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TERRORS9

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Dar & Kerry

 

Terrors of the High Seas

Aventures en Haute Mer

 

 

Par Melissa Good

Traduction : Fryda

(fryda@orange.fr)

 

Voir les avertissements dans la partie 1

**********

Partie 9a

*********

Dar leva les yeux en entendant Kerry grimper à l’échelle, ses mouvements plus lents et un peu plus hésitants que d’habitude. « Kerry ! » Elle attrapa les manettes, ralentissant le bateau en regardant sa compagne les bras chargés alors qu’elle tentait de monter sur le pont supérieur. « Tu vas te tuer ! »

 

« Chh. Je vais bien. » Kerry réussit à reprendre pied. « Détends-toi et garde les yeux sur la route, trésor. »

 

Dar augmenta la vitesse à nouveau, mais ne put résister à garder un œil sur Kerry alors qu’elle se frayait un chemin et s’installait près d’elle. « Qu’est-ce que c’est ? »

 

« Et bien. » Kerry posa une grande assiette couverte. « On n’a pas le temps que je fasse ce que je voulais, alors j’ai fait un compromis. » Elle découvrit l’assiette. Posés dessus se trouvaient deux sandwiches au beurre de cacahuètes et à la confiture soigneusement préparés, et quelques gâteaux.

 

« Mm. » Dar alla, comme à son habitude, vers les gâteaux, les yeux écarquillés quand elle les sentit. « Ils sont chauds ! »

 

« Et bien, oui. » Kerry glissa un bras autour d’elle. « Je viens juste de les faire. Merci à Pillsbury. » Elle posa une thermos sur la console. « Je me suis dit qu’on avait juste le temps de déjeuner avant de rentrer au quai. »

 

Dar sélectionna volontiers un demi-sandwich et mordit dedans. « Je me demande ce qui se passe ? » Marmonna-t-elle. « Bud se comporte juste en connard ou bien… »

 

« Avec notre pot sur ce voyage ? » Kerry se mit à rire d’un air désabusé. « Ou bien. Absolument ou bien. Peut-être qu’il est pris avec ce mauvais requin qu’on a payé ce matin. Il n’avait pas l’air amical et il semblait le genre à tenir rancune sans aucune bonne raison. »

 

Possible. Dar opina en mâchant. « Ça se pourrait. Ou peut-être qu’il voit où en est Rufus, et que sa foutue batterie est morte sur le téléphone. »

 

Elles se regardèrent. « Tu ne le crois pas vraiment, n’est-ce pas ? » Dit Kerry en soupirant.

 

Dar haussa les épaules et prit un gâteau. C’était un cookie joliment bruni avec des pépites de chocolat, le préféré de Dar malgré le fait que Kerry ait expérimenté de nombreuses variétés exotiques de son cru. « Je présume qu’il va falloir qu’on le découvre de la manière rude. »

 

Son téléphone bourdonna, les faisant sursauter légèrement. Dar fronça les sourcils, posa le gâteau et prit l’appareil. L’identité de l’appelant montrait un numéro privé, ce qui fit hausser les sourcils à Dar. Elle ouvrit le téléphone. « Allô ? »

 

« Allô, Roberts. » La voix de DeSalliers semblait froide et suffisante, pas vraiment une bonne combinaison.

 

« Qu’est-ce que vous… »

 

« FERMEZ-LA ! » Hurla l’homme. « Vous vous contentez de la fermer et vous m’écoutez, espèce de garce, si vous voulez revoir votre petit copain pédé. »

 

Dar sentit Kerry se rapprocher alors qu’elle entendait les paroles par-dessus le grondement des moteurs. Un sentiment nauséeux la submergea et elle écarta les narines, mais elle se mordit la langue avec précautions et ne répondit pas. Ses battements de cœur augmentèrent alors qu’elle attendait, produisant un léger bruit de tonnerre dans ses oreilles.

 

Kerry glissa un bras autour de la taille de Dar et pressa son oreille contre l’autre côté du téléphone.

 

« Roberts ? »

 

« Vous m’avez dit de la fermer et d’écouter. » Dar entendit la note glaciale dans sa propre voix. Celle-ci avait baissé pratiquement à son registre le plus bas.

 

« Très bien », répliqua DeSalliers avec un sourire narquois verbal. « C’est très simple. Je reste simple pour que vous compreniez. »

 

Dar plissa les yeux, mais elle garda le silence. A côté d’elle, Kerry produisit un bruit à mi-chemin entre un crachotement et un grondement

 

« Vous allez me donner ce que vous avez trouvé. Quand vous le ferez, je vous rendrai votre ami », dit l’homme. « Si vous appelez la police, je tuerais ce déchet. Si vous merdez avec moi, je tuerai ce déchet. Si vous faites n’importe quoi qui me laisse penser que vous me doublez, je ne ferai pas que le tuer, je le traînerai jusqu’au récif pour le tuer. Vous me comprenez ? »

 

« Non », dit Dar. « Ça demanderait un diplôme en psychologie animale que je ne possède pas. Où voulez-vous faire l’échange ? »

 

« Rien que pour ça, garce, il va avoir deux coups de tuyau », lui dit DeSalliers. « Je vous ferai savoir où m’apporter mon bien. »

 

Le téléphone émit un clic. Dar se lécha les lèvres et posa le téléphone sur la console, le fixant avec une consternation honnête. Kerry laissa lentement passer un souffle, la tête toujours posée sur l’épaule de Dar. Le bruit du bateau emplit l’air pendant quelques instants très longs alors qu’aucune des deux ne parlait.

 

« Oh bon sang », finit par dire Kerry dans un souffle. « On est si… »

 

« Baisées. » Dar compléta succinctement la pensée. « Oh ouais. Génial. » Elle relâcha lentement son inspiration et se concentra un moment sur le pilotage du bateau. Son estomac faisait des nœuds et elle lutta pour retenir les pensées qui tournoyaient dans son esprit.

 

« Tu… » Kerry s’interrompit. « Tu penses qu’il était sérieux ? »

 

Dar se repassa la conversation dans sa tête. La voix de DeSalliers avait été très différente de ce dont elle se souvenait. Elle contenait une pointe qui rendait la très nerveuse. « Il pourrait, oui », répondit-elle doucement. « Je pense qu’on a peut-être poussé trop loin. »

 

Kerry soupira. « Dar. »

 

« Oui, je sais. Je me sens merdeuse », dit Dar d’une petite voix. « Je n’ai pas réfléchi à tout ça du tout. »

 

Kerry reposa la tête sur l’épaule de sa compagne alors que la marina de l’île se rapprochait devant elles. « Mon Dieu, qu’est-ce qu’on va faire ? » Demanda-t-elle. « Dar, on n’a rien à lui donner ! »

 

Cette dernière ne répondit pas.

 

« Il ne va pas nous croire si on lui dit ça », continua Kerry, son ton montant. « Mon Dieu ! »

 

« D’accord », dit Dar. « Flipper ne va pas nous aider. »

 

« Je ne flippe pas », objecta Kerry. « C’est juste que je… » Elle s’interrompit. « Okay, peut-être que je flippe. Mais je pense que c’est justifié. »

 

La bouée approchait et Dar pilota tout près, visant leur emplacement. Ses mains tremblaient sur les manettes, mais elle se concentrait sur ce qu’elle faisait. La dernière chose qu’elle devait faire, c’était rater le quai et avoir à s’inquiéter de ça en plus du reste.

 

Kerry sembla s’en rendre compte et elle garda le silence pendant que Dar manœuvrait le bateau dans son emplacement. « Je vais aller nous amarrer », marmonna-t-elle doucement, en utilisant cela comme une excuse pour brûler l’énergie nerveuse qui rongeait son ventre. Alors qu’elle descendait l’échelle, un millier de pensées hurlantes luttèrent pour prendre possession de son esprit.

 

La pitié horrifiée pour Bud était au premier rang. Malgré le fait qu’elle avait commencé par ne pas l’apprécier, le voir parler à Charlie à l’hôpital avait adouci son attitude. La pensée qu’elles l’avaient mis en danger mortel la mortifiait.

 

Comment pouvaient-elles avoir été si irresponsables ? Elles ne pouvaient pas voir combien DeSalliers s’accrochait ? Combien il était désespéré ? Qu’est-ce qui leur faisait penser qu’il filerait simplement si elles le défiaient ?

 

Bon sang.

 

Avec un soupir elle grimpa sur le quai et sécurisa leurs amarres, jetant un coup d’œil au pont supérieur ce faisant. Dar était toujours assise à la console, la tête enfouie dans les mains.

 

Le cœur au bord des lèvres, Kerry termina sa tâche et sauta à bord ; elle remonta l’échelle et s’approcha de la silhouette immobile.

 

« Dar ? » Elle posa les mains sur les épaules de sa compagne. Dar avait raison. Flipper n’aiderait en rien. « Hé. » Se châtier soi-même ou l’une l’autre non plus.

 

« Oui ? » Dar leva la tête et posa le menton sur ses mains jointes.

 

« On va trouver quoi faire. » Kerry s’appuya contre son dos. « Allez. On va chercher Charlie et ensuite on revient ici et on en discute. »

 

Dar se redressa et laissa sa tête reposer contre la poitrine de Kerry. « Comment ai-je pu être si stupide ? Avoir aussi tort ? » Demanda-t-elle d’une voix douce et plaintive. « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? »

 

Kerry mit les bras autour du cou de Dar et embrassa le dessus de sa tête. « Tout va bien chez toi », dit-elle. « On joue pas dans la bonne ligue, c’est tout, Dar. »

 

Celle-ci cligna plusieurs fois des yeux. « C’est vrai ? »

 

« Et bien, je ne peux pas parler pour toi mais on me n’a jamais enseigné à éviter des cinglés mégalomaniaques dans mes cours de TI au Michigan », dit Kerry, en prenant une profonde inspiration. « Désolée d’avoir flippé. »

 

La tête aux cheveux noirs se pencha en arrière et les yeux bleus cherchèrent son visage. « Ne le sois pas. Tu avais raison. C’est justifié », dit Dar. « J’ai simplement mis la vie de quelqu’un en danger par ma propre stupidité arrogante. »

 

« Hé. » Kerry fit le tour de la console et s’assit près de Dar. « Quelqu’un que je connais m’a dit une fois que quand on fait une erreur, il faut le savoir, ensuite avancer et la régler. » Elle prit la main de Dar. « On a fait une erreur. Alors allons voir comment la régler. »

 

« Et si on ne peut pas ? » Dar fixait la console d’un air morose.

 

« Dar si quelqu’un le peut, c’est toi », murmura Kerry. « On trouvera un moyen d’une manière ou d’une autre. » Elle frotta les épaules de Dar, inquiète de l’expression douloureuse et perdue sur le visage de sa compagne. « Viens. »

 

Dar se reprit visiblement, se frottant le visage d’une main et se redressant. « D’accord. » Elle soupira. « On va voir ce qu’on peut trouver pour arranger ce bazar. » Une secousse de la tête. « Dieu seul sait que ça aurait pu être pire. » Elle bougea pour se lever.

 

Kerry bougea avec elle. « Comment ça ? »

 

Dar s’arrêta, une main sur la console et elle regarda Kerry. « Ça aurait pu être toi. » Elle passa près de sa compagne et attira sa tête ce faisant, l’embrassant. « Allons-y. »

 

Mon Dieu. Kerry prit une inspiration choquée en se retournant pour suivre Dar mécaniquement. Elle a raison. Elle m’a empêchée de venir ici seule.

 

Elle essaya d’imaginer ce que ça aurait été, un flash de son passage dans l’hôpital psychiatrique apparut, fort et vivace dans son esprit. Comme elle avait été en colère. Combien elle avait été honteuse d’être emmenée comme ça, par son propre père.

 

Qu’est-ce que Dar aurait fait si ça avait été elle ? Kerry la regarda verrouiller la cabine avec soin. « Hé, Dar ? »

 

« Oui ? » Dar se retourna, ayant apparemment retrouvé son sang-froid pour l’instant.

 

Kerry lui prit le bras alors qu’elles se dirigeaient vers le quai et commençaient à grimper vers l’endroit où se trouvait l’hôpital. « Je pensais juste à ce que tu as dit. » Elle plia les doigts autour de ceux de Dar. « Je pensais à ce que j’aurais fait si ça avait été toi que DeSalliers avait emmenée au lieu du pauvre Bud. »

 

Dar la regarda. « Et ? »

 

« Et je pense que j’aurais poursuivi son affreux cul avec ce fusil de chasse », admit Kerry avec un bref sourire ironique. « Je peux me voir jouer les Rambo et me faire faire exploser la tête. »

 

« Nan. » Dar lui pressa la main.

 

« Oui », dit Kerry sérieusement. Alors, je sais que ça craint vraiment, et ça va être rude pour nous deux, mais je suis assez égoïste pour être contente de ne pas avoir à penser à toi enfermée quelque part dans les serres de ce type. »

 

« Bien. » Dar donna un coup de pied dans un caillou sur son chemin, le regardant dévaler la pente vers les docks près de deux hommes qui travaillaient près des bateaux. « Je pense que tu sais que c’est multiplié par deux pour moi. » Elle carra légèrement les épaules. « Je présume qu’il faut qu’on trouve ce que sont nos atouts, quels avantages nous avons, et ce que nous allons faire. »

 

« Vrai. » Kerry ressentit un minuscule soulagement.

 

Elles marchèrent en silence, passant près des autres bateaux en recevant des coups d’œil curieux des hommes qui travaillaient dessus. Elles quittèrent le quai et se dirigèrent vers la route.

 

« Kerry ? » Finit par dire Dar quand elles dépassèrent la marina et grimpèrent les premières marches de la colline.

 

« Mm ? »

 

Dar s’arrêta et mit la main sur l’épaule de Kerry. « Je ne l’aurais pas poursuivi avec ce fusil de chasse. »

 

Les yeux verts scrutèrent son visage. « Oh. »

 

« Je me serais contentée de mes mains nues. » Dar prononça les mots avec un calme inquiétant. « Et j’aurais arraché son cœur de sa poitrine. »

 

« Ah. »

 

Elles reprirent leur marche.

 

« On va trouver un moyen d’arranger ça », déclara fermement Kerry. « Je sais qu’on va le faire. »

 

Dar grogna doucement en réponse, les yeux fixés sur l’hôpital en haut de la pente.

 

**********************************

 

Charlie garda le silence pendant un moment après que Kerry eut fini de parler, une expression de choc stupéfait sur le visage. Son regard alla lentement d’elle à Dar, qui était assise dans la chaise d’un côté de la chambre d’hôpital.

 

La jeune femme brune avait les coudes sur les genoux, le menton posé sur ses mains jointes. Elle baissait le regard vers le sol, acceptant tacitement la responsabilité de la situation dans laquelle ils se trouvaient. « Alors, notre plan était de te sortir d’ici, et ensuite de trouver ce qui pouvait bien se passer. »

 

Charlie soupira profondément. « Merde de merde. »

 

Dar courba les épaules, légèrement. C'était un échec de sa part qui la minait, et elle le savait. Il y avait eu peu de moments dans sa vie où elle avait su au plus profond d’elle-même qu’elle avait commis une erreur irréparable, mais c’était assurément l’une d’elles. Même le doux réconfort de Kerry n’aidait pas.

 

Elle entendit justement le bruit des pas de cette dernière qui s’approchait puis elle sentit une main se poser sur son dos. Entre ses omoplates, le pouce de Kerry bougea légèrement, lui faisant un massage réconfortant.

 

Dar pouvait l’entendre continuer à parler, mais les mots semblaient glisser près d’elle et sans qu’elle s’en rende compte, elle posa la tête sur la hanche de sa compagne et laissa ses yeux se fermer de douleur.

 

« Je sais que c’est très dur à entendre », disait Kerry. « Croyez-moi, j’aimerais ne pas avoir à le dire. »

 

Charlie regarda la forme silencieuse près d’elle. Ses lèvres se pincèrent légèrement. « T’sais, j’ai dit à ce foutu abruti de t’écouter dès le début, Dar », dit-il avec un soupir. « L’est trop buté, c’est ça son problème, ça l’a toujours été. »

 

Kerry put sentir la respiration de Dar chaude contre la peau de sa jambe. « Au sujet du prêt tu veux dire ? »

 

Charlie hocha la tête. « Ne te blâme pas, Dar. On s’est mis dans ce bordel. On est allés chercher l’offre de ce gamin au lieu de faire ce qui était malin et d’accepter la main d’une amie », dit-il. « On n’aurait jamais été là-d’dans sinon. »

 

Kerry gratta le dos de Dar, passant le bout de ses doigts sur la surface tendue. Elle pouvait presque sentir combien Dar était remuée, c’était comme une balle de base-ball grise posée au centre de son estomac, et elle voulait vraiment que sa compagne écarte les nuages si visibles au-dessus de sa tête. « Trésor ? »

 

La vérité était trop lourde à écarter. Dar leva les yeux à contrecœur et inspira. « Je sais », murmura-t-elle. « Et si, et si. Et si Kerry et moi on était juste parties pour une autre île, ou qu’on avait choisi une autre foutue épave pour plonger… »

 

« Ecoute. » Charlie se recomposa, se levant du bord du lit sur sa prothèse nouvellement restaurée. « Bud est un grand garçon. Je suis pas sûr qu’ils ont pas un plus gros problème qu’ils ne l’ont démarré en l’attrapant. »

 

« Mm. » Dar se redressa légèrement. « Ils sont prêts à te lâcher ? » Demanda-t-elle. « On se disait qu’on pourrait retourner sur le bateau et se regrouper. »

 

« Bonne idée. » Charlie opina. « Après ce que tu m’as dit au sujet de ce qui s’est passé à cette auberge, je fais pas plus confiance à ces gens que je peux les balancer d’une falaise. »

 

Dar se leva, se sentant très fatiguée. « Très bien. Je vais en bas et j’appelle un taxi. » Elle fit une brève étreinte à Kerry puis les laissa récupérer les affaires de Charlie.

 

Kerry soupira.

 

« Dar le prend vraiment mal, hein ? » Demanda Charlie.

 

« Oui. » Kerry le regarda un peu timidement. « Elle déteste être prise par surprise. » Elle plissa les sourcils. « Moi aussi, en fait. »

 

« C’est la vie. » Charlie enfourna sa dernière chemise dans le petit sac usé en toile et le passa sur son épaule. « Elle a bien agi. Ce type est cinglé. » Il boita lentement vers la porte. « Tout ce truc est cinglé. »

 

« Et bien, c’est ce que je pensais. » Kerry lui ouvrit la porte et le suivit. « Mais Dar est plutôt concernée par la responsabilité situationnelle. »

 

Charlie grogna. « Comme son papa. »

 

Kerry y réfléchit. « C’est vrai », dit-elle d’un ton songeur. « Papa aime bien s’assurer que les choses vont comme il veut. » Elle leva les yeux pour voir Charlie qui la regardait. « J’apprécie ça chez lui. Je suis contente que Dar en ait hérité. »

 

« Il accepte que tu l’appelles comme ça ? » L’ex-marine semblait amusé.

 

« Quoi ? » Demanda Kerry. « Papa ? »

 

Charlie hocha la tête.

 

« Bien sûr. » Kerry marcha lentement près de lui « Je n’ai pas une très bonne relation avec ma propre famille. M. et Mme Roberts me traitent plus comme une fille que mes parents ne l’ont jamais fait, et ils savent que je les aime pour ça. » Elle sentit un nœud surprenant dans sa gorge et dut prendre un instant pour l’avaler. « En plus, je n’ai jamais eu l’impression que ça l’embâtait d’être un papa. »

 

« Non. » L’homme sourit brièvement. « Andy a porté un pin de Dar en couches sur son équipement pendant des années, et personne a osé lui dire un mot là-dessus. »

 

Kerry ne put s’empêcher de sourire à cette image. « Elle va aller bien », lui dit-elle. « Il faut juste qu’elle finisse de se botter les fesses, et puis on va trouver ce qu’on va pouvoir faire pour tout ce bazar. » Sa main s’enroula autour de la poignée de porte au bout du couloir et elle ouvrit. « Mais je me sentirai bien mieux quand on sera de retour sur le bateau. »

 

« Pareil pour moi, Kerry. » Charlie boita vers la porte principale de l’hôpital. A travers le verre, la silhouette distincte de Dar était visible. « On a des amis là-dehors. Peut-être qu’on peut leur demander de l’aide. »

 

Ils émergèrent dans la chaleur. Dar se tenait les mains dans les poches, ses lunettes de soleil masquant efficacement ses yeux. Un taxi vaguement fatigué attendait tout près.

 

Kerry suivit Dar vers le taxi et entra, pendant que cette dernière tenait la portière ouverte pour que Charlie puisse facilement entrer mais avec précautions sur le siège avant. Dar rejoignit Kerry à l’arrière et ils partirent. Chacun d’eux embourbé dans ses pensées.

 

*************************************

 

Dar alla derrière le comptoir de la cuisine et se versa un verre de lait, puis elle alla dans la salle de bains et prit quelques aspirines du flacon dans le coffre à médicaments. Elle les avala tout en ressortant pour rejoindre Kerry et Charlie dans le séjour du bateau.

 

Kerry tapota la place près d’elle sur le canapé, et Dar dévia du fauteuil vers lequel elle se dirigeait pour s’installer plutôt près de sa compagne. Maintenant que le choc s’était un peu atténué, et malgré le mal de crâne qu’elle avait développé, son instinct de résolution de problème commençait à reprendre du poil de la bête. Les faits commençaient à se distinguer dans le chaos.

 

« Okay. » Dar prit une gorgée de lait « Tout d’abord, il n’a pas base ici dans les îles, d’accord ? »

 

« Pas qu’on sache, non. » Kerry avait fait quelques recherches rapides. « Pas qu’il ne pourrait pas être quelque part », ajouta-t-elle.

 

« Vrai », acquiesça Dar. « Mais s’il est quelque part sur les îles, on devrait pouvoir trouver une trace de lui et de ses affaires. » Elle regarda par-dessus l’épaule de Kerry. « Vois qui a le contrat de téléphonie pour Saint Thomas. »

 

Kerry bougea les doigts. « Là », montra-t-elle.

 

« Est-ce qu’on a une réciprocité avec eux ? »

 

La voix de Dar sonnait plus normale et Kerry prit un moment pour être reconnaissante alors qu’elle cherchait l’information que sa compagne demandait. « C’est mieux. » Elle retint un sourire. « On a la sous-traitance. »

 

« Okay. » Dar hocha la tête. « Donne-moi le portable. »

 

Elle échangea son lait pour la machine et l’installa sur ses genoux. « Très bien. Commençons à utiliser nos têtes au lieu de nos fesses pour résoudre ce problème pour changer. » Elle démarra son langage de programmation et commença à construire un script. « Je vais capturer le trafic de la zone de Wharton et la comparer à sa base de données et de fichiers télécom. »

 

« Qu’est-ce que ça va te dire ? » Demanda Charlie avec curiosité. « On s’en fiche un peu, non ? Ils ont pas envoyé Bud là-bas, non ? »

 

« Probablement pas. » Dar secoua la tête. « Mais si on a une réponse sur ce numéro, en provenance de cette île, on a des chances que le numéro de départ soit celui de DeSalliers. »

 

« Il a probablement un téléphone mobile », déclara calmement Kerry.

 

« Si c’est le cas, c’est probablement un mobile satellitaire comme nous. » Dar finit sa tâche puis ouvrit une connexion sur les commutateurs gérés et inséra le programme en place. « Plutôt facile », murmura-t-elle. « J’ai juste à lancer une session et m’envoyer un mail toutes les heures. »

 

« C’est légal ? » Demanda Charlie.

 

Dar lui jeta un coup d’œil. « Quoi, l’analyse de données ? Techniquement, ça fait partie du réseau qu’on me paye pour gérer, alors si tu veux dire que j’ai un accès légitime, oui. Est-ce que je devrais emprunter dans ce flot de données pour raisons personnelles ? Non. »

 

« Oh. »

 

Dar continua à taper. « Les flics peuvent demander ceci, avec un ordre du tribunal. Mais on ne peut pas appeler les flics, et on est pas en position de requérir le tribunal, alors je fais juste ce que j’ai à faire. » Elle ouvrit une autre fenêtre et réfléchit, pianotant légèrement sur les touches.

 

« Qu’est-ce qu’on va faire avec l’information, si on la trouve ? » Demanda Kerry. « Il y a des chances que, quand il rappelle, il nous dise où le rencontrer de toutes les façons. »

 

« C’est vrai », acquiesça Dar d’un air absent. « Mais on a attendu que quelqu’un fasse le premier pas toute la semaine. J’en ai assez. Je veux reprendre le contrôle. » Elle ouvrit son mobile et entra un numéro qu’elle y prit dans le nouveau script qu’elle construisait. « Quand il m’appellera, ceci va le localiser à la base la plus proche. » Elle relia le script à un module de carte.

 

« Ça serait pas bon d’appeler les flics de toutes les façons », fit remarquer Charlie. « Il va les acheter tout simplement. »

 

« Comme l’ont fait les pirates ? » Demanda Dar sans rater une occasion. « Bud devait nous parler de vos amis juste avant de partir. » Elle sentit Kerry se raidir de surprise près d’elle et entendit la légère inspiration.

 

Charlie rougit et dirigea son regard vers le pont du bateau. « Bon sang », marmonna-t-il doucement. « Je sais que tu comprends pas tout ça, hein ? »

 

Dar ressentit très peu de satisfaction à avoir deviné juste. Elle finit son programme et le compila, trouvant que le fait de faire quelque chose dans lequel elle se sentait confortablement compétente, apaisait ses nerfs à vif. Elle eut un bref souvenir incongru de sa mère qui faisait retraite à son chevalet après un événement stressant, se perdant dans la toile où elle seule avait le contrôle de ce qui arrivait.

 

« Comprendre ? » Dit Kerry. « Alors vous connaissez ces pirates ? »

 

Charlie ne répondit pas tout de suite. Il plia les mains puis les posa sur ses genoux. « Ce n’est pas ce que vous pensez », dit-il. « Les choses sont rudes par ici. »

 

Kerry écarta les yeux du codage de Dar et se concentra sur leur invité. « Et ? » Répondit-elle. « Alors… ça rend ce qu’ils font juste ? »

 

Charlie haussa les épaules. « La survie, c’est ce qui compte », dit-il. « Un groupe de gens se sont mis ensemble et ont en quelque sorte conclu un marché, alors si on a un petit extra, on le met dans la cagnotte, et si on a un peu besoin, on le prend. » Il bougea, regardant toujours le sol. « Ça a marché pas mal. »

 

« Pas mal ? » Kerry pouvait à peine croire ce qu’elle entendait. « Ce n’est pas ce que ces pirates font. Je le sais. Je les ai vus », dit-elle. « Ce ne sont pas des Robins des Bois. »

 

Il lui lança un regard coupable. « Ça n’a pas commencé comme ça. C’était juste… un jour, un des gars qui était avec nous, son cousin est venu des Etats-Unis. Un type malin. »

 

« Je parie qu’on sait qui c’est », marmonna Dar, les yeux fixés sur l’écran.

 

« Mm. » Kerry grogna son assentiment.

 

« Ils faisaient juste des petits trucs. Remonter des trucs des épaves. Vendre des morceaux de bois et des trucs aux boutiques, ce genre de choses », expliqua Charlie. « Un peu de contrebande, des conneries. Mais ce type les a entraînés dans un marché où il disait qu’ils pourraient se faire beaucoup d’argent, disait-il, s’ils pouvaient lui laisser les bateaux abandonnés. »

 

« Abandonnés ? » Dit Kerry. « Vous ne dites pas sérieusement que tout le monde a cru ça, non ? »

 

Un autre haussement d’épaules. « En tous cas, ils lui en ont trouvé un, pas un gros truc, un petit, et il l’a vendu pour eux, ça a bien marché. C’était sympa. Ça a aidé beaucoup de gens. » Charlie ne pouvait toujours pas croiser le regard de Kerry. « Personne n’a été blessé. »

 

« Sauf le type qui a perdu son bateau », dit Kerry.

 

« Ils ont récupéré leur argent », argumenta Charlie. « Leur compagnie d’assurance règle plutôt bien. Il est sûrement allé s’en acheter un tout nouveau, comme tous les autres », dit-il. « Il a un nouveau bateau, on a ce dont on a besoin… qui est blessé ? »

 

« La compagnie d’assurance », dit Dar.

 

« Ils peuvent se le permettre », dit Charlie, sa voix devenant plus dure. « Tous ces gens là, pas les gros qui résident dans les hôtels, mais les autres comme nous, qui essayent juste de gagner leur vie, ils peuvent pas. » Il finit par lever la tête. « Ils ne s’en sont jamais pris aux petites gens. Juste aux gros bonnets avec plus d’argent que ça mérite. Les gros matous. »

 

Dar leva les yeux vers lui. « Les gens comme moi. » Elle regarda Kerry. « Comme nous. »

 

Charlie prit une inspiration. « Non, c’est pas vrai. »

 

Dar pencha la tête. « Bien sûr que c’est vrai », répliqua-t-elle en levant la main pour montrer le bateau. « J’ai un condo de cinq millions de dollars qui va avec et quatre fois ça à la banque, Charlie », lui dit-elle. « Je dirige une des sociétés d’informatique les plus grosses dans ce foutu monde. Bon Dieu, ils m’ont pourchassée l’autre jour, tu te souviens ? »

 

Charlie soupira. « Connards », marmonna-t-il. « Bud leur a dit de rester loin de toi. »

 

« Eh bé. Merci », murmura Kerry.

 

« Vous ne comprenez pas », lui dit Charlie.

 

« Vous avez raison. Je ne comprends pas », approuva volontiers Kerry. « Alors laissez-moi vous poser cette question. Si ces types sont si merveilleux, comment se fait-il que vous ayez dû faire un prêt à ce salaud graisseux qu’on a payé ce matin ? »

 

Dar haussa le sourcil au ton de Kerry. Elle posa le portable sur la table, tout son programme affairé à tourner, et se carra dans le canapé. « Bonne question. »

 

Charlie suçota sa lèvre inférieure pendant un moment, puis haussa à nouveau les épaules. « Toujours la même histoire », dit-il calmement. « Après qu’ils ont commencé tout ce truc, ils ont accepté qu’on prenne quelques bananes. Mais quand c’est devenu trop de liquide, c’était juste non aux sales pédés. » Son regard soutint le leur. « Ils nous tolèrent maintenant. Ça a pris un moment. Mais Bud a refusé de leur demander de payer le prêt.

 

Dar se contenta de secouer la tête.

 

« Comme j’ai dit, vous ne comprenez pas », dit Charlie. « Vous avez tout. » Il se leva et alla à la porte, sortit sur le pont arrière et ferma le portail derrière lui.

 

***********************************

 

« Whoo », murmura Kerry. « Ça devient vraiment dégoûtant. »

 

Dar se surprit à se détendre malgré la réalité de cette déclaration. Elle prit la main de Kerry dans les siennes et la serra, puis l’amena à ses lèvres. « Mais il a raison. »

 

« Hein ? » Les sourcils blonds de Kerry grimpèrent presque jusqu’à sa frange.

 

« J’ai vraiment tout. » Dar regardait Kerry droit dans les yeux, voyant son expression s’adoucir alors que la chaleur envahissait les yeux verts. « Je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils ont fait, mais je comprends leur motivation », ajouta-t-elle. « Ça a été dur pour eux ici, et je pense qu’ils cherchaient à survivre plus qu’autre chose. »

 

Kerry hocha brièvement la tête. « Je sais. Ce n’est pas comme s’ils s’étaient enrichis avec ça », admit-elle. « Mais je ne peux pas accepter le fait qu’ils pensent que personne n’a été blessé. Quelqu’un l’a été, Dar. Les gens auraient pu être blessés, ils pouvaient même se blesser eux-mêmes. »

 

« Comme ils ont failli l’être l’autre jour », dit Dar en soupirant. « Mettons ce problème de côté et trouvons d’abord une solution au nôtre. »

 

Dar marquait un point, reconnut Kerry. « Okay », approuva-t-elle. « Je vais aller lui parler. Je sais qu’il subit beaucoup de stress. Je peux imaginer comment j’agirais si j’étais à sa place. » Elle se leva et effleura les lèvres de Dar des siennes, puis passa près des jambes allongées de sa compagne et se dirigea vers la porte.

 

Dar soupira lourdement, l’air soufflant ses mèches noires de son front alors qu’elle se laissait aller dans le canapé et regardait son portable. Elle se sentait idiote de s’être mise dans cette situation, mais son côté plus pratique avait pris le dessus et la direction au moins pour le moment.

 

La logique faisait une meilleure plate-forme de résolution que l’hystérie.

 

Dar laissa sa tête retomber contre le canapé, mit une main derrière sa nuque et massa les muscles tendus juste à la base de son crâne. « Et après ? » Demanda-t-elle au plafond. Son instinct la poussait à l’action, mais à côté de la recherche numérique que ses programmes faisaient pour elle, elle n’était pas sûre qu’il y ait grand chose à faire jusqu’à ce que DeSalliers la rappelle.

 

Appeler le capitaine de police lui traversa l’esprit, mais Dar rejeta cette idée sans autre forme de procès. Même s’il était fiable et garderait le contact couvert, elle n’avait pas autant confiance en quiconque travaillait avec lui. En plus, elle n’était pas sûre qu’il soit honnête, et elle n’allait pas risquer la vie de Bud là-dessus.

 

Cela amena la question de savoir si DeSalliers allait mettre sa menace à exécution. Il avait évité d’utiliser la force brutale lors de leurs premières rencontres, mais vu la façon dont les choses progressaient, elle avait le sentiment qu’il était proche de franchir la ligne.

 

D’accord Dar, se sermonna-t-elle. Réfléchis à ça en des termes plus familiers. Elle se leva et prit son verre de lait, l’apportant avec elle à la cuisine. « DeSalliers a un contrat qu’il veut exécuter. Il le réalise, il gagne. Il reste dans les affaires, il reçoit l’argent pour continuer, la vie est belle. » Elle se versa un autre verre et resta là à le siroter. « Il s’est probablement dit que ça ne serait pas un casse-tête. Il a le pouvoir, il a les gens, il se pointe ici et encercle l’épave, y plonge, la détruit, rapporte la preuve et il rentre tranquille à la maison. »

 

Elle regarda dans le panier et en sortit un des gâteaux que Kerry avait cuits plutôt, le plongea dans son lait et en mordit un bout.

 

« Réfléchis-y depuis cette perspective Dar. Tu penses être frustrée ? Imagine comment il est lui, il doit gérer Bob, puis il tombe sur toi et tu coules son bateau, ensuite tu l’éloignes à nouveau de Bob, et tes amis s’engagent auprès de ce dernier pour lui mettre le foutoir, ensuite tu appelles son contractant et tu lui dis qu’il est un loser. » Dar finit le gâteau et en chercha un autre. « Je parie qu’il a un Rottweiler en peluche avec mon nom épinglé dessus et qu’il s’entraîne avec. »

 

La pensée la mit légèrement de meilleure humeur. « Okay, alors maintenant, il faut que je le convainque que j’ai vraiment quelque chose qu’il recherche, assez longtemps pour l’échanger avec Bud ou au moins trouver où il le cache. » Elle se lécha les lèvres. « C’est comme de bluffer un concurrent, Dar. Tu peux faire ça. »

 

A quoi s’attendait DeSalliers ? Il s’attendait à ce qu’elle s’enfuie de peur. Qu’elle recule. Qu’elle attende qu’il fasse tous les pas.

 

Très bien. Dar prit le panier et le rapporta au canapé, puis elle s’assit jambes croisées et prit le portable. Elle ouvrit sa messagerie et commença à taper.

 

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