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REFLECTIONS FROM THE PAST2

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

Reflets du passé

(Reflections of the past)

 

 

De Missy Good

 

Traduction: Fryda

 

 

 

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Partie 2A

*******

 

 

Chapitre 9

 

Un pas, deux pas, trois pas. " T'sais, Arès… parfois, je voudrais la tuer. " Un pas, deux pas, trois pas. " Comme si nous avions besoin de quelque chose pour le déjeuner, comme si nous n'avions pas déjà six pommes, deux tasses de thé et du cidre? "

 

" Roo. " Le loup leva les yeux vers elle et tira le bout de la langue.

 

" Ouais. " Un pas, deux pas, trois pas. " Aucun de nous ne va mourir de faim aujourd'hui. N'est-ce pas ? "

 

" Roo. " Arès approuva.

 

" D'accord. " Un pas, deux pas, trois pas. " Bien sûr, tout est de ma faute, je le sais. J'aurais bien dû savoir qu'il ne fallait pas dire quelque chose comme… 'Eh bé J… je mangerais bien du ragoût de poisson de maman' devant elle, n'est-ce pas ? "

 

" Arghhrooo. " Un soupir d'approbation, en même temps que le loup noir posait la tête sur ses pattes allongées.

 

" Tu l'as dit. " Gabrielle s'arrêta de marcher et arrangea les choses sur la table sans réfléchir. " Bon sang, Arès… où est-elle ? " Xena était partie depuis bien trop longtemps, pour ce qui était supposé être un petit saut à l'auberge, après qu'elle eut enfilé avec soin et contre l'avis de Gabrielle des chausses et une lourde tunique pour affronter joyeusement l'horrible temps qu'il faisait. " Quelle tête de mule… voilà ce qu'elle est, Arès, une tête de mule… elle fait ça juste par perversion, tu sais ? "

 

Les oreilles du loup tombèrent et il s'installa sur son arrière-train avec un soupir, le nez pointé vers la porte.

 

" Très bien… très bien… Voyons les choses autrement, Gabrielle. C'est une grande fille. Nous ne sommes pas loin de l'auberge… peut-être que maman s'est mise à lui parler… ou Toris… ou qu'il y a quelque chose à faire là-bas… elle peut prendre soin d'elle, tu te souviens ? " Elle reprit son mouvement animé. " Allons… détends-toi, d'accord ? " Elle tressaillit lorsque le vent poussa une branche contre la cabine, faisant trembler le bâtiment. " Génial. " Marmonna-t-elle, en sentant son estomac tirailler.

 

" J'aurais dû la convaincre de ne pas y aller, Arès. " Elle s'assit près du loup et mit un bras autour de ses épaules noires. Ses yeux allèrent vers le sol et elle traça le bois du bout du doigt. " Je n'aurais pas dû lui crier dessus. " Elle posa la tête sur celle d'Arès. " Je fais toujours ça… Comme si je ne savais pas que le meilleur moyen pour qu'elle fasse quelque chose c'est de lui dire de ne pas le faire. "

 

 

 

" C'était vraiment pas le moment de me cacher quelque chose " avait-elle râlé alors que ses doigts tremblants gauches travaillaient sur les attaches de l'armure de la guerrière, essayant de l'enlever du corps soudain devenu faible et chancelant.

 

" Je ne savais pas combien de poison il y avait sur cette fléchette… " avait faiblement protesté la guerrière, en essayant de l'aider, et en laissant finalement ses bras tomber.

 

" Xena, ça n'a pas d'importance ! S'il n'y avait même qu'une petite chance que tu sois malade, tu aurais dû me le dire ! Tu aurais pu être tuée ! ! ! " La colère de Gabrielle rendait sa voix nerveuse et acérée.

 

" Gabrielle. " La tension dans la voix de Xena l'avait stoppée net. " Tu me crieras dessus plus tard. "

 

Ce ton l'avait effrayée ainsi que les frissons qu'elle pouvait voir sur le corps affaibli de la guerrière. Elle était tellement habituée à ce que Xena soit capable de… qu'elle se maîtrise… qu'elle maîtrise la situation… la voir ainsi démunie déclenchait une sombre panique en Gabrielle et amenait des mots nerveux à sa bouche. " C'est grave ? "

 

" Je… je n'en sais rien encore. " répondit Xena tranquillement. " Je n'ai plus de force dans les jambes … je ne sens plus mes pieds. Ce sera sûrement le tour de mes bras ensuite. "

 

Elle avait regardé ses mains, essayant de les empêcher de trembler. " Mais tu vas t'en sortir. " Elle prit une soudaine inspiration. " Pas vrai ?" Pas de réponse. " Ce n'est pas… "

 

Un silence, qui laissa passer les murmures des villageois qui se préparaient pour la bataille, et les coups rapides et nerveux du marteau du forgeron au-dehors. Elle leva les yeux vers le regard bleu, espérant qu'elle parlerait, qu'elle la rassurerait.

 

" Ça va être pire avant la récession " dit finalement Xena, avec un calme soupir.

 

Elle, personnifier Xena ? C'était une idée folle… mais les yeux bleus avaient capturé les siens, et l'avaient priée en silence et elle avait accepté à contrecœur, anxieuse de faire quelque chose… n'importe quoi pour éloigner le calme désespoir grandissant sur le visage de Xena.

 

" Tu y vas à cheval, tu y vas et tu ressors tout de suite " avait dit Xena, en ajustant une boucle, un léger soupçon d'amusement dans les yeux à la vue de l'embarras de Gabrielle.

 

" Oh non… à cheval… ça veut dire Argo. Elle me déteste " avait protesté Gabrielle, en sursautant un peu lorsqu'un morceau de l'armure la pinça.

 

" Elle ne te déteste pas " avait répliqué Xena en levant son épée au-dessus de la tête de la jeune fille pour la pousser dans l'étui. " Tu ne m'as pas dit que tu avais eu un poney ? "

 

Gabrielle sentait le poids de l'épée l'entraîner vers l'arrière et elle leva une main incertaine au-dessus de son épaule pour sentir sa présence. Oh dieux… avait-elle pensé… par Hadès, qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je ne peux probablement même pas lever ce truc. " Oui… " répondit-elle avec un petit sourire. " Tympani. "

 

Xena laissa retomber ses mains, de toute évidence épuisée. " Est-ce que… tu as laissé Tympani… avec ta sœur ? "

 

Ses yeux s'étaient obscurcis au souvenir. " Non… non… en fait… il… est tombé très malade un jour. " Son regard alla anxieusement vers le visage de Xena. " Je pensais qu'il irait mieux mais… c'est… ce qui arrive aux choses que l'on aime. " Elle se souvenait de ce matin où elle était allée à l'écurie, et elle avait vu sa forme calme et immobile. " Elles vous quittent, comme ça. "

 

Une main tomba sur son épaule, la réchauffant même à travers les couches de cuir et de cuivre entre elles, et elle leva la tête pour croiser ces yeux bleus profonds qui la fixaient avec une compréhension poignante.

 

Il y avait un golfe immense entre elles, mais chaque jour il semblait qu'un peu de sable était jeté par-dessus l'immensité, lui offrant un autre coup d'œil derrière le masque sombre de la guerrière. Ce qui avait commencé comme une aventure écervelée était, de plus d'une façon, devenu un voyage sur une route qu'elle n'aurait jamais imaginé emprunter, et elle avait découvert récemment qu'elle était plus à l'aise avec la route et la compagne qui avait choisi de l'emprunter avec elle.

 

Elle ne voulait pas que le voyage se termine, si vite après avoir commencé, et c'est peut-être ça qui l'avait tellement touchée, lorsqu'elle était revenue… après avoir fait l'impossible et s'être échappée des griffes du seigneur de guerre, courant vers l'usine pour tomber pratiquement dans les bras de Salmoneus.

 

Et il l'avait arrêtée, son visage toujours si souriant tendu et inquiet.

 

" Quoi ? " avait-elle bredouillé, très doucement, en le regardant. Elle y voyait de la douleur, et elle savait au fond de son cœur qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule raison à ça.

 

Les villageois s'étaient silencieusement écartés devant elle, et avaient dévoilé une couche silencieuse, où un corps reposait masqué d'une couverture marron rudimentaire.

 

Elle ne se souvint pas s'être avancée. Juste… qu'elle se trouvait soudain devant, tombant à genoux dans un léger cliquètement d'armure, ses mains s'agrippant au côté de la couche pour rester droite.

 

Une main… était-ce la sienne ? Ecarta la couverture et révéla le visage pâle et atrocement immobile. Silencieux. Sans vie. Immobile ce qui n'arrivait jamais ; il y avait toujours le mouvement d'un œil, d'un sourcil, d'une oreille. Douloureusement elle leva une main tremblante et toucha une paupière douce, sans sentir le moindre mouvement.

 

Non. Ses doigts écartèrent avec douceur les cheveux souples et sombres des yeux fermés de la guerrière. Non… non… pas déjà. Tu m'avais promis d'être là quand je reviendrais… tu te souviens ? S'il te plaît ? Xena ?

 

Salmoneus était venu à son côté mais elle l'ignorait, arrangeant doucement les longues et épaisses boucles de cheveux sur les épaules nues de Xena. Comme elles étaient merveilleuses, soyeuses… avec un geste qu'elle n'aurait jamais osé si la guerrière avait été vivante pour le voir.

 

Ainsi… son esprit le réalisait sourdement… je présume que le voyage s'arrête… ici… pour elle. Elle se pencha et reconnut l'odeur du cuir, et des herbes et de l'épice qu'elle avait toujours associée à Xena, et elle la laissa emplir ses poumons. Se souvenant d'elle. Ça fait mal, Xena. Oh dieux… ce que ça fait mal de te perdre.

 

Plus près, et ses lèvres effleuraient la joue déjà froide de la guerrière, restant là pendant un long moment profond avant de se laisser aller vers l'avant et de poser sa tête contre celle de Xena de douleur.

 

Comment puis-je te dire au revoir ? Nous nous connaissions à peine… et c'est comme si je perdais une part de moi-même. Tu es devenue si importante en si peu de temps… Xena… Tu vas tant me manquer.

 

L'arbre ne méritait pas ce qu'elle lui avait fait, mais ça semblait être le seul objet qu'elle put trouver… pour la rage pure… et la douleur… elle ne sentait pas la morsure de l'impact du bâton contre le bois… ni la griffure de l'écorce contre son dos lorsqu'elle se laissa glisser, pour se recroqueviller comme une boule de douleur à son pied.

 

" Désolée, Arès. " Le barde se frotta les yeux d'une main irritée et essuya les larmes luisantes sur son manteau. " Je crois que je suis idiote. " Elle frotta l'oreille du loup et souffla dedans.

 

" Arggrrooo " protesta-t-il, en secouant rapidement la tête avant de mâchouiller ses doigts. Elle lutta quelques minutes avec lui puis entoura son corps chaud de ses bras et posa la tête contre son côté, posant les yeux sur la chandelle qu'elle utilisait pour marquer l'heure. " Je présume que je devrais m'occuper à faire… quelque chose. "

 

Elle se leva, se frotta et mit les deux chaises de côté, se faisant un peu d'espace au sol. " Je ferais aussi bien de m'entraîner, n'est-ce pas, Arès ? "

 

" Roo. " Le loup sortit de son chemin aussitôt qu'il la vit prendre son bâton dans le coin. Il avait appris, et de la façon la plus rude, que le jouet de sa maman n'était pas bon à mâcher. La fourrure blanche avait pourtant bon goût. " Arrgrrrr… "

 

" Oui, oui " marmonna Gabrielle en commençant son échauffement. " Aïe. " Elle tressaillit. " Ecoute qui parle d'être rouillée " marmonna-t-elle en bougeant du mauvais côté et en se frappant le tibia avec le bâton. Mais après un moment, les choses se calmèrent et elle fut capable de faire plusieurs figures sans trop de problèmes.

 

" Ouille. " Elle grimaça, se laissant tomber sur un genou pour faire un balayage arrière. " Ça a déjà été plus facile. " Elle finit le mouvement et se redressa, puis elle fouetta et frappa le bâton contre un étai dans un geste impeccable de revers. " Mais ça, ce n'était pas si mal. "

 

" Très bien " dit-elle enfin en lançant un regard sévère à Arès. " Tu peux venir maintenant, trouillard " dit-elle au loup alors qu'elle s'immobilisait au centre du chalet, enroulant une main sur le bâton pour s'y appuyer.

 

Deux oreilles poilues pointèrent de dessous le lit. " Roo ? "

 

" Oui, toi. " Elle remit le bâton dans son coin et lança un regard inquiet à la porte. " Allons… sors de là. "

 

Un museau noir s'agita dans sa direction mais resta où il était. " Arrrrghrooo. "

 

" Entêté. Tout comme ta mère. " Gabrielle jura en plongeant sous le lit pour lutter avec lui, et l'attraper par les pattes pour le tirer. " Allons… Arès !'

 

Il rampa vers l'arrière et elle tira plus fort, roulant sur le dos et glissant un peu plus sous le lit, puis elle se pétrifia lorsqu'elle sentit un courant d'air froid sur ses jambes. Oh oh.

 

Cela s'arrêta et un rire bas et grondant parvint à ses oreilles. Oh par les seins des Bacchantes, jura Gabrielle pour elle-même. " Xena ? " Elle se rendit compte de l'image qu'elle donnait, à moitié sous le lit et elle grogna. " Bon… ce n'est pas ce que tu crois. "

 

Un poids chaud s'installa soudain sur ses hanches, la clouant sur place. " Oh… vraiment ? " Elle sentit le tissu de sa tunique bouger et un courant d'air frais lui donner la chair de poule sur le ventre ainsi exposé. " C'est… bien dommage. " La voix de Xena était riche de malice joyeuse, et le barde pouvait sentir le froid passer au chaud avec la chaleur combinée de leurs corps.

 

Oh… non… " Xena… non… pas d'idées tordues, ok ? "

 

" Tordues ? " répéta Xena, en laissant courir un doigt léger sur son ventre, faisant se tendre les muscles. " Oh… je n'ai pas beaucoup… d'idées… tordues. " Elle passa la main le long de la fine ligne de poils croisés, pratiquement invisible qui marquait l'estomac du barde, puis elle fit joyeusement le tour du nombril, regardant les muscles tressaillir juste sous la peau alors que le barde réfrénait une attaque de gloussements. " Mmmm… " La guerrière dessina une ligne erratique sur la surface douce. " Bien que tu m'en inspires. "

 

" Xena ? " La voix du barde baissa légèrement, étouffée par sa tentative de retenir un rire sauvage.

 

" Hmmm ? " répondit la guerrière, en continuant sa douce exploration, souriant à la vue des mouvements de la poitrine de sa compagne alors que ses doigts touchaient un point particulièrement chatouilleux juste sous la cage thoracique. " Oh… ce que j'aime ce son. " Le barde avait laissé échapper un petit grognement pitoyable.

 

" Euh… il y a… ce… et bien… je sais comme tu es toujours à me protéger de tout …n'est-ce pas ? " La voix de Gabrielle se brisa deux fois alors que sa compagne mordillait doucement sa peau et les sensations étaient un croisement entre un chatouillis et quelque chose de sensuel.

 

" Oh… oui… tu parles " répliqua Xena en passant un doigt le long des côtes du barde, puis sur son côté. " Personne ne s'approchera de toi à courte distance, je te le promets. " Elle sentit les muscles de la cuisse de Gabrielle se tendre et elle passa la main derrière la jambe du barde, passant légèrement les doigts à l'arrière de sa cuisse.

 

" Oooh " Un grognement étouffé. " Xena ! Il y a… euh… il y a un lapin de poussière… OK ? Et… euh… il va me manger… euh… il a des grandes dents… et ces machins bizarres… qui luisent… oh… dieux… arrête ça ! ! ! ! " Elle s'interrompit, bataillant. " S'il te plaît ? ? ? "

 

Xena sourit et céda, roulant des hanches de Gabrielle, pour l'attraper sous les genoux et la tirer doucement de dessous le lit.

 

Gabrielle sortit de là et lui jeta un regard noir. " Tu… vas… me… le… payer ", grogna-t-elle entre ses dents, puis elle se lança sur sa compagne hilare et les fit tomber toutes les deux dans un saut. Elle avait l'avantage parce que Xena portait toujours son lourd manteau, et s'emmêla dedans, lui donnant la chance d'avoir une solide prise sur la grande femme et de lui coller les mains, la rendant immobile. " Je t'ai eue " haleta-t-elle de triomphe. " Et maintenant… par Hadès, où étais-tu ? "

 

" Tu voulais du ragoût de poisson " répliqua Xena patiemment, sans bouger. " Maman avait besoin de quelques trucs. "

 

" Comme quoi ? " questionna Gabrielle, sans lâcher sa prise.

 

" Du poisson " répondit sa compagne. " Enfin… cette sorte. "

 

" Xena. Tu ne vas pas me dire que tu es allée pêcher. " Le barde se pencha un peu plus et murmura dans l'oreille de sa captive.

 

" OK, je ne le dirai pas " répliqua aimablement la guerrière. " Tu veux bien me laisser me lever maintenant ? J'ai un peu de mal à respirer. "

 

" Heh. " Gabrielle eut un rire en coin. " Je t'ai vraiment eue cette fois, n'est-ce pas… tu ne peux pas te libérer. " Et c'était une première… bien qu'elle s'était améliorée à la lutte ces derniers temps… depuis qu'elles s'y étaient mises pour remplacer leurs activités extérieures.

 

Xena la fixa, laissant le plus léger des sourires arriver sur ses lèvres. " Pas sans te faire de mal, non. "

 

Le barde y réfléchit une minute. " Oh. " Elle relâcha la guerrière, massant doucement les endroits qu'elle avait maintenus. " Désolée. " Ses yeux allèrent à la table. " C'est une marmite de ragoût de poissons, Xena ? "

 

La guerrière hocha lentement la tête. " Ouaip. " Elle s'interrompit, tout en restant où elle était, sur le tapis. " Tu es toujours en colère contre moi ? " Cela dit avec humour, mais teinté d'une nostalgie qui toucha Gabrielle, et elle répondit en posant sa tête sur la poitrine de sa compagne, et l'entoura de ses bras, cette fois avec une calme douceur.

 

" Je t'aime " dit-elle doucement, en souriant lorsqu'elle entendit le battement du cœur s'arrêter puis repartir sous son oreille.

 

" Je t'aime aussi, mon barde " répondit Xena tranquillement, en souriant un peu. " Alors… qu'est-ce que vous avez fait tous les deux pendant mon absence ? "

 

Gabrielle resserra son étreinte et laissa passer un soupir d'aise. " Arès et moi… nous parlions en quelque sorte, tu sais ? Et nous nous demandions où tu étais passée. "

 

" Ah oui, hein ? " Xena mordilla ses cheveux et rendit l'étreinte. " Mmmm… ça te dit de lire encore un peu ? " Elle releva soudain la tête. " Où est Arès ? "

 

Gabrielle roula pour s'asseoir et repoussa les cheveux de son visage. " Sous le lit. "

 

La guerrière se mit debout d'un bond et tendit une main à Gabrielle. " Oh… et… comment s'est passé l'entraînement ? " Elle fit un sourire taquin au barde en posant deux bols et deux cuillères sur la table, près du ragoût.

 

" Je n'en fait pas assez. " Gabrielle soupira en servant deux portions du plat odorant. " Je me suis cognée une douzaine de fois… je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis sentie aussi maladroite. "

 

Xena porta les deux bols vers le feu et les posa sur la table basse, s'asseyant et attendant que le barde s'installe contre elle avant de lui en tendre un et de prendre l'autre. " Ça va revenir. " dit-elle d'un air détaché. " Par ailleurs, ce n'est pas le meilleur endroit pour le faire… le plafond et tous les obstacles te posent probablement des problèmes. "

 

Gabrielle mâchouilla un morceau de carotte et avala. " Tu essaies de me remonter le moral ? " accusa-t-elle en pointant sa cuillère vers sa compagne.

 

" Ouaip " marmonna Xena à travers une bouchée en tirant sur le parchemin suivant et en commençant à l'étudier. " Tu as un problème avec ça, barde ? "

 

" Nan. " Gabrielle soupira joyeusement. " Ça a marché. " Elle s'installa alors que Xena s'éclaircissait la voix et commençait à lire.

 

 

 

Chapitre 10

 

Ma première pensée fut la soif, étrange, parce que j'étais à moitié submergée, les doigts à moitié enfouis dans le sable rude et granuleux de la plage où je me trouvais.

 

J'hésitais à bouger… mon corps semblait avoir été piétiné par les chevaux, mais je me forçais à ouvrir les yeux, et je clignai pour enlever le sable et voir la pâle lumière du jour, et les nuages cotonneux au-dessus de ma tête.

 

J'étais seule.

 

Les mouettes tournoyaient sans cesse, alors que je ramassais mes forces pour me sortir de l'eau, et remonter la plage. Le sable chaud était agréable contre mon corps, et je me reposai là de longs moments, jusqu'à ce que le clapotement affolant de l'eau ne m'attire comme un papillon vers la chandelle.

 

Je me tirais vers elle, me plongeant finalement dans sa froide invisibilité, alors que le petit ruisseau émergeait des profondeurs épaisses, et serpentait vers la mer.

 

Ma Dame… la douceur de cette eau valait la meilleure des bières qui fut jamais servie à la table de mon père. Je bus jusqu'à l'étouffement, puis je m'enfouis dans la verdure odorante et lavai mon corps, pour le rincer de l'étreinte oppressante de la mer.

 

De longs moments, je me reposai, laissant les sons divins de la terre pénétrer mes oreilles, longuement habituées aux murmures incessants de la mer. Je m'exaltai du chant des oiseaux, et du bruissement des criquets, et de l'odeur des feuilles si vertes et de la terre profondément brune qui s'élevaient autour de moi dans un merveilleux jaillissement de souvenirs.

 

Je priais pour Rhun et pour mes compatriotes esclaves, et n'eut aucune pensée pour les Nordiques, car cela ils le méritaient. Etait-ce mal, ma Dame ? Ils sont nés de la mer, que la mer les prenne… je suis satisfaite.

 

Mes yeux se tournèrent vers la mer et un mouvement attira mon attention. Je tournai la tête pour voir une silhouette solitaire suivre mes traces tourmentées et je sus que c'était mon geôlier nordique. Cherchait-elle son esclave ? Ses yeux me repérèrent, bien qu'à moitié cachée dans le feuillage et je la regardai à mon tour, dessinée dans le soleil comme les Ban Sidhe elles-mêmes.

 

La haïssais-je ? Ma Dame, j'étais trop fatiguée pour me préoccuper de mes choix. Elle s'approcha et je vis la hache dans sa main, mais elle la tint en arrière et ne me menaça point. Encore plus près, et je pus voir les marques sur sa peau, et elle s'agenouilla devant moi, me fixant de ses yeux aussi pâles que le ciel brumeux au-dessus de nous.

 

Elle m'était étrangère, mais ce pays était étranger, et au moins… au moins là, se trouvaient des yeux qui avaient vu ma patrie, bien que ce put être la seule chose que nous puissions partager. J'attendis, qu'elle me fasse connaître ses sentiments, connaissant ceux de sa sorte, sachant qu'elle ressentirait le besoin de contrôler.

 

Mais, tout comme notre pays, nous Celtes savions plier le genou, tout en prenant une âme.

 

" Ardwyn. " Sa voix était fatiguée, comme si elle avait crié longtemps, et j'eus le souvenir brumeux qu'elle le faisait pendant la tempête.

 

" Ja ? " répondis-je doucement.

 

" Frels. " Un mouvement ironique de sa tête pâle. Libre. Oui, Ma Dame, je suppose que je l'étais.

 

" Ja. " J'approuvais ceci, levant la main et me montrant. " Frels. "

 

Elle hocha lentement la tête et fixa sa hache, le visage solennel. J'attendis. Après un silence apaisant, elle leva les yeux vers moi, sa voix ne trahissant rien de ce qu'elle ressentait. " Koma ? " Avec un haussement d'épaule, indiquant qu'elle se moquait que je vienne… ou que je reste.

 

Mais, en la regardant, mes yeux virent une chose, et mon cœur une autre. Ou… me leurrais-je, pour ne voir que, ce que dans ma solitude, je voulais voir ? Dans un pays aussi étranger que celui-là, il valait mieux être deux, même deux ennemies que seule.

 

" Ja ", répliquai-je dans ce silence vert. " Var er gang, e gang… " Une pensée simple, je ne sus pas pourquoi elle y sourit. Lentement, je posai la main sur la peau rugueuse d'un arbre et me soulevai, et elle se leva pour me rejoindre.

 

Ma Dame, qu'elle était grande… je ne m'étais jamais tenue à son côté, ma tête arrivait à peine à son épaule, mais je la suivis, alors qu'elle menait silencieusement la marche, alors que les bruyères vertes se refermaient sur nous et peignaient l'air de leur parfum riche. A chaque pas, je laissais un peu plus de mon passé derrière moi, je le sentais s'évaporer dans l'obscurité, et je forçais mon regard vers l'avant, déterminée à affronter les défis de ce nouveau pays, car mon cœur savait que jamais plus je ne reverrais le mien.

 

Chapitre 11

 

Xena s'arrêta de lire et laissa passer un léger rire de surprise, ses doigts traçant quelques-uns des mots sur la page. " Bon sang ", jura-t-elle calmement.

 

" Quoi ? " dit Gabrielle depuis sa position confortable, blottie contre la poitrine de Xena. " Qu'y a-t-il de si drôle ? "

 

" Ceci… la traduction de ce qu'elle a dit… " La guerrière secoua la tête. " Tu ne vas pas le croire. "

 

Le barde pencha sa tête pâle vers l'avant et la regarda. " Quoi… le truc du 'e gang' ? Qu'est-ce que c'est ? "

 

Xena sourit, et la regarda. " Elle dit…… 'où tu iras, j'irais'. "

 

Gabrielle leva brusquement les sourcils. " Pas possible ! " Un rapide coup d'œil vers Xena lui prouva que la guerrière ne blaguait pas. " C'est vraiment bizarre. " Elle s'interrompit. " Tu ne trouves pas ? "

 

" Mmm… oui, je trouve ", confessa Xena, en étudiant le texte pensivement, puis elle lança un long regard vers Gabrielle. " C'est une drôle de coïncidence. "

 

Le barde se frotta le nez et étudia le parchemin. " Mmm. " Elle mâchouilla sa lèvre. " Je ne pense pas que ça signifiait la même chose pour elle que pour moi. "

 

Xena y réfléchit. " Probablement pas ", répliqua-t-elle lentement. Pas encore, en tout cas, ajouta-t-elle en pensées, avec malice.

 

" Alors… " Le barde pencha la tête et leva un regard amoureux vers sa compagne. " Tu penses qu'Ardwyn avait raison ? Qu'Elevown voulait vraiment qu'elle l'accompagne ? "

 

Les yeux de Xena s'embrumèrent de souvenir pendant un long moment. " Oui. " Ses lèvres se tordirent en un sourire rapide et désabusé. " Je dirais qu'elle avait raison sur ce point. "

 

Gabrielle rit doucement et lui offrit un morceau de gâteau que Xena prit entre ses dents et mâcha. " Je suis bien contente pour elle. "

 

Chapitre 12

 

C'était un étrange pays que celui dans lequel je me trouvais, avec des plantes et des animaux qui m'étaient inconnus, bien que je m'y connaissais tant dans les espèces que dans leur utilisation. Je regardais Elevown marcher à grands pas devant moi, sa hache prête à son côté, nous préparant le chemin, bien que je ne savais pas où elle nous emmenait.

 

Et que je n'avais aucun mot pour lui demander, parce que les quelques bribes de sa langue que je connaissais me venaient des blagues grossières des Nordiques, et des ordres lancés, et peu venaient de ses lèvres qui semblaient scellées.

 

Nous ne vîmes pas une âme, juste des lapins, qui s'éparpillèrent devant nous dans une fuite étonnée, et d'autres petites créatures, dont les silhouettes me devinrent familières, bien que certaines étaient plus grandes et leurs couleurs étranges.

 

Un sifflement, et je sursautai, pour voir le sang gicler alors que sa hache ôtait la vie à un lapin inconscient, sa fourrure blanche rougissant alors qu'il se tordait une dernière fois sur la surface couverte de mousse verte.

 

Je… ne suis pas du genre sentimentale… mais je n'aime pas que l'on tue, même des animaux de la forêt destinés à me nourrir. C'est idiot, je m'en rends compte, car je sais que c'est le souhait de la Dame que le sacrifice de certaines créatures assure la survie d'autres, mais je ne peux pas m'en empêcher. Alors je détournai les yeux, et supportai de la voir écorcher la bête, et je me tournai pour ramasser du petit bois pour le feu.

 

Ah, mais j'apportai là ma propre contribution au repas, ils étaient ronds et brillants, leur forme m'était inconnue, mais leur odeur… oh, ma Dame… ils sentaient tellement bon, qu'ils en étaient une friandise pour une pauvre voyageuse. Je déchirai une feuille d'un arbre tout proche, et en fabriquai un panier, le remplissant des fruits noirs et brillants avant de retourner à l'endroit où je l'avais laissée, agenouillée devant sa proie.

 

Car c'est ainsi que je la voyais, un prédateur, dont les dents et les griffes avaient ôté la vie à ma famille, et m'avaient entraînée loin de mon foyer dans cet étrange pays. Je la savais dangereuse, et pourtant…

 

Et pourtant.

 

Les yeux de la couleur du brouillard se levèrent vers moi lorsque je revins, et posai mes bâtons, ajoutant de la mousse dessous, et m'arrêtant soudain, consternée.

 

Je n'avais pas d'allume-feu, et à l'expression dans ses yeux, elle non plus. A un autre moment, j'aurais trouvé ça comique, mais là…

 

Nous nous regardâmes et elle dit quelques mots que je savais être des jurons, alors j'en dis moi aussi, puis avec précaution, je lui tendis mon panier de feuilles.

 

Soupçonneuse, oui, elle l'était, ses yeux ne quittèrent jamais les miens, alors qu'elle choisissait un fruit avec précaution, le portant près de son nez fin et droit, qui se fronça au parfum sucré.

 

Maintenant curieuse, elle y mordit, sursautant alors que, tant il était plein de jus, il éclata et la couvrit de tâches rouges. Je n'osai pas rire, sa dignité me l'interdisait, bien que ma bouche me faisait mal de retenir mon amusement à sa vue. Je capturai moi-même un fruit et le mâchai, laissant le jus éclater dans ma bouche ravagée par le sel.

 

Oh, ma Dame… que c'était bon. Sucré et riche, sans acidité pour attaquer mes lèvres, et je levai les yeux pour voir un sourire grognon sur son visage, qui, assurément, devait être le reflet du mien. Nous finîmes les fruits, puis je l'emmenai volontiers à l'endroit où je les avais trouvés, et nous les mangeâmes comme des enfants, jusqu'à ce qu'enfin, rassasiée, nous nous assîmes tranquillement sous l'ombrage d'un arbre feuillu et sentîmes l'épuisement nous submerger.

 

Elle était têtue, cette Nordique. Nous collectâmes toutes les branches que nous pûmes et fîmes un abri grossier, mais elle ne se reposa pas avant d'avoir écumé une demi-lieue pour trouver une amorce et un allume-feu, assez pour éparpiller quelques étincelles bien placées dans la mousse et donner vie au feu pour nous réchauffer.

 

Pour être honnête, je lui étais reconnaissante, alors que le soleil oblique nous fuyait et que les vents frais me faisaient frissonner. Les yeux à demi-clos, nous partageâmes notre petit abri, alors que les bruits de la nuit commençaient à nous encercler. Bien qu'ennemies, j'étais contente de sa compagnie, alors que les bruissements et les ululements effrayaient mes sens, enfermées dans nos silences respectifs.

 

" Ardwyn. " Sa voix me surprit.

 

" Ja ? " Je me tournai vers elle avec précaution, et vit la lassitude sur son visage, sachant assurément que la mienne reflétait la sienne, ici dans ce temps passé seules pour la première fois, au milieu d'une forêt étrange, sur un sol étranger, ensemble.

 

Mais elle ne dit rien de plus, hocha simplement la tête, et la posa sur l'arbre qui nous abritait, laissant ses yeux se fermer comme si elle était impuissante à les maintenir ouverts.

 

Tout comme je l'étais, cette nuit-là.

 

Chapitre 13

 

Gabrielle rit doucement. " Que c'est mignon. " Elle laissa passer un soupir de satisfaction et s'assit pour permettre à sa compagne de s'étirer et de bouger un peu. " Dieux… tu entends ça ? " Elle pencha la tête et tressaillit alors que le toit tremblait sous l'impact de la grêle. " Ecoute… tu ne ressors pas là-dessous, compris ? "

 

Xena eut un sourire paresseux. " OK… à tes ordres, barde. " Elle tendit la main et attrapa un paquet sur la table, puis le rapprocha. " J'ai bien fait d'apporter ça maintenant, hein ? " Ma mère, piégée dans une cuisine. Dangereux. Très dangereux. Elle leva un coin du tissu et exposa le contenu au barde. Dangereux, mais délicieux " Tu es intéressée ? "

 

" Ooohh ? " Gabrielle sourit de toutes ses dents en rampant sur la poitrine de sa compagne pour renifler le paquet. " Ce ne serait pas… oh… du pain aux noix, par hasard ? "

 

" Peut-être. " La guerrière la taquina en levant le paquet un peu plus haut.

 

" Xena ", grogna le barde. " Tu es méchante. "

 

Cela lui valut un demi-sourire. " Combien de temps penses-tu que je puisse garder ça hors de ta portée ? " Xena la défia, une étincelle malicieuse dans les yeux.

 

Gabrielle garda le silence mais redescendit, ses yeux s'adoucirent pour croiser ceux de sa compagne dans une douce imploration.

 

" C'est pas juste ", l'avertit la guerrière d'un ton menaçant.

 

Gabrielle continua en penchant la tête d'un côté puis de l'autre avant d'avancer sa lèvre inférieure dans une moue nostalgique.

 

" Ah par Hadès. " Xena soupira et lui tendit le pain. " Je devrais savoir pourtant. " Elle regarda amusée le barde qui fouillait le paquet pour casser un beau morceau de pain et y mordre joyeusement. " Tu aimes ce truc, pas vrai ? " Puis elle grimaça un sourire au rappel d'un certain souvenir.

 

" Tu sais que je… " Gabrielle surprit l'expression. " Et pourquoi ce sourire ? "

 

" Hein ? Rien. " Xena essaya de rester sérieuse mais le souvenir ne la laissa pas tranquille. " Je pensais… simplement…à cette fois. Tu te souviens…le sacrifice ? "

 

Gabrielle roula ses yeux vert brume. " Oh oui… " Elle enfourna un morceau de pain aux noix dans la bouche de la guerrière. " Le grand laïus…. 'tu étais siiiiii drôle Gabrielle… mais je ne te dirai pas ce que tu as fait'. " Elle s'interrompit et jeta un regard pensif à sa compagne. " Je parie que tu as tout inventé. "

 

Les sourcils de Xena se dressèrent jusqu'à sa frange. " Moi ? Inventer ? " grogna-t-elle doucement. " Oh non… c'est TOI le barde, gamine. " Elle lui poussa le ventre. " Je n'invente rien, moi. "

 

" Ouf ", protesta Gabrielle doucement. " Allons… Xena… est-ce que tu vas un jour me dire ce que j'ai fait ? Je ne m'en souviens vraiment pas. " Elle prit son expression la plus implorante pour désarçonner sa compagne sans défenses.

 

Son cœur battait alors que les mots de cette maudite femme pénétraient son esprit, et elle se rendit compte qu'elle avait envoyé de la nourriture probablement empoisonnée à proximité de Gabrielle. Elle était partie vivement de la maison en jurant et avait bondi vers la grotte, toujours aussi étonnée de la façon dont les ennuis semblaient trouver sa jeune amie.

 

Contournant le coin, elle était entrée dans la grotte, griffant son épaule contre le mur sans vraiment le sentir, n'entendant que le battement de son cœur alors qu'elle n'obtenait aucune réponse. " Gabrielle ? ? ? "

 

Oh, par Hadès… ça ne va pas recommencer. Elle se souvint d'avoir grogné contre elle-même. Bon sang, cette fille se met dans plus d'ennuis qu'un…

 

Et puis elle avait repéré la silhouette calme et immobile affalée sur le sol dur. Quelques longues enjambées, et elle se laissait tomber près d'elle dans la poussière, berçant la jeune fille sans connaissance dans ses bras anxieux. " Gabrielle ? " Elle respirait encore, que les dieux soient loués. " Hé ! " Elle avait doucement secoué Gabrielle et sentit de la résistance monter lentement dans le corps de la jeune fille.

 

Dont les mains avaient faiblement agrippé ses poignets, et dont les yeux verts s'étaient ouverts en clignant plusieurs fois avant de montrer de la conscience.

 

Xena avait laissé passer un soupir de soulagement, en attrapant la jeune fille par les épaules pour la soutenir à demi, surprise que le barde ne montre aucun signe qu'elle voulait qu'elle la relâche. " Ça va ? "

 

" Oh… oui… génial… " avait marmonné le barde. " Je n'y vois rien… mais… à part ça… je me sens bien. "

 

Xena avait senti la jeune fille se nicher un peu plus et son front s'était agrandi. " Essaie d'utiliser les deux yeux " avait-elle suggéré sans rire.

 

Lentement deux yeux vert brume s'étaient ouverts, la fixant rêveusement. " Oh… oui… c'est mieux. " Un sourire chaleureux était apparu sur le visage du barde.

 

Le regard trouble inquiéta Xena. " Tu peux te lever ? "

 

Gabrielle cligna solennellement des yeux. " Tu veux dire que je ne suis pas debout ? "

 

Oh bon sang, avait-elle pensé. Voilà les ennuis. " Allons. " Elle avait soupiré et soulevé entièrement Gabrielle, retenant la jeune fille par les épaules. " Ça va ? "

 

Gabrielle s'était redressé et avait levé les yeux. Ses yeux s 'étaient agrandis et elle avait regardé Xena comme si… " Par tous les dieux ", avait-elle dit dans un souffle, alarmant profondément la guerrière.

 

" Qu'y a-t-il ? " avait dit Xena brusquement, en jetant des coups d'œil inquiets alentour, s'attendant à voir Mallus et ses soldats d'une minute à l'autre.

 

Gabrielle perdit l'équilibre et retomba avec un bruit sourd, se soutenant avec les mains et regardant sa compagne avec une totale absorption. " Tu es magnifique ! " Les mots se bousculaient pour sortir de la bouche de Gabrielle, la drogue ayant diminué ses sensations.

 

Xena en était restée interdite, ce que peu de choses pouvaient causer. Elle ne s'était pas attendue à ça… à ce… type de réaction de la part de Gabrielle, d'autant plus que ça venait des tripes… une chose qu'elle n'avait jamais dite avant. Et qui amena un demi-sourire de curiosité sur son visage alors qu'elle étudiait la jeune fille affalée devant elle.

 

Qui, nota-t-elle tranquillement, avait en quelque sorte cessé d'être aussi jeune que ça depuis un moment. Peut-être était-ce dû à cette tenue d'Amazone… oui… ça devait être ça. Je suis contente qu'elle se soit débarrassée de cette espèce de jupe. " Et toi, tu es… droguée. " Elle avait aidé le barde à se relever en repoussant calmement les mots.

 

Oui, c'est ça. " Herbe-aux-poules sauf erreur… alors c'est probablement temporaire. " Elle prit un moment pour s'en vouloir du léger mais perceptible picotement de déception que ces mots évoquaient. " Mais il faut que... "

 

Et Gabrielle avait bougé…paradant et agitant les bras comme pour diriger un orchestre de rue athénien. " tu marches " avait fini Xena pour elle-même avec un soupir. " Reviens ici. " Elle marcha à la poursuite du barde, la rattrapant avant de la retourner. " Je veux que tu te concentres. "

 

Gabrielle lui avait fait un sourire grivois. " Sûrement… mais c'est inutile. " Elle marcha sans but, comme sur une poutre invisible. " Je marche depuis l'âge de un an. "

 

Xena était tiraillée entre la frustration et l'amusement, une partie d'elle-même voulant secouer la jeune fille, l'autre s'amusant avec culpabilité de son jeu défoulé. " Il ne s'agit pas de marcher, Gabrielle… il s'agit de Iacus… tu te souviens de lui ? "

 

Le barde lui avait fait un sourire brillant. " Bien sûr. "

 

Xena avait soupiré et attrapé le visage de sa compagne, la forçant à la regarder dans les yeux. " Gabrielle… où est Iacus. "

 

Le barde avait levé les mains et fermement agrippé ses épaules. " Je ne sais pas… où ? "

 

C'est la frustration qui l'emporta. " Je TE le demande ! ! ! " Elle avait un peu secoué Gabrielle.

 

Le barde s'était libérée… et avait avancé un peu plus dans la grotte. " Iacus… Iacus ! ! ! " Puis elle s'était retournée et avait fixé Xena avec des yeux effrayés et anxieux. " Je ne peux pas… je l'ai perdu ! " Abasourdie,, elle s'effondra sur un rocher proche, angoissée. " J'ai perdu Iacus. "

 

Xena était allée vers elle et s'était agenouillée. " Gabrielle… ce n'est pas grave. " Elle avait posé une main sur l'épaule du barde qui avait totalement tourné son attention vers elle.

 

" J'ai perdu Iacus ! " gémit la jeune fille et elle entoura le cou d'une Xena surprise de ses bras, cherchant le réconfort.

 

Xena s'était permis un long moment pour lui rendre la pareille, trouvant une chaleur curieuse dans la connaissance qu'elle voyait un côté totalement ouvert de Gabrielle, absolument inconsciente de son attitude sévère. C'était comme ça que la jeune fille la voyait… c'était… plutôt agréable. " Ça va… Gabrielle. Il t'a probablement vue t'évanouir et il est allé chercher sa mère. " Elle calma le barde agité.

 

Puis elle se leva et se prépara à partir. Surprise lorsque le barde se leva d'un bond et fonça en avant, disant aux rochers de la grotte de la suivre. Oh bon sang. " Gabrielle… j'ai une meilleure idée. "

 

Les mains fermement posées sur les épaules du barde, la regardant attentivement dans les yeux. " Je vais chercher Iacus… et toi. " Elle regarda dans la grotte. " Et les autres… vous essaierez… " Elle fut à court d'inspiration.

 

" De chanter en chœur " annonça Gabrielle pour l'aider, en frappant son bras. " C'est ça… bonne idée. " Le barde passa un bras amical autour des épaules de Xena et l'éloigna des rochers. " Juste entre toi et moi… les altos ne sont pas terribles. "

 

Xena avait réfréné un sourire. " C'est vrai. " Elle avait hoché la tête sérieusement puis s'était concentrée sur le barde. " Gabrielle… "

 

Le barde, dont le visage s'éclaira avec une bonne humeur manifeste, tourna rapidement les yeux vers elle.

 

" Bon… tu ne laisses… " Xena regarda encore une fois autour d'elle. " PERSONNE quitter la grotte, d'accord ? "

 

Un hochement de tête, le souffle retenu.

 

" Est-ce que j'ai été claire ? " La guerrière avait insisté, elle voulait que ceci soit bien compris.

 

Gabrielle l'avait étudié d'un air critique ? " Non… tu es un peu floue sur les petits détails " avait-elle susurré, en tapotant légèrement les mains de Xena. " Mais continue à t'entraîner… ça viendra. " Puis elle avait tourné le dos à la guerrière et paradé vers les rochers, les arrangeant dans une chorale, agitant les mains vers eux et les dirigeant avec une quantité étonnante d'énergie.

 

Xena avait passé un bon moment à simplement la regarder et elle sentait un rire monter doucement, malgré la situation. Elle ne croira jamais qu'elle a fait ça.

 

" Je ne peux pas croire que j'ai fait ça " déclara Gabrielle platement. Puis elle regarda sa compagne, allongée sur le dos, la tête sur les mains, fixant le plafond. " Je ne te crois pas. "

 

Xena roula la tête vers le barde et lui lança un regard. " Je te l'avais dit. " Elle renifla pensivement. " Dieux… mais qu'est-ce que tu étais mignonne. "

 

Gabrielle grogna. " Xena, ce n'est pas mignon… c'est embarrassant. " Elle se leva et remua les trucs sur la table. " Je ne voulais… hum… "

 

La guerrière la regarda. " Pas dire ça ? " finit-elle calmement. " Gabrielle… tu n'étais pas vraiment toi… je n'ai pas… pris ça sérieusement. "

 

Un long silence s'installa entre elles alors que le barde étudiait le parchemin sur la table. Puis elle leva les yeux et sourit d'un air désabusé. " Tu aurais probablement dû ", dit-elle enfin doucement. " J'aurais aimé avoir le courage de dire ces choses… de faire ces choses sans l'herbe-aux-poules. " Une autre pause, puis elle continua, moins fort. " Je le voulais. "

 

" C'est vrai ? " La réponse lui parvint sur un ton un peu rauque.

 

" Oh… dieux… oui ", admit Gabrielle en posant les coudes sur ses genoux, et en regardant ses mains s'ouvrir et se fermer. " Certaines fois… " Elle ferma les yeux. " Je te voyais souffrir… ou… lorsque les choses n'allaient pas bien… " Un soupir lui échappa. " Tu ne sais pas combien de fois j'ai dû me dire de ne pas aller vers toi pour te serrer dans mes bras. "

 

Un nouveau silence. " Je… ressentais la même chose ", admit enfin Xena. " C'est juste que je ne pensais pas… je veux dire… " Elle s'arrêta et leva une main qu'elle laissa retomber sur le sol. " Je regarde tout ça et je m'en veux beaucoup. "

 

Gabrielle se laissa tomber et la rejoignit, posant sa tête sur l'estomac de Xena et roulant sur le côté pour voir le visage de sa compagne. " Il ne faut pas ", dit-elle simplement. " Ça n'a pas d'importance. " Elle ramena le parchemin suivant pour capter l'attention de Xena. " Regarde celui-là… si je lis bien la première ligne, c'est à ce moment qu'elles ont trouvé la grotte. "

 

Xena accepta la distraction, et étudia la page puis fit un sourire chaleureux à sa compagne. " C'est ça. " Elle mit une main sur la joue du barde, sentant les muscles bouger lorsque Gabrielle lui rendit son sourire. " Bon travail… tu vois ? Tu y arrives… bientôt tu n'auras plus besoin de moi. "

 

La réaction la surprit, alors que Gabrielle faisait voler le parchemin, et s'arc-boutait jusqu'à ce qu'elle soit au-dessus de la poitrine de Xena. Les yeux dans les siens avec une attention sévère. " Hé ?! " Xena cligna des yeux. " Qu'est-ce que j'ai fait ? "

 

Le visage du barde était toujours sérieux. " Tu as dit quelque chose de vraiment stupide. "

 

Le visage de la guerrière était un sujet de consternation. " Hum… je n'ai pas… "

 

Gabrielle fronça les sourcils. " Non… tu fais toujours ça… tu dis des trucs comme ça. Je déteste ça. " Elle prit une inspiration coléreuse. " Ne pas avoir besoin de toi ? Même pas pour rire, Xena. "

 

Les yeux bleus s'ouvrirent d'étonnement. " Gabrielle… " Une inspiration profonde. " Désolée… je… ne voulais pas dire ça, d'accord ? "

 

" Même pas pour rire, Xena ", répéta le barde calmement. " Je veux avoir besoin de toi de tout mon cœur. "

 

" Même pas pour rire ", répéta la guerrière sérieusement. " Je comprends. " Elle leva une main hésitante et repoussa les cheveux blonds-dorés des yeux verts du barde. " Je te le promets. "

 

Gabrielle se détendit à ces mots, et se laissa retomber, s'affalant sur le corps de sa compagne. " OK. " Elle tendait de nouveau le parchemin et mit le nez sur la peau de Xena, sentant la chaleur à travers la chemise. " Je ne voulais pas crier. "

 

Xena laissa passer une inspiration retenue, et mit le tourbillon d'émotions de côté pour les étudier plus tard. Il faudrait qu'elle y repense. " Bien… " Elle parcourut la page. " On y va. "

 

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