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TROPICAL STORM13

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

TROPICAL STORM

 

Tempête tropicale

 

de Melissa Good

 

 

traductrice : Fryda

 

 

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Partie 13A

*******

 

Chapitre 107

 

Dar mit toute son énergie à finir sa liste de tâches, éclusant plusieurs sujets d'une traite, et gardant une oreille sur Kerry qui remuait dans la cuisine. Elle savait que la visite de Kyle avait ennuyé la jeune femme et elle répondit avec impatience à la douzaine de messages qui attendaient, anxieuse de s'en débarrasser avant de retourner à…

 

Retourner à quoi, Dar ? T'amuser ? Ses lèvres se tordirent. Ouais. C'était tellement plus intéressant que de dire à José de retourner à son tableau sur deux comptes-clients et de taper une réponse officielle à la plainte déposée contre elle par Peter.

 

Sale con. Elle soupira et se frotta le front, réfléchissant à la manière de tourner sa réponse. " Il a fichu le compte en l'air et Les m'a envoyée là-bas pour le sortir de là, ce que j'ai fait. Quel est le problème ? " Elle pianota sur le clavier et revint en arrière. " Non… elle va me tuer si je dis ça. "

 

" Qu'est-ce qui ne va pas ? " Kerry apparut et posa un bras sur son épaule. Elle avait un gant de cuisine sur sa main et elle portait une grande cuillère qui dégageait une odeur très distrayante. Dar la lécha immédiatement et sourit au son de surprise de la petite femme. " Dar ! Arrête ça ! "

 

" Mm… quoi que ce soit, c'est délicieux. " Répliqua la femme brune. " Ça… Peter a rempli une plainte formelle contre ma conduite et je dois y répondre… j'essaie de trouver un moyen politiquement correct de dire 'va te faire voir' sans que Mariana ne s'arrache les cheveux. "

 

" C'est de la sauce au hachis… j'essaie une nouvelle recette pour des spaghettis et des boulettes de hachis. " Répondit Kerry d'un air absent en jetant un œil au document. " Je me suis dit que c'était plutôt sans risque. "

 

Les yeux de Dar brillèrent. " Je n'en ai pas mangé depuis un moment. " Déclara-t-elle. " Je ne commande habituellement pas ça dans les restaurants… les boulettes de hachis ressemblent en général à des boulettes d'avoine. "

 

Kerry hocha la tête pour approuver. " Ouais… hé, écoute… pourquoi ne dis-tu pas qu'on t'a demandé d'évaluer la situation, et que le client a décidé de négocier directement avec toi. " Elle jeta un coup d'œil à Dar. " C'est ce qui s'est passé, non ? "

 

" Plus ou moins. " Reconnut Dar. " Pour dire la vérité, Gérald Easton est un vieil ami de mon père… il me connaît depuis que je suis petite. " Elle soupira. " Il n'aime vraiment pas le style de Peter, alors il a appelé et il a fait du foin auprès de Les. "

 

" Hmm. " Kerry expira. " D'accord… tu peux dire que tu avais une expérience prélalable avec ce contrat, et que le client préférait traiter - avec toi. "

 

Un léger sourire courba les lèvres de Dar. " Tu es plutôt bonne à ce jeu. "

 

Les yeux verts étincelèrent. " Les débats, tu te souviens ? Tu dois parfois dire les choses de quatre manières différentes avant que ton point de vue ne soit accepté. "

 

La femme brune rit. " J'aurais aimé t'y voir… il n'y a rien de tel qu'un bon débat. "

 

Kerry rougit un peu et sourit. " Le concours que j'ai gagné est le seul auquel mon père est venu… c'était plutôt haut de gamme et il a pris du bon temps à faire semblant d'être fier de sa petite fille." Elle prit l'air un peu triste. " Ça a été bon de gagner celui-là. "

 

" Tu as pensé à faire de la politique ? " Demanda Dar.

 

Un léger grognement. " Non, merci… si j'avais voulu passer ma vie à décevoir les gens, j'aurais fait du marketing, merci. " Elle lança un regard espiègle à Dar. " Tu ne vas pas me dire que les élus font ça pour le plaisir de servir leurs compatriotes, n'est-ce pas ? "

 

" Non. "

 

" Ouf… je ne voulais pas te décevoir, là, Dar. " L'informa Kerry. " C'est un milieu dégoûtant. "

 

Dar resta tranquille, se demandant si sa jeune compagne savait à quel point ça l'était. " Tiens… pourquoi ne taperais-tu pas une réponse pour moi, et je vais remuer ta sauce. " Elle se glissa hors de la chaise et prit la cuillère de la main de Kerry. " Ça te va ? "

 

Kerry s'assit dans la chaise encore chaude de la présence de Dar, et elle leva les yeux. " Essaie de ne pas tout manger, OK ? " Elle la taquina, obtenant un sourire radieux en retour alors qu'elle tournait son attention vers l'écran.

 

Dar alla jusqu'à la cuisine, et souleva le couvercle d'une marmite en acier posée sur le feu, relâchant un nuage humide d'ail et d'épices dans l'air. " Ooohhh…. " Elle remua doucement la sauce en pensant au rapport qui était revenu sur le père de Kerry.

 

Le truc habituel, principalement. Des dessous-de-table mineurs, quelques pots-de-vin… rien de concret. Mais elle avait fait des recherches plus poussées sur deux comptes bancaires, et une série de transactions très étranges sur ce qui semblait être une ligne de crédit à son nom seul. Elle décida qu'il n'y avait pas de sens à laisser Kerry voir le rapport avant qu'elle n'ait terminé et n'ait quelque chose de concret.

 

Et puis quoi ? Dar expira. Malgré tout, elle soupçonnait Kerry de toujours aimer ses parents, et sa famille… faire quelque chose qui blesserait son père la blesserait tout autant, et pour autant que Dar voulait faire payer l'homme pour ce qu'elle considérait comme une persécution dégoûtante de son amie… est-ce que ça servirait vraiment à quelque chose ?

 

Peut-être que l'information lui serait utile, cependant, pour argumenter son désir de rester là. Et elle voulait donner toutes les munitions qu'elle pouvait à Kerry, n'est-ce pas ?

 

Bien sûr, il y avait toujours une possibilité que cela ne marche pas. Que Kerry se laisse persuader de partir. C'est ce dont tu as peur, n'est-ce pas ? Les yeux de Dar se fermèrent alors qu'elle remuait la sauce d'un air absent. Tu ne la connais que depuis un mois, Dar… La pensée de vivre sans elle ne peut vraiment pas te faire autant de mal.

 

Mais c'était le cas.

 

Elle se sentait tellement à l'aise avec Kerry, voilà ce qu'il y avait, décida-t-elle. Sa méfiance habituelle des gens semblait s'évaporer auprès de la jeune femme et elle se sentait baignée dans la chaleur d'une véritable amitié pour la première fois depuis longtemps. Elle n'avait pas soupçonné que ça lui manquerait tellement, apparemment, et maintenant quelque chose le menaçait.

 

Elle réagissait mal aux menaces. Elles lui faisaient faire des choses folles comme de demander à Kerry de ne pas retourner chez elle. Ou d'aller avec elle. Oh oui. Elle rit pour elle-même, un peu mal à l'aise. Ça, ça serait vraiment populaire… tu te pointes chez ses parents. Voyons voir… hum… 'Salut… la compagnie met en œuvre un nouveau programme… les superviseurs doivent rendre visite à leurs employés au moins une fois pendant les vacances, et je commence avec Kerry… ça ne vous dérange pas trop ?'

 

Ouais.

 

Elle était tellement dans ses pensées qu'elle n'entendit même pas Kerry l'appeler jusqu'à ce qu'une main chaude touche son dos et elle sursauta. " Qu… oh… désolée. " Elle recula du fourneau et tendit la cuillère à Kerry. " Tiens… j'étais… hum… "

 

" A un million d'années-lumière. " Proposa Kerry en la fixant avec curiosité. " Tu vas bien ? "

 

" Oui… je réfléchissais, c'est tout. " Dar rit doucement. " Tu as fini là ? " Elle était un peu embarrassée d'avoir été surprise à rêvasser. " Je… hum… je vais m'occuper de cet autre truc. "

 

Kerry plissa un peu le front d'inquiétude, mais elle hocha la tête. " D'accord… oui, va voir ce que j'ai écrit, vois si ça te plaît. " Elle tapota le côté de Dar. " Tu aimes le pain à l'ail ? "

 

Dar hocha la tête.

 

" Question idiote… je présume… j'en ai dans le congélateur… je vais les ajouter. "

 

La grande femme rit doucement. " Tu aimes faire ça, n'est-ce pas ? "

 

Kerry haussa les épaules. " Je présume… je veux dire… je ne pense pas que je m'inquièterais pour moi… en fait, je sais que je ne le ferais pas. En général, quand je rentre à la maison, j'attrape quelques carottes ou des trucs comme ça… mais c'est sympa de s'occuper de quelqu'un qui apprécie. "

 

Dar la regarda sérieusement. " J'apprécie vraiment. " Répliqua-t-elle tranquillement. " Beaucoup. "

 

Cela lui valut un grand sourire. " Je sais… j'ai remarqué que ta cuisine n'est pas beaucoup utilisée. " La taquina-t-elle doucement. " Je fais des cauchemars à t'imaginer là-bas avec tes Egg McMuffin et ton lait chocolaté. "

 

Dar rit par réflexe pur. " Nan… tu te trompes complètement sur moi. " Elle secoua la tête solennellement. " Ce sont des croissants ou rien. "

 

Un petit coup. " Tu ferais mieux de faire plus attention à toi. " Kerry la réprimanda d'un air moqueur. " Ça finira par te rattraper un jour. "

 

" Pousse tes limites… meurs jeune. " Blagua Dar à moitié.

 

" Je préfèrerais que non. " Répliqua Kerry très sérieusement. " J'aimerais te garder longtemps. " Un silence embarrassé tomba alors que des yeux bleus étonnés la regardaient. " Je suis désolée. " Murmura finalement Kerry. " C'est incroyablement présomptueux de ma part de dire ça. " Elle retourna au fourneau et se pencha sur le récipient, pour sentir des mains agripper doucement ses épaules.

 

Elle s'immobilisa et ne résista pas lorsque Dar la retourna, et elle croisa les yeux bleu clair qui s'étaient adoucis en étudiant son visage. " Tu sais… quand tu es entrée, je me demandais ce que je ferai si tu décidais de rentrer. " Murmura-t-elle doucement. " Et j'essayais de comprendre comment quelqu'un que je connaissais depuis moins d'un mois pouvait être aussi importante pour moi. "

 

" Oh. " Répliqua Kerry.

 

" Alors, non… ce n'était pas présomptueux… c'est gentil que tu t'inquiètes. " Ajouta Dar timidement. " C'est un peu étrange mais je pense que j'aime ça. "

 

La jeune femme blonde laissa passer un soupir de soulagement. " C'est bien. " Elle tendit la main et emmêla ses doigts avec ceux de Dar. " Parce que je ne peux pas m'empêcher d'éprouver cela… et je détesterais te rendre folle. "

 

Dar se laissa aller au besoin insidieux et l'étreignit. " Nan… " Elle la relâcha et fit un pas en arrière, puis elle sourit. " Bon, je vais finir. " Elle se tourna et quitta la cuisine.

 

Kerry suça le bout de la cuillère en réfléchissant, et elle retourna à sa sauce avec un petit sourire incrédule qui se frayait un chemin lentement sur son visage.

 

Dar revint au bureau et se laissa tomber dans la chaise, posant son menton sur une main en regardant l'écran. Elle laissa ses yeux parcourir les mots trois fois avant qu'ils ne fassent leur chemin. Puis elle ferma les paupières et prit un moment pour se recomposer, ressentant une tonne d'émotions contraires batailler en elle.

 

Une partie d'elle-même était effrayée au plus au point. L'autre partie, cette partie nouvelle, étrange et comme venue d'ailleurs, voulait se mettre à genoux et jurer une dévotion éternelle à la pauvre femme qu'elle connaissait à peine. " Je suis un peu vieille pour ces conneries hormonales, non ? " Se murmura-t-elle d'un air désabusé. " Je ne me suis pas sentie comme ça depuis l'âge de douze ans et mon premier béguin. "

 

Elle se frotta les yeux et s'obligea à se concentrer sur l'écran, le lisant réellement cette fois. " Oh… bon travail. " Elle complimenta Kerry. " Oui… ça me plaît… " La réponse était très raisonnable et tournée de manière polie. " Elle saura bien sûr que je ne l'ai pas écrit. " Dar rit doucement. " Mais c'est bien… la marque d'un bon gestionnaire c'est d'utiliser ses ressources quand il faut, n'est-ce pas ? " Elle éleva la voix. " Bon travail. "

 

" Merci. " La réponse lui revint flottante et Dar ne put s'empêcher d'entendre le sourire dans le mot, et elle envoya la réponse. Puis elle s'installa et parcourut les autres affaires, essayant d'ignorer les odeurs intrigantes qui émanaient de la cuisine, s'arrêtant juste un instant lorsque le tonnerre roula au-dessus de sa tête. " Hmm. "

 

Kerry entra dans la pièce, en écoutant également. " Ça a l'air méchant. " Elle s'appuya sur le dossier de la chaise. " Tu as fini ? Le dîner est prêt. "

 

" C'est bien ce que je sentais. " Approuva la femme brune, en se redressant. " Ouaip… j'ai envoyé balader six personnes, annulé trois réunions, et envoyé deux réponses bien senties à des gens qui auraient dû réfléchir avant. " Elle soupira. " La journée n'a pas été mauvaise. "

 

" C'est vrai ? " Kerry lui lança un regard.

 

Dar hocha la tête d'un air désabusé. " Eh oui. " Elle se leva et s'étira. " Mais ne t'inquiète pas… ils y sont habitués. Si je ne le fais pas, ils vont penser que quelque chose ne tourne pas rond. " Dit-elle à la jeune blonde. " Tu veux tout mettre sur la table ? "

 

Kerry hésita puis sourit. " Et bien… j'ai ce grand plateau… je pensais que ce serait amusant si nous l'utilisions, et le partagions… il a des petits pieds… nous pourrions l'amener sur le canapé et regarder le film. "

 

" Hmm… " La voix de Dar descendit dans un grognement bas et spéculatif. " Je pense que j'aime cette idée. " Elle sourit abruptement. " Je me demande si nous pouvons faire comme dans La Belle et le Clochard. "

 

" La qu… " Les sourcils intrigués blonds se froncèrent, puis se relevèrent. " Oh… oh… tu veux dire avec le spaghetti ? " Les yeux de Kerry s'éclairèrent. " Et bien… sûr… nous pourrions essayer. " Elle rit. " Viens. "

 

Elles allèrent ensemble à la cuisine en riant.

 

 

 

Chapitre 108

 

" Ils se sont défilés. " Marmonna Dar en fixant l'écran. " Une abeille, je t'en ficherais. "

 

Kerry se mit à rire. " Allons… ils ne pouvaient pas les faire s'embrasser… le monde s'arrêterait… des monstres exploseraient de la poitrine de tout le monde. L'Homme à la cigarette démissionnerait… " Elle pencha la tête et accepta un doux assaut sur ses lèvres. " Je suis contente que nous n'ayons pas le même problème. "

 

" Et moi. " Approuva Dar avec un petit rire en se penchant en arrière contre le divan, le corps de Kerry blotti contre le sien alors qu'elles regardaient. " Mon Dieu, je n'en peux plus … c'était vraiment bon. "

 

Kerry s'étira contre elle et soupira. " Moi aussi… et merci… cette recette a vraiment bien marché. " Elle leva les yeux puis rit, et elle tendit la main pour essuyer un peu de sauce sur le visage de sa compagne. " Sauf que ce coup du spaghetti était vraiment salissant. "

 

" Mm… alors quel était le secret de ces boulettes de hachis ? " Demanda Dar. " Elles étaient si légères… tu y as mis des plumes ? " Elle pressa doucement la petite femme et réenroula ses bras autour de l'estomac de Kerry.

 

Un doux grognement. " Tu ne le croiras pas… mais le secret c'est du lait. " Admit Kerry avec un rire.

 

" DU LAIT ? " Protesta Dar. " Tu mets du lait dans les boulettes ? "

 

Kerry reposa la tête sur le doux coussin de la poitrine de Dar et sourit. " Ouais… tu mélanges une demi-tasse de lait dans une livre de hachis… puis tu ajoutes de la chapelure pour l'humidifier. " Déclara-t-elle d'un ton suffisant. " Et un œuf. " Une pause et un regard vers Dar. " Et… hum… un peu de sucre roux. "

 

Dar rit. " Du lait, des œufs et du sucre roux… c'est mon rayon. " Elle soupira. " Quoi que c'était… c'était génial. " Elle tourna la tête lorsque le téléphone sonna et elles échangèrent des regards.

 

Kerry baissa le son et prit le téléphone sans fil. " Allô ? "

 

La voix de sa mère fit écho dans son oreille. " Allô… Kerry ? "

 

Comme si quelqu'un d'autre allait répondre, hmmm ? " Bonsoir, maman. " Elle garda sa voix à mi-chemin entre la cordialité et la méfiance… après tout, la femme lui avait raccroché au nez la dernière fois.

 

" Ma chérie, j'ai réfléchi. "

 

C'est une première. " Oui, maman ? " Elle tint le téléphone de façon que Dar puisse entendre, ce qui n'était pas difficile compte tenu que la grande femme était pratiquement enroulée autour d'elle.

 

" J'ai peut-être été rapide l'autre soir… J'ai parlé à ton père… et bien qu'il soit très fâché, il dit qu'il est sûr que tu vas te calmer et nous en parler quand tu viendras. " La voix de sa mère avait l'air suffisant. " Je suis sûre que nous allons trouver un arrangement… nous comprenons que tu te sois attachée à tes amis dans cet endroit. "

 

Attachée ? Kerry baissa les yeux sur les bras puissants qui la tenaient. " Et bien, oui maman… tu peux dire ça… et je suis dans quelque chose de vraiment intéressant en ce moment. "

 

Dar grogna de rire, enfouissant son visage dans la nuque de Kerry pendant un moment et la chatouillant.

 

Kerry se mordit la lèvre pour ne pas rire.

 

" Certainement… certainement… nous sommes tous des adultes… et nous avons hâte de te voir… Tu manques terriblement à Brian. "

 

Vraiment ? Il n'avait pas appelé depuis le mois d'août. " J'en suis sûre, maman. " Répliqua-t-elle.

 

Un moment de silence puis sa mère s'éclaircit la voix. " Tu as l'air distant, ma chérie… est-ce que j'arrive au milieu de quelque chose ? "

 

Kerry pencha la tête en arrière lorsqu'un nerf fut mordillé. " Non… non… hum… je regardais juste un film… " Elle déglutit puis ferma les yeux alors que les mains de Dar se promenaient sur son ventre, exposant la peau à l'air frais conditionné.

 

" Oh… et bien, nous regardions Guerre et Paix. " Un soupir. " Ton père l'aime tellement. "

 

" J'en suis sûre. " Réussit Kerry à répondre. " Je regarde les Frontières du Réel. "

 

" Kerry… tu sais ce que je pense de cette série. " La voix de sa mère avait une pointe de désapprobation. " Dégoûtant… tellement irrespectueux pour le gouvernement… oh, sais-tu qu'un jour ton père à écrit une lettre à cet homme horrible qui la produit et il a reçu un mot en retour lui disant d'aller prendre ses médicaments ? ? "

 

Ne pas oublier, décida Kerry, d'envoyer une lettre de fan à Chris Carter.

 

" Et bien, maman… " Kerry laissa sa tête retomber contre la poitrine de Dar alors que le doux mordillement atteignait sa gorge. " C'est, hum… juste une série télé. " Les droigts baladeurs traçaient des cercles taquins autour des ses seins et elle laissa passer un son léger et incohérent.

 

" Qu'est-ce que tu as dit, ma chérie ? " La voix de sa mère la ramena à la réalité.

 

" Humm.. juste quelque chose que je regardais… " Répliqua Kerry en lançant un regard suppliant à sa compagne. " Rien que tu ne voudrais entendre… oh oui… est-ce que Kyle est bien rentré ? " Elle mit un certain ton dans sa voix. " C'était tellement gentil de sa part de passer me voir pendant qu'il était là. "

 

Une pause embarrassée. " Il est passé, ma chérie ? Je ne… et bien, je suis sûre que s'il était dans le coin, il est passé te voir… tu sais qu'il t'aime beaucoup. " Il y eut un son étouffé. " Roger, savais-tu que Kyle était en Floride. Tu le savais… oh… et bien, non… Kerry en parlait… quoi ? "

 

Les yeux bleus et verts échangèrent des regards conspirateurs.

 

" Oh… mon Dieu.. le pauvre homme. " La mère de Kerry revint au téléphone. " Pauvre Kyle… il y a eu un problème à l'aéroport… sa réservation a été perdue et il a dû aller jusqu'à Tampa pour attraper un avion là-bas… il attend à Houston en ce moment. "

 

" Ouah. C'est terrible. " La voix de Kerry paraissait sincère. " Que des correspondances, hein ? "

 

" Apparemment… et bien, je suis contente qu'il ait eu une chance de te voir. " Sa mère soupira.

 

" Oh… oui… c'était merveilleux. " Répliqua Kerry doucement. " Il a même pu rencontrer ma chef. "

 

" Vraiment ? "

 

" Hmm, hmm… elle était là pour travailler avec moi sur un projet… elle lui a donné sa carte… sois sûre que papa l'ait, d'accord ? "

 

" Oh… bien sûr… " Une pause. " Est-ce normal, ma chérie ? Je pensais que tu travaillais dans un bureau. "

 

" C'est le cas. " Répliqua Kerry. " Mais je devais faire ce truc en plus… et Dar a un… " Elle lança un regard au visage bronzé qui regardait par-dessus son épaule. " … intérêt personnel dans le projet. " L'étreinte se reserra autour d'elle et elle tressaillit, en couvrant le récepteur. " Pas si fort… je vais perdre mon dîner. " Murmura-t-elle doucement, en inspirant brusquement lorsque l'étreinte se relâcha, puis les mains de Dar détachèrent joyeusement la fine ceinture qu'elle portait et défirent le bouton de son jean. " C'est mieux ? " Un fantôme de mot à ses oreilles, lorsque les doigts commencèrent un massage léger et apaisant.

 

" Mm. " Kerry se détendit et appuya le téléphone contre son oreille. " Que disais-tu, maman ? "

 

" Je disais, as-tu les billets ? " Sa mère paraissait un peu ennuyée.

 

" Oui. " Répliqua Kerry. " Je les ai reçus l'autre jour. "

 

" Très bien… bon, il faut que je fasse du café pour ton père… à mercredi, ma chérie. "

 

" Bonne nuit, maman. " Répliqua Kerry poliment puis elle raccrocha et posa le téléphone en tendant la main derrière elle pour emmêler ses doigts dans les cheveux de Dar. " Tu es une fauteuse de troubles. "

 

Un rire bas et sexy envoya des frissons le long de sa colonne. " Tu parles. " Elle captura un lobe affriolant et le mordit doucement. " Est-ce que c'était des excuses de ta mère ? "

 

Kerry haussa les épaules. " Je présume… elle hait les conflits. "

 

" Hmm. " Dar posa son menton sur l'épaule de Kerry. " Une façon horrible de passer Thanksgiving. "

 

Kerry entoura les bras de Dar des siens et soupira. " J'ai mal à l'estomac rien que d'y penser. " Admit-elle. " J'aimerais pouvoir te mettre dans ma valise et te prendre avec moi… ça va être les cinq jours les plus longs de ma vie. " Elle repensa à ne pas y aller… et à passer les vacances avec Dar à la place. Oh bon sang. C'était comme si un chiot en elle commençait à bouger la queue et elle dut le réfréner. " C'est comme de regarder un accident de train au ralenti. "

 

Dar combattit un désir pressant de protéger sa compagne de la colère et des querelles vers lesquelles elle savait qu'elle se rendait. " J'aimerais aussi que tu puisses me mettre dans ta valise. " Railla-t-elle tristement. " J'aimerais voir leurs visages lorsque j'émergerais. "

 

Kerry commença à rire. " Mon Dieu… quelle belle image. " Elle s'interrompit. " Alors… parle-moi de l'endroit où tu vas ? "

 

" Et bien… comme je l'ai dit, Gerry est un vieil ami de la famille… c'est lui qui m'a donné les deux contrats qui ont sauvé Associated, à propos. " Lui dit-elle. " Il m'a invitée pour le week-end… il a un fils avec lequel je m'entends vraiment bien… sa famille est gentille, d'une manière plutôt traditionnelle… je ne sais pas. "

 

" Est-ce que son fils est mignon ? " Demanda Kerry avec curiosité.

 

" Mmm… oui… si tu aimes le style coiffé ras… c'est un pilote de la Navy qui vient de passer professionnel. " Répliqua Dar. " Nous avons plus ou moins grandi ensemble… je sais que Gerry aimerait que nous soyons plus proches, mais… " Elle rit doucement. " Tu sais ce que c'est. "

 

" Mm… " Kerry soupira. " Je pense que tu t'amuseras mieux que moi. "

 

J'en doute, songea Dar. Je m'inquièterais pour toi tout le temps. " Et bien, pour le prochain Thanksgiving, nous ferons venir tout le monde sur l'île… qu'en dis-tu ? " Les mots sortirent avant même qu'elle ait eu le temps d'y penser, et tout ce qu'ils impliquaient, et elle se mordit la langue lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle avait dit. N'était-elle pas en train d'assumer que, non seulement elles seraient ensemble dans un an, mais… Soudain la pensée de Kerry vivant avec elle éclaboussa son esprit comme un canard enthousiaste sous la pluie. Mais elle réussit à tenir sa mâchoire serrée contre toute action immédiate.

 

Kerry garda le silence pendant un moment, puis elle tourna la tête et regarda Dar avec un sourire timide. " Très bien. " Elle acquiesça. " Cela me donnera quelque chose à quoi penser pendant que je me battrai avec les plans de mes parents. " Elle se tourna à demi et se blottit sur la poitrine de Dar, jouant paresseusement avec les boutons de la grande femme. " Bon sang, comme je souhaite que cette semaine soit terminée… je donnerais n'importe quoi pour être dimanche soir… avec tout ça derrière moi… et… " Un soupir. " Ça me fait tellement peur. "

 

Dar caressa ses cheveux avec embarras. " Je sais… bon sang, j'en ai presque mal à l'estomac. " Répondit-elle. " Mais hé… ce sera fini dans une semaine… ensuite…nous pourrons… hum… " Elle chercha quelque chose qui plairait à Kerry. " Préparer une fête de Noël… d'accord ? "

 

Kerry laissa glisser ses yeux le long du cou long et ferme et vers la mâchoire de Dar, jusqu'à ce qu'elle rencontre ces beaux yeux bleus. " Mm… et pourquoi pas une fête d'anniversaire ? "

 

Piégée. Aïe. " M… " Dar mordilla une lèvre. " Ke… " Les yeux verts s'adoucirent et lancèrent une requête. " Oh… d'accord. " Elle soupira, elle avait perdu.

 

Kerry sourit et tapota sa poitrine. " Rien au monde ne me ferait rater ça. " Elle étreignit un peu plus Dar. " Au diable Thanksgiving. "

 

Dar sourit férocement pour elle-même. Maintenant ça valait la peine d'avoir un anniversaire.

 

 

 

Chapitre 109

 

" Dar ? "

 

La voix de Maria pénétra dans ses pensées et elle leva les yeux, un peu surprise. " Oui ? " Elle s'arrêta de tourner le crayon dans ses mains et soupira.

 

" Voici vos billets pour demain. " La secrétaire se précipita vers elle et posa le dossier près de sa main. " Est-ce que Kerry est bien partie ? "

 

" Oui… je l'ai déposée avant de venir. " Répliqua la femme brune. " Son vol était à 8 heures. " Elle consulta sa montre. " Elle devrait arriver bientôt. "

 

" C'est si bien. " Maria sourit puis son expression changea un peu. " Non ? "

 

Dar leva les yeux des nouveaux poissons vers lesquels son attention était portée. " Oh… oui… je suis sûre que ça va… je pensais juste à autre chose… désolée. " Son corps se souvenait à l'instant de l'étreinte sauvage que Kerry lui avait donnée avant de rejoindre la porte d'embarquement, et le calme et murmuré 'tu vas me manquer'. Elle repoussa la pensée avec un soupir et sourit à Maria. " Alors… que pensez-vous de Bart et Ernest ? " Elle les avait amenés le matin même, ayant donné aux deux poissons grincheux quelques jours pour s'acclimater dans l'appartement de Kerry avant de les amener au bureau.

 

Maria étudia les poissons. " Ils sont jolis. " Admit-elle. " Je pensais me prendre un poisson rouge, mais je suis toujours en train de faire tomber des trucs sur mon bureau. Je passerais trop de temps à les repêcher. " Elle s'agenouilla pour examiner l'aquarium. " C'est pas mal. "

 

Dar posa le menton sur une main. " C'est ce que je pense. " Elle acquiesça. " Hum… j'ai un comité exécutif après déjeuner… y a-t-il quelque chose en attente d'ici là ? "

 

" Si. " Maria lui tendit l'autre dossier qu'elle portait. " Les plans du nouveau bâtiment. " Lui dit-elle. " La première réunion se tient la semaine prochaine. "

 

Dar ouvrit le dossier et étudia la page de garde. " Bien… la location augmente pour cet immeuble l'année prochaine, et José pense nous avoir trouvé un nouvel emplacement… hm… " Elle étudia le document. " Et bien… je ne… ah. " Ses lèvres se tordirent dans un sarcasme. " Je vois ça d'ici… son beau-frère est le propriétaire. "

 

Maria roula les yeux. " Dios Mio… est-ce que ça doit toujours être du copinage ? "

 

La cadre soupira et secoua la tête. " Et je déteste cet endroit… on dirait que ça va encore être une bataille épique. " Elle jeta un coup d'œil désabusé aux poissons. " Peut-être que j'aurais dû les appeler Dar et José… qu'en pensez-vous ? "

 

" Si. " Maria sourit. " Je vais à la banque à l'heure du déjeuner, Dar… voulez-vous que je vous ramène quelque chose ? Il y a de la dinde à la cafeteria… je pense que vous en aurez assez ce week-end. "

 

La femme brune se pencha en arrière et fit une grimace. " Non… merci… mon estomac est un peu sans dessus-dessous aujourd'hui… un reste d'hier soir peut-être. " Dit-elle à la secrétaire. C'était la vérité. Elle n'avait pas été capable d'avaler plus qu'une tasse de café depuis le matin et même d'y penser lui retournait l'estomac. Elle déglutit à la sensation et soupira. La semaine avait été dure, surtout parce qu'elle n'avait pas beaucop vu Kerry, occupée à préparer ses bagages. Lundi soir, elle avait été bloquée dans des réunions jusqu'à plus de onze heures et la veille au soir, elle avait dû se forcer à aller à un dîner d'affaires pour travailler sur un nouveau client de José.

 

Alors elle ne s'était montrée que tôt ce matin pour aller chercher Kerry. Et bien, d'accord, très tôt… et avait été récompensée par la vue des yeux verts endormis qui s'étaient éclairés lorsqu'ils la reconnurent. Kerry l'avait tirée dans la chambre et elles avaient passé une heure blottie l'une contre l'autre avant que le soleil levant ne les pousse à se réveiller de nouveau à temps pour aller à l'aéroport.

 

Dar soupira et leva les yeux vers Maria. " Peut-être que je vais descendre prendre un club soda ou quelque chose d'autre. " Elle se leva et s'étira, puis installa sa veste sur ses épaules et se dirigea vers la porte.

 

A l'ascenseur, elle se cogna à Duks qui descendait également. " Bonjour. " Dit-elle en s'appuyant contre la cloison de l'ascenseur. " Prêt pour la réunion de cet après-midi ? "

 

" Ne m'en parle pas. " Duks se frotta les yeux. " J'ai passé les deux derniers jours sur les chiffres… j'ai un de ces mal de tête, je te dis pas. " Il se plaignit en grognant. " Et toi ? Ils vont t'aggresser avec ces ajouts d'équipement, tu sais. " Il étudia le visage de Dar, notant que les lignes de tension et les légères ombres qui le caractérisaient avaient disparu, remplacées par une expression bien plus détendue. " Laissse-moi deviner… toutes tes réponses sont prêtes. "

 

Dar haussa les épaules. " J'en ai… et assez de réponses évasives pour le reste… " Elle tint la porte ouverte lorsqu'ils atteignirent le rez-de-chaussée. " Tu vas à la cafétéria ? " Demanda-t-elle. " Je t'offre une tasse de café… qu'en dis-tu ? "

 

" Je ne rejette jamais ce genre d'offre. " Duks rit en la suivant dans la queue, jetant un œil à son choix. " Tu n'en prends pas ? "

 

La femme brune lui fit un geste. " J'ai dû attraper un virus… mon estomac me cause des soucis. " Elle mit la bouteille de club soda sur son plateau puis fit un signe vers la tasse fumante de Duks et tendit un billet au caissier. Ils prirent leurs boissons et allèrent vers une table d'angle, loin de la foule arrivéé tôt. Dar nota les yeux qui la suivaient et elle vit l'intérêt voilé. Nonchalamment elle se demanda quelles étaient les rumeurs qui couraient en ce moment. " Alors. " Elle s'appuya sur ses coudes et ôta la capsule de la bouteille, en prenant une petite gorgée et en grimaçant lorsqu'elle atteignit son estomac vide. " Que penses-tu que José va faire ? "

 

Duks prit une gorgée de café et pondéra la question. " Il a été calme… trop calme. " Dit-il. " Tu ferais mieux de surveiller tes arrières… je pense que quoi qu'il ait en tête, tu en es le centre. "

 

Dar hocha la tête. " Probablement. " Approuva-t-elle.

 

" Tu n'as pas l'air inquiet. " Remarqua son ami. " Mon assistante a surpris deux minettes d'Eléanor qui parlaient de Kerry… on dirait qu'Eléanor est persuadée qu'elle peut la retourner. "

 

" Et bien. " Dar ne put éviter de sourire. " Elle peut toujours essayer… mais hum… " Elle agita la main. " Je pense que j'ai plutôt une bonne prise sur sa loyauté. "

 

Duks lui sourit en retour. " Ça fait du bien, n'est-ce pas ? "

 

La tête brune se pencha d'un air inquisiteur. " Quoi… d'avoir un avantage sur Eléanor ? "

 

Les yeux droits la regardèrent alors qu'un léger sourire tordait les lèvres de Duks.

 

" Oh. " Dar sentit une légère rougeur grimper le long de son cou et elle étudia la bouteille, la retournant dans ses mains. Finalement elle leva les yeux. " Oui… c'est vrai. "

 

Il se pencha en avant en baissant la voix. " Dar… s'il te plaît, crois-moi quand je te dis que je suis vraiment… vraiment heureux pour toi. " Il la regarda balayer la pièce du regard avec un malaise évident. " Je l'aime vraiment beaucoup… je pense que tu as fait le bon choix, cette fois-ci. " Les yeux bleu clair se fixèrent sur lui attentivement. " Une perle. " Il cligna des yeux.

 

Dar cacha son embarras en prenant une longue gorgée du liquide gazeux. Elle appréciait le sentiment, et Lou était un bon ami de longue date, mais malgré tout. " Contente que tu approuves. " Elle réussit à conserver un ton léger mais elle savait que ses lèvres montraient un sourire qu'elle ne pouvait empêcher et elle se sentait maladroitement exposée. Le bip de son téléphone fut une interruption bienvenue. " Excuse-moi. " Elle tira l'appareil et l'ouvrit. " Oui ? "

 

" Salut. " Il y avait un monde de tension dans la voix.

 

" Hé ! " Répondit Dar, adoucissant instinctivement la sienne. " Le vol s'est bien passé ? "

 

" Jusqu'à la porte. " Répliqua Kerry, avec un soupir. " Je t'appellerai plus tard. "

 

" D'accord… fais attention à toi. " Répliqua calmement la femme brune.

 

" Je vais essayer. " La réponse puis une pause. " Je t'aime. "

 

Dar ferma les yeux et bloqua consciencieusement ce qui l'entourait. " Je t'aime aussi. " Elle dit les mots clairement et intentionnellement. " Si tu as besoin de quelque chose, tu m'appelles, d'accord ? "

 

Elle put voir le sourire à travers le téléphone. " Je le ferai… bye. "

 

Dar plia le téléphone et ouvrit les yeux, reconnaissante envers Duks d'avoir trouvé quelque chose de désespérément intéressant dans sa tasse de café, et de lui donner un moment pour se recomposer avant de lever les yeux.

 

Ils se regardèrent dans un silence embarrassé pendant un moment, puis le responsable des finances lui sourit. " Tu sais, Dar… des moments comme celui-ci… des moments où je vois autre chose en nous que l'animal… ce sont ceux où je suis le plus près de lâcher et de me mettre à croire à la grâce de quelque chose de plus grand que moi. "

 

Et il se leva, posant une main sur son épaule pour une douce étreinte, avant de s'éloigner dans le murmure montant des bavardages du déjeuner.

 

 

 

 

 

Chapitre 110

 

" Est-ce que c'est le tien, Kerry ? " La voix de sa mère retentit dans ses oreilles et elle se retourna.

 

" Oui… je l'ai. " Kerry tendit la main et attrapa la poignée, le soulevant du tapis roulant pour le poser à ses pieds. " C'est ça… ça et le petit sac. " Elle attacha la bandoulière aux anneaux du grand sac et le jeta par-dessus son épaule. Il semblait curieusement plus léger que d'habitude, mais elle mit cela sur le compte de sa nervosité. " Allons-y. "

 

" Tu l'as ? Je vais prendre un chariot, ma chérie. " Sa mère la regarda. " " Bonté divine, tu as pris du poids, n'est-ce pas ? "

 

Kerry laissa le souvenir de la voix de Dar s'enrouler autour d'elle comme une veste confortable. Une avec des plumes de canard sur laquelle les mots glissèrent simplement. " Oui… merci… je me sens très bien. " Répliqua-t-elle. " On peut y aller ? "

 

Sa mère avait l'air de vouloir en dire plus mais elle hocha simplement la tête à la place. " Oui… je voudrais m'arrêter au magasin en chemin… est-ce que c'est une nouvelle veste ? "

 

Kerry bougea un peu les épaules. " Oui… ça va avec cette doublure amovible. " Elle ouvrit une pochette en marchant, sachant que ça distrairait sa mère. " Nous avons parfois des jours plus froids… je peux enlever la doublure. " Le cuir couleur chocolat légèrement tissé sentait merveilleusement bon et si elle se concentrait, elle pouvait sentir une bouffée d'une odeur familière.

 

Dar l'avait regardé avec curiosité lorsqu'elle lui avait demandé de la porter… les manches n'arrivaient qu'au milieu des longs bras de sa grande amie et le tissu était serré sur ses larges épaules. Mais elle l'avait fait, et la lui avait rendue, regardant avec étonnement Kerry y enfouir son nez et partir dans un sourire.

 

Et elle le fit de nouveau, en regardant les murs de briques marron monotone de l'aéroport défiler, et en inspirant une bouffée de l'air froid lorsqu'elles sortirent du terminal dans une journée brumeuse de novembre.

 

Une petite bruine tombait, les couvrant d'humidité alors que Kerry jetait un coup d'œil autour d'elle, s'imprégnant du paysage gris et marron, où les arbres avaient déjà perdu leurs feuilles, et l'herbe sa couleur. Cela sembla étrange aux yeux de Kerry… presqu'étranger, elle qui était si habituée aux couleurs vives subtropicales. Elle suivit sa mère jusqu'à la voiture où un chauffeur attendait, leur ouvrant la portière lorsqu'elles s'approchèrent. Il prit le sac de Kerry et elle se glissa après sa mère, s'appuyant dans le doux siège, et croisant les bras sur sa poitrine après avoir posé son micro portable entre elle et la portière.

 

Sa mère parla au chauffeur et elle laissa ses pensées naviguer vers ce matin, avant que Dar et elle n'aient quitté l'appartement. Elle avait trouvé la grande femme en train de regarder la lithographie du soleil couchant dans son séjour alors qu'elle sortait de la chambre.

 

" Dar… je… " Elle tenait quelque chose dans sa main. " Après ce cambriolage… je… pourrais-tu garder quelque chose pour moi ? "

 

Les yeux bleus étonnés s'étaient tournés vers elle. " Bien sûr. "

 

Elle avait tendu la main et par réflexe, Dar avait levé la sienne et elle avait mis un petit objet rond dans sa paume. " C'est dans ma famille depuis toujours… ma grand tante me l'a donnée. "

 

La bague était ancienne et délicate, un filigrane avec un anneau serti à peine visible. C'était un dessin simple, une tête d'oiseau de profil sur un arrière-plan plus foncé, mais elle l'avait toujours aimée. " Garde-la jusqu'à ce que je revienne, d'accord ? " Demanda-t-elle à Dar.

 

Les longs doigts s'étaient doucement refermés dessus. " D'accord. " Et Dar avait compris ce que Kerry essayait de lui dire, en lui donnant quelque chose d'aussi important.

 

" Kerry ? "

 

Elle se tourna et regarda sa mère. " Pardon ? J'étais en train de réfléchir. "

 

Maman Stuart était une femme mince, d'allure aristocratique avec des traits marqués, et des cheveux bruns argentés ondulés. Ses yeux étaient du même vert que ceux de Kerry, mais la ressemblance s'arrêtait là, et elle était quelques centimètres plus grande que sa fille aînée. " Ecoute-moi, ma chérie… je veux que tu tiennes ta langue sur cette idiotie de vouloir rester à Miami… ton père a des plans bien définis et je ne veux pas qu'il soit fâché pendant toutes les vacances. "

 

Kerry la fixa simplement. " Maman, ça ne me dérange pas de ne rien dire… aussi longtemps que tu comprends que je n'ai pas l'intention de revenir ici. "

 

Sa mère soupira. " Kerry… je ne comprends pas ce qui te prend. "

 

" Peut-être que j'ai grandi, maman. " Répliqua Kerry, d'un ton doux. " J'ai vingt-sept ans… je pense que j'ai le droit de cité sur ma propre vie. "

 

" La question, c'est ce qui est bon pour toi, Kerry… pourquoi ne peux-tu pas voir ça ? " La voix de sa mère était fâchée. " Tu es là-bas dans cet endroit dangereux, sans ta famille… que se passera-t-il si quelque chose t'arrive ? "

 

Et bien, voyons voir… je me suis cogné la tête et ça m'a valu une visite personnelle d'un vice-président de la compagnie. " J'ai beaucoup d'amis là-bas. "

 

" Les amis ne sont pas la famille, Kerrison… tu le sais… et Brian ? "

 

Un autre sujet. " Brian ? " Elle regarda sa mère.

 

" Ma chérie… tu vas l'épouser au printemps… ou as-tu oublié ? " Sa mère était encore plus agacée.

 

Tiens bon. " Maman, j'aime beaucoup Brian… et il a toujours été l'un de mes meilleurs amis… mais nous ne nous sommes pas parlés depuis août… je ne pense pas que nous ayons encore quelque chose en commun. "

 

Sa mère la fixa choquée. " Comment oses-tu dire ça ? " Claqua-t-elle. " Comment oses-tu… tu sais depuis combien de temps nous avons prévu ce mariage ? " Elle jouait avec son sac à main, l'ouvrant et le fermant. " Tu ferais mieux de ne pas en parler à ton père. "

 

Kerry se pencha en arrière et ferma les yeux. " D'accord. "

 

" Donne-moi une seule bonne raison pour laquelle vous ne pouvez pas vous marier. " Continua sa mère. " C'est ridicule. "

 

Je pourrais lui répondre honnêtement, songea Kerry. 'Et bien, maman… voici une bonne raison… je suis gay et je suis désespérément amoureuse de ma chef, qui a meilleure allure que Brian. Sans compter qu'elle embrasse bien mieux.' Elle jeta un coup d'œil à sa mère et décida que causer un arrêt cardiaque n'était pas la meilleure idée du moment. " Maman… nous en parlerons plus tard… d'accord ? "

 

Les mains de la femme tremblaient. " Je ne suis vraiment pas contente de toi. "

 

Kerry soupira et regarda les rangées d'arbres grisés par l'hiver par la vitre. Le week-end s'annonçait plutôt long.

 

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