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TROPICAL STORM15

Page history last edited by Fausta88 14 years, 8 months ago

TROPICAL STORM

 

Tempête tropicale

 

de Melissa Good

 

 

traductrice : Fryda

 

 

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Partie 15A

*******

 

Chapitre 121

 

Le portail du hangar coulissa, révélant le Tomcat F14 dans toute sa sinistre gloire. Dar prit un moment pour examiner l'engin de combat aux ailes en V avant de secouer la tête et de resserrer l'une des milliards de sangles de la combinaison de vol que Jack l'avait forcée à mettre.

 

Trois silhouettes se tenaient dans l'ombre près de l'avion et saluèrent lorsque Jack s'approcha, s'écartant de son chemin alors qu'il faisait le tour de l'appareil, l'inspectant avec soin. Il était devenu professionnel et parlait aux hommes d'équipage avec des phrases calmes et directes alors qu'ils finissaient de remplir le réservoir et accrochaient l'échelle de montée sur la carlingue. Le cockpit glissa et Jack fit signe à Dar d'avancer. " Toi d'abord… comme ça je peux te surveiller pour te dire ce que tu ne dois pas toucher. "

 

Il manqua le regard malicieux de son amie alors qu'elle grimpait à l'échelle, passait la jambe par-dessus le cockpit élevé et s'installait dans le siège étonnamment confortable. Elle était entourée de commandes électroniques et elle fut passablement contente que le plafond soit en verre, ce qui diminua un peu la sensation de claustrophobie. " OK. "

 

Jack grimpa à son tour et mit son pied botté sur le bord du plafond, pointant vers le bas. " Ça c'est la commande des armes, ça c'est le radar, ça c'est… "

 

" Le système de visée, la gestion des attaques, et la navigation. " Finit Dar sèchement. " Et ceci, cette petite beauté, c'est le générateur principal, dont j'ai écrit la programmation originale. "

 

Jack la regarda. " Oh. " Il eut un sourire penaud. " Désolé. "

 

Dar leva les yeux. " Ça va. Je ne toucherai à rien, je te le promets. " Elle le rassura, sentant la secousse de ses muscles qui sursautaient d'agitation. " Allons-y. "

 

Ils finirent les vérifications puis un petit véhicule les tracta hors du hangar, jusqu'à la piste de garage où Jack alluma ses moteurs et commença à utiliser sa propre énergie. Le rugissement était presque subliminal dans son intensité et Dar pouvait le sentir vibrer le long de sa mâchoire serrée. Elle installa le casque sur sa tête et écouta, alors que Jack parlait calmement à la tour de contrôle, débitant son plan de vol, et confirmant sa destination vers un aéroport civil. Puis le Tomcat roula le long de la piste de garage avant d'atteindre la piste de décollage, éclairée de lumières bleues et rouges, le bitume huileux visible dans la lumière glacée des feux.

 

" Tu es prête ? " Sa voix paraissait métallique à travers les écouteurs.

 

" Ouaip. " Répondit Dar et elle resserra ses sangles. La chanson 'I would do anything for love / Je ferais n'importe quoi par amour' commença à envahir son esprit et elle soupira, espérant que les réacteurs la calmeraient. Les moteurs du Tomcat rugirent et l'avion commença à s'agiter sur les freins, puis avec un sursaut énorme, ils se relâchèrent et ils bondirent sur la piste.

 

Ça parut très court, quelques secondes, comparé au temps qu'il fallait à un avion de ligne, avant qu'ils ne soient en l'air et grimpent à angle serré. Dar pouvait sentir la force gravitationnelle la plaquer, et elle maintint une respiration régulière, fermant les yeux en attendant que l'avion se mette enfin à niveau.

 

Ce qu'il fit, avançant à une allure calme pendant un petit moment, alors que Jack naviguait hors de l'espace aérien, jusqu'à un créneau isolé réservé aux appareils militaires. " Tu es prête ? " Demanda-t-il de nouveau. " Il est trois heures du matin et nous allons faire éclater des vitres dans tout le Maryland… alors accroche-toi. "

 

" OK… vas-y. " Dar se demanda un instant à quoi ça ressemblait de voler au-delà de la vitesse du son, puis les réacteurs rugirent et elle eut l'impression que des chevaux lui couraient sur la poitrine. " Nom de Dieu. " L'accélération était continue et elle regarda le compteur de vitesse, qui augmentait de plus en plus jusqu'à ce qu'il atteigne mach un, et une vague de tonnerre entoura l'avion, le secouant de partout en chatouillant ses oreilles.

 

Puis tout se calma.

 

Ils continuèrent jusqu'à mach 2 puis Jack brida les moteurs et maintint une vitesse de vol régulière, glissant au-dessus de la terre avec une aisance nonchalante.

 

Elle eut l'impression de n'être restée assise que quelques instants, essayant de ne penser à rien, avant qu'elle ne sente la pression dans ses oreilles qui signifiait la descente. L'avion ralentit et le grondement revint, et elle put entendre la conversation basse et égale de Jack avec les contrôleurs de la zone. Kent County n'avait apparemment qu'un officier radar et un seul contrôleur en poste, juste au cas où, mais il n'y avait pas d'autre avion dans la zone, et Jack leur dit de simplement allumer les feux de la piste et qu'il se débrouillerait.

 

Ils lui posèrent une question, incertains.

 

" Je suis un pilote de porte-avion. " Répondit-il sèchement. " J'ai atterri sur des trucs plus petits que votre piste. "

 

Et ils se posèrent ; Jack gara son avion dans un hangar inutilisé, éteignit les moteurs et le laissa à la garde d'un policier militaire envoyé là pour ça. Ils allèrent à la voiture qui les attendaient et partirent.

 

Une heure de route jusqu'à Saugatuck, qui se trouvait au bord de l'eau. Ils purent sentir la brise venant du lac toucher la voiture bien avant d'arriver, et Dar jetait un œil à la carte, donnant des instructions directes et nerveuses.

 

Enfin. Un bâtiment sombre et blanc apparut à leurs yeux, avec des grilles à l'entrée et une sécurité bien organisée.

 

Jack la regarda avec incertitude. " Comment allons-nous entrer là-dedans ? "

 

Les yeux bleus le regardèrent. " Toi tu restes là jusqu'à ce que je revienne… et si je ne reviens pas, appelle ce numéro. " Elle essaya de lui donner une carte mais il ne la prit pas.

 

" Sûrement pas, Dar… j'y vais avec toi. " Sa mâchoire s'avança d'un air borné. " Tu m'as fait voler jusqu'ici, je ne vais pas rater le moment où ça devient drôle. "

 

" Jack, tu pourrais t'attirer des ennuis… je ne veux pas l'avoir sur la conscience. " Objecta la femme brune.

 

" Voler dans l'espace aérien irakien, ça c'était des ennuis. " Répliqua-t-il d'un ton net. " J'y suis pourtant allé. "

 

Dar garda le silence puis soupira. " Très bien. " Elle prit le badge de sa mallette et se l'accrocha, puis elle le regarda. " Tiens. " Elle accrocha l'étiquette de bagage sur son blouson. " Enlève l'insigne… ils ne feront pas la différence. "

 

Ils sortirent de la voiture et Dar enleva sa combinaison, enfilant à la place un manteau qu'elle avait emporté en prévision du froid. Elle mit le portable sur son épaule et lui fit face. " Nous sommes là pour réparer les ordinateurs… OK ? "

 

Son front s'agrandit alors qu'il enlevait ses ailes et l'étiquette de son nom. " Et s'ils n'ont rien ? "

 

" T'inquiète. " Le rassura Dar. " Ils ont déclaré un problème au bureau local. "

 

" Quelle coïncidence, n'est-ce pas ? " Demanda-t-il avec prudence.

 

" Pas vraiment. " Répliqua Dar alors qu'elle s'avançait vers la guérite des gardes. " C'est un long week-end de vacances, ils doivent transmettre la paye ce soir, et leurs deux techniciens sont en famille à cinq cents kilomètres d'ici. C'est le pire moment pour avoir un problème, pourtant, en voilà un. " Elle tira sur son revers. " Les ordinateurs sont comme ça. "

 

Jack réfléchit. " Oh. " Il remonta la fermeture de sa veste, laissant passer l'étiquette de bagage de sa poche. " C'est ce truc de Murphy, n'est-ce pas ? " (NDLT : La loi de Murphy, du nom d'un ingénieur américain, aussi appelée 'loi de l'emmerdement maximum' stipule (je résume) que quand on commence à avoir un pépin, il est aussitôt suivi par une série qui aggrave la situation)

 

Dar sourit alors qu'ils arrivaient à la porte ; un grand rectangle de lumière s'échappait sur le chemin sombre depuis la vitre.

 

Alors qu'ils s'approchaient, un petit panneau glissa, révélant un jeune garde à la chevelure blonde, épaisse et bouclée et aux yeux bleus. " Puis-je vous aider ? " Commença-t-il puis son regard alla sur son badge. " Oh… dieu merci… dieu merci… j'ouvre. "

 

Dar cligna de l'œil vers Jack. " Ah ça, voilà le genre de réception que j'aime avoir pour la compagnie. " Maintenant qu'elle était occupée, ses nerfs s'étaient calmés et elle se sentait plus apaisée. C'est l'attente qui la tuait.

 

La porte s'ouvrit et le garde se précipita à l'extérieur. " Vous avez besoin qu'on vous accompagne ? " Demanda-t-il avec anxiété.

 

Dar consulta un papier. " Voyons voir… c'est la salle des ordinateurs au… " Elle se pencha un peu plus.

 

" Troisième étage… près du transformateur de secours… " Dit-il pour l'aider. " Vous prenez l'ascenseur, sortez au troisième étage, tournez à droite, et c'est la troisième porte sur la gauche. Je vais l'ouvrir. "

 

" Génial… merci. Nous allons tâcher de faire vite. " Promit Dar.

 

" S'il vous plaît… s'ils ne transmettent pas cette bande avant la mise à jour de la banque demain matin, je suis fichu. " Supplia l'homme. " J'ai promis d'emmener ma belle-mère à un brunch dimanche, et à cette vitesse, ça risque d'être chez MacDonalds. "

 

Dar lui tapota l'épaule. " Détendez-vous. " Elle s'avança sur le gravier, les pierres craquaient sous ses bottes et elle expira. " Premier obstacle franchi. "

 

Jack se rapprocha. " Est-ce que ce n'est pas vache de lui donner de tels espoirs ? "

 

Les yeux bleus le regardèrent. " Fais-moi confiance, ils ont plus de chance que leur maudit système se remette à fonctionner avec moi qu'avec l'un de leurs techniciens. " Elle continua à marcher, se dirigeant vers des marches basses à l'entrée du bâtiment. " Je ne suis pas qu'un simple administrateur, tu sais. "

 

" Mais… euh… je sais bien, Dar… mais nous ne sommes pas venus pour… je veux dire… tu vas vraiment réparer, alors ? "

 

Dar soupira. " Il faut que j'accède à l'ordinateur principal pour évaluer le problème, et aussi pour avoir les informations sur l'endroit où se trouve Kerry… alors je vais jeter un coup d'œil. "

 

Ils entrèrent dans le bâtiment, tranquille à cette heure de la nuit, et firent un signe de tête au garde assis à la réception. Il leur jeta un coup d'œil, puis repéra le badge et prit un air profondément soulagé. " Bon sang, ce qu'on est content de vous voir… ils disaient qu'ils n'avaient personne dans les environs. Je pensais vraiment que nous étions foutus. "

 

" Nous sommes venus en avion. " Répliqua Dar honnêtement, alors qu'elle dépassait le comptoir pour entrer dans l'ascenseur. Les portes se fermèrent derrière eux et elle expira de nouveau. " Obstacle numéro deux. " Le trajet fut silencieux jusqu'à ce que les portes s'ouvrent au troisième étage, faisant apparaître une allée bétonnée de couleur vert menthe abrutissante. " Bon sang… ce que je hais cette couleur. " Marmonna Dar en tournant vers la droite.

 

Leurs chaussures couinaient sur le sol ciré et le son fit lever des yeux étonnés à l'infirmière assise à son bureau. Elle fit le tour et s'approcha d'eux ; c'était une femme petite et mince aux cheveux foncés et au visage légèrement maquillé. " Puis-je… oh. " Elle écarquilla les yeux en voyant le badge de Dar. " Que le Seigneur soit loué. "

 

Dar sourit et s'arrêta en face de la porte que le garde lui avait indiquée, en la désignant de la tête. " Vous me laissez entrer ? "

 

L'infirmière composa rapidement un code et la porte s'ouvrit. Elle la poussa, la tenant avec respect pendant qu'ils entraient. " Oh, vous n'avez pas idée comme c'est merveilleux de vous voir… je ne peux pas croire qu'ils aient pu trouver quelqu'un à cette heure de la nuit, c'est incroyable. "

 

Dar entra dans la pièce et posa sa mallette, puis elle s'assit en face du terminal AS400 et l'examina. Elle retira son portable de la mallette et le mit en marche, pendant que Jack suivait avec intérêt.

 

" Est-ce que vous voulez quelque chose ? " Demanda l'infirmière avec anxiété. " Du café… un beignet… il nous reste de la dinde ? "

 

Dar leva les yeux. " Merci, Ms… " Elle plissa un peu les yeux. " Archer… du café, ce serait génial. " Elle s'interrompit. " Sucre et lait pour moi. "

 

L'infirmière hocha la tête puis regarda Jack.

 

" Le mien noir, merci. " Il lui sourit.

 

" C'est comme si c'était fait… je reviens de suite. " Elle partit en hâte.

 

Dar appela le profil de la compagnie et navigua jusqu'à la section des opérations, pour obtenir leur identifiant administratif et leur mot de passe. Elle le tapa et fut récompensée par un accès total à leurs systèmes.

 

" Comment est-ce que vous arrivez à faire ça ? " Murmura Jack. " C'est comme si vous aviez un trousseau complet de clés. "

 

" Et bien… " La femme aux cheveux noirs entra une requête dans la base de données des patients et attendit que l'écran revienne. Puis elle enregistra la position de Kerry et le code de verrouillage de sa porte. " C'est pas compliqué… nous faisons les transferts de données de la plupart des boîtes de crédits. La plupart des organisations qui en font partie le savent, parce que nous faisons en sorte qu'elles le sachent… par des publicités communes, ce genre de choses. Nous parrainons leurs piques-niques, s'ils ont un commanditaire dans lequel nous sommes impliqués… comme ça nous pouvons y aller et dire 'hé ! nous faisons ces transferts électroniques pour la boîte de crédit… pourquoi ne pas nous confier les vôtres ?' " Dar fit plusieurs modifications au fichier de Kerry puis le sauvegarda et retourna au menu principal.

 

" Et en général, ils se rendent compte que c'est sensé, parce que nous sommes des professionnels, et que c'est notre boulot… les coûts sont moindres pour nous lorsque nous les ajoutons à notre réseau plutôt que pour eux de maintenir leur propre réseau - surtout les WAN… ces liaisons T1 sont diablement coûteuses et n'offrent pas la redondance. " Dar sortit des menus et alla au niveau du système opérationnel, pour démarrer un diagnostic.

 

" OK… ça n'est pas idiot. " Reconnut Jack.

 

" Alors… après, nous y retournons pour leur dire… 'hé ! nous faisons ces transferts électroniques pour les boîtes de crédit et nous gérons votre réseau, alors pourquoi ne pas externaliser le reste de votre système d'information chez nous… nous allons vous fournir le soutien et vous n'aurez à vous inquiéter de rien.' " Dar regarda le diagnostic défiler. " Il y a un problème. " Marmonna-t-elle, en le stoppant, puis elle se leva pour aller à l'arrière de l'ordinateur, elle s'agenouilla. " Ce stupide câble d'interface a été bouffé… il doit y avoir des rats. "

 

Jack la fixa. " Tu as déjà trouvé ? "

 

Un regard bleu vers lui. " C'est mon boulot, tu te souviens ? " Dar retira un kit de sa mallette et répara rapidement le câble, puis elle retourna à la console. " Comme ils ne savent pas que nous sommes là, je ferais aussi bien de réparer ; comme ça nous pouvons nous occuper de sortir Kerry d'ici… elle doit sûrement dormir. Autant lui laisser quelques minutes de plus. " Elle tapa quelques commandes et testa le câble. " Ah… c'est mieux. "

 

" Et donc… ils vous laissent gérer leurs affaires ? " Demanda Jack, fasciné.

 

" Souvent, ouais… parce que de maintenir soi-même une équipe informatique, surtout dans un endroit comme celui-là avec une telle spécialité, c'est vraiment une plaie… Il leur est plus facile, et pour le même coût ou à peine plus, de nous laisser faire. Et ça leur enlève un sacré fardeau… parce qu'ils savent bien que vu notre taille, si quelque chose déraille, nous allons nous en occuper. "

 

" Comme là. " Jack sourit.

 

" Et bien… " Dar rit d'un air désabusé en lançant le cycle de transfert des données. " Ils avaient demandé un technicien de Chicago, je l'ai annulé. " Elle regarda les compteurs tourner. " Et voilà, ça roule. " Elle se releva et s'essuya les mains, puis elle se retourna au moment où l'infirmière revenait avec le café. " Bonne nouvelle. "

 

La femme leur tendit le café et jeta un coup d'œil à l'écran. " Vraiment ? "

 

" Ouaip… ça marche. " L'informa Dar. " Il va falloir environ vingt minutes pour que ça passe… nous allons rester dans le coin pour nous assurer qu'il n'y a plus de problème. "

 

" Soyez bénis. " L'infirmière couina de ravissement. " Oh mon Dieu… il faut que tout le monde le sache… merci… merci… vous êtes un génie. " Elle fonça dehors et se dirigea vers son bureau.

 

" OK. " Dar prit une gorgée de son café. " Tu restes là. Je vais faire un tour dans le couloir et voir si je peux aller jusqu'à Kerry. " Elle prit le morceau de papier avec la localisation de la pièce et le code, et le mit dans sa poche. " Ensuite, il faudra que je trouve un moyen de nous tirer d'ici. "

 

" Oh… alors cette partie du plan n'est pas encore prête ? " Demanda-t-il nerveusement.

 

" Un plan ? " Dar lui lança un regard amusé. " Quel plan ? " Elle se glissa à l'extérieur et marcha à grands pas dans le couloir, regardant autour d'elle d'un air nonchalant. L'infirmière la repéra et lui fit un signe de la main sans s'arrêter de parler au téléphone. Dar fit un signe en retour et continua à avancer, s'arrêtant par moment pour jeter un coup d'œil aux tableaux d'information sur les murs, et pour lire les notes et les plannings.

 

Dar se rendit compte que la pièce de Kerry se trouvait au bout du couloir, après un renfoncement dans les murs alignés. Lorsqu'elle arriva à la porte, elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule ; elle ne voyait plus que le bord du bureau des infirmières. " C'est bon. " Marmonna-t-elle, puis elle fit glisser le petit panneau et regarda à l'intérieur. La lumière blanche crue éclairait une pièce froide, presque nue, avec un lit près du mur du fond. Une silhouette s'y trouvait et Dar hocha la tête en refermant le panneau, puis elle tapa le code et ouvrit doucement la porte.

 

Elle ressentit plus qu'elle ne vit venir le coup et laissa son corps réagir, tournoyant alors que quelque chose de dur et de froid la frappait rudement sur les épaules. Elle accompagna le fort mouvement, plongeant vers le sol et se laissant rouler, puis se remit sur ses pieds dans un brouillard, les mains en avant en position de défense.

 

Elle cligna des yeux pour éloigner les étoiles dans ses yeux et entendit un léger bruit étouffé, puis sa vision s'éclaircit enfin sur le visage stupéfait de Kerry. " Ouah. " Elle réussit à blaguer faiblement. " C'était un méchant coup de tabouret. "

 

" Oh mon Dieu, je… " Kerry bougea et parcourut la distance qui les séparaient, touchant la nuque de Dar avec horreur. " Dar… je suis… je ne savais pas qui c'ét… je pensais que c'était… tu saignes… oh… mon Dieu. "

 

Dar se massa la tête. " Ça veut dire que tu es contente de me voir ou pas ? " Elle fit un sourire malicieux à la jeune blonde.

 

Kerry la regarda pendant un long moment, puis elle s'avança lentement et s'appuya sur le grand corps de Dar, glissant les bras autour de la taille de sa compagne et enfouissant son visage dans la poitrine de Dar. " Contente de te voir ? Je n'ai jamais été aussi contente de voir quelqu'un de toute ma vie. " Elle laissa passer un soupir tremblant. " Oh mon Dieu. "

 

Dar sentit le monde entier disparaître pour ne laisser qu'elles, alors qu'elle entourait Kerry de ses bras et l'embrassait sur le dessus de la tête. " Je suis désolée de ce qui t'arrive. "

 

Un soupir réchauffa sa poitrine, même à travers le tissu. " Je ne peux pas croire qu'il ait fait ça… c'était horrible, Dar… il voulait tout d'abord reporter le blâme sur toi… il disait que c'était de ta faute, que tu… m'avais entraînée… "

 

Dar soupira puis garda le silence.

 

" Et… je ne pouvais pas… il fallait que je lui dise que ce n'était pas vrai… et il… " Kerry déroula son bras, le leva et sa main toucha sa joue. " Il m'a frappée. "

 

La femme brune se recula un peu pour voir la joue de sa compagne. " Salaud. "

 

Kerry avait l'air triste. " Il y avait tant de haine dans sa voix… je ne comprends pas, Dar… comment les gens peuvent-il haïr quelqu'un pour quelque chose d'aussi beau que l'amour ? " Elle pencha la tête en arrière avec tristesse.

 

" C'est ce qui fait de nous des humains, Kerry. " Répondit Dar d'une voix fatiguée. " Nous voulons que tout le monde soit comme nous… nous n'aimons pas les différences… autrefois, c'est ce qui liait les tribus, et nous avons combattu cette influence génétique depuis. " Dit-elle doucement. " Viens… il faut te sortir d'ici. "

 

Kerry hocha la tête. " Je sais… ils allaient commencer 'des tests' sur moi ce matin… je savais qu'il me fallait filer d'ici avant… j'avais peur qu'ils ne… " Elle hésita. " Je ne savais pas quel genre de drogue ils allaient me refiler… ou… je veux dire, tu peux dire n'importe quoi sous l'influence de ce truc, et… " Elle leva les yeux et croisa le regard bleu clair qui la fixait. " Je ne voulais pas prendre le risque de leur dire quelque chose que je ne pensais pas. "

 

Les lèvres de Dar se tendirent en un sourire grimaçant. " Et qu'allais-tu donc faire après avoir mis K.O Miss Jolicoeur ? "

 

" Trouver un téléphone. " Admit Kerry. " Et hurler pour qu'on m'aide. " Elle tira sur sa blouse d'hôpital. " Après avoir piqué des vêtements d'infirmière. " Elle haussa les sourcils. " Et… comment as-tu fait pour savoir, Dar ? "

 

La grande femme grogna. " Ils ont fait une requête auprès de ta mutuelle pour la demande d'admission et le traitement. " Elle dévérrouilla de nouveau la porte et regarda dehors, pour voir un couloir tranquille et vide. " Voyons si je peux trouver tes vêtements… et dire à Jack ce qui se passe. "

 

" Jack ? " Demanda Kerry.

 

" Le fils du général Easton… il m'a amenée ici. " Répondit Dar d'un air absent, en regardant par les portes pour voir ce qu'il y avait derrière.

 

" T'a amenée ? " Une pause. " Comment as-tu fait aussi vite ? "

 

" En Tomcat. " Répliqua Dar avec désinvolture. " Washington DC/Grand Rapids en vingt minutes, peut-être moins. Quelle virée. " Dit-elle. " OK… je reviens de suite… reste calme, OK ? " Elle tapota ses poches puis en retira un morceau de papier. " Au cas où. " Elle le tendit à Kerry. " C'est le code de la porte. "

 

Kerry cligna des yeux avec adoration. " Rapporte de la gaze, pendant que tu y es, je mettrai un bandage sur ta nuque. " Elle soupira. " Mon héroïne. "

 

Dar la regarda et rougit, mais partit sans dire un mot.

 

Chapitre 122

 

Arrivée à l'extérieur, Dar marcha à petits pas dans le couloir, sa veste couvrant la coupure sur sa nuque ; une fois au coin, elle vit l'infirmière penchée sur des papiers. Celle-ci leva les yeux lorsque Dar approcha, puis lui sourit.

 

" Et bien, on peut dire que vous êtes le héros du coin. " Elle posa son tableau et soupira. " Vous n'imaginez pas combien de gens respirent enfin… demain c'est l'anniversaire de mon gosse. Il allait devoir se contenter d'un beignet et d'une bougie avant que vous n'arriviez. "

 

Dar lui sourit sincèrement. " Contente d'avoir pu vous aider. " Elle s'appuya sur le comptoir et regarda sa montre. " Ça ne va plus être long. " Dit-elle en étouffant un bâillement. " Dites… est-ce que ces trucs sont vraiment confortables ? "

 

L'infirmière baissa les yeux. " Oh… ces vêtements ? Ouais… c'est cent fois mieux que ces machins en polyester qu'ils nous avaient donnés, je vous le dis. " Elle regarda Dar d'un air interrogateur. " Hé ! Ça vous dit d'en essayer ? Je peux vous en trouver… nous en avons des milliers. "

 

C'était bien trop facile. " C'est vrai ? " Les yeux bleus clignèrent de gratitude. " J'ai toujours voulu en essayer. "

 

L'infirmière lui tapota la main. " Ma chérie, demandez-moi n'importe quoi. " Elle sortit de derrière le bureau et partit en hâte.

 

Dar sourit et regarda sous le comptoir pour voir si elle pouvait trouver des affaires de Kerry, sans grand succès. " Hé, Jack… comment ça va là-dedans ? " Demanda-t-elle d'une voix normale.

 

Jack passa sa tête blonde par la porte et la regarda. " Hum… la barre rouge marque soixante-dix pour cent… c'est ça que tu demandes ? "

 

Elle hocha la tête.

 

" Tout va bien ? " Il regarda plus attentivement. " Nom de Zeus, Dar, tu saignes. " Il alla vers elle et tira sur le col de sa veste. " Qu'est-ce qui s'est passé ? " Demanda-t-il à voix basse. " Tu as trouvé Kerry ? "

 

" Oui, je me suis pris un coup de tabouret sur le crâne, et oui. " Marmonna Dar. " Kerry essayait de mettre les voiles et elle pensait que j'étais une infirmière. "

 

" Mon Dieu… elle est fougueuse, hein ? " Jack riait à demi. " Elle, ça va ? "

 

La femme brune hocha la tête. " Elle va bien… ils n'ont pas eu le temps de lui faire quoi que ce soit… c'était prévu pour ce matin. " Elle soupira. " Mais elle est plutôt secouée. "

 

Il digéra la nouvelle. " C'est quoi cet endroit, Dar ? "

 

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle. " Un hôpital psychiatrique. "

 

Il cligna des yeux. " Sans déc' ? Qu'est-ce qu'elle a ? "

 

Dar secoua la tête. " Rien… sauf qu'on a découvert qu'elle était homo. "

 

On pouvait voir le choc sur son visage alors qu'il la fixait. " Tu te fous de moi. "

 

La cadre soupira d'un air fatigué, se frottant les yeux rougis par le manque de sommeil et la tension. " Non. " Elle leva les yeux alors que l'infirmière revenait, portant un paquet et souriant joyeusement. " Tenez… j'espère qu'ils vont vous plaire. " Elle lui tendit, puis fit un sourire à Jack.

 

" Merci. " Dar prit les vêtements et essaya d'imaginer ce qu'elle allait faire ensuite. Son esprit ralentissait, se dit-elle, alors que les problèmes pour faire sortir Kerry de l'hôpital s'installaient sur ses épaules. Elle n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'elle ferait une fois à l'intérieur… surtout parce qu'elle n'avait aucune idée de comment la situation se présenterait ou des possibilités offertes… peut-être qu'elle pourrait déclencher l'alarme… ou… est-ce que ce n'était pas un tuyau d'arrivée d'eau là dans cette alcôve...

 

" Excusez-moi. " L'infirmière lui touchait le bras. " Dites… puis-je vous demander un grand service, puisque vous êtes coincés là encore un moment ? "

 

" Hmm ? " Dar arrêta de cogiter et se tourna vers la femme. " Pardon, bien sûr. "

 

" J'aimerais descendre vite pour me prendre un sandwich à la cafétéria… vous pourriez juste surveiller le téléphone ? " Elle le montra. " Si ça sonne, vous répondez simplement 3ème étage et vous prenez le message. "

 

" Euh… bien sûr… bien sûr… pas de problème. " La rassura Dar, en s'efforçant de repousser un sourire incrédule. " Allez-y… nous allons encore rester… euh… trente minutes… au moins… le téléchargement prend plus de temps que prévu. "

 

L'infirmière Archer la regarda les yeux brillants. " Vous êtes la meilleure. " Elle ressortit de derrière le bureau. " Je peux vous apporter un sandwich ? Il y a des croissants à la dinde aujourd'hui, et de la soupe à la tomate. "

 

" Non… non… ça va bien… merci. " Dar lui fit un geste de la main. " Prenez votre temps. "

 

Les portes de l'ascenseur se fermèrent derrière elle et ils se regardèrent. " Ben ça. " Dar se frotta le nez. " Tu restes là et tu gardes le téléphone, je vais chercher Kerry. " Incapable de croire à sa chance, la femme brune fila le long du couloir jusqu'à la porte de sa compagne, et entra le code, la poignée lui étant presque arrachée de la main par une blonde impatiente. " Hé ! "

 

" Je commençais à devenir nerveuse. " Murmura Kerry. " Je pensais que tu avais peut-être des ennuis. "

 

Dar se pencha et l'embrassa sur les lèvres, faisant durer le contact. " C'est moi les ennuis. " Ronronna-t-elle dans l'oreille de la jeune femme. " Tiens. " Elle tendit les vêtements à Kerry, complétés par des petites bottines. " Ce n'est pas très chic, mais ça te fera sortir d'ici. "

 

Kerry prit le paquet et l'examina avec intérêt. " Hmm… j'en ai toujours voulu… mais ce n'est pas la façon dont je pensais en avoir, en tout cas. " Elle ouvrit les paquets et secoua les vêtements blancs, se glissant hors de sa blouse d'hôpital inconfortable pour enfiler le pantalon. " Ooouiii. " Elle tira sur les cordons pour l'ajuster et finit par faire un gros nœud, pendant que Dar faisait de même pour les chevilles. " C'est mieux comme ça… au moins je ne me prendrai pas les pieds dedans. " Murmura la jeune blonde en tirant sur la chemise pour l'ajuster. " Et bien… ce n'est pas si mal. "

 

Dar sourit puis se leva et retira un peigne de sa poche, elle le passa dans les cheveux décoiffés de Kerry. " Alors… à part ça, Madame Lincoln… comment s'est passé Thanksgiving ? "

 

Cela lui valut un faible rire de la jeune femme blonde. " Oh… beaucoup de famille, beaucoup de conneries… ça m'a permis de me réconcilier avec Brian, et de voir des oncles et des tantes que je n'avais pas vus depuis un moment. " Elle s'interrompit. " Et je présume que je ne les reverrai plus jamais. " Conclut-elle doucement. " Dar, il ne va pas en rester là. "

 

" Laisse-moi m'occuper de ça. " Répondit sa chef d'une voix crispée et ferme.

 

Kerry la regarda. " Qu'est-ce que ça veut dire ? "

 

Dar finit ce qu'elle faisait et tourna sa compagne vers la lumière. " Tu devrais faire illusion. " Conclut-elle. " Ça veut dire que j'ai plus d'un tour dans mon sac, et je veux que tu me fasses confiance pour gérer la situation. "

 

Kerry la regarda avec précaution. " Tu ne vas pas me dire de quoi il retourne ? "

 

Des yeux bleus sérieux étudièrent son visage. " Pas ici… pas maintenant… et ce sera plus facile si je te montre. Lorsque nous serons rentrées, je te dirai tout, c'est promis. " Elle s'interrompit. " Tu me fais confiance ? "

 

Kerry la regarda droit dans les yeux pendant un long moment silencieux. " Je te fais confiance. " Déclara-t-elle calmement. " Mais… souviens-toi de ça, Dar… quelle que soit son attitude par ailleurs, c'est toujours mon père. "

 

Dar lui tapota la joue. " Je sais. " Elle inspira. " " Viens… sortons d'ici. Je voudrais que tu descendes avec Jack… je vais attendre l'infirmière puis je vous rejoindrai. Elle trouverait bizarre que nous ayons laissé l'étage sans surveillance, et je ne veux pas qu'on lance l'alarme. "

 

Kerry hocha la tête. " Et après ? "

 

Un regard bleu froid et direct. " Ensuite, nous allons chez tes parents pour récupérer tes affaires. "

 

" Quoi ? Dar… non… je n'ai pas besoin de ça… il n'y a rien d'irremplaçable… je ne veux pas y retourner. " Protesta Kerry avec véhémence.

 

" Kerry… " Commença Dar.

 

" Non ! " Les yeux verts l'interrompirent. " Je ne peux pas les affronter… pas après ça… Dar, ne me le demande pas, s'il te plaît. " Elle se retourna, serrant ses bras autour d'elle. " Est-ce qu'on ne peut pas simplement partir d'ici ? " Murmura-t-elle.

 

Dar expira. " D'accord… allons-y. " Elle avança et entoura les épaules de Kerry de son bras. " Je suis désolée… j'ai toujours besoin de la confrontation, j'oublie que tout le monde ne peut pas forcément l'assumer. "

 

Kerry la laissa la retourner et elles se dirigèrent vers la porte. " Et puis à quoi ça pourrait bien servir ? "

 

" A leur faire savoir qu'ils ne t'ont pas eue. " Répliqua Dar calmement, tout en ouvrant la porte et en poussant sa compagne dans le couloir, vérifiant tout d'abord que l'endroit était sûr. " Mais c'est ma fierté qui parle… et elle peut être bruyante parfois. "

 

Kerry regarda par-dessus son épaule en entendant la déclaration honnête, et elle sentit un petit sourire arriver sur ses lèvres. " C'est encore le gène 'coup de pied aux fesses' qui frappe, hein ? " Elle jeta un coup d'œil au couloir déprimant. " Berk… cet endroit est dégoûtant. "

 

Elles arrivèrent au coin et repérèrent la silhouette solitaire de Jack, affalé nonchalamment contre le bureau, en train d'attendre. Il les vit et se redressa, puis il leur sourit lorsqu'elles s'approchèrent. " Salut. " Il fit un sourire timide à Kerry. " Tu dois être Kerry. "

 

Elle tendit une main. " Et toi Jack… contente de te rencontrer. "

 

Dar fit le tour du bureau et commença à fouiller les tiroirs. Elle en trouva un fermé à clé puis jeta un coup d'œil au comptoir. " Brave infirmière. " Elle attrapa le jeu de clés que la femme avait laissé et ouvrit le tiroir, fouillant à l'intérieur. " Ah. " Un jeu de badges de l'hôpital, tous avec des petites notes. " Voyons voir… " Elle les étudia. " Fin de contrat… fin de contrat… démission… fin de contrat… décédé... fin de contrat… admis ? " Elle y jeta un coup d'œil. " Hmm… ah… " Elle en sortit un de la pile et le tendit à Kerry. " Accroche ça… la photo te ressemble assez. "

 

Kery le fit. " Et maintenant ? "

 

Dar referma le tiroir et remit les clés à leur place. " OK… vous prenez l'ascenseur et vous sortez par la porte principale. Kerry… tu fais comme si tu l'accompagnais, d'accord ? "

 

La jeune blonde reprenait ses esprits. " Ce serait plus réaliste si j'avais l'air de le draguer. " Elle regarda Jack qui rougissait. " Il est mignon. "

 

" Très bien. " La cadre rit d'un air las. " Une fois que vous y êtes, vous m'attendez, ok ? "

 

Ils hochèrent la tête. " Que vas-tu faire ? " Demanda Kerry, toujours prévisible.

 

" Vider ton dossier. " La femme brune eut un sourire de pirate. " J'aime que les choses soient nettes. Allez-y. " Elle s'interrompit. " Jack, tu prends mon portable, OK ? "

 

Il hocha la tête. " D'accord… on se voit en bas. " Il prit la mallette et partit en guidant Kerry vers l'ascenseur. Arrivée à la porte, la jeune blonde se retourna et croisa le regard attentif de Dar.

 

" Fais attention. "

 

Dar sourit. " Toi aussi. "

 

Elle regarda les portes se refermer, puis retourna son attention sur ce qui l'attendait.

 

Chapitre 123

 

Le trajet en ascenseur fut calme, et Kerry passa les doigts dans ses cheveux sans arrêt, nerveusement jusqu'à ce que les portes s'ouvrent au rez-de-chaussée et qu'ils sortent. Devant eux, il n'y avait qu'un seul garde assis à la réception, appuyé sur ses coudes. Il leva les yeux en les voyant et eut un grand sourire.

 

" Hé… j'ai entendu dire que vous nous aviez sauvé la mise ! Génial, mec ! "

 

Jack lui fit un signe. " Ouais… c'était un câble bouffé… mais nous avons arrangé le coup… je vais ranger mes affaires. " Il souleva la mallette. " La chef est restée là-haut pour s'assurer que tout baigne pour vous. "

 

" Génial… génial… On peut vous donner quelque chose ? " Les yeux du garde passèrent sur Kerry mais l'ignorèrent.

 

" Nan… nous allons juste aller au motel et dormir un peu… ça a été une sacrée journée. " Il déclina l'offre en dépassant le bureau. " Content que ça ait marché. "

 

" Vous êtes à quel hôtel ? " Demanda le garde avec un intérêt amical. " Je connais la plupart des bons coins ici. "

 

Ce qui embêta Jack. " Hum… "

 

" Vous n'avez pas parlé du Marriott Courtyard ? C'est à 500 mètres d'ici. " S'interposa Kerry d'un air nonchalant. " Vous avez dit qu'on pourrait prendre un verre là-bas plus tard… "

 

" Ouah… on vous loge dans de bonnes conditions. " Le garde rit. " Et avec une invitation en plus… bon, bonne nuit… et encore merci. " Il jeta encore un coup d'oeil à Kerry puis retourna à son magazine.

 

Ils traversèrent le couloir principal et sortirent du bâtiment. " Brr. " Soupira Kerry. " Ces vêtements ne sont pas faits pour être portés en Novembre à Saugatuck. "

 

Jack jeta un coup d'œil alentour alors que leurs pas crissaient sur le gravier. " Merci de m'avoir sauvé la mise… je n'ai aucune idée des hôtels qu'il peut y avoir par ici. " Il regarda autour de lui. " Une fois que nous aurons passé la porte principale, je te donnerai ma veste, d'accord ? "

 

Kerry hocha la tête mais garda le silence, sentant le sol froid et dur à travers les fines semelles de ses bottines. Ils arrivèrent à hauteur de la porte principale et le garde leva les yeux. Kerry lui fit un signe de la main et il lui rendit, puis il fit un signe plus frénétique vers Jack.

 

Jack sourit. " Je me sens comme le Messie. " Marmonna-t-il du coin des lèvres. " Je n'ai pas eu ce genre de réception depuis que nous avons libéré le Koweit. " Il jeta un coup d'œil vers le garde rayonnant. " Il ne se rend même pas compte qu'il ne te connaît pas, n'est-ce pas ? " La porte s'ouvrit lentement devant eux et ils traversèrent.

 

Kerry renifla doucement. " Il y a beaucoup de Hollandais et d'Allemands qui se sont installés dans le coin… il y a un paquet de femmes blondes à la peau blanche, crois-moi… il doit voir vingt personnes qui me ressemblent chaque jour. " Ils sortirent du cône de lumière en provenance de la guérite et Kerry sentit enfin son estomac se dénouer, alors qu'elle entendait le verrou métallique se refermer derrière elle.

 

Elle était libre. Elle était sortie de la pire situation dans laquelle elle s'était jamais trouvée, et elle voulait juste trouver un endroit chaud où se blottir pour pleurer. Il faisait noir maintenant, et Jack retira sa veste pour l'installer sur ses épaules. " Merci. " Elle lui fit un signe de tête de gratitude. " Je sais que je te dois beaucoup pour avoir amené Dar ici si vite. "

 

Il rit un peu alors qu'ils arrivaient près de la voiture militaire bleu sombre, et il déverrouilla la portière. " Je ferais n'importe quoi pour elle… nous sommes amis depuis que nous sommes gamins. Elle m'a sauvé la mise une fois, après que nous avons construit une maison dans un ficus, au-dessus d'un puits. " Il attendit qu'elle entre puis referma la portière et entra à son tour. " Mon père m'avait dit de ne pas faire ça… mais j'étais plutôt têtu et je l'ai fait quand même… je mettais la dernière barricade quand j'ai perdu pied et je suis tombé par-dessus, sans rien d'autre entre le puits et moi que de l'air. " Il expira. " Ma ceinture s'est prise dans une branche et j'étais là, suspendu comme un cochon farci à Noël, hurlant à tue-tête. "

 

Kerry retint un léger rire hystérique. " Oh non… "

 

" Si… et la dernière chose dont je me souviens, c'est de Dar, qui réussit à attacher une corde autour d'elle, puis elle grimpe près de moi et m'aide à monter sur la branche suivante… comme ça nous pouvons perdre l'équilibre en même temps et tomber… et elle s'accroche à moi, attachée à cette corde… et je me suis dit que nous étions fichus tous les deux. "

 

" Oh non ! " Les yeux de Kerry s'agrandirent.

 

" Si… mais elle est plus forte que tout, si tu vois ce que je veux dire, même à cette époque, alors elle réussit à se tortiller et je peux m'accrocher à la branche et me hisser. Puis elle grimpe près de moi et voilà. "

 

" Ouah. " La jeune blonde expira. " Et ensuite ? "

 

Il lui lança un regard malicieux. " Elle m'a engueulé pour avoir été si stupide. "

 

Kerry éclata de rire, écrasant sa bouche d'une main rapidement. " Oh, mon Dieu…je suis désolée… ce n'est pas drôle. " S'excusa-t-elle.

 

" Bien sûr que si. " Jack rit. " C'est Dar tout craché. "

 

La jeune blonde soupira. " Ouais… je pense que je saisis… même si je ne la connais que depuis peu. " Son regard glissa vers Jack. " C'est une femme courageuse. "

 

Il lui sourit. " C'est un être courageux. " La corrigea-t-il. " C'est la meilleure amie, et la pire ennemie que l'on peut positivement vouloir… elle ne recule jamais, elle est toujours là quand on a besoin d'elle. "

 

Kerry regarda les faibles lueurs de l'hôpital par le pare-brise. " C'est vrai. " Dit-elle enfin, doucement. " Elle s'opposerait à n'importe qui. " Elle devint silencieuse et posa sa tête contre la portière, les yeux scotchés sur le chemin qui venait de l'hôpital.

 

Ils attendirent pendant ce qui leur sembla être une éternité mais qui ne dura en fait que dix minutes, jusqu'à ce que Kerry ne trouve ce qu'ils cherchaient ; une haute silhouette élancée glissa sur le gravier, s'arrêta à la porte et échangea quelques mots avec le garde qui rit et fit un signe, puis sortit par la porte coulissante dans l'obscurité du parking.

 

Un moment plus tard, Dar se glissait dans le siège arrière avec un long soupir épuisé. " Bon Dieu de bon sang de bonsoir, je suis contente que ce soit fini. " Marmonna-t-elle en s'affalant contre les coussins. " Cette maudite femme m'a cassé les pieds à me proposer du gâteau… à vouloir le nom de mon chef pour lui envoyer ses félicitations… mon Dieu ! "

 

Kerry se mit à rire sans pouvoir s'en empêcher. " Tu aurais dû lui donner. " Dit-elle dans un souffle. " Et tu aimes les gâteaux. "

 

Jack lui lança un coup d'œil puis regarda dans le rétroviseur. " On va où ? "

 

Dar réfléchit. " Il y a un hôtel à côté ? Je pense qu'on mérite de dormir un peu… en tout cas moi… ensuite nous envoyons Jack chez lui à Washington, et nous prenons un avion de ligne, direction la maison. "

 

" Pourquoi pas le Marriott dont tu parlais ? " Demanda Jack à Kerry.

 

Kerry garda le silence pendant un moment. " Je… hum… " Elle se tourna à demi et posa son menton sur le dossier du siège, fixant Dar. " Je… pense que tu as raison. Je pense que nous devrions aller chercher mes affaires. "

 

Un sourcil brun se leva. " Je croyais que… "

 

" Je sais. " Kerry baissa les yeux vers le tissu. " Mais j'ai commencé et il faut que je finisse. " Elle leva les yeux vers Dar. " J'ai juste besoin d'un appui. "

 

Un sourire tranquille et fier apparut au coin des lèvres de Dar. " Tu l'as… Kerry, je sais que c'est dur pour toi… et je sais que tu aimes toujours tes parents… essaie de t'en souvenir, d'accord ? " Elle soupira. " Ne laisse pas ce qui est arrivé t'enlever ça… même s'ils le méritent vraiment. "

 

Jack démarra et sortit du parking.

 

Kerry réfléchit au conseil de Dar pendant le calme trajet dans l'obscurité.

 

 

 

Chapitre 124

 

La maison était plongée dans l'obscurité. La lumière du porche était allumée, envoyant des rais argentés sur l'herbe brune, mais le reste de la demeure était silencieux et gris. Jack arrêta la voiture près de l'allée et jeta un coup d'œil vers Dar.

 

" Très bien. " Dar inspira profondément et essaya de trouver de l'énergie. " Jack… "

 

Le pilote cligna des yeux. " S'il est assez barge pour s'en prendre à sa propre fille et l'envoyer jusqu'à la ferme des dingues… j'y vais pour assurer votre sécurité. " Il mit la main sous le siège et retira son arme de service, ajustant le holster sous son bras. " Et pour qu'ils sachent que j'ai le droit de porter ça… " Il remit son insigne.

 

Dar mit la main sur son bras. " Non. " dit-elle d'un ton calme mais désapprobateur. " Je ne pense pas que ce soit nécessaire, et j'ai plus d'un tour dans mon sac s'il essaie quelque chose de stupide… alors ne mêlons pas l'armée à ça, OK ? C'est un sénateur et ça pourrait amener des tas d'ennuis. "

 

" Dar a raison. " Ajouta Kerry doucement. " Mon père a des idées arrêtées sur le pouvoir du Pentagone… ne lui donne pas de bille. "

 

Jack les regarda tout à tour. " OK… mais vous avez trente minutes. Après ça, je viens vous chercher. "

 

" Très bien. " La femme brune acquiesça. " Tu es prête ? " Demanda-t-elle à Kerry qui hocha la tête. " Allons-y. "

 

Elles sortirent de la voiture et fermèrent doucement les portières, puis elles s'avancèrent dans l'allée qui menait à l'entrée. Kerry fit face à la porte et serra les mains et les détendit. Elle sonna.

 

Une fois. Deux fois. Trois fois avant que des pas ne s'approchent. Dar mit une main ferme sur le dos de sa compagne, et redressa le sien, rassemblant ses esprits.

 

La porte s'ouvrit et fit place au sénateur, qui clignait des yeux embués de sommeil et d'incrédulité.

 

Kerry avança et monta les marches jusqu'au seuil puis elle se mit sur la pointe des pieds et lui frappa le visage.

 

Le son de la claque ricocha dans le couloir, le faisant trébucher, et surprenant Dar qui n'avait eu aucune idée de ce que sa compagne allait faire.

 

" Que diable… " Le sénateur alluma, illuminant l'entrée et le couloir . " Comment oses-tu ? "

 

" Comment j'ose ? " Kerry entra et s'approcha de lui. " Comment j'ose, moi ? ? Comment as-tu osé me faire une chose pareille, TOI ! ! ! "

 

Il la fixa puis, lentement, ses yeux allèrent vers la silhouette sombre qui la surplombait. " Vous. " Sa voix débordait de répulsion.

 

Dar entra et referma derrière elle. " Je ne pense pas vous avoir déjà rencontré, n'est-ce pas ? " Elle mit une main sur le dos de son amie furieuse. " Je m'appelle Dar Roberts, et je suis le superviseur de votre fille. "

 

" Je sais qui vous êtes, sale putain. " Rugit-il. " Sortez de chez moi ! " Il se tourna vers le téléphone. " Je vais vous traduire en justice ! "

 

" Pour… quelle raison ? " Dar coupa la violente protestation de Kerry. " Exactement ? "

 

" Pour effraction ! " Répondit-il en composant un numéro.

 

" Vous nous avez laissées entrer. " Lui rappela Dar.

 

" A l'hôpital, espèce de monstre ! "

 

" En fait, c'est un de nos clients… j'ai signé le registre des visiteurs comme tout le monde. " Répliqua Dar calmement. " Et j'ai été appelée pour un problème d'ordinateur. "

 

Il s'arrêta de composer. " Vous l'avez sortie sans autorisation. " Accusa-t-il.

 

" Non… non… l'infirmière chargée du dossier l'a laissée sortir. " La cadre lui sourit. " Après qu'ils aient trouvé que tout allait bien. "

 

" Quelque chose ne va pas bien chez elle. " Il reposa le téléphone. " Et c'est de votre faute. Vous l'avez corrompue, sale garce, et je vais vous… "

 

Un doigt long et puissant se tendit. " Et je vais vous traîner en justice pour diffamation, et aussi pour avoir kidnappé une de mes employées et l'avoir retenue contre son gré si vous ne la fermez pas. " Elle glissa devant Kerry, aussi dangereuse qu'une panthère en s'approchant de lui, le toisant du regard. " Et maintenant… je suggère que nous continuions cette conversation dans ce que vous appelez votre bureau, pour que le reste de votre… famille… n'entende pas ce que j'ai à vous dire, OK ? "

 

" Vous vous croyez maligne. " Cracha-t-il.

 

" Non… mais ma boîte si… la compagnie me paye pour être maligne… et j'aime qu'ils en aient pour leur argent. " Répliqua Dar, avec un sourire. " Alors… vous bougez ou nous allons chercher les affaires de Kerry et nous partons, et j'envoie un message aux infos dès que nous sommes à la voiture. A vous de voir. " La voix de Dar était pleine de danger, les syllabes roulaient doucereusement, accentuées par la lueur dans ses yeux.

 

Il se retourna pour se diriger vers une porte en bois visible de l'autre côté du séjour. Dar le suivit, ainsi que Kerry, qui prit d'abord une inspiration, pétrifiée par la puissante présence que sa chef avait manifestée. Elle jeta un coup d'œil sur le côté et trouva les yeux de sa mère qui la fixaient par la porte de la chambre.

 

Les yeux disparurent et la porte se referma. Kerry soupira et continua à marcher, à la traîne de la haute silhouette de Dar alors qu'ils pénétraient dans le bureau, et cette fois elle ferma la porte derrière eux.

 

Dar fit le tour de la pièce puis s'arrêta près du bureau sur le bord duquel elle s'assit en croisant les bras. Elle resta immobile, prenant un moment pour l'étudier avec intérêt de ses yeux bleus.

 

" Que voulez-vous ? " Demanda-t-il enfin, après un moment de ce traitement.

 

Dar le laissa encore attendre un moment puis elle se leva et fit quelques pas, pour s'arrêter près de la fenêtre. " Ce que je veux. " Répéta-t-elle. " Je veux que vous reveniez vingt-quatre heures en arrière, et que vous n'ayez ni agressé, ni kidnappé ni enfermé votre propre fille de manière illégale. Voilà ce que je veux. "

 

" Je n'ai rien fait d'illégal. " Lui dit le sénateur d'un ton brusque. " Elle a été admise pour observation, et il est de ma responsabilité de m'assurer que ma famille reçoit les soins qu'elle mérite. "

 

" Oh… alors, qu'ils m'aient droguée et aient voulu essayer de me laver le cerveau ce matin… c'étaient pour des raisons d'observation ? " Demanda Kerry depuis son poste contre le mur.

 

Il la regarda. " Je voulais qu'ils te parlent, et qu'ils t'enlèvent ces idées incongrues de la tête, avant que tu ne détruises ta vie. " Il lança un regard mauvais vers Dar. " C'est elle qui t'a lavé le cerveau. "

 

" Pour faire quoi ? " Ricana Dar. " Pour penser à sa place ? Non merci… elle le fait parfaitement sans mon aide. " Elle s'interrompit. " Oh… vous voulez dire pour lui avoir fait croire que nous nous aimions… bien… "

 

" Je ne veux pas entendre ça. " Il leur tourna le dos. " Je n'accepte pas qu'une de mes enfants fasse quelque chose d'aussi dégoûtant et dépravé. " Il se retourna. " Et qu'elle soit promise à l'Enfer par-dessus tout. " Il fouetta l'air de sa main. " Non ! " Son regard alla vers le visage ombrageux de Dar. " Pourquoi ne fichez-vous pas le camp d'ici, pour laisser les gens décents tranquilles ? Les gens de votre espèce n'ont pas leur place dans ce pays. "

 

Dar s'approcha, si rapidement qu'il n'eut pas le temps de bouger, ni même de cligner des yeux avant qu'elle ne soit sur lui, face à face. " Mon père est mort pour ce pays, espèce de pourriture ignorante… alors faites attention à ce que vous dites. " Sa voix était maintenant réduite à un grognement menaçant. " Et il en valait un millier comme vous. "

 

Kerry retint sa respiration. Elle n'avait jamais vu Dar ainsi. Ses yeux luisaient et tout son corps semblait irradier l'énergie. On pouvait presque toucher la rage sauvage.

 

Silence de mort. Puis. " J'appelle la police. " Le sénateur prit le téléphone. " Je vais vous faire arrêter, je vais payer l'officier pour vous faire accuser et puis je vais me régaler à voir votre sale cul enfermé dans le coin des hommes, et vous regarder vous faire violer jusqu'à ce que vous en hurliez. "

 

Etonnamment, Dar sourit. Charmeuse. " Ah… vous vous découvrez enfin. " Ronronna-t-elle, sa colère tempérée. " Avant que vous n'ayez fini de composer, vous voudriez peut-être réfléchir à ce numéro… 99344343. "

 

Il s'arrêta net, le doigt sur une touche, et lentement, d'un air vicieux, il leva les yeux vers elle.

 

Un rire. " Saviez-vous, sénateur, qu'à notre époque, tout ce que vous faites est stocké dans un ordinateur ? " Dar fit le tour du bureau et se rassit sur le bord. " Chaque transaction avec votre carte de crédit, chaque transaction bancaire, chaque dossier médical… " Elle sourit de nouveau. " Les certificats de naissance… de décès… tout. "

 

Il la regarda. Haineux.

 

Dar se pencha en avant. " Vous reposez le téléphone. Vous me laissez ramasser les affaires de Kerry et vous lui fichez la paix pour toujours, ou j'envoie un énorme fichier explosif vers toutes les putains d'agences de presse du monde, en même temps que vers le bureau du Procureur général. " Elle fit une pause. " Avec un petit mot de ma part à Janet, si vous voyez ce que je veux dire (NDLT : Janet Reno est Attorney General, ce qui correspond au ministre de la justice aux Etats Unis). "

 

" Vous bluffez. " Murmura-t-il.

 

Dar se pencha un peu plus. " Non… pas du tout. " Elle rit doucement. " Et croyez-moi, je me régalerai à chaque seconde de votre autodestruction sur CNN. " Elle le regarda paresseusement. " J'enverrai même une carte de condoléances à Pamela. "

 

Les yeux lui sortirent de la tête. Dar se glissa du bureau et se leva, dans l'attente.

 

" Très bien. " Il se redressa et sembla reprendre son sang-froid. " Qu'est-ce que vous voulez vraiment ? Qu'est ce que vous cherchez ? "

 

" Chercher ? " Demanda Dar doucement.

 

" Vous devez chercher quelque chose… qu'est-ce que c'est, de l'argent ? " Il leva les yeux. " Ils ne vous payent sûrement pas assez dans cette boîte… c'est ça que vous voulez ? " Il bougea en reportant son attention sur Kerry. " Nous pouvons conclure un marché… donnez-moi votre prix et nous… "

 

Le corps de Dar se déplaça avec une sauvage soudaineté qui surprit même Kerry. Elle se tourna à demi et lança un coup de pied percutant, qui heurta quelque chose de dur et l'envoya voler. Puis elle tournoya et lança un nouveau coup, et cette fois elle envoya un corps contre le mur avec un claquement audible.

 

Kerry alla vers la lumière lorsqu'elle entendit le mouvement, et elle alluma juste à temps pour voir Kyle voler de nouveau, frappé dans les côtes par un coup de pied violent.

 

" Que se passe-t-il, Kyle… trop habitué aux petites filles ? " Dar le railla en évitant un crochet. " Pour les intimider et leur voler leurs chiots ? " Elle tournoya et le frappa durement dans la mâchoire avec un coup de pied circulaire. " Sale porc. "

 

Il plongea vers elle, l'attrapant à la taille et les faisant tomber tous les deux, mais il ne comptait pas sur les puissantes jambes de Dar, qui s'enroulèrent autour de lui et les retournèrent, amenant Dar au-dessus pour lui permettre de le frapper rudement dans les parties.

 

" Garce. " Il la frappa au côté, puis encore, puis il siffla lorsqu'un genou le frappa dans l'estomac. Il rampa hors de sa portée, commença à se mettre debout, prêt à l'attraper.

 

Dar roula et l'attrapa alors qu'il tentait de se lever, cognant sa mâchoire de son coude, puis elle lui prit un bras et le fit passer par-dessus son épaule ; il atterrit avec un craquement sur le parquet. " Ah oui… la garce vient juste de te botter le cul et elle en a adoré chaque minute. " Dar sentit sa respiration redevenir normale et sa colère baisser, le violent besoin satisfait pour l'instant.

 

Tout était calme, jusqu'à ce que Dar n'aille jusqu'au mur et ne ramasse le pistolet qu'elle avait fait voler de la main de Kyle, jouant d'une main avec lui.

 

Kerry regarda une expression étrangère apparaître sur le visage de son père.

 

La peur. " Est-ce que j'aurais oublié de dire qu'elle a été championne du monde de karaté ? " Murmura Kerry. " J'ai dû oublié. " C'était maintenant son tour. Elle avança jusqu'à être contre le bureau de son père. " Ce que tu m'as fait horrible. "

 

Il la regarda simplement.

 

" Pas seulement hier soir… depuis que je suis enfant, tu as essayé de faire de moi quelque chose que je ne suis pas, et tu m'as blessée, beaucoup. " Lui dit Kerry. " Mais tu es toujours mon père, et je t'aime toujours… seulement je ne peux pas vivre avec toi. "

 

" Je ne suis pas ton père.. Il lui tourna le dos. " Fiche le camp d'ici et emmène ton… amie… avec toi. "

 

Kerry soupira et jeta un coup d'œil à Dar qui vidait le pistolet et mettait les balles dans sa poche. " Viens… je n'ai plus rien à faire ici. "

 

Dar jeta l'arme sur le bureau. " Je te suis. "

 

Elles quittèrent le bureau et montèrent l'escalier en silence. Dar posa les mains sur les épaules de sa compagne. " Tu vas bien ? " Murmura-t-elle doucement à son oreille .

 

Kerry eut envie de se pencher en arrière et de laisser le corps de Dar l'envelopper. " J'ai vraiment mal. " Dit-elle honnêtement à la femme brune. " Je pense que je vais bientôt avoir besoin d'un gros câlin. "

 

Dar l'embrassa doucement sur la tête. " Ce soir et toutes les autres nuits de ta vie, si tu veux. " Promit-elle, se rendant compte de ce qu'elle avait dit.

 

Un silence momentané, presque choqué. " Je le veux. " Répondit enfin Kerry d'une voix douce. " Allons… sortons d'ici… j'ai une vie qui m'attend. "

 

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