Production #V705 - Episode 05
A LA RECHERCHE D'UNE HERBE
ACTE 1
FONDU EN OUVERTURE:
EXT. VILLAGE. JOUR.
La douce compassion de Gabrielle a réussi à remettre l'homme sur ses pieds et l'a quelque peu calmé. Un calme qui est presque aussitôt détruit quand Xena s’approche de nouveau et commence un interrogatoire serré.
XENA
C’est toi qui a provoqué ce feu ?
L'homme serre fortement les mains et les regarde toutes deux d'un air suppliant, particulièrement Gabrielle, en qui il sent une alliée potentielle
L’HOMME
C'était la seule façon. La seule chose
que je pouvais faire. Pour aider. Vous ne
comprenez pas ? C'était la seule façon !
GABRIELLE
(de derrière Xena)
On aimerait comprendre, et
t'aider. Peux-tu s'il te plaît juste
nous dire ce qu'il s'est passé ?
L'homme baisse le regard vers ce qu'il reste de ses bottes.
L’HOMME
J'étais un marchand. J'ai parcouru
toute la Grèce, je vendais des trucs.
GABRIELLE
Continue.
L’HOMME
Il y a un mois de cela, peut-être moins, j'étais
dans une ville au nord, à faire
du commerce, quand une femme est venue
suppliant qu’on l'aide.
Il rit, mais c'est un rire amer.
L’HOMME
(suite)
J'ai pensé … on a tous pensé que c'était qu'une
vieille femme malade, vous voyez ? Le
genre ignoré par tous. Mais je ne pouvais pas
l'ignorer. Aucun de nous ne le pouvait. Elle …
criait … par les dieux, ce qu'elle criait
et elle ne voulait pas se taire.
Elle a dit qu'il y avait une … maladie
qui tuait tout ceux qui l’attrapaient, et
qu'elle allait nous tuer aussi.
Il rit encore.
L’HOMME
(suite)
Elle a dit que c'était la malédiction des
dieux. Aucun de nous ne l'a crue.
Pas à ce moment-là. Mais maintenant je la crois.
Voyant que Xena commence à s'impatienter, Gabrielle aide gentiment l'homme à avancer dans son récit.
GABRIELLE
Quel est le rapport avec ce feu ?
L’HOMME
Un autre … un autre homme est venu.
Un homme costaud … le visage entièrement
recouvert de ces énormes plaies ulcérées.
Il criait à l’aide et …
XENA
Décris ces plaies.
A quoi ressemblaient-elles ?
L'homme regarde Xena d'un air interrogateur.
L’HOMME
Elles ressemblaient à des plaies. Du style ouvertes,
suintant un fluide jaune. Elles empestaient
jusqu’au Mont Olympe.
Gabrielle sent Xena se raidir derrière elle et tourne le regard vers sa partenaire.
XENA
Ses yeux et sa bouche.
Ils étaient rouges et du liquide en coulait ?
L’HOMME
Oui, c'est ça. Ceux de l'homme
et de la femme.
GABRIELLE
Xena ? Qu'est-ce que c'est ?
XENA
La peste. Il décrit
les symptômes de la peste.
Gabrielle pâlit alors qu'elle visualise la situation.
GABRIELLE
Par les dieux.
XENA
(à l'homme)
Alors tu as brûlé le village
pour l’empêcher de se propager.
L’HOMME
Elle s'est déjà propagée, bien plus loin.
J'ai fait ça pour honorer mes proches.
C'était le seul moyen. Je n'ai pas trouvé
d'autre solution. Vous devez
me croire !
XENA
(à Gabrielle)
Il y a des herbes qui peuvent guérir de la peste.
L’HOMME
Non, il n'y en a plus. Elles ont toutes
disparu. J'ai cherché partout pour ne serait-ce
qu'une pousse. Il n'y en avait aucune.
XENA
(à Gabrielle)
Je sais où je peux en trouver.
Xena remarque alors que Gabrielle s'est écartée. Elle se retourne pour voir sa partenaire se tenir quelques mètres plus loin, regardant vers l'ouest, une expression pensive sur le visage.
XENA
(à l'homme)
Reste ici.
Elle s'approche à grands pas de sa partenaire et s'arrête, en suivant son regard tourné vers l'ouest.
GABRIELLE
(doucement)
Les Amazones. Xena, elles ne sont pas à plus
de deux jours d'ici. Elles
pourraient être déjà malades. Ou mourantes
XENA
(dubitative)
Elles sont plutôt isolées, Gabrielle.
Et elles ne permettent pas aux étrangers de
venir comme ça sans être annoncés.
GABRIELLE
(visiblement exaspérée)
C'est bien connu qu'elles *quittent* le village
quelques fois, Xena. Certaines d'entre elles
ont pu aller au village et passer par ici
sur le chemin du retour.
XENA
(doucement)
On ne sait pas si c'est le cas.
GABRIELLE
On ne sait pas si
ça ne l'est pas non plus.
Xena reste silencieuse un moment, puis délibérément, elle énonce les pensées de Gabrielle.
XENA
On pourrait aller là-bas.
Vérifier si elles vont bien.
GABRIELLE
Et si elles sont déjà malades ?
XENA
Les herbes sont le seul remède que je
connaisse, Gabrielle.
GABRIELLE
Tu crois que
les Amazones en ont ?
XENA
Je ne sais pas. Mais c'est peu probable.
GABRIELLE
Mais tu sais avec certitude où
trouver de ces herbes, n'est-ce pas ?
XENA
Oui, mais c'est un voyage de plusieurs jours.
Et dans la direction opposée.
Laissant échapper un léger soupir, Gabrielle se retourne vers l'homme, qui regarde sa vie entière brûler sous ses yeux.
GABRIELLE
(doucement, à elle-même)
Ceci … ceci affecte bien plus
que seulement les Amazones.
Elle se retourne vers Xena, d'un air résolu.
GABRIELLE
Xena, nous devons
aider ces gens.
(un temps)
Et avoir le ferme espoir
que les Amazones vont bien.
(un temps)
J'aimerais seulement pouvoir les
avertir d'une quelconque façon.
XENA
(toute pensive)
Il y a peut-être un moyen
Viens.
Les deux compagnes retournent vers l'homme qui continue de regarder son village brûler.
GABRIELLE
Xena sait où on peut
encore trouver des herbes. Pourquoi ne
viens-tu pas avec nous ?
L’HOMME
C'est trop tard pour moi.
Soulevant sa chemise, il découvre la marque rouge qui s'étire rapidement sur sa poitrine et son estomac. Les regardant toutes deux, il hoche brièvement la tête, puis se dirige vers le village.
Gabrielle l'agrippe par sa chemise, arrêtant son avancée.
GABRIELLE
Attends ! Où vas-tu ?
L’HOMME
Chez moi. Je rentre chez moi.
GABRIELLE
Mais …
Ses mots sont arrêtés par une main chaude sur son épaule. Tournant la tête, elle regarde Xena, dont les yeux sont emplis de compassion. Leur dialogue est muet, et après un moment, Gabrielle soupire et abaisse la tête. Elle relâche l'homme.
L'homme leur sourit à toutes deux avec reconnaissance.
L’HOMME
Soyez bénies.
Soyez toutes deux bénies.
Xena et Gabrielle regardent, en un hommage silencieux, l'homme marcher lentement vers le village enflammé et disparaître dans les restes brûlants de ce qu'était jadis son foyer.
FONDU SUR:
EXT. COURS D'EAU. JOUR
Xena et Gabrielle, ayant chevauché depuis le village, s'arrêtent le long d'un petit cours d'eau légèrement à l'écart de la piste principale. C'est un coin magnifique, duquel Gabrielle pourrait tomber amoureuse en d'autres circonstances. Ces circonstances-ci ne sont cependant pas les bonnes. Et Gabrielle regarde, étonnée, Xena mettre pied à terre et tapoter gentiment Argo pour qu'il aille vers l'eau.
XENA
Retire tes vêtements.
GABRIELLE
(choquée)
Excuse-moi ?
XENA
Tu m'as entendue.
GABRIELLE
Je t'ai entendue. Mais je ne suis pas
sûre d'avoir bien compris.
Xena commence à défaire sa propre armure.
XENA
Allez, Gabrielle.
S'il te plait.
Gabrielle regarde alentours, puis de nouveau sa partenaire.
GABRIELLE
Xena ? La mission ?
Faisant glisser le cuir le long de son corps, Xena lève les yeux au ciel.
XENA
Pourrais-tu simplement faire
ce que je te demande ? S'il te plait ?
GABRIELLE
Xena, je ne dis pas ne pas être
intéressée par les
possibilités ici, mais …
(un temps)
Peux-tu au moins me dire
pourquoi maintenant ? Pourquoi … ici ?
XENA
Parce que je te le demande.
(un temps, hors du
regard indigné de Gabrielle)
La peste se propage par
les contacts physiques. On doit
se laver complètement
pour éviter d'être contaminées.
Gabrielle commence aussitôt à se déshabiller. Elle abandonne sa chemise et se redresse juste à temps pour attraper un paquet contenant des habits et du savon, lancé par Xena qui la dépasse en allant vers le ruisseau.
GABRIELLE
Et c'est *maintenant* qu'elle me le dit ! Dieux !
ENCHAINE SUR :
EXT. VILLE PORTUAIRE. SOIR.
Xena et Gabrielle ont chevauché durement durant tout le jour et sont arrivées dans un port autrefois florissant. La propagation de la peste l'a décimé. La population est étendue morte et mourante dans les rues et la puanteur est horrible. Quelques bateaux sont dans le port, et la plupart d'entre eux sombrent à leur point d'amarrage.
Un seul semble avoir quelque activité à bord et c'est vers celui-là que se dirige Xena.
Le bateau, si on peut vraiment l'appeler ainsi, est au centre d'un tourbillon de panique. Rempli de bétail bruyant, sa puanteur flotte bien au-dessus de l'odeur de mort de la ville en deçà. Hommes et femmes désespérant d'échapper à la peste, courent vers la passerelle en bois, mais sont repoussés violemment par l'équipage avec des cordes, des gros rondins de bois et des longueurs de chaînes. On entend des cris de douleurs et des sons aigus de suppliques.
Xena fait slalomer Argo au travers de la foule des morts et agonisants et, en pressant les cuisses, arrête le cheval sur la passerelle du bateau assiégé.
XENA
Quelle est votre destination ?
LE CAPITAINE
C'est pas ton problème, femme !
XENA
J'en fais mon problème.
(un temps)
Tu vas prendre
quelques passagers de plus.
LE CAPITAINE
Par Hadès que je le ferai. Les seuls
humains à bord, ce sont les membres de mon équipage,
et ça va rester comme ça.
Maintenant, fais descendre cette bête de ma
passerelle ou je vous en fais
déguerpir toutes les deux.
Lançant son cri de guerre, Xena s'élance du dos d'Argo en un flip avant et atterrit devant le Capitaine en colère. La pointe de son épée forme une fossette sur la gorge du Capitaine.
XENA
Tu crois ça, hein ?
(un temps)
Et maintenant, tu vas être un gentil
garçon et nous laisser monter ou bien est-ce que je vais devoir
prendre le contrôle de ce bateau et
te laisser à la merci de la
peste et de ces gens
que vous battiez ?
Le Capitaine déglutit difficilement contre l'épée sur sa gorge et finalement opine du chef.
LE CAPITAINE
Bien … Bienvenue à bord.
XENA
Sage décision.
Rengainant son épée, Xena attrape les rênes d'Argo et la mène sur le bateau, Gabrielle toujours sur le cheval.
Le capitaine continue de regarder et doucement récupère un peu de sa bravoure.
LE CAPITAINE
Mets cette bête en fond de cale.
Je ne veux pas qu'elle foule mon pont.
Mettant pied à terre, Gabrielle jette un coup d'œil au bois sale du pont, puis vers le Capitaine qui lui offre la vision de sa bouche presque édentée.
Grimaçant, Gabrielle se retourne et choisit prudemment son chemin sur le pont jonché de détritus, suivant Xena et Argo vers la cale.
FONDU SUR :
INT. CABINE DE BATEAU. NUIT.
La cabine est petite, plus petite qu'un placard, avec un hamac usé qui se balance au centre.
Gabrielle est étendue dans le hamac, semblant épuisée à la fois par la puanteur et le tangage.
Xena approche du hamac avec une tasse en fer blanc pleine d'eau et d'herbes.
GABRIELLE
Oh non. La dernière fois que j'ai bu une
de tes potions, j'ai été assommée
et tu t'es laissé vendre
dans un harem. Je vais tenter ma chance
avec mon mal de mer, merci.
Xena sourit et chasse doucement les traces de sueur du front de Gabrielle.
XENA
Il n'y a aucun
harem par ici.
GABRIELLE
(pale sourire)
Te connaissant, t'en trouverais un.
Le seul bateau-harem voguant
sur les mers et hop t'es partie.
XENA
Je serai à tes côtés quand
tu te réveilleras. Promis.
Gabrielle examine avec grande attention le visage de Xena pour y trouver des traces de sincérité, puis hoche la tête.
GABRIELLE
Bon ok, aussi longtemps
que tu promets.
XENA
Croix de bois, croix de fer.
Gabrielle attrape la tasse et avale les herbes, faisant la grimace avant de rendre la tasse. Une léthargie l’envahit aussitôt et avec des yeux aux paupières lourdes, elle regarde Xena replacer la tasse dans leur équipement. Xena revient alors, se glisse dans le hamac et prend Gabrielle tout contre elle.
GABRIELLE
Mm. Si ceci est la récompense que
j'obtiens, rappelle-moi de prendre
de ces herbes plus souvent.
Xena dépose un baiser sur les cheveux de Gabrielle et pose la tête blonde sous son menton.
XENA
Dors maintenant. Tu te sentiras
mieux au petit matin.
Tout est calme depuis un moment quand Xena se plonge dans ses propres pensées et Gabrielle se débat contre le puissant appel du sommeil.
GABRIELLE
Xena?
XENA
Oui ?
GABRIELLE
Je suis désolée d’avoir dit que tu as
des mains de marins.
(ricanement sous l’effet de la drogue)
Tes mains sont *bien* mieux
que celles de n'importe quel vieux marin.
Xena rit doucement, levant les yeux au ciel.
XENA
Et combien de "vieux marins"
as-tu connus ?
GABRIELLE
(nouveau ricanement)
Tu n'aimerais pas le savoir ?
Xena secoue la tête et embrasse de nouveau la tête de sa partenaire.
XENA
Bonne nuit, Gabrielle.
GABRIELLE
(soupir ensommeillé)
B'nuit, Xena
FONDU SUR :
EXT. PONT DE BATEAU. JOUR.
Xena et Gabrielle se tiennent côte à côte observant la terre apparaître lentement au loin. Elles voyagent vers le sud depuis plusieurs jours et toutes deux sont plus que prêtes à quitter l’espace confiné et nauséabond du bateau.
Même si la potion de Xena a provoqué ses miracles coutumiers, Gabrielle n'aspire qu'à avoir de nouveau le pied sur la terre ferme.
Alors qu'elles regardent la côte se rapprocher, Gabrielle aperçoit un grand bateau voguant vers le leur.
GABRIELLE
Xena ?
XENA
Je le vois.
GABRIELLE
Tu crois que ce sont des pirates ?
XENA
Des pirates stupides, peut-être. Personne
ne pille un bateau avec du bétail.
Il y a trop peu de profit.
GABRIELLE
Qui, alors ?
XENA
Je suis sure que nous le découvrirons
suffisamment tôt.
Toutes deux regardent le bateau approcher, et il devient vite apparent que leurs invités ne sont pas des pirates, mais plutôt des officiels de quelque sorte.
Cela devient encore plus apparent, en entendant les deux capitaines argumenter, que le bateau venant de Grèce transportant du bétail, il ne serait pas autorisé à entrer dans le port.
Jurant d'un langage coloré, le capitaine ordonne au bateau de faire demi-tour.
GABRIELLE
Que fait-on maintenant ?
XENA
Je reviens tout de suite.
Gabrielle continue de regarder Xena qui s'approche du Capitaine et passe un bras amical autour de ses épaules musclées, le menant devant le gouvernail.
Plusieurs minutes plus tard, elle revient au côté de Gabrielle, un sourire aux lèvres.
GABRIELLE
Est-ce que je veux vraiment le savoir ?
XENA
(haussant les épaules)
Je lui ai proposé un autre port
vers où voguer.
GABRIELLE
Oh, tu as fait ca, vraiment ?
XENA
Ouais. Je venais ici
très souvent, dans le temps.
GABRIELLE
Dans le temps. Comme il y a 10 .. non attends,
plutôt 35 hivers
Quand tu étais une …
XENA
Pirate, oui.
(une pause)
J’ai eu des moments sauvages là-bas,
quand j’y pense.
GABRIELLE
Ho, hé bien.
XENA
Oh allez, Gabrielle.
Ça ne va pas être si mal. Tu verras.
FONDU AU NOIR
FIN DE L’ACTE 1
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