Production #V705 - Episode 05
A LA RECHERCHE D'UNE HERBE
ACTE 3
OUVERTURE EN FONDU :
EXTERIEUR. RIVIERE. JOUR. SUITE.
L'eau est sur elles en quelques secondes, et elles doivent se servir de toutes leurs forces et talents combinés pour garder le canoë à flot et la proue droit devant. Elles sont soulevées au sommet de la vague et GABRIELLE regarde avec horreur la courbe de la rivière se rapprocher à toute allure. Elle voit que le mur d’eau ignore la courbe et va vers la jungle pour s'écraser. Elle réalise que si elles continuent sur ce chemin, elles seront écrasées en petits morceaux contre les arbres et les pierres qui constituent ce qui était jadis une rive profondément découpée.
XENA peut sentir la force de la vague quelque peu diminuer. A la toute dernière seconde, elle plonge sa pagaie dans l'eau et utilisant chaque once de sa force, incline le canoë sur la droite. Le canoë est pris par un autre courant qui l'emmène le long de la courbe, à un cheveu près d'être complètement retourné.
Elles sont projetées dans la large courbe comme si elles étaient sur un bobsleigh, puis envoyées en plein cœur de la rivière en furie comme un bouchon extirpé d'une bouteille.
Les eaux écumantes continuent de remuer sous le canoë assailli de tous côtés par des débris qui se bousculent de la proue à la poupe.
XENA
(criant)
Il y a des rapides droit devant !
Fais attention aux rochers !
GABRIELLE
(criant)
D'accord !
Par-dessus le vacarme de l'eau, GABRIELLE entend un bruit qui ressemble à un cri humain. Quand le son revient, elle est alors sûre que quelqu'un crie pour de l'aide.
ENCHAINE SUR :
EXT. BERGES DE LA RIVIERE. JOUR.
Une femme et ses trois enfants se tiennent sur la berge de la rivière en furie. Leur canoë a éclaté en morceaux contre des rochers saillants, et leurs affaires sont dispersées au sol. La mère crie et s'arrache les cheveux. Les trois enfants regardent, horrifiés, le déluge.
On peut voir la couleur claire d'un vêtement sur la rivière. Il disparaît dans les eaux tumultueuses, puis réapparaît, enroulé autour du corps du quatrième enfant de la femme, pris désespérément dans les virulents courants de ce déluge.
ENCHAINE SUR :
EXT. RIVIERE. JOUR.
GABRIELLE parvient à apercevoir le jeune enfant qui se débat dans l'eau et sans réfléchir, lâche sa pagaie et saute dans la rivière. Elle nage avec force vers le garçon, mais la force du courant menace tout de même de la précipiter contre les rochers.
XENA
GABRIELLE !!!
Jurant entre ses dents, XENA lutte pour contrôler le balancement soudain du canoë. Elle arrive tout juste à le stabiliser quand le tronc d’un arbre déraciné le percute et le fait tournoyer, le rendant incontrôlable.
Elle arrête le tournoiement, mais un autre tronc d’arbre vient percuter le canoë, le poussant inexorablement vers la rive aux rochers éparpillés.
XENA
J'en … ai … ASSEZ !
Laissant la rivière s'approprier le canoë, elle se prépare et saute du bateau juste au moment où il percute les rochers, se fracassant dès l’impact.
Elle touche l'eau avec force et se débat pour remonter rapidement à la surface, les yeux grands ouverts scrutant les alentours pour trouver une trace de la présence de sa partenaire.
XENA
GABRIELLE !!!
ENCHAINE SUR :
EXT. RIVIERE. JOUR. LE POINT DE VUE DE GABRIELLE.
GABRIELLE est sérieusement assaillie par le déluge, mais une totale détermination lui permet de continuer à se battre. Elle s’est approchée de l'enfant qui se débat, mais le perd de vue quand le rapide courant l'entraîne sous l'eau de nouveau.
GABRIELLE
Pas cette fois.
Le garçon se débat vers la surface, s'étouffant avec l'eau qu'il a avalée, et agitant ses bras dans une panique totale.
GABRIELLE voit sa chance et s'avance près d'un rocher, agrippant solidement la chemise colorée et le serrant fort contre son corps.
GABRIELLE
(triomphante)
Je te tiens !
Le garçon lâche un cri étranglé et dans sa panique, tape sur le bras de GABRIELLE qui le retient.
GABRIELLE
Ça va. Je te tiens. Tout va bien.
LE GARCON
Maman ! Maman !
Positionnant le garçon pour que son bras droit reste libre, elle commence à nager vers la berge avec ce qui lui reste de sa force, qui diminue rapidement.
Sa jambe se cogne avec force contre un rocher saillant submergé et aussitôt s’engourdit. Cela la ralentit un moment et permet à un fort courant d’une eau démontée de l’emporter brusquement en aval avec une vitesse terrifiante.
Ses yeux s'agrandissent quand elle voit qu'elle se dirige droit vers quelques rochers à moitié aussi grands qu’elle. Elle tourne alors le corps pour protéger le garçon des rochers, ferme les yeux et attend l'inévitable.
GABRIELLE
(tout bas)
Oooh ça va faire mal !
ENCHAINE SUR :
EXT. RIVIERE. JOUR. LE POINT DE VUE DE XENA.
La fierté sur le visage de XENA en voyant sa partenaire sauver le garçon de la noyade tourne vite à l'horreur quand GABRIELLE s'écrase contre les rochers et s’évanouit.
Le son qui sort de sa bouche n'est rien d'autre qu'un grognement guttural. Puis, elle force son avancée, ignorant le claquement et les pics des débris projetés qui la blessent de toute part.
Remontant à la surface pour respirer, elle remarque une épaisse liane pendant au-dessus de l’eau et se précipite sur elle, l'attrapant d'une main et lui permettant, à la force de cette main, de se sortir de l’eau tumultueuse.
La liane toujours bien en main, elle saute depuis la berge et se balance en direction des rochers où GABRIELLE et le garçon sont piégés, leur visage heureusement au-dessus de l’eau montante.
Au plus haut de son balancement, elle tend la main et tire le garçon des bras sans force de sa partenaire, de même ses jambes se coincent sous les aisselles de GABRIELLE et la tirent toute entière de l’eau agitée.
Le garçon revient à lui aussitôt et crie presque directement dans l'oreille sensible de XENA. Il jette les bras et les serre autour de son cou, l'étouffant presque, les yeux grands ouverts et brillants comme deux pièces toute neuves.
XENA installe l'enfant à cheval sur sa hanche et quand ses jambes instinctivement s'enroulent autour de sa taille, elle le relâche et tire GABRIELLE vers son bras maintenant libre par le dos de son bustier.
FONDU SUR :
EXT. BERGES DE LA RIVIERE. JOUR
Alors que la liane se balance vers la berge, XENA la relâche et atterrit avec légèreté sur le sol. Immédiatement, elle s'agenouille et allonge GABRIELLE sur le sol mouillé, un regard aiguisé évaluant les dégâts.
XENA
Tu vas devoir
nous laisser maintenant, mon garçon.
Le son de sa voix pousse le garçon à resserrer son étreinte et XENA, doucement, mais fermement, le repousse, le laissant sur le sol à côté d'elle.
XENA
Tout va très bien se passer, mais tu
dois rester ici. Ta
mère va bientôt arriver.
(un temps)
Je l'espère.
Repoussant l'enfant de son esprit, XENA baisse les yeux vers sa partenaire. De longs doigts repoussent les cheveux blonds d’un sourcil mouillé.
XENA
GABRIELLE. Hé …
GABRIELLE ?
Tu m'entends ?
Ne recevant pas de réponse, XENA se concentre et examine attentivement les blessures visibles de GABRIELLE.
La jambe gauche de GABRIELLE est coupée du genou au mollet et saigne lentement. La blessure est enflée et commence à bleuir.
Des tâches cramoisies marquent son côté droit, dessinant sur sa peau l'impact avec le rocher, et sa cage thoracique semble touchée et contusionnée.
XENA
GABRIELLE ... mon cœur …
Ça va te faire un peu mal,
mais je dois …
Comme XENA appuie doucement sur les côtes de sa compagne, GABRIELLE gémit et tourne la tête, mais ne reprend pas conscience.
XENA
Je sais, ça fait mal. Désolée.
Je devais vérifier.
(un temps)
Elles sont fêlées, mais pas
cassées. Je sais que tu ne
peux pas apprécier cela pour le moment, mais
crois-moi, tu apprécieras.
Se penchant, elle saisit quelques larges feuilles et les presse contre l'entaille sur la jambe de GABRIELLE, se maudissant intérieurement pour avoir laissé leur équipement derrière elles.
Des bruits de pas rapides et une respiration haletante arrivent de derrière elle. Un instant plus tard, le jeune garçon se précipite dans les bras de sa mère en pleurs.
Le bruit des retrouvailles passe doucement en arrière-plan, quand XENA passe les mains doucement le long du crâne de GABRIELLE et grimace quand ses doigts longent le bord d'une petite bosse de la grosseur d'un œuf juste derrière son oreille gauche.
Une ombre tombe sur GABRIELLE.
XENA lève les yeux et aperçoit la mère du garçon le berçant dans ses bras.
LA MERE
Merci. Tu lui as sauvé la vie.
XENA
Non, c'est
GABRIELLE qui l'a sauvé.
LA MERE
Elle va … ?
XENA
(avec force)
Elle se remettra.
Une autre ombre s'étend, celle du plus vieux des garçons de la femme, un adolescent grand et mince. Il s'approche et dépose l'équipement de XENA et de GABRIELLE sur le sol, près de XENA. Les sacs sont pour la plupart secs, mais les fourrures sont trempées.
XENA
Merci.
Un second garçon s'approche et dépose plusieurs fourrures bien pliées sur le sol à côté de l'équipement, il sourit timidement à XENA et repart en courant dans les jupes de sa mère.
LA MERE
Pour tenir chaud.
XENA
Non. Merci, mais …
LA MERE
Tu en auras besoin. Le soleil va bientôt
se coucher et elle doit rester
au chaud. Pour guérir.
(un temps)
S'il te plait. Mon fils serait mort
si vous n'aviez pas été là. S'il te plait,
accepte ceci. C'est tout ce que je peux vous donner.
XENA
Nous n'avons pas besoin …
LA MERE
Si. Vous en avez besoin.
Après un moment, XENA la remercie d'un hochement de tête et la femme sourit, triomphante. Son sourire s'atténue lorsqu’un de ses garçons tire le pan de sa robe.
LA MERE
(suite)
Nous devons partir. Nous avons un long chemin
à faire et mon mari attend.
XENA
Merci pour votre gentillesse.
LA MERE
Non, merci à vous … pour mon fils.
ENCHAINE SUR :
EXT. CLAIRIERE JUNGLE. NUIT.
GABRIELLE est allongée sur un lit douillet de fourrures près du feu. Ses blessures ont été nettoyées et pansées. Sa jambe est dans une atèle et ses côtes fêlées sont enveloppées dans des bandelettes de tissus propres.
Bien que la chaleur du feu irradie la clairière, et qu'elle soit couverte d'épaisses fourrures, GABRIELLE tremble, sous l’emprise d’une fièvre légère.
Préparant le feu pour qu'il brûle toute la nuit, XENA se dévêt entièrement, soulève les fourrures et se glisse au-dessous, se lovant autour de GABRIELLE, partageant sa chaleur.
Bien que ses yeux soient clos, elle reste éveillée et prête à réagir au moindre changement dans l'état de GABRIELLE.
ENCHAINE SUR :
EXT. CLAIRIERE JUNGLE. PEU AVANT L’AUBE.
GABRIELLE sursaute sous l’emprise d’un cauchemar enfiévré.
Percevant la détresse de GABRIELLE, XENA lève un sourcil et pose sa main sur le front de sa partenaire, fronçant les sourcils en sentant la chaleur irradiée de sa peau.
GABRIELLE gémit doucement, et XENA se recule, regardant longuement le visage de sa bien-aimée.
GABRIELLE entrouvre les paupières et cligne des yeux, essayant d'ajuster sa vue.
XENA
(doucement, sourit)
Hé.
GABRIELLE
XENA ?
XENA
Ouais, c'est moi.
(un temps)
Tu te sens comment ?
GABRIELLE
(fronçant les sourcils)
Comme si Argo m'avait piétinée.
XENA rit doucement.
XENA
A ce point là, hein ?
GABRIELLE
Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
XENA
De quoi te souviens-tu
en dernier ?
Les yeux de GABRIELLE deviennent distants alors qu'elle essaie de se concentrer.
GABRIELLE
On était sur … la rivière.
Un déluge.
(un temps)
Le garçon ! Il est … ?
Elle se débat pour s'asseoir, mais XENA la calme, et elle retombe contre les couvertures, le souffle coupé par la douleur et le vertige.
XENA
Détends-toi. Tout va bien. Le garçon va bien.
GABRIELLE
(sourit de soulagement)
Tu l'as sauvé.
XENA
Non. Tu l'as sauvé. J'ai seulement
donné un coup de main.
GABRIELLE
Je l'ai fait ? Mais j'ai…
XENA
Eté blessée, oui. Mais tu
lui as tout de même sauvé la vie.
GABRIELLE
Et tu as sauvé la mienne.
XENA sourit, et tapote la joue de GABRIELLE.
XENA
C'est mon boulot, tu te souviens ?
GABRIELLE rit, puis tressaille et se tient les côtes.
GABRIELLE
Dieux !
Se penchant de côté, XENA attrape une tasse pleine d'herbe et d'eau. Soulevant doucement la tête de GABRIELLE, elle avance la tasse vers les lèvres de sa compagne.
XENA
Bois. Ça devrait soulager
la douleur.
GABRIELLE boit la mixture amère, faisant la même grimace qu'à chaque fois.
GABRIELLE
Merci.
XENA hoche la tête et replace la tasse sur le sol à côté d'elle.
GABRIELLE
XENA ?
XENA
Oui.
GABRIELLE
Tu as trouvé les herbes ? Celles
pour lesquelles nous sommes venues ici.
XENA
Non, pas encore.
GABRIELLE
Mais …
XENA
Les herbes attendront.
GABRIELLE
(un peu avec ferveur)
Les gens qui
en ont besoin n'attendront pas.
XENA
Ils le devront bien. Je ne
te laisse pas seule,
GABRIELLE.
Pas ici. Pas maintenant.
Plus jamais.
GABRIELLE
XENA, ceci est important.
XENA
C'est toi le plus important.
GABRIELLE
Et les Amazones ?
XENA
Quoi les Amazones ?
GABRIELLE
XENA, tu as promis à Ephiny
que tu ne laisserais pas les
Amazones mourir.
XENA
Et je ferai de mon mieux pour
tenir cette promesse,
GABRIELLE.
(un temps)
Mais pas au prix que tu me
demandes de payer.
L'expression de XENA est fermée et GABRIELLE sait que cela ne sert à rien d’argumenter, mais elle se force à continuer, quand un énorme bâillement l’en empêche. Ses paupières deviennent lourdes et se ferment finalement quand l'appel inexorable de la drogue l'amène enfin vers un profond sommeil réparateur.
XENA
(murmure)
Je suis désolée.
FONDU AU NOIR
FIN DE L'ACTE 3
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