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REFLECTIONS FROM THE PAST4

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

Reflets du passé

(Reflections of the past)

 

 

De Missy Good

 

Traduction: Fryda

 

 

Pour les démentis, voir la première partie.

 

 

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Partie 4A

******

 

La lune s'était quasiment levée lorsqu'il s'avança, glissant avec les ombres par intermittence, se coulant dans les mouvements naturels du vent, et de la lumière, alors que l'obscurité grandissait de plus en plus autour du chalet, sa cible.

Il ne faisait pas plus de bruit que le bruissement ponctuel des feuilles sur le bois sombre, prenant son temps, jusqu'à ce qu'il se pose contre le mur extérieur, ses vêtements couleur sable se fondant avec la terre, et la surface contre laquelle il était appuyé. Nul besoin de se précipiter. Nul besoin… il avait patiemment observé, et attendu, pendant un long mois maintenant, et enfin, il était prêt.

Un mois, pour juger de son environnement, de ses chances… de sa cible. Surtout elle. Observée depuis une sage distance, pas innocente, mais avec un travail de terrain comme s'il avait toujours fait ça, ce qui avait été le cas. Observée pendant ses exercices matinaux, alors que les longs mois d'hiver la ralentissaient, la rendaient moins attentive, moins alerte aux dangers qui l'entouraient.

Mais jamais assez. Il n'était pas stupide, ou sujet au suicide, et elle était la proie la plus dangereuse qu'il ait jamais chassée. Pas tant pour ses qualités physiques… celles-là, il en avait aussi, et les guerriers sont des guerriers. Non… elle avait quelque chose de différent, une énergie qui courait sous la surface, et bien qu'elle fut enfouie sous des couches de facilité et de familiarité avec son environnement, elle n'était jamais totalement dissipée. C'était un sens au-delà de l'humain, et il reconnaissait cela, et le respectait.

Mais son inattention lui permettait d'entrer dans ses défenses d'une autre façon, et tout dépendait de la façon de mettre en place un scénario et de laisser sa propre nature la faire tomber.

Il ne s'était jamais attendu à ce qu'elle survive à la chute… de voir sa poitrine bouger au fond du ravin l'avait frustré, parce que ça avait paru être la meilleure solution, et lui avait permis de rester à l'écart. Mais il avait vu le sang sur sa tête, et la course des guérisseurs vers le chalet, et il savait que ceci serait son unique chance, de s'approcher assez pour être sûr, et la rendre incapable de se défendre.

Ce n'était pas son premier choix. Il préférait réussir ses contrats à distance, et ne permettre aucun contact entre sa victime et lui… c'était plus sûr… comme ça, et il avait entendu parler de ce qui était arrivé à Stevanos lorsqu'il avait commis cette erreur face à elle. Mais il avait accepté le contrat de l'homme au manteau noir dont la démarche claudicante l'avait rendu nerveux, mais pas curieux. Surtout lorsque l'aubergiste s'était penché vers lui et lui avait dit ce que Xena avait fait à cet homme. Même maintenant, même accroupi devant le chalet silencieuse, ses cuisses se serrèrent instinctivement.

Bien, Xena… ça te revient à la figure. Il regarda à travers un trou dans le mur, et attendit que sa vision nocturne s'éclaircisse, alors que le feu doux à l'intérieur révélait le contenu.

Ah. Il sourit, traçant les silhouettes immobiles blotties dans le grand lit. Avec précaution, il glissa un petit tube dans une autre fente, et s'arrêta, se concentrant sur un point neutre et sombre au pied du lit. Une expiration profonde, et un faible gémissement, et puis il attendit.

Aussi patient que la nuit, observant les dernières lueurs de la lune bouger les ombres des feuilles sur son bras, dans le paysage noir et argent. A la fin, il finit de compter et rampa sur le porche, évitant les deux points grinçants qu'il avait pris soin de noter, et se glissa dans les ombres obscures, devant la porte.

 

La main sur la poignée, il ressentait maintenant l'excitation, alors que le défi prenait le pas et que l'aventure commençait. Il entrouvrit à peine la porte, pour laisser l'air chaud sortir et entrer dans ses narines, apportant la faible odeur de bois et de cannelle, de cuir et d'animal, et de cuivre, et l'odeur chatouilleuse du vieux sang. Un pas de plus et il était à l'intérieur, et immobile, contre le mur.

A écouter simplement. Une alarme retentit faiblement. Deux respirations seulement. Un sourcil dressé… mon travail serait-il déjà fini ? Ironie des ironies. Mais non… ses yeux virent deux poitrines se soulever… au même rythme. Bizarre. Pas le temps de penser à ça.

Un pas de plus, et il s'arrêta, respirant avec elles, ne bougeant pas le moindre grain de poussière, remuant à peine l'air autour de lui. Dans sa main, il avait une arbalète miniature, dont les flèches étaient empoisonnées. Il ne prendrait aucun risque, même maintenant il ne se mettrait pas à sa portée.

La courbure de sa mâchoire, le pouls qui battait si fort qu'il pouvait le voir bouger sur la peau. Si vulnérable. Sans son armure, et ses sens éveillés, elle n'était qu'une autre victime… c'était presque trop facile, il ressentit une pointe de déception alors qu'il levait la main et affermissait sa cible.

Un coup, et c'était terminé. Et un second pour la conteuse… une pointe différente, parce que son contrat comportait un bonus s'il la ramenait.

Son doigt se durcit, et pressa presque avec nonchalance, sentant le relâchement alors que le mécanisme partait, et que la petite arme sursautait sur sa prise dans un arc familier. Il pencha la tête pour écouter le son réconfortant de la pointe d'acier transperçant la chair.

Mais un léger clapotement à la place lui parvint, et il plissa les yeux sur le bout de la flèche, qui semblait flotter dans l'air.

Encastré dans ce qu'il réalisa soudain être un poing bronzé. Non. Ce n'était pas possible.

L'air bougeait et son corps remua dans un spasme de réflexes, l'envoyant de l'autre côté de la pièce hors du champ d'attaque du grand corps qui plongeait vers lui. Il tournoya et tourna sur lui-même, et il tendit les mains pour agripper la chair, et il entendit un hoquet étouffé.

La conteuse. Il sortit une dague et la laissa goûter la peau de sa gorge. " Arrête ou je la saigne comme un goret. "

Le silence. La lumière du feu bougea, envoyant des ombres menaçantes vers la grande silhouette silencieuse qui lui faisait face. Le bandage était tombé, et il pouvait voir la ligne acérée de sa blessure sur sa tête, au-dessus de deux miroirs qui le transpercèrent avec une rage à peine contenue. Les petits courants d'air remuaient le tissu de sa chemise, dessinant sur son corps musclé avec une précision hasardeuse.

" Qui t'a envoyé ? " demanda la voix calme et froide.

Il sourit. " Il ne m'a jamais donné son nom… mais tu as laissé ta carte de visite sur lui. " Il bougea le couteau minutieusement et sentit le corps sous son bras se raidir. " L'hiver a été long, doux et facile, n'est-ce pas Xena ? Tu ne peux pas arriver ici avant que je ne lui tranche la gorge, hein ? " Il rit doucement. " J'aurais au moins la moitié de ma commission. "

Le silence, et un mouvement léger et perceptible de son centre de gravité, sur la pointe de ses pieds, qui lui envoya un frisson le long du dos. Elle pourrait essayer…

" Tu as fait une erreur fatale " Sa voix était dangereusement douce.

" J'aurais dû te tuer au bord de la falaise, oui. " Il soupira. " Appelons cela de la courtoisie professionnelle, d'accord ? "

" D'accord… ça fait deux erreurs fatales alors ", lui dit calmement la guerrière, les yeux rivés sur les siens, sans même se tourner ne serait-ce qu'une seule fois vers la forme immobile sous son couteau.

" Oh vraiment ? " Il renifla l'odeur des cheveux de la conteuse. " Et quelle est la seconde alors, Xena ? "

Elle sourit. " Tu as assumé qu'elle avait besoin de mon aide pour se sortir de là. "

Son monde devint une explosion de douleur, alors qu'un coude puissant s'enfonçait dans ses côtes, et qu'on lui agrippait la tête, le jetant à terre et sur le côté avec une puissance choquante. Puis quelque chose toucha l'arrière de son crâne et tout s'obscurcit.

Un moment de silence. " Contente que tu m'aies appris ce truc ", dit finalement Gabrielle dans un souffle, en secouant sa main. " Dieux, ça fait mal. "

Xena se laissa tomber à genoux près de la forme immobile d'Arès, et l'examina anxieusement. " Contente que tu aies attendu mon signal. Bon travail. " Elle sentit le pouls du loup. " Hé mon gars… " Elle passa les doigts dans sa fourrure, et y trouva la fléchette, qu'elle porta à son nez avec une grimace. " Bon sang. " Elle déglutit face à une vague de vertige, et s'appuya contre le lit, alors que Gabrielle la rejoignait. " Heureusement que tu étais en forme pour ça… je ne pense pas l'être, moi. "

Le barde fut à ses côtés en un instant, ses doigts enroulés autour d'une épaule couverte de lin. " Est-ce qu'il va bien ? " Elle regarda Arès avec un froncement d'inquiétude.

" Oui… ça va aller ", répondit Xena, se laissant tomber assise sur le lit, et appuyant les coudes sur ses genoux. Elle leva l'arbalète, qui avait atterri sur le lit, et elle renifla la pointe encore armée. " C'est le même truc qu'il allait utiliser sur toi. " Elle jeta un coup d'œil las par-dessus son épaule. " En fait… " Levant l'arbalète, elle fit partir la pointe avec négligence, et la regarda percer le ventre de l'assassin d'un regard sans émotion. Le corps sursauta puis s'immobilisa.

Gabrielle tressaillit, mais ne dit rien. Elle s'assit au bord du lit près de sa compagne, et mit un bras autour d'elle. " Tu vas bien ? "

Xena fixa devant elle dans un silence amer pendant un long moment. " Il avait raison. " Elle tourna la tête et Gabrielle y vit une expression de dégoût. " Je n'aurais pas pu l'arrêter. " Elle se retourna et étudia ses mains jointes avec un calme obstiné.

Le barde prit une profonde inspiration et la laissa sortir lentement. " Xena… "

" C'est moi qui ais pris la décision de faire ça… je sais. " La guerrière leva la main. " Je sais… je connaissais les conséquences… j'ai juste… " Elle ferma les yeux. " Fait une chose irresponsable et je ne pensais pas à eux. "

Le silence.

" Xena, arrête un peu les larmoiements ", dit finalement le barde " Et je ne plaisante pas. "

" Quoi ? " Dit rapidement Xena, étonnée par son attitude. " Gabrielle… "

" Arrête, d'accord ? " Répondit Gabrielle avec force. " A quel point te faut-il être mortelle avant d'être satisfaite ? "

La guerrière la fixa, blessée. " Assez pour sauver ma peau, et la tienne ! " Lança-t-elle avec colère.

Le barde leva les mains. " Toi et moi, on est assises là à discuter sur le lit, il est inconscient sur le sol. Je n'arrive pas à voir où est le problème, Xena. " Elle s'interrompit. " Il se trouve qu'il a donné un coup direct à ta fierté, c'est ça, hein ? "

Xena se leva abruptement, et alla vers la fenêtre, posant les mains sur le rebord en regardant dehors. " Ma réputation n'a rien à voir avec ça. "

Gabrielle étudia sa forme tendue et prit une inspiration ferme. " Je ne parle pas de ta réputation, Xena. Ces jours-ci, c'est autant ma responsabilité que la tienne. " Elle vit les épaules de la guerrière se raidir, et soupira. " J'ai dit ta fierté. " Elle se leva et alla vers sa partenaire, ignorant totalement les avertissements noirs de Xena qui voulaient dire qu'elle ne voulait personne près d'elle. Elle posa une main précautionneuse sur le dos rigide, et adoucit volontairement sa voix. " Ecoute… tu peux prétendre tout ce que tu veux, mais je sais comme tu es fière du fait que tu peux prendre soin de toi, et de moi, dans les conditions les plus horribles. "

Xena ne répondit pas mais le barde sentit les muscles bouger un peu sous ses doigts, et elle s'approcha. " Xena, tu y as droit. " Sa main balaya la pièce. " Tu as droit de vivre comme tout le monde… pas de devoir toujours combattre chaque minute de la journée. "

" Non, ce n'est pas vrai. " La réponse parvint d'entre les dents serrées. " J'ai abandonné tout ça quand j'ai décidé de passer dix ans de ma vie comme un boucher, Gabrielle. " Elle se retourna. " La paix ne vient pas avec autant d'ennemis. " Le choc de son poing lorsqu'il heurta le bord de la fenêtre se réverbéra dans le chalet alors qu'elle se retournait et regardait dehors de nouveau.

Gabrielle prit une inspiration tremblante. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu sa compagne comme ça. " Non ", dit-elle doucement. " je ne le crois pas, Xena… es-tu en train de me dire que tu regrettes ces derniers mois ? "

Un silence tendu, et elle pouvait sentir le frisson dans le corps de Xena alors qu'elle prenait une inspiration. " Non ", admit calmement la guerrière. " Mais… j'ai ressenti que… c'était du temps gagné. Je me suis demandée… quel serait le prix à payer. " Elle finit par se retourner et se laissa tomber sur le banc sous la fenêtre, se prenant la tête dans les mains. " Je pensais que peut-être que je pouvais… juste… pour un petit moment… " Elle laissa la pensée se dérouler et se contenta de soupirer.

Gabrielle ferma les yeux brièvement et caressa la tête sombre penchée devant elle. " Hé… " Elle s'assit sur le banc près de sa compagne et enroula ses doigts autour des mains jointes que fixait Xena. " Tu pouvais et tu l'as fait. " Elle attendit patiemment que Xena lève les yeux, et elle lui fit un sourire quand ce fut le cas. " Xena… ces derniers mois m'ont apporté quelques-uns des plus merveilleux moments de ma vie… je ne vais pas laisser un mec comme ça me les enlever… " Elle leva la main pour effleurer la joue de Xena. " Et tu ne devrais pas non plus. "

Le regard clair s'adoucit, et la regarda avec attention, absorbant ses mots en silence. " Tu ne peux pas vivre de bataille en bataille, Xena… tu sais bien que je serai dans chaque combat avec toi, mais entre ces moments-là… je compte bien te donner autant de joie que… " Elle laissa ses doigts effleurer les lèvres tremblantes. " Que d'être avec toi m'en donne. "

Ça ne servait à rien… Xena s'en rendit compte. Il n'y avait aucun moyen de lutter contre ça… même si elle avait le plus petit intérêt à le faire. " Tu me le rappelleras, d'accord ? " murmura-t-elle enfin. " Peut-être qu'un jour ça finira par faire son trou dans ma cervelle épaisse. " La tension s'évanouit et la laissa étourdie, alors que Gabrielle se penchait en avant et entourait ses épaules, massant la raideur dans sa nuque et faisant se toucher leurs têtes.

" Par ailleurs, vieille tricheuse… " dit Gabrielle. " J'ai dû assommer ce type… j'ai vu ce que tu avais dans ton autre main… on aurait passé le reste de la nuit à enlever le sang de chaque meuble à portée de main. " Le barde lança un coup d'œil vers le lit, où elle avait repéré le chakram à demi caché sous les couvertures.

Cela finit par lui valoir un mouvement des lèvres de Xena, et un haussement d'un sourcil noir. " Je n'aime pas laisser les choses au hasard ", marmonna-t-elle avec un soupçon de dépit. " Surtout pas avec toi. "

Le barde se pencha contre elle et lui tapota la jambe ; " Je le sais. " Elle fixa pensivement Xena. " Qui crois-tu… je veux dire, Xena, cela fait trois ans que tu n'es plus un seigneur de guerre … pourquoi maintenant ? "

" Il a dit que j'avais laissé ma marque… " songea la guerrière en fixant l'assassin inconscient pensivement. " Et que tu en faisais partie… " Ses yeux se durcirent. " Je pense que c'est un problème plus récent, Gabrielle. "

Gabrielle hocha la tête sérieusement. " Rurik ? "

La mâchoire de Xena bougea. " Oui. "

Le barde y réfléchit. " Il aurait une bonne raison d'être furieux contre nous deux ", approuva-t-elle puis elle tourna le regard vers le visage de sa compagne. " Alors… tu réalises que ceci n'a rien à voir avec ton passé, n'est-ce pas ? "

Xena grogna doucement. " J'aurais dû… " Elle s'arrêta et prit une inspiration. " Je verrais… ce que nous pouvons faire pour que quelqu'un s'occupe de lui. " Elle se leva lentement et s'étira. " Je vais… enfiler une chemise et aller chercher Josclyn. "

Le barde enroula ses doigts dans le tissu de la chemise de nuit de sa compagne. " J'y vais. " Elle tira plus fort. " Tu es censée être au lit. "

Les yeux bleus l'étudièrent un long moment. " J'ai… besoin d'air frais ", répondit Xena avec précaution. " Je suis… ce n'est pas… "

" Chut… " Gabrielle lâcha pied, voyant que c'était là une discussion qu'elle ne gagnerait pas. " OK… OK… je vois le tableau. Viens ici. " Elle tira la guerrière vers la table de vêtement et l'aida à changer sa chemise de nuit pour une tunique épaisse et des jambières. " Tu as toujours des étourdissements ? "

Xena attacha sa ceinture et évita la question. " Je reviens tout de suite. "

A sa surprise le barde hocha simplement la tête. " C'est ce que je pensais. " Et elle enfila un manteau et une paire de jambières et des bottes. " Viens. " Elle lança un coup d'œil à l'assassin sur le sol. " Il n'ira nulle part. "

La guerrière soupira. " Je suis aussi transparente que ça ? "

Gabrielle lui lança un regard. " Oui. " Elle s'agenouilla et glissa une botte sur le pied de Xena. " Vas-y… si tu te penches pour faire ça, je parie que je vais devoir te rattraper. "

Pas de réponse, mais la guerrière la laissa docilement nouer les deux lacets, puis elle se leva et alla calmement à la porte avant elle, puis l'ouvrit. " Gabrielle… je… "

" Ne voulais pas crier ", finit le barde pour elle. " Je sais… moi non plus. " Elle s'arrêta près de sa compagne et glissa ses bras autour d'elle, serrant fort la guerrière et elle sentit la force rassurante lorsqu'elle fut serrée à son tour. Elle resta là dans un silence chaud et brumeux pendant un moment, puis elle pencha la tête en arrière, et fixa le visage tranquille de Xena. " Alors… quand est-ce que tu l'as entendu ? "

Les yeux de la guerrière s'ouvrirent d'un coup et elle lança un regard coupable au barde. " Quoi ? "

Gabrielle se laissa emmener dehors et en bas des marches du porche. " Tu m'as entendue. "

" Euh… je ne me souviens plus ", dit Xena rapidement, en se tapant le front et en tressaillant. " Blessure à la tête. "

Les yeux du barde devinrent une ligne fine. " Sale tricheuse. "

Xena lui lança un regard noir. " Ça aurait dû être plus tôt que ça n'a été. "

Un silence.

" Bon sang, Gabrielle, ça aurait dû. Il est venu trop près. "

Encore le silence.

Un long soupir. " Par là. " Un long doigt pointa vers une rangée d'arbres dans la distance obscure.

" Tricheuse. "

" Gabrielle, tu ne prends pas ça au sérieux. "

" Tricheuse. "

" Gabrielle ! ! ! "

" Xena, si j'entends encore ces conneries, je vais… je vais… " Le barde leva les mains. " L'ego des guerriers. Dieux… parfois, t'es trop, Xena ! "

" Quoi ? ? " Xena explosa d'outrage. " Gabrielle, c'est de nos vies que je parle là. " Elle jeta un regard furieux vers sa petite compagne. " Pas de mon ego ! "

Un silence.

" Pas du tout ", répéta calmement Xena, en s'arrêtant au milieu de la cour, et en fixant le sol gelé, les mains sur les hanches.

Le barde se retourna et alla vers elle, s'arrêtant lorsqu'elles se touchaient presque avant de lever les yeux. " Qu'est-ce qui a, alors ? " Elle secoua la tête. " Xena, je ne peux pas croire que tu fais autant de foin pour quelques mots prononcés par un abruti. "

La rafale de vent fit se lever les boucles de ses cheveux, et les plaqua sur son visage, le masquant un moment. " Gabrielle… " Elle leva une main et entoura sa joue. " Tu es un barde… et une Reine Amazone… et tu enseignes… tu es douée pour toutes ces choses-là… et… tu vas encore t'améliorer… tu le sais, n'est-ce pas ? "

Gabrielle fronça les sourcils. " Hum… merci… oui, je pense que je… je veux dire, l'expérience et tout ça, mais… "

 

Le regard bleu soutint le sien. " Je ne suis rien de tout ça… quant à ce que je fais… je ne vais pas m'améliorer. "

Un silence.

" On commence à descendre la pente, Gabrielle. Des petits trucs, jusqu'à ce qu'un jour, on fasse quelque chose dont on avait l'habitude, et on n'y arrive pas, et une épée finit au mauvais endroit. " Xena s'interrompit et sa voix retomba. " C'est pour ça qu'il n'y a pas beaucoup de combattants âgés. " Une inspiration profonde. " C'est la seule chose que je sais faire… et savoir que je vais passer ma vie à perdre cette capacité… c'est un peu dur pour moi. Alors… je ne suis… pas l'animal égoïste que tu crois que je suis. "

Gabrielle la regarda, stupéfaite. " Ce n'est pas ce que je pense de toi ", objecta-t-elle avec force, les yeux brillants. " Et je ne peux pas croire non plus que c'est ce que tu penses de toi. "

Xena regarda au loin dans l'obscurité par-dessus son épaule, le visage inexpressif. " C'est ce que je suis, Gabrielle ", finit-elle par répondre, d'une voix lasse. " Nous le savons bien, toutes les deux. "

" Ce n'est qu'une partie minuscule de toi, Xena. " Gabrielle posa fermement les mains à plat sur la poitrine de sa compagne. " Mais je suis désolée de ne pas m'être rendue compte de la façon dont tu voyais ça. " Sa voix s'adoucit. " J'aurais dû me rendre compte… et ne pas… réagir comme ça. "

Xena sentit la douleur dans sa poitrine diminuer lentement, alors que le barde se nichait plus près et l'étreignait. D'où est-ce que c'est venu ? se demanda-t-elle d'un air fatigué. On se sent fragile aujourd'hui, Xena ? Ce n'est pas joli.Elle caressa les cheveux du barde, alors que la colère s'écoulait lentement hors d'elle. Allons, Xena… reprends-toi… tu as choisi ce boulot, alors tu mets un bémol. " Ça va. " Elle embrassa le barde sur le dessus de la tête. " J'ai encore quelques années devant moi, de toutes les façons. " Elle essaya de les faire avancer de nouveau, mais le barde refusa de bouger. " Gabrielle ? "

Les yeux verts clignèrent dans sa direction avec sobriété. " Tu penses que je sais parler, hein ? "

Xena sourit et utilisa son pouce pour tracer doucement la mâchoire du barde. " Ouais, je le pense. "

Un hochement de tête. " Assez pour te convaincre que tu es bien plus qu'une guerrière bornée ? "

Elles se regardèrent et un sourire timide passa sur le visage de la guerrière. " Si quelqu'un peut le faire, c'est toi. " Elle baissa la tête et captura les lèvres du barde, laissant la nuit froide reculer pendant quelques minutes.

Jusqu'à un raclement de gorge. " J'y crois pas. " La voix de Cyrène flotta dans l'obscurité, depuis la porte de l'auberge.

Xena soupira en elle-même, alors qu'elle sentait Gabrielle commencer à glousser.

" On est démasquée… zut ", murmura le barde. " Salut maman ! " cria-t-elle, en se tournant vers la porte et en glissant un bras autour de la taille de Xena. " Belle nuit, hein ? "

Cyrène reserra sa robe et descendit les marches, les regardant, incrédule. " Qu'est-ce que vous croyez faire, là ? " Elle étendit la main vers le front de Xena. " Vous avez la fièvre ou quoi ? "

La guerrière soupira. " Non… on a besoin de Josclyn… j'ai un… il faut enfermer quelqu'un. "

L'aubergiste lui lança un regard, mais jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, vers l'endroit où se tenait Johan. " Jo… tu veux bien… "

" OK ", grogna-t-il, en passant la porte avant d'aller vers le virage.

" Viens ici. " Elle prit le bras de Xena et la tira. " Qu'est-ce qui s'est passé ? "

Xena et Gabrielle échangèrent un regard.

" Ne vous embêtez pas avec ça… racontez-moi juste ", marmonna Cyrène en saisissant l'échange. " Ecoutez, après le passage d'oursons de deux mètres trente aux canines acérées, des Amazones et d'Hercule pour votre union, rien ne peut plus me choquer. "

 

Le soleil tardif de la matinée entra par la fenêtre du chalet, envoyant des grains de poussière brillants devant les yeux de Gabrielle qui ne voyaient pas, alors qu'elle regardait les arbres en face de la porte. L'assassin était parti, enfermé dans une des cellules de Josclyn, attendant que le maire prononce un jugement. Xena…

 

 

Elle soupira. Xena était dehors, quelque part. Juste… pour une balade, avait-elle dit. Repartie vers la falaise, soupçonnait le barde, pour essayer de bousculer sa mémoire sur ce qui s'était passé la veille au matin. Ne pas savoir… ça perturbait sa compagne, et l'assassin avait résisté à toutes les questions, même aux points de pression ; il avait simplement fermé les yeux et avait dit que Xena bluffait, la piquant avec des mots acérés, et riant lorsqu'elle jurait et le libérait.

 

Elle prend tout ça trop sérieusement. Le barde soupira intérieurement pour la dixième fois depuis qu'elle était revenue au chalet. Au moins, Renas avait vérifié sa blessure à la tête et avait fait un sourire rassurant à Gabrielle, disant calmement au barde qu'en dehors de bleus et de bosses, sa compagne était en plutôt bonne forme.

Ouais. Xena était revenue avec elle au chalet, et avait ramassé un Arès sonné, le persuadant de la suivre dehors et disant que la marche l'aiderait à nettoyer son système de la drogue. Ce qui, elle s'en rendit compte à contrecœur, était probablement vrai, et elle était un peu trop mère-poule sur ce truc. Je veux dire… oui, la sécurité, c'est important… je le sais… mais… on a eu ce type… elle est juste… Le barde soupira d'irritation. Elle et sa fierté.

Gabrielle tourna le dos à la fenêtre et fit face à la pièce, prenant une inspiration en secouant la tête. Regarder par la fenêtre ne lui apportait rien d'autre qu'un mal de crâne. C'est vrai. Alors… fais quelque chose, se dit-elle fermement, et elle alla vers le foyer, devant lequel elle se laissa tomber, et elle prit un manuscrit.

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