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RESISTANCE1

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

RESISTANCE

 

 

 

(tout commentaire peut être envoyé à Della (pinkrabbit@altfic.com) par l'intermédiaire des Pink Rabbit Productions)

 

 

 

Deux brèves remarques:

1. Cette histoire implique une vision un peu différente des personnages Xena et Gabrielle à partir de l'épisode d'Hercule : Armageddon Now, second part. Elle a été complètement inspirée par un mail de commentaires (spoiler) écrit par Michelle (Mickisix), que j'ai beaucoup apprécié.

2. Bien qu'il y ait beaucoup de sous-entendus très clairs, il n'y a aucune représentation sexuelle imagée dans cette histoire.

 

 

RESISTANCE

 

Della Street

(pinkrabbit@altfic.com)

 

NdT : Della est très occupée ces temps-ci, et n'écrit plus de fanfics. Elle pourra en conséquence mettre un certain temps (voir un temps certain) à vous répondre.

 

Traduction : Cat

 

*** 

 

RESISTANCE

(tout commentaire peut être envoyé à Della (pinkrabbit@altfic.com) par l'intermédiaire des Pink Rabbit Productions)

Deux brèves remarques:

1. Cette histoire implique une vision un peu différente des personnages Xena et Gabrielle à partir de l'épisode d'Hercule : Armageddon Now, second part. Elle a été complètement inspirée par un mail de commentaires (spoiler) écrit par Michelle (Mickisix), que j'ai beaucoup apprécié.

2. Bien qu'il y ait beaucoup de sous-entendus très clairs, il n'y a aucune représentation sexuelle imagée dans cette histoire.

NdT : Della est très occupée ces temps-ci, et n'écrit plus de fanfics. Elle pourra en conséquence mettre un certain temps (voir un temps certain) à vous répondre.

RESISTANCE

 

 

Della Street

 

(pinkrabbit@altfic.com)

Traduction de Cat

 

***

PARTIE I

 

"Je reviens à l'instant de la cellule des traîtres, Princesse. J'ai leur confession."

 

Étouffant un léger bâillement avec une main, Xena utilisa l'autre pour prendre le bout du parchemin entre l'index et le pouce, prenant soin de ne pas toucher la main noire de saleté de ce membre de sa garde royale. Elle lui jeta un regard, se souvenant vaguement. Edran ou quelque chose d'approchant.

 

Elle tourna son attention vers la note, un sourcil commençant sa lente ascension à mesure qu'elle lisait les mots avec attention. Finalement, lèvres serrées, elle leva les yeux vers l'homme qui avait été chargé d'interroger leurs plus récents prisonniers.

 

"Edran," dit-elle d'une voix traînante, notant le raidissement de la colonne habituel lorsqu'elle s'adressait à l'un de ses subalternes par leur nom, "sais-tu lire ?"

 

Le garde secoua la tête. "Non, Princesse."

 

"Huhum." Xena tendit avec désinvolture la note à l'homme qui se tenait attentivement à son coté. Pendant qu'il la lisait, elle nota pour la première fois qu'Ennaus avait rasé ses favoris et sa barbe, une autre indication de ce printemps précoce qu'ils prévoyaient; son aide de camp gardait en général sa protection naturelle jusqu'à plus tard dans l'année. La coupe sévère des cheveux bruns foncés était la même, mais à présent il n'y avait rien pour masquer le rouge vif gagnant lentement sa figure.

 

Nous confessons nous opposer à la notion selon laquelle un citoyen pourrait être supérieur par nature à un autre.

Nous confessons déplorer un régime qui impose sa volonté par l'intimidation plutôt qu'en cherchant à établir un consensus dû à un respect mutuel.

Nous confessons --

 

"Ceci est un scandale !" explosa Ennaus. "L'homme qui a rédigé cette infamie--"

 

"--devrait écrire mes allocutions," interrompit Xena sèchement. Elle reprit la note des doigts tremblants de son aide de camp et reporta son attention sur le garde, qui commençait à se sentir un peu nerveux.

 

"Je veux que la personne qui a écrit ceci soit amenée ici," ordonna Xena, froissant le papier. "Maintenant."

 

Un poing serré s'abattit contre la poitrine du garde, et il se retira. Xena prit le temps de réexaminer attentivement la soi-disant confession. Très intelligent, félicita-t-elle l'auteur inconnu, pensant que, d'une certaine façon, il était désolant que tous les êtres intelligents dussent mourir.

 

Plus l'homme de haute taille se rapprochait de la prison, plus sa colère grandissait. Cette gueuse avait écrit quelque chose de mauvais sur le papier, il le savait. Ça l'avait rendu ridicule aux yeux de la Princesse Guerrière. Personne ne faisait ce genre de chose à un membre de la garde royale.

 

"Toi."

 

Six visages juvéniles se tournèrent vers la voix graveleuse, se rapprochant instinctivement les uns des autres alors qu'Edran insérait la clef dans la serrure, leurs mains jointes en une manifestation inconsciente d'unité.

 

"En arrière," marmonna-t-il. "Toi," répéta-t-il, pointant son index vers une jeune femme à la chevelure d'un blond acajou au centre de la cellule. "Viens avec moi."

 

Le groupe se rapprocha d'elle. "Pourquoi ?" demanda-t-elle nerveusement. Comme si elle ne le savait pas.

 

"Parce que je l'ai dit." Il tourna son regard méchant vers les autres. "Le reste de vous, calmez-vous, ou Harn et moi allons le faire," dit-il, indiquant le garde de la cellule avec un signe de tête.

 

Un jeune homme sortit du groupe. "Non. Elle ne va nulle part."

 

Celui qui venait de parler était tout à fait le type de personne qu'Edran n'avait jamais pu supporter : grand et émacié, comme si il n'avait jamais fait une vraie journée de travail de sa vie. Les femmes devaient être folles de lui, s'évanouissant devant ces boucles châtain clair qui aux yeux d'Edran lui donnaient l'air d'en être une.

 

"Raubert, ne sois pas stupide." La jeune femme rousse plaça doucement une main sur la joue de son protecteur. "Eh, c'est ce que nous attendions, non ?" dit-elle, souriant faiblement.

 

"Gabrielle--"

 

Elle prit sa main entre les siennes. "Nous savions que cela arriverait, Raubert. Je suis prête." Elle sourit sincèrement à chacun de ses camarades. "Je suis contente de vous avoir tous connus," dit-elle, puis se dépêcha de passer la porte de la cellule et d'aller vers son destin.

 

La porte extérieure de la prison résonna en se refermant, et Edran attendit consciencieusement d'entendre le verrou être mis en place avant d'avancer vers sa prisonnière.

 

"Où allons nous ?" demanda-t-elle.

 

Sans avertissement, le garde lui envoya un coup de poing en plein dans la mâchoire, l'envoyant au sol.

 

Elle pressa des doigts froids sur la côté de sa figure, ce qui lui procura un léger réconfort face à la sensation brûlante, et se força à retourner le regard de son assaillant. "Pourquoi... ?" Il ne répondit pas, et une pensée terrible surgit dans la tête de Gabrielle : il n'y aurait aucun jugement, légitime ou pas; le garde de la Conquérante allait simplement la battre à mort.

 

"Je vais te montrer ce qui arrive lorsque quelqu'un manque de respect à la garde royale," murmura l'homme. Il se baissa et remit la jeune fille sur pied, levant de nouveau la main.

 

*****

 

"Entrez."

 

Xena se leva et se prépara à rencontrer le parodiste qui avait transformé ce qui aurait du être une confession en une diatribe brûlante contre son royaume. La porte s'ouvrit et une forme menue fut propulsée à l'intérieur de la pièce, aidée par une bourrade du garde.

 

La jeune fille trébucha pendant quelques pas avant de retrouver son équilibre, et alors, comme tous les invités de la Conquérante la première fois qu'ils pénétraient ici, volontairement ou non, sa bouche s'ouvrit toute grande à la vision de la splendeur des appartements de la dirigeante, clouée net par le brillant mélange de peintures et de tapis et de fleurs de toutes les couleurs possibles et imaginables.

 

Xena étudia la prisonnière avec une légère surprise. Un petit bout de femme, pas plus de vingt ans, dont la figure portait une ou deux marques d'origine récente. "Que lui est-il arrivé ?" demanda-t-elle.

 

"Elle a résisté à votre ordre d'être amenée ici," dit Edran, sûr que la jeune fille ne prendrait pas le risque de se voir frapper de nouveau pour révéler son mensonge.

 

Xena le regarda avec ses yeux mi-clos. Le soldat mentait mal, mais était suffisamment intelligent pour personnaliser la prétendue désobéissance de la jeune fille. Ces deux qualités -- son mensonge maladroit et son habileté inattendue -- l'irritèrent, et elle emmagasina l'information pour une autre occasion. Chaque chose en son temps.

 

Elle reporta son attention sur la prisonnière. "Fais la laver et ramener ici," ordonna-t-elle, les renvoyant tous deux sans plus d'intérêt.

 

À son soulagement, l'escorte de Gabrielle qui la mena aux bains et la ramena dans la salle de Xena ne fut pas le garde hostile mais à la place une agréable femme entre deux âges qui sembla écouter son monologue nerveux et soigna ses plaies avec soin et ne chercha pas à lui faire de mal.

 

La femme plus âgée frappa deux coups secs à la porte et l'ouvrit, utilisant son coude pour donner un petit signe à sa compagne, qui comprit le message et pénétra à regret dans la salle. Entendant la porte se fermer derrière elle, Gabrielle tourna la tête, déçue de voir l'autre femme sortir de la pièce. Seule à présent, pensa-t-elle.

 

"Bien, tu es plus présentable à présent," dit Xena. Son regard courut le long de la petite tunique blanche s'arrêtant au genou qui avait remplacé l'habit paysan de la jeune femme. Oh, oui, Xena le voyait à présent, une femme sans aucun doute possible, peut-être quelques années plus âgée que Xena ne l'avait estimé initialement.

 

"Ennaus," dit elle, les yeux encore sur l'autre femme, "va surveiller les préparatifs pour ce soir." Il ne répondit pas, et elle détourna le regard pour le voir fixer leur invitée. "M'as-tu entendue ?"

 

Ennaus avait vu l'étincelle dans les yeux de la Princesse Guerrière lorsqu'elle les posa pour la première fois sur la paysanne et, à moins qu'il ne se trompe, Xena était attirée par la jeune fille. Une gêne, mais pas une menace. La Conquérante n'avait jamais confondu plaisirs temporaires et intérêts supérieurs du royaume. "Oui, Votre Seigneurie," dit-il.

 

"Lorsque tu passeras par la cuisine," ajouta Xena, "prends quelques restes pour notre invitée supplémentaire que voilà."

 

"Oui, Princesse." Bien qu' Ennaus soit le seul membre de l'entourage de la Conquérante qui ne soit pas tenu de la saluer, les relations publiques exigeaient de l'aide de camp un salut respectueux avant qu'il ne tourne le dos pour partir.

 

"Oh, et Ennaus . . . ."

 

Il se retourna vers elle.

 

"Prends ton temps."

 

Il baissa la tête et se retira, fermant les portes derrière lui.

 

"Ennaus n'aime pas que quelqu'un insulte le royaume," dit la Conquérante à sa prisonnière. Le ton était neutre, mais l'autre femme avait tous ses sens en alerte. "Et tu es ?"

 

"Gabrielle de Potedaia."

 

"Alors, Gabrielle de Potedaia," dit-elle, parodiant le ton fier de la jeune fille, "j'ai compris que tu avais écrit cette 'confession' pour toi-même et tes camarades traîtres."

 

Gabrielle se mit à réfléchir à toute vitesse. Cela aiderait-il ou pas de reconnaître sa responsabilité ?

 

"Lorsque je pose une question, j'attends une réponse," dit Xena avec aigreur.

 

Gabrielle se tendit, se blâmant intérieurement pour être restée paralysée après avoir passé tant de temps à se préparer ce moment. Depuis l'instant où elle avait été appelée par le garde, pendant qu'elle était battue à l'extérieur de la prison, pendant la marche silencieuse vers le château, pendant le bain qui l'avait lavée suffisamment pour être présentée à la Conquérante, Gabrielle s'était endurcie pour faire cela.

 

Combien de fois ses camarades et elle avaient-ils imaginé à haute voix ce qu'ils feraient dans l'improbable cas où ils se retrouveraient face à face avec la Princesse Guerrière ? Ils ne plieraient pas l'échine devant la bête, avaient-ils juré. Ils crieraient leurs idées, leur désespoir, leur haine, de préférence devant une audience si ils pouvaient attirer l'attention de certains auditeurs, compatissants ou non.

 

C'était la chance de Gabrielle. Elle n'en aurait jamais d'autre.

 

"Vous ne m'avez pas posé de question," dit-elle. Pas tout à fait une déclaration, mais un début.

 

La lèvre de Xena se fit dédaigneuse. "Donc je n'ai rien demandé," dit-elle. "Peut-être est-ce pourquoi j'ai du mal à communiquer avec des gens comme toi. Tout doit vous être dit mot à mot, n'est-ce pas ?"

 

"Non," dit Gabrielle. "La vérité se révèle elle-même."

 

"Comme c'est poétique."

 

Son mépris ne passa pas inaperçu par sa prisonnière, mais le coeur de Gabrielle était en train de battre trop violemment pour qu'elle se préoccupe de se sentir offensée. Voilà le moment . . .

 

"Tu as un style plutôt distinctif," continua la Princesse Guerrière. "En fait, lorsque j'ai lu ceci" -- elle tint la confession en l'air -- "cela m'a rappelé un autre fascinant morceau de littérature que j'ai vu il y a un certain temps."

 

Xena se pencha vers une boîte ornée de bijoux sur le parement devant la cheminée, pleinement consciente de ce que la tension de son invitée augmentait avec chaque délai dans l'interrogatoire. Avec des mouvements d'une lenteur délibérée, elle ouvrit le couvercle et sortit un parchemin, le déroulant alors qu'elle retournait à son trône. Elle s'assit au fond du meuble orné, s'installant confortablement pour sa récitation. "Arrête moi si tu l'as entendu auparavant," dit-elle sarcastiquement.

 

"Qu'est-ce qu'un chef ?

Un chef peut être défini par ses paroles, ou ses actes, ou ses méthodes. Mais un vrai chef peut aussi être défini par ce qu'il ne fait pas.

Un chef ne vole pas la voix de son peuple en punissant ceux qui veulent seulement exprimer leurs vrais soucis.

Un chef ne fait pas payer d'impôts aux pauvres et aux personnes âgées jusqu'à leur mort, sans compassion, sans exception, simplement pour remplir ses coffres déjà débordants."

 

Xena releva la tête du texte. "Je pourrais continuer, mais je pense que tu sais comment cela se termine."

 

Le martèlement du coeur de Gabrielle commençait à devenir douloureux. Elle gardait les yeux posés sur un trou dans le sol à coté de ses orteils.

 

"Ces écrits orduriers étaient propagés par un homme dans le quartier ouest le mois dernier," dit Xena. "Il a réussi à échapper aux gardes qui l'ont entendu," ajouta-t-elle, encore irritée par cette manifestation d'incompétence, "mais lorsque nous le trouverons, il recevra la punition habituelle pour trahison."

 

La croix, frémit Gabrielle. Ce destin était échu à plus d'un de ses compagnons au cours des années. Une vision de la face aimante de sa mère prit forme dans la tête de Gabrielle, et elle retrouva un peu de calme.

 

Xena étudiait son auditeur. "Je pourrais être d'accord pour échanger sa vie contre celle de la personne qui a écrit cela," dit-elle, curieuse de savoir ce que la femme choisirait. Xena avait souvent vu l'idéalisme se dissiper lorsqu'un captif se trouvait la tête sur le billot.

 

Un long moment passa, et Gabrielle réalisa que la Conquérante attendait qu'elle réponde. Elle avala ses peurs, se disant à elle-même que ce qu'elle ferait maintenant n'avait plus d'importance, qu'elle allait probablement mourir aujourd'hui de toute façon. "Si j'étais vous, je ferais chercher ces gardes," dit-elle.

 

"Oh ?" répondit Xena malicieusement à la remarque inattendue. "Et pourquoi donc ?"

 

Gabrielle haussa les épaules. "Il n'y a rien dans ce document qui fait référence à la Princesse Guerrière. Je leur demanderais pourquoi ils ont supposé que ceci était à votre propos."

 

Xena la regarda fixement, puis tint en l'air l'exposé séditieux sur le commandement. "Qui a écrit ceci ?" demanda-t-elle.

 

"Quelqu'un qui croit que tout homme devrait avoir le droit d'exprimer ses propres croyances," répondit Gabrielle, ses yeux verts plantés dans ceux de la dirigeante. Sachant que le destin qui l'attendait dans le donjon de Xena ne serait pas affecté par tout ce qui arriverait ici avait affermi sa détermination.

 

"Homme ?"

 

"Ou femme," concéda Gabrielle. Elle soutint le regard de l'autre femme, attendant l'inévitable question.

 

Tu as écrit cela. Ceci était clair, mais Xena se retint. Pas maintenant. Elle saurait ce qu'elle avait besoin de savoir bien assez tôt; en attendant, la jeune fille était au moins une distraction temporaire dans un jour ennuyeux par ailleurs. La Conquérante avait voici longtemps déterminé les emplacements les plus stratégiques pour ses armées dans ses territoires, les moyens les plus efficaces de faire respecter ses lois, les méthodes les plus persuasives d'obtenir qu'on lui verse tribut et la loyauté de son peuple. À présent trop de jours étaient remplis par la routine des affaires du gouvernement. Un des inconvénients à être un dirigeant couronné de succès, pensa-t-elle, pas de grand conflit pour vous attiser le sang.

 

Elle déambula vers la table de rafraîchissements, sa robe au liseré d'or soulignant sensuellement ses mouvements. "Tu sais, c'est égoïste de la part de ces gens de répandre ce genre d'âneries," dit-elle, ôtant le couvercle d'une carafe pour en inspecter le contenu.

 

"Égoïste ?" dit Gabrielle bouche bée.

 

"Cela détourne le dirigeant de ses autres devoirs," répondit Xena. Le liquide légèrement ambré remplit deux coupes à ras-bord et Xena reposa la bouteille en se retournant. "Cela demande beaucoup d'efforts de gouverner des territoires de cette taille," dit-elle. "Vos requêtes sans importance ne méritent sûrement pas plus d'attention que les centaines de milliers de personnes qui dépendent de moi pour leur survie."

 

Gabrielle serra les lèvres, cherchant à décider si la Princesse Guerrière était bien en train de l'inviter à débattre avec elle. Xena releva le sourcil d'un air engageant, et Gabrielle se lança.

 

"Nos requêtes" -- elle s'arrêta pour se corriger -- "les requêtes de ceux qui luttent pour leurs droits ne sont pas sans importance," dit-elle. "La vérité n'est pas sans importance. Réclamer la justice pour tous, et pas seulement ceux qui bénéficient de votre faveur, n'est pas sans importance. La liberté d'expression contre l'oppression n'est pas sans importance."

 

Xena écouta le flot de mots qui sortaient de la bouche de la jeune femme, et elle sourit presque. Cette femme ne resterait pas loin de la croix pendant encore longtemps. Comme un aspic tout juste éclos, elle était minuscule, mais bientôt elle développerait des crochets venimeux. Ses yeux parcoururent le corps de la jeune femme. Une différence, remarqua-t-elle : les bébés aspics n'étaient jamais attirants.

 

Elle retourna son attention vers le discours passionné qui ne semblait pas devoir se finir bientôt. "--et si ils avaient la liberté de choisir, de créer leur propre voie, leur survie ne dépendrait pas de vous ou de quiconque," continua la jeune femme. "Mais je suppose que cela signifierait--"

 

Gabrielle stoppa net sa harangue, soupçonnant qu'elle était sur le point de dépasser les bornes, si elle ne l'avait pas déjà fait. Elle avala nerveusement en comprenant ce qu'elle venait juste de faire.

 

"Et bien," dit Xena, "tu as certainement beaucoup de choses à dire."

 

"Les gens ont beaucoup de choses à dire," répondit Gabrielle. "Je leur donne juste la parole." Attention, pensa-t-elle. Elle était dangereusement proche d'admettre quelque chose qu'on ne lui avait pas encore demandé.

 

"Donc que cela fait-il de toi, une sorte de barde ?"

 

Gabrielle considéra la réponse. Un barde ? Non, les bardes créaient leurs propres mots, retirant d'eux-mêmes la capacité de dépeindre les événements réels et imaginaires. Pendant son enfance --avant que l'armée de Xena n'ait pris Potedaia dans sa conquête brutale de la Chalcidie-- Gabrielle avait essayé de temps à autre de convaincre ses parents qu'elle était faite pour autre chose que l'inévitable mariage pré-arrangé, lançant en l'air l'idée qu'elle pourrait devenir un barde. Ses parents avaient balayé des notions aussi peu conventionnelles, mais Gabrielle n'avait jamais complètement abandonné l'idée.

 

Jusqu'à il y a quatre ans.

 

Depuis ce jour, Gabrielle n'invoquait plus d'histoires fantastiques, ne rêvait plus de jouer ses propres récits des mésaventures des dieux devant un auditoire assemblé. Maintenant, tout ce qu'elle voulait était de donner une voix à ceux que l'on refusait d'entendre. Les mots étaient les leurs, pas les siens; elle était simplement un moyen de les transmettre.

 

"Un scribe," décida-t-elle.

 

"Tu écris seulement ce que les autres te disent," dit Xena, une trace de scepticisme dans sa voix.

 

"Oui," répondit Gabrielle. Pour elle, c'était la vérité.

 

Xena tendit la seconde coupe. "Prends du vin," dit-elle.

 

"Non, merci."

 

"Prends du vin," répéta-t-elle.

 

Cela serait l'ironie suprême, reconnut Gabrielle, de survivre après avoir sermonnée la Princesse Guerrière simplement pour s'attirer sa colère en refusant son hospitalité. "Merci," dit-elle, s'avançant pour accepter le don.

 

Xena se laissa tomber sur une banquette et tapota la place à côté d'elle. Gabrielle s'assit tranquillement, se demandant d'une part à quelle distance de la brune elle pouvait s'installer sans commettre d'impair, et d'autre part comment Xena avait réussi à s'asseoir aussi cavalièrement sans renverser une goutte de son vin. Contrairement à la dirigeante, qui reposait avec plaisir sur les coussins bien rembourrés, son invitée restait en alerte.

 

Pourquoi n'en finit-elle pas tout simplement ? se demanda Gabrielle. Cela donnait-il à la Conquérante un plus grand plaisir que de jouer avec ses victimes avant de les envoyer sur la croix ? Elle sirota un peu de son vin. Ou le billot.

 

Gabrielle prit une autre généreuse gorgée de vin, manquant d'associer le léger bourdonnement qu'elle commençait à ressentir derrière ses yeux avec le fait qu'elle n'avait ni mangé ni dormi depuis deux jours. Elle n'avait pas souvent bu d'alcool dans sa vie -- qui pouvait se le permettre ? -- mais même son palais manquant d'expérience se rendait compte que ce vin était excellent.

 

Son esprit revint au sujet précédent. Cela serait-il la croix, ou la décapitation ? Ou une quelconque autre méthode à laquelle elle n'avait pas songée ? Pour une raison inconnue, il était soudain indispensable à Gabrielle qu'elle sut. "Comment allez vous me faire tuer ?" demanda-t-elle.

 

La main de Xena se figea, la coupe levée à mi-chemin de ses lèvres, et elle chercha des signes d'insolence chez l'autre femme, qui faisait succéder à sa question inattendue une autre généreuse gorgée de vin.

 

"Spécifiquement," articula soigneusement Gabrielle, "cela sera-t-il la croix ? Ou me ferez-vous trancher la tête ?" Elle eut une autre idée. "Ou choisissez-vous lorsque le moment arrive ?"

 

"Et bien, j'ai quelques idées qui prennent forme en ce moment," dit Xena, mais elle avait perdu l'oreille de son auditoire. Elle se redressa, regardant avec intérêt la tête blonde se baisser . . . lentement . . . lentement . . . jusqu'à ce qu'elle retombe sur les genoux de Xena. Le bras du scribe retomba de l'autre côté de la banquette, son verre glissant des doigts sans conscience. Plus une goutte de vin dedans qui pourrait se répandre sur le tapis remarqua Xena.

 

Elle baissa les yeux vers la rebelle -- épuisée ? ivre -- ronflant dans les pans de ses vêtements royaux. En tout cas, ceci est un changement, pensa-t-elle. Personne ne s'était encore endormi avec elle avant.

 

Xena ouvrit la bouche pour appeler un garde, puis se sermonna pour sa paresse. Oh, pourquoi s'embêter. Elle souleva le petit paquet et le porta jusqu'au lit à quatre pieds dans la partie chambre séparée par des rideaux, repoussant le dessus-de-lit d'une main et retenant sa charge de l'autre. Elle déposa la jeune femme dans les draps, replaça le dessus-de-lit sur elle, et retourna vers le confortable divan.

 

*****

 

"Je lui ai dit que cela ne me posait pas de problèmes si il voulait voir la tête de sa mère au bout d'une pique." Claius rit fort de sa propre plaisanterie, puis mordit dans un gros morceau de faisan et rinça le tout d'une lampée de bière.

 

Xena sourit d'un air encourageant, consciente qu'il s'était avéré difficile de trouver des commandants acceptant de vivre à l'année dans la déserte région ouest. Elle tolérerait un certain niveau de grossièreté aussi longtemps que Claius tolérerait le temps sec de ce territoire isolé.

 

Tout à coup une jeune femme blonde à moitié endormie émergea de la chambre de Xena, baillant tout en passant une main à travers ses cheveux. Elle cligna des yeux, réalisant lorsque l'accommodation se fit qu'elle était observée par sept paires d'yeux, cinq curieuses, une en colère, et une -- celle de Xena -- complètement neutre.

 

Nerveusement, elle regarda Xena. "Suis-je . . .," elle jeta un oeil sur les six nouveaux venus, ". . . supposée m'en aller maintenant ?" Libre m'en aller ? demandait-elle en réalité.

 

Xena nota les expressions excitées de ses commandants de région, et sourit malicieusement. Elle savait comment manoeuvrer une foule. "Non, viens nous rejoindre. Tu dois être affamée," dit-elle. "Moi je le suis assurément."

 

Gabrielle hésita pendant encore un moment, puis s'approcha avec précaution de la seule personne de la pièce qu'elle connut. Croisant les jambes, elle commença à s'asseoir au pied du trône de la Conquérante, mais Xena lui encercla la taille et la tira pour la déposer sur le large accoudoir du trône.

 

Elle ressentait une étrange sensation de calme à être assise à coté de l'ancien seigneur de guerre, à présent reine des seigneurs de guerre, et Gabrielle se mit à observer discrètement les six hommes en leur compagnie, concluant facilement qu'elle ne voudrait pas se retrouver seule avec aucun d'entre eux. L'un d'eux, celui qui avait été avec Xena précédemment, la fixait comme si elle était Méduse, et les autres lui jetaient des oeillades lascives comme si elle était l'amusement de la soirée--

 

Elle se raidit. Oh, par les dieux ! Et si elle était l'amusement de la soirée ?

 

Xena sentit le corps de la jeune femme se tendre, et se demanda ce qui avait causé cela. Elle donna au scribe une légère bourrade. "Va chercher plus de bière pour mes hommes," dit-elle, souriant d'un air engageant à ses invités, "et du vin pour moi, avec un verre."

 

"Prends-en carrément deux pots, fillette," ajouta Claius.

 

Et comment suis-je supposée porter tout cela ? se demanda Gabrielle. Oh, bien sûr -- deux voyages. Je suppose que leurs jambes ont dépéri à force de faire du cheval, rouspéta-t-elle intérieurement.

 

Elle souleva un des pots de la table des rafraîchissements, et fut étonnée de voir que la Princesse Guerrière était désormais à coté d'elle. "Je ne veux pas que tu en renverses," dit Xena, retirant une bouteille rafraîchie de son panier.

 

Gabrielle ignora l'implication selon laquelle elle serait incapable de porter une bouteille de vin et à la place jeta un oeil vers les soldats tapageurs, dont l'un d'eux était en train d'illustrer pour les autres un conte douteux avec des gestes vulgaires des mains.

 

"Xena," commença Gabrielle. "Je veux dire, Princesse." Elle attendit de voir si son dérapage serait excusé, et se trouva encouragée lorsque Xena leva un sourcil, lui permettant sans mot dire de continuer sa question. "Pourquoi ses hommes me regardent-ils tous comme cela ?"

 

'Comme quoi ?' fut-elle tentée de demander, juste pour obliger le scribe à le dire. Xena sourit à l'idée. "Tu n'es pas pour eux," répondit-elle, percevant correctement la nature de l'inquiétude de la jeune femme. Pas ce soir, en tout cas, ajouta-t-elle mentalement, laissant ses options ouvertes. Cette position à l'ouest était très difficile à pourvoir . . . .

 

Elle était quelque peu curieuse, cependant, de savoir à quel point cette jeune femme intense était naïve. "Ils te regardent de cette façon parce qu'ils pensent que nous étions ensembles dans la chambre," continua-t-elle, tendant d'un air détaché le second pot à Gabrielle. "Ils se représentent mes mains sur ton corps."

 

Les pots tombèrent sur la table, et Xena sourit malicieusement. La bouteille de vin et le verre en main, et retourna se glisser sur son trône.

 

"Pourquoi ne leur demandes-tu pas ?"

 

Ennaus lui fit la grise mine. Voilà. Elle l'avait fait de nouveau. Les interrompre -- de nouveau.

 

Ceci était la seconde fois, et dans aucune des occasions Xena n'avait fait mine de la faire taire, physiquement ou autre. Il s'était attendu à voir le dos de la main de la dirigeante faire saigner la lèvre de la jeune fille, mais à sa grande déception, Xena semblait presque prêter attention aux interruptions. Pourquoi Xena n'avait-elle pas renvoyé la jeune fille ? Elle avait déjà eu son plaisir. À moins qu'elle n'ait en tête de la garder toute la nuit . . . . Hadès. La Conquérante ne pouvait-elle pas oublier ses instincts libidineux juste une fois ?

 

"Puisque vous avez réduit cela à deux possibilités, et que laquelle choisir vous est indifférent," dit Gabrielle, agitant vaguement son doigt dans la direction du commandant en question, "pourquoi ne demandez-vous pas aux gens que vous êtes supposé diriger ou commander ou quoi que ce soit ?" C'est sans espoir, décida Gabrielle; comment pouvaient-ils espérer que les choses aillent mieux alors que les dirigeants du royaume ne pouvaient même pas voir l'évidence ?

 

Xena échangea des regards spéculatifs avec son commandant de la région nord. "À toi de voir," dit-elle en haussant les épaules. "Simplement ne les laisses pas penser que cela va devenir une habitude."

 

De nombreuses paroles crues et exagérations plus tard, l'attention de Xena se tourna vers un garde qui se tenait là, la main à côté du sablier, attendant que le dernier grain de sable soit passé avant de le tourner pour la quatrième fois depuis que les invités de la Conquérante étaient arrivés. Elle se sentait commencer à fatiguer, mais était-ce dû à la conversation à thème unique de ses soldats, ou à sa consommation copieuse de vin, elle n'en était pas sûre.

 

Elle se tourna pour regarder le scribe, qui s'était endormie depuis longtemps, la tête appuyée sur le dos du trône, son doux ronflement noyé sous les histoires des joviaux commandants du royaume.

 

Xena se leva. "ça vous dirait si nous arrêtions là, les gars ?"

 

Ses invités ne s'étaient pas élevés à des positions de commandement dans l'armée de Xena en étant lents à reconnaître un ordre. Les jambes raides d'avoir passé des heures presque sans mouvements sur le sol à part bouger les épaules, les hommes se mirent debout.

 

Xena tapota l'épaule du scribe avec le revers de sa main et sourit lorsque la jeune femme s'éveilla en sursaut, rendue momentanément confuse par le lieu. La mémoire lui revint vite cependant, et Gabrielle descendit de l'accoudoir, ce demandant ce qui allait lui arriver à présent.

 

"Tu ne nous a pas présenté ta petite amie, Xena," déclara Claius, ses yeux se promenant des mollets de la jeune femme à l'ourlet de sa tunique, puis continuant plus haut en la déshabillant dans son esprit.

 

"Oh, désolée, les gars," doit-elle. "Voici Gabrielle de Potedaia," prononça-t-elle avec soin, tournant sa paume vers la jeune femme.

 

"Potedaia, eh ?" dit Claius en riant. Il était en train de masser cette fichue jambe droite qui s'était endormie pendant le temps où il était assis. "Ils se sont battus comme des diables, hein, Xena ?"

 

Des yeux verts glacés le fusillèrent. "Les Potedaians se sont battus honorablement," dit Gabrielle.

 

Les yeux de Xena se rétrécirent avec l'insinuation, et elle claqua des doigts pour attirer l'attention d'un garde. "Ramène la dans sa cellule," ordonna-t-elle.

 

"Sa cellule ?" dit Claius en riant de nouveau. "Ciel, j'aurais du deviner," dit-il, inspectant de nouveau lubriquement Gabrielle. "Que penses-tu d'un cadeau de départ, Xena ?"

 

Gabrielle fixa la Princesse Guerrière. Elle se tuerait elle-même avant d'être vendue par le Tyran Conquérant ou n'importe qui d'autre.

 

Xena indiqua la porte de son pouce, et le scribe fut entraîné hors de la salle.

 

*****

 

Cinq corps se tenant serrés les uns contre les autres sous des couvertures partagées, essayant avec peu de succès de générer un peu de chaleur dans le local humide qui s'était transformé en glacière au cours des heures suivant le coucher du soleil.

 

Un jeune homme sur l'extérieur fixait le mur sans le voir, ses épaisses boucles brunes reposant contre son biceps. D'après les sons qu'il faisait, Nyus s'était enfin assoupi. Raubert s'amusa un moment en pensant que sans aucun doute les ronflements de Nyus devaient violer les règles sur le bruit excessif dans les cellules. Il ferma de nouveau ses yeux, et pria que le sommeil vienne le prendre.

 

Un lourd raclement métallique se fit entendre au niveau de la porte de la cellule, et il redressa vivement sa tête vers l'entrée. Il était habitué à l'obscurité, et il reconnut instantanément la forme poussée dans la cellule et sur le sol.

 

"Gabrielle ?" murmura-t-il.

 

"Oui," répondit-elle, en faisant attention de parler à voix basse.

 

Une main entoura son épaule. "Tu vas bien ?"

 

Gabrielle éclata presque de rire, du bonheur d'être en vie et de la réalisation qu'en effet elle allait bien. Xena n'avait à aucun moment demandé qu'elle confirma qu'elle était l'auteur des discours. Gabrielle n'aurait pas menti, et la réponse aurait signifié sa mort. Elle ferma les yeux, reconnaissante envers les interruptions dues au vin et aux soldats qui avaient épargné sa vie.

 

"Ca va, Raubert," répondit-elle.

 

"Que s'est-il passé ?"

 

Les yeux de Gabrielle s'accoutumaient à l'obscurité, et elle pouvait voir ses co-détenus entassés ensemble sur le sol dur et glacé, avec probablement moins qu'un bol de porridge --et encore ce n'était même pas sûr-- dans leurs estomacs. Que pouvait-elle dire ? Que son interrogatoire par la Conquérante avait inclus un bain avec des huiles parfumées, du faisan frais et un vin onéreux, se pelotonner dans un lit luxueux, le tout couronné par une discussion avec la Princesse Guerrière elle-même, qui, dans ce contexte isolé, s'était révélée plutôt charmante ?

 

"Rien," dit-elle. "Ca va. Rendors toi." Ne voyant aucun signe indicateur de son intention de se conformer à sa demande, elle ajouta "S'il te plaît, Raubert. Je suis vraiment fatiguée." Elle chercha à tâtons le coin d'un couverture et se glissa dessous, sentant déjà le froid s'installer en elle.

 

"Ici." Il changea de position pour qu'elle se retrouve en sandwich entre lui et un autre corps chaud. Gabrielle s'endormit facilement, ne notant pas lorsque son bras se glissa autour de sa taille.

 

*****

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