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RESISTANCE3

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

Della Street (pinkrabbit@altfic.com)

(tout commentaire peut être envoyé à Della par l'intermédiaire des Pink Rabbit Productions)

 

RESISTANCE

 

Della Street

(pinkrabbit@altfic.com)

 

Traduction : Cat

 

****

 

PARTIE 3a

 

Peut-être n'avait-elle pas déchiffré le message correctement. Elle n'avait jamais été très bonne pour les jeux de mots. De dessous son châle aux couleurs fanées, Xena observa à nouveau discrètement la rue, ayant l'air pour quiconque se préoccuperait de la remarquer d'une vieille femme fatiguée se reposant sur un banc providentiel.

 

"Par la 'permission' de tous les dieux" ; cela ne voulait-il pas dire le panthéon ? Elle fit défiler dans son esprit d'autres interprétations possibles jusqu'à ce qu'une allure familière attire son attention.

 

Dieux, même sa façon de marcher est excitante, songea Xena. Encore un peu et à Hadès la prudence -- elle porterait Gabrielle jusqu'au château et se mêlerait au scribe jusqu'à ce que ni l'une ni l'autre ne puisse plus voir normalement.

 

Elle se tendit légèrement ; Gabrielle l'avait remarquée, lui offrant un rapide sourire sans pour autant ralentir sa marche. Des yeux bleus brûlants suivirent la blonde jusqu'au perron d'une maison à deux étages en pierre brune au milieu du pâté de maison, où elle s'arrêta pour fouiller dans son sac et en tirer une clef en métal. Elle l'inséra dans la serrure et disparu à l'intérieur, laissant la porte entrouverte.

 

Xena accepta l'invitation, sautant de son perchoir et atteignant le perron en une demi-douzaine de pas alertes. À peine avait-elle franchi le seuil qu'un corps compact volait à sa rencontre, bras et jambes agrippés à elle, l'écrasant. Xena passa la main derrière elle pour fermer la porte, mais Gabrielle la prit de vitesse en la fermant d'un coup de pied.

 

"J'avais juré d'aller doucement," haleta Gabrielle, "mais je ne peux pas."

 

Xena connaissait cette sensation.

 

Bouches pressées l'une contre l'autre, elle porta son précieux chargement dans l'entrée, son esprit essayant de façon intermittente de réfléchir quant à la direction à prendre. La main du scribe se détacha de son cou et s'agrippa à un montant de porte. "Là dedans," dit Gabrielle contre ses lèvres. "Chambre d'amis."

 

Xena les abaissa toutes les deux au niveau du lit et s'occupa de commencer à vivre son plus merveilleux rêve, caressant et goûtant et se rassasiant de la merveille qu'était Gabrielle. Des mains expertes caressèrent la poitrine de Gabrielle à travers sa chemise, puis bientôt sans plus de barrière alors que Xena déboutonnait le vêtement et explorait la peau en dessous.

 

L'impatience initiale de Gabrielle s'était transformée en un délire sensuel, son corps répondant de façon éloquente à chaque caresse. Elle regarda à travers ses paupières presque fermées Xena se relever et ôter ses affaires, puis porter la main sur la ceinture de la jupe de Gabrielle et ôter le dernier obstacle à une mer de peau douce prête à être consommée.

 

Enlacées, les deux femmes bougèrent ensemble, leur passion montant et se retirant alternativement sous le contrôle de Xena. Savourant un autre baiser somptueux, elle glissa sa main vers l'intérieur de la cuisse de Gabrielle. Gabrielle céda à la légère pression, soupirant d'anticipation, et elle s'offrit tout entière à Xena.

 

Plus tard, Xena fit de même pour elle.

 

*****

 

"À qui appartient cet endroit ?" demanda Xena, plus pour entendre la voix du scribe que parce qu'elle était dévorée de curiosité.

 

Gabrielle sourit en entendant les vibrations dans la poitrine de Xena tout contre son oreille. "Francia, l'oncle de mon ami. Il est à Athènes avec sa mère."

 

"Comment as-tu eu la clef ? Et plus important, pour combien de temps vont-ils être absents ?" L'esprit de Xena était déjà occupé à imaginer un nombre de scénarios attrayants.

 

"Ma mère s'est occupée de ses plantes," répondit Gabrielle à la première partie de la question de Xena, hésitant un instant avant de répondre à la seconde. "Ils ont été absents depuis environ un mois." Elle plaça une main sur la poitrine de Xena pour l'empêcher de bondir. "Je n'ai été mise au courant qu'hier," expliqua-t-elle, se maudissant elle-même d'avoir été aveugle à ce point. Dieux, Xena et elle auraient pu -- Non. Cela n'avait aucun sens de s'apitoyer ainsi sur quelque chose dont elle n'avait pas été au courant. "J'ai dit à mère que je serais dans cette partie de la ville aujourd'hui de toute façon --"

 

"Pour une de tes réunions de comploteurs ?" demanda Xena en souriant.

 

"-- pour que je puisse prendre soin de cela pour elle," continua Gabrielle, ignorant l'interruption. "Ils sont attendus pour demain."

 

Enfer. Et pourtant, le souvenir de ce seul jour qui leur avait été donné brûlerait pour toujours dans la mémoire de Xena.

 

"Francia est un vieux grippe-sou," dit Gabrielle, passant un doigt le long des seins de Xena.

 

"Hum ?" L'attention de Xena était bien plus tournée vers la main baladeuse du scribe que l'avarice du propriétaire absent de la maison. "Comment çà ?"

 

"Il laisse sa mère seule à la maison toute la journée. Elle est plus vieille que ma grand-mère."

 

"Quel âge a ta grand-mère ?"

 

"En fait, elle est morte." Xena se tendit, et Gabrielle embrassa son épaule. "Elle est morte il y a dix ans," dit-elle, frottant son nez sur la gorge de Xena. "Je veux dire qu'elle est plus vieille que ma grand-mère ne l'était lorsqu'elle est morte."

 

"Cet endroit n'est pas sans valeur," observa Xena.

 

"Non, mais il l'est. Francia a beaucoup d'argent ; il n'aime simplement pas s'en séparer." Gabrielle laissa courir la pointe de ses doigts sur une partie particulièrement sensible du torse de Xena, appréciant la sensation et le gémissement correspondant. "Bien sûr, il n'en a pas autant que toi."

 

Xena se retourna sur le lit, les actions de séductions de Gabrielle risquant de perturber le cours de sa pensée. "Je m'en sers pour acheter des faveurs," dit-elle, bougeant les sourcils d'un air entendu pour préciser à quelles faveurs elle pensait.

 

Gabrielle bougea légèrement de façon à ce que son corps recouvre encore plus celui de sa compagne plus grande qu'elle. "Tu veux dire que j'aurais pu te présenter une facture ?" demanda-t-elle.

 

"Qu'est-ce qui te fait penser que j'aurais accepté de payer ?" Le sourire de Xena s'évanouit immédiatement lorsque l'ombre d'un doute passa sur le visage de sa jeune amante, et elle passa sa main le long de la peau douce du dos de Gabrielle. "Je n'ai pas assez d'argent pour payer ce que tu vaux," dit-elle, récompensée par un sourire heureux du scribe. "Je suppose que je vais devoir augmenter les impôts. 'Peuple de Corinthe,'" scanda-t-elle, "c'est pour une bonne raison." Sa main continua son chemin vers le bas du dos de Gabrielle, pinçant la chair ferme et ronde. "Disons deux bonnes raisons," corrigea-t-elle. Elle retourna Gabrielle sur le dos, portant ses lèvres sur les seins de la jeune femme. "Hummm... Trois..."

 

Elle atteignit sept avant de perdre le compte.

 

*****

 

Gabrielle nicha sa tête dans le cou de Xena. "Nous t'avons défié à prendre part à un débat," dit-elle.

 

Xena lui caressa les cheveux. "Je croyais que nous ne devions pas parler politique ce soir."

 

"Hum. Je sais. Je ne fais que te prévenir."

 

Xena sourit. "Tu sais que je ne peux pas y participer," dit-elle.

 

Gabrielle inspira, submergée par l'odeur de son amante. "Je sais." Ses yeux s'ouvrirent lentement alors qu'elle réfléchissait sur le sujet. "Pourquoi pas ?"

 

Parce qu'accepter un débat serait un signe de faiblesse, pensa Xena. "Les joutes orales ne sont pas mon fort."

 

"Oh, je ne sais pas. Tes lèvres m'ont totalement conquise."

 

"Vraiment," ronronna Xena, qui avait été elle-même complètement vaincue par les talents oraux de Gabrielle. "Es-tu sûre que tu n'as pas besoin d'être un peu plus convaincue ?"

 

Gabrielle sourit. "Eh bieeeen, j'aurais peut-être des doutes un peu plus tard," dit-elle, "lorsque je serai remise."

 

"Donc, qu'en est-il de cette blague ?" demanda Xena.

 

Gabrielle fronça le sourcil. "Quelle blague ?"

 

"Comment les ruines de Chalis ont-elles été créées ?" paraphrasa-t-elle. "Xena a fait un voyage d'agrément."

 

"Oh." Gabrielle prit un air innocent. "Tu as vu cela ? Comment as-tu réussi à obtenir une de nos lettres d'informations ?"

 

"Je m'intéresse à tout ce que tu écris," répondit Xena, "et ne change pas de sujet."

 

"Nous pensions qu'un peu d'humour pourrait amener les gens à être moins intimidés par toi," dit Gabrielle, et plus prêts à parler.

 

Xena resserra les bras autour du scribe. "Tu vas finir par me faire tuer," marmonna-t-elle, se mettant à son aise pour faire un petit somme.

 

Les yeux de Gabrielle restèrent ouverts longtemps après que son amante eut succombé au sommeil. Finir par la faire tuer ? Est-ce que montrer une Xena plus humaine la ferait aussi apparaître plus vulnérable ? Pelotonnée dans les bras puissants de la guerrière, Gabrielle réfléchit à ce qu'elle était en train d'accomplir.

 

*****

 

"Gabrielle, que fais-tu ?"

 

"Hein ?" Gabrielle leva les yeux de la seconde page de son texte.

 

Timmor indiqua un passage. "Qu'est ce que cela ?"

 

"J'explique aux gens le changement dans le système d'imposition."

 

"'La Princesse Guerrière nous a fait entrevoir une once de pitié lors de la dernière proclamation officielle,'" lut-il à haute voix, "déclarant que les personnes âgées de plus de soixante-dix ans sont à présent exemptées d'impôt.'" D'autres membres du groupe se rapprochèrent, curieux.

 

Gabrielle leva les sourcils. "Qu'est ce qui ne va pas là dedans ?"

 

"Pourquoi mets-tu cela là dedans ?"

 

"J'ai pensé que les gens voudraient le savoir."

 

"Pourquoi ?"

 

"Pourquoi ?" Gabrielle écarta les bras. "Parce que Xena a mis en place une des réformes que nous avions réclamées."

 

"Pas vraiment," répliqua Timmor. "Soixante-dix ans ? Combien sont-ils qui atteignent cet âge ?"

 

"C'est un début," dit Gabrielle. "Avant il n'y avait pas d'exception."

 

"Ce n'est pas la question." Timmor tint le parchemin en évidence. "Ceci représente la voix de ceux qui protestent ; pourquoi chantons-nous les louanges de la Conquérante à l'intérieur ?"

 

"Ce n'est pas vraiment un chant de louanges," dit-elle. "Ne voulez-vous pas que les gens puissent entendre les deux parties ? Je pensais que c'était ce dont nous nous plaignions."

 

"Elle a de nombreuses occasions de donner sa version des choses ; pas nous. Nous ne pouvons nous permettre de perdre de la place pour cela. Il y a trop de choses qu'ils doivent entendre sur la lourde main de la Conquérante."

 

"Cela ne fait qu'une phrase," dit Gabrielle lentement. "Je pense qu'il y a la place." C'est mon parchemin, fut-elle tentée d'ajouter, mais cela ne ferait que susciter plus de questions. Elle les avait convaincus sans trop de mal qu'un riche bienfaiteur lui avait fait ce cadeau, ce qui était techniquement vrai -- "tu seras plus en sécurité si tu écris plus et parle moins," avait insisté Xena -- mais l'histoire du scribe ne résisterait pas à une inspection approfondie. Xena nous fournit les moyens d'inciter le peuple contre elle, pensa le scribe amèrement, et vous ne voulez même pas lui laisser une simple phrase positive ?

 

Timmor ouvrit la bouche pour commencer une autre phrase de refus, et Gabrielle rejeta sa plume violemment. "Les gens qui poursuivent leurs propres quêtes sans reconnaître l'évidence perdent en crédibilité," dit-elle. "Si nous reconnaissons les fois où Xena fait quelque chose de positif pour le peuple, cela renforce notre droit à la critiquer dans d'autres domaines. Autrement, nous apparaissons comme aussi rigides que nous l'accusons d'être."

 

Timmor roula des yeux. Il savait qu'il était inutile de discuter ainsi avec Gabrielle, et ils avaient besoin d'elle pour écrire la fin de la lettre, donc il supposa qu'ils devraient accepter sa dernière lubie. Un de ces jours, pourtant, il était sûr que la nature confiante de Gabrielle finirait par lui jouer des tours.

 

*****

 

Non. . . .

 

Gabrielle leva sa main pour la poser sur l'épaule de Xena et la pinça doucement pour attirer son attention, qui à ce moment précis était entièrement prise par le baiser de feu que toutes deux partageaient depuis plusieurs longues minutes.

 

Gabrielle éloigna sa bouche à regret. "Xena . . . ."

 

Elle ferma les yeux en sentant des lèvres chaudes venir se placer sur sa gorge.

 

"Xena . . . ," essaya-t-elle à nouveau, cette fois poussant un peu pour encourager Xena à se déplacer volontairement, car elle était bien consciente du fait qu'elle ne serait pas capable de la bouger à elle seule si Xena persistait à rester où elle était. "Je dois aller voir à la porte."

 

"Laisse tomber." Xena avait attendu près de deux semaines cette occasion d'être seule avec son petit scribe; elle n'allait pas laisser gâcher une minute de cela par un visiteur inopportun, qui, comme les vaches, était trop bête pour ne pas s'abriter de la pluie. Elle ne bougea pas, gardant le corps de Gabrielle gentiment bloqué sous elle.

 

"Xena." Gabrielle esquiva le baiser qui s'avançait. "Ils peuvent voir la chandelle à travers la fenêtre. Si je ne réponds pas, ils vont penser que quelque chose ne va pas."

 

La chevelure noire de son amante s'étala sur l'oreiller, créant un luxueux rideau devant leurs visages. Xena posa son front contre celui de Gabrielle, puis roula sur le côté. "Dépêche-toi," dit-elle.

 

"Oui, je me dépêche," promit Gabrielle. Elle se glissa dans la robe de soie que Xena lui avait donnée -- extrêmement agréable au toucher, comme Xena l'avait définie, mais d'un modèle simple de façon à ne pas attirer trop l'attention -- referma le rideau autour du lit, et noua la ceinture de sa robe d'un noeud coulant. "Ne commence pas sans moi," murmura-t-elle à travers le rideau, riant à la réponse gutturale de Xena.

 

"Ne compte pas là-dessus."

 

Souriant toujours, Gabrielle ouvrit la porte. Même caché par son manteau de pluie, elle reconnut immédiatement les boucles brunes de Raubert. "Celice disait que ta mère tenait compagnie à la sienne ce soir," dit-il. "J'ai pensé que nous pourrions bavarder."

 

Gabrielle ouvrit la bouche, mais son esprit s'était vidé.

 

Le jeune homme indiqua le temps dehors d'un coup de pouce par-dessus son épaule et rit d'un air gêné. "Ca tombe vraiment beaucoup," dit-il. "Est-ce que je peux entrer ?" Il commença à franchir le seuil.

 

Gabrielle posa la main gentiment contre sa poitrine. "Non, Raubert. Je suis désolée."

 

Il en perdit son sourire. "Mais pourquoi pas ?"

 

"Raubert, Je suis . . . ." Elle n'arrivait pas à trouver de solution pour s'en sortir. ". . . avec quelqu'un."

 

Alors même que son esprit se battait pour refuser d'admettre ce qu'il venait d'entendre, il vit pendu à une cheville près du feu un long manteau noir, clairement trop large pour la jeune femme se tenant devant lui. Ses yeux se portèrent sur la partie protégée par le rideau qui recelait le lit de Gabrielle. "Qui est-ce ?"

 

Gabrielle secoua la tête. "Ce n'est pas important, Raubert."

 

"Pas important ?" Il la fixa sans comprendre. Comment Gabrielle pouvait-elle croire que quoi que ce soit à son sujet ne soit pas important, en particulier le nom de l'homme qui avait volé son affection ? Pas important ? "Je demande à savoir qui est ici avec toi," dit-il.

 

L'ouïe aiguisée de la Princesse Guerrière distingua aisément chacun des mots, et Xena se glissa hors du lit.

 

"Raubert, s'il te plaît ne fais pas cela," dit Gabrielle doucement.

 

"Je ne suis pas celui qui fait cela, " dit-il. "C'est toi. Pourquoi n'as-tu jamais rien dit ?"

 

"Parce qu'il n'y en avait nul besoin," répondit-elle. "Ma vie privée n'affecte en rien notre travail. Tu sais combien il est important pour moi."

 

Croisant les bras, Xena passa son poids d'une jambe sur l'autre. Elle commençait à se fatiguer de ce dialogue. Envoie le paître, Gabrielle, lança-t-elle intérieurement. Elles avaient de plus intéressantes choses à faire.

 

"Mais je t'aime, Gabrielle."

 

Oh, Hadès. Xena avait envie de jeter un oeil à travers la tenture. Comment Gabrielle allait-elle faire face à un aveu comme celui-ci ? Elle se colla presque au rideau, inquiète du silence du scribe.

 

"Je suis désolée, Raubert. Mon coeur--" La voix d'or se tut, et Xena baissa la tête, se demandant ce qui passait au travers de cette tête blonde. "Mon coeur n'est pas pour toi," dit finalement Gabrielle. "Raubert, s'il te plaît, pars. Nous parlerons de tout ceci demain." Il resta silencieux. "S'il te plaît".

 

À regret, son prétendant délaissé se retira sous la pluie battante, et Gabrielle revint au lit.

 

"Tu te rends compte qu'il va attendre dehors pour savoir qui s'en va," dit Xena.

 

Gabrielle hocha la tête. "Peux-tu rester beaucoup plus longtemps ?" demanda-t-elle.

 

"Eh bien, ouais, Je pensais que nous --" Le scribe roula sur le lit pour lui faire face, et Xena réalisa que ses aspirations amoureuses de la soirée étaient réduites en miettes. La jeune femme était trop énervée, son coeur se brisant à l'idée d'un autre coeur brisé.

 

Enfer. Leurs occasions d'être réunies étaient rares, et voir une merveilleuse soirée interrompue à cause des plaintes romantiques sans espoir d'un petit garçon l'irritait. Xena imagina plusieurs de ses options pour le cas où elle rencontrerait le petit trésor au moment où elle partirait.

 

Elle tendit le bras et Gabrielle se rapprocha d'elle, posant son visage contre la petite cavité près de l'épaule de sa grande compagne. Son bras se glissa autour de la taille de Xena, et les deux femmes plongèrent petit à petit dans un sommeil agité.

 

Lorsque Xena se réveilla, elle se retrouva enserrant le corps plus petit de Gabrielle, un bras au-dessus de l'estomac, et l'autre derrière son cou, une jambe passée par-dessus sa cuisse. Son visage reposait contre l'arrière de l'épaule de Gabrielle, et elle résista à la tentation de mordre dans cette chair tendre. À la place, elle se fit toute petite, cherchant à attirer sa compagne encore plus en elle, adorant les petits soupirs satisfaits de Gabrielle.

 

Une heure avant que le soleil ne se lève, Xena contempla de haut un homme dormant dans l'alcôve située juste en face de la porte de Gabrielle. Sa tête aux boucles brunes était posée contre le mur de pierre, presque une invitation, et Xena pensa qu'il serait tellement facile de se baisser et...

 

Après ce court moment de rêverie, elle repartit vivement vers chez elle.

 

*****

 

Une demi-douzaine de gardes firent irruption dans les quartiers spacieux, oubliant dans leur exubérance le caractère très peu judicieux de leur façon de faire ainsi irruption devant la Princesse Guerrière sans avoir été annoncés. Le bout pointu d'une épée perça la gorge du premier homme.

 

"Princesse . . .," supplia-t-il, immobile.

 

Pas de danger ici, conclut Xena, si ce n'est que l'un de ces fous pourrait se blesser lui-même. Minable. "Que se passe-t-il ?" demanda-t-elle.

 

Un autre soldat, les poignets attachés, fut mis à genoux devant elle.

 

"Un traître, Votre Seigneurie. Il travaillait avec les rebelles."

 

Elle le reconnut, bien sûr; Xena se faisait une règle de connaître, si peu que cela soit, tous les membres de sa garde, bien que Closso n'ait pas été un de ceux avec lesquelles elle ait été des plus familières. Elle soupçonnait depuis longtemps que Gabrielle et ses amis avaient un informateur dans le château, et d'après la propagande qu'elle avait lue, Xena avait mentalement restreint les possibilités à un membre de sa garde. Elle se félicita intérieurement de ses dons de déduction -- maintenant, que faire ?

 

Le garde ferma les yeux, espérant désespérément garder suffisamment de dignité pour éviter de se soulager sur le plancher de la Conquérante. C'était un vétéran des campagnes sanglantes du Nord, mais aucun homme de la Garde de Xena ne craignait une simple bataille plus que la fureur de la Conquérante.

 

"Je vais l'interroger moi-même," dit Xena, au grand plaisir de ses gardes avides de sang. "Attendez dehors."

 

Leurs sourires s'effacèrent. "Mais, Princesse--"

 

"Vous avez un problème d'audition ?"

 

Anxieux de lui assurer qu'ils n'en avaient pas, les six hommes battirent en retraite rapidement, et Xena scruta le visage de l'homme qui l'avait trahie.

 

"Avec qui travaillais-tu ?" demanda-t-elle.

 

Silence.

 

Xena appuya son épée contre sa poitrine. "Réponds à ma question ou je t'ôte le coeur à l'instant."

 

La mâchoire serrée du garde commençait à lui faire mal, mais il n'y prêtait pas attention.

 

"En fait, je pense que je vais te faire attacher au poteau tout d'abord, " dit-elle, se demandant si la menace de quarante coups de fouets lui délirait la langue. "As-tu une famille, Closso ?" Elle tournait autour de lui. "Peut-être devrais-je attacher ta mère au poteau. Tu sais que je le ferai," susurra-t-elle.

 

Il émit un son étranglé, du sang coulant le long de son menton depuis sa lèvre inférieure qu'il avait mordue.

 

Une botte sombre vint le frapper en plein dans les côtes. "Cela vaut-il vraiment la peine de mourir pour refuser de m'apprendre ce que je veux savoir ?"

 

Il acquiesça d'un lent signe de tête.

 

"Très bien. Dans ce cas, lève-toi."

 

Il se leva, prêt à accepter un coup fatal. Au même moment, les portes s'ouvrirent et Ennaus s'engouffra dans la pièce et bondit vers le prisonnier.

 

"Entre, Ennaus," dit-elle d'un ton sarcastique. "Vous pouvez vous joindre à nous," dit-elle aux autres gardes, et ils entrèrent, regardant le dos du condamné d'un oeil torve.

 

"Je suis heureuse que vous ayez découvert un traître à l'intérieur du château," les félicita Xena. "Cela fait en effet plusieurs mois que Closso travaille avec le mouvement de résistance." Elle fit une pause. "Sur mes ordres."

 

"Quoi ?" éructa Ennaus.

 

Closso se figea, incertain d'entendre ce qu'il entendait, et incertain de la raison pour laquelle il l'entendait si il ne se trompait pas.

 

"Voici plusieurs mois j'ai demandé à Closso d'infiltrer la résistance," dit Xena. "Il a bien travaillé," dit-elle, souriant à l'homme qui faisait toujours face au mur. "J'ai appris des informations très utiles de lui, mais je suppose qu'il s'agissait d'une arrestation publique."

 

Les gardes acquiescèrent nerveusement.

 

"C'est bien," les rassura-t-elle. "Cela ne fait que rendre les choses plus convaincantes."

 

"Princesse, je dois protester !" La veine dans le cou d'Ennaus gonflait avec une intensité préoccupante. "Vous n'auriez pas du engager cette opération sans ma connaissance !"

 

Xena tourna la tête violemment et fixa son regard bleu acier sur lui.

 

"Es-tu en train de me dire ce que je peux ou ne peux pas faire ?" demanda-t-elle d'une voix dangereusement basse.

 

Ennaus se mordit la langue, l'outrage n'ayant pas totalement pris le pas sur son instinct de conservation. "Non, bien sûr que non, Votre Seigneurie," dit-il. "C'est juste qu'il me serait utile d'être au courant de telles opérations pour assurer votre sécurité."

 

Elle coupa les cordes liant les poignets de Closso et ensuite se tourna pour faire face à l'informateur, qui la regardait bouche bée avec une gratitude confuse. "Tu sais que tu ne peux rester à mon service à présent," dit-elle. Il acquiesça. "Donnez lui un peu d'argent," fit-elle par-dessus son épaule, "assez pour prendre un nouveau départ." Elle fixa les yeux bruns du soldat d'un air plein de sous-entendus. "Quelque part hors de la ville, je pense." Il pâlit, le message sous-entendu étant passé très clairement.

 

Elle passa un bras autour des épaules de Closso, faisant mine de l'escorter hors de la pièce avec une affection réelle. "Mycra," dit-elle, "pourquoi n'aides-tu pas Closso à rassembler ses affaires, et veille à ce qu'il quitte le château en toute sécurité."

 

"Oui, Princesse."

 

Xena approcha ses lèvres de l'oreille de Closso. "Dis à tes amis : le prochain mourra."

 

*****

 

"Pourquoi l'a-t-elle laissé partir ?" demanda une fois de plus Marcas.

 

Gabrielle leva les mains au ciel. "Pour la dixième fois, qui sait ? Elle était de bonne humeur. Elle ne voulait pas de scandale public. Il est possible que nous ne sachions jamais." Elle soupira bruyamment de frustration. "Qu'elle qu'en soit la raison, Closso est toujours le même homme que nous avons connu depuis le début, et il peut encore être un membre utile pour le groupe, s'il veut continuer de s'y risquer."

 

Timmor fit non de la tête. "Non. Nous ne pouvons lui faire confiance à présent."

 

"De quoi parlez-vous ?" cria Gabrielle. Elle jeta un oeil vers l'ancien garde, qui s'appuyait d'un air abandonné sur le mur du fond, semblant aussi misérable que la masure en ruines dans laquelle ce rendez-vous d'urgence avait été organisé. "Closso a risqué sa vie pour nous des tonnes et des tonnes de fois," dit-elle, baissant la voix. "Pourquoi devrions-nous le bannir parce que Xena a simplement fait acte d'humanité ?"

 

"Pour cette bonne raison," dit Marcas. "Xena n'est pas humaine. Si elle l'a épargné, c'est qu'il y avait une raison."

 

"Qu'es-tu en train de suggérer ? Que Closso va nous trahir ?" C'était incroyable. "S'il devait le faire, il aurait pu nous donner à tout moment au cours des derniers mois."

 

"Il ne lui était pas redevable alors," dit Timor. "Et comment savons-nous que tout cela n'est pas une partie d'un de ses plans ?"

 

"Closso nous aurait menti à tous depuis le début ?" demanda Gabrielle d'un ton incrédule.

 

"Peut-être pas," concéda Timmor, "mais il pourrait ne pas avoir su qu'il était utilisé. Peut-être a-t-elle su son implication depuis le début et a-t-elle orchestré cela pour nous amener à le garder avec nous."

 

"Je suis d'accord," dit Raubert.

 

"Je n'y crois pas." Gabrielle le regarda d'un air mauvais, puis se tourna vers les autres. "Vous avalez cela, vous ? Et feriez-vous cela s'il s'agissait de Timmor ? Ou Raubert ?" Ou moi ? Elle ferma les yeux, reconnaissant sa défaite dans leur silence.

 

Elle s'assit silencieusement sur les planches poussiéreuses alors que Raubert et Timmor marchaient vers Closso. Surmontant ses instincts lâches, elle se força à soutenir le regard de son ami avant qu'il soit conduit au dehors pour entendre leur décision.

 

"D'accord, nous changeons le système des messages," dit Marcas. "Les rendez-vous auront à partir de maintenant lieu les cinquièmes jours de semaine, au lieu du deuxième, et à . . . ." Il leva les mains. "Des suggestions ?"

 

"Le mur du château ?" proposa Celice, ce qui en fit rire plusieurs du groupe.

 

"Ça serait pas mal," dit Marcas. "Juste sous le nez de cette chienne."

 

Gabrielle en avait eu assez. "Je dois y aller," dit-elle.

 

"Attends ! Il nous faut choisir un endroit."

 

Le scribe était déjà debout. "Choisissez," dit-elle. Je ne veux pas avoir à faire avec vous en ce moment. "Je me renseignerai plus tard."

 

*****

 

Xena gémit et poussa Gabrielle plus fortement contre les briques, couvrant sa petite compagne presque entièrement de sa cape.

 

Les mains de Gabrielle s'agrippaient au dos de Xena alors qu'elle murmurait dans sa poitrine. "Xena..."

 

Xena reposa sa joue sur la chevelure de Gabrielle, embrassant la tête du scribe alors que sa respiration se calmait. Elle ferma les yeux. Cela ne pouvait continuer. Faire l'amour à Gabrielle contre un mur dans une ruelle sordide comme si elle n'était qu'une vulgaire prostituée. Ce n'était pas la façon dont Xena avait souhaité dire au revoir à son amante avant son voyage pour Akkad.

 

Parfois, elle regrettait presque d'avoir réuni Gabrielle avec sa mère. La vieille femme ressentait rarement le besoin de quitter la petite demeure du scribe pour un long moment, ce qui éliminait virtuellement toute chance pour les amantes de passer un peu de temps seules là-bas.

 

Le lit étroit, lorsqu'elles pouvaient l'utiliser, était comme un paradis pour elles. La Conquérante était bien trop connue pour s'introduire discrètement dans n'importe quelle auberge de Corinthe, et elles n'avaient pas trouvé un moyen pour faire sortir Gabrielle de la ville en toute sécurité. Elles avaient parlé une fois d'un voyage à Athènes -- "dans une voiture couverte," avait suggéré Xena, avec une intention lascive.

 

"Merveilleux -- juste toi, moi et une douzaine de gardes," avait observé Gabrielle d'un ton sec, et aucune d'elles n'avait plus abordé ce sujet déprimant.

 

"Gabrielle . . . ?" murmura Xena à l'oreille de son amante.

 

"Hum . . . ." Gabrielle s'accrocha fortement à elle, en partie par désir de proximité, en partie parce que ces jambes manquaient de force. Ses mains glissèrent jusqu'aux hanches de Xena.

 

"Cela te gênerait si je renvoyais ta mère dans le Duché ?"

 

Gabrielle recula et la regarda.

 

*****

 

"Teres dit qu'elle ne pensait pas être partie si longtemps," rapporta Marcas. "Plus de deux mois."

 

"Sept semaines et trois jours," corrigea Gabrielle d'un air absent. Elle trempa une plume dans une encre magenta sombre, sa langue jouant avec une de ses incisives alors qu'elle réfléchissait à ses choix. Tyrannique ? Non, trop sévère. La Xena qu'elle connaissait n'était pas tyrannique. Oppressive ? Elle grimaça, notant avec une certaine frustration que devenir intime avec Xena avait ruiné un certain nombre de ses meilleurs mots.

 

"Elle ne sortira pas beaucoup avant le week-end," dit Marcas.

 

Le week-end. Gabrielle sourit. Sûrement Xena pourrait s'échapper alors. Les dieux leur avaient souri pendant que Xena était en voyage, et Hécube tenait à présent lieu de dame de compagnie à demeure pour Francia et sa mère. Le vieil avare avait réussi à trébucher contre un vieillard manchot sur le perron au dehors de chez lui, et serait en convalescence pendant quelque temps pour son bras et sa jambe cassés. Une vraie malchance, Gabrielle avait été d'accord, mais une qui lui en coûterait très peu et, ce qui était plus important, permettrait au scribe de tester à nouveau et de façon durable son vieux lit avec la Princesse Guerrière.

 

"Elle est occupée à préparer le mariage," continua Marcas.

 

Toutes les têtes se tournèrent vers lui. "Mariage ?" demanda Gabrielle.

 

Il acquiesça. "Xena va épouser Philippe d'Akkad. Il est revenu avec elle."

 

Gabrielle se tint sans bouger, la plume en main, fixant son associé comme s'il venait de se transformer en hydre.

 

"Ouais, je sais," dit-il, lisant mal son expression. "Cela va renforcer son étreinte sur ce territoire, et ajouter soixante milles nouveaux hommes à son armée."

 

"Epouser ?" dit Gabrielle faiblement, un peu lente à traiter l'information.

 

Marcas haussa les épaules. "Il ne paraît pas être une grande amélioration par rapport à elle," dit-il, "mais--"

 

"Epouser ?" répéta Gabrielle.

 

Elle semblait s'adresser à lui, d'une certaine façon, et la tête brune acquiesça à nouveau. "Teres dit qu'ils ont passé ensemble chaque nuit depuis qu'elle est revenue."

 

Gabrielle tâta autour d'elle de la main pour trouver quelque chose sur quoi s'asseoir, puis décida plutôt abruptement de se contenter du sol. Xena allait se marier. Xena allait passer chaque nuit avec cet homme. Gabrielle se sentit malade.

 

Plusieurs longues minutes plus tard, elle attrapa son parchemin. Tyrannique, écrivit-elle avec soin.

 

*****

 

"Un visiteur, Votre Seigneurie."

 

"De qui s'agit-il ?" Xena s'enfonça dans son divan. Pas ce balourd encore, espéra-t-elle. Cet homme agissait comme si n'avait jamais eu une femme auparavant.

 

"Le devin que vous avez envoyé chercher, Votre Seigneurie."

 

Xena s'assit. Elle n'avait envoyé chercher aucun devin. "Fais moi voir cela." Elle déroula la note, et s'efforça de ne pas sourire. Parfait. "Ce n'est pas trop tôt," dit-elle. "Fais la venir."

 

Le garde réapparut quelques minutes plus tard avec un hôte voilé, qui entra dans la pièce et s'inclina devant la Princesse Guerrière.

 

"Cela sera tout," dit Xena, tapant du pied alors que le crétin de garde prit une éternité pour fermer la porte. Lorsqu'elle entendit le loquet retomber, Xena bougea.

 

Avant que Gabrielle sache ce qui arrivait, elle se retrouva nue sur l'épaisse fourrure devant la cheminée avec Xena agenouillée au-dessus d'elle. Xena défit la ceinture de sa robe pour révéler qu'elle ne portait rien au-dessous, ayant tiré avantage des quelques minutes que le garde avait pris pour aller chercher sa visiteuse pour gagner quelques minutes après son arrivée.

 

Elle s'abaissa vers le scribe, et porta ses dents sur la douce chair du cou de Gabrielle, son corps commençant à bouger doucement mais irrésistiblement. Plus tard il y aurait du temps pour ces baisers sans fin et passionnés que Gabrielle adorait, Xena le promit silencieusement ; pour le moment, elle ne pouvait attendre.

 

"Non." Gabrielle plaça la paume de sa main sur le visage de Xena.

 

"Hein ?"

 

"Xena, non !" La petite femme poussa contre sa poitrine.

 

Xena se recula. Que . . . ? "Que se passe-t-il ?" fit-elle âprement.

 

"Nous devons parler."

 

Juste un instant, Xena songea à sa position. Gabrielle était étendue sous elle, sans défense contre sa force. Elle pouvait simplement prendre ce qu'elle voulait. . .

 

Elle plongea dans les yeux confiants qui la regardaient. Oh, Hadès, à quoi songeait-elle ? Pas avec Gabrielle. Jamais avec Gabrielle. Elle roula de dessus la petite femme et soupira.

 

Gabrielle avait vu les émotions conflictuelles passer sur le visage de Xena, mais ne fit rien. Rien n'avait d'importance à ce moment précis si ce n'est -- "Vas-tu épouser Philippe d'Akkad ?"

 

Xena fixa le plafond. C'était de ça que Gabrielle voulait parler, et maintenant à tout prix ? "Oui," répondit-elle se demandant combien Gabrielle souhaitait discuter au cours de cette visite et combien elle voudrait accorder à d'autres choses. Sans doute cela lui avait manqué à elle aussi . . .

 

Cela ne pouvait pas arriver. Quelle idiote, pensa Gabrielle, croisant ses bras sur sa tête. Elle aurait du savoir que Xena ne -- Ne quoi ? Ne m'aimait pas, admit-elle.

 

Xena plaça sa tête sous son bras replié, ce qui lui donnait une vue imprenable sur le corps délectable de son amante. "Gabrielle, de quoi est-il vraiment question ?" demanda-t-elle.

 

"As-tu été avec lui depuis ton retour ?"

 

"Ouais." Xena roula des yeux. "Et avec son idiot d'attaché."

 

Gabrielle la regarda, incrédule. "Tous les deux ?"

 

"Ouais, la plupart du temps . . . ." Mais où voulait-elle en venir ?

 

"Tu as été au lit avec eux deux ?" demanda Gabrielle sans pouvoir y croire.

 

"Au lit ?" répéta Xena, riant. "Sûrement pas. Ta mère ne t'a-t-elle jamais dit qu'il ne fallait pas acheter une vache lorsque tu pouvais avoir le lait gratuitement ?" Elle sourit. "Je trouve les hommes plus malléables" -- en fait, ce n'était peut-être pas le mot juste, songea-t-elle narquoise -- "lorsqu'ils sont désespérés."

 

"Vas-tu coucher avec lui lorsque vous serez mariés ?"

 

"C'est en général une part du marché," dit Xena. Elle se rapprocha un peu plus prêt de sa compagne, dont la nudité continuait de donner à son propre corps des idées. "Mais il s'agit juste d'un marché. Cela ne nous empêchera pas de nous amuser de notre coté." Elle caressa du doigt le flanc de Gabrielle.

 

"Si, cela nous en empêchera," dit Gabrielle, capturant de la main le doigt fugitif et le rendant à sa propriétaire.

 

"De quoi parles-tu ?"

 

Gabrielle ne pouvait croire que Xena ne le voyait pas. Ne voyait pas de problème du tout, apparemment. Elle serait juste mariée et coucherait avec cet homme chaque nuit, jetant à Gabrielle une miette par-ci par-là, mais eh, ce n'était pas un problème.

 

Ce n'est pas un problème pour elle, reconnut-elle, parce qu'elle n'est pas amoureuse de toi. Gabrielle avait nié pendant tous ces derniers mois, refusant d'examiner les sentiments qu'elle portait à Xena, tachant de se dire de profiter de l'instant, qu'elle aimait la compagnie de Xena et Xena la sienne et que c'était tout ce qui comptait. Le moment d'honnêteté était tout proche, cependant, et une chose était devenue terriblement claire : elle était folle amoureuse de la Princesse Guerrière.

 

"Je ne peux pas . . . être intime avec quelqu'un qui est marié," dit-elle.

 

Xena ravala un gémissement. Dieux, Gabrielle devait-elle être une idéaliste sur tous les sujets ?

 

"Gabrielle, tu n'es pas raisonnable," dit-elle. "Akkad est l'un des territoires les plus grands et les mieux armés dans le Royaume. Il y a eu des rumeurs selon lesquelles ils considéreraient l'option de rompre les liens qui les lient à nous. Cela signifierait la guerre."

 

"Je comprends cela."

 

Xena leva une main en l'air, avant de la laisser tomber sur le sol. "Alors tu comprends à quel point cette alliance est cruciale."

 

Gabrielle acquiesça de nouveau.

 

"Alors . . . ?"

 

Alors, je suis amoureuse de toi, et je ne peux pas supporter de te partager avec quelqu'un d'autre, marché ou pas marché, pensa Gabrielle. "Alors, rien," répondit-elle. "Je ne peux simplement pas accepter cette situation."

 

"Quelle situation exactement ?"

 

"Toi mariée, dormant dans le lit d'un homme."

 

"En fait, il dormira dans mon lit," dit Xena. "Sauf lorsque nous serons à Akkad."

 

"Dieux !" Gabrielle frappa violemment le tapis de ses mains.

 

"Quoi ?"

 

Gabrielle se releva, s'asseyant et fit le tour de la pièce du regard à la recherche des vêtements qu'elle portait à son arrivée. "Rien. Rien du tout. Oublions cela, d'accord ?"

 

Si oublier signifiait aller de l'avant dans cette rencontre, Xena était totalement d'accord. Cependant, à en juger par le fait que Gabrielle était maintenant en train de ramasser ses différents vêtements, les choses ne paraissaient pas prometteuses à ce sujet. "Je ne veux pas oublier cela," dit-elle. "Je veux comprendre ce qui te perturbe."

 

Gabrielle mit sa jupe et ajusta la ceinture. "Je ne peux pas assumer --" Elle chercha un moyen de présenter les choses de sorte que Xena ne se moque pas d'elle. "Je ne peux pas assumer d'être comparée à ce type."

 

Xena éclata de rire. Autant pour cette idée, songea Gabrielle fumante. Elle passa un bras dans la manche de son chemisier.

 

"Gabrielle, je ne vais pas te comparer avec quiconque. Philippe est ennuyeux, et je doute de me souvenir d'aucune rencontre dès la minute qui la suivra."

 

"C'est ce que tu penses, mais tu ne pourras pas t'en empêcher. Tu quitteras mon lit pour aller dans le sien, et je ne suis tout simplement pas de taille."

 

"Oh, tu es de taille, Gabrielle," fit Xena avec un sourire en coin. "Tu es bien avant le peloton."

 

Gabrielle continua de s'habiller, et Xena prit conscience de ce qu'elle allait devoir faire plus, mais elle ne pouvait simplement pas trouver quoi.

 

"Que veux-tu que je fasse, Gabrielle ?" demanda-t-elle, tendant une main vers sa compagne, qui était à présent en train de lacer ses bottines.

 

Gabrielle la regarda. "Rien, Xena," dit-elle tristement. "Tu dois faire ce que tu dois faire." Et moi aussi. Elle se saisit du voile blanc qui complétait son déguisement.

 

"Attends." Xena se leva. "S'il te plaît. Je ne sais pas ce que tu veux. Nous avons parlé de cela. Pour ta sécurité, il vaut mieux que les gens soient au courant à notre sujet."

 

Gabrielle acquiesça, reconnaissant le fait.

 

"Ta vie serait en danger, menacée par mes ennemis, peut-être tes propres alliés -- "

 

"Mes amis ne me feraient jamais de mal."

 

Je n'en serais pas si sûre, pensa Xena. Elle avait connu plus d'amis qui s'étaient retournés les uns contre les autres que ce qu'elle espérait que Gabrielle voit au cours de sa vie. "Ils ne sont pas tous tes amis," dit-elle. "Tu ne connais pas chaque personne mécontente dans cette ville, mais ils te connaîtraient tous." Xena décida de ne pas mentionner les risques potentiels pour sa propre vie si elle était amenée à être considérée comme affaiblie, ce qui serait le cas si elle devait s'allier officiellement avec une personne qui n'offrait pas d'armée, pas de force, pas de main de fer.

 

"Alors qu'allons nous faire ?" Que vas-tu faire, Gabrielle ? Xena n'entendit pas de réponse, et elle tendit une main. "Ne pars pas encore, Gabrielle. Tu m'as manquée."

 

"Toi aussi, tu m'as manquée." Gabrielle ne pouvait pas lever la tète ; trop de choses seraient inscrites sur son visage, elle le savait.

 

"Reste avec moi un moment, Gabrielle. Parle-moi." Raconte-moi tout.

 

Gabrielle fixa le sol un long moment, réfléchissant à tout ce que Xena avait dit. Finalement, elle leva la tète vers elle. "Est-ce vraiment si impersonnel ?"

 

"Ouais."

 

"Pas de sentiments, pas de désir ? Juste comme cocher des éléments sur une liste de courses ?"

 

"C'est vraiment ça." Xena posa ses mains sur les épaules de Gabrielle. "Cela n'occupe pas le moins du monde ton esprit. C'est comme lorsque tu te soulages."

 

Gabrielle se mordilla la lèvre, et finalement fit un signe de tète d'acceptation. "Je suppose que je peux le faire," se dit-elle à elle-même.

 

Xena sourit largement. "Je sais que tu le peux." Ses yeux descendirent vers les lèvres de Gabrielle, se demandant si elle était prête à accepter un baiser.

 

"Mère a vécu chez Francia depuis qu'il est bloqué par sa jambe cassée," dit Gabrielle. "Après la semaine prochaine, je serai là-bas avec elle."

 

"Tu déménages ?" demanda Xena, perdue. Pourquoi ferait-elle cela, alors qu'elles auraient enfin la demeure du scribe pour elles ?

 

Gabrielle acquiesça. "Francia a offert de garder Mère après qu'il sera rétabli."

 

Xena serra les lèvres. apparemment, le scribe ne comprenait pas tout à fait le concept : Mère partie, lit libre. "C'est bien, Gabrielle, mais il y aura difficilement assez de place pour vous deux dans cette chambre d'amis. De plus, -- "

 

"Je ne resterais pas dans la chambre d'amis," dit Gabrielle, apparemment captivée par la contemplation de ses ongles. "Je . . . Francia veut une compagne."

 

"Une compagne ?" Xena retira ses mains.

 

"Pour lui."

 

"Quel type de compagne ?"

 

Gabrielle eut un sourire en coin. "Oh, bons dieux, pour jouer aux dames, je pense."

 

Son auditoire n'était pas amusé. "Gabrielle, si c'est--" La blonde releva la tète, et Xena fut surprise par son regard. Elle ne pouvait pas être sérieuse à ce sujet.

 

"J'ai dit non à Francia la semaine dernière," dit Gabrielle, "mais si tu as raison à ce sujet, je peux séparer l'acte de l'émotion." Elle soupira. "Je devais finir par apprendre à devenir réaliste de toute façon."

 

Xena ne s'était pas préparée à un tel développement. "Je pensais que tu avais dit qu'il avait deux fois ton âge."

 

"Ouais," acquiesça Gabrielle. "C'est pourquoi nous ne nous marierons pas."

 

"Pardon ?"

 

"Francia pense qu'il serait inconvenant pour lui d'épouser quelqu'un de mon âge."

 

"Et il est plus convenable de juste--" Xena se souvint qu'elles parlaient ici de Gabrielle "... d'avoir une liaison avec elle ?"

 

Gabrielle haussa les épaules. "Il s'inquiète du fait que certains de ses amis penseraient que je ne m'intéresse qu'à son argent si je l'épouse."

 

"Tu ne t'intéresses qu'à son argent."

 

"Eh bien, oui, mais ils ne le savent pas."

 

"Il veut un trophée à exhiber."

 

"Je m'en moque." Le scribe alla jusqu'à la table des rafraîchissements et se servit un peu d'eau. "Il s'est engagé envers moi, et je crois qu'il tiendra sa parole."

 

Xena prit une longue et relaxante respiration. "Gabrielle, il gardera probablement ta mère avec lui lorsqu'il sera de nouveau sur ses pieds de toute façon. Il aura pris l'habitude d'être servi. C'est difficile de faire marche arrière. Je le sais"

 

"Et puis alors ?" demanda Gabrielle, levant les mains. "Ma mère n'est pas une jeune femme. Tu sais que je ne gagne pas d'argent; qui s'occupera d'elle plus tard ? Elle aura besoin d'une place où vivre, de l'argent pour les soins médicaux, de quoi vivre--"

 

"Je t'achèterai une maison," interrompit Xena. "Deux maisons. Et pourvoirai à ses besoins et à ses soins."

 

Gabrielle secoua la tête. "Je ne peux pas compter là-dessus. Qui sait où tu seras dans un an ?"

 

"Oh, merci," dit Xena. "Penses-tu que je vais réussir à atteindre mon lit ce soir ?"

 

"Je ne veux pas dire que tu seras morte ou autre. Je veux dire qui sait où nous en serons ? Nous pourrions très bien ne plus nous voir du tout à ce moment là.

 

Mais par Hadès d'où venait cette idée ? "Et pourquoi ne nous verrions-nous plus ?" demanda Xena.

 

"Nous aurons d'autres pressions, d'autres engagements. Nous serons toutes deux mariées ou vivant avec quelqu'un d'autre à ce moment là. Tu pourras t'être lassée de moi. . . " Avant que Xena ait pu objecter, elle ajouta "Je ne veux vraiment pas vivre à tes crochets de toute façon, Xena."

 

"Gabrielle, retirer de mes coffres de quoi subvenir à tes besoins et à ceux de ta mère pour toute votre vie ne se verrait même pas. Toi mieux que quiconque tu devrais le savoir."

 

"Je ne prendrai pas d'argent de toi," répéta le scribe.

 

Xena agita les mains. "Pourquoi pas ?" C'était absurde.

 

"C'est une question de fierté. Tu peux comprendre cela."

 

"Donc à la place tu vas aller gagner cet argent en t'allongeant pour ce clown de Francia ? Sa petite concubine rien qu'à lui ?"

 

"Ce ne sera pas juste ca," fit Gabrielle d'un ton pincé. "Ma mère et moi nous occuperons de sa maison, et il est possible qu'il me laisse l'aider dans son travail."

 

"Et tu iras au lit avec lui."

 

"Oui."

 

Xena croisa les bras. "Je ne le permettrais pas."

 

Il y eut un silence, puis, "Je vais faire comme si tu ne pensais pas cela."

 

"Tu ne te prostitueras pas pour un salaud à trois dinars alors que ce n'est pas nécessaire." Xena fonça vers un petit coffre et en tira une bourse importante. "Voilà plus que nécessaire pour vos besoins. Prends-la."

 

Gabrielle secoua la tête.

 

Xena lança la bourse à travers la pièce et alla à grandes enjambées vers la fenêtre. "Je vais l'égorger, Gabrielle", dit-elle.

 

"Pourquoi ?"

 

"Pourquoi ? Parce qu'il ne posera pas ses mains sur toi." Xena repoussa la tenture sur le coté.

 

"Tu n'as aucun droit sur moi."

 

"J'ai des droits sur quiconque à l'intérieur de mon royaume."

 

"Oh, bien, du moment que je sais à qui j'appartiens," dit Gabrielle, rageuse. "Je suppose que je peux me coucher sous la Conquérante et fixer le plafond aussi facilement qu'avec Francia."

 

Xena se cramponna au rebord de la fenêtre. Elle ne voulait pas se disputer. Elle voulait juste s'asseoir sur le canapé avec Gabrielle dans ses bras. Elle se souvint d'une nuit pluvieuse passée pelotonnée contre Gabrielle, ne faisant rien d'autre que la tenir alors qu'elle dormait, et ressentant une impression de paix qu'elle avait cru depuis longtemps disparue. Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être simplement comme cela de nouveau ? "Ne fais pas cela, Gabrielle."

 

"Pourquoi pas ? C'est juste un marché."

 

Entendant ses propres mots lui revenir en pleine figure, Xena soupira. "Tu ne peux pas nous comparer, Gabrielle. J'utilise mon corps depuis des années pour obtenir les choses que je veux. Pas toi."

 

"Je m'y habituerai. Cela n'a pas de signification, n'est-ce pas ? J'ai pris ma décision, Xena ; je vais accepter l'offre de Francia."

 

"Non, tu ne le feras pas," dit Xena. Si Gabrielle pensait qu'elle blaguait en parlant de faire tuer cet homme, elle se trompait gravement. Il ne passerait pas vivant le pas de sa porte ce soir.

 

Gabrielle étudia le dos de son amante un moment, puis dit calmement, "Xena, je veux que tu m'imagines au lit avec Francia."

 

Par Hadès que pensait-elle qu'elle avait fait au cours des dix dernières minutes ? Une autre vision d'un cochon suant au-dessus de Gabrielle, grognant et haletant, s'immisça dans l'esprit de Xena, et elle resserra sa prise sur les lames de bois.

 

"Pense à moi couchée là-bas, sous lui," continua Gabrielle. "Je n'y prends pas plaisir, je ne l'aime pas, je suis juste couchée là pendant qu'il fait ce qu'il veut. Je fais cela seulement parce qu'il va prendre soin de ma mère."

 

Elle voulait que la voix de Gabrielle, et les images écoeurantes qu'elle conjurait, s'arrête.

 

"Cela est-il sans signification pour toi, Xena ?"

 

Elle secoua la tête.

 

"Cela sera-t-il sans signification pour moi lorsque tu seras couchée sous ton mari ?"

 

Xena ferma les yeux. "Je n'ai pas le choix, Gabrielle. Je dois faire ce que je pense être le mieux. J'ai voué ma vie à créer et maintenir ce royaume. C'est la seule chose qui importe. Ne me demande pas de choisir entre vous."

 

"Je t'aime, Xena."

 

Ne fais pas ça. "Je ne peux pas changer qui je suis, Gabrielle."

 

"Je le sais," dit Gabrielle. "Mais qui es-tu, Xena ?"

 

La Conquérante regarda au dehors les milliers de faibles lumières, torches, feux et la lune, toutes se fondant pour rayonner d'une pâle lueur sur Corinthe. Sa Ville. Le capitole, le siège du gouvernement et du commerce pour les milliers de lieux sous sa domination. Toutes les batailles, toutes les tueries, tous les sacrifices de sa vie avaient tendu vers une fin, qui était là, étendue devant elle aussi loin que son oeil puisse voir.

 

Derrière elle, Xena le savait, elle ne verrait pas les symboles de son règne, ni le ciel étoilé recouvrant les terres qu'elle dirigeait. Elle verrait une femme aux cheveux blonds et yeux verts qui attendait que Xena la place au-dessus de tout ce qu'elle avait convoité pendant tant d'années.

 

Le silence s'épaissit alors que Xena fixait la nuit.

 

*****

 

"Hé, ne fais pas la tête, Gabrielle -- souviens-toi toujours que les choses ne peuvent pas empirer," blagua Timmor.

 

Gabrielle porta ses mains à son front et se massa les tempes.

 

"C'est seulement le jour de proclamation, tu sais, pas--"

 

"Je sais quel jour nous sommes." Le jour où Xena annoncerait son alliance avec Akkad. La fin de la vie de Gabrielle telle qu'elle la connaissait.

 

"Tu te sens bien ?" Hécube prit la main de sa fille.

 

"Je . . . ." Gabrielle avala, mais sa gorge était de plus en plus serrée. Elle devait lui dire. "Mère . . . ."

 

"Hé, les amis !"

 

"Evan !" Les hommes serrèrent l'avant-bras du nouveau venu. "Ca fait longtemps qu'on ne t'a pas vu. Tu vas sur la place ?"

 

"Oh, ouais. Je détesterais manquer son annonce d'une règle que je vais transgresser."

 

"Pas de règle," dit Timmor. "Elle va annoncer son mariage."

 

"Mariage ? Tu te moques. Qui voudrait d'elle ?" Les hommes réfléchirent à cela pendant une minute. "Je veux dire qui en voudrait pour femme," dit Evan, et ils rirent.

 

"Quelqu'un qui ne l'aurait jamais rencontrée auparavant," dit Raubert, alors que le groupe accélérait son pas vers l'arène.

 

"Ouais," acquiesça Marcas. "Si je la voyais là, assise sur une bûche, et ne savais pas qui elle était, je pourrais envisager de passer quelques heures en sa compagnie."

 

"Si je la voyais et ne savais pas qui elle était, elle serait assise sur une bûche," dit Timmor crûment.

 

Les hommes rirent de nouveau et Gabrielle serra les dents, mais leur vulgarité lui donna une bonne excuse pour suggérer que sa mère et elle les laissent aller devant. Elle lança un regard désapprobateur à Raubert, puis ralentit pour marcher à coté de la vieille femme.

 

Ils arrivèrent à temps pour obtenir une place debout au pied de l'estrade. "Gabrielle, par ici !" Marcas lui fit signe de les rejoindre. "Où es ta mère ?"

 

"Quoi ? Oh." Gabrielle secoua la tête. "Elle a fait demi-tour."

 

"Fait demi-tour ? Que se passe-t-il ?"

 

"Je lui ai dit . . . ."

 

"Lui as dit quoi ?"

 

Les yeux de Gabrielle étaient remplis de larmes, et elle avala péniblement. Tu n'es pas ma fille. Les mots, rejoués dans sa tête une douzaine de fois maintenant, avaient eu le même effet qu'un coup de poing dans son ventre.

 

Elle s'appuya contre l'estrade, manquant de noter le soldat de la garde avancée de Xena jusqu'au moment où son pied botté atterrit sur le coté de son crâne. "Hors de l'estrade !" aboya-t-il.

 

Elle porta la main à sa tête, luttant contre de nouveaux pleurs.

 

"Veux-tu parler ?" demanda Raubert.

 

Gabrielle secoua la tête. Elle devrait, elle le savait, mais elle était trop près de l'effondrement, elle ne pourrait pas y arriver.

 

Les trompettes sonnèrent, et le léger bourdonnement de la conversation subsista alors que l'assemblée attendait l'entrée de son chef.

 

"Dieux . . . ." murmura Timmor d'un ton appréciateur. Pourquoi une harpie aussi corrompue devait-elle être si incroyablement belle ?

 

C'était vrai. Le coeur de Gabrielle débordait à la vue de la Princesse Guerrière vêtue de chatoyantes robes où le bleu, le pourpre et le blanc étaient mêlés en un effet impressionnant.

 

"Peuple de Corinthe," cria Xena, "aujourd'hui est le début d'une nouvelle ère." Elle marqua une pause afin de permettre que ses mots soient redits dans la foule par des crieurs stratégiquement placés, et fit un mouvement vers un homme barbu se tenant derrière elle qui portait la longue robe pourpre foncé des rois.

 

Leur proximité donna à Gabrielle sa première vision de l'homme. Il n'était pas très grand, vraiment, ni athlétique, et il n'y avait pas grand chose à voir, dans son visage, à par cette barbe en bataille. Peut-être que Xena avait eu raison, pensa-t-elle, il n'avait pas l'air d'être un adversaire dangereux.

 

"Nous avons conclu un partenariat intéressant avec notre riche et puissant allié du Sud." Xena donna de nouveau quelques secondes à ses crieurs pour qu'ils la rattrapent. "Le Royaume a conclu ce jour un pacte de défense mutuel avec le bon peuple d'Akkad. Nous avons promis de venir au secours des Akkadiens pour les protéger et eux pour nous." Elle serra la main de Philippe et la leva au-dessus de leurs têtes. "Akkad reste une partie bienvenue et appréciée du Royaume." Elle fit de nouveau une pause, cette fois pour que la foule puisse applaudir.

 

Ennaus attendait, les bras croisés, le reste de la proclamation. Les relations avec Akkad étaient devenues une farce. Quel était l'intérêt de soudain offrir concession après concession à ce petit crapaud alors que les territoires allaient être unifiés de toute façon ?

 

Du coin de l'oeil, Xena repéra le scribe se tenant près de l'estrade, et fit une demande silencieuse. Gabrielle acquiesça, et Xena sourit.

 

"J'ai une deuxième annonce," cria Xena.

 

"Une deuxième annonce ? Mais quelle était la première ?" murmura Raubert. "Qu'en est-il du mariage ?" Les autres répondirent à sa question avec un haussement d'épaules, sauf Gabrielle dont le regard était fixé sur la Princesse Guerrière.

 

Le silence se fit dans l'arène alors que Xena semblait hésiter.

 

Ennaus la regarda d'un oeil soupçonneux. Qu'était elle en train de faire ?

 

Qu'y avait-il ? Le coeur de Gabrielle se mit à battre la chamade. Elles avaient répété ce discours plusieurs fois ; Xena ne pouvait l'avoir oublié ?

 

"J'en suis venue à réaliser qu'il y a des gens qui souhaitent avoir plus d'information et d'influence sur le travail de leurs dirigeants," dit Xena, et Gabrielle reprit sa respiration. "Avec ceci, j'ai appris bien d'autres choses."

 

Xena fit une pause pour laisser les crieurs faire leur travail, et Gabrielle fronça les sourcils. Ce n'étaient pas les mots qu'elles avaient écrits.

 

"J'ai appris à reconnaître la valeur de ceux que j'aurais abattus pour avoir parlé, à apprécier la force de ceux que j'aurais crus faibles, et... à aimer ceux dont je me serais détournée."

 

Gabrielle porta une main à sa bouche. Dieux.

 

"De ce jour, " Xena revint au texte préparé, "personne dans le Royaume ne sera puni pour simplement avoir dit son opinion." Elle attendit, mais, comme un seul homme, les crieurs restèrent sans voix, leurs bouches grandes ouvertes. Elle lança un regard appuyé au plus proche d'elle, et il se dépêcha de transmettre son message à ceux derrière lui. "Un comité des citoyens, constitué de trois personnes élues par le peuple ; sera invité au château une fois par mois pour faire part des préoccupations publiques. Toutes les lois du Royaume vont être reconsidérées."

 

Xena fit une nouvelle pause. Presque terminé. Elle aurait préféré faire face à une douzaine de cyclopes plutôt que de revivre cette expérience, à part pour ce qui allait arriver.

 

Ennaus était pétrifié, fixant Xena. Mais que faisait-elle ? La Princesse pensait-elle bêtement que cela renforcerait d'une quelconque manière sa domination ? Une grossière erreur de calcul. Pourquoi ne l'avait-elle pas consulté ?

 

"C'est incroyable," haleta Marcas.

 

"Nous allons nous embarquer dans cette nouvelle vie ensemble," cria Xena. "Vous" -- elle fit un signe vers la foule -- "moi" -- elle plaça une main sur sa poitrine -- "et la femme qui m'a appris ces choses." Avançant à grands pas vers le bord de l'estrade, elle tendit une main. Gabrielle plaça sa petite main dans la paume de Xena et lui permit de la faire monter sur l'estrade. "Gabrielle de Potedaia."

 

Gabrielle regarda nerveusement la masse humaine pressée dans l'arène, un silence d'outre-tombe régnant sur elle le temps que le choc des annonces de Xena passe. Xena plaça une main sur son épaule, la pressant gentiment pour rassurer son amante. A peu près au même instant, la foule se mit à hurler, exprimant son approbation de la proclamation de la Conquérante. Gabrielle jeta un oeil vers ses compagnons, mais ils avaient tous disparus.

 

*****

 

Quatre femmes entrèrent dans la très animée rue du marché, les deux jeunes blondes allant directement vers l'étal de fruits exotiques, sans pour autant que leur conversation incessante semble devoir s'interrompre un seul moment, pendant que les plus âgées traversaient pour aller vers la marchande d'épices. Un garde à l'allure insouciante se promenait à une certaine distance derrière, prenant soin de rester hors portée de voix.

 

"Et de la cannelle je crois," dit Tova.

 

"Vraiment ? C'est nouveau."

 

"L'amie de la Conquérante aime bien."

 

"Humpf."

 

Melba se raidit légèrement au ton de la femme, souhaitant, et ce n'était pas la première fois, qu'une autre marchande d'épices s'installe sur le marché. "La cannelle," indiqua-t-elle.

 

"A quoi bon ?" Kohra se baissa pour sortir un petit sachet de dessous son comptoir. "Combien de temps penses-tu qu'il faudra avant que la Conquérante soit fatiguée de la putain ?" dit-elle bien haut.

 

"Surveille tes paroles," dit Melba.

 

La marchande se remit sur pied et rejeta la remarque d'un signe de la main. "Pfff. Comme si vous n'aviez pas raconté les mêmes choses." Elle chercha un appui de ses dites auprès des occupants de l'étal voisin, qui acquiescèrent avec enthousiasme. "Elle réchauffe le lit de la Conquérante, non ?"

 

En tant que servante personnelle de Gabrielle -- "compagne," avait insisté Gabrielle -- Melba était bien au courant du fait que les deux femmes partageaient le même lit. Et par les éventuelles marques qu'elle avait pu voir sur le corps de sa maîtresse, ainsi que de son expérience personnelle d'être humain, Melba savait ce qu'elles faisaient dans ce lit. Ceci était vrai ; l'implication de la marchande selon laquelle c'était tout ce que Gabrielle représentait pour la Conquérante ne l'était pas.

 

"J'ai entendu tout ce qu'il y avait à dire à ce sujet," continua Khora. "La fille s'est insinuée dans les bonnes grâces de nos jeunes hommes, puis les a dénoncés."

 

"Ce n'est pas vrai."

 

Melba fit volte-face en entendant le murmure de protestation, son coeur se brisant à la vue des larmes dans les yeux de Gabrielle. Elle ne les avait pas entendues approcher. "Petite--"

 

"C'est une information que j'ai eue de première main," insista Khora, se demandant vaguement qui était cette jolie nouvelle servante du palais. "'Sûr, j'ai toujours dit que ces garçons étaient fous. Ils n'avaient aucune chance contre Xena. Trop naïfs. Ils auraient du soupçonner la fille depuis le début."

 

Le scribe secoua la tête, incapable de parler.

 

"Bons dieux, sa propre mère n'en veut plus."

 

Gabrielle fit demi-tour et s'enfuit.

 

Tiron vit celle sur laquelle il avait charge de veiller s'enfuir en courant du marché comme si Arès lui-même était à ses trousses, et il s'étrangla avec la banane qu'il était en train de déguster, crachant le reste alors qu'il s'élançait derrière elle.

 

"Pauvre imbécile !" lança Melba. Elle replaça les épices sur le comptoir et saisit le bras de Tova. Elles se débrouilleraient sans plutôt que d'acheter quoique ce soit à une telle créature.

 

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