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Tu es mon Autre1

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

FANS FICTIONS FRANCOPHONES

Entre elles

 

 

Tu es mon Autre

 

 

par Kaktus

 

 

 

 

 

 

 

Cette histoire dormait depuis longtemps dans un coin de ma tête. Il semble que son réveil a sonné :O)

Je sais qu’un dragonnet attend sur Terrea, mais qui a dit que je n’étais pas capable d’écrire DEUX histoires en même temps ?

Avertissement habituel : je vais parler de femmes qui s’aiment, se le disent et se le montrent. Définitivement du ALT.

 

 

 

 

Merci à Rainbow, toujours fidèle au poste de re-lectrice !!

 

 

 

 

 

 

PREMIERE PARTIE

 

 

 

 

Ceci n’est pas mon histoire. Mais elle a changé ma vie.

 

Il y a quelques mois encore, j’étais une personne passablement détestable. Je crois qu’aujourd’hui, grâce à Clotilde et Nicky, je suis devenue quelqu’un de fréquentable, à défaut de quelqu’un de bien…

 

 

 

 

Tout a commencé par une descente aux enfers. Fatale. Inévitable.

 

Elle me guettait depuis longtemps. Trop de stress, trop d’alcool et de tabac, et une hygiène de vie déplorable. Après de nombreux signaux d’alarme, mon corps m’a lâchée.

 

Pneumonie. Hôpital. Convalescence.

 

Si les deux premiers mots furent loin d’être agréables, le troisième était pour moi totalement impensable. J’avais déjà perdu assez de temps. Je voulais rentrer chez moi et me remettre à travailler.

 

 

 

 

Je me revois dans ma chambre d’hôpital, assénant un refus net et cinglant au jeune médecin chargé de mon cas.

 

« Vous n’avez pas le choix, Madame Brévin. Si vous rentrez chez vous et reprenez votre travail, je ne vous donne pas dix jours avant de rechuter. Il vous faut absolument du calme et du repos. »

 

« Il n’est pas question que j’aille perdre mon temps trois semaines durant dans un sanatorium à jouer aux cartes avec des grabataires ! », lui rétorquai-je, fermement décidée à retrouver mon appartement et mes occupations.

 

« L’endroit dont je vous parle ne ressemble pas du tout à ça. », me répondit-il d’un air dépité.

 

« Allons, Maguy, c’est pour ton bien ! ... »

 

John, mon associé et seul ami à ce jour, semblait véritablement inquiet. Je lui lançai un regard noir, mais le médecin continua sur sa lancée.

 

« C’est une pension que tient une de mes amies. Son chalet ne reçoit pas plus de quinze personnes à la fois et les patients sont de tous les âges. Je suis certain que vous y serez très bien. »

 

 

 

 

Bon gré, mal gré, je dus me laisser convaincre. Je savais qu’ils avaient raison et que je n’avais pas le choix. Il me fallait être coupée de mon environnement habituel, sans quoi je serais retournée immédiatement à mes vieux démons…

 

 

 

 

C’est ainsi que quelques jours plus tard, je me retrouvai sur le seuil de la pension des Arolles, accompagnée par John, qui, j’en suis certaine, voulait s’assurer que je n’allais pas prendre mes jambes à mon cou pour débuter ma convalescence dans le bar le plus proche. Bar difficilement atteignable sans voiture, il faut l’admettre, étant donné la situation de ladite pension : en pleine forêt à plus de cinq kilomètres de la station la plus proche.

 

Je le fis acerbement remarquer à John, qui me laissa donc avec mes valises dans le hall d’entrée du chalet.

 

 

 

 

Je n’attendis pas longtemps. Une porte s’ouvrit, laissant apparaître une femme brune, qui me tendit la main en souriant.

 

« Bonjour, Madame Brévin, je vous attendais. Je suis le docteur Clotilde Buchet, la directrice des Arolles. Laissez vos valises ici, Joseph s’en chargera. »

 

Elle me fit entrer dans son bureau, qui s’avéra petit mais plutôt accueillant. Un énorme bouquet de fleurs des champs cachait en partie l’écran de l’ordinateur et répandait une agréable odeur dans la pièce. Nous nous installâmes dans des fauteuils entourant une petite table en bois où étaient posés deux verres et un pichet d’eau.

 

« Le docteur Mourier m’a transmis votre dossier. Vous semblez bien remise de votre pneumonie, mais nous allons surveiller ça de près, ne vous inquiétez pas », me dit-elle en remplissant les verres.

 

« Je ne m’inquiète pas. Et je vois qu’il vous a parlé de mon régime ‘eau plate’ », lançai-je sèchement.

 

Elle haussa les épaules sans se départir de son sourire.

 

« C’est la règle ici. Ni alcool, ni tabac. »

 

Elle se retourna et saisit un feuillet sur l’étagère derrière elle.

 

« En parlant de règles, voici un petit descriptif du fonctionnement de la pension. Les heures des repas, les activités proposées, etc. Tous les deux jours, je vous verrai en consultation. Vous trouverez vos médicaments dans votre chambre avec leur posologie. »

 

Je l’observai pendant qu’elle parlait. Elle devait approcher de la quarantaine, sans doute un peu moins. Ses longs cheveux noirs attachés en natte et son teint halé accentuaient son côté métis. Elle était vêtue d’une robe blanc écru toute simple. Son regard noisette était empreint d’une réelle chaleur, mais à ce moment-là, j’y étais totalement imperméable.

 

Elle se leva.

 

« Je vais vous faire visiter la pension et vous accompagner à votre chambre. »

 

 

 

 

La visite s’avéra rapide, la pension n’étant effectivement pas très grande. Au rez-de-chaussée, une large pièce faisait office de salle à manger. Plusieurs petites tables y étaient disposées, séparées par des plantes vertes. La directrice m’emmena ensuite dans la cuisine où était installée une longue table recouverte d’une nappe.

 

« Le petit déjeuner est servi ici, entre 8h00 et 10h00. Chacun vient à sa guise. »

 

Elle s’approcha d’une femme d’un certain âge, plutôt imposante de stature, en train de pétrir de la pâte sur le plan de travail.

 

« Célestine, je vous présente Maguy Brévin, notre nouvelle pensionnaire. » Puis se tournant vers moi :

 

« Célestine est notre cuisinière, un vrai cordon bleu. »

 

La cuisinière s’essuya les mains sur son tablier, m’attrapa par les épaules, et sans me laisser le temps de faire le moindre geste, plaqua deux bises sonores sur mes joues.

 

« Bienvenue aux Arolles ! Vous êtes bien pâlotte. Mes petits plats vont vous retaper en moins de deux. »

 

La directrice sourit à mon air surpris.

 

« Elle a raison. Je suis sûre que vous apprécierez ses petits plats, comme elle dit. »

 

A côté de la cuisine se trouvait un petit salon avec quelques fauteuils et une télévision.

 

 

 

 

Le reste de la visite nous emmena sur une grande véranda, occupée par des chaises longues et des petites tables ; puis à l’étage, où se trouvaient des chambres ainsi qu’une bibliothèque plutôt bien fournie. Ma chambre était au deuxième étage. Une étiquette avec mon nom et mon prénom avait été collée sur la porte. La directrice me tendit la clef.

 

« Si vous ne souhaitez pas manger avec nous ce soir, il n’y a aucun problème. Vous devez être fatiguée. Joseph vous montera une collation. »

 

J’acquiesçai, peu désireuse d’affronter les regards inquisiteurs des autres pensionnaires.

 

« Et vous pouvez m’appeler Clotilde ! », me lança-t-elle avant de me quitter.

 

Je pénétrai dans la chambre avec la détestable impression de m’être laissée piéger. Je n’avais pas envie qu’on soit sympathique avec moi. J’avais juste envie qu’on me laisse tranquille !

 

 

 

 

La chambre était à l’image du chalet : accueillante et meublée de bois clair. Je fus surprise en bien de découvrir une large baignoire dans la salle d’eau attenante. Mes médicaments habituels étaient déposés sur la tablette, au-dessus du lavabo et je trouvai mes deux valises posées près du lit.

 

Je m’y laissai tomber avec un grognement de satisfaction. Le voyage avait été long et je devais bien le reconnaître, si dans ma tête, je pensais être rétablie, mon corps était d’un avis totalement différent.

 

 

 

 

Je m’adossai contre les oreillers, jetant un regard à la fenêtre, dont pratiquement tout l’espace était occupé par un arbre, un arolle, allais-je apprendre plus tard.

 

Je m’assoupis et quand je rouvris les yeux, quelqu’un m’observait. Je ne bougeai pas, surprise et encore à moitié endormie. Une jeune femme aux cheveux blonds coupés courts était perchée dans l’arbre. Elle tenait un cahier dans une main et de l’autre, elle posa un doigt sur sa bouche pour m’inciter au silence. Puis elle disparut si soudainement que je me demandai si je n’avais pas rêvé.

 

Je venais de rencontrer Nicky.

 

 

 

 

***********

 

 

 

 

Le lendemain matin, je pris le temps de lire le descriptif, que m’avait donné Clotilde, mais sans réellement y porter grande attention. Je notai toutefois qu’il était possible de prendre, chaque deux jours, un bus en direction de la station. Il s’arrêtait au bout du chemin de terre.

 

 

 

 

J’avais mal dormi, comme à chaque fois que je dois m’habituer à un nouveau lit. Qui plus est, je n’avais aucune envie d’être dans cet endroit, mais dans mon appartement, ou mieux encore, à mon bureau, en train de fumer ma cinquième cigarette, un verre de scotch à la main…

 

 

 

 

C’est donc d’une humeur massacrante que je descendis prendre mon petit déjeuner. Il était presque dix heures et personne ne se trouvait dans la cuisine hormis Célestine, occupée à éplucher des légumes. Elle m’accueillit avec un grand sourire et m’installa en bout de table avant de poser devant moi plusieurs sortes de confitures, du miel, du jus d’orange, une plaque de beurre et des petits pains encore tièdes.

 

Elle venait de me servir un bol de café fumant, quand surgit dans la cuisine la jeune femme, que j’avais aperçue dans l’arbre la veille au soir.

 

 

 

 

Elle se dirigea vers le réfrigérateur, l’ouvrit et se versa un grand verre de lait qu’elle avala pratiquement d’un seul coup.

 

« Ah, non ! Mlle Nicky, vous allez manger quelque chose aujourd’hui », s’indigna Célestine. « Que va dire Mlle Clotilde ? »

 

La jeune femme lui sourit.

 

« Allons, Célestine, elle n’a pas besoin de le savoir. »

 

Elle était vêtue d’un jean délavé et d’un t-shirt bleu ciel uni, et portait des lunettes à montures très fines que je n’avais pas remarquées la veille.

 

« Trop tard, elle le sait déjà ! », lança la directrice qui venait d’entrer dans la cuisine. Elle jeta un regard désapprobateur à la jeune femme qui passa une main dans sa chevelure en bataille avec un sourire espiègle, accentuant son côté adolescent. Je ne lui donnai pas plus de vingt ans.

 

Clotilde saisit une pomme dans la coupe de fruits posée sur la table et la lança à la jeune femme qui l’attrapa au vol.

 

« Oui, promis, je la mangerai ! », dit-elle avec un clin d’œil, en passant la porte.

 

Célestine eut un soupir mi-exaspéré mi- indulgent et Clotilde haussa les épaules en souriant. Elle me salua et nous échangeâmes quelques politesses.

 

Je retournai dans ma chambre, en faisant un détour par la bibliothèque. John m’avait interdit de prendre avec moi le moindre dossier et je fus heureuse de constater qu’il y avait assez de livres dans la pièce, pour occuper les trois semaines que j’allais passer ici. J’emmenai un roman policier, mais m’assoupis après les premières pages…

 

 

 

 

Je me réveillai un peu avant 12h30 et hésitai à descendre manger. Mais il fallait bien que, tôt ou tard, je devienne vaguement sociable. C’est Clotilde qui m’accueillit sur le seuil de la salle à manger.

 

« Je vais vous présenter les autres pensionnaires. C’est très calme en ce moment, ils ne sont que quatre. »

 

Elle m’emmena près d’une première table où étaient installées deux femmes d’une cinquantaine d’années, dont j’oubliai les noms aussitôt qu’elle les eût prononcés. A la table suivante était assis un jeune garçon, pâle et freluquet. Clotilde m’apprit qu’il était anglais et qu’il s’ennuyait un peu, car il ne pouvait pas beaucoup communiquer avec les autres. Je me gardai bien de lui révéler que j’étais pratiquement bilingue. Le quatrième pensionnaire était un alerte vieillard au regard pétillant. Il se leva et au lieu de me serrer la main, la baisa en s’inclinant.

 

« Enchanté, Madame. Augustin Boral, pour vous servir. » Je lui souris vaguement, par politesse.

 

Enfin, Clotilde m’amena jusqu’à une table, où était dressés deux couverts et à laquelle était assise une petite fille d’une dizaine d’années, qui me dévisagea sans vergogne, le regard piqué de curiosité.

 

« Et voici Prune, ma nièce. Elle passe ses vacances d’été avec nous. »

 

La fillette m’adressa un sourire où manquaient deux dents et je lui répondis d’un hochement de tête. Je n’ai jamais su parler avec les enfants. Ils sont pour moi aussi effrayants et étranges que des extra-terrestres.

 

 

 

 

Finalement, je pus, avec soulagement, m’asseoir à une table libre.

 

Une jeune femme, qui je le constatai le lendemain, faisait aussi office de femme de chambre, vint nous servir, accompagnée une ou deux fois par Célestine. Il y avait peu de bruit dans la salle à manger. Les deux femmes discutaient à voix basse, le jeune anglais semblait perdu dans ses pensées et le vieil homme, quand il ne mangeait pas, était plongé dans son journal. Seule, la voix un peu aigüe de la fillette, venait rompre le calme du repas. Elle parlait avec sa tante, qui souriait avec indulgence à ses propos.

 

Je notai que la jeune femme aux lunettes n’était pas là.

 

 

 

 

Je passai l’après-midi dans ma chambre, à lire, à somnoler et à déplorer l’absence d’une télévision. J’appelai John au bureau mais il refusa de me parler de quoi que ce soit en rapport avec les affaires courantes.

 

« Tu dois reposer ton corps, mais aussi ta tête ! », me lança-t-il d’un ton sentencieux. Je lui raccrochai au nez, rageusement.

 

Le soir venu, je me forçai à me changer pour descendre manger.

 

 

 

 

Je remarquai qu’il y avait trois couverts à la table de Clotilde, mais une chaise restait inoccupée. Quelques minutes après le début du repas, la jeune femme blonde surgit dans la salle à manger. Elle était vêtue comme le matin et portait un seau rempli de fruits rouges.

 

« Bonsoir ! », lança-t-elle à la cantonade. Tout le monde lui répondit et Prune vint regarder dans le seau.

 

« Dis donc, tout ça ! Célestine va être contente ! »

 

Elles disparurent ensemble dans la cuisine et on les entendit rire. Quelques minutes plus tard, elles revinrent s’asseoir avec Clotilde. Je ne m’occupai plus de ce qui se passait dans la salle à manger, ayant emmené mon roman avec moi. Puisque le vieil Augustin lisait son journal, je ne me sentais pas impolie de faire de même. Toutefois, je jetai de temps à autre un regard vers la table de Clotilde où la discussion semblait aller bon train.

 

A la fin du repas, alors que je me levai pour partir, Clotilde s’approcha.

 

« Maguy ? Je voulais vous présenter Nicky. Si vous voulez un guide pour vos futures promenades en forêt, il faut vous adresser à elle. Nicky, voici Maguy Brévin, notre nouvelle pensionnaire. »

 

La jeune femme me tendit la main, avec un sourire malicieux.

 

« On a déjà fait connaissance, d’une certaine manière. »

 

 

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