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TERRORS5

Page history last edited by Fausta88 14 years, 8 months ago

Dar & Kerry

 

Terrors of the High Seas

Aventures en Haute Mer

 

 

Par Melissa Good

Traduction : Fryda

(fryda@orange.fr)

 

Voir les avertissements dans la partie 1

**********

Partie 5a

*********

Kerry sentit les mains de Dar se poser sur ses épaules alors qu’elle se tenait dans l’encadrement de la porte, en train de repérer une table où s’asseoir. Celles-ci étaient artisanales et en bois, et l’atmosphère décontractée et détendue. Elle localisa une table libre et commença à se frayer un chemin à travers la foule, quand la prise de Dar se resserra et la fit s’arrêter. Curieuse, elle se retourna et la regarda. « Qu’est-ce qu’il y a ? »

 

« Asseyons-nous par ici. » Dar montra une petite table près de la fenêtre.

 

« Là ? » Kerry plissa les yeux. « Oh. » Elle reconnut les visages à une table proche comme ceux des gens qui avaient été escortés par la police cette après-midi.

 

Dar prit la tête, s’asseyant sur le siège contre le mur alors que Kerry s’installait en face d’elle. Elle jeta un coup d’œil décontracté à la table près de la leur, où les cinq victimes de l’abordage se trouvaient. Ils avaient toujours l’air secoués et pas très heureux, mais alors qu’elle regardait, Dar se rendit compte que l’un d’eux lui paraissait familier. Elle s’adossa dans son siège et fit appel à sa mémoire, essayant de replacer le profil caractéristique de l’homme d’un certain âge.

 

« Deux de ce rhum spécial que vous avez », dit Kerry à la serveuse mignonne qui s’était arrêtée à leur table avec un plateau tout prêt. Elle posa l’affichette cartonnée sur la table et regarda Dar. « Bouh. »

 

Surprise, Dar la regarda à son tour. « Désolée. » Elle posa les coudes sur la table. « Un de ces types me dit quelque chose. » Elle montra la table à côté d’un mouvement de la tête.

 

Kerry bougea le regard. Les gens à cette table avaient un air sombre, les mains serrées autour de verres vides, et il y avait un sentiment de choc tendu qu’elle mit sur le compte de leur épreuve. Une des femmes avait environ son âge, blonde également, mais avec des cheveux très frisés et des grands yeux couleur ambre. Elle semblait être la plus ébranlée, et même dans la faible lumière du restaurant, Kerry pouvait voir qu’elle avait pleuré. « Ces gens qui ont été abordés, tu veux dire ? »

 

« Mm. » Dar tourna légèrement la tête, étudiant l’autre table avec discrétion, ce que fit également Kerry, mais aucun des hommes ne lui semblait familier aussi elle retourna son attention sur Dar, levant un sourcil interrogateur. « Pas à moi. »

 

« Non. » Dar secoua la tête. « Je pense… » Elle s’interrompit puis s’appuya sur l’accoudoir de son fauteuil, attirant l’attention de l’homme. « Jacob ? »

 

L’homme sursauta légèrement puis la regarda avec incertitude. « Je suis désolé, je ne… » Il se pencha un peu plus. « Seigneur… Dar » Il remua dans son siège et tendit la main, une expression sincèrement heureuse sur le visage. « Dar Roberts ! »

 

Dar prit sa main et lui rendit sa poignée. « Comment vas-tu Jacob ? Ça fait longtemps. » Très longtemps, se rendit-elle compte. Elle avait vu Jacob Wellen pour la dernière fois il y avait six ans à une convention technique à Las Vegas.

 

« Ça c’est sûr. » Jacob sourit. C’était un homme de taille et de corpulence moyennes, aux cheveux gris raides et avec une barbe rasée de près ainsi qu’une moustache. « Quelle surprise agréable. Tenez. » Il se tourna vers ses amis qui s’étaient retournés pour regarder Dar. « Les amis, voici une ancienne collègue, Dar Roberts », dit Jacob. « Dar, voici ma femme, Minnie, et son frère Richard, et voici mon fils Todd et sa fiancée Rachel. »

 

« Heureuse de vous rencontrer », répondit Dar avec courtoisie, et elle se tourna à demi. « Voici ma compagne, Kerrison », dit-elle en présentant Kerry. « Jacob et moi avons survécu à la dernière grande Réorganisation dont vous avez tant entendu parler. »

 

Kerry se leva et prit la main de Jacob. « Toute ma sympathie », dit-elle en souriant. « J’en ai entendu parler. » Son regard alla vers les autres personnes attablées. « Bonjour. » Les salutations en retour furent cordiales, bien qu’un peu retenues. Kerry n’était pas sûre de savoir si c’était dû aux circonstances ou à sa présentation en tant que compagne de Dar, mais elle leur laissa le bénéfice du doute et présuma la première solution.

 

Jacob bougea sa chaise. « Pourquoi est-ce que tu ne tires pas sur cette table pour la rapprocher et vous joindre à nous, Dar », suggéra-t-il. « Nous avons plein de place. »

 

Les autres bougèrent leurs chaises pour les mettre d’un côté pendant que Dar poussait leur table puis chacun se rassit. « Quelle coïncidence, tomber sur toi ici Dar », dit Jacob. « Tu es là pour affaires ? » Il se tourna vers le reste de sa famille avant que Dar ne puisse répondre. « Dar est la DSI d’ILS maintenant. Une femme occupée. »

 

« Nan », répliqua Dar en entrelaçant ses doigts pour poser son menton dessus tout en mettant les coudes sur la table. « Nous sommes en vacances en fait. Et toi ? Tu travailles toujours en Australie ? »

 

« J’en reviens juste », dit-il. « Je pensais faire un tour par les îles avant de nous réinstaller aux Etats-Unis. » Son visage se renfrogna. « Ça a fini par être une mauvaise idée. »

 

« Papa », murmura la jeune femme.

 

« Pourquoi ? » Demanda Dar. « Ça semble être un endroit sympathique. »

 

« Ouais, et bien, les apparences peuvent être trompeuses comme beaucoup de gens s’en sont rendus compte, hein ? » Dit Jacob en soupirant. « Laissez-moi vous raconter ce qui nous est arrivé hier soir. »

 

« Papa ! » Le jeune homme l’interrompit. « Ils nous ont dit de ne pas en parler. »

 

« Merci les enfants, mais je sais ce que je peux dire et à qui je peux le dire », leur dit Jacob. « Dar peut avoir l’air d’avoir ton âge, mais elle a plus de jugeote que tous les gens que j’ai rencontrés. »

 

Dar ricana. « Tu ne dis ça que parce que je t’ai sauvé la mise à Paris. »

 

La serveuse revint, posant les boissons de Dar et Kerry. Elle nota l’arrangement de la table sans sourciller, puis croisa le regard de Kerry. « Vous voulez manger quelque chose ? »

 

Kerry jeta un coup d’œil au petit menu. « Vous pouvez nous apporter deux bols de ragoût, deux ignames au four et un peu de ça ? » Elle montra le pain.

 

« Bien sûr. » La femme lui sourit puis prit le menu et disparut dans la foule. Kerry retourna son attention à la table, intéressée d’entendre le son de cloche de Jacob sur ce qui s’était passé. Elle remarqua des coups d’œil furtifs du jeune couple et elle leur rendit avec un amusement léger. Une autre chose à ajouter à leur liste de coïncidences, une des personnes que les pirates avaient choisi d’attaquer s’avérait être justement un ancien collègue de Dar. Quelles étaient les probabilités, vraiment ? Certes ILS avait une large base d’employés, et était une organisation mondiale, mais zut !

 

Jacob posa les bras sur la table. « On aurait dit quelque chose comme le mauvais film de la semaine. »

 

« Déjà vu, déjà fait », murmura Kerry, entre ses dents.

 

« On était au large de ce grand récif juste au nord d’ici, à pêcher », continua Jacob. « L’obscurité tombait, alors on était sur le point de remballer et de revenir au quai, quand ce grand bateau élégant nous est tombé dessus. »

 

« Noir ? » Hasarda Dar.

 

« Non. » Jacob secoua la tête avec un froncement de sourcils. « Blanc avec une ligne bleue, pourquoi ? »

 

« Juste comme ça. »

 

« En tous cas, je me suis dit qu’ils avaient besoin d’aide, ou que leur radio était HS, vous voyez… »

 

« Bien sûr. » Kerry hocha la tête. « On veut aider les gens si on peut. »

 

« Exact », dit Jacob. « Alors je les laisse approcher et s’amarrer, et subitement, les maudits salopards… » Il leva les yeux. « Pardon, mesdames. » Il leur lança un regard d’excuses et retourna son attention vers Dar. « Ces maudits salopards sautent à bord et sortent leurs armes ! »

 

Dar simula la surprise. « Des armes ? Pour quoi faire ? Qu’est-ce qu’ils voulaient ? »

 

« Tout », marmonna Rachel. « Et bon sang, ils étaient odieux là-dessus. » Elle secoua la tête. « Ils ont effrayé ma mère, nous ont poussés, c’était horrible. »

 

Kerry leur lança un regard de sympathie. « Je parie qu’oui. C’est moche. »

 

« Ouais », ajouta Todd. « Ils n’auraient pas été aussi sûrs d’eux sans ces armes. C’étaient que des crapules. »

 

Son ton était renfrogné et il était clair, du moins pour Kerry, que sa fierté en avait pris un coup. « Est-ce qu’ils vous ont dit quelque chose ? Qui étaient–ils ? »

 

« Ils n’ont rien dit. » Jacob reprit l’histoire. « Ils nous ont juste dit qu’ils prenaient le bateau et nous ont laissés sur un banc de sable avec une radio portable et rien d’autre. » Il secoua la tête de dégoût. « Des crapules. Todd a raison. C’étaient que des petites frappes à deux sous avec des fusils. »

 

« Ils vous ont pris tout le bateau ? » Demanda Kerry.

 

« Et tout le reste avec », acquiesça Jacob désabusé. « Est-ce que j’ai l’air d’un connard ? Tu parles. » Il soupira, prit sa boisson et la vida d’un trait. « Heureusement qu’une patrouille de gardes-côtes est arrivée environ une demi-heure, quarante-cinq minutes après, et nous a sauvés avant que la marée ne monte. »

 

« Wow », murmura Kerry.

 

« Est-ce qu’ils ont dit pourquoi ils faisaient ça, Jake ? » Demanda Dar. « Juste pour l’argent ou quoi ? »

 

L’homme secoua à nouveau la tête. « Ils n’ont pas dit un mot, Dar. Ils nous ont juste dit de quitter le bateau et qu’ils le prenaient. Pas de raison, pas de pourquoi ni comment. »

 

La serveuse revint à ce moment, avec un grand plateau. Elle posa la nourriture pour les deux tables et la conversation s’interrompit pendant que chacun prenait son assiette.

 

Dar avança son assiette et inspecta le bol niché à côté d’une igname cuite au four fumante qui sentait la vanille et la noix de muscade. La serveuse posa un panier de pain chaud au milieu de leur table puis resservit des boissons pour le groupe de Jacob. Dar leva son verre et montra celui de Kerry, et la femme les prit avec un sourire avant de repartir vers la cuisine.

 

« Alors. » Dar prit un morceau de pain et le plongea dans le ragoût, puis en mordit un bout et le mâcha. « Qu’est-ce que les flics ont dit ? »

 

« Ahh. » Jacob remua la main avec dégoût. « Le truc habituel. Ils nous ont posé un million de questions, nous ont dit combien ils étaient choqués, que ça n’arrive jamais, blablabla. »

 

Kerry leva les yeux et croisa le regard de Dar. Elle haussa un de ses sourcils clairs.

 

« Ah oui, hein ? » Murmura Dar. « Attendez que je devine. Il vous ont juste dit de voir le plus vite possible avec votre assurance, et qu’ils feraient de leur mieux pour trouver le bateau avant qu’il quitte l’île, c’est ça ? »

 

Jacob la regarda, honnêtement surpris.

 

« Oui, c’est ça », bafouilla Todd, également surpris. « Comment vous savez ça ? »

 

Dar plissa les yeux et un sourire légèrement déplaisant apparut sur son visage. « Disons que c’est une prémonition », dit-elle. « Alors, quel est votre plan pour maintenant ? Vous partez pour les Etats-Unis ? »

 

Jacob coupait un morceau de steak et il posa son couteau avant de répondre. « Nan. Je me suis dit que tant qu’on était là, on pouvait aussi bien traîner quelques jours, s’amuser un peu malgré tout ce foutu truc. » Il tapota la main de sa femme. « Donner une chance à Minnie de se débarrasser de toute cette saleté. »

 

« C’était horrible », approuva sa femme doucement. « Ms Roberts, vous ne pouvez pas imaginer combien c’était horrible. Ces hommes se comportaient comme si c’était un jeu pour eux. Comme si on n’était que des jouets. »

 

Kerry sortit des morceaux de viande de son ragoût avec sa fourchette, et les mangea tout en écoutant, retournant la nouvelle information dans son esprit. Le plat était vraiment très bon, et elle copia Dar en plongeant le pain chaud mariné dans des herbes dans son bouillon. Jacob et sa famille semblaient se détendre un peu et elle devina qu’après quelques jours, l’horreur de ce qui s’était passé diminuerait probablement rapidement.

 

Mais les pirates, bien que paraissant effrayants, avaient effectué leur plan d’une manière très rapide et très efficace. Ils n’avaient pas pris le risque de garder la famille à bord, ils avaient simplement trouvé un endroit adéquat pour les débarquer, prenant possession du bateau et de tout son contenu. Elle soupçonnait qu’ils avaient emporté le vaisseau vers une crique couverte pour fouiller tout leur content.

 

Rapide, efficace et pratique. Il lui était évident qu’ils avaient déjà pratiqué auparavant et qu’ils étaient rôdés. Du commentaire qu’avait fait Dar, elle soupçonnait sa compagne d’en être arrivée à la même conclusion. Elle se demanda si elles pouvaient en fait faire quelque chose à ce sujet ?

 

« Jake, tu ne gardais pas de cahier de maintenance sur ton bateau, si ? » Demanda Dar soudainement.

 

Tout le monde la regarda avec curiosité.

 

Jacob finit de mâcher et avala, s’essuyant la bouche en hâte. « Et bien… pas moi, non, mais mon capitaine oui, je parie. Pourquoi ? » Demanda-t-il. « Hé, en parlant de ça, tu es venue en avion, non ? »

 

Dar secoua la tête. « Non », dit-elle. « Nous sommes amarrées dans la marina. Est-ce que ton capitaine garde le cahier sur le bateau ou chez lui ? »

 

« Bon sang, vous feriez bien d’être prudentes », dit Jacob. « Ne sortez pas trop loin d’ici, Dar. Je détesterais qu’il vous arrive la même chose. »

 

Kerry dut réfréner un sourire à l’ironie de la situation. « Nous sommes toujours très prudentes », dit-elle.

 

Jacob secoua la tête. « Et bien, quoi qu’il en soit. Je pense que Rick garde le cahier avec son équipement, et je ne peux pas être sûr de savoir s’il l’a laissé à terre ou pas », dit-il. « Pourquoi Dar ? »

 

« S’il a les numéros d’enregistrement, et que les pirates essayent de vendre le bateau, il pourra être suivi », fit remarquer Dar d’un ton neutre. « Ça pourrait prendre du temps mais… »

 

« C’est une idée géniale », lâcha Todd avec enthousiasme. « Ensuite nous pourrons trouver ces salopards ! » Il se tourna vers son père. « Je parie que Rick a ce bouquin. On devrait le donner à la police ! »

 

« Ecoute, Todd… »

 

« On peut pas laisser ces types s’en sortir comme ça, papa ! » Protesta le jeune homme. « C’est ce qu’ils veulent qu’on fasse, juste partir et lécher nos plaies, et tout oublier. Pas question ! » Il frappa la table de sa main musclée.

 

« Todd ! » Minnie fronça les sourcils.

 

« Il a raison », s’interposa Dar. Elle attendit que tous la regardent avec surprise. « C’est ce qu’ils veulent. Vous n’êtes pas les premières victimes et je parie que vous ne serez pas les derniers. » Elle posa les avant-bras sur la table. « Alors si vous avez ce cahier, ça va aider. Mais ne le donnez pas aux flics. »

 

Ils la fixèrent avec choc pendant un long moment après qu’elle se fut arrêtée de parler.

 

« Pas les premiers ? » Dit Jacob avec hésitation.

 

« Non. » Kerry attrapa la balle au bond donnant une chance à Dar de manger. « Il y a eu plusieurs abordages autour de cette zone récemment, mais personne ne veut en parler parce que ça effrayerait les gens », expliqua-t-elle. « Je pense que Dar pense que… » Elle jeta un coup d’œil à sa compagne. « Ça pourrait venir d’un gang local. »

 

Dar hocha la tête.

 

« Ben ça. » Jacob avait l’air horrifié. « Merde alors. »

 

« Ecoutez. » Todd se pencha vers Dar. « Quoi que vous pensiez faire pour les arrêter, vous pouvez compter sur moi. On doit faire quelque chose », dit-il. « Je vais appeler Rick aussitôt qu’on aura fini ici, et je vais voir s’il a ce cahier. »

 

« Vous pensez vraiment… ? » Dit Minnie avec hésitation. « Peut-être que les autorités sauront mieux s’occuper de ça, non ? »

 

« Vous l’avez entendue. Ils en font probablement partie ! » Todd se leva. « Je suis vraiment furieux, il faut que j’aille me défouler. Viens Rach. » Il tendit la main et aida sa fiancée à se lever. « Allons-y »

 

Les deux jeunes gens se frayèrent un chemin hors du restaurant, disparaissant dans la foule.

 

« Fichue tête brûlée. » Le frère de Minnie, Richard, parla pour la première fois, écartant le visage de sa chope de bière. « Qu’est-ce qui lui prend à ce gamin, Bon Dieu, Jacob ? »

 

Jacob secoua la tête, visiblement toujours choqué. « Dar, je ne peux pas croire que les gens d’ici savent ce qui se passe, et qu’ils laissent juste les touristes continuer à venir. C’est… c’est… »

 

« De la piraterie », proposa Dar succinctement. « Ouais, et bien… peut-être que les flics n’en sont pas, peut-être qu’ils ne veulent pas que les plaisanciers ne viennent plus, mais quelque chose sent mauvais là-dedans. » Elle finit son ragoût, raclant le fond du bol avec un morceau de pain avant de le mâcher.

 

« On veut pas d’ennuis », marmonna Richard. « Je pense qu’on devrait juste partir et rentrer à la maison. » Il regarda alentours. « Cet endroit me donne la chair de poule d’ailleurs. »

 

« C’est parce que tu ne sais pas t’adapter à un endroit où il n’y a pas de machine à sous dans les toilettes », ricana Jacob. « Détends-toi, tu veux bien ? » Il se tourna vers Dar. « Ecoute Dar… il a raison au sujet d’un truc. On ne cherche pas les ennuis. Si les flics locaux ne veulent pas remuer les choses, moi non plus. »

 

Dar posa le menton sur son poing et le regarda.

 

« Dar, ne me regarde pas comme ça », dit Jacob en soupirant. « Ecoute, je sais ce que tu penses… »

 

Dar haussa visiblement les sourcils.

 

« Je ne suis pas un chevalier. Je ne l’ai jamais été », déclara l’homme. « Ma famille est ici, et si tout ça est une arnaque, alors je suis prêt à faire ce qu’il faut, déposer ma réclamation et les laisser faire. Ce foutu truc fuyait de toutes les façons. »

 

« C’est sacrément vrai », approuva Richard. « Minnie n’a pas besoin d’autres problèmes non plus. »

 

Minnie eut l’air profondément soulagée.

 

Dar roula les yeux vers Kerry et elles échangèrent un regard. « C’est bon. » Kerry leur fit un sourire doux. « Nous comprenons. »

 

Jacob se détendit un peu. « Ce n’est pas que je pense que c’est bien », déclara-t-il.

 

« Bien sûr que non », dit Kerry. « Il vaut mieux que vous nous laissiez nous en occuper Dar et moi. »

 

Jacob cligna des yeux. « Revenir ? »

 

« Nous allons nous occuper des pirates. Pas besoin que vous soyez impliqués, après tout vous avez traversé une sacrée épreuve, et je suis sûre que tout ce que vous voulez c’est vous reposer. »

 

Minnie se pencha un peu en avant. « Ma chérie, ces gens sont dangereux. »

 

« La vie l’est parfois. » Kerry lui sourit gentiment. « Mais Dar et moi on a le chic pour passer au travers. » Elle leva les yeux alors que la serveuse revenait. « Parfois il faut juste s’y atteler. Est-ce que je peux avoir deux de ces sundaes Island Volcano, et un autre punch au rhum ? »

 

« Bien sûr. » La serveuse rayonnait. « Vous voulez quelque chose madame ? » Elle regarda Dar.

 

« Je pense que l’un des sundaes est pour moi », répondit Dar pince-sans-rire.

 

Kerry sourit puis retourna son attention vers Jacob. « Quoi qu’il en soit, ne vous inquiétez de rien. Nous pouvons gérer ça nous-mêmes. »

 

« Attendez une minute », protesta Jacob.

 

« Non, non, nous comprenons parfaitement. » Kerry leva la main. Elle sirota le reste de son punch, sentant démarrer un léger bourdonnement. Cela la surprit et elle essaya de se rendre compte de combien de bières il fallait pour avoir cet effet. Deux ? Trois ?

 

Beurk. Ça voulait dire qu’elle avait déjà bu l’équivalent de six bières. Peut-être qu’elle devrait faire l’impasse sur le punch suivant.

 

« Et bien, quoi, écoute Dar », disait Jacob.

 

Ça faisait six ?

 

« Je sais ce que j’ai dit, mais si vous deux pensez vraiment qu’on devrait faire quelque chose.

 

Ou seulement quatre ?

 

« Tu peux compter sur nous. »

 

« Jacob ! »

 

Eh. J’t’ai eu. Kerry gloussa silencieusement pour elle-même.

 

Une odeur envahissante de chocolat la sortit brusquement de ses pensées. Kerry cligna des yeux alors qu’on posait devant elle un bol de crème glacée avec du caramel, encore de la glace, du caramel, un brownie, peut-être un autre brownie, le tout couvert d’une coquille de chocolat de laquelle sortait une flamme. « Wow », dit-elle. « Ce truc est aussi gros que ma tête ! »

 

Dar rit d’elle. « Je veux vérifier d’autres trucs, Jake, avant de décider quoi faire », dit-elle. « Mais je garde ton offre à l’esprit. »

 

« C’est d’accord », dit Jacob.

 

Kerry arrosa sa flamme de volcan avec contentement, et craqua la coquille de chocolat qui la séparait de la glace. Elle regarda dans la salle d’un air dégagé, contente de ne pas voir les visages familiers qu’elle s’attendait à demi à y voir. Peut-être que les crétins avaient décidé de prendre du repos ce soir.

 

La serveuse posa son troisième rhum et prit le verre vide. Kerry regarda son punch et se demanda si le chocolat avait une action contraire.

 

Hm. Elle présuma qu’elle finirait par le savoir.

 

*********************************

 

Dar se brossait les dents, lançant un regard occasionnel dans le miroir ce faisant. Elle se rinça la bouche, puis passa la tête au coin de la porte de la salle de bains et regarda le lit. Kerry était affalée en travers, sur le dos, l’air très détendue.

 

« Hé, Paladar », dit Kerry d’une voix traînante. « Viens par ici. »

 

Ah. Dar soupira. Juste au moment où j’oublie mon enregistreur vocal à la maison. Elle passa la porte et entra dans la chambre pour s’installer sur le lit près de Kerry. « Ooouiii ? »

 

Un œil vert s’ouvrit et la regarda. « Tu m’as laissée me soûler. Méchante. »

 

Dar lui sourit. « Tu es vraiment mignonne quand tu es soûle, tu sais ça ? » Elle toucha la joue de Kerry et sentit la pression alors que Kerry s’appuyait contre ses doigts. « En plus, tu le méritais. »

 

« Oui oui. On verra si tu dis ça quand je serai malade comme un crapaud mort depuis trois jours demain », l’avertit Kerry. « J’espère que tu aimes nettoyer. »

 

Dar s’étira lentement près d’elle. « Je prendrai soin de toi, ne t’inquiète pas », promit-elle.

 

« Je m’inquiète pas », dit Kerry en tendant la main pour jouer avec une mèche de cheveux de Dar. « Je t’ai. » Elle regarda le visage de Dar à travers ses yeux à demi-fermés. « T’sais combien c’est cool ? »

 

« Combien quoi est cool ? » Demanda Dar.

 

Kerry tourna la tête et regarda le plafond un moment. « La première fois que j’ai été vraiment soûle, c’est quand j’ai déménagé pour venir ici. J’étais cinglée pendant un moment. »

 

Dar remua pour se rapprocher et entoura Kerry de son bras. « Après avoir quitté la maison ? Beaucoup de gens le deviennent. »

 

« C’est vrai », approuva Kerry. « Personne pour me dire quoi faire, à qui parler… où aller. C’était génial. » Elle regarda la main de Dar, posée négligemment sur son épaule. « J’étais comme un animal sorti de sa cage. »

 

Dar rit doucement. « Je suis sûre que tu n’étais pas si terrible »

 

Kerry croisa son regard. « Oh si je l’étais », admit-elle. « Et puis… un soir… je me souviens encore pas de tout, mais je m’suis réveillée dans ma voiture à moitié sur la plage près d’un arbre, et je savais pas comment j’avais atterri là. »

 

Dar contracta légèrement le front.

 

« Je pouvais rien me rappeler », murmura Kerry. « Ça m’a fichu une frousse bleue. »

 

« J’imagine. » Dar se rapprocha.

 

« Je me souviens d’avoir été assise là, à me demander à quoi servait tout ça ? » Kerry secoua doucement la tête. « Je me sentais si vide. » Elle se tourna et regarda Dar. « Je me sentais comme si… si j’avais continué à conduire directement dans l’eau, personne s’en serait inquiété. »

 

Dar se contenta de la regarder avec compassion.

 

« Juste une autre sordide page des faits divers. La fille d’un sénateur, soûlée à mort, noyée. »

 

« Ker. »

 

« C’est vrai et tu le sais. » Kerry sourit tristement. « J’avais aucune idée de ce que c’était de vraiment avoir de l’importance pour quelqu’un. » Elle entrelaça ses doigts avec ceux de Dar. « Je savais pas ce que c’était que de faire partie de la vie de quelqu’un. »

 

« Et bien. » Dar étudia son visage. « Tu le sais maintenant. »

 

Kerry sourit sans problème. « Ooooouuuiiii…. Ça c’est sûr. » Elle roula sur le côté avec maladresse et attira la main de Dar. « C’est ça qui est si cool », dit-elle. « Je t’ai. »

 

« Tu m’as », acquiesça Dar, reprenant Kerry avec précautions entre ses bras pour l’étreindre. Il n’y eut aucune résistance dans le corps de sa compagne. Kerry emmêla ses membres dans l’étreinte de Dar avec un abandon total, chantonnant doucement de délice alors que Dar les berçait doucement sur le lit. « Tu m’as, Ker, je t’ai et c’est comme ça. »

 

« Uumrrrmm… je t’aime tellement », bredouilla Kerry, sa respiration chaude contre le cou de Dar. « Tu donnes du sens à ma vie. »

 

Dar fut extrêmement surprise de sentir des larmes dans ses yeux. Elle cligna et elles coulèrent sur ses joues, disparaissant dans les cheveux clairs de Kerry alors qu’elle avalait le nœud dans sa gorge. Elle caressa la tête de Kerry et l’embrassa, savourant un moment de joie pure si intense qu’il n’y avait pas de mots pour la décrire.

 

Le véritable bonheur, elle l’avait découvert au cours de cette dernière année, c’était de rendre quelqu’un heureux. Un fichu simple concept, vraiment, qui échappait à tous les manuels de motivation laborieusement écrits.

 

Dar renifla légèrement.

 

Kerry se tortilla pour la regarder. « Hé Boubou… » Elle tendit la main et essuya doucement les paupières de Dar. « Qu’est-ce qu’il se passe ? »

 

« Rien. » Dar recourba les lèvres. « Boubou ? Tu regardes trop de dessins animés, Kerrison ? »

 

Kerry fit ressortir sa lèvre inférieure et sourit d’un air penaud. Elle cacha son visage dans l’épaule de Dar alors qu’un rire lui échappait. « Je suis si bourrée », marmonna-t-elle. « Je vois un ours animé. »

 

Dar rit. « Je vais te dire, Yogi, on va t’enlever tes vêtements et te mettre au lit. »

 

« C’est un plan ou une invitation ? » Dit Kerry en riant de nouveau, mais elle se laissa faire et roula sur le dos, se couvrant les yeux du bras. « C’est trop lumineux ici. »

 

Dar commença avec ses chaussures, les délaçant avant de les enlever, puis elle s’attela aux chaussettes rayées intéressantes de Kerry.

 

« Ooh. » Kerry remua les orteils. « Je peux être soûle plus souvent ? J’aime bien que tu me déshabilles. »

 

« Ah oui, hein ? » Dar glissa le long du corps de sa compagne et défit le bouton de son short avant de descendre la fermeture-éclair. « Et bien, il se trouve que j’aime bien te déshabiller, alors ça marche super. » Elle enleva le short, aidée par un tortillement serviable des hanches de Kerry, puis elle le tira et le jeta sur la chaise. « La moitié de faite, la moitié à faire. »

 

Kerry mit les mains derrière la tête. « Fais au pire. » Elle sourit.

 

Dar glissa les mains sous le tee-shirt de Kerry et les glissa vers le haut, tirant le vêtement en même temps. Elle se pencha et embrassa doucement Kerry sur les lèvres, avant de retrousser le tee-shirt et de le passer par-dessus sa tête quand elle eut fini.

 

« Mmm. » Kerry avait les yeux fermés. « J’adore franchement être déshabillée. »

 

Dar jeta le tee-shirt sur la chaise. « Il faudra que je m’en souvienne. » Elle glissa les mains sous les épaules de Kerry et la fit rouler sur le côté pour pouvoir détacher son soutien-gorge. Elle sentit qu’on la tirait à la taille et ensuite, elle entendit un son doux alors que Kerry déboutonnait un de ses boutons de salopette. « Tu tires là. »

 

« Tirer ? » Kerry mit les doigts dans les bretelles et tira. « D’accord. »

 

Dar rit en se sortant de la prise de sa compagne. « Je vais te chercher de l’eau. »

 

« De l’eau ? » Kerry plia les mains sur son estomac maintenant dénudé, regardant Dar plaisamment emporter son corps à demi vêtu vers la console. « On n’a jamais eu besoin d’eau avant ça. »

 

« Pour boire. » Dar versa de l’eau de la bouteille de la commode dans un verre puis revint au lit.

 

« C’est de l’eau chaude ? »

 

« Non de l’eau froide. »

 

« J’ai froid. Je veux pas d’eau froide. »

 

Dar posa le verre puis tira les couvertures sur le lit et s’agenouilla, glissant les bras sous les genoux et les épaules de Kerry pour la bouger. Elle tira sur les couvertures et lui tendit le verre. « Ma chérie, tu dois me croire sur ce coup-là. Bois. »

 

Kerry attrapa le verre, l’étudiant sérieusement. Elle regarda Dar par-dessus le bord, ses cheveux blonds partiellement dans ses yeux. « Okay », finit-elle par dire. « Si tu me dis pourquoi tu pleurais tout à l’heure. »

 

Dar cligna des yeux, ne s’attendant pas à la question. « Oh. » Elle s’éclaircit un peu la gorge. « C’était juste… hum… tu as dit quelque chose qui m’a vraiment touchée, je pense. »

 

« Vraiment ? »

 

Dar hocha la tête. « Oui. »

 

« D’une bonne façon, hein ? »

 

« Oui. »

 

Kerry mit le nez dans son verre et but son contenu, le leva et laissa la dernière goutte couler dans sa bouche avant de le rendre à Dar. « Et maintenant ? » Demanda-t-elle. « Je me transforme en citrouille ? »

 

« Tu te transformes en une belle princesse au bois dormant. » Dar retira rapidement ses vêtements et rejoignit Kerry sous les couvertures.

 

« Ça fait de toi une grenouille ? » Dit Kerry en riant.

 

« Viens par ici. » Dar prit Kerry dans ses bras à nouveau et éteignit. Tout fut paisible un moment.

 

« Hé Dar ? »

 

« Mm ? »

 

« Je vais vraiment le regretter demain matin, hein ? »

 

« Eeerrrrmm… Probablement. »

 

« Toi aussi, hein ? »

 

« Eh. » Dar massa la nuque de Kerry. « On va survivre. »

 

« Dar ? »

 

« Hm ? »

 

« Je t’aime. »

 

Dar sourit dans l’obscurité. « Je t’aime aussi Ker. » Elle ferma les yeux, espérant pouvoir se souvenir du vieux remède contre la gueule de bois de son père le lendemain matin.

 

Bien qu’elle ne soit pas sûre de savoir si Kerry considèrerait ça comme meilleur ou pire que ce que c’était censé guérir en premier lieu.

 

Ou bien s’ils avaient du sirop Bosco sur St John.

 

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