieux ? » C’était quoi son problème bon sang ? Ouais… il faisait un peu chaud là-dedans… tous ces gens… toutes ces danses… mais…

 

L’être de la forêt soupira. « Un peu. » Il les regarda. « Heu… je… heu… j’étais un peu… euh… surchauffé. » Ça avait été un très mauvais moment pour voir exactement l’effet que quatre chopes de bière avaient sur sa Vision. Et un très, très mauvais couple pour en faire l’expérience, voyant qu’il pouvait presque ressentir les vagues d’énergie qui émanaient d’elles sans son talent.

 

Ça l’avait submergé, balayant ses défenses, et démarrant une douleur brûlante dans ses tripes qui avait fait dresser son poil. Idiot, idiot, idiot de Jess. Il se concentra sur sa respiration. Inspirer, expirer, inspirer, expirer.

 

« Jessan… » Cyrène se rapprocha et toucha quelque chose à sa gorge. « Qu’est-ce que c’est ? »

 

Inspirer, expirer, ins… oh oh. Le gros lot oh. Son collier de Lien de Vie. « Euh… » Il regarda Cyrène. « Qu’est-ce que c’est quoi ? »

 

Elle courba un sourcil et souleva le cristal entre ses doigts. « Ceci ? »

 

« Oh… euh… ça. » Son esprit luttait pour traverser le brouillard et trouver une réponse raisonnable. « C’est… hum… un collier. »

 

Ephiny s’installa sur la chaise près de lui et attendit. Elle reconnaissait la pierre aussi bien que Cyrène, et elle voulait entendre l’explication. Elle avait fait un commentaire au sujet de celle de Gabrielle et le barde l’avait légèrement remballée, appelant ça un pense-bête.

 

« Merci bien », dit Cyrène d’un ton comique. « J’avais deviné ça toute seule. Quel genre de collier c’est ? Est-ce que c’est quelque chose de spécifique à ton peuple ? »

 

Mensonge ? Vérité ? Mensonge ? Oh par les ongles de pieds d’Arès. « Oui », finit par dire Jessan lentement. « C’est quelque chose de spécifique à… certaines personnes… de mon peuple. » Il avait des ennuis et il le savait, à l’expression attentive sur ces deux visages humains. « Ecoutez… euh… »

 

« Jessan ? » Ephiny mit doucement la main sur la sienne. « Quand nous vous avons rencontrés… tu as présenté Elaini comme ta compagne de vie. » Elle s’interrompit lorsqu’il leva des yeux arrondis. « C’est quoi ? »

 

L’être de la forêt baissa le regard et examina le dessus de la table, un doigt traçant le bois calmement. « C’est… difficile à expliquer. » Il temporisa puis prit sa décision. Quelqu’un devait savoir… au cas où. « Un compagnon de vie est… une personne particulière. » Il choisit ses mots avec soin. « C’est quelqu’un qui devient une partie de vous… qui est essentielle à votre bien-être. » Il hésita. » Si quelque chose arrive à Elaini… je le ressens. Si… elle est blessée, je suis blessé. » Il essaya d’injecter un peu d’humour. « Quand elle a des fringales… » Il rit d’un air désabusé et tapota son ventre. « Ça se voit sur moi. » Il prit une inspiration. « Quand nous sommes séparés, c’est comme s’il me manquait une partie de moi. » Son regard passa d’une humaine à l’autre. « Voilà ce qu’est un Lien de Vie. »

 

« Et… » Demanda lentement Cyrène. « C’est quelque chose qui n’arrive qu’à tes semblables ? »

 

Jessan soupira intérieurement. Xena allait le tuer pour ça. Il espéra juste qu’elle ferait vite. « On l’a toujours pensé, oui. »

 

« Mais ? » Demanda Ephiny, un léger sourire sur les lèvres. « Il y a des exceptions ? »

 

Il leva ses yeux dorés. « Ouais. » Une admission tranquille. « On dirait bien. »

 

« Hmm. » La régente Amazone fit tourner cette information. « Ça explique pas mal de choses. » Elle tapota doucement le bras de l’être de la forêt. « Jessan, c’est bon. Je suis contente que tu nous l’aies dit… c’est quelque chose que nous devions savoir, je pense. »

 

Il les regarda. « Ça n’était pas vraiment à moi de le dire », admit-il lentement, pas très heureux.

 

Cyrène alla près de lui et caressa doucement la fourrure de sa tête. « Non… mais si nous attendions que Xena nous le dise, mon chou, nous ne saurions jamais rien de rien. »

 

Ephiny ne put s’en empêcher… elle éclata de rire. « Oh… par les dieux que c’est donc vrai. » Elle soupira et secoua sa tête bouclée. « Je ne peux pas imaginer ce qu’il faudrait pour qu’elle s’ouvre un peu. »

 

Jessan laissa un petit sourire montrer le bout de ses crocs. « Moi je peux », dit-il tranquillement.

 

Elles le regardèrent.

 

Il leva la main. « Environ… oh. Cette taille-là, cheveux roux, yeux verts… ? »

 

Cela lui valut des rires et même lui s’y joignit, ses éclats profonds contrastant bizarrement avec ceux des humaines. Puis il soupira et se leva. « J’ai besoin d’air frais », admit-il. « Il fait… un peu chaud ici. »

 

Il alla vers la porte et l’ouvrit.

 

Une cascade de neige le recouvrit, depuis une congère épaisse empilée contre la porte.

 

« Oh oh », marmonna Cyrène, en se dépêchant d’aller aider l’être de la forêt bredouillant à se relever. « Je pense qu’on a un problème là. »

 

****

 

« Allez Xena… » Les mains d’Eponine se plantèrent sur la table devant eux. « J’suis d’humeur à m’battr’. »

 

Gabrielle leva les yeux depuis sa place confortable sur la poitrine de Xena, et remua le doigt. « Non non… Pony. Elle est consignée ce soir. »

 

Un sourire tira les lèvres de Xena mais elle resta dans sa position affalée avec les yeux fermés, savourant la sensation du corps de Gabrielle pressé contre le sien. « Trouve-toi un autre partenaire, Pony… je suis occupée », marmonna-t-elle joyeusement.

 

L’Amazone ricana. « Tu vas la laisser s’en sortir avec ça ? Allons Xena… tu te caches derrière ses jupes ? »

 

Un œil bleu s’ouvrit paresseusement et la fixa. « Attention, Amazone… elle pourrait bien te botter les fesses. » Xena lui fit un sourire éclatant. « Alors… ouaip… je me cache derrière ses jupes aussi souvent que je veux. »

 

Eponine secoua la tête de dégoût. « Tu deviens un vrai matou, Xena. » Elle se repoussa de la table et commença à s’éloigner, mais elle se retrouva avec les pieds emmêlés dans quelque chose et finit par terre. « Yagh ! ! ! »

 

Un bruit sourd et humide s’ensuivit et Xena mit prudemment ses bottes sous la table, regardant le sourire narquois et connaisseur de Gabrielle avec un air innocent. « Tu ne peux pas résister, hein ? » Le barde se couvrit les yeux d’une main et soupira.

 

« Nan. » Xena fit un petit bruit de chaton, les yeux brillant d’espièglerie.

 

« Et ça n’est même pas à cause de la bière. » Gabrielle la regarda avec une incrédulité amusée. « Tu n’en a bu qu’une chope. »

 

Cela lui valut un large sourire détendu de sa compagne. « Nan… je voulais m’assurer que je n’oubliais pas une seule seconde de cette journée. » Elle haussa les épaules. « Je suis juste de bonne humeur. » Elle haussa un sourcil. « T’as un problème avec ça, barde ? »

 

Gabrielle passa les doigts nonchalamment dans ses cheveux noirs. « Nan », répondit-elle tranquillement. « Pas le moins du monde. » Elle reposa la tête sur la poitrine de Xena et mit la main sur le cœur de la guerrière. « C’est si bon de te voir heureuse. »

 

Xena la regarda. « Pareil. » Elle carra un peu mieux ses épaules contre le dossier rembourré du banc et soupira. « En plus… elle a raison. Je me sens tout à fait comme un chat gentil, doux et bien nourri, blotti sous le soleil. »

 

Gabrielle mit son oreille sur la poitrine de Xena. « Tu ronronnes là ? »

 

Le son augmenta. « Encore un de ces nombreux talents. » Le barde gloussa, puis la poussa expérimentalement. « Hé… tu deviens plutôt moelleuse. »

 

Le ronronnement s’arrêta et un sourcil se dressa. « Je blaguais. » Gabrielle la taquina gentiment, avec une petite tape sur le ventre. « Un drôle de matou… une panthère plutôt. »

 

Elle avait touché une panthère une fois… une créature captive et somnolente dans la cour d’un roi. Et elle… il… ressemblait pas mal à sa compagne en fait. Tout doux, un beau pelage à l’extérieur, soyeux et doux au toucher, mais dessous… de l’acier et des muscles secs enroulés avec une puissance menaçante. De beaux yeux… et des crocs de dix centimètres. Des pattes douces et soyeuses, et des griffes d’acier. « Pas que ça m’ennuierait que tu le soies », ajouta-t-elle, comme après réflexion.

 

« Mmm… » Marmonna Xena. « Ce serait ennuyeux si je devais refaire faire cette armure… » Dit-elle au barde. « C’est cher. »

 

Gabrielle ricana doucement. « Je me ficherais bien que tu reportes jamais cette armure. » Puis elle se mordit la lèvre lorsqu’elle réalisa ce qu’elle venait de dire, et elle sentit la respiration régulière de Xena s’arrêter, puis reprendre.

 

« Moi aussi. » La réponse vint avec une note faible mais claire de surprise.

 

Le barde leva la tête et fixa sa compagne, choquée. « Tu le penses, n’est-ce pas ? »

 

Un sourire ironique tira les lèvres de la guerrière. « Ouais… je le pense… mais il y a peu de chances que ça arrive, alors je pense que je suis coincée avec ce truc pour un bon moment. »

 

Gabrielle posa le menton sur la clavicule de sa compagne un instant, puis soupira. « Oui… je présume que tu as raison. » Elle s’interrompit. « Pour un moment. »

 

Le ronronnement reprit et Gabrielle reposa la tête, laissant le son emplir ses sens. Puis il s’arrêta, et elle leva les yeux. Le regard de Xena traversa la pièce et elle put sentir la vigilance couler à nouveau dans le corps détendu sous elle.

 

« Oh oh », marmonna la guerrière.

 

Le regard de Gabrielle suivit le sien et elle vit Cyrène qui émergeait de la cuisine, une Ephiny inquiète et un Jessan à l’air trempé sur ses pas. « Qu’est-ce qui se passe ? »

 

Xena plissa le front. « Je sais pas… mais je pense qu’on va le savoir. » Elle regarda Cyrène traverser la pièce et finir avec les mains sur la table, le visage grimaçant. « Salut. »

 

« Salut », dit brusquement sa mère. « On a un problème. »

 

Xena haussa le front. « On n’a plus de bois ? »

 

« Non », déclara Cyrène.

 

« On… n’a plus de bois… c’est dur à croire. » Puis Xena devina que c’était autre chose.

 

« Non », répondit patiemment sa mère. « On est enneigé. »

 

Xena cligna des yeux. « Quoi ? ? »

 

Sa mère prit une inspiration pour patienter. « Je n’ai pas été claire ? »

 

Le regard de la guerrière alla vers la fenêtre puis revint sur Cyrène. « Jusqu’où ? »

 

Toris se leva et alla à la porte de devant. « Ça peut pas être si mal… il ne neigeait pas… » Il ouvrit la porte et une mini avalanche de neige lui tomba dessus, arrêtant efficacement son discours.

 

Le silence descendit un long moment, puis Xena soupira et se leva, se frottant légèrement de sa main libre. Elle vérifia sa position, vaguement piégée derrière leur table, avec des gens, des chaises et des tables agglutinés partout.

 

Elle haussa un sourcil puis le sourire réapparut et elle glissa un bras par-dessus les épaules de Gabrielle pour l’installer autour de la taille du barde. « Maman ? »

 

Cyrène la regarda. « Quoi ? »

 

« Bouge », dit Xena tranquillement tandis qu’elle tendait le bras et soulevait une Gabrielle surprise, puis elle fit un long pas en avant et les projeta toutes deux sur le banc, s’arrêtant juste un instant avant de se pencher au-dessus de la table, la franchissant en sautant tout en faisant un demi-tour paresseux qui les fit atterrir proprement près d’une Cyrène qui bougeait à toute vitesse. « Merci. »

 

Gabrielle laissa passer son souffle retenu, et elle soupira. « Un matou », marmonna-t-elle entre ses dents.

 

Elles allèrent vers l’endroit où Toris creusait son chemin pour s’extirper des congères blanches, et elles le regardèrent pensivement. Ephiny les rejoignit, les mains sur les hanches, en se mâchouillant rêveusement la lèvre.

 

Xena s’avança et donna un coup dans le mur de neige qui bloquait l’entrée. A ce mouvement, un peu de substance tomba librement sur le sol où elle commença à fondre à cause de la chaleur. Elle tapa à nouveau et encore plus tomba. Elle haussa un sourcil, puis en prit une poignée et une bonne partie atterrit dans l’auberge.

 

Elle regarda la poignée qu’elle tenait, puis Gabrielle. « Tu sais… c’est un peu comme pour les Amazones… si on ne part pas, personne ne part. » Elle ignora l’écoulement léger de la neige qui fondait dans sa main.

 

« Hein… ah oui ? » répondit Gabrielle prudemment. « Et bien… je… hum… commençais à… mm… avoir sommeil. »

 

« Hmm », dit Xena d’un ton songeur. « Alors je pense qu’il faut que je te mette au lit, hein ? »

 

Un éclat de rires un peu éméchés accueillit ses mots, et elle lança un regard sardonique alentours. Solan avait été mis au lit un peu plus tôt, et certains des villageois les plus âgés sommeillaient dans les coins sombres, mais la plupart de leurs amis étaient toujours debout et en forme. Xena observa Eponine qui essayait de tresser la queue de Kaleipus et elle haussa les deux sourcils, surtout quand elle nota que le Centaure semblait lui donner un coup de main. Et bien, debout et presque en forme.

 

« Xena. » Gabrielle soupira et frappa l’épaule de sa compagne de la tête. « Ne commence pas. »

 

La guerrière sautilla un peu sur la pointe des pieds et laissa un tout petit sourire espiègle se former sur ses lèvres. « Et bien, je suppose qu’on va devoir creuser pour sortir d’ici. » Elle prit une deuxième poignée de la substance blanche et glacée et s’arrêta.

 

Gabrielle vit soudain la méchante petite étincelle dans son œil et jura silencieusement. Oh… par les dieux… non non nononononononooon. Elle se baissa juste au moment où Xena tournoyait et envoyait sa prise, frappant Eponine au visage avec une précision infaillible.

 

Cette dernière cria et tira fort, par pur réflexe, sur la queue de Kaleipus. Le Centaure sursauta puis glissa dans l’eau de la neige fondante et finit emmêlé avec l’Amazone sur le sol.

 

« Oups. » La guerrière sourit. « Je suppose qu’il est temps de rafraîchir un peu l’atmosphère ici. » Elle plongea pour prendre une autre poignée et regarda les yeux s’agrandir à la réalisation de ce qu’elle projetait. « Et c’est parti… » Splash. « Désolée Eph… » Splash. « Oups… désolée maman… »

 

Des poignées de neige glacée volèrent de partout, tandis que tout le monde se tortillait pour se mettre hors d’atteinte, ou vers la porte pour prendre des munitions.

 

« Xena ! ! ! » Hercule hurla d’un air outragé, tandis qu’une boule neige le frappait droit sur le torse.

 

« Désolée… grande cible », le taquina Xena, en se baissant pour éviter une poignée de neige lancée par une Ephiny toussotante, et elle réussit à atteindre une seconde fois le demi dieu, cette fois sur le visage.

 

On ouvrit les fenêtres et ça ressembla alors à une tempête de grêle intérieure, tandis que les Amazones partaient à fond, et balançaient des poignées entières de neige vers la silhouette sombre de Xena. La guerrière réussit à en éviter la plupart, gardant le corps de manière à intercepter toutes celles qui étaient destinées à sa compagne. « Granella, tu ne pourrais pas toucher le grand côté d’une… » Son regard alla vers Kaleipus. « … écurie. » Elle lança une pleine poignée de neige vers Jessan, qui l’évita, et elle passa au-dessus de sa tête et toucha sa mère. « Oh oh. »

 

Xena jeta un coup d’œil derrière elle, où une très jolie trouée se fabriquait dans la neige qui bloquait la porte et elle sourit. « Pas mal », murmura-t-elle à Gabrielle, qui faisait de son mieux pour rester hors d’atteinte, loin du combat.

 

Puis le barde saisit du coin de l’œil une Ephiny furtive sur le point de balancer une grande poignée sur le dos de Xena, et elle eut un petit rire résigné. « Désolée… » Murmura-t-elle entre ses dents tout en plongeant pour frapper la main d’Ephiny, ce qui envoya la neige compacte droit dans le visage surpris de la régente.

 

« Traître ! ! « Bredouilla Ephiny, en s’essuyant le visage tout en jetant un regard noir au barde.

 

« Je te l’avais dit, Eph… ça paye d’avoir la meilleure pour surveiller ses arrières », dit Xena d’un ton traînant tout en se baissant pour éviter une boule épaisse lancée vers elle par son frère.

 

« Hé… » Cria Eponine. » Si on saute tous sur elle en même temps, on peut la rincer pour de bon avec ce truc.

 

« Oh oh… » Murmura la guerrière. « Il est temps de décamper, mon amour. »

 

Gabrielle étouffa un rire. « Tu te dégonfles ? »

 

« Ouaip », reçut-elle en réponse, surprise. « C’est un vieux truc de seigneur de guerre. » Elle évita une boule de neige volante et s’engouffra dans l’ouverture qu’elle avait faite dans la neige, attrapant fermement Gabrielle, et se frayant un chemin dans les fines couches, puis elle s’accroupit et se lança vers le ciel, dans l’air clair et froid d’une nouvelle nuit étoilée.

 

« Wow… » Dit Xena en riant alors qu’elles atterrissaient sur le dos, s’enfonçant dans les congères froides, pour regarder vers une véritable explosion d’étoiles. « C’est vraiment plus calme ici. »

 

Gabrielle sentit le froid de la neige tremper ses cheveux, mais là, ça avait un effet plutôt rafraîchissant après l’auberge surchauffée. Elle tourna la tête pour regarder sa compagne scruter le ciel, tandis que sa respiration faisait de petits ronds de vapeur et résonnait fort dans tout ce calme. Elle pouvait légèrement entendre le brouhaha grondant depuis l’auberge, mais à cet instant, aucun de leurs amis n’avait décidé d’affronter la nuit, et elle se laissa savourer la paix de la cour vide et dégagée, et la présence proche de son âme-sœur.

 

Elles restèrent là un moment, à se regarder, avant que Xena ne soupire, envoyant une volute de vapeur qui monta doucement, puis qu’elle sourie. « Je suppose qu’on ferait mieux d’y aller… avant qu’on ne gèle ici ou qu’on fasse fondre la neige. »

 

Gabrielle roula sur le côté et la regarda. « Et comment on ferait ça ? »

 

Xena replia sa main gauche et la tendit pour passer légèrement le bout de ses doigts sur le visage du barde, souriant paresseusement à la vue de la peau qui s’échauffait sous son toucher et des yeux de Gabrielle qui se fermaient. « Oh… je pense qu’on pourrait trouver un moyen. »

 

Gabrielle sourit et ouvrit grands les yeux. « Rentrons. » Elle se redressa assise et attendit que Xena la rejoigne pour se lever ensemble et commencer à se creuser un chemin vers le chalet. Un son irrité les arrêta et elles se retournèrent pour voir Arès qui se débattait pour sortir de la neige volante qui avait recouvert la porte de l’auberge, ses pattes luttant frénétiquement pour rester sur la surface glacée.

 

« Hé mon gars… » Dit Xena en riant, tandis qu’elle repartait au petit trot pour attraper le poil du loup et le soulever de la neige. Elle regarda dans le trou et sourit lorsque le visage d’Eponine se tourna d’un air de réprimande vers elle. « Hé… »

 

L’Amazone jeta une boule de neige vers elle, qui fut déviée avec soin. « Je t’aurai, Xena », dit-elle en hoquetant, ce qui ruina la menace pour de bon. « J’suis toute mouillée. »

 

La guerrière posa une main sur son genou et sourit. « Il y a un bon feu dans cette chambre au fond, Pony… » Elle regarda la rougeur couvrir le visage de l’Amazone. « Bonne nuit. »

 

Gabrielle frotta sa joue contre le bras de sa compagne. « On aurait dû dire au revoir. »

 

Xena glissa à nouveau le bras autour des épaules du barde. « Ils vont nous pardonner. »

 

Le retour vers le chalet fut fastidieux, Xena dut creuser son chemin dans la neige à hauteur de poitrine, dégageant un passage pour Gabrielle avec une détermination farouche, grimpant les marches du chalet, passant quelques minutes à dégager le chemin vers la porte avec des balayages puissants de ses bras. « Bon sang… je ne pensais pas que je finirais la nuit à m’entraîner », dit-elle d’un ton ironique, tandis qu’elle finissait par ouvrir la porte, et poussait le barde à l’intérieur.

 

La porte se referma derrière elles et elles se retrouvèrent dans une obscurité froide, le feu s’étant éteint. Tout était silencieux, à part le léger craquement des murs en bois autour d’elles, et les légers cliquetis des griffes d’Arès sur le sol. Xena alla lentement vers la table, entraînant sa compagne à cause de leurs mains toujours jointes. « Gabrielle, je pense qu’on va devoir enlever ça maintenant… ça va être dur d’allumer la lumière. »

 

La voix du barde lui parvint calme et désincarnée dans l’obscurité. « Je parie qu’on peut le faire. » Elle prit la pierre à feu de sa main droite et la passa au-dessus d’une chandelle. « Vas-y. »

 

Xena leva l’allume-feu et attendit, elle ferma les yeux et essaya de sentir ce que Gabrielle avait dans la main. L’obscurité était telle qu’elle ne pouvait pas voir le moindre contour du corps de sa compagne, et pourtant, par la chaleur et les légers bruits de sa respiration, elle eut une bonne idée de sa position générale. Ça ne va pas marcher… je ne peux pas… « Gabrielle… je ne veux pas te frapper… ça peut faire mal », hésita-t-elle.

 

« Tu ne le feras pas. » La voix du barde était hautement confiante. « Vas-y. »

 

« Je ne peux même pas… » Oh par Hadès… Xena lâcha un souffle et laissa ses instincts prendre le dessus, faisant bouger sa main dans un geste rapide et soudain, et elle sentit le craquement aigu quand l’allume-feu frappa la pierre, envoyant une étincelle pour allumer la chandelle aussi facilement que si elle l’avait tenue elle-même. C’était un sentiment plaisamment étourdissant.

 

La mèche prit et un globe de lumière dorée et amicale naquit, révélant lentement la chevelure d’or de Gabrielle, et les yeux verts devenus ambre dans la lueur de la chandelle. « Je te l’avais dit », dit-elle d’une voix douce qui glissa dans l’oreille de Xena comme une caresse verbale. « Mais je suppose qu’on peut enlever ça maintenant. » Elle sourit en oeuvrant avec soin pour relâcher le coton et elle défit le bandage qui les reliait. « Est-ce que ça t’a rendu folle toute la journée ? »

 

« Non », répondit Xena d’une voix rêveuse. « Je… pensais que ça le ferait… mais… » Elle haussa légèrement les épaules tandis que le barde déroulait le dernier tour et que leurs mains étaient libérées. Elle démêla ses doigts de ceux du barde lentement, ressentant la fraîcheur bizarre de l’air à nouveau sur sa peau, et la piqûre sourde de la coupure que Josclyn avait faite. « Ça a été marrant de danser. »

 

Gabrielle sourit. « Mmm…. Oui, c’est sûr… tu as vu le visage d’Ephiny ? » Elle rit en prenant la chandelle pour bouger dans le chalet, éclairant les autres cierges éparpillés dans la pièce. Les contours familiers de leur foyer prirent vie et scintillèrent autour d’elles tandis que Xena s’agenouillait près de l’âtre, et produisait un petit feu de ses mains expertes. Une fois qu’il prit, elle se leva et s’essuya les mains, puis se retourna pour prendre la chandelle des mains de Gabrielle et la poser sur la table.

 

Le barde sourit et passa légèrement les doigts le long de la chemise de Xena. « Tu t’es bien amusée aujourd’hui ? »

 

Xena hocha la tête. « Ouais… vraiment… mais je suis contente qu’on ait demandé à tout le monde d’apporter les cadeaux ici… » Elle fit un geste de la main vers la pile de paquets mystérieusement emballés qu’elles devaient encore ouvrir. « Connaissant nos amis… je ne suis pas sûre que les ouvrir tous en public aurait été une bonne idée. »

 

Gabrielle haussa les sourcils. « Oh… vraiment ? » Son regard interrogateur alla vers la pile. « Est-ce que tu devines comme ça ou bien… ? ? »

 

Un demi sourire cavalier croisa son regard. « Et beeeen… j’ai entendu parler de ce… » Son regard détailla paresseusement le corps de sa compagne « …petit… vêtement… là pour toi… que je devrais… apprécier. »

 

Gabrielle baissa les yeux tandis qu’une légère rougeur colorait son visage. « Oh... par les dieux. » Elle rit doucement. « Ils sont terribles. »

 

Xena se rapprocha, et prit le visage du barde entre ses mains. « Il n’ont aucune idée. » Elle embrassa doucement sa compagne. « de ce que c’est… » Elle l’embrassa à nouveau, tandis que Gabrielle fermait les yeux. « De t’aimer. » Elle entrelaça ses doigts derrière la nuque de sa compagne, et passa les doigts sur la peau douce, sentant les genoux de Gabrielle fléchir tandis que le barde s’effondrait contre elle dans un abandon sensuel.

 

Après quelques instants, cependant, Xena s’interrompit à regret, la respiration malaisée. « Garde ça au chaud un moment… » Grogna-t-elle. « Je dois aller vérifier les chevaux… je voulais faire ça en venant ici. »

 

Quoique ce soit d’autre et Gabrielle n’aurait pas tenu. Mais des créatures sans défenses sous sa responsabilité ? Gabrielle soupira légèrement. « Dépêche-toi. » Elle traça des ronds paresseux sur la poitrine de Xena. « Et salue Argo de ma part. »

 

Xena captura sa main et embrassa ses doigts. « Je le ferai », promit-elle, puis elle la libéra à contrecoeur et se glissa dehors dans la nuit froide.

 

Bon sang… elle regarda autour d’elle avec incrédulité tout en se frayant un passage dans les congères à nouveau, en direction de l’écurie. Je ne peux pas croire qu’il y ait tant de neige… mais pourtant… j’ai bien dit qu’une tempête ça m’irait, non ? Elle rit silencieusement pour elle-même. Je suppose que j’ai ce que j’ai demandé… Elle se dégagea un petit espace autour de la porte de l’écurie et tira sur la porte suffisamment pour se glisser à l’intérieur.

 

C’est son instinct qui lui sauva la vie tandis qu’une douzaine de silhouettes sombres se jetaient sur elle.

 

Elle fut saisie et reçut des coups lourds sur tout le corps, tandis qu’elle roulait et se recroquevillait en une boule pour tournoyer hors de leur prise ; elle frappa du pied et fut satisfaite d’entendre le craquement d’os tandis que ses bottes cognaient un de ses attaquants.

 

Il faisait sombre et calme, les silhouettes bougeaient dans un silence sinistre qui la déstabilisa presque, mais elle n’en avait pas le temps, parce qu’ils se pressèrent à nouveau, et elle dut combattre pour garder l’équilibre sur la paille glissante. Un coude, et l’un d’eux tomba, tandis qu’elle s’accrochait à un bras qui l’étouffait et elle en fit passer un second par-dessus sa tête.

 

Elle reçut un coup de massue sur le côté et libéra sa colère, et ses coups partirent alors avec une poussée d’énergie furieuse. Elle attrapa un bras et le tordit, sentant les os se séparer sous ses mains puissantes, et elle continua à bouger tandis que son attaquant lâchait un hurlement angoissé et tombait sur le sol. Trois de moins, et un autre coup de massue sur elle qui lui ôta le souffle à cause du choc soudain et aigu. Elle releva un genou sauvagement et la silhouette s’affaissa sur sa jambe, avec des bruits de reniflements rudes tandis qu’elle lui arrachait la massue.

 

Ils surent qu’ils avaient des ennuis quand elle fit tournoyer la massue épaisse dans un petit cercle, souriant lorsqu’elle frappa avec le craquement, à donner des frissons, d’os brisés.

 

Elle sentit des mains sur son cou, et les poils se hérissèrent sur sa nuque à la proximité de quelque chose de… noir… et de nauséeusement familier. Des chaînes froides effleurèrent sa peau et l’énergie sombre jaillit, tandis que son corps reconnaissait le contact du mal qui avait pris possession d’Hercule.

 

Non ! ! ! ! Hurla-t-elle mentalement avec horreur, tandis qu’elle tordait violemment son corps, repoussant deux de ses ennemis déterminés, mais elle sentit ses jambes lâcher tandis que les autres se jetaient tous ensemble sur elle, et à nouveau la morsure du métal dur et irritant sur sa gorge tandis qu’elle essayait de passer le collier par-dessus sa tête.

 

Le diamant l’écorcha et elle sentit ses vrilles séductrices s’insérer dans ses pensées. Renonce… accepte-le et ils arrêteront de te faire du mal.

 

Ce n’était pas la bonne pensée, et Xena la repoussa sans problème, rassemblant ses forces pour se préparer à se repousser du sol malgré le poids de six adversaires qui l’écrasaient à demi.

 

Puis une rafale d’air froid les frappa, et elle entendit le craquement solide du bois sur la peau, puis la menace chaude du collier cessa… tout simplement. Avec un grognement, elle se repoussa et envoya voler quatre de ses assaillants, puis elle attrapa le cinquième, lui cognant la tête contre le mur de séparation de la stalle, avant de projeter le corps soudain mou contre le mur.

 

Le silence, puis une torche prit vie dans une explosion, et révéla le visage blême de Gabrielle. Celle-ci posa la torche dans un support, et reprit son bâton, examinant avec prudence le collier qui pendouillait dans son autre main. « Tu vas bien ? »

 

Xena se frotta le visage d’une main et se passa les doigts dans les cheveux. « Ouais », rassura-t-elle tranquillement le barde inquiet, tout en examinant les formes effondrées. Elle en trouva un encore conscient et le souleva, le projetant contre le mur de l’écurie avant de le tenir fermement contre.

 

Des yeux mornes et gris dans un visage atone se tournèrent vers elle. « Viens par ici, Gabrielle », demanda doucement Xena. Le barde vint derrière elle et regarda l’homme en tenant toujours le collier. « Donne-moi ça. » La guerrière tendit son autre main.

 

Gabrielle lui lança un regard prudent mais mit les chaînes froides dans sa main. « Tiens… il a l’air… plutôt inoffensif. »

 

Xena ressentit le pouvoir sombrement attractif de la chose, mais avec Gabrielle si près… il n’avait aucune prise sur elle et elle passa les chaînes entre ses doigts, examinant nonchalamment la pierre devant les yeux de l’homme. Il écarta les narines de surprise et la fixa. « Rapporte ceci… à qui que ce soit qui te l’a donné… et dis à cette personne… » Elle se rapprocha tout près de son visage, laissant sa propre colère sourdre. « Ne me cherchez plus jamais… » Elle entoura sa gorge de sa main et le souleva, l’étouffant. « Ou bien la prochaine fois… ce ne sera pas toi qui apportera le message… je le ferai moi-même. » Sa poitrine se souleva, essayant de lui apporter de l’air aux poumons. « Compris ? » Elle relâcha sa gorge.

 

« Tu ne peux pas gagner », dit-il en toussant. « Ils trouveront un autre moyen. »

 

« Emporte juste le message », dit Xena en grondant, poussant le collier dans ses mains gantées avant de le relâcher. « Et prends tes amis avec toi. » Il s’écarta d’elle et alla chercher ses collègues tout en marchant, avant de disparaître par la porte.

 

Xena prit le barde dans ses bras et l’étreignit, la tête de Gabrielle sous son menton, tout en soupirant en sentant le contact du barde autour de sa taille. Bon sang… si c’est comme ça que ça doit devenir… je ferais mieux de me remettre aux entraînements. Je ne peux pas me permettre ça. Encore que… Elle examina l’endroit calmement. Je ne m’en suis pas si mal sortie… moi, onze, Gabrielle un et un collier, et eux, zéro. « Merci. »

 

« Pour quoi ? « Marmonna le barde en relâchant sa respiration chaude contre la poitrine de Xena. « Il y avait des corps partout dans l’écurie quand je suis arrivée… tu ne m’as pas laissé grand-chose à faire. »

 

Xena soupira silencieusement. Elle n’a même pas sourcillé à cause de ce truc… bon sang… Hercule doit avoir raison. « Allons voir les chevaux et sortons d’ici », dit-elle doucement.

 

Gabrielle releva la tête. « C’était quoi ce cirque ? » Elle fixa Xena, intriguée. « Ils essayaient encore ce truc du collier ? Ça n’a pas marché… pour moi c’était un vieux collier. »

 

La guerrière ferma les yeux et laissa sortir une lente expiration. « Oui… et bien… » Est-ce que je peux lui mentir ? Elle a dit que ça n’avait pas d’importance… mais je… oh par les dieux, Gabrielle. « Vu ta bonté, je ne suis pas surprise. » Elle se pencha un peu en arrière et posa les avant-bras sur les épaules du barde, entrelaçant ses doigts derrière la tête blonde de Gabrielle, tout en la fixant avec une expression calme et mélancolique. « J’ai eu l’impression qu’il m’appelait. »

 

Les yeux verts reflétèrent la lumière de la torche. « Mais tu n’as pas répondu. »

 

« Non », répondit Xena puis elle prit une inspiration profonde. « Gabrielle… ce collier… et le précédent… il hum… il affecte les gens… qui… » Elle hésita à dire les mots, comme si les prononcer en prouverait la réalité.

 

« Qui ont le sang des dieux en eux ? » Demanda simplement Gabrielle.

 

Les yeux bleus clignèrent de surprise. Bon sang.

 

« Tu sais, Xena… tu es meilleure que moi en calcul, mais je sais additionner deux et deux », l’informa le barde avec un petit sourire. « Ben ça, je suis tellement surprise. » Elle soupira en voyant sa compagne baisser les yeux vers le sol et refuser de croiser son regard. « Ecoute… ça peut pas être si important, non ? »

 

Xena plissa le front. « Hein ? »

 

Gabrielle laissa sa tête tomber vers l’avant et cogner doucement la poitrine de sa compagne. « Tu sais, je t’aime vraiment, vraiment, mais parfois tu es… »

 

« Concentrée », proposa Xena, mais elle rit tristement. « Absolue ? Stupide ? Incapable de voir la forêt derrière l’arbre ? »

 

« Trop critique pour toi-même », répondit calmement Gabrielle. « Regarde, ce truc a pris possession d’Hercule, corps et âme, jusqu’à ce que tu l’arraches de son cou. Ça t’a taraudée… oui, mais tu n’as pratiquement pas eu de problème pour t’en libérer, Xena… si tu as vraiment… le sang d’un dieu dans tes veines… et bien, ça ne peut pas être si important. » Elle soupira. « Juste assez pour… » Sa voix baissa d’un octave « … te laisser faire des choses comme… guérir vite… et… t’emmener au-delà des attentes de qui que ce soit… » Elle leva la main et prit la joue de sa compagne silencieuse. « Ou venir vers moi de… » Elle s’interrompit et ferma les yeux, les larmes affleurant « …de chez les morts. » Elle finit par sortir les mots. « Aaalors je remercie les dieux tous les jours, Xena… » Ses doigts glissèrent le long du bras de Xena et l’agrippèrent. « Qu’un de tes ancêtres ait décidé de savoir ce que c’était que d’être avec un dieu. »

 

Bon sang, songea sombrement Xena. Elle a raison. Elle posa le front contre celui de Gabrielle. « Une autre leçon apprise de ma meilleure amie. » Elles se regardèrent tranquillement. « Rentrons. » Elle mit le bras autour des épaules du barde et fit le tour de l’écurie pour s’assurer qu’Argo et ses amis avaient assez d’eau et de foin.

 

Gabrielle passa la main sur les flancs lisses de la jument et sourit. « Ça commence à se voir un peu, je pense. » Elle rit doucement. « Comme Lila. »

 

Xena étudia la jument tout en la grattant derrière les oreilles. « Oui, un peu », admit-elle avec un sourire. « Tu vas avoir un poulain ou une pouliche, hein, ma belle ? » Ses yeux brillaient doucement. « Si c’est une pouliche, tu veux qu’on lui donne le nom de mon barde-là ? »

 

Argo lâcha le foin qu’elle mâchait et renifla la poitrine de Gabrielle, soufflant des brindilles partout sur elle.

 

« Merci. » Gabrielle leva les yeux au ciel et se brossa, puis tira sur la manche de Xena. « Allez. » Un rapide coup d’œil à Argo. « Le prends pas mal, hein ? Mais il y a un bon lit bien chaud qui m’appelle. »

 

Xena éteignit la torche et prit le barde sous son bras protecteur alors qu’elles se dirigeaient vers le chalet. « On peut le dire aux autres demain… pas besoin de leur ruiner l’humeur. »

 

« Mmm… » Gabrielle répondit d’un ton songeur tandis qu’elles rentraient dans le chalet, et elle commença à mordiller doucement le long du bras de Xena. « Et de quelle humeur tu crois qu’ils sont là-bas ? »

 

Xena sourit en glissant les mains le long de la chemise de Gabrielle, avant de poser les doigts sur la ceinture et de tirer légèrement. « J’espère… » Elle défit la boucle et s’attela aux lacets « … qu’ils sont au moins de la moitié de la bonne humeur… » Elle tendit la main vers la chaleur de la peau nue de sa compagne juste au moment où le mordillement de Gabrielle amenait ses lèvres au niveau des siennes. « …que la mienne », dit-elle dans un souffle tandis qu’elle passait quelques minutes à améliorer sa bonne humeur.

 

« Mais j’en doute », dit-elle d’un ton taquin tandis qu’elles finissaient de se déshabiller et filaient sous les couvertures.

 

« Mmm… » Marmonna Gabrielle en explorant joyeusement la peau nue de sa compagne. Puis elle s’arrêta et posa la joue sur le ventre de Xena et leva les yeux vers elle. « Pourquoi ? »

 

Les yeux bleus clignèrent innocemment vers elle. « Oh… sans raison. »

 

Gabrielle haussa un sourcil clair. « Xena, qu’est-ce que tu as fait ? » Elle mordilla légèrement la peau douce autour du nombril de sa compagne et sourit en la voyant prendre brusquement une inspiration. « Hmm ? »

 

« Euh… » Xena secoua un peu la tête et lâcha un soupir. « Rien… comment j’aurais pu ? J’ai été attachée à toi toute la soirée ? »

 

Gabrielle réfléchit profondément tout en continuant sa douce exploration, et elle sentit la texture rude et inégale d’une cicatrice sous ses lèvres. Elle donna un coup de langue d’essai et sentit le tressaillement inconscient des muscles juste sous la peau. « Ohhh… t’es chatouilleuse. » Elle sourit. « Alors tu n’as rien fait, hein ? »

 

Xena se mordit la lèvre. « Nan », répondit-elle calmement. « J’aurais pas pu. »

 

« Hmm… » Gabrielle mordilla à nouveau le point et elle vit sa partenaire serrer la mâchoire. « Hé. » Elle sourit. « Rien ? »

 

« Nan… ouille… Gabrielle ! » Xena serra les dents quand le barde prit sans merci d’assaut les parties les plus chatouilleuses de son anatomie. « D’accord… d’accord… »

 

« Hmph », gloussa le barde. « C’est si facile avec toi. » Elle fléchit, glissa vers le haut et installa son corps contre celui de Xena, savourant la chaleur de leur contact.

 

Ce fut alors le tour de Xena. Ses mains trouvèrent les endroits familiers sur le corps de son âme-sœur, et elle sentit la chaleur de sa respiration s’intensifier soudainement. « Tu es sûre de vouloir le savoir ? » Elle traça le contour d’une oreille d’un doigt taquin.

 

Gabrielle dut prendre une inspiration avant de répondre, tandis qu’une bouffée de chaleur la submergeait. « Euh… c’est si terrible que ça ? » Elle se rendit compte qu’elle perdait le désir de savoir, et lutta pour garder la tête au-dessus de la vague sensuelle qui les submergeait.

 

« J’sais pas », marmonna Xena en l’embrassant doucement. « Ça dépend ce qu’Eph pense de la couleur bleue. »

 

Gabrielle couina puis laissa retomber sa tête sur la poitrine de sa compagne.

 

****

 

« J’vais la tuer », marmonna Eponine en faisant tomber la neige de sa tête, et elle tituba, les genoux flanchants, au centre de la pièce, se raccrochant à une poutre avec une détermination farouche. « Me fiche si c’est son anniversaire. »

 

« Pony… la ferme. » Ephiny rit doucement en attrapant nonchalamment le bras de la maîtresse d’armes. « Allez, c’est l’heure de ton dodo. » Elle détailla son amie d’un regard indulgent et sourit à la façon dont le vêtement de couleur cuivre flamboyant collait au corps de l’Amazone brune. Par les dieux… sa tête… Se souvint l’esprit presque sobre d’Ephiny.

 

« Je peux pas porter ça », avait déclaré Eponine platement. « Ephiny, t’es dingue. » Puis elle avait baissé les yeux. « Je veux dire… c’est très joli… mais heu… »

 

La régente avait soupiré. « Mais quoi ? Tu n’aimes pas la couleur ? »

 

« Nnnon… » Avait rapidement protesté Eponine. « Non… non… c’est… j’aime bien. » Ses doigts s’étaient emmêlés dans le tissu doux et ajusté. « C’est… » Un demi sourire prudent. « vraiment collant. »

 

Ephiny avait patiemment penché sa tête blonde d’un côté. « Et alors… c’est quoi le problème ? » La régente avait pointé un pouce vers son propre vêtement. « Ecoute… si je peux laisser tomber le cuir pour un soir, et pour l’amour des sous-vêtements d’Artémis, si XENA peut laisser tomber son numéro d’intimidation à la ‘si j’étais plus méchante j’aurais des pointes de métal sur le torse’, tu peux porter ça. »

 

« Mais… » Avait grogné Eponine. « Eph… »

 

« C’est quoi l’problème, Pony… t’as peur ? » Avait demandé Ephiny d’un ton neutre, en se rapprochant d’un pas pour poser la main sur l’épaule de l’Amazone. « C’est juste une fête… ce sont tous des amis. »

 

Les sourcils noirs avaient bondi vers le haut. « Peur ? Ça va pas la tête, Eph. » Une pause. « C’est juste… hé, le cuir c’est confortable. »

 

Un silence. « Et ben oui c’est vrai ! »

 

Un soupir pathétique. « Par les fesses mordues des Bacchae. »

 

Ephiny avait eu un sourire séducteur et avait commencé à déshabiller Eponine de ses vêtements en cuir adorés, et elle l’avait assez distraite pour lui passer la pièce en soie couleur cuivre au-dessus de la tête et l’ajuster. « Voilà… c’était si terrible ? » Elle avait réfréné un sourire narquois en tirant sur les plis avec soin, et avait soupiré en voyant le visage renfrogné d’Eponine. « Hé… » Elle avait laissé tomber son amusement et pris une des mains d’Eponine qui remuaient sans arrêt dans la sienne. « Ça te va vraiment bien. »

 

Eponine s’était figée et l’avait regardée avec doute. « Vraiment ? » Elle s’était regardée et avait touché le tissu avec précaution. « C’est un peu… voyant, non ? »

 

La régente lui avait tapoté la joue. « Vraiment. » Elle avait rit doucement. « Et ça n’est pas voyant du tout. »

 

« Hmph », avait répondu Eponine en grognant.

 

Mais Ephiny l’avait surprise à se regarder deux fois dans le petit miroir de la chambre, et elle n’avait certes pas manqué de compliments quand elles avaient rejoint le reste du groupe pour la cérémonie.

 

Mais elles s’étaient laissé aller et avaient eu une compétition de boisson, ce qui avait conduit au passe-temps favori des Amazones éméchées.

 

Les défis. Ephiny tressaillit et plia le bras. Eponine était sans contestation une des meilleures guerrières de la tribu, et elle tenait bien la boisson. Mais elle avait aussi tendance à être un peu… belligérante. Et à chercher la plus grande adversaire qu’elle pouvait trouver.

 

Qui était hors course aujourd’hui, ce qui la frustrait énormément. « Allons Pony… » Elle soupira et tira sur l’épaule de la grande Amazone. « Tu peux courir après Xena demain. »

 

« C’est une poule mouillée », grommela l’Amazone en se laissant emmener.

 

Ephiny soupira et passa son bras autour d’elle. « Non, Pony… ce n’est pas une poule mouillée… ne l’appelle pas comme ça, ou elle va te pondre un œuf droit sur la tête. »

 

« Un… un œuf ? » Demanda la guerrière amazone. « J’aime bien les œufs. » Elle garda le silence un instant. « Hé… tu veux qu’on fasse un concours de lancer d’œufs ? »

 

« Non… pas maintenant », la calma Ephiny.

 

« T’es une poule mouillée », l’accusa Eponine avec un hoquet.

 

« Cotcot », lâcha la régente, tout en poussant la porte pour guider sa compagne, laisser derrière elles l’agitation de la foule qui se dispersait lentement, et entrer dans la douce quiétude éclairée par une chandelle de la petite chambre qu’elle avait fini par considérer comme un foyer loin de son propre foyer. « Tiens… assieds-toi… » Elle poussa Eponine vers le grand fauteuil et alla prendre un pichet d’eau et deux chopes. « On ferait mieux de commencer. »

 

Eponine s’affala volontiers dans le fauteuil et regarda la table basse tout près. « Hé… c’est quoi ? » Elle tira un bol en terre cuite vers elle d’une main et le regarda. « Hé… » Elle glissa un doigt dans le contenu froid et vaporeux et le porta à sa bouche, le goûtant avec précaution. « Mmmm… »

 

Ephiny s’approcha, posa le pichet et les chopes et se laissa tomber dans le siège près de la jeune femme brune. « Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? »

 

« Chaipas », répondit Eponine, en prenant une autre bouchée. « Mais j’aime bien. »

 

La régente jeta un coup d’œil au contenu du bol, puis intercepta la bouchée suivante et la suça sur les doigts d’Eponine. C’était doux, sucré, et frais. « Mmm… moi aussi. » Elle mordit légèrement le bout des doigts de l’autre Amazone et entendit l’inspiration brusque. Elle plongea joyeusement la main dans la matière et en passa légèrement sur le visage de sa compagne, puis elle se mit à l’œuvre de la nettoyer.

 

Elle ne se souvint pas vraiment de quand elles se déshabillèrent, juste d’une série de touchers qui laissaient des traces de douceur de miel derrière elles, jusqu’à ce que le bol soit vide, et qu’elles soient chaleureusement blotties dans les bras l’une de l’autre, tandis que la nuit froide et âpre s’installait au-dehors dans une neige recouverte par le silence.

 

*******

 

« Iolaus », dit Hercule en prenant une inspiration nerveuse. Il était assis sur le lit, sa chemise délacée et ses bottes ôtées, un petit pot dans la main. Il jonglait un peu avec quand son compagnon, accroupi près du feu, se retourna.

 

« Ouais ? » Le jeune homme blond s’étira et bâilla. « Bon sang, quelle fête, hein ? » Il alla vers le demi dieu et sauta pour s’asseoir sur le lit en balançant un peu les jambes. « T’es amusé ? »

 

Hercule réfléchit un instant, filtrant sa réponse dans une bonne proportion de bière. « Ouais », finit-il par dire avec un sourire légèrement en coin. « Même la bataille à la fin. » Il s’interrompit un peu embarrassé. « Heu… écoute, tu peux me rendre un service ? »

 

Iolaus le regarda avec un peu d’étonnement. « Bien sûr mon pote… annonce ! » Il repéra le pot dans les mains de son ami. « Oh oh… Xena t’a coincé, hein ? » Il sourit largement. « J’savais qu’on pouvait compter sur elle. »

 

Hercule lui fit un signe de tête à demi embarrassé. « Ouais… ben, elle m’a donné ce truc… je ne peux pas vraiment atteindre les bons endroits… tu pourrais… euh… » Un léger haussement d’épaules.

 

« Ah… oh… bien sûr. » Iolaus prit le petit pot de ses mains avec précaution. « Hum… il faut que euh… tu enlèves ta chemise. » Il rougit inexplicablement.

 

« C’est vrai », acquiesça Hercule en passant le coton humide par-dessus sa tête, et en tressaillant quand il toucha les brûlures. Il resta tranquillement assis tandis que Iolaus barbouillait les blessures avec le baume à l’odeur piquante. « Odeur bizarre, hein ? » Dit-il, plus pour briser le silence qu’autre chose.

 

« Mmm… » Répondit Iolaus d’un air absent, tandis qu’il se concentrait. « T’sais, je pense que ça a l’air mieux… » Il s’éclaircit la gorge. « Hé… sacrée cérémonie, hein ? »

 

Le demi dieu sourit tranquillement. « Oui, pour sûr… ça… me fait plaisir de voir deux personnes s’unir comme ça… et… je suis vraiment heureux pour elles. » Mais son regard resta dans le vague et son visage prit une expression mélancolique.

 

Iolaus finit sa tâche et étudia le visage de son ami. « Tu… ça te rappelle ta famille, n’est-ce pas ? » Demanda-t-il calmement. « Je… sais qu’ils doivent te manquer. »

 

Hercule tourna la tête et regarda le petit homme un long moment. « Oui, ça me la rappelle. » Il fit une pause. « Et ils me manquent. » Il bougea les épaules. « Je me sens mieux. » Il prit une inspiration. « Merci. »

 

Le jeune homme blond couvrit le pot avec soin et le lui rendit, essuyant l’excès de baume sur son pantalon. « A ton service. »

 

Un silence embarrassé s’immisça, tandis que les deux amis restaient assis en se lançant des regards en coin.

 

Je suis soul… ou à demi… il est tard, ce n’est pas le moment de parler de ça, avait décidé Hercule. Il ouvrit la bouche pour faire un commentaire léger.

 

Et il fut surpris d’entendre proférer une excuse bredouillante. Puis il se dit que peut-être, être à demi soul n’était pas un si mauvais moment que ça après tout.

 

« Ecoute… » Répondit Iolaus avec un soupire lourd. « Je sais… j’aurais dû te dire ce qui s’était passé tout de suite, mais je ne pouvais pas, tu vois ? Ce n’était pas si important… et je savais que tu te sentais mal avec tout ce truc… alors… » Il leva les mains et les laissa retomber. « Alors on oublie juste, Ok ? »

 

Hercule réfléchit. « Je vais essayer. » Il lança un regard penaud à Iolaus. « Oh oui… et une autre chose. »

 

« Quoi ? » Questionna le jeune homme blond.

 

« Lève-toi », demanda le demi dieu tout en glissant du lit pour se lever.

 

Iolaus obéit et se leva avec prudence. « Ok. »

 

« Reste calme », l’avertit Hercule. « J’ai parlé à Xena. »

 

Un regard intrigué de la part de Iolaus. « Ah oui ? » Qu’est-ce qu’il a ? Je sais qu’il a parlé à Xena… mais… une minute. « Parlé de quoi ? »

 

Le visage d’Hercule se contracta. « Tu sais bien. »

 

« Ah oui ? » Répondit Iolaus totalement perplexe, puis il tressaillit. « Oh. C’est vrai. Je sais. » La situation, autour de laquelle ils dansaient depuis un moment avant tout cet incident à la mine. Il sentit la rougeur monter. « Euh… qu’est-ce qu’elle a dit ? »

 

Une rougeur similaire colorait le visage d’Hercule. « Elle a dit qu’on devrait parler. »

 

Les sourcils très blonds de Iolaus grimpèrent jusqu’à sa frange. « Elle a dit de parler ? » Xena, la Princesse Guerrière des silences grognons et maussades donne ce conseil ? Pas possible. « A quel sujet ? »

 

Hercule mâchouilla sa lèvre. « Je sais pas. » Il hésita. « Mais tu sais quoi ? »

 

Prudence. « Quoi ? »

 

« Le truc marrant avec Xena… c’est qu’elle se fiche comme des fesses des Bacchae de ce que les gens pensent », dit Hercule. « Elle laisse juste les morceaux tomber où ils veulent, et elle fait ce qu’elle a à faire. Tu sais ? »

 

« Ouais », acquiesça Iolaus avec hésitation. « Ça peut être une bonne chose. » Il remua la main. « Et parfois une mauvaise chose. » Il se détendit un peu. « D’un autre côté, ce baiser qu’elle a donné à Gabrielle a fait boucler les poils de mes orteils. » Il sourit d’un air narquois.

 

Hercule leva les yeux au ciel. « Iolaus », dit-il en soupirant. « Ce que j’essaie de dire, c’est que je pense qu’on doit se calmer et ne pas s’inquiéter de… ça. »

 

« Ça ? » Hasarda Iolaus. « Oh… ça. D’accord. Absolument Herc. Je suis d’accord. On s’inquiète pas. »

 

Le demi dieu hocha la tête. « Ok… bon… alors… tout va bien, d’accord ? »

 

« D’accord », confirma le jeune homme blond.

 

« Bien. » Hercule eut un soupir de soulagement. Il fit une pause. « Content que ce soit réglé. »

 

Ils se regardèrent. « Herc ? » Tenta Iolaus avec précaution.

 

« Oui ? » Répondit le demi dieu en se frottant la tête d’une main.

 

« Euh… tu ne penses pas vraiment que… »

 

« Non ! » Répondit-il brusquement. « Non… non… j’ai même posé la question à Xena sur ce sujet, et elle a dit que c’était pas possible. »

 

« Oh. » Iolaus sourit. « Et ben… je suis soulagé… je veux dire, si quelqu’un sait, c’est bien elle, non ? »

 

« Vrai », approuva son compagnon. « Ecoute… content qu’on en ai parlé. »

 

Iolaus sourit. « Moi aussi. »

 

Une pause. « Iolaus ? »

 

« Quoi ? » Le jeune homme blond mit les mains dans son dos et se balança légèrement sur ses talons.

 

« Viens par ici. » Hercule sentit un petit sourire tirer les coins de sa bouche.

 

Iolaus s’approcha avec précaution. « Pourquoi ? »

 

« Viens là c’est tout. » Le demi dieu répéta la demande.

 

« Tu ne vas pas faire quelque chose de bizarre, hein ? » Demanda Iolaus avec hésitation tandis qu’il avançait à bonne distance quand même.

 

Hercule posa les deux mains sur les épaules de son compagnon. « Iolaus, je veux juste te remercier. D’avoir été près de moi quand tu n’avais aucune raison de le faire. »

 

Un clignement des yeux clairs fixés sur lui. « Hercule, j’avais toutes les raisons du monde. Tu es mon ami. » Il leva légèrement les épaules. « Tu aurais fait la même chose pour moi. »

 

Le demi dieu sourit. « C’est bon d’avoir un ami comme toi. » Et il attira un Iolaus surpris dans une embrassade inattendue, entourant le petit homme de ses longs bras, tout en croisant les doigts pour que le jeune homme blond ne crise pas.

 

Ce fut une marche sur la corde raide pendant un moment tandis que le corps de Iolaus luttait entre un plaisir simple et enfantin et une envie surprise de s’éloigner. L’enfant gagna, et il se laissa aller dans une paix tranquille pendant un instant, avant qu’ils ne se séparent avec des coups dans le dos chaleureux.

 

« Alors… et au sujet de ces gladiateurs ? » Demandèrent-il en chœur.

 

Et ils furent pris d’un fou rire irrésistible, tandis que les chandelles finissaient de brûler et ils tombèrent dans le lit et laissèrent l’obscurité les encercler.

 

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Suite et fin – 8ème partie

 

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