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TROPICAL STORM10

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

TROPICAL STORM

 

Tempête tropicale

 

de Melissa Good

 

 

traductrice : Fryda

 

 

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Partie 10A

*******

 

Chapitre 78

 

Kerry gara la voiture au parking et en sortit, verrouillant les portières avant de mettre sa veste, et l'arrangeant d'un geste automatique. Le bâtiment était modeste, situé juste derrière l'aéroport de Miami, une structure sans étage installée sur une longue langue de terre. Le logo de la société était énorme à l'extérieur et Kerry lui jeta un coup d'œil en se dirigeant vers la porte ; puis elle l'ouvrit lorsque le garde à l'intérieur la déverrouilla.

 

" Bonjour. " Elle lui sourit. " Je cherche... "

 

Une femme arriva du coin derrière le bureau. " Ms Stuart ? "

 

Kerry se retourna. " Oui... bonjour. "

 

Une main se tendit vers elle. " Lisa Andrews... du service clientèle. Merci d'être venue... c'est toujours agréable d'avoir des gens de la direction qui nous rendent visite et voient ce que nous faisons. " La femme était environ de la taille de Kerry, avec des cheveux blonds cendrés et un sourire franc et amical. Ses yeux gris clairs étudièrent Kerry brièvement puis elle fit un geste vers le couloir. " Je vous fais faire le tour... nous avons environ vingt minutes avant de commencer. "

 

De bon cœur, Kerry la suivit jusqu'à l'intersection des couloirs où la femme tourna à gauche. Le bâtiment était fait d'un long couloir avec des pièces de chaque côté. " Par ici vous avez la salle du courrier. " Expliqua Lisa. " Et la pièce du client... nous gérons des serveurs pour leur compte. "

 

" Leur serveur Web et deux serveurs d'application. "Kerry hocha la tête, elle avait revu le contrat avant de quitter le bureau.

 

L'autre femme s'interrompit et cligna des yeux vers elle, surprise. " C'est ça. " Acquiesça-t-elle. " Les services d'installation sont dans cette suite, et nous avons une zone pour les bureaux des cadres d'exécution, et une salle de conférence. " Elle continua dans le couloir. " De ce côté, nous avons la zone de formation, puis au bout, le centre pour le réseau. "

 

" Pouvons-nous y aller ? " Demanda Kerry. " J'aimerais beaucoup le voir fonctionner. " Elle suivit la femme dans le couloir et s'arrêta lorsqu'elle scanna sa carte et ouvrit la porte. Cela leur donna accès à une grande pièce plus ou moins carrée qui remplissait tout le bout du bâtiment. Des rangées de boxes s'étendaient partout, rappelant à Kerry ses anciens bureaux à Associated. Chaque boxe avait un PC et la plupart contenaient des techniciens, occupés à parler aux clients. Ça avait l'être très professionnel et sérieux.

 

" Chaud devant ! " Une voix s'éleva soudainement des boxes aux cloisons plus hautes juste à main droite de Kerry. Un projectile vola par-dessus la cloison et elle le rattrapa quasiment en l'air avec une expression étonnée. Les yeux de Lisa s'agrandirent alors que Kerry examinait l'objet.

 

C'était une fléchette en mousse. Elle cligna à sa vue puis leva les yeux lorsqu'une tête apparut en haut de la cloison d'1m80, la regardant d'en haut. " Salut. "

 

" Oh... mon Dieu... désolé. " Les yeux de l'homme s'agrandirent. " Elle m'a échappée. " Il se pencha par-dessus le mur et tendit une main. " Est-ce que ça vous a touchée ? "

 

Kerry tapota la fléchette sur son épaule puis elle fit le tour de la section des boxes et elle jeta un œil au centre. Il y avait une aile entre les boxes avec des entrées de chaque côté. Ceux-ci étaient plus grands que les autres boxes, avec des cloisons plus hautes et des bacs par-dessus. Les techniciens qualifiés, décida Kerry, alors qu'elle descendait l'allée et jetait un œil dans un cube où l'homme grand se tenait toujours debout sur le bureau. Il descendit en sautant lorsqu'elle apparut et mit ses mains dans les poches. " D'où est-ce que c'est venu ? " Demanda Kerry en regardant autour d'elle. Le haut des placards était plein de jouets et de petites figurines. Derrière elle, Lisa avait l'air mortifié.

 

L'homme s'éclaircit la voix et tira un grand pistolet coloré de derrière des livres et le lui tendit.

 

" Mm. " Kerry prit l'objet et l'examina, tirant le mécanisme pour mettre la fléchette en place. Puis elle le leva et relâcha la gâchette. Le missile s'envola, frappant la porte au bout de l'aile.

 

Des têtes passèrent des cubes et la regardèrent. L'occupante du cube du fond tendit la main, décrocha la fléchette de la porte où elle s'était collée et jeta un œil dans l'allée. " Qu'est-ce qui se passe donc ici ? " Demanda la brune en retirant ses écouteurs pour les mettre sur son cou. " David, tu recommences à tirer sur les gens ? "

 

" C'est pas moi. " L'homme sourit largement. Il pointa vers Kerry. " C'est elle. "

 

Kerry marcha à grands pas le long de l'allée jusqu'à ce qu'elle soit au dernier boxe et elle retira la fléchette des doigts de la femme. " Vous encouragez ça ? " Demanda-t-elle en levant le pistolet.

 

La femme leva les sourcils. " Ça soulage le stress. " Expliqua-t-elle. " Pour quand vous traitez avec des clients qui ne trouvent pas le bouton on/off. " Elle se pencha. " Vous n'êtes pas censés tirer sur des visiteurs avec. " Accusa-t-elle l'homme qui souriait charmeur.

 

" Est-ce que les clients sont vraiment comme ça ? " Demanda Kerry, consciente de la silhouette planante de Lisa. " On ne dirait pas qu'on les respecte beaucoup. "

 

La femme s'interrompit. " Vous voulez en entendre un ? " Un défi.

 

" Bien sûr. " Kerry sourit en posant le pistolet et en tirant une chaise du boxe d'à côté. On lui tendit une paire d'écouteurs qu'elle mit, et elle se rapprocha pendant que la technicienne reprenait sa place.

 

" Ne parlez pas sauf si vous voulez que le client vous entende. " Lui dit-on. " Ce micro est allumé. "

 

Kerry hocha la tête en regardant autour d'elle. Le cube était rempli de manuels techniques et quelques objets personnels, incluant plusieurs petits animaux en peluche assis sur l'écran. Des listes variées de numéros de téléphone étaient collées sur le mur, en même temps qu'un paquet de certificats et attestations et des diagrammes de circuits. La technicienne appela un écran et appuya sur un bouton du téléphone. " On y va. "

 

Un léger ding puis une voix sur la ligne. La technicienne répondit doucement, identifiant le groupe de soutien. " Que puis-je faire pour vous ? ? "

 

" Allô ? " Une voix hésitante lui répondit. " Hum... ce sont les gens de de l'ordinateur. "

 

" Oui, madame... c'est ça. Quel est le problème ? " La voix de la technicienne était calme et apaisante.

 

" Ma machine ne marche pas. " Répondit la femme, un peu plus positivement.

 

" OK... y a-t-il quelque chose sur l'écran ? " Demanda la technicienne.

 

" Non. "

 

" OK... y a-t-il des lumières à l'avant de l'écran ? "

 

" Non. "

 

" OK... l'écran est relié à un ordinateur... y a-t-il des lumières là-dessus ? " Demanda la technicienne en appelant le compte du client et en vérifiant la situation.

 

" Je n'ai pas d'ordinateur... j'ai juste un écran. " Objecta la femme.

 

Kerry couvrit le micro. " Elle doit bien en avoir un, n'est-ce pas ? "

 

La technicienne hocha la tête. " OK... à l'arrière de l'écran il y a des câbles... l'un d'eux va vers le mur, l'autre vers quelque chose d'autre. "

 

" OK. " La femme avait l'air de douter. " OK... oui, je le vois. "

 

" Où va l'autre câble ? "

 

" Le chauffage pour les pieds. " La femme semblait de nouveau plus confiante. " Mais il fait chaud aujourd'hui alors je l'ai éteint. "

 

" OK... pouvons-nous l'allumer un moment ? " Répliqua la technicienne patiemment.

 

" Mais je n'ai pas froid aux pieds. " Objecta la cliente.

 

" Je sais... mais j'aimerais essayer quelque chose... pouvez-vous l'allumer juste une minute ? "

 

" OK. " Un soupir. " Oh l'écran vient juste de s'allumer. Voyez-vous ça. "

 

Kerry se couvrit les yeux en articulant " Je n'arrive pas à le croire. " silencieusement.

 

La brune rit sans bruit et haussa les épaules. " OK... qu'y a-t-il sur l'écran ? " Demanda la technicienne en tapant rapidement une information sur son écran.

 

" Des lettres. "

 

" OK, dites-moi lorsque l'écran vert arrive. "

 

" OK. " Un petit silence. " OK, ça y est. "

 

" Pouvez-vous vous connecter pour moi ? " La technicienne ajouta des notes au ticket de réclamation sur l'écran.

 

" Qu'est-ce que c'est que ça ? " Demanda la cliente. " Je n'ai jamais cet écran... mon chef me met toujours un écran bleu. "

 

" OK... tapez le mot 'res' pour moi. "

 

" D'accord. "

 

" Maintenant, tapez-le de nouveau... mais vous ne le verrez pas sur l'écran. " La technicienne donna ses instructions avec patience.

 

" D'accord... je... oh ! Mon écran bleu ! " La femme avait l'air ravi. " Vous êtes un génie ! "

 

" Contente que ça marche... OK, maintenant écoutez... vous devez laisser le chauffage allumé, d'accord ? " Lui dit la technicienne en fermant le ticket.

 

" Oh... et bien, d'accord... je pense que je peux simplement retirer mes chaussures si mes pieds commencent à être chauds. " Décida la femme. " Merci. "

 

" De rien, Madame... bonne journée. " La technicienne coupa la communication, puis tourna la tête et leva un sourcil vers Kerry.

 

Qui lui tapota simplement l'épaule et se leva. " Où avez-vous eu ces jouets avec les fléchettes déjà ? "

 

" Toys R Us. " Dit l'homme gentiment. " Ils ont aussi des super pistolets à eau, si vous voulez vraiment vous amuser. "

 

" Mm... " Kerry se tourna de nouveau vers la technicienne. " Est-ce qu'ils sont tous comme ça ? "

 

La technicienne rit. " Non... c'est varié, comme partout. Mais nous en avons pas mal. " Elle se tourna lorsque le téléphone sonna et remit ses écouteurs. " Oui ? " Une pause. " Vous avez une réponse 'PING' " Une autre pause. " Merde... OK, quelle est l'adresse ? "

 

Kerry se retourna mais pas avant d'avoir noté le nom sur le badge près du box. " OK... et bien... c'était éducatif. " Dit-elle à Lisa. " On y va ? "

 

Il y eut un petit silence embarrassé lorsqu'elles quittèrent la pièce occupée. " Désolée... j'aurais dû... "

 

Kerry leva une main. " Ne vous inquiétez pas... il vaut mieux relâcher le stress comme ça que les uns sur les autres... ou sur les clients. " Elle s'interrompit. " Y a-t-il un Toys R Us près d'ici ? "

 

Elle assista aux réunions, en écoutant les pensées et les inquiétudes des employés, peu différentes de celles qu'elle connaissait. Le stress de l'emploi, la formation, l'avancement, les augmentations... ils étaient pris dans un paradoxe. Donner aux techniciens les formations qu'ils demandaient, avec le risque qu'ils quittent pour aller ailleurs, avec des payes plus élevées. Ne pas leur donner et éroder leurs compétences et rendre le compte moins profitable.

 

Kerry soupira. Il n'y avait pas de bonne réponse. Essayer d'équilibrer la formation avec le besoin et donner d'autres facilités pour que les gens restent parce qu'ils étaient à l'aise avec l'environnement. Leurs acquis sociaux étaient bons, mais...

 

Elle repoussa la pensée pendant un moment, et vérifia sa montre alors qu'elle sortait du bâtiment dans le chaud soleil. Ce fut bon après l'air conditionné frais et elle se massa les bras, puis jeta un œil autour d'elle alors que Lisa Andrews la rejoignait. " Et bien, merci de m'avoir invitée... c'était très intéressant. " Dit-elle à la cadre du service clientèle. " J'ai apprécié de tout voir. "

 

" A votre service. " Répliqua Lisa, en croisant les bras. " Ça vous dit de déjeuner ? "

 

Kerry jeta un coup d'œil alentour. " Et bien... en fait je dois rentrer au bureau... je suis un peu en retard pour une réunion. Y a-t-il un endroit par ici où je puisse trouver quelque chose ? "

 

Chapitre 79

 

" Je te l'ai déjà dit, José... tu ne peux pas mettre une marge sur ces circuits. " Déclara Dar platement, en se penchant en avant pour le clouer de ses yeux clairs. " Je ne vais pas approuver ça. "

 

Le cadre des ventes trapu se leva et mit les mains en l'air. " Alors tu me trouves un maudit moyen de faire vingt pour cent de ventes cette année. "

 

" Ce n'est pas mon boulot. "

 

" C'est ton maudit boulot, parce que tu ne me laisses pas faire le mien. " Rétorqua José.

 

" Il a raison, Dar.... tu étrangles nos efforts de marketing. " Lança doucement Eléanor. " Comment pouvons-nous être compétitifs si nous ne pouvons pas projeter nos capacités ? "

 

" Tu veux dire, comment pouvez-vous avoir des contrats si vous ne pouvez pas mentir ? " Claqua la grande brune. " Vous ne projetez pas de capacités... vous savez parfaitement que la courbe de croissance est pour les infrastructures… vous voulez juste promettre aux clients des services que vous ne pourrez pas offrir. " Elle se leva et leur fit face, posant ses doigts sur la table pour s'y appuyer. " Ne comptez pas sur moi. "

 

" Alors tu ferais mieux de pousser les infrastructures, parce qu'autrement, c'est eux qui vont devoir pousser la merde devant leur porte... ils n'arrivent pas à suivre nos besoins. " Déclara José, triomphalement.

 

" Ils ne bougent pas, José... tu le sais parfaitement. " Grogna Dar. " Vous devez être plus créatifs et arrêter de vous reposer sur vos vieux copains pour avoir de nouveaux contrats. "

 

" Dar, ce n'est pas juste. " L'interrompit Eléanor en levant une main méticuleusement manucurée. " Vous êtes incapables de nous fournir les outils dont nous avons besoin pour bien vendre cette compagnie. "

 

" Non. " Les couteaux étaient sortis. " Vous ne pourriez pas vendre du chauffage à des Esquimaux. " Lui dit Dar. " Et vous feriez mieux de changer ça, parce que je n'approuverai aucune offre qui dépasse nos capacités. " Elle claqua ses papiers sur la table. " Maintenant, si nous en avons terminé, j'ai du travail productif à fournir. " Elle ramassa son agenda et ses crayons et repoussa sa chaise, en quittant la pièce rapidement et en claquant la porte derrière elle. Elle s'arrêta et entendit les éclats de voix commencer derrière elle, et elle sourit ; puis elle sortit des bureaux clinquants qui abritaient le département des Ventes, et se dirigea vers son propre domaine. C'était l'heure du déjeuner mais elle savait qu'elle n'aurait pas vraiment le temps de descendre avant la réunion-téléphone de treize heures. Avec un soupir elle poussa la porte du bureau extérieur et fit un sourire à Maria. " Y a-t-il eu un désastre en mon absence ? "

 

Maria leva les yeux. " Mm... rien depuis que vous êtes partie, Dar... vous avez trois messages, je les ai laissés sur votre bureau et j'étais censée vous rappeler le cocktail de la division Gouvernement ce soir. "

 

Dar expira brutalement. Bon sang. Elle avait oublié ça. " Très bien… merci. " Elle entra dans son bureau et ferma la porte ; puis elle traversa la pièce et s'assit à son bureau. Un moment plus tard, un léger coup fut frappé à la porte intérieure. " Entre. " Elle sentit un sourire arriver sur son visage même lorsque le panneau en bois s'ouvrit, et la tête blonde de Kerry passa à l'intérieur. " Hé ! " Mon Dieu, c'était bon de la voir. Kerry était habillée d'une jupe de tailleur bleu foncé et d'une chemise bleu clair, et elle avait l'air légèrement chiffonné et aux yeux de Dar, très sexy. Son problème avec José faiblit.

 

Un éclair de blanc lorsque Kerry lui rendit son sourire, puis la jeune blonde entra, en portant un sac. " Est-ce que tu as eu le temps de déjeuner ? J'ai rapporté quelque chose pour toi. "

 

" Non, et merci. " Répliqua Dar en s'adossant à sa chaise. " Je sors juste d'une réunion très énervante. "

 

Kerry s'installa sur le bord du bureau et ouvrit le sac, elle étendit une serviette, puis sortit une boîte avec un plat chinois. " Ils ont une sélection limitée là-bas, et je ne pensais pas que tu apprécierais de la cuisine mexicaine. "

 

Dar jeta un œil dans la boîte et sourit. " Bon choix. " Elle renifla le poulet sucré et épicé d'un air appréciateur. " J'étais d'humeur à ça aujourd'hui, d'ailleurs… "

 

Kerry se mit à rire et lui tendit une paire de baguettes. " Oh… et hum… " Elle mit sa main en coupe et versa des bonbons au chocolat Hersheys enrobés de papier argenté sur le bureau. " Le dessert. "

 

" Hé ! " Dar abandonna immédiatement le poulet et bondit sur le chocolat. " Ecoute… sois prudente dans ta réunion avec Eléanor cet après-midi… je viens juste de l'offenser plutôt durement. " Elle mâcha un bonbon joyeusement. " Je dois être sympa avec elle à un cocktail ce soir par-dessus tout. "

 

Kerry fit la grimace. " Merci de me prévenir… ce soir c'est ma soirée de patin avec Colleen… je serai prête à laisser sortir un peu de frustration après que j'en aurais fini avec eux, je parie. " Elle s'interrompit, semblant vouloir continuer mais elle garda le silence.

 

" C'est toujours d'accord pour demain soir ? " Demanda Dar en regardant son visage. " Si tu veux… nous pouvons revenir chez moi après… peut-être nager un peu ? "

 

Les yeux vert océan se réchauffèrent. " J'aimerais ça. "

 

Dar déballa silencieusement un des bonbons et le lui tendit, les yeux brillants.

 

La porte qui s'ouvrait les surprit toutes les deux et elles sursautèrent un peu. Maria entra en leur lançant un regard puis sourit. " Ah… Kerrisita… j'ai du courrier pour vous. " Elle bondit en avant et tendit plusieurs feuilles de courrier à Kerry. " Dar, je vous ai eu des billets, mais Dios Mio… c'est cher. " Elle tendit un itinéraire à la cadre. " Et souvenez-vous que vous avez votre visite de vérification chez le docteur demain. "

 

Dar hocha la tête en prenant la feuille et elle l'examina. " Génial… merci, Maria. " Elle réfléchit une minute. " Ça ne prendra probablement pas longtemps demain… je suis sa première visite. Il veut juste répéter les tests sanguins qu'il a fait la dernière fois. " Elle regarda sa montre. " Laisse-moi avaler ça et je dois y aller. "

 

" Moi aussi. " Kerry hocha la tête. " Souhaite-moi bonne chance. "

 

La brune roula les yeux. " Bonne chance… et souviens-toi qu'elle est probablement de mauvaise humeur. " Dar réfléchit une minute. " D'autant plus qu'elle a probablement raté le déjeuner. " Elle sourit diaboliquement et mordit un morceau de poulet en deux.

 

Kerry grogna. " Très bien… je vous vois plus tard. " Elle se leva du bureau et quitta la pièce, laissant Maria qui remuait des papiers et Dar qui mâchait.

 

La porte se ferma. " Aye… elle est tellement gentille, Dar. " Maria soupira.

 

" Mm… ouais… c'était gentil de sa part de me rapporter quelque chose à déjeuner… c'est une brave petite. " Répliqua Dar avec désinvolture.

 

" Si… elle est brave. " Maria approuva. " Et comment vont vos maux de tête ? "

 

Dar prit une inspiration pour répondre, puis elle s'arrêta. elle cligna des yeux. " Je… je n'en ai pas eu depuis que je suis rentrée à la maison ce jour-là. " Murmura-t-elle, un peu déconcertée. Ils avaient été pratiquement quotidiens pendant les trois mois qui avaient précédé. " Etrange. "

 

" C'est bien ! Peut-être que d'avoir vu Mickey Mouse a aidé. " Maria rayonna.

 

" Peut-être. " Répliqua Dar doucement. Elle prit une autre bouchée de poulet et sourit.

 

Chapitre 80

 

Kerry attacha les patins à roulettes, levant les yeux lorsqu'on frappa à la porte. " Entre, Col. " Cria-t-elle joyeusement, puis elle sourit lorsque la porte s'ouvrit d'un coup et que Colleen entra en patinant, en bougeant les mains pour garder l'équilibre. " Hé... attention ! "

 

La rouquine se laissa tomber sur le divan, plaçant ses pieds avec les patins devant elle. " Hé, Ker... qu'est-ce qui se passe ? " Ses yeux brillèrent malicieusement vers son amie. " Qu'est-ce que la Lexus de Dar faisait là hier soir ? "

 

Ça n'était qu'hier ? Mon Dieu. " Hum... ouais. " Répliqua Kerry sachant qu'elle était en train de rougir. " C'était... elle est venue dîner. "

 

Colleen rit triomphante. " Je le savais... on trouve que vous êtes siiiiiiii mignonnes toutes les deux. "

 

La tête de Kerry se releva si vite qu'elle en eut des vertiges. " Quoi ? Qui on ? "

 

La rouquine nota qu'elle ne niait pas le fait. " Ray, Susan et moi... on a traîné à parler de vous samedi dernier. " Elle sourit sans repentir à l'expression choquée de Kerry. " OK... OK... alors elle a passé le test... ce n'est pas une gorgone. "

 

" Allons, Colleen... c'était juste un dîner. " Kerry essaya un rire faible. " Tu fais comme si nous étions un couple ou quoi. "

 

Un léger silence, et Kerry leva les yeux pour voir son amie la fixer, une expression de connaisseuse sur le visage. Elles se regardèrent pendant un long moment de tension avant que la jeune blonde ne soupire et ne laisse tomber son regard vers deux mains nouées entre ses genoux.

 

Colleen se leva et roula vers elle, s'agenouillant près d'elle et posant une main sur son genou. " Kerry... si ça te rend heureuse, c'est très bien. "

 

" Ce n'est pas du tout bien. " Kerry leva les yeux. " C'est ma chef, Colleen... c'est contre les règles de la compagnie et nous pourrions avoir toutes les deux de sérieux ennuis. " Mais elle ne put empêcher le léger sourire de tirer ses lèvres. " Nous essayons de le garder secret... mais je pense que nous y arrivons mal... si vous êtes arrivés à cette conclusion juste après un dîner. "

 

Colleen s'assit sur le sol et croisa les jambes, en faisant attention de ne pas cogner son amie dans les tibias avec les patins à roulettes. " Ecoute, ma chérie... laisse-moi t'expliquer quelque chose au sujet de ce que nous appelons le courant. " Elle mit le bout de son doigt sur le genou de Kerry. " Tu sais de quoi je parle ? "

 

Kerry expira. " Pas vraiment... à moins que tu ne fasses référence aux tables périodiques ou à quelque chose de bizarre dans le même genre. "

 

" OK... et bien, le courant c'est quand quelque chose se passe entre deux personnes. Tu peux la voir à la télé parfois, mais pas toujours parce que ce sont des gens qui jouent des personnages, tu sais ? "

 

Le front de la jeune blonde s'agrandit. " Pas exactement. "

 

Colleen réfléchit. " OK... as-tu déjà vu un film avec Richard Burton et Liz Taylor ? "

 

" Hum... bien sûr... le truc romain... ouais, OK. " Kerry hocha la tête. " Je me disais qu'ils étaient drôlement bons ensemble... je croyais vraiment qu'ils étaient amoureux l'un de l'autre. "

 

" Et bien... ils l'étaient. " Colleen lui sourit. " Dans la vie... et ça se voyait lorsqu'ils étaient ensemble sur l'écran, également... quand ils se regardaient, ou juste la façon dont ils jouaient... tu pouvais le dire. " Elle expira. " C'est ça le courant... et très souvent tu entends dire 'entre ces deux-là il y a du courant ' lorsqu'on parle de deux personnes à la télé ou au cinéma ou juste de deux personnes qu'on voit. " Elle s'interrompit. " Tu comprends ? "

 

" Pas vraiment. " Admit Kerry. " Je veux dire, oui... je sais ce que tu veux dire au sujet des personnages... je remarque habituellement quand deux personnes sont censées être amoureuses à l'écran, et il est évident qu'ils ne peuvent pas se sentir dans la vraie vie... alors ouais. "

 

Colleen se massa les tempes. " J'essayais de présenter ça gentiment. Mais je peux voir que c'est peine perdue. " Elle rit doucement. " Kerry, quand tu la regardes, tout ton visage s'illumine. " Elle leva les yeux vers la jeune femme surprise. " Et quand elle te regarde, il y a de l'électricité que je peux presque sentir. " Une pause. " Entre vous deux, il y a de la chimie, c'est sûr... et il n'y a pas besoin d'avoir fait l'ENA pour s'en rendre compte. "

 

Kerry y réfléchit. " Oh. " Elle fit une grimace malicieuse. " Je n'avais pas idée que nous... hm. " Elle réfléchit. " Je ne me rendais pas compte. "

 

" Visiblement. " Colleen lui tapota le genou. " Et ça peut ne pas être aussi apparent pour des gens qui ne te connaissent pas aussi bien... mais souviens-toi, fillette, nous sommes amies depuis longtemps maintenant. "

 

" Mm. " Kerry posa son menton sur ses poings. " Je me sens bien quand je suis avec elle... je présume que ça se voit. "

 

La rouquine rit doucement. " Tu parles, que ça se voit... mais si vous essayer de garder profil bas... vous feriez mieux de ne pas traîner l'une près de l'autre au boulot. "

 

" Et bien, nous ne le faisons pas. " Dit Kerry d'un air songeur. " Je l'ai vue... une seule fois aujourd'hui. " Elle expira. " Nous sommes toutes les deux plutôt occupées... et peut-être que c'était pire ce soir-là parce que nous étions quelque peu... hum... je veux dire... nous n'avions pas... " Elle s'arrêta et rassembla ses esprits. " Après nous sommes allées à Crandon et avons marché sur la plage... et... hum... nous avons... je présume que nous avons admis que nous étions attirées l'une par l'autre. " Elle finit embarrassée. " Alors maintenant, ce n'est pas aussi... hum... "

 

" Bizarre. " Proposa Colleen, avec compréhension.

 

" Ouais. " Approuva Kerry. " Exactement... nous comprenons toutes les deux ce qui se passe, et ce n'est pas aussi frustrant. "

 

Un sourire. " Vous vous êtes embrassées là-bas ? Sur la plage ? "

 

Kerry sentit la rougeur chauffer son visage, mais elle hocha la tête. " Oui. " Admit-elle timidement. " C'était... ce n'était pas ce à quoi je m'attendais. " Elle fit une pause. " Nous étions simplement là dehors, à parler... au sujet de truc... le Triangle des Bermudes et le dîner... et... je ne sais pas, c'était comme s'il y avait des trucs là-dessous. Je lui ai demandé si je pouvais lui poser une question personnelle... et elle s'est simplement levée et m'a embrassée, et elle a dit 'est-ce que ça répond à la question'. " Elle sourit au visage ravi de Colleen. " C'était... très étrange, mais vraiment agréable. "

 

" C'est ridiculeusement romantique, tu t'en rends compte, n'est-ce pas ? " Colleen soupira. " Elle a l'air d'une personne vraiment profonde. "

 

La jeune blonde hocha la tête. " Elle l'est... ouais... elle l'est... il y a pleins de trucs là-dedans... je pense que c'est ce qui la rend intéressante. "

 

Colleen hocha un peu la tête. " Est-ce qu'elle est restée toute la nuit hier ? " Demanda-t-elle délicatement.

 

Et bien, pas si délicatement. Kerry garda le silence pendant un moment. " Oui. " Déclara-t-elle doucement.

 

Le calme descendit. " Tu te sens bien avec ça ? " Demanda la rouquine avec hésitation. " Je sais;.. je veux dire, nous avons parlé de ce que tu ressentais... Oh, tu sais ce que je veux dire. "

 

Elle savait. " Je n'étais pas... je veux dire, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, Col... j'avais peur... je peux te le dire, et j'ai piqué une crise, et une douzaine d'autres choses... mais... je... " Elle cessa de respirer. " Ça va. "

 

Le front de Colleen s'agrandit d'inquiétude. " Elle ne te pousse pas à faire ça, n'est-ce pas ? Kerry… écoute, ne te sens pas pressée de faire des choses qui te mettent mal à l'aise. "

 

La jeune femme rougit profondément et se gratta la mâchoire. " Hum… en fait, c'est moi qui ait commencé. " Murmura-t-elle penaude en faisant un petit haussement d'épaule vers Colleen. " Je me sens bien avec ça… vraiment. "

 

La rouquine lui tapota le bras. " Tant mieux. " Elle sourit. " Alors.. quand est-ce que vous emménagez ensemble ? "

 

La mâchoire de Kerry tomba. " Quoi ? " elle éclata de rire. " Mon Dieu, Col… ça ne marche pas comme ça… c'est un truc physique… nous allons toutes les deux passer ça… ce n'est pas aussi sérieux. " Elle s'interrompit pensivement. " Pas encore. "

 

" Oui… oui. OK. " Colleen retint un sourire et fit un signe de la tête. " Quand est-ce que vous vous revoyez alors ? "

 

" Demain soir… après la gym. " Expliqua Kerry. " je t'ai dit que je me suis inscrite à ces cours… si je dois continuer avec elle, le patin, ça ne va pas suffire . " Elle pencha la tête. " Vous aussi vous avez un programme pour cette salle de gym… pourquoi ne viendrais-tu pas ? " Demanda-t-elle. Je me suis inscrite pour ce cours d'auto-défense pour débutants… ça devrait être sympa… je pourrais avoir besoin de soutien moral. "

 

" OK… je pourrais faire ça. " Dit Colleen songeuse. " C'est juste en bas de notre bureau… et de plus, je ferais mieux de le faire si je veux te voir plus longtemps que pour te faire signe bonjour le matin. " Elle la taquina gentiment. " Quoi qu'il en soit… viens… allons patiner… il fait plus lourd que dans un sauna brûlant dehors… le plus tôt nous aurons fini, le plus tôt je prendrai une douche. " Elle savait que Kerry était sur le point de se sentir mal à l'aise à parler de sa nouvelle relation, et de la pousser n'aiderait en rien. " Je présume que c'est une bonne raison pour dire à tes parents d'aller se faire voir quand tu rentreras pour Thanksgiving, hein ? "

 

Kerry finit d'ajuster ses patins et se leva, balançant avec expertise. " J'avais un tas de bonnes raisons avant ça… mais… ouais. " Elle permit enfin à un franc et heureux sourire de venir sur son visage. " Ça a enfoncé le clou, pour ainsi dire… j'espère simplement que je trouverai un moyen de le faire sans qu'on me jette dehors. " Elle secoua la tête, mettant fermement de côté les inquiétudes au sujet de ses parents, et elle marcha lourdement vers la porte pour l'ouvrir. " Allons-y. "

 

Chapitre 81

 

Dar était contente de sortir du vent humide et d'entrer dans la paix fraîche et tranquille de l'appartement. Le cocktail s'était tenu à l'extérieur à Viscaya et elle était contente que le temps tout sauf parfait lui ait donné une bonne excuse pour sortir de là plus tôt et d'échapper à la foule des cadres des ventes tour à tour lèche-bottes et acerbes.

 

Eléanor avait été particulièrement cinglante, lui tombant dessus pour lui dire comme Kerry était charmante, et comme elle ferait de son mieux pour la piquer et l'empêcher de souffrir là où elle était. " Elle est destinée à des choses plus grandes que d'être ton faire-valoir, Dar. " La femme lui avait souri.

 

La brune jeta sa veste sur le divan et fit sauter ses chaussures. " Je me demande si tu savais que tu étais à deux doigts d'être jetée dans la baie de Biscayne, Eléanor ? " Remarqua-t-elle malicieusement. " Jetée... splash... oups... désolée Mariana... je sais que ça fait des papiers à remplir. "

 

Le carrelage frais était agréable sous ses pieds fatigués, et elle s'arrêta un moment à plier les orteils avant d'aller jusqu'à la chambre ; elle retira sa jupe, ses collants et son chemisier en soie pour enfiler son tee-shirt de base-ball et un short avec un sentiment profond de soulagement, appréciant le contact du coton doux contre sa peau.

 

En chantonnant légèrement, elle se balada jusqu'à la cuisine et ouvrit son réfrigérateur, jetant un œil à son énorme vide avec une expression pensive. " Je vais être taquinée demain si je ne mets pas des trucs là-dedans. " Se murmura-t-elle à elle-même, étonnée lorsqu'un léger coup fut frappé à la porte.

 

Pendant un moment, son cœur bondit, réfléchissant au fait que ça pouvait être Kerry, puis elle se rendit compte qu'il n'y avait aucun moyen pour la jeune blonde de venir sur l'île sans qu'elle en soit d'abord prévenue. Elle se sentit curieusement déçue en traversant la pièce et elle regarda par la petite fenêtre dans la porte. " Bonsoir, Clemente. " Elle ouvrit la porte et permit au responsable des services pour résidents, petit, rond et transpirant en permanence, d'entrer.

 

" Bonsoir... bonsoir, Ms Roberts... je suis désolé, il est tard mais je vous ai vu arriver. " L'homme essuya son front avec un mouchoir. " L'équipe pour le nettoyage des sols sera sur l'île demain... et vous avez dit de vous le faire savoir pour que les carrelages puissent être faits ici. "

 

" Oh... bien sûr. " Dar jeta un coup d'œil alentour. " Ce serait bien... et, hé... écoutez, Clemente... est-ce que vos gens peuvent faire quelque chose pour moi ? "

 

" Bien sûr. " L'homme hocha la tête. " Que pouvons-nous faire ? "

 

" Des courses. " Répliqua Dar. " De l'épicerie. "

 

Clémente secoua ses mains d'une manière très cubaine. " Bien entendu... bien entendu... donnez-moi une liste, et Rosalita prendra tout ça pour vous et l'apportera. "

 

" Je n'ai pas de liste. " Murmura Dar. " Est-ce qu'elle peut juste prendre les trucs que les gens ont habituellement chez eux ? " Elle jeta un œil à la cuisine. " Juste... n'importe quoi ? "

 

Le front de l'homme se froissa comme du carton ondulé. " Ms Roberts... je ne peux pas lui demander de faire des courses si je ne sais pas quoi lui dire... de quoi avez-vous besoin ? " Il jeta un œil à la cuisine. " Du pain ? Des fruits ? "

 

Dar soupira et lui fit signe de venir avec elle. " Regardez. " Elle ouvrit le réfrigérateur. " J'ai besoin d'autre chose que de ça. " Elle leva les mains et les laissa retomber. " Si j'y vais, je finirai avec une caisse de cookies, dix litres de lait, deux boîtes de glace de chez Edy, et un pot de beurre de cacahuètes. "

 

Clémente se couvrit les yeux. " Dios Mio. " Il se frotta le visage. " Vous voulez... du jus d'orange... ? Des bananes ? De la soupe ? "

 

Dar réfléchit. " Les bananes c'est bien. " Répondit-elle avec précaution. " Euh... du jus de pamplemousse... peut-être des muffins anglais ? "

 

" Si... si... " Clémente sortit un crayon de sa poche et gribouilla. " De la confiture ? "

 

" A l'abricot, ce sera bien... ou au raisin. " Réfléchit la brune. " Oh... et du thé. "

 

" Pekoe, Chine... ? " Demanda Clémente.

 

" Le genre que vous mettez dans une tasse pour le boire. " Répliqua malicieusement Dar. " Juste quelques sachets... s'ils ont du truc aux herbes, c'est bon. " Elle pianota le comptoir. " Ils ont des fraises ? "

 

" Si... des Driscolls. " Répondit l'homme en prenant l'info en note. " Ils en ont une belle boîte aujourd'hui... les grandes, si ? Toutes posées comme des roses, c'est très joli. "

 

Un sourire. " Mettez-m'en une boîte... et deux grandes barres de chocolat au lait. "

 

Elle lui indiqua quelques autres choses puis le regarda partir, soupirant lorsque la porte se ferma derrière sa forme ronde. " C'est fait. " Elle se surprit à sourire par anticipation du visage de Kerry lorsqu'elle aurait autre chose que du lait à lui offrir. Elle se servit un verre et vérifia le terminal, voyant que la lumière du courrier clignotait. " Messages. "

 

" Dar Roberts, sept messages, aucun urgent. " Répliqua le terminal en affichant l'écran.

 

Elle les passa en revue. " Lire six. " Son visage s'agrandissait déjà dans un sourire lorsque ses yeux virent l'auteur.

 

Stuart, Kerry - envoyé 21h34

 

Hé !

 

Je voulais juste laisser un message pour dire bonjour... j'espère que le cocktail s'est bien passé. Tu avais raison au sujet d'Eléanor, elle était collée à moi à la réunion, et si elle ne m'a pas dit douze fois que je me gâchais là où j'étais, elle ne l'a pas dit une seule fois. On ne m'a pas passé de la pommade comme ça depuis que des Jeunes Républicains ont découvert qui était mon père à l'université.

 

Je me demande ce qu'elle ferait si je lui disais que je préférerais travailler pour Muamar Khadafi plutôt que pour elle ? Au moins avec lui, vous savez de quel côté vient le couteau. Et il est plus mignon... elle sent le maquillage légèrement rance.

 

En tout cas... elle a fait un jeu de mots particulièrement dégoûtant sur toi, et je pense qu'elle me teste pour savoir si je te le raconterai. Alors je ne le ferai pas. Mais j'ai retiré la prise de sa télécommande pendant qu'elle faisait la présentation, alors elle a eu l'air idiot pendant environ dix minutes pendant qu'elle se tenait là à cliquer en vain et que rien ne se passait.

 

J'ai honte de dire que j'ai beaucoup aimé ça.

 

A demain.

 

K

 

Dar éclata de rire, posant sa tasse pour éviter de la renverser et elle se pencha sur le comptoir. " Oh, mon Dieu. " Elle ricana, imaginant Eléanor progressivement frustrée et appuyant sur les boutons. " Oh, mon Dieu, je suis désolée d'avoir raté ça... " Elle perdit le souffle, toujours riant. Ça rendait la soirée valable. " Répondre. " Dit-elle à la machine. " Enregistrement audio. " Ajouta-t-elle avec un sourire.

 

" Hé, Kerry... ça valait la peine de souffrir pendant ce maudit cocktail pour rentrer à la maison et lire ceci... chaque fois que je la verrai dans une réunion maintenant, je me rappellerai l'image que tu m'as mise dans la tête, d'elle qui clique sur cette stupide télécommande qu'elle aime tant et qui pique une crise. "

 

Dar s'interrompit, sachant que l'enregistrement le ferait aussi, activé par la voix. " J'espère que tu t'es amusée à faire du patin... je, hum... te verrai demain après mon rendez-vous. Nous verrons si cette petite excursion à Orlando a fait une différence... je pense que oui parce que je n'ai pas eu de mal de tête depuis la tempête. "

 

Une autre pause. Elle pouvait sentir plusieurs pensées batailler pour sortir et être dites, mais les mots ne lui venaient pas. " En tout cas, bonne nuit. " Dar regarda l'écran un moment puis soupira. " Envoi. "

 

Elle rit doucement en passant en revue les autres messages, aucun d'eux ne requérant vraiment son attention avant le matin. Elle prit son lait et alla sur le porche, où une brise de plus en plus fraîche soufflait contre les vagues. Dar s'installa dans une des chaises capitonnées et posa les pieds contre la rambarde en pierre, s'appuyant en arrière et regardant par-dessus l'eau.

 

Le doux son de la vague qui s'écrasait contre la digue la berça, alors qu'elle regardait paresseusement les étoiles clignoter au-dessus de sa tête. " Etoile, étoile. " Murmura-t-elle. " Quel est ton souhait, Dar ? Mmm ? "

 

Prudemment, l'étoile resta silencieuse.

 

Le téléphone résonna doucement à l'intérieur et Dar sursauta, secouant un peu la tête pour l'éclaircir avant d'entrer et d'attraper le combiné sans fil. " Allô ? "

 

" Hé... " La voix de Kerry sculpta un chemin de chaleur en elle.

 

" Tiens tiens, bonsoir... " Répliqua Dar en prenant le téléphone avec elle pour retrouver son siège. " Je ne m'attendais pas à t'entendre ce soir... je viens juste de répondre à ton courrier. "

 

" Je sais... c'est comme ça que j'ai su que tu étais à la maison. " La réponse vint avec un léger rire. " Je voulais juste que tu ne crises pas lorsque j'arriverai demain en ressemblant à un Klingon... j'ai fait une rencontre avec un camion. "

 

Silence de mort. " Q... quoi ? " Dar se redressa, le cœur battant. " Est-ce que tu vas bien ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que tu as pris le numéro d'immatriculation ? "

 

" Dar... Dar... calme-toi. " Kerry l'interrompit rapidement. " Non... non... il était garé quand ça s'est passé... derrière la boulangerie. Colleen et moi nous allons souvent là-bas, et nous nous récompensons avec un beignet quand nous avons fini... j'arrivais au coin et je ne me suis pas rendue compte que le camion de livraison était là. "

 

" Oh... " Dar se réinstalla, toujours déconcertée. " Ouh... je parie que ça fait mal. "

 

" Ouais... ma tête a cogné le rétroviseur... j'ai cette énorme bosse. " Kerry soupira. " J'ai mis de la glace dessus... ça baissera probablement d'ici à demain matin, mais il y aura toujours un bleu. "

 

" Et bien. " La brune laissa passer un soupir de soulagement. " Bon sang... désolée d'entendre ça... est-ce que tu as eu ton beignet au moins ? "

 

Un grognement rieur. " Deux... Colleen se sentait tellement coupable parce qu'elle m'avait distraite lorsque c'est arrivé. "

 

Dar eut soudain le désir de s'assurer personnellement que le coup n'était pas sérieux et elle dut se mordre la langue pour s'empêcher de dire à Kerry qu'elle se mettait en route. " Tu es sûre que tout va bien ? " Demanda-t-elle finalement, hésitante.

 

La chaleur dans la voix de Kerry était immanquable. " Oui... mais merci de poser la question. " Une pause. " Et bien, je ferais mieux de te laisser... je voulais juste... hum... "

 

" Je suis contente que tu aies appelé. " Lui dit Dar calmement. " Je te vois demain matin. "

 

" Bonne nuit. "

 

La ligne devint silencieuse et Dar posa le téléphone contre son menton, en regardant par-dessus les vagues, évaluant la réponse soudaine de son estomac. "

 

Ok, elle était une garce de première qui contrôlait tout, orientée vers le but, et qui ne faisait confiance à personne, et qui refusait de laisser même les moindres détails au hasard. D'accord ?

 

D'accord.

 

Alors naturellement, il était de sa responsabilité de s'assurer que son employée, un actif de valeur de la compagnie, allait bien. "

 

D'accord ?

 

D'accord. Ça faisait juste partie du travail. C'était complètement professionnel et normal qu'elle supervise personnellement le placement de la glace sur le front de Kerry, de préférence pendant qu'elle était dans le lit à eau de Dar.

 

Elle commença à rire, se frappant le côté de la tête. " Je déraille. " Conclut-elle en se levant.

 

La folie lui parut plaisante, songea-t-elle.

 

Chapitre 82

 

Kerry ferma les yeux en replaçant la compresse froide sur sa tête, souhaitant que le battement au moins s'en aille. En plus de sa tête qui lui faisait mal, sa poitrine et ses bras étaient également douloureux à l'endroit où elle avait touché le camion, et elle s'était tordu une cheville en essayant frénétiquement de s'arrêter.

 

Colleen l'avait convaincue de ne rien prendre pour le mal de tête et lui avait aussi dit qu'il serait préférable qu'elle ne s'endorme pas tout de suite. Alors elle était là, à écouter le Discovery Channel, et à essayer de ne pas trop penser à sa tête qui lui faisait mal.

 

Ça n'aurait pas été trop mal si elle ne s'était pas sentie si stupide... elle s'était retournée pour écouter le ragot de Colleen lorsqu'elles tournaient le coin et elle avait soudain vu la grande surface blanc sale qui arrivait sur elle trop vite. L'impact l'avait étourdie pendant une minute et elle était restée assise là avec les mains frénétiques de Colleen qui cherchaient des fractures avant qu'elle ne s'assoie et fasse un geste pour écarter la rouquine.

 

" Est-ce que ce n'est pas une beauté ? " La voix de l'homme était tellement pleine d'enthousiasme incrédule que Kerry dut regarder.

 

" Non. " Murmura-t-elle en retour, en voyant la mâchoire grande ouverte d'un crocodile qui semblait vouloir se refermer sur les fesses du narrateur. " C'est un maudit crocodile qui va te manger le derrière, idiot. "

 

Oh. Parler faisait mal. Elle laissa ses yeux se refermer et rafraîchit la compresse.

 

On frappa doucement à à la porte. Un œil vert apparut, le sourcil levé d'outrage. " Qui diable frappe sur cette bon sang de porte à onze heures du soir ? " Un autre coup, plus hésitant et elle grogna. " J'arrive. "

 

Elle se mit debout et marcha péniblement dans l'appartement, s'appuyant contre la porte et mettant un œil sur l'œilleton.

 

Ce fut étonnant comme elle pouvait oublier un mal de tête s'il le fallait vraiment. Elle retira la chaîne et ouvrit brusquement la porte. " Hé ! "

 

Dar s'appuyait nonchalamment sur l'encadrement, les mains jouant avec ses clés. " Je... hum... devais aller vérifier quelque chose au bureau de Miami Sud... je pensais m'arrêter et voir comment tu te sentais. " Expliqua sa chef.

 

Kerry sentit un sourire tirer ses lèvres. " Wow... hum... entre. " Elle fit un pas en arrière et permit à Dar d'entrer, fermant la porte derrière elle et prenant une inspiration, avant de bouger avec hésitation pour une étreinte. " Oh... " Murmura-t-elle doucement dans le cuir de la veste de Dar alors que les longs bras se fermaient autour d'elle. " C'est tellement bon. "

 

" Laisse-moi voir. " Dar la relâcha et mit doucement sa tête en arrière, examinant la bosse décolorée. " Mm... ça a l'air moche... comment te sens-tu ? "

 

" Et bien. " Kerry sourit l'air penaud. " Jusqu'à il y a deux minutes, ça n'allais pas fort. " Elle cligna des yeux vers Dar. " J'ai mal partout... et Col dit que ce ne serait pas bon d'aller directement au lit au cas où j'aurais une petite commotion. " Ses yeux cherchèrent le visage de Dar. " Je n'arrive pas à croire que tu es là... c'est si gentil de ta part. "

 

" Chut. " Dar caressa sa joue. " Ne fais pas courir la rumeur que je suis gentille, OK ? " Elle sourit. " Tu vas ruiner ma réputation. "

 

Kerry se mit doucement à rire. " Oh... c'est vrai... j'oubliais. " Elle soupira. " Et bien, je broyais du noir, en mettant des gants de toilette froids sur ma tête... à moins que tu n'aies une meilleure idée pour ça. "

 

" Mm... " Dar réfléchit. " Je ne suis pas docteur... mais laisse-moi voir ce que je peux faire... ça te dérange si je reste un peu ?"

 

" Non, bien sûr que non. " Kerry secoua la tête. " Je veux dire... si tu peux rester quelques minutes... je sais que tu rentres à la maison. "

 

" Ne t'inquiète pas pour ça... je dors à peine de toutes les façons. " Dit Dar allègrement. " Où sont tes serviettes ? "

 

Kerry lui montra puis suivit la grande femme comme un chiot curieux lorsqu'elle entra dans la cuisine, et ouvrit le congélateur. " Je pensais utiliser des cubes de glace... mais ils sont si gros, ils sont difficiles à manier, et le froid fait mal. "

 

" Mmmmm. " Dar approuva. " Tu as un sac congélation avec une fermeture-éclair ? "

 

" Euh... bien sûr. " Kerry en retira un d'un litre et demi et le lui tendit. " Tiens. "

 

Dar le prit puis tira le mixer sur le comptoir et en retira le couvercle, le remplissant jusqu'au bord de glace. Puis elle remit le couvercle et mit la machine en marche, la regardant réduire la glace à l'état d'un cône de neige. Puis elle retira le couvercle et vida le contenu dans le sac qu'elle enroula dans une serviette. " Viens. " Elle reconduisit Kerry dans le séjour et s'installa dans un coin du divan, tapotant le siège près d'elle.

 

" D'accord. " Kerry s'assit alors que Dar se penchait en arrière et tapotait sa poitrine. Elle s'allongea contre le corps de la grande femme et étira ses jambes le long du divan. Dar glissa un bras autour d'elle et plaça la compresse sur sa tête. C'était plus froid que l'eau qu'elle avait utilisée, et elle pouvait sentir la tension douloureuse dans la bosse commencer doucement à disparaître.

 

" Comment c'est ? " Demanda la voix de Dar par-dessus son épaule.

 

Kerry se sentait diablement près du Paradis, en fait, entre le dossier confortable et chaud et le plaisir pur qu'elle ressentait à simplement être en présence de Dar. " C'est parfait. " Murmura-t-elle calmement. " Merci. "

 

Dar posa ses pieds sur la table basse et se détendit, regardant la télévision par-dessus l'épaule de Kerry. " Qu'est-ce qui passe ? "

 

" Une sorte d'idiot et qui adore embrasser les alligators. " Répliqua Kerry.

 

" Oh... le Chasseur de Crocodiles. " Proposa Dar promptement. " J'ai regardé une émission l'autre semaine où lui et une femme se traînaient dans la boue autour des crocodiles. " Elle s'interrompit. " J'espère qu'il la paye bien. "

 

" C'est sa femme. " Kerry se mit à rire doucement.

 

" Et bien... ça explique pourquoi il l'étreignait. " Dit Dar songeuse. " Elle doit être amoureuse... pour faire quelque chose d'aussi cinglé. "

 

" Tu parles. " La jeune blonde secoua doucement la tête. " Oooh... tu as vu ça ? Elle a failli passer par-dessus bord ! "

 

" Il panique. " Nota Dar en regardant l'écran avec intérêt. " Oh merde... est-ce que c'est un anaconda ? "

 

" Il va sûrement l'embrasser. " Kerry se mit à rire. " Oh... bien... il l'a remise dans le bateau, et maintenant ils embrassent ce maudit serpent. " Elle soupira. " Etonnant ce que l'amour vous fait faire... regarde... elle a de la boue dans des endroits que le Bon Dieu n'avait pas prévu pour ça. "

 

Elles restèrent toutes les deux silencieuses pendant un moment, alors que Dar bougeait la compresse sur la tête de Kerry.

 

" Dar ? " Dit finalement Kerry en levant la voix de manière interrogative.

 

" Mmmmm ? " La brune inclina la tête. " Quoi ? "

 

" Que diable avais-tu à vérifier au bureau de Miami Sud à dix heures du soir"

 

Une pause embarrassée s'ensuivit. " Hum... " Dar s'éclaircit la voix et parla à contrecœur. " Rien. " Murmura-t-elle. " Je... hum... je voulais juste m'assurer que tu allais bien. "

 

Les yeux vert océan la regardèrent lorsque Kerry tourna la tête et la leva. " Tu... veux dire que tu... as fait tout ce chemin pour venir me voir ? "

 

" Un léger hochement de tête. " Je... hum... on ne peut pas être sûr, avec les blessures à la tête... et j'étais un peu inquiète... alors, je, heu... ouais. " Répliqua Dar pour sa défense. " La tranquillité d'esprit... tu sais... je... voulais juste m'assurer que tout allait bien. "

 

" Mm... " Kerry y réfléchit. " Ça... me fait me sentir très spéciale. " Elle enroula ses doigts autour de ceux de Dar, posés autour de sa taille. " Merci... je me sentais plutôt moche avant que tu ne sois là... je suis vraiment contente que tu sois venue. "

 

Dar sourit d'aise et laissa sa joue reposer sur les cheveux de Kerry. " Moi aussi. " Murmura-t-elle un peu surprise à cette pensée.

 

C'était vraiment fou, si vous y pensiez.

 

Alors elle n'y pensa pas.

 

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