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TROPICAL STORM1

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

TROPICAL STORM

 

Tempête tropicale

 

de Melissa Good

 

 

traductrice : Fryda

 

 

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Partie 1A

*******

 

 

 

AVIS AUX LECTEURS/TRICES :L'histoire qui suit est une "UBER-XENA". Petite explication pour ceux/celles qui ne connaitraient pas :

Dans une Uber-Xena, les personnages s'inspirent de ceux de la série mais l'histoire se passe dans une autre période et à un autre endroit. Les personnages ne sont pas des répliques exactes des originaux mais présentent toujours les mêmes caratéristiques physiques et souvent psychiques. Dans un grand nombre d'Uber, les deux héroïnes sont des descendantes de Gabrielle et Xena.

Bonne lecture !

kaktus

 

Démentis habituels:

Je n'en ai pas besoin pour cette histoire. Tous les personnages m'appartiennent (rire). Je devrais probablement faire un démenti pour l'utilisation de ma propre société, mais je ne le ferai pas, sauf si la tentation est trop grande, et j'appelle le grand chef " Les ". Oups... je l'ai fait, mais toute ressemblance avec quelqu'un de réel serait une coïncidence. ( Le vrai est l'une des personnes les plus gentilles que j'ai jamais rencontrées, honnêtement. )

Qu'est-ce que c'est que cette histoire : c'est une Uber-histoire (Ooooh...! ce truc de l'Uber !). Vous avez une description générale des deux filles de l'histoire qui va vous rappeler deux vieilles amies que nous connaissons tous bien, mais c'est tout. La période où se passe cette " Uber ", c'est maintenant et l'endroit, c'est Miami, Floride.

Pourquoi Miami ? Et bien, j'y vis. Je n'y vis pas seulement, mais ça fait trente ans que j'y vis. Cela veut dire que je connais tous les stupides petits coups de la région, et comme je vais m'essayer à cette Uber, je fais aussi bien de ne pas me stresser outre mesure en faisant des recherches sur une région que je ne connais pas. (D'accord ? D'accord.)

Le monde dans lequel mes petites Uber-chéries habitent est le mien - pas que je sois un maître du donjon ou un truc idiot comme ça, mais je travaille pour une société appelée EDS, et nous sommes dans le domaine de la technologie de l'information (TI) - nous aidons d'autres sociétés à externaliser leurs moyens en systèmes d'information (SI), et nous absorbons leurs propres compétences SI et leur personnel.

En d'autres mots, nous sommes l'EDS-Borg - vous serez assimilés - toute Résistance est Futile. (Je n'invente rien) Les deux personnages vont travailler et jouer dans un domaine que je ne toucherais pas avec une canne longue de trois mètres quoi qu'il en soit - aussi elles ne sont pas autobiographiques.

Je fais du soutien technique et de réseau - je reste à distance de la finalité affairiste d'EDS, parce que c'est à la fin que vous êtes coincés, et pas dans une place amicale, si vous voyez ce que je veux dire.

J'ai essayé de conserver la saveur de notre hiérarchie malgré tout... et la loufoquerie qui va parfois avec le fait de diriger une compagnie mégalithique. Les descriptions de nos serveurs, cependant, sont fictives, ainsi que les noms des personnes impliquées.

Fisher Island, l'endroit où vit Dar Roberts, est un endroit réel. J'y ai travaillé. Les descriptions sont de l'année 1990 cependant - il y a eu pas mal de constructions depuis avec plus de copropriétés et des trucs. Tous les endroits, les restaurants, les rues, et les chaussées sont réels. Je n'ai pas vu l'intérêt de les inventer, alors que Miami est une place suffisamment colorée en vrai sans que j'aie à le faire. C'est une sorte de tribut à ma ville natale parce qu'il se trouve que je l'aime beaucoup.

Dar et Kerry ne sont pas des super- espionnes, ou des agents secrets, ou des renégates de quelque sorte. Elles ne fuient pas devant la loi, ni n'envahissent des pays du tiers-monde (EDS en dirige quelques-uns, cependant) ou quelque chose comme ça. Vous pouvez trouver leurs vies ennuyeuses... je n'y peux rien... il n'y aura pas beaucoup de poursuites de voitures ou de mitraillades, bien que ce soit Miami, et nous sommes une ville plutôt dure, aussi tout peut arriver.

C'est juste une histoire au sujet deux personnes, qui se rencontrent dans des circonstances très habituelles, et changent la vie l'une de l'autre.

*************

 

Chapitre 1

 

La sonnerie démarra doucement, poussant la forme somnolente affalée sur le matelas d'eau vers l'éveil. Un bras long s'étendit et frappa la barre pour arrêter la sonnerie, puis revint en place, même si la lueur de l'avant-aube reflétait des yeux clairs déjà ouverts, qui fixaient le blanc terne du plafond.

 

L'immeuble était calme, des petits clics et des sifflements qui marquaient la machine à glace dans la cuisine, et le doux ronflement de la ventilation étaient les seuls sons qui dérangeaient l'obscurité, à part la douce respiration de l'occupante du lit. Finalement, cette respiration devint un soupir, et le matelas sans vagues crissa lorsqu'une forme haute roula hors du lit, et marcha à petits pas sur le sol en bois de teck poli vers une salle de bain au sol couvert de marbre couleur saumon pâle. La lumière jaillit, provoquant un grognement audible, puis l'eau coula dans le lavabo en marbre, éclaboussant avec bruit la peau chaude qu'elle frappait.

 

La victime finit d'essuyer l'excès d'eau avec une serviette douce, puis fit face à son reflet. " Bonjour. " Des yeux bleu clair dans un visage anguleux, aux pommettes hautes rendit la pareille, encadré jusqu'aux épaules par des cheveux noirs, qui tombaient maintenant en désordre au-dessus d'un front haut et fort. La voix portait un chaud contralto, légèrement enrouée par le sommeil, et les lèvres qui formaient le mot se tordirent dans un sourire ironique en ne recevant pas de réponse.

 

La lumière de la salle de bain coulait vers le sol en bois, et montrait le chemin à la grande femme qui marcha vers la chambre, puis dans la salle de séjour qui suivait, sur les doux tapis berbères puis sur les chauds carreaux de céramique, à pieds nus, et enfin dans la cuisine.

 

Un autre cliquetis et la lumière se fit, ramenant la pièce aux riches couleurs bleue et blanche à la vie, avec une lueur mate sur les comptoirs de carreaux bleu royal et la surface ridée des appareils électriques blancs. Seul le réfrigérateur sortait du cadre - il était fait d'acier inoxydable, comme le disaient ses origines commerciales.

 

Sur le comptoir, près d'une cafetière lisse et un mixer bien utilisé, se trouvait un terminal d'ordinateur, éteint, à l'exception d'une boîte qui clignotait dans le bord inférieur droit. " Marche. " Dit-elle. " Messages. "

" Messages. " Répondit-il avec obéissance. " Dar Roberts, six messages, deux urgents. "

" Lire. " Elle bâilla et marcha vers la cafetière, poussant le bouton avec le poing et regardant le lent écoulement d'eau cogner le café moulu, préparé la veille au soir. En fond, l'ordinateur lisait patiemment ses messages.

" Urgent. Envoyé par John Dierhdohl. Heure : 4h32. "

Hé, Dar ! Le contrat Associated Synergenics est passé... ils ont réussi la diligence tard hier soir, aussi nous avons besoin d'une escouade pirate là-bas. Heureux que ce soit dans ton coin - fais-moi savoir comment vont les viols et les pillages, d'accord ? John D. "

" Mmm... " Dar se retourna et s'appuya de nouveau contre le comptoir, croisant les bras sur sa poitrine. " Pas mal... pas mal... Suivant. "

" Urgent. Envoyé par Lou Draefus. Heure : 2h53. Dar - les budgets préliminaires sont arrivés - nous comptons sur tes talents pour qu'ils s'adaptent. Appelle-moi lorsque tu arrives au bureau. Duks. "

" Bon sang. " La grande femme soupira. " Dukky, tu sais que je hais les budgets... donne-moi simplement un maudit chiffre et je le ferai entrer... ne me fais pas discuter toute la matinée sur combien de crayons il faut allouer à la maudite unité d'activité stratégique (UAS). "

" Voulez-vous envoyer, répondre ? " Demanda l'ordinateur, qui avait retenu sa dictée. Dar vérifia la transcription de ce qu'il avait enregistré. " Envoi. "

" Merci. " Répliqua l'ordinateur. " Message suivant... " Il continua, passant sur des choses plus ordinaires pendant qu'elle attrapait un bol et y versait des céréales, puis elle ouvrit le réfrigérateur et tint le bol sous un dispensateur de lait, écoutant les craquements plaisants alors que le liquide s'infiltrait dans les flocons secs. Elle ajouta une cuillère à son petit déjeuner et s'appuya de nouveau contre le comptoir alors que les messages finissaient de passer. " Juste six... pas mal. "

 

L'ordinateur tinta. " Demande entrante de réunion vidéo, Les. A. "

Dar étouffa un juron, puis soupira. " Accepter. " Une lumière s'alluma soudain sur la petite caméra, en forme d'oeuf, posée sur le dessus de l'écran, et une fenêtre d'image s'ouvrit, dévoilant un homme au visage rond et angélique, au milieu de la cinquantaine, habillé d'un gris rayé immaculé et une cravate d'un bleu profond parfaitement nouée autour de son cou épais. Ses mains étaient croisées sur le bureau d'acajou devant lui, et lorsque ses yeux glissèrent vers son propre écran et la virent, un sourire apparut sur ses traits paternels. " Ah ça... c'est comme ça que j'aime commencer MA matinée.... Dar Roberts en petite tenue. " Le Président du Conseil d'Administration gloussa de joie.

 

Dar se contenta de continuer à manger, et lui lança un simple regard. " Vous venez de briser les règles d'éthique, Les... nous allons devoir faire quelque chose à votre sujet un de ces jours. " C'était une blague et ils le savaient tous les deux. Les règles d'éthique était suivies strictement dans la société jusqu'à un certain niveau. Une fois que vous l'aviez dépassé, vous deveniez 'un des gars' et on attendait de vous que vous développiez une peau épaisse pour aller avec ça. Dar, en tant que vice-présidente de la société, était au-delà de ce niveau, et donc devait faire avec les remarques au sujet de son apparence de la part des niveaux supérieurs à tout moment. Heureusement, elle considérait au moins que c'était des compliments. Elle avait entendu les remarques cruelles adressées à quelques-unes des autres femmes cadres supérieurs féminins... surtout à Eleanor Evans aux Finances, qui se battait avec un problème de poids parmi d'autres choses.

 

Les rit doucement. " Vous pouvez me faire tout ce que vous voulez, mon chou... quand vous voulez. Appelez simplement Julie et demandez-lui un rendez-vous, d'accord ? "

La grande femme aux cheveux noirs croisa les jambes. " Attention, Les... votre âge, vous devez surveiller votre coeur... je ne pense pas que vous puissiez vous occuper de moi. " Ce genre d'échange verbal était quelque chose qu'elle appréciait presque avec le P.D.G. et elle le suspectait d'en faire de même.

 

Le président sourit. " Ne vous inquiétez pas... j'aurai un milk-shake de Viagra à portée de main. " Puis il s'éclaircit la gorge. " Très bien... assez ri, bien que j'apprécie à la fois la vue et la conv... ce contrat Associated. " Ses yeux marron étaient maintenant sérieux et presque prédateurs. " J'ai besoin qu'on y entre à cinquante pour cent, Dar. "

 

Dar arrêta de mâcher pendant une minute, et le regarda. " Cinquante ? Vous voulez aussi continuer à faire des affaires, ou juste les bazarder ? " La société acquérait des clients en leur offrant d'externaliser leurs affaires à un moindre coût. Lorsqu'ils rachetaient une société, c'était le travail de Dar, et d'autres cadres de son niveau de récurer les ressources qu'ils reprenaient et de trouver un moyen de tenir ces coûts, la méthode habituelle étant de diminuer le personnel qui était toujours le poste le plus dépensier dans le domaine du SI. La moyenne était de dix à vingt pour cent, bien que Dar était connue pour dépasser la ligne, et avait réussi à obtenir trente-cinq pour cent chez ses deux derniers clients. " Si c'est les bazarder, je vais juste le renvoyer à ma meute, et oublier tout ça. "

 

Les secoua sa tête grisonnante. " J'en ai besoin, Dar... nous avons la réunion des actionnaires dans deux mois, et je dois envoyer le troisième trimestre avant cette date... avec le budget tel qu'il est, et ce fiasco avec United Telecom, soit vous me donnez Associated à cinquante pour cent, soit nous ne montrerons pas une croissance à deux chiffres, et vous savez ce que cela signifie. " Allons... je sais que vous pouvez le faire... et lorsque vous l'aurez fait, j'aurai une petite surprise pour vous. "

Dar soupira. " Plus de surprises, Les, hein ? La dernière fois vous m'avez presque tuée quand vous m'avez fait conduire cette maudite GM. "

" Tch... tch... de mauvaise humeur ce matin, hein ? " Le P.D.G. rit. " Non... c'est mieux que ça... je le promets. "

" Je verrai ce que je peux faire. " Dar soupira.

" Ça c'est mon petit pirate... vous savez Dar... vous montrez un tel exemple à tous les autres... " Les se pencha en arrière et la regarda. " Quelle image parfaite vous faites... belle, en bonne santé... grignotant vos céréales là... "

Dar leva les yeux vers la boîte de céréales bleue, avec un tigre flamboyant qui agitait une cuillère vers elle et elle sourit. " Oh ouais. "

" Il faudra venir à Plano un de ces jours, et enseigner quelques-uns de vos tours à ma femme. "

" Je hais Plano, Les. " Commenta Dar, en finissant son bol et en le posant dans l'évier en inox, puis elle se tourna et attrapa une tasse pour son café.

Le P.D.G. sourit. " Je vais vous pardonner de dire ça juste pour m'avoir montré ce joli petit cul, Dar. "

Dar leva sa tasse et lui lança un regard malicieux. " C'est agréable aussi de vous voir, Les. "

" Cinquante pour cent, Dar. " Déclara l'homme plus âgé, avec un geste de la main. " A bientôt. "

L'écran s'éteignit. " Fin de la réunion. "

 

Elle soupira et regarda l'ordinateur qui fermait la session. " Joyeux lundi. " Murmura-t-elle en prenant sa tasse et en ouvrant la porte en verre coulissante qui menait vers le balcon du second étage. Le vent venait de l'est, soufflant ses cheveux vers l'arrière et plaquant son T-shirt contre son corps. Elle posa sa tasse sur la petite table en pierre et alla vers la rambarde en pierre, s'appuyant dessus pour regarder par-dessus la jetée couverte de rochers vers l'étendue infinie de l'océan Atlantique.

 

L'air était plein de sel, et épais d'humidité, et elle le respira, laissant la familiarité l'apaiser alors qu'elle écoutait le son rythmé du ressac contre les rochers de corail qui composaient la base de l'île sur laquelle elle se tenait. A l'est, l'horizon s'était couvert d'une ligne grise couverte de nuages par-dessus l'océan toujours sombre, et tout était si calme, qu'elle pouvait entendre le doux bruit métallique des attaches de bateaux depuis la marina proche. Une mouette plongea, ses plumes fouettant l'air épais quand elle reprit son essor le long des coraux, cherchant de la nourriture.

 

Dar tendit la main derrière elle et attrapa sa tasse, enroulant ses mains autour de la surface en céramique, elle prit une gorgée du breuvage parfumé et fort. Elle appréciait la paix du petit matin, particulièrement ici sur Fisher Island, où le trafic n'existait pas, et si vous ne tourniez pas la tête pour voir la longue ligne d'horizon de Miami Beach sur votre gauche, vous pouviez imaginer être quelque part dans les Caraïbes, regardant le soleil levant.

 

Son immeuble était une maison divisée en étages, qu'elle partageait avec quatre autres résidents ici sur la côte la plus à l'est de la petite île. Les murs extérieurs étaient faits de béton armé, proprement dessinés et aménager pour simuler un adobe vieillot, mais ils suivaient les présentes règles de protection contre les ouragans qui étaient obligatoires ici à Dade County, Floride. Fisher Island était une communauté huppée, qui offrait des grandes résidences face à la mer pour ceux qui pouvaient se permettre de les payer des prix incroyables. Dar avait hérité de la sienne, heureusement, elle avait vu les étiquettes de prix, et trouvait difficile de croire que quelqu'un dépenserait trois millions de dollars pour le prix d'un appartement. Même un appartement vraiment, vraiment agréable, avec cinq chambres à coucher et trois salles de bains, et une cuisine magnifique, qu'elle utilisait rarement.

 

" Merci, tante May. " Elle lança un toast avec son café à l'intention de sa tante décédée, mais tant aimée. May Roberts avait été quelque chose de sensationnel dans la famille, épousant quatre hommes et les enterrant tous, tout en augmentant le solde de son considérable compte en banque. Elle avait acheté l'immeuble en tant qu'investissement et le louait de temps en temps, mais elle l'avait transmis à sa nièce dans son testament, indiquant parfaitement que c'était mieux pour Dar de vivre là, plutôt que dans 'cet horrible Grove'.

Ça avait demandé du temps pour s'habituer, après plusieurs années passées au milieu de cette communauté d'artistes éclectiques au sud, mais Dar avait fini par décider qu'elle aimait l'île. Elle n'était accessible que par le ferry et elle pouvait s'éloigner de la ville ici, et passer un peu de temps dans une calme solitude sans disputes, ni crimes, ou même de voisins bruyants. Les appartements à trois millions de dollars avaient des murs épais.

 

Les charges étaient outrancières, et expliquaient tous les aménagements de l'île, mais elles représentaient moins que le loyer qu'elle payait dans le Grove, et elle n'était pas mal payée, alors... ça marchait. Elle s'aperçut qu'elle appréciait un mode de vie qu'elle n'avait jamais pensé essayer et elle avait même du plaisir à observer les gens de la haute société, qui peuplaient l'île, lors de leurs étranges rituels sociaux.

 

Le soleil fit passer l'horizon de corail au rose, et, sous ses yeux, la mer changea lentement d'un noir d'encre à un gris sombre agité, puis à un vert profond et riche. Le courant du large était légèrement agité, brisant la surface en rides, et elle inspira l'air de l'océan avec un sentiment de plaisir. " Bien, il est temps de bouger. " Elle finit son café, puis glissa à l'intérieur des portes en verre, passant de la chaude humidité à l'air conditionné frais avec un petit frissonnement. Le sol carrelé était froid sous ses pieds nus, et elle alla rapidement vers l'armoire, se dépouillant de son T-shirt et l'échangeant contre sa tenue d'exercice, qui consistait en une paire de shorts de course, et un haut de sport collant. Elle tira ses cheveux en arrière et mit un bandeau, puis elle s'assit pour mettre ses chaussures, tirant sur les lacets et les nouant avec des doigts efficaces. " Je ne pense pas que ta femme aimerait mes secrets, Les. " Remarqua-t-elle pour elle-même avec ironie. " Ils impliquent de la sueur, beaucoup de sueur. "

 

Elle se leva avec un soupir et marcha vers la petite armoire juste à l'intérieur de l'alcôve où arrivait l'escalier, et elle se baissa à l'intérieur pour en tirer un jeu de poids pour les poignets et les chevilles, qu'elle appliqua avec précaution. Puis elle se glissa en bas des marches et déverrouilla la porte d'entrée, la verrouillant derrière elle lorsqu'elle émergea sur le petit porche à l'extérieur de l'immeuble. Une douzaine de marches menaient au sous-sol, fournissant à l'immeuble un parking souterrain, et elle se glissa prestement dessous, atterrissant sur le chemin qui serpentait vers l'eau.

 

L'île faisait environ un kilomètre et demi de circonférence et était presque ronde, et elle avait pris l'habitude d'en faire le tour quatre fois, qu'il pleuve ou qu'il vente, même sous les sales averses feque la subtropicale Miami apportait parfois. Avec un soupir elle se lança dans un petit trot et contourna le chemin.

Il était parallèle à l'Atlantique, d'abord, passant devant des conglomérats d'immeubles qui ressemblaient à celui où se trouvait le sien. L'architecture était chaudement Méditerranéenne, avec beaucoup de toits en tuiles et des murs en style adobe, et les immeubles semblaient se fondre dans l'environnement. L'aménagement paysager, riche de bosquets qui toléraient le sel, était proprement tenu et parfaitement taillé, et elle pouvait voir où les lits de fleurs d'hiver étaient plantés pour donner un peu de variété à la scène.

 

Une fois les immeubles dépassés, elle progressa en face du club de la plage, avec son restaurant de style rustique, et la petite mais impeccable plage de sable, qui le bordait. Des chaises longues étaient déjà préparées, les garçons de la plage balayaient le sable de leur surface, et les travailleurs aux cheveux foncés firent des signes de salut familier à son passage.

Puis la montée sur la terrasse de corail et le vieux manoir, qui avait autrefois appartenu aux Vanderbilt, qui abritait le restaurant principal et le bar du club, sa piscine d'eau salée d'un bleu corail luisant dans la lumière naissante. Des paons se promenaient sur la terrasse de la piscine et crissèrent à son passage, laissant passer un cri étonné occasionnel qui fendait l'air à intervalles irréguliers.

Encore plus d'immeubles ensuite, puis la marina qu'elle passa trois fois, peuplée à cette époque de l'année, de bateaux qui s'agitaient doucement sur les vagues. Certains étaient des voiliers, leurs voiles serrées sous les housses, d'autres étaient de grands yachts à moteur, des navires réellement, qui avaient plusieurs ponts taillés dans de l'acajou poli.

 

L'arrière de l'île n'était pas aussi fascinant, parce qu'il faisait face à la longue série de jetées qui formait le Port de Miami, où des longues barges et des navires de chargements commerçaient de partout des Caraïbes et de l'Amérique du Sud, et où des rangées de hautes grues claquaient doucement dans la brise, dans leur inactivité.

Cela menait au coin qui faisait face à Government Cut, le principal canal d'expéditions dans le Port, que les ferries devaient traverser pour atteindre le terminal sur McArthur Causeway. C'était aussi la principale entrée pour tous les bateaux de croisière, et lorsque Dar contourna l'endroit, elle se vit en train de faire la course avec le Sovereign of the Seas, une des plus grandes villes flottantes qui sortait du port. Tout cela était familier, cela faisait partie de sa routine. Au moment où elle finissait son quatrième tour, le Sovereign envoyait de la fumée au bout du canal, et le soleil perçait à l'horizon, peignant le ciel de couleur pêche et crème, alors que les nuages étaient suspendus au-dessus de l'océan. Dar ralentit et finit sa course où elle l'avait commencée, et lorsqu'elle s'arrêta et marcha doucement de-ci de-là pour se refroidir, un garçon aux cheveux blonds bouclés arriva en voiture de golf, les mots Beach Club inscrits sur l'avant en fibre de verre.

 

" Bonjour, Carlos. " Dit-elle entre deux inspirations.

" Bonjour, Ms. Roberts. " (Note de la traductrice : Ms. est un terme employé pour désigner une femme non mariée mais qui ne souhaite pas être appelée mademoiselle. Intraduisible à ce jour en français.Se prononce MIZ) Le garçon sauta hors du véhicule, tirant avec soin sur sa chemise en lin blanc à manches courtes, et levant une tasse fumant doucement d'un plateau sur le siège avant. " Voilà. "

 

Dar lui fit un demi-sourire et prit la tasse de café con leche (NDLT : café au lait cubain). " Comment réussis-tu à être pile à l'heure ? " Le garçon sourit. " C'est pas moi, madame... c'est vous... comme une horloge, six heures quarante-cinq, vous voici. " Il s'interrompit. " A moins qu'il ne pleuve, bien sûr, alors c'est six heures cinquante-cinq. "

La grande femme rit et but une gorgée du breuvage. " Mm. Beaucoup de sucre et de crème... juste comme je l'aime. " Elle complimenta le serveur, qui mima une rapide révérence en réponse. " Merci. " Elle commença à monter l'escalier alors qu'il se tournait et filait dans sa voiture, faisant adroitement tourner le véhicule, et filant à toute vitesse vers le chemin. Carlos était étudiant en médecine, il étudiait dans l'un des établissements locaux tout en la servant aux heures matinales, et allait aux cours de l'après-midi. C'était un gamin amical, un local, comme l'étaient la plupart des serveurs la journée, et Dar l'aimait beaucoup. Il faisait un effort supplémentaire pour deviner ce que ses clients habituels, et Dar en était indubitablement, aimaient, et le leur donnait, sans poser de questions.

 

Elle finit le café en marchant à petits pas dans l'immeuble, retirant ses vêtements, tout en faisant couler la douche. Quinze minutes plus tard, elle se séchait les cheveux et enfilait la jupe grise de son tailleur bien coupé et un chemisier noir qu'elle avait choisi de porter ; elle en boutonna les manches laissant le premier bouton ouvert, ce qui exposait une fine chaîne en or portant un minuscule nounours, son seul bijou à l'exception des boucles en diamant perchées discrètement sur ses oreilles.

 

Le code vestimentaire de la société. Pas de laisser-aller. Dar donna un dernier coup d'oeil à son image, passant les doigts dans ses cheveux proprement coupés en dégradé pour les ajuster et elle ajouta un soupçon de maquillage. Sa peau était déjà brunie, un héritage de la vie passée sous le soleil subtropical, et elle avait horreur d'avoir à mettre et défaire le truc, alors c'était juste un peu de blush, un soupçon d'ombre à paupières et voilà.

 

Personne ne remarquait rien, d'ailleurs... admit-elle avec ironie. Son trait le plus marquant étaient ses yeux bleu clair, alors que la plupart des gens s'attendaient à du marron pour aller avec la couleur de ses cheveux. Certains la soupçonnaient de porter des verres de contact, d'autres spéculaient ouvertement sur des apports Irlandais ou Danois mélangés à des origines espagnoles.

Dar espérait qu'ils trouvent quelque chose de plus intéressant sur lequel spéculer, mais tout était bon dans les potins de bureau. Elle soupira et prit sa mallette, la faisant passer par-dessus son épaule, puis elle se dirigea vers sa voiture.

Elle attendit qu'ils aient chargé la Lexus LX470 sur le ferry avant d'appeler le bureau, s'appuyant dans le siège en cuir pour attendre que sa secrétaire réponde.

" Bureau de Dar Roberts, que puis-je faire pour vous ? " La voix précise de Maria, à l'accent castillan, sortit du haut-parleur du téléphone cellulaire, installé dans le tableau de bord.

" Bonjour, Maria. " Dit Dar, regardant les vagues de Government Cut s'écraser sur le pont inférieur du ferry.

" Aye ! Bonjour, bonjour. " Répliqua la femme d'âge mûr. " Dios mio, Dar... la moitié de la Terre est déjà ici à votre recherche... quelque chose est-il arrivé ce week-end ? "

" C'est Associated Synergenics qui est arrivé. " Expliqua la grande femme. " Les gars ont leurs couilles (NDLT : oups ! désolée !) sans dessus-dessous. "

" Tch... aye, pas étonnant. " Maria froissa quelques papiers. " J'ai trois dossiers avec des tonnes de choses à l'intérieur, et une pile de messages pour vous. "

" Génial. " Dar soupira. " Prenez-moi un rendez-vous cet après-midi avec Synergenics, et déclenchez une réunion de l'équipe comptable pour dix heures, d'accord ? " Ça allait ficher son planning par la fenêtre du quatorzième étage où se trouvait son bureau. " C'est un brûlot, Les y tient. "

" Ayeyiyi... " Maria prit quelques notes rapides. " Vous aviez un rendez-vous avec le médecin cet après-midi. " Sa voix s'adoucit un peu.

" Annulez. " répliqua Dar, et elle reçut en retour le silence attendu. " Je n'y peux rien, Maria... un check-up peut attendre quelques jours, mais pas ça. " Les maux de tête qui avaient provoqué le rendez-vous s'étaient atténués pendant le week-end, de toutes les façons, et avec un peu de chance, ça resterait comme ça pendant un moment. " Ne vous inquiétez pas... Je me suis reposée ce week-end... je me sens très bien. "

" Je vais appeler le secrétariat de votre médecin et obtenir un autre rendez-vous. " répliqua Maria d'un air entêté.

" Très bien. " Dar se laissa fléchir. " Il faut que j'y aille... je dois appeler Mark. "

" Oy. " Même à travers le téléphone, Dar pouvait sentir les yeux écarquillés de son assistante. " Vous lui dites, d'accord pour moi, Dar... plus de petits lapins roses sur mon écran, d'accord ? "

La grande cadre dirigeante étouffa un petit rire. " D'accord... je vous parle dans un moment. " Elle se déconnecta et fit un autre numéro, regardant paresseusement le ferry se nicher dans son bassin. Le téléphone sonna deux fois, puis une voix bourrue répondit. " Ouais ? " " Bonjour Mark. "

" Qui donc... oh... euh... ouais. C'est vrai. Lundi matin... qui d'autre m'appellerait à sept heures trente... salut, Dar. "

" Il me faut Synergenics, Mark. " Dar relâcha son frein à main, et amena la Lexus d'un bond sur la passerelle en métal, alors que les dockers lavaient la voiture avec de l'eau fraîche pour enlever la brume salée de l'océan. " Maintenant. "

" Oh... pour l'amour de Dieu... Dar, ça s'est terminé cette foutue nuit dernière ! "

" J'ai un rendez-vous là-bas cet après-midi, et j'ai besoin de l'info, Mark, et obtiens-la, pas de jérémiades. " Elle parla au responsable des services de l'information d'un ton crispé. " Ils ont un système de merde ça ne devrait pas te prendre plus de quinze minutes pour y entrer, si ta réputation est à la hauteur. "

 

Mark Polenti avait été, dans son jeune âge, à la fois un pirate informatique et un semeur de virus. Cela voulait dire, qu'à la fois, il piratait des systèmes informatiques, et infectait les codes de sécurité dans des dispositifs tels que des systèmes longue distance. Aujourd'hui il servait dans l'équipe avancée de Dar, qui pénétrait et obtenait de l'information sur une acquisition, une information que le nouveau client ne voulait généralement pas que Dar obtienne. Des choses comme des rapports personnels, des réclamations pour compensation par des travailleurs, des statistiques d'assurance... des choses dont elle avait besoin pour baser ses décisions tranchées.

 

Pour de bonnes raisons. Mais le boulot de Dar était d'incorporer le nouveau client dans l'infrastructure avec autant d'économie que possible, tout en le rendant aussi rentable que possible. C'était une formule simple, et elle reposait sur sa capacité à transférer le travail de la nouvelle société vers des agences existant dans la société, tout en rendant les nouveaux superflus. Ils ne le voyaient jamais comme ça, cependant... Ils voyaient sa descente comme un requin qui encerclait le poisson sans défense, et essayaient de se cacher dans n'importe quels coins et recoins ils pouvaient pour échapper à ses dents.

Ils ne le faisaient jamais. Elle avait la capacité de déshabiller leurs ressources jusqu'à l'os, et réduire une opération à la vitesse de l'éclair, ce qui lui avait obtenu une réputation justifiée de prendre des décisions sauvages et précises. C'était ce qui l'avait amenée au poste de vice-présidente, et qui la maintenait en tant que fille préférée de Les, celle à qui il passait les affaires ardues.

Elle ne l'avait jamais laissé tomber jusqu'à maintenant et n'avait pas l'intention de commencer avec celle-là, surtout parce que Synergenics était une société locale, leurs bureaux se trouvaient juste sur Kendall Drive, et elle pouvait y aller sans avoir à y envoyer l'équipe par avion. " Vas-y, Mark... j'ai besoin des préliminaires au moment où j'atteindrai le bureau. "

" Où es-tu ? " Demanda le chef du SI, un cliquetis au débit rapide transmis en même temps que sa voix.

" McArthur, je vais passer Star Island. "

" Tch... tch... tch... tu ralentis, Dar... J'y suis.... j'ai la base de données, sur quelle imprimante le veux-tu ? " Un ton définitivement satisfait flottait sur les ondes.

Dar rit doucement. " Mark le Requin... tu es quelque chose, toi. AdminP2 sera parfait. "

" Ok... j'envoie... mec, cette sécurité c'est de la merde... pas étonnant que ces perdants ont été aspirés. " Le murmure était parsemé de cliquetis. " Oh... et bien, pas étonnant... Novell 3.11... oh, mec... et des passerelles non sécurisées... Nom de Dieu, Dar... ils n'ont même pas un foutu système de protection informatique !

" Pathétique. " Dar approuva. " Qui est responsable de ce bazar ?

" Encore des tics-tacs. " Une... et bien, je vais le supposer là, parce que tu ne peux jamais savoir, mais une dame du nom de Kerry Stuart. " L'informa Mark. " Hmm... hmm...hmm.. hmm... ah... ouais... supposition correcte... oooh... hm... hé, Dar... elle est mignonne. " Dar roula les yeux et soupira. " La ferme, Mark... "

" Mm... Mm... jolie... cheveux blonds, jolis yeux verts... Merde... c'est juste une gamine... vingt-six ans... pas mariée... rien sur le plan médical... oh attends... hé... elle a fait un test de grossesse juste après Noël de l'an dernier... négatif... "

" Mark... "

" D'accord... d'accord... diplôme de SI de l'état de Michigan... elle est de quelque part par-là dans les environs... son dernier boulot était pour Edutech comme coordinateur régional dans ce coin... oh hé... son père est le Sénateur Stuart. "

" Hm... ouais ? " Demanda Dar, en tournant sur Brickell Avenue, et se dirigeant vers le sud vers le haut bâtiment qui abritait la compagnie. " Il a courtisé le bureau de Troy pour quelques contributions... je me souviens que Lou s'était plaint de ça. " Elle dirigea la Lexus dans le parking jusqu'au portail de sécurité, faisant signe de la tête vers le garde lorsqu'il l'ouvrit pour elle. " Très bien... peux-tu me donner un dossier sur elle, également ? "

Un petit rire dans le téléphone. " Est-ce que les mouettes chient sur ton pare-brise ? Je serai gentil... et j'y ajouterai une photo. "

" Ce n'est pas nécessaire, Mark... c'est plus ton truc. " L'avertit la cadre.

" Qui a dit que je le faisais pour toi ? " Lâcha le chef du SI. " Salut. "

 

Dar rit doucement en tournant dans un emplacement, et coupa les gaz, attrapant sa mallette, donnant un bref regard dans le rétroviseur avant de sortir et de verrouiller la voiture. " Un autre jour, un autre étripage. " Dit-elle à un chat qui passait, qui lui lança un regard et fila à toute vitesse.

 

 

Chapitre 2

 

" Ils vont tous nous virer. " Déclara Charles, pour la sixième fois en cinq minutes. " Mon cousin travaillait pour Allied quand ils l'ont rachetée, alors oublie... nous sommes cuits. " Il était assis sur le petit bureau dans son cube de travail, avec son casque enroulé autour du cou et une tasse en polystyrène dans la main.

" Ça, tu ne le sais pas. " Protesta Elaine, jetant un coup d'oeil au cadran de son téléphone, où de nombreuses lumières clignotaient. " Qui sait... peut-être que c'est mieux... peut-être que nous pourrons avoir des crayons maintenant. " Elle secoua un petit tonneau sur son bureau, plein d'outils pour écrire. " Au lieu de devoir les voler à la banque. "

 

La grande pièce était plus bruyante que d'habitude, la plus grande partie du personnel occupée à parler de la fusion, à laquelle il était fait référence comme à une assimilation hostile, vraiment. Associated Synergenics était une société d'environ deux cents employés, dédiée à la fourniture de solutions pour les logiciels et les matériels à l'industrie hôtelière. Ils avaient un noyau de programmeurs et d'ingénieurs qui concevaient des systèmes pour des restaurants et des hôtels, pour gérer leurs points de vente, leur comptabilité, et d'autres domaines où les ordinateurs étaient utilisés pour la conservation et l'analyse des données. Bien entendu, ils avaient aussi un groupe de personnel de soutien, et un petit département de techniciens spécialisés dans le matériel informatique, qui installait l'équipement et sortait pour fournir des services sur ce dernier.

 

Ils travaillaient en local, dans la zone des trois comtés de Dade, Broward, et Palm Beach, qui fournissait assez de clients pour une entreprise qui grandissait lentement ; et tout le monde avait été très optimiste pour cette année, surtout après qu'ils avaient dégoté cet énorme contrat avec les supermarchés Publix, le plus grand distributeur d'épicerie de l'état de Floride.

Maintenant ceci. Tout le monde était écœuré. C'était comme si tout leur dur travail allait être avalé par cette compagnie monolithique, qui ne s'inquiétait pas d'eux, et certainement pas des clients qu'ils avaient pris tant de précautions à attirer, et à retenir. Ça ne semblait pas sympathique, vraiment.

 

Charles engloutit le contenu de sa tasse, puis s'assit avec un grognement et mit son casque. " Je présume que je ferais au moins mieux de prétendre que je travaille... mais où diable est passé tout le monde ? "

Lana, une grande et mince brunette qui était assise de l'autre côté de son cube leva les yeux. " Grande réunion... le grand patron les a appelés là-haut il y a une heure... je présume que c'est pour leur donner la mauvaise nouvelle. " Ses yeux se concentrèrent sur quelque chose. " Oh, oh... les voilà. "

 

Ils se retournèrent tous lorsque les portes à l'avant du centre de soutien s'ouvrirent, et un groupe de cadres entra en file, allant du responsable du soutien, Ray, jusqu'au chef programmeur, Susan. Tous avaient vraiment l'air grimaçant. La dernière était Kerry Stuart, qui s'appuya contre la porte fermée pendant un moment, avant de redresser les épaules, et de faire un signe de tête pour indiquer à tout le monde d'avancer devant elle.

A vingt-six ans, Kerry avait à peine l'air assez âgé pour être une responsable. Elle était de taille moyenne, et était mince, avec une peau légèrement bronzée qui contrastait avec ses cheveux blonds, et des yeux verts. Son visage gardait une marque de jeune innocence, qui faisaient mentir ses six années d'expérience dans la gestion de SI, et elle surprenait souvent les gens, à la fois avec sa connaissance perspicace du milieu, et son talent à gérer les conflits.

 

A ce moment précis, elle monta avec précaution sur la table de l'imprimante au bout de la grande pièce, et leva une main. Comme tous les présents la regardaient de toutes les façons, cela eut l'effet attendu, et les appels s'arrêtèrent immédiatement. " Ok, tout le monde... écoutez. " Elle avait une voix claire, mais elle tremblait un peu, et ils pouvaient tous le voir.

Le silence tomba, et elle s'interrompit, alors que l'un des programmeurs s'avançait à grands pas vers elle et lui tendait un petit microphone. " Est-ce que ça m.. Oh, je présume que oui. " Kerry s'éclaircit la gorge, sa voix soudain amplifiée. Des têtes émergèrent des bureaux qui environnaient la grande zone centrale, attirés par la curiosité. " Ok... je suis sûre que vous savez tous maintenant que depuis hier soir, nous avons été officiellement rachetés. " Elle fit une pause et prit une inspiration. " Certaines des personnes qui appartiennent à cette compagnie vont venir par ici, ils commencent cet après-midi, et je pense que nous savons tous que nous allons assister à quelques changements. "

 

Un murmure bas s'éleva, et Kerry leva une main pour le calmer. " Je ne sais pas quelles sortes de changements, ni ce qu'ils vont faire, ni ce que cela signifie vraiment pour nous, nous devons juste attendre pour voir. Ce que je vais vous demander, c'est simplement de continuer à faire votre travail, et à prendre soin de vos clients. Ne faites rien avant que nous sachions exactement ce qui se passe. " " Préparez vos CV. " Lança une voix, d'un ton dégoûté.

" Je parie qu'ils vont trouver un moyen de ne pas nous donner d'indemnités pendant six mois. " Une autre voix. " S'ils s'inquiètent de garder quelqu'un. "

" Très bien... allons... attendons juste de voir ce qui va se passer. " Déclara Kerry de nouveau. " C'est tout ce que j'ai... si quelqu'un de chez eux vient ici, soyez gentils, répondez à leurs questions, et gardez la tête froide. " Elle tendit le microphone au programmeur et descendit avec précaution de la table, souriant à Ray, qui lui tenait le coude pour l'empêcher de tomber. " Merci. "

 

Elle avança vers le bout de la grande pièce, passant au travers du labyrinthe des bureaux jusqu'à ce qu'elle atteigne le sien, enfoui dans le coin arrière. La plupart des responsables l'avaient suivie jusque là, voulant évidemment avoir un entretien privé avec elle, mais elle leva une main en entrant son sanctuaire. " Donnez-moi quelques minutes, Ok ? Allez chercher du café, ou vérifiez votre courrier. "

" J'appelle mon chasseur de têtes. " Susan renifla, secouant sa tête aux cheveux châtain argentés. La petite programmeuse trapue marcha d'un air hautain vers son petit bureau, où les impressions s'empilaient jusqu'au plafond.

Kerry les regarda se disperser avant d'entrer dans son propre bureau, elle fit le tour de la table de travail, s'asseyant dans sa chaise et posant la tête dans ses mains.

 

Quel bazar. Et tout allait si bien, aussi. Avec un soupir, elle se pencha en arrière, laissant ses mains tomber sur ses cuisses couvertes de jean, le tissu lui rappelant encore un changement de plus auquel ils auraient à faire face, comme Robert Mayabera l'en avait avertie ce matin. Code vestimentaire.

" Je ne pensais pas qu'on avait été si mauvais. " Avait-elle dit, choquée, lorsque Robert lui avait annoncé la nouvelle. " Je pensais que ce n'étaient que des rumeurs. "

Le fondateur de la société, un petit immigrant cubaint, pugnace, avait posé ses mains immaculées sur son bureau... " Chica, tu n'as rien fait de mal, Ok ? " Ses yeux marron avaient été un peu attristés. " C'est dû à l'argent, c'est tout, ils m'ont fait une offre, comme vous dites dans les films, que je ne pouvais pas refuser. " Il avait levé une main. " J'ai six gamins, tous à l'âge où je dois maintenant faire des quinces, et les voitures, et l'université, et j'aime la société, mais le rachat, mon amie, le rachat me permet de faire du bien à ma famille. " Non... Robert... je ne... " Kerry avait soupiré. " Je ne te blâme pas... c'est juste... nous étions comme une famille nous-mêmes, ici. " " Chica, je sais. " Robert s'était levé et avait traversé la pièce, contournant son bureau, tirant sur son pantalon pour se percher sur l'accoudoir de sa chaise et posant une main sur son épaule. " Je leur dirai comme tu es géniale, à chaque occasion. Tu as fait un travail fantastique avec tout ça, tu as vraiment changé les choses ici l'année dernière, tout ça... donne-leur une occasion de le voir. "

" Je me fiche de ce qui peut m'arriver. " Avait déclaré la jeune directrice calmement. " Robert... ces gens travaillent vraiment dur... je ne pense pas que ces gars vont s'en inquiéter... je pense qu'ils vont juste venir ici et nous étriper. "

" Hé... allons là... attendons que le bateau coule avant de commencer à penser à la noyade, Ok ? " Il tapota sa joue. " Laisse-moi voir ce truc du Michigan... qu'est-ce que c'est, un blaireau ? "

Kerry sourit un peu en entendant ça. " Un glouton. "

" Quelle sorte d'animal est-ce pour une université ? C'est ridicule. " Il essayait de lui remonter le moral, avec une vieille dispute.

" Mieux qu'un alligator. " Répliqua-t-elle avec devoir, son alma mater (NDLT : établissement supérieur) à lui ayant été l'Université de Floride, à Gainesville. Puis elle soupira et se leva. " Ok... je ferais mieux d'aller le dire au personnel... je suis cependant sûre qu'ils l'ont déjà entendu. "

 

Et ils l'avaient entendu, pensait Kerry, en jouant avec une tasse sur son bureau, jetant un coup d'oeil circulaire à sa petite pièce. Ce n'était pas grand-chose, quelques armoires à fichiers, une plante dans chaque coin dont elle s'occupait avec un soin obsessionnel, une image du Michigan sur un mur, et son bureau enveloppant, avec son tour d'ordinateur.

C'était à elle, cependant, gagné avec une détermination résolue, et ses propres talents, pas acheté par son père, ou donné en échange de quelque faveur. Elle en était fière, et fière d'être en charge de ces groupes différents de personnes, et même s'ils étaient parfois agaçants, et que les programmeurs n'arrivaient jamais à répondre dans les temps, et qu'elle devait perpétuellement harceler les superviseurs pour réduire leurs temps de réponse.

 

Elle avait l'impression d'avoir accompli quelque chose, surtout lorsqu'ils avaient gagné le nouveau contrat, et que les représentants de Publix avaient dit à Robert qu'ils s'étaient sentis si à l'aise de traiter avec elle.

Wow. Ça avait été bon... elle était sortie avec quelques amis ce soir-là et avait fêté ça, pour la première fois depuis plusieurs mois, chez Dave et Busters, et elle avait fini par gagner assez de billets pour s'offrir un énorme panda en peluche.

Maintenant, elle n'était qu'une des centaines de milliers d'employés de la nouvelle compagnie. Rien de spécial. En fait, ils avaient probablement ri de ses références, ou trouvé quelque chose dans ses résultats qu'ils n'aimaient pas et ils l'enlèveraient de son poste. Et puis quoi ? Papa ne la laissait rester ici que parce qu'elle pouvait lui montrer sa carrière montante, lui pointant ses responsabilités qui grandissaient régulièrement.

Un écart en cela et il la rappellerait à la maison.

 

Elle prit une inspiration et se frotta les yeux. " Allez... pense positivement. " Se rappela-t-elle.

Le téléphone sonna et elle pressa le bouton du haut-parleur. " Ici Kerry. "

" Ker, c'est Alex. " C'était Alejandro Cruz, leur chef du département GSI (NDLT : gestion du système d'information). " J'ai une certaine puta au téléphone qui exige que je lui donne un accès. "

Kerry ferma les yeux. " Ne me dis pas ce que ça veut dire, Ok ? " Implora-t-elle. " Si ça vient d'eux, donne-leur simplement un accès... ils peuvent probablement l'obtenir d'une façon ou d'une autre... nous ne voulons pas commencer à faire de l'obstruction. "

" Jefa, Ok, je leur donne le transfert du serveur de messagerie, et j'ouvre une connexion au bureau de poste, et je mets en place un compte administrateur pour eux... quoi d'autre ? "

" Ça devrait les occuper pendant un moment. " Kerry soupira. " Je vais essayer de fixer quelques règles de bases avant que qui que ce soit qui vient ici après le déjeuner, n'arrive... peut-être seront-ils raisonnables. "

" Merde (NDLT : en français dans le texte). " Alex renifla.

" Ne me dis pas ce que c'est non plus, Ok ? " La directrice expira. " Mais dans le Michigan, on dirait... 'c'est merdique' "

 

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