RESISTANCE
(pinkrabbit@altfic.com)
Traduction : Cat
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Partie 3B
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"Deux invités supplémentaires ; oui, votre Seigneurie, cela ne posera pas de problème," dit l'apprenti cuisinier. Elle se mordilla la lèvre, se demandant si elle devait mentionner le changement, et ensuite se demanda ce qui lui arriverait si elle ne le faisait pas. La Conquérante semblait toujours tout remarquer. "Il y a eu un léger changement dans le menu de ce soir, votre Seigneurie," dit-elle.
"Pourquoi ?"
"Hum, je crois que nous manquons de poivre, votre Seigneurie."
"Le menu a été décidé voici plus d'une semaine," dit Xena. Elle ne se souciait pas spécialement de ce qui serait servi aux quelques dignitaires peu importants qui se joindraient à eux pour dîner le soir, mais l'incompétence était inexcusable dans tous les cas."
"Oui, votre Seigneurie."
Xena leva les mains. "Alors ?"
"Je . . . ne sais pas, votre Seigneurie. Une erreur d'estimation, peut-être. Cela n'était jamais arrivé avant."
La fille -- Betta se souvint Xena -- commençait à transpirer. Que se passait-il exactement ? "Envoyez-moi Tova."
"Votre Seigneurie," dit Esor après que la jeune femme fut partie. "Si je puis me permettre . . . ."
"Oui ?"
"J'ai entendu qu'il y avait eu un incident au marché ce matin. Il pourrait y avoir une relation."
"Quelle sorte d'incident ?"
"Je ne sais pas. Tiron ne l'a pas dit."
"Tiron ? C'est le garde de Gabrielle."
"Oui, Princesse."
Xena se leva lentement de son trône. "Gabrielle était au marché aujourd'hui ?"
"Oui."
"Et il y a eu un incident ?"
"Oui."
"A-t-elle été blessée ?"
"Pas à ma connaissance, votre Seigneurie." Esor commençait à regretter son intervention ; la rage visible sur le visage de la Conquérante était intimidante, même si elle n'était pas dirigée contre lui. "Mais elle était... perturbée, je crois."
La lèvre de Xena se retroussa. "Je veux Tova et Tiron ici maintenant," commanda-t-elle. "Et quiconque était là bas."
*****
Gabrielle versa plus de vin à leurs invités. "Je suis désolée," répéta-t-elle. "Xena est habituellement très ponctuelle. Je suis sûre qu'elle sera là d'une minute à l'autre." Elle sourit de nouveau. En ce qui concernait les invités, Belthor était l'un de ceux que Gabrielle préférait. Grand-père d'apparence, si ce n'est de tempérament -- la suggestion plutôt crue qu'il lui avait faite tout à l'heure revint à l'esprit de Gabrielle -- il était charmant, sympathique, et ses joues ne demandaient qu'à être pincées.
"Il n'y a pas de mal," dit-il. "De ce que j'ai entendu, il serait peut-être mieux de venir demain de toute façon." Il lui fit un clin d'oeil et la jeune femme prit un air confus.
"Qu'avez vous entendu ?"
"Juste que Xena est devenue folle furieuse au marché cette après-midi." Les trois signes de tête de ses compagnons confirmèrent ses dires.
Le sourire de Gabrielle s'effaça. "Au marché ?"
"Ouaip. Elle a détruit quelques stands. Lorsque nous sommes passés, ils étaient encore en train de ramasser les morceaux." Il hocha la tête d'un air admiratif pour la méticulosité de la Conquérante ; l'endroit semblait avoir été dévasté par un ouragan. "Sais-tu de quoi il s'agissait ?"
Gabrielle ferma les yeux. "Je pense savoir, oui."
Les portes s'ouvrirent brusquement devant la Princesse Guerrière, une silhouette imposante revêtue de cuir noir et d'une cape. Sans préambule, elle dit "Belthor, ne t'offense pas, mais je n'ai pas la tête à discuter ce soir."
"Il n'y a pas d'offense, Princesse. Je pensais justement la même chose." Il lança un autre clin d'oeil à Gabrielle. Quel beau brin de fille, pensa-t-il. Je pourrais demander à Xena si elle est déjà prise...
Xena traversa la pièce et déposa familièrement un baiser sur les lèvres du scribe.
Oups. N'y pensons plus. Belthor et les siens sortirent, sans que les deux femmes ne s'en aperçoivent.
"Je suppose que tu en as entendu parler."
Xena acquiesça.
"Ce n'était rien, honnêtement."
"Gabrielle." Xena plaça ses mains sur les épaules de sa compagne. "Il n'y arien que je puisse faire contre les gens haineux. Je donnerais n'importe quoi pour te les épargner mais ils sont devenus une part de ta vie lorsque tu es devenue une part de la mienne."
"Ce n'est pas ta --"
"Arrête," l'interrompit Xena. "Mais je peux faire quelque chose au sujet de ce qu'ils disent. Lorsque quelqu'un suggère que tu n'es pas la personne la plus importante de ma vie, que je te veux simplement parce que tu es incroyable au lit -- "
Gabrielle se mit à rire.
"--et je pèse mes mots en disant incroyable," murmura Xena, se penchant pour lui mordiller l'oreille, "alors je peux faire quelque chose à ce sujet."
"Ouais, détruire leurs échoppes, apparemment."
"Je veux dire pour prévenir cela." Elle prit les mains de Gabrielle. "Epouse-moi."
Gabrielle passa les bras autour du cou de Xena et enfonça son visage contre la poitrine de la grande femme. "Je savais qu'il y avait une raison pour laquelle je t'aimais," dit-elle après un long silence.
"Te souviens-tu de ce dont il s'agit ?" grimaça Xena.
"Non, pas là maintenant. Ce genre de chose à tendance à m'échapper." Xena pouvait sentir le sourire de Gabrielle contre sa peau.
"Gabrielle, tu sais qu'il n'y a pas une seule chose que j'aime en toi," dit-elle solennellement.
Gabrielle leva la tête vers elle.
"Il y en a deux." Xena saisit les seins du scribe.
"Maniaque sexuelle."
"Oh, donc tu te souviens à présent."
"Cela me revient." Gabrielle plaça un doux baiser dans la vallée entre les seins de Xena.
*****
Xena ne savait pas combien Melba était payée, mais après cette soirée, cela serait doublé. Gabrielle était tout simplement époustouflante dans sa robe verte qui faisait ressortir ses formes et le blond rutilant de ses cheveux.
Elle suivit des yeux les mouvements du scribe. La façon dont la robe bougeait avec ses hanches . . . . Dieux. Xena se demanda si Gabrielle considérerait de mauvais goût que Xena la prenne sur l'autel avant que la cérémonie ne commence. Ouais, sans doute, même si cela n'était que la cérémonie d'union privée qui précédait celle hautement publique qui aurait lieu la semaine suivante au colisée.
Elle jeta un oeil sceptique à son propre accoutrement. Même lavés avec le plus grand soin, huilés et brillants, ses vêtements de cuir et son armure n'étaient simplement pas a la hauteur de cela. Peut-être aurait-elle dû --
"Tu es superbe," dit Gabrielle. "Tu es plus belle de jour en jour."
Xena ouvrit puis referma sa bouche, cherchant désespérément à dire la même chose ou mieux à Gabrielle, mais étant incapable de trouver les mots.
"Merci." Gabrielle sourit d'un air compréhensif. "Oh, et avant que je n'oublie, j'ai invité tout le monde chez nous pour faire la fête toute la nuit," dit-elle.
Xena s'immobilisa. "Hein ?"
"J'ai pensé que cela te plairait ; plusieurs de tes commandants de régions sont déjà arrivés en ville pour la cérémonie, et ces marchands d'armes d'Alturis sont encore là, donc je les ai invités, et --" Gabrielle s'arrêta en voyant l'air désespéré qu'arborait son amante. "Et je blague," termina-t-elle.
Xena tourna sa langue dans sa bouche avant de se pencher pour murmurer à l'oreille de Gabrielle un seul mot, "vengeance." Les yeux de Gabrielle s'ouvrirent tout grand tandis qu'elle imaginait plusieurs scénarios, tous plus attirants les uns que les autres.
Les yeux de Xena parcoururent le petit groupe. "Ta mère ?"
Gabrielle secoua la tête. "Elle ne se sent pas bien."
"Veux-tu que nous remettions la cérémonie ?"
"Non," dit Gabrielle. "Je ne pense pas qu'elle se sentira bien avant quelque temps."
"Je vois. Et tes amis ?"
"Pas biens non plus." Gabrielle esquissa un sourire. "Je pense qu'il y a un virus en ce moment."
Xena acquiesça. Elle savait ce que c'était de ne pas avoir d'amis, mais la différence était que la Princesse Guerrière n'avait jamais eu d'amis à perdre, et ne s'en était jamais préoccupée. C'était beaucoup plus dur pour Gabrielle.
Le prêtre plaça ses mains sur le dais. "Etes vous prêtes ?" Il prit une large respiration, et se prépara à célébrer les rites sacrés du mariage pour un dictateur sans merci dont la réaction à une simple erreur serait probablement rapide et fatale. Il devrait se rappeler d'avoir une conversation avec le dieu qui l'avait honoré en le plaçant en charge du temple au moment où les gardes de la Conquérante étaient venus chercher un prêtre.
"Oui," dit Xena.
Melba renifla, essuyant ses yeux avec un petit mouchoir. Plus tard ce soir là, elle saisit la main tremblante du ministre du culte -- "donnez-moi ca" -- et lui prit sa plume. Elle la trempa dans l'encre fraîche et inscrivit en lettres claires et précises, "Au solstice d'été de la cinquième année du règne de Xena, Gabrielle de Potedaia et Xena d'Amphipolis se sont unies en présence de Melba de Corinthe, Achias d'Athènes et Ennaus de Belzar." Elle essuya une larme sous son doigt.
*****
"Xena m'a demandé de vous amener ici, Princesse." Tiron s'inclina pour indiquer qu'il ne se joindrait pas à elle
Le scribe fit une grimace amusée. Je me demande si Xena est là-dedans avec une surprise . . . . La Conquérante aimait de temps en temps vivre à la mesure de son titre dans les lieux les plus inattendus. "Merci, Tiron," dit-elle. "Hum . . ., " continua-t-elle en rougissant, "si Xena est là-dedans, il n'est sans doute pas utile que tu restes . . . ." Tiron acquiesça, se congratulant intérieurement de maintenir l'expression digne qui correspondait à la position de garde de la nouvelle Princesse.
Gabrielle passa la porte et fut étonnée de voir une figure familière assise au centre de la pièce. "Maman !" Elle courut vers la vieille femme et lui saisit les mains, qui se retirèrent à son toucher. "Tu vas bien ?"
"J'ai été amenée ici contre ma volonté," dit Hécube.
Gabrielle soupira. "Je suis désolée." Elle se redressa, un sourire triste aux lèvres. "Une idée de Xena cherchant à aider."
"Je n'en attendais pas moins de cette créature."
"Ce n'est pas une créature," dit Gabrielle. "Si tu la connaissais --"
"Je la connais. Chaque jour depuis cinq ans je la connais, depuis qu'elle a tué mon mari. Ton père. Et ta soeur."
Comment Gabrielle pouvait-elle expliquer qu'il ne s'agissait pas de la même Xena ? Elle le savait en son coeur. "J'aimais papa," commença-t-elle, "et Lila --"
"Je croyais cela avant. Plus maintenant."
"Oh, dieux." Gabrielle serra ses bras autour de sa poitrine. "Comment peux-tu dire cela ?"
"Tu as épousé la femme qui les as tués," dit Hécube, d'un air dégoûté. "Tu parles pour elle. Tu l'as choisie plutôt que ta famille."
"Elle fait partie de ma famille aussi à présent. Maman, s'il te plaît, je n'en peux plus." Gabrielle se mit à pleurer. "S'il te plaît ne me quitte pas. Pas quand je viens juste de te retrouver."
"Elle m'a retrouvée, veux-tu dire. Xena, la Conquérante, ma nouvelle propriétaire. Qu'étais-je, un paiement pour tes services ? Tu me rends si fière."
"Ce n'était pas ainsi."
Hécube se leva. "Suis-je libre de m'en aller ?"
"Bien sûr." Gabrielle acquiesça tristement. "Mais s'il te plaît ne le fais pas."
Tiron ouvrit la porte sur laquelle quelqu'un tambourinait de manière insistance, tout étonné de voir sortir la vieille femme. "Princesse ?"
"Emmène-la où elle veut," dit Gabrielle d'une voix rauque. Tiron la regarda d'un air incertain ; la Princesse se tenait toute voûtée, le dos tourné . . . . Peut-être devrait-il aller chercher Melba.
Tiron prit le premier tournant, la vieille femme à son bras, et tomba pile devant la Princesse Guerrière. Voyant Gabrielle partir rapidement de l'autre coté du hall, manifestement en pleurs, Xena fit signe au garde de s'éloigner.
"Ecoutez, vous pouvez me haïr tout le reste de votre vie. Cela ne me gêne pas," dit-elle. "Vous n'avez pas à m'aimer ou même à me tolérer. Mais Gabrielle est votre fille, la petite fille que vous avez élevée pour qu'elle devienne une belle et compatissante jeune femme. Pensez à ce que vous êtes en train de lui faire."
Elle s'éloigna, marquant une pause alors qu'elle passait devant le garde. "J'ai entendu dire que l'épaule de la vieille femme lui faisait mal," dit-elle, reconnaissante à Achias de lui avoir fourni ce renseignement. "Fais en sorte que les guérisseurs voient cela puis laisse la partir."
*****
Xena croisa les jambes, et Gabrielle lui jeta discrètement un regard. Il semblait que la Conquérante ne soit que peu intéressée par ce sujet de conversation. Ennaus tapota sa plume, ennuyé que Xena ait ne serait-ce que daigné accepter que cet homme donne son avis. Il lança un regard meurtrier à la petite femme blonde qui se tenait tout à coté de Xena ? Il soupçonnait connaître la responsable de cette perte de temps.
"Nous comprenons que cette région est aride," reconnut Winton. "Mais nous croyons que nous pourrons y construire quelque chose. Cela augmentera la valeur de certaines parties inutilisées du Royaume." Il leva la tête alors que la jeune femme lui servait un autre verre d'eau avec un sourire encourageant.
"Cela réduirait les ressources du Royaume," dit Ennaus.
Le vieil homme secoua la tête. "Nous ne demandons pas -- "
"Si cette région était colonisée, des soldats du Royaume devraient quitter les frontières pour surveiller leurs activités," dit Ennaus, cette fois à Xena. "La région Ouest est vulnérable à une attaque par voie de terre. C'est suffisamment difficile de maintenir notre frontière là-bas."
"C'est vrai," reconnut Xena.
"Winton, est-ce que certains de vos hommes seraient d'accord pour devenir membres de la garde ?"
Ennaus rougit à la question de la Princesse. Elle avait ainsi fait connaître sa position à Xena, une tentative évidente d'influencer la décision.
"Oui, oui, ca peut se faire," les assura Winton.
"Une grande colonie représenterait un espace supplémentaire entre la frontière et la Grèce, non ?" demanda Gabrielle.
"Et des problèmes supplémentaires," contra Ennaus.
Xena considéra le vieux demandeur, un doigt posé sur ses lèvres. "Cinquante hommes, trois années de service chacun ; et encore cinquante après," dit-elle. "Des gages honnêtes, une pension, et des visites annuelles à la maison."
"Oh, oui, cela serait tout à fait satisfaisant," dit Winton avec enthousiasme.
"Votre Seigneurie --" commença Ennaus.
"Ecris le," dit Xena.
Une heure plus tard, Gabrielle escortait le vieil homme reconnaissant dans le couloir. "Merci," dit-il, portant sa main à ses lèvres.
"Remercie Xena," dit Gabrielle. "C'était sa décision."
Il croisa son regard. "Si vous le dites, Princesse."
Elle fit un dernier salut de la main à cet heureux citoyen et reprit la direction du hall. A l'entrée de leurs quartiers, trois hommes se tenaient à coté d'Esor, et les yeux de Gabrielle s'allumèrent.
"Raubert !" Elle posa la main sur le bras de son ami. "Salut, Timmor." Elle ne connaissait pas le troisième homme qui était là avec eux. Ils ne répondirent pas, et elle retira sa main. "Etes-vous là pour voir Xena ?"
"Nous sommes le comité des citoyens," dit Raubert.
"Vraiment ?" Elle lui fit un grand sourire. "C'est merveilleux."
Timmor s'adressa au garde. "S'il te plaît annonce notre présence à la Conquérante."
"Hum . . .," Gabrielle tendit timidement la main vers lui. "Comment va Celice ?"
"Nous sommes ici pour voir la Conquérante," dit Timmor, "pas sa putain."
Gabrielle recula, et les hommes passèrent devant elle en rentrant dans la pièce.
"Le comité des citoyens," annonça Esor à sa reine. Il mena les hommes vers un long divan et leur indiqua qu'ils devaient s'y asseoir.
"Très bien." Xena se positionna confortablement sur son trône. "Je vous écoute."
Quelques temps plus tard, elle lança un regard discret au sablier qui semblait encore à moitié plein, se demandant si peut-être il n'était pas bouché. Oui, peut-être que l'humidité récente avait --
". . . et les collecteurs d'impôts s'en sont emparés," ânonnait Raubert en lisant le discours préparé à l'avance.
Elle étouffa un bâillement. Etaient-ce là les grands orateurs de la rébellion ? Gabrielle aurait pu emberlificoter ces types dans son sommeil. Ce qui lui faisait penser . . . . "Où est Gabrielle ?"
"A la cuisine je crois, Votre Seigneurie," répondit Esor.
Xena sourit. "Voudrais-tu lui demander de nous rejoindre ?" Elle se tourna de nouveau vers le trio. "Continuez," les invita-t-elle, souhaitant qu'Ennaus soit resté dans le coin pour cette réunion. Ses interjections négatives habituelles auraient au moins mis un peu d'animation dans cette monotonie implacable.
Le garde revint peu après, s'inclinant alors qu'il délivrait son message. "La Princesse dit qu'elle est en train de tester une recette et préférerait vous rejoindre plus tard, si cela vous va."
"Je vois." Xena regarda ses invités. Sa tentative pour faire sortir de l'impasse la relation entre les deux Potedaiennes ne s'était pas bien déroulée, et elle avait reçu une leçon gentille mais très claire de Gabrielle sur le fait de se mêler des affaires des autres. Cependant, Xena continuerait de ne pas plus tolérer le manque de respect envers sa Princesse qu'envers elle-même.
"Dis-lui --" Xena secoua la tête et attrapa un morceau de parchemin à la place, griffonnant un court message qu'elle donna au garde pour qu'il aille le délivrer. Elle se radossa et croisa les bras, étudiant le tout nouvellement constitué Comité des citoyens, un comité qu'elle avait créé, à qui elle avait permis d'exister . . . .
"Laissez moi vous dire quelque chose," dit-elle. "Gabrielle s'est tenue à vos côtés et a lutté avec vous et a été une bonne amie pour vous pendant des années. Elle n'a rien fait pour vous trahir, même lorsqu'elle pensait que cela signifierait sa propre mort." Un regard bleu-acier transperça les leurs. "Mais si l'amitié et la loyauté ont si peu de signification pour vous, alors rappelez-vous cela : elle est le meilleur atout que vous ayez avec moi. J'ai confiance en son jugement, et il est bien plus probable qu'elle voit les choses de votre façon que moi." Elle s'avança sur son trône. "Donc je suggère que vous mesuriez la façon dont vous la traitez à l'aune de ce que vous espérez accomplir."
"Donc à présent vous la faites chercher pour que nous lui léchions les bottes, c'est cela ?" demanda Timmor.
Xena sourit. "Personne ne 'fait chercher' Gabrielle," dit-elle. "Je lui ai demandé de se joindre à nous parce que j'aime sa compagnie, et que je refuse d'en être privée simplement parce que mes invités sont mal élevés."
Quelques instants plus tard, Gabrielle entra à pas de loup dans la pièce et s'avança vers le trône, se penchant pour déposer un chaste baiser sur les lèvres de son amante. Installée sur l'accoudoir du trône de la dirigeante, le scribe passa le reste de la réunion à écouter attentivement les doléances du comité, les reconnaissant pour la plupart, mais n'ayant pas suffisamment confiance en sa voix pour offrir ses commentaires. Elle donnerait à Xena son opinion plus tard.
Une fois la délégation partie, Xena passa un bras autour de la taille de la jeune femme. "Merci d'être revenue," dit-elle.
Gabrielle lui sourit. "Il faudrait que je sois une statue de pierre pour résister à quelqu'un me disant qu'elle a besoin de moi à ses côtés," dit-elle.
"Hu hum." Xena l'installa sur ses genoux. "Et je sais très bien que tu ne l'es pas," dit-elle, attirant la tête de son amante vers elle. Il n'y eut rien de chaste dans ce baiser.
*****
"Oh, dieux . . . Xena . . . ."
Ennaus les regardaient fixement toutes deux, ensemble, sur le trône de Xena. La jeune femme était à genoux, à califourchon sur les cuisses de Xena, son chemisier froissé sur le sol. La main gauche de Xena était passée derrière son dos, la droite n'était pas immédiatement visible. Ennaus pouvait distinguer la chevelure noire de Xena au-dessus de l'épaule du scribe. La scène toute entière était repoussante.
La tête de Xena se releva brusquement, et elle arrêta ses mouvements. "Dehors."
Son visage était rouge, nota Ennaus, et pas de colère. Ainsi c'était ce dont avait l'air la Princesse Guerrière lorsqu'elle prenait du plaisir. Il regarda le dos raidi du scribe. Embarrassée, la petite ? Il n'était que juste qu'elle le soit.
"Sors d'ici," répéta Xena. "Tout de suite." Alors que son ministre atteignait la porte, elle ajouta, "Frappe à la porte la prochaine fois."
*****
Le Royaume est Tout.
La Conquérante avait dicté et renforcé cette philosophie pendant de nombreuses années, et Ennaus croyait de tout son être qu'elle avait raison. Une menace contre le Royaume doit être éliminée à tout prix, et une menace contre Xena était une menace contre le Royaume.
Mais cette fois la Conquérante ne pouvait pas voir la menace, bien qu'elle soit juste devant elle.
Sur ses genoux.
Le scribe, comme Xena l'appelait, était le danger le plus flagrant auquel le Royaume ait eu à faire face tout au long des années de service d'Ennaus, six longues et merveilleuses années en tant qu'aide-de-camp de la Conquérante, au courant de toutes les affaires d'état, les oreilles, les yeux et la voix de la Conquérante. Il n'y avait pas de secrets entre eux.
Frappe à la porte la prochaine fois.
Depuis l'entrée en scène de l'autre femme, Xena s'était montrée de plus en plus sensible aux volontés de sa Princesse ; son jugement n'était plus valable. Permettre aux amis de la jeune femme et aux autres de critiquer le Royaume ouvertement les mettait en danger tant vis-à-vis de leurs alliés que de leurs ennemis, ainsi que tout simplement de leurs propres citoyens. C'était simplement une affaire de temps.
Il n'en voulait pas à la Princesse.
Oh, dieux . . . Xena . . . .
Mais le Royaume était Tout.
*****
"Non, c'est très agréable," dit Gabrielle, encore légèrement surprise de cette suggestion de promenade venue de la part de l'aide-de-camp. Elle se força à lui sourire, cherchant à oublier la scène gênante dont il avait été témoin l'autre jour, et se concentrant plutôt sur la bonne journée qu'ils passaient.
"Je suis ravie," dit Ennaus. "Sur bien des points, nous avons les mêmes buts, vous et moi."
Gabrielle réfléchit à cela. "Je suppose oui. Nous voulons tous deux ce qu'il y a de meilleur pour Xena et son peuple."
Pour Xena, corrigea Ennaus. "Il y a une différence entre nous, cependant," continua-t-il.
"Et laquelle ?" demanda Gabrielle. Ils tournèrent au coin, leurs escortes les suivant discrètement à quelques pas.
"Je sais ce qui est le mieux pour Xena, et pas vous."
Gabrielle n'était pas sûre d'avoir correctement entendu. "Hum, je suis sûre que vous avez vos opinions, et bien évidemment nombreuses sont justes, mais je ne suis pas persuadée que ceci est totalement vrai."
"J'ai peur que cela le soit," dit Ennaus, "et c'est une chose très grave. Votre influence sur Xena est mauvaise."
Gabrielle s'arrêta. Elle avait horreur de devoir utiliser son rang, mais Ennaus ne pouvait sérieusement s'imaginer qu'elle n'allait pas raconter à Xena ce qu'il avait dit ?
"Franchement, je ne sais quels sont vos motifs," continua Ennaus, sa voix douce était loin de calmer le scribe. "Mais je sais que si l'on permettait à la situation de continuer, cela causerait inévitablement la chute d'un régime glorieux. Et en dernier lieu, cela signifierait la mort de Xena, ce que je ne peux permettre."
Gabrielle secoua la tête. Que . . . ? Regardant autour d'elle, elle réalisa avec angoisse qu'ils s'étaient aventurés dans une rue déserte, mais du moins les gardes étaient-ils à portée de voix.
"Je voulais juste que vous sachiez pourquoi je dois faire cela," dit Ennaus. A son signal, les gardes convergèrent vers eux. "Vous savez ce que vous avez à faire," dit-il. "Puis tuez-la." Un des hommes acquiesça, et assena un coup du pommeau de son épée dans la mâchoire d'Ennaus.
*****
Xena fonça à travers les couloirs et au travers de la porte grande ouverte d'Ennaus. "Que s'est-il passé ?" demanda-t-elle. "Où est-elle ?"
L'aide-de-camp secoua la tête. "Je ne sais pas, Votre Seigneurie. Je suis désolé."
"Que s'est-il passé ?" répéta-t-elle.
"Ils étaient huit ou neuf. Mes gardes étaient juste à quelques pas derrière, mais ils se sont jetés sur nous sans prévenir. Ils l'ont prise et se sont sauvés." Ennaus porta un linge mouillé à sa mâchoire. "J'en ai reconnu deux de la prison."
"La prison ?" répéta Xena. "Ils étaient avec Gabrielle ?"
Il acquiesça. "Des dissidents. Ils croient qu'elle les a trahis."
"Je sais."
"Je suis réellement désolé, Princesse."
Xena soupira. "Ce n'est pas de ta faute, Ennaus. J'aurais du le prévoir." Elle posa sa main sur son épaule. "Tout se passera bien pour elle."
"Bien sûr, Princesse."
Une fois sortie dans le hall, elle s'approcha de Tiron avec un air menaçant. "Mais bons dieux, pourquoi donc n'étais-tu pas avec elle ?"
Le garde pâlit. "Je suis désolé, Votre Seigneurie. Elle était avec Ennaus et ses gardes ; je pensais que ma présence ne serait pas nécessaire."
"Tu ne dois jamais la quitter," dit Xena, furieuse. "Je devrais te faire trancher la tête."
"Oui, Votre Seigneurie." Une boule assez gênante se forma dans la gorge du garde. Elle avait raison, il avait manqué à ses devoirs envers la Princesse.
"Va ramasser une centaine de paysans et amène-les sur la place centrale," ordonna Xena.
"Voulez-vous --"
"Je veux les cent premiers que tu verras. Je me moque de savoir qui ils sont."
Les gardes du palais se bousculèrent pour aller exécuter son ordre, et après quelques minutes la Conquérante se tenait sur l'estrade, observant la centaine de captifs et deux fois plus de spectateurs, les deux groupes étant séparés par un cordon de soldats.
"La Princesse a été attaquée," déclara-t-elle, confirmant les rumeurs qui étaient déjà en train de se répandre dans la ville. Elle balaya la foule des yeux, s'arrêtant sur la mère de Gabrielle. Etait-elle là parce qu'elle s'inquiétait ou pour jubiler ?
"Quelqu'un doit payer pour ce crime." Xena sentit l'anxiété grandir dans la foule, ce qui lui donna un obscur sentiment de satisfaction. "Pour chaque heure que je passerais sans ma Princesse, une centaine de Corinthiens périront," cria-t-elle. "Hommes -- femmes -- enfants."
Des cris s'élevèrent de la foule, et les troupes de la Conquérante renforcèrent leur position en demi-cercle autour des captifs.
Xena observa la foule pliant l'échine devant elle, et son regard s'arrêta une nouvelle fois sur la femme de Potedaia qui avait les mêmes yeux que son amante.
Non. La certitude la frappa avec une force presque physique. Si Gabrielle était encore en vie, elle ne pardonnerait jamais les mesures que Xena aurait prises pour qu'elle lui soit rendue. Et si elle ne l'était pas -- l'estomac de Xena se contracta -- ceci ne pouvait constituer l'éloge funèbre de Gabrielle. Les larmes aux yeux, elle tomba à genoux. Elle ne pouvait plus discerner les visages sur la place, mais ce n'importait pas.
La foule se tut lorsque la Conquérante baissa la tête, et observa un homme armé grimper sur l'estrade et poser sa main sur son épaule.
"Elle ne voudrait pas cela, Achias," murmura Xena.
"Non, elle ne voudrait pas."
"Je ne sais pas quoi faire." Xena ne connaissait aucune autre façon de communiquer avec ces gens.
"Que voudrait-elle que tu fasses ?"
Achias était sur le point de répéter la question lorsqu'il entendit Xena répondre tout doucement, "Demander de l'aide."
Il pouvait imaginer combien la Conquérante se sentait perdue ; il s'agissait d'une expérience qu'aucun d'eux n'avait jamais rencontrée. Achias s'approcha du bord de l'estrade. "La Conquérante a annulé son ordre précédent," annonça-t-il. "Il ne vous sera pas fait de mal."
Les gardes se regardèrent ; pour aussi proches qu'il était connu que ces deux-là soient, Achias n'avait pas le pouvoir de passer outre à un ordre précis de Xena. Ils restèrent sur leurs positions.
Achias comprit la situation immédiatement. "Tu vas devoir le leur dire toi-même," dit-il.
Xena prit une longue respiration et se releva. "Je vous demande votre aide," cria-t-elle. "Gabrielle est une femme aimante et pleine de compassion qui a pendant longtemps combattu pour le bien d'autrui, sans se soucier des dangers qu'elle courait. Quels que soient vos sentiments pour moi, elle ne mérite pas cela." Elle ferma les yeux. "Quiconque peut m'aider . . . qu'il indique son prix."
Elle leva la main. "Relâchez-les."
Elle se tint là, sans bouger, perdue dans ses pensées, pendant que les Corinthiens soulagés s'envolaient vers des endroits sûrs. Après quelques minutes, elle regarda son ami et dit rapidement, "Achias, je ne pense pas avoir considéré ce problème correctement."
*****
Les colonnes de la Garde de Xena se tenaient au garde-à-vous, attendant de se voir adresser la parole. La Conquérante avait perdu la tête sur la place, avaient-ils entendu. Quelques-uns parmi les plus audacieux disaient même que Xena avait pleuré, mais les aînés fermaient les oreilles devant de tels ragots. Ce genre de propos pouvait vous coûter la langue.
Pas une seule tête ne bougea dans ces troupes bien entraînées au son de l'ouverture de la porte du château. La Conquérante, magnifique comme toujours dans ses vêtements de cuir habituels, marcha jusqu'au centre de la place.
"Vous savez ce qui est arrivé ce matin," dit-elle délibérément, marchant du début à la fin de la première ligne. "Votre travail est de retrouver ma Princesse." Sa voix était basse et égale, mais les hommes pouvaient entendre chaque mot sans difficulté. "Je veux vous expliquer ce qui va se passer si elle ne me revient pas vivante." Avançant tout doucement, elle fixa le regard de chaque homme l'un après l'autre. "Je consacrerai toutes les ressources de ce Royaume à traquer les hommes qui l'ont prise." A mi-chemin du deuxième tiers du rang, elle reprit son monologue avec le même ton morbide. "Je les trouverai, et je leur infligerai un châtiment qui reflétera la perte qu'ils m'ont causée."
Plusieurs des hommes pâlirent. Ils se souvenaient d'histoires, qu'on jurait vraies, de trois hommes tirés et écartelés pour avoir simplement injurié une aubergiste d'Amphipolis, bien que personne n'ait jamais connu sa relation avec la Conquérante, et le fait que Xena n'ait même pas visité l'établissement de cette femme lorsqu'elle était passée par la Thrace.
"Et à leurs familles," continua Xena. "Je verrai leurs mères" -- fixant le regard d'un autre soldat -- "leurs femmes" -- un autre -- "leurs enfants" -- et un autre -- "crucifiés."
*****
"Mon vieux, Xena a perdu toute mesure sur ce sujet." Achias était assis en tailleur à côté d'un jeune garde. Il détacha une cantine de sa ceinture et proposa à boire à l'autre homme, mais celui-ci déclina l'offre.
Achias se dégourdit les jambes sur l'herbe. "Ifram, c'est ça ? C'est ta zone de recherche ?" Pas beaucoup de places pour cacher une jeune femme dans ce coin aride, nota-t-il.
"J'ai fini le mien ; je prends juste une petite pause pour reprendre mon souffle."
"Pas de chance, hein ? Pareil ici. Nous avons retourné la ville, mais c'est comme s'ils avaient un pas d'avance sur nous. Hé, peut-être que c'est l'un de nous qui l'a." Achias se mit à rire. Le garde ne répondit pas. "Ca va être l'enfer lorsque Xena va mettre la main sur eux," continua-t-il. "Cela devrait attirer une bonne foule." Il regarda le jeune homme. "Tu n'as pas l'air bien, gamin."
Ifram avala sa salive. "Xena . . . lorsqu'elle nous a parlé . . . c'est comme si elle voyait à l'intérieur de nous." Il regarda de côté et découvrit pour la première fois qui exactement était l'homme qui était assis à côté de lui. Achias. L'ami de la Conquérante.
Un silence prolongé passa, puis Ifram parla de nouveau. "Que pensez-vous qu'il adviendrait si . . . si quelqu'un disait à Xena où trouver la fille ? Est-ce qu'elle le tuerait quand même ? Et sa famille ?"
Achias haussa les épaules. "Je ne sais pas. Cela dépend, je pense." Il prononça le mot suivant d'un air détaché. "Vivante ?"
"Je ne sais pas. Je veux dire, comment saurais-je --"
"Où est-elle ?" Achias se tenait, dominateur, au-dessus de lui.
Ifram enfouit sa tête dans ses mains. "Oh, dieux."
"Est-elle toujours vivante ?"
"Je ne sais pas. Nous devions . . . ." Il secoua la tête. "Nous avions trop peur que Xena veuille . . . . Mais si Ennaus découvre qu'elle est vivante . . . . Nous ne savons pas quoi faire."
"Je peux répondre à cette question," dit une voix sourde derrière lui.
"Conquérante !"
"Où est-elle ?"
La mâchoire du garde bougea, mais aucun son ne put sortir de sa bouche.
"Dis moi où elle est," demanda Xena, soulevant l'homme par sa chemise. "Si elle est vivante, il est possible que je te laisse vivre." Ou que je ne te laisse pas, pensa-t-elle. Un autre silence suivit, et elle le gifla. "Dis-le moi maintenant, fils de pute, ou je me mets sur-le-champ à t'arracher membre après membre." Elle le frappa encore. Et encore.
*****
"S'il vous plaît ?"
"Quoi ?"
"Pourrais-je --" Gabrielle s'éclaircit la gorge. "Pourrais-je avoir de l'eau s'il vous plaît ?"
Des bruits de pas étouffés se firent entendre, et Xena s'aplatit contre le mur de la cave. Elle fit un geste silencieux, et deux hommes s'avancèrent jusqu'à venir à sa hauteur. Naviguant dans une obscurité presque totale jusqu'à ce qu'ils puissent voir le reflet des flammes sur le mur opposé, tous trois se préparèrent.
"Merci." C'était à nouveau la voix de Gabrielle, et Xena tâcha de se calmer. "Puis-je me lever ? S'il vous plaît ? Je ne sens plus mes jambes."
Toute maîtrise de soi évaporée, Xena chargea vers l'autre côté du tournant.
"Plan B," murmura Achias, et lui et Tiron suivirent sa trace. "Oh, Hadès," dit-il dégoûté, voyant Xena entourée par une demi-douzaine de séides d'Ennaus. Il rengaina son arme et s'assit dans une petite cuvette située dans le mur de la cave.
"Que fais-tu ?" hurla Tiron.
Achias tapota le sol à côté de lui. "Regarde et apprends, gamin."
Tiron hésita, confus, mais la confiance absolue de l'homme le persuada de s'asseoir, et tous deux regardèrent le spectacle. "Attention la tête !" avertit Achias, et ils se penchèrent loin l'un de l'autre pour éviter un . . . membre isolé, décida Tiron. Il regarda, bouche grande ouverte, la Conquérante décimer totalement les hommes qui retenaient son amante captive.
"Es-tu sûr qu'il soit prudent pour nous d'être là ?" demanda-t-il.
"Oh, tout à fait sûr --" commença Achias, avant d'être surpris par le cri de bataille de la Princesse Guerrière. Les deux soldats se regardèrent, mais avant qu'ils aient pu entamer une retraite stratégique, Xena avait planté son épée au travers de la dernière de ses victimes et s'était agenouillée aux côtés de Gabrielle.
Elle se dépêcha de défaire les liens retenant les mains et les pieds de sa compagne et attira Gabrielle vers elle, lui caressant le visage, sanglotant dans les cheveux blonds poussiéreux. "Gabrielle . . . ."
Achias tapa sur l'épaule de Tiron, et ils s'éclipsèrent pour aller s'offrir à boire.
*****
Ennaus entra dans les appartements de Xena, quelque peu surpris de la trouver à l'intérieur alors que la chasse à l'homme se poursuivait. Elle n'avait ni bu ni dormi depuis la disparition de sa Princesse, une autre preuve de l'influence néfaste que la jeune femme avait.
Xena s'agrippa aux avant-bras de son trône, deux instincts puissants -- satisfaire son désir de vengeance, et remplir la promesse faite à Gabrielle de ne pas tuer le traître sur place -- luttant pour prendre le contrôle.
"Bonjour, Ennaus," dit-elle. "Je suis heureuse que tu sois là. J'ai quelque chose à te montrer."
Le rideau menant vers la chambre bougea, et Achias en sortir, suivi par --
Bougeant plus vite que Xena ne l'en aurait cru capable, Ennaus se précipita par la porte, passant devant des gardes surpris qui ne savaient trop s'ils devaient arrêter l'aide-de-camp de la Conquérante ou l'aider.
"Laissez-le aller," cria Xena.
Gabrielle plaça une main sur son épaule. "Merci. Je ne pense pas pouvoir supporter plus de violence pour le moment."
"Je sais," répondit Xena. Elle passa le bras autour de la taille de Gabrielle. Par-dessus l'épaule du scribe, Xena croisa le regard interrogateur de son vieil ami.
Achias acquiesça, et s'éclipsa à travers la porte.
*****
"Que vas-tu faire ce matin ?" Xena saisit une pièce d'armure de dessus son trône et la passa à son bras.
"Je vais voir Mère."
"Ah." Cela expliquait les heures d'écriture appliquée passées hier soir dans le lit alors que Xena se tournait les pouces.
Xena et le garde échangèrent un regard. Une autre de ces escapades laborieuses au cours desquelles Gabrielle arriverait sur le pas de la porte, la porte s'ouvrirait, elle prononcerait quelques syllabes vers sa mère, et la porte serait claquée.
Gabrielle en était à présent venue à écrire ses pensées dans de longues missives, la première desquelles avait été déchirée en deux par la vieille femme, avait rapporté Tiron. La semaine suivante, Hécube avait de nouveau fermé la porte à sa fille, mais l'avait laissée ouverte suffisamment longtemps pour que Gabrielle jette la lettre à l'intérieur, ce qui avait conduit le scribe tout excité à spéculer une bonne partie de la soirée sur le fait qu'elle l'avait peut-être lue. Oui, peut-être, avait acquiescé Xena.
"Reviendras-tu avant qu'ils ne partent ?" demanda Gabrielle. Elle noua un ruban autour de l'épaisse pile de parchemins et marcha jusqu'à se tenir à coté de Xena.
"Je ne l'avais pas prévu," dit Xena, "à moins que tu ne veuilles que je le fasse."
"Nan, tout ira bien. Passe un bon moment à botter les fesses de tes soldats."
"A les entraîner," corrigea Xena. "J'aide juste Belile à l'entraînement aux armes. Ce n'est pas une compétition ou quoi que ce soit."
"Hein hein." Gabrielle se souvenait de la dernière fois où Xena était revenue d'être allée "aider" à un exercice d'entraînement, les draps et les serviettes volant partout alors que Gabrielle s'était retrouvée empoignée sans s'y attendre par une Princesse Guerrière tout excitée. Elle leva la tête pour un baiser, que son amante lui donna.
"Si Tarouf te cause le moindre problème," dit Xena tout en accrochant les boutons de sa cape, "dis-lui qu'en rentrant chez lui il ne trouvera rien d'autre qu'un pays dévasté."
Gabrielle garda le silence.
"Gabrielle . . . ."
"Je lui transmettrai l'étendue de ton déplaisir."
"Gabrielle, il faut que tu acceptes de devoir parfois avoir recours à la force, notamment avec quelqu'un comme Tarouf. Il a déjà ignoré la note polie que quelqu'un avait suggéré que je lui envoie en lui demandant de bien vouloir retirer ses hommes des terres de Daron.
Gabrielle plissa les lèvres. "Ah, oui ? Eh bien il me semble me souvenir que ce 's'il vous plaît' a déjà fonctionné avec toi."
"Ouais, mais j'avais plus à gagner," répondit Xena en souriant.
"D'accord, je pense que je peux m'en sortir." Gabrielle agita son index. "Capitule, Tarouf, ou Xena la Conquérante va séduire ta femme, découper tes membres centimètre par centimètre, et t'étrangler avec tes propres intestins."
"Je préfère ca." Xena leva un sourcil. "La femme de Tarouf, hein ? Je me demande si elle a un quelconque intérêt."
"Je te le ferai savoir."
Xena grimaça un sourire. "Affreusement confiante en nos talents de négociatrices, n'est ce pas ?" Elle remit son épée dans son fourreau. "Ecoute bien ; tu parviens à faire accepter à Tarouf de retirer ses hommes sous trente jours, pas de conditions, pas de menaces, et je te laisserai faire de moi ce que tu veux ce soir."
Gabrielle croisa les bras. "Ce soir et demain soir."
Xena soupira. "Oh, c'est bon." Elle baissa les yeux vers la petite blonde à l'esprit de feu. "Tu es dure à la négociation, scribe. Tarouf n'a aucun chance de s'en sortir."
Et il n'en eut aucune. Le roi méfiant put sourire au début, entendant que ce serait la Princesse qui négocierait en lieu de place de la Conquérante, mais à la fin il sortit de la pièce, tout étourdi, heureux d'avoir pu préserver les habits qu'il portait. C'était vraiment beau. Xena sourit. C'était comme la vie.
END
3/29/98
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traduction : Cat (28/09/00)
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