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Uncadeausouslesapin2

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

A PRESENT UNDER THE TREE

 

Un cadeau sous le sapin

 

 

 

par Melissa Good

 

traduction : Fryda

 

 

********

Partie 2

*******

Le soleil fit tressaillir Kerry alors qu'elle tournait vers l'ouest sur la chaussée et se dirigeait vers l'aéroport. Elle sortit ses lunettes de soleil de la boîte à gants de la Mustang et les posa sur son nez, pour soulager l'intensité de la lumière. Un CD de musique de Noël tournait joyeusement dans le lecteur, et elle chantonna en prenant la I395, puis l'échangeur vers la 836 qui menait à l'aéroport.

 

Le trafic était étonnamment fluide et elle se dit qu'elle devait se trouver entre ceux qui finissaient un énorme déjeuner de Noël, et qui étaient maintenant dans un état comateux devant le football, et ceux qui en étaient aux derniers préparatifs du dîner de Noël. Ceux qui traînaient toute la journée ensemble, probablement à la plage, puisque tout était fermé, à l'exception peut-être de Walgreen.

 

D'un autre côté, l'aéroport était un bordel royal. Kerry soupira et évita plusieurs taxis alors qu'elle pénétrait dans les allées des arrivées, sentant la colère crépiter dans la chaleur intense. Elle entra dans un parking de courte durée, et attrapa un ticket, espérant avoir de la chance.

 

Et bien entendu, elle n'en eut pas, et se retrouva aussi loin du terminal de Northwwest qu'il était possible, mais elle se dit qu'il était tôt et que marcher ne lui ferait pas de mal, pas après ce petit déjeuner, en tout cas.

 

Kerry passa une main dans ses cheveux clairs et sortit, verrouillant la Mustang et redressant les épaules. Elle était vraiment contente qu'ils viennent mais le sentiment de culpabilité qu'elle ressentait à avoir brisé une bonne partie de leur vie pesait lourdement sur ses épaules.

 

Après tout, personne d'autre ne pouvait en prendre la responsabilité. Dar avait été choquée qu'elle divulgue l'information, et seul le fait que le serveur avait envoyé les documents de façon anonyme lui avait sauvé la mise, lorsque les destinataires les avaient reçus, et que la merde avait commencé à voler.

 

Dar l'aurait soutenue, elle le savait. Mais sa seule option aurait été de démissionner ; même sa chef bien placée n'aurait pu la protéger d'avoir mêlé la compagnie à une telle affaire. C'était déjà bien assez que le sous-comité judiciaire chargé de l'affaire l'ait appelée à témoigner. Mais ça avait déclenché un tas de murmures sauvages au boulot… maintenant qu'elle y pensait, il y avait eu plus de regard d'admiration voilée qu'autre chose, et Eléanor Anastasia l'avait même fait venir dans son bureau pour lui dire combien elle respectait Kerry de venir travailler pour une compagnie que son père haïssait tant.

 

Au moins, s'il y avait une chose dont elle n'avait pas à s'inquiéter, c'était qu'ils trouvent qu'elle avait pu bénéficier de tout ce truc nauséeux, d'une manière ou d'une autre. Elle était indépendante depuis la fac, et elle avait demandé à Mark de faire une recherche pour s'assurer qu'il n'y avait pas de compte en banque caché. Mais la presse avait quand même fourré son nez dans l'affaire, et plus d'une fois, elle était contente de travailler dans un immeuble sécurisé, et de passer la plus grande partie de son temps sur une île inaccessible loin de chez elle.

 

Kerry traversa le parking d'un pas brusque, contente d'avoir enfilé un T-shirt léger dans son jean délavé parce que la chaleur commençait à se faire sentir. Le couloir était agréablement frais et elle y entra avec un sentiment de soulagement, puis elle s'arrêta, surprise par le chaos sans nom devant elle.

 

Le mauvais temps qui sévissait dans le reste du pays avait forcé des centaines, voire des milliers de gens à camper dans l'aéroport, et des corps étaient affalés un peu partout, essayant de trouver un peu de repos. Les restaurants travaillaient au-delà de leurs heures habituelles et on aurait dit qu'une convention internationale se tenait là. " Ouah ! " Elle se dirigea vers le terminal G où se trouvait la Northwest, et elle marcha jusqu'à un écran, cherchant l'information sur le vol. Elle fut contente de constater que c'était l'un des rares à l'heure, et qu'il devait arriver dans environ dix minutes. Kerry vérifia le numéro de la porte puis se dirigea vers un café, et commanda un double capuccino en s'asseyant pour attendre.

 

Elle sirota son café et en savoura le goût corsé alors qu'il pénétrait son système et la requinquait. Alors qu'elle avait vu Angela à Thanksgiving, elle n'avait pas revu son frère depuis les vacances précédentes, et elle se demanda s'il avait changé. Elle savait qu'elle oui, ses cheveux étaient plus courts et décolorés par le soleil, et elle arborait près de huit kilos de plus sur sa silhouette mince ; kilos qui consistaient essentiellement en muscles qui avaient élargi ses épaules et la faisaient bouger et marcher d'une façon complètement différente.

 

Tout ça venait de la natation, de la plongée et de l'escalade qu'elle pratiquait avec Dar, et qui lui demandait une somme incroyable d'énergie, mais qui la rendait heureuse de son apparence et de ce qu'elle ressentait. Tout le monde la regardait quand elle entrait dans une pièce maintenant ; et elle aimait ça, elle s'en rendait bien compte, même si elle pensait que c'était incroyablement vaniteux et qu'elle ne l'admettrait à personne d'autre qu'à elle-même.

 

Ah ! Une foule arrivait des vols de la Northwest, portant des manteaux, des moufles, des écharpes et des pulls d'hiver épais. Kerry espéra sincèrement qu'ils s'en débarrassent avant de passer les portes extérieures, pour qu'ils ne provoquent pas un embouteillage lorsqu'ils s'évanouiraient à cause de la chaleur. Elle repéra sa sœur et son frère alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, et elle se leva, finissant son capucccino avant d'aller vers eux, attirant le regard d'Angela en s'approchant.

 

Sa sœur tira sur la manche de Michael et la montra du doigt, et Kerry dut réfréner un sourire lorsque son frère l'aperçut, et que ses sourcils bondirent en même temps que ses yeux s'agrandissaient. Et bien, je dois avoir changé, décida-t-elle, en se rapprochant d'eux. " Hé ! "

 

Michael l'étreignit avant de faire un pas en arrière et de la tenir à bout de bras. " Ben merde alors, Kerry… je te connais ? " Son frère était un peu plus petit qu'elle, avec des cheveux bruns en désordre et des yeux noisette. Il était plutôt mince, et arborait une perpétuelle expression d'étonnement. " Vise un peu ça. "

 

" Je ne suis pas un champ de tir ", répondit Kerry d'un air désabusé avant de se dégager de son emprise pour embrasser Angela. " C'est bon de vous voir tous les deux.. malgré les circonstances. " Ils s'observèrent. " Comment s'est passé le vol ? "

 

" Etant donné le temps dans le reste du pays, pas si mal ", lui dit Angela. " La connexion à Détroit s'est faite à l'heure pour changer, et même si on a été secoués la plus grande partie du trajet, une fois qu'on est arrivés en Floride, c'était merveilleux. " Elle jeta un coup d'œil autour d'elle. " Cet endroit est un vrai zoo. "

 

" Non, le zoo est plus au sud ", répliqua Kerry solennellement. " En fait, tout le monde est coincé ici à cause du mauvais temps dans le Nord-est et le Midwest. " Elle tira sur leurs manches. " Venez.. vous avez des bagages ? J'espère que non. "

 

Michael secoua la tête. " Nan… juste ces sacs de voyage… nous avons pensé que nous n'aurions besoin de vêtements que pour ce soir… notre vol de retour est à midi demain. Angela est censée aller chercher Sally à cinq heures et mon vol pour la fac est à sept heures. "

 

Kerry les dirigea avec dextérité le long des couloirs vers les portes de sortie. " Tout d'abord, enlevez vos manteaux ", les avertit-elle.

 

" Ça ira ", dit Angela en riant.

 

" D'accord. " Kerry marcha sur la plaque qui ouvrait les portes et ils passèrent des 22°C de l'air conditionné et de l'humidité contrôlée, aux 31°C et 98 % d'humidité de l'extérieur.

 

" Ouah. " Angela s'arrêta. " Compris… on enlève les manteaux. " Elle sortit de sa veste épaisse et la mit sur son bras pendant que Michael en faisait autant, retirant également son pull. " Bon sang, c'est vert ", commenta-t-elle en regardant autour d'elle. " C'est si étrange. "

 

Kerry sourit. " Tu t'y fais au bout d'un moment… venez. Je suis garée un peu plus au sud. " Elle commença à traverser le parking suivie par son frère et sa sœur ; Angela la rattrapa rapidement. " Qu'est-ce qu'il sait exactement ? " demanda Kerry doucement.

 

" Et bien… il sait.. hum… pour toi ", répondit Angela dans un murmure. " Et pour Dar. "

 

" Ça vaut diablement mieux… puisque nous allons chez elle ", répliqua Kerry d'un ton désabusé.

 

" Oui… mais il ne sait rien pour Brian et moi… et il a… hum… il a l'intention de s'assurer que Dar peut… hum.. comme il le dit 'prendre soin de sa sœur'. "

 

" Oh bon sang. " Kerry éclata dans un rire, vite réfréné. " Et bien, pas de problème pour ça… attends qu'il ait vu où elle vit. " Elle lança un coup d'œil à son frère qui regardait le feuillage épais avec intérêt.

 

" Comment va Dar, à propos ? J'ai oublié de te poser la question ", demanda Angela nonchalamment.

 

Kerry sourit. " Elle va bien… nous venons d'ouvrir nos cadeaux… Mon Dieu, on a fait des folies ", confia-t-elle. " Et c'est son anniversaire, en même temps, alors… "

 

Angela hocha la tête et expira. " Elle avait vraiment l'air sympa ces quelques minutes où je l'ai vue… et tu ne m'as jamais vraiment raconté comment elle s'est retrouvée mêlée à toute ton histoire. "

 

" C'est une longue histoire ", marmonna Kerry alors que Michael les rattrapait. " Alors… comment ça va à la fac ? "

 

" Une plaie ", répliqua Michael amèrement. " J'ai dû rembarrer mon professeur de statistiques l'autre jour. " Il donna un coup de pied dans une pierre, un comportement bizarrement gamin étant donné son âge. " Ça n'a rien arrangé… il m'a quand même recalé. "

 

Kerry soupira. " Oh, oh… tu as des ennuis ? " Elle lui lança un regard connaisseur. L'école n'avait jamais été le point fort de Michael. En fait, elle n'était pas trop sûre de ce qui était son point fort.

 

" Oui. " Il la regarda d'un air penaud. " En fait, je te dois beaucoup, sœurette… si tu n'avais pas mis la pagaille, j'aurais dû leur dire que j'avais merdé de nouveau ce semestre, et ça ne leur aurait pas plu ", admit-il alors qu'ils approchaient de la voiture de Kerry. " Hé… ce bolide est à toi ? "

 

" Oui… et non, tu ne peux pas conduire. " Kerry déclencha le déverrouillage automatique et ouvrit le coffre pour qu'ils y mettent leurs sacs. " Je tiens à mon bonus, merci. " Elle attendit qu'ils aient posé leurs affaires puis elle referma le hayon et ouvrit les portes. " Vous allez rencontrer mes amis et quelques collègues, ce soir… nous avions prévu une fête, alors… "

 

" Génial. " Michael s'installa galamment sur le siège arrière et laissa à Angela le privilège de s'asseoir à l'avant. " Mais je veux rencontrer cette fameuse Dar.. tu devrais entendre papa quand il en parle. "

 

Kerry démarra et passa la vitesse. " Ne t'en fais… tu vas la rencontrer ", promit-elle, en sortant du parking avec précaution avant de se diriger vers la caisse. " Et Mike… ne tente rien avec elle, OK ? Elle ne joue pas dans la même cour que toi. "

 

Son frère grogna. " Je suis blessé… comme si j'allais entreprendre la chérie de ma sœur… c'est ça ! " Il lui fit un sourire canaille. " Mais je n'y peux rien si les filles me trouvent mignon…. Et qu'est-ce que tu veux dire exactement par 'pas dans la même cour' ? "

 

Kerry ne répondit pas parce qu'elle était occupée à payer le parking et à naviguer pour trouver la bonne autoroute pour sortir de l'aéroport. Ils parlèrent de tout et de rien sur le chemin du retour, et Kerry leur montra plusieurs points de vue alors qu'ils arrivaient sur la chaussée, incluant le port de Miami. " Les paquebots partent d'ici… c'est sacrément beau à voir le dimanche matin. " Elle entra dans le terminal des ferries. " Il faut prendre le bateau pour aller chez Dar. "

 

" Ouaaaahhh… ça c'est de l'intimité ", déclara Michael d'un ton approbateur.

 

Kerry faillit s'installer dans la file des invités puis elle se souvint au dernier moment, et elle dévia pour aller dans l'allée réservée aux résidents, recevant un sourire et un geste de la main du garde de la sécurité.

 

Angela jeta un coup d'œil au panneau puis vers elle. " La file des résidents, hein ? " s'enquit-elle en levant un sourcil. " On dirait qu'ils te connaissent bien ici. "

 

" Salut Carlos. " Kerry salua l'homme de pont. " Joyeux Noël "

 

" Feliz Navidad, Ms Kerry. " L'homme lui fit signe, puis il indiqua sa nouvelle vignette et leva le pouce, tout en traversant le pont pour sécuriser la rampe.

 

Kerry était consciente des regards de son frère et sa sœur, mais elle attendit que le ferry quitte le quai et n'entame le trajet vers le bras de mer avant de les regarder.

 

" Comme ça… tu vis ici aussi ? " demanda Michael avec curiosité.

 

" La plupart du temps, oui ", répliqua Kerry. " C'est très grand chez Dar… il y a cinq chambres… beaucoup d'espace pour respirer. Après Thanksgiving, elle m'a demandé si je voulais y habiter à temps partiel… et j'ai dit oui. " Elle était consciente du silence embarrassé. " Elle a hérité de l'appartement d'une de ses tantes… pas de loyer. Mais nous partageons les autres dépenses. "

 

" Oh… comme des copines de chambre ", répondit Angela lentement. " Ça ne crée pas le bazar au bureau ? "

 

" Pas vraiment ", répliqua Kerry en se penchant en arrière ; elle posa un genou sur le volant. " Nous n'en parlons pas au bureau… et nous faisons simplement notre travail. " Un haussement d'épaules. " Puis nous rentrons à la maison… je passais la plus grande partie de la semaine chez moi, mais ça n'a pas vraiment de sens maintenant. "

 

Un autre silence très embarrassé. " Alors… c'est… on peut dire que c'est vraiment sérieux, n'est-ce pas ? " demanda Michael lentement. " En quelque sorte, toutes les deux… vous vivez ensemble, c'est ça ? "

 

Kerry tourna la tête vers lui. " Oui… ce n'est pas une de tes passades de la semaine, Mike. " Elle sentit sa colère monter un peu. " Ou bien tu pensais que je léchais le cul de ma chef ? " Une pause. " Littéralement. "

 

Elle les avait choqués tous les deux, elle en était sûre, et elle rit à l'expression sur leur visage. " Désolée… c'était plutôt grossier. "

 

Michael se frotta la tête. " Hum… il va nous falloir du temps pour nous y habituer, tu sais… je veux dire, Mon Dieu, Kerry… bien sûr que non, je ne pensais pas que tu t'amusais, ou Dieu sait quoi… c'est que c'est arrivé si vite. "

 

Elle grogna. " Si je me souviens bien, tu as eu six petites amies en quatre mois l'année dernière… alors lâche-moi un peu. " Elle lui lança un regard. " Deux poids, deux mesures, hein ? "

 

" Et bien… non… c'est pas ça ", protesta-t-il. " Je veux dire… c'est moi, Ker… j'ai toujours été inconstant… tout le monde le sait ici… j'avais trois rendez-vous le jour de mon bal de fin d'année, pour l'amour de Dieu. " Il se pencha sur le siège et mit une main sur son épaule. " Mais tu as toujours dit que le jour où tu tomberais amoureuse, ce serait pour de bon, tu te souviens " Un sourire. " Alors… "

 

Kerry le regarda et croisa les bras sur sa poitrine. " C'est pour de bon ", répliqua-t-elle d'un ton neutre.

 

Ils la regardèrent tous les deux. " Vraiment ? " demanda Michael.

 

" Ouaip ", répondit Kerry avec un sourire.

 

Il digéra ça. " Ok… tout ce que je peux dire c'est qu'elle a intérêt à en valoir la peine alors. " Il fit ressortir ses lèvres d'un air pugnace. " Elle a intérêt à être assez bien pour ma sœur. "

 

Kerry réfréna un sourire malicieux et fit monter la voiture alors qu'ils arrivaient à quai. " Tu pourras juger toi-même dans quelques minutes. " Elle dirigea la Mustang sur la rampe, puis dans l'allée avant de tourner à gauche vers l'appartement. Ils ne dirent rien pendant le reste du trajet et pendant qu'elle se garait près de la Lexus de Dar. " Ok… on y est. " Elle ouvrit le hayon et sortit ; elle entendit les portes de l'appartement s'ouvrir alors qu'ils allaient prendre leurs sacs.

 

" Hé ! " La voix de Dar flotta, teintée d'amusement. " Clemente vient juste d'appeler pour demander si tu voulais de la mousse au chocolat noir, ou au lait. "

 

Kerry leva les yeux pour voir sa compagne appuyée sur le balcon de l'escalier, habillée simplement de son short en jean délavé et d'un polo rouge flamboyant. " Ah. " Elle sourit. " Je vais le rappeler. " Elle nota les regards des deux autres. " Tu connais Angela… et voilà mon frère Michael. " Elle lui donna un petit coup. " Mike, voilà Dar. Dis bonjour et arrête de regarder comme un touriste. "

 

" Je suis un touriste ", protesta son frère, puis il amena un sourire éclatant sur son visage. " Salut, Dar… content de te rencontrer. "

 

Un sourcil noir se leva accompagné par le coin de la bouche de Dar. " Contente de te rencontrer aussi ", répliqua-t-elle poliment. " Bonjour, Angela… bienvenue à Miami. "

 

La jeune femme brune rendit la politesse. " Contente de te revoir, Dar. " Elle regarda autour d'elle. " C'est si joli par ici. "

 

" Merci… montez… " Dar leur fit signe d'avancer.

 

Kerry les poussa vers l'escalier jusqu'à l'appartement, en expirant lorsqu'elle sentit la main de Dar sur son dos pour lui prodiguer du confort alors que celle-ci les suivait à l'intérieur. " J'appelle Clemente… vous voulez boire quelque chose ? "

 

Ils jetaient des coups d'œil dans l'appartement. " Ce serait génial ", dit Angela d'un ton ferme. " Prendre l'avion me donne toujours soif. "

 

Kerry disparut dans la cuisine, les laissant tous les trois. Dar s'éclaircit finalement la voix. " Vous voulez vous asseoir ? " demanda -t-elle poliment en montrant le divan. Ah les familles, songea-t-elle, pas facile. " Vous avez fait bon voyage ? "

 

Angela posa son sac et s'assit, lançant un coup d'œil féroce à Michael jusqu'à ce qu'il en fasse autant avec une expression interdite. Il étudiait la peinture accrochée au-dessus du divan avec fascination. " Hum… le vol s'est bien passé, oui… " déclara la jeune femme. " Le mauvais temps a provoqué des congestions dans les aéroports mais nous n'avons pas eu de problème. "

 

Dar allait répondre lorsqu'elle entendit le bruit de verres qu'on remuait dans la cuisine. " Excusez-moi une minute. " Elle leur fit un sourire bref puis s'échappa vers l'endroit où Kerry retirait un verre dépareillé. " Salut. "

 

" Salut. " La jeune blonde posa le verre sur le comptoir et prit un pichet de thé glacé à la pêche dans le réfrigérateur.

 

" Tu vas bien ? " demanda Dar doucement, en se mettant derrière sa compagne pour lui masser les épaules, sentant la tension dans les muscles.

 

Kerry remplit deux verres puis reposa le pichet et soupira. " Ils sont bizarres. " Elle se retourna et leva les yeux vers Dar. " C'est tellement étrange… la moitié du temps j'ai l'impression que je devrais m'excuser auprès d'eux, et l'autre moitié, je suis furieuse parce qu'ils me jugent. "

 

" Et bien. " Dar mâchouilla sa lèvre inférieure. " Je n'ai aucune expérience en matière de frères et sœurs, mais je pense qu'en fait, c'est moi qu'ils jugent, pas toi. " Elle passa affectueusement les mains dans les cheveux de Kerry. " Donne-leur du temps… ils vont se détendre, et si ce n'est pas le cas, je vais les emmener faire un tour et je vais les secouer un peu. "

 

Cela lui valut un rire de sa compagne. " Mon Dieu… ce ne sont que mon frère et ma sœur… j'ai l'impression de débattre pour la première fois dans les championnats nationaux. " Elle prit les verres. " Viens… allons affronter l'inquisition. "

 

***********

 

" J'y vais. " Dar se leva de sa chaise et marcha à grands pas vers la porte, contente de la distraction après deux heures à chercher des sujets de conversation avec la famille de sa compagne. Elle ouvrit la porte et fit un sourire aimable à Colleen. " Bonjour, Colleen. "

 

La rouquine hocha la tête. " Joyeux Noël, Dar… elle est vraiment cool, ton île. "

 

La grande femme rit doucement. " Merci… entre… le frère et la sœur de Kerry sont là… nous faisons justement connaissance. " Elle s'était un peu rapprochée de Colleen les semaines précédentes, pendant les cours qu'elle donnait à la gym.

 

" Oohh… " Colleen masqua une grimace. " La famille… il faut vraiment les aimer… sois contente que ce n'est pas la mienne. " Elle entra et dépassa Dar qui maintint la porte ouverte en voyant arriver le traiteur. " Bonjour, Clemente… joyeux Noël. "

 

" Feliz Navidad, Ms Roberts. " Le responsable en sueur s'essuya le front. " Mon personnel va apporter les tables et les installer, si ça vous va. "

 

" Génial… allez-y. " Dar tendit l'oreille à l'intérieur où le ton riche de la voix de Colleen s'était ajouté à la conversation, et où les choses semblaient s'arranger un peu. Il était curieusement fatigant d'avoir à s'occuper des gens à ce niveau émotionnel, songea-t-elle, en s'asseyant sur la rambarde pour regarder les aides-serveurs et les porteurs en uniforme apporter des tables pliantes et des réchauds à l'intérieur. Il était plus facile de faire face à des adversaires dans un conseil d'administration, parce que ça ne vous touchait pas, pas au plus profond, là où ça compte.

 

Mon Dieu. Elle allait avoir une sacrée fête d'anniversaire, se rendit-elle compte soudain. Et des gens allaient venir. Dar regarda passer un serveur qui portait un magnifique bouquet qui la baigna d'une senteur douce et florale. Elle tendit la main et cueillit un petit bouton de rose qu'elle tourna dans ses doigts, le respirant nonchalamment, avant de se ressaisir et de retourner dans le séjour.

 

Kerry était assise sur la bergère, face au divan où se trouvaient son frère et sa sœur. Colleen avait pris possession de la chaise près d'elle. Dar fit le tour de la bergère et s'installa près de sa compagne, attirant son regard avant de lui tendre la rose.

 

Cela déstabilisa Kerry et elle lança un regard étonné, presque essoufflée en prenant la fleur, l'approchant de son nez par pur réflexe alors que la grande femme se détendait et étirait ses longues jambes pour les croiser aux chevilles. " Merci. " Kerry sourit et oublia ses invités pendant un long moment.

 

Dar lui fit un clin d'œil et retourna son attention vers le trio bouche bée. " Il y a un problème ? " demanda-t-elle, dans sa voix la plus neutre de cadre dirigeant, un sourcil interrogatif dressé.

 

" Euh… " Colleen fouilla à la recherche d'un sujet de conversation.

 

" Tu sais. " Michael croisa les bras sur sa poitrine, et prit le taureau par les cornes. " Sauf dans les films, je n'ai jamais vu un être humain donner une rose à un autre être humain avant ça. " Il pencha la tête vers Dar. " C'est atrocement romantique. "

 

Tout le monde s'immobilisa, attendant la réaction de Dar. Elle les laissa attendre un peu puis sourit paresseusement. " C'est mon père qui me l'a appris ", répliqua-t-elle simplement.

 

" Quoi… à donner des fleurs aux gens ? " demanda Colleen avec curiosité.

 

" A laisser mes gestes s'exprimer plus fort que mes mots ", répondit Dar d'un air désabusé, et elle sentit la glace se briser un peu alors que les sourires fusaient. Kerry se rapprocha d'elle et s'appuya sur son épaule, ramenant ses jambes sous elle, détendue. " Maintenant… quelqu'un peut m'expliquer les bougies dans les petits sacs en papier que j'ai vues la dernière fois que je suis allée au Nord ? "

 

" Et bien… " Michael se frotta les mains. " C'est cette tradition… "

 

Kerry regarda le profil de sa compagne, ressentant une chaude vague d'affection alors qu'elle repensait au sacrifice tranquille de Dar, son abandon d'un peu de sa réserve pour ouvrir la voie à son propre confort. Elle expira doucement, pensant au cadeau qu'elle gardait, là-haut, et qui attendait qu'elle ait assez de courage pour le donner.

 

Peut-être ce soir.

 

Oui.

 

***********

 

Dar s'appuya sur la porte de la baie vitrée, en sirotant un verre d'eggnog épicé et en écoutant Duks raconter une histoire sur ses dernières vacances en Allemagne. La fête battait son plein, et après avoir dépassé le choc initial de tous ces gens dans son appartement habituellement si paisible, elle avait commencé à prendre un peu de bon temps.

 

Kerry était assise sur le divan, Mariana et Mark à côté d'elle, son frère et sa sœur étaient sur la bergère, et tous les cinq discutaient sur la pertinence des émoluments des sportifs. Dar rit doucement lorsque Mark sortit inévitablement son point de vue de 'payez-les n'importe quoi tant qu'ils marquent' et que Mariana insista sur le fait que cet argent serait mieux utilisé pour nourrir les orphelins du Tiers-Monde.

 

Tout le monde avait apporté des cadeaux, et Dar, utilisant des tactiques verbales et un bras puissant, avait insisté pour qu'ils soient mis sous l'arbre et ouverts dans un indéfini 'plus tard'. " Je n'ai pas ouvert de cadeaux d'anniversaire pendant une fête depuis mes cinq ans, bon sang… " dit-elle à Kerry. " Je ne vais pas commencer à trente. "

 

Colleen était assise avec Duks, Ray et Barbara et une Maria intéressée mais plutôt calme. Dar avait été surprise de voir que Kerry l'avait invitée, et encore plus surprise que sa secrétaire ait accepté, mais elle était contente et elle passa un moment à lui faire visiter l'appartement, surtout pour la convaincre que, juré, elle ne vivait pas dans sa Lexus.

 

" Dar ? "

 

" Hmm ? " Elle leva les yeux, étonnée de s'entendre appeler. " Désolée… je réfléchissais. "

 

" Tu es déjà allée aux Pays-Bas, n'est-ce pas ? " demanda Duks. " Dis-leur… est-ce que ce n'est pas vrai que tout est plus détendu en Europe ? "

 

" Et bien… " Dar glissa dans le fauteuil contre lequel elle s'appuyait. " Oui et non… les cultures sont différentes, et ils ont tous des choses sur lesquelles ils sont très stricts… la langue pour les Français, par exemple. Ils détestent les américanismes … et nous avons beaucoup de problèmes avec ça parce beaucoup de termes techniques sont sacrément difficiles à traduire. "

 

" Si… " l'interrompit Maria timidement. " Quand je dois vous commander des choses, c'est dur ", déclara-t-elle. " Je parle espagnol, notre commercial aussi, et tous les trois mots nous utilisons les mots anglais pour 'bus' et 'gigapets' "

 

" Gigabytes ", Ray et Duks la corrigèrent en même temps.

 

Dar hocha la tête. " C'est vrai… et il faut faire attention aux biais culturels… surtout dans les pays asiatiques si vous êtes une femme… je dirais qu'ils sont beaucoup plus détendus avec le sexe en Europe. "

 

Ils se mirent tous à rire et Maria rougit. " Hum… " Dar se mit aussi à rire. " Ce n'est pas ce que je voulais dire… prenez le scandale Clinton. Les Français nous regardent et disent " Vous voulez rire… vous dépensez combien pour ÇA ?.. " Elle attendit que les rires diminuent. " Parce que là-bas, bien entendu, les maîtresses sont payées sur le budget du gouvernement… et tout le monde s'en fiche. Ce qui les intéresse, c'est qu'on fasse bien son travail, alors ils pensent qu'on se prend trop la tête avec les histoires de sexe, et franchement, ils ne comprennent pas vraiment. "

 

" C'est vrai ", approuva Duks. " Et les Américains peuvent être les plus grands conn… " Il tourna les yeux vers Maria. " Ah… vraiment agaçant vu de l'autre côté de l'océan… nous ne nous rendons pas service la plupart du temps et ça fait que les gens voient le pays tout entier d'une certaine façon. "

 

Dar sourit et sirota son eggnog. " Il y a des endroits là-bas où je refuse de parler anglais, lorsque je sors pour le plaisir. "

 

Duks posa une question en allemand d'une voix gutturale et elle y répondit, avec un sourire tolérant. " Pas mal. " Il rit doucement. " Tu as même le bon accent. "

 

Ils se mirent tous à rire.

 

Kerry jeta un coup d'œil et sourit en voyant Dar se reculer dans le siège et prendre nonchalamment une gorgée de son verre. La fête se passait mieux qu'elle ne l'avait prévu, et elle prenait même du bon temps, en s'amusant avec son frère et sa sœur, et en échangeant des histoires d'horreur techno avec Mark. Les traiteurs avaient apporté huit réchauds pleins de choses que Dar aimait, elle le savait, et il y avait aussi un barman poli qui se tenait derrière un mini-bar apporté pour la fête. Tout le monde avait rendu hommage au buffet, il ne restait que le gâteau et elle pourrait dire que c'était une réussite.

 

Un léger coup fut frappé à la porte et elle leva les yeux, pour la voir s'ouvrir, et Jack passa sa tête aux cheveux ras, la repérant. Il sourit et mit une main à l'intérieur, recourbant un doigt dans sa direction avant de le porter à ses lèvres.

 

Kerry lança un coup d'œil vers Dar qui n'avait rien remarqué, et elle se leva, brossant son pantalon avant de contourner la table basse. " Excusez-moi un instant. " Elle traversa l'appartement jusqu'à la porte. " Salut Jack… entre. "

 

" Chut… viens ici… " Il la tira dehors. " J'ai un cadeau… mais si c'est moi qui lui donne, elle va refuser ", murmura-t-il. " Mais si tu le tiens, je suis sûre qu'elle dira oui. "

 

Kerry fronça les sourcils. " Quoi ? ? " Elle étouffa un rire. " Oh, allons Jack… je sais qu'elle aimera ce que… " Elle s'arrêta de parler lorsqu'il montra le cadeau, un chiot couleur crème qui portait un minuscule sweat-shirt bleu marine. " Oh… mon… Dieu… "

 

" Elle est pas mignonne ? " murmura Jack. " Elle a fait tout le chemin sur le siège arrière de l'avion, et elle a été si sage … " Il lui tendit le chiot. " Dis bonjour… "

 

Kerry prit l'animal qui se débattit et renifla ses cheveux, en faisant un petit son de gémissement. " Jack… elle va piquer une crise… tu le sais. " Elle caressa la fourrure douce du chiot et toucha ses oreilles soyeuses " Je ne sais pas si elle va marcher. "

 

" Ecoute… j'ai obtenu un peut-être lorsqu'elle était chez nous… et elle aime vraiment Alabaster. " Il s'interrompit. " C'est la mère du chiot… ce sont des chiens super. "

 

" Oh… je sais… je sais… " Kerry gratta la poitrine du chiot et celle-ci la lécha, ayant trouvé un peu de sauce sur son menton et cherchant avec enthousiasme s'il y en avait un peu plus. " Mais c'est une grande responsabilité et elle n'est pas à la maison la plupart du temps… je ne sais pas si c'est juste. "

 

Jack laissa tomber ses épaules. " Tu aurais dû la voir quand elle jouait avec eux… je sais qu'elle en veut vraiment un… ce sont des compagnons super… tu sais, elle pourrait courir avec Dar le matin… " Il regarda Kerry. " Non, hein ? "

 

Kerry soupira, en fixant les yeux bruns qui semblaient irradier d'amour. " Ce n'est pas à moi de décider. " Elle se souvenait de Suzie qui avait eu ce même regard confiant. " Hé, ma jolie…" murmura-t-elle, en revivant le souvenir de ce dernier matin, lorsqu'elle avait salué sa petite chienne et elle ressentit de nouveau la douleur. Elle ne s'était plus jamais attachée à un animal depuis, pour ce qu'elle estimait être une bonne raison. " Je ne… "

 

La porte s'ouvrit, libérant la lumière sur le porche, et deux yeux bleus acérés capturèrent les siens. " Que diable se passe-t-il ici ? " demanda Dar en regardant Jack alors que Kerry se tournait vers elle. " Qu'est-ce que vous fabriquez tous les deux… " Une pause. " Oh, je vois. " Ses yeux allèrent du chiot vers sa compagne, puis vers le chiot. " Eh bien, qu'est-ce que c'est que ça ? "

 

Jack prit son expression la plus innocente. " Tu as dit que je pouvais l'amener. "

 

" Je quoi ? " Les sourcils de Dar s'envolèrent. " Et j'ai dit ça quand ? "

 

" Quand je t'ai parlé ce matin… je t'ai demandé si je pouvais apporter un cadeau spécial, et tu as dit 'Ouais.' " Jack mit les mains derrière son dos et se balança sur ses talons. " Alors je l'ai fait. "

 

" Hum. " Kerry leva le chiot et essaya de l'empêcher de lui mâchouiller l'oreille. " Je… il m'a appelée… et je, hum… ooh… arrête ça… " Elle leva les yeux vers Dar d'un air suppliant. " Je lui ai dit que ça risquait d'être dur. "

 

" Ah. " Dar les regarda tous les deux. " Je vois… il t'a appelée, a essayé de te mettre de son côté, parce qu'il savait… que si tu me demandais si nous pouvions garder le chiot, je dirais probablement oui. " Elle s'interrompit. " C'est ça ? "

 

Jack étudia ses bottes de vol, puis leva la tête et regarda à travers ses cils blonds. " C'était tout un plan. "

 

" Je vois… et que penses-tu de ce plan, Kerry ? " demanda Dar, avec une douce étincelle dans les yeux.

 

" Oh… et bien… je hum… " Kerry regarda le chiot bâiller et poser sa tête sur son épaule. " Je veux dire que, je lui ai dit que je ne pensais pas que tu marcherais… je veux dire, tu es souvent absente, et un chien, c'est beaucoup de responsabilités, et tout et tout. " Elle caressa la fourrure de l'animal. " Mais elle est vraiment mignonne, hein ? " Le chiot mit son museau contre elle. " Peut-être que je pourrais… hum… " Elle laissa traîner la pensée. " Trouver un endroit… ou… peut-être que je pourrais… hum… " Une petite langue lui lécha la joue. " Ooohhh… euh…. "

 

Le chiot tourna la tête et la regarda. Kerry la regarda. Jack la regarda.

 

Dar éclata de rire. " Et bien, pour être honnête, tu viens de me battre sur ce coup-là, Jack ", informa-t-elle son ami pilote. " J'étais justement en train d'essayer de trouver un chiot… " Ses yeux allèrent vers Kerry, surprise. " Un cocker… en fait… mais je suppose qu'un Labrador fera l'affaire. " Elle jeta un coup d'œil à Jack et cligna de l'œil.

 

Il cligna à son tour.

 

La mâchoire de Kerry tomba en voyant le sourire malicieux sur le visage de Dar. " Attends… tu veux dire qu'il est pour moi ? J'ai été blousée, n'est-ce pas ? " demanda-t-elle légèrement. " Fils de… " Elle se tourna vers Jack. " Tu… "

 

Il rit doucement. " Joyeux Noël, Kerry. " Son visage se plissa en un sourire. " Quand Alabaster a appris ce qui t'était arrivé quand tu étais petite… elle a insisté pour t'envoyer personnellement un cadeau. "

 

Kerry dut réfléchir une minute. Son cœur battait si vite qu'elle pouvait à peine distinguer les battements. C'était plus qu'un chiot. C'était un engagement, de la part de Dar, envers elle. Envers elles deux. Kerry inspira profondément et leva les yeux vers sa compagne. " Je présume… qu'avec deux personnes… peut-être que ce ne sera pas si mal. " Elle serra un peu le chiot et il lécha son cou. " Oh… ça chatouille. " Ses yeux allèrent vers Dar. " Merci. "

 

Dar avait l'air excessivement contente d'elle-même. " De rien. " Elle tourna la tête. " Jack… tu as faim ? Nous avons assez de bouffe pour nourrir la moitié de Miami. " Elle ouvrit la porte et s'écarta pour le laisser entrer. " Vas-y… il y a un bar au fond… tu peux rester jusqu'à demain, n'est-ce pas ? "

 

Jack l'étreignit. " Ouaip… autrement il faudrait que je me contente d'un club soda et ce serait un vrai gâchis pour ta fête d'anniversaire. " Il la dépassa, les laissant seules sur le porche.

 

Dar laissa la porte se refermer derrière lui et s'appuya sur la rambarde, inspirant l'air frais avant de le relâcher. " Tu as choisi un nom ? "

 

Kerry s'avança et se percha près d'elle. " Mon cerveau n'arrête pas de tourner… tu veux rire ? Dar… " Elle caressa le chiot. " Je ne sais pas quoi dire… je n'ai jamais pensé que tu… pourrais même imaginer laisser quelque chose causer autant de problème dans ta vie de tous les jours. "

 

Dar gratta le menton du chiot puis croisa les bras sur sa poitrine et se pencha en arrière. " Il y a longtemps que je veux un chien ", répondit-elle tranquillement. " Ma mère était allergique aux poils et nous n'en avons jamais eu quand j'étais enfant… mais quand je suis allée à la fac, j'ai trouvé ce clébard et je l'ai adopté. Il me suivait partout… il m'attendait devant la porte de la classe… j'étais son univers. "

 

Kerry attendit.

 

" Le jour après mon diplôme, il a été renversé par une voiture. " La voix de Dar était régulière et presque résignée. " J'ai passé la journée chez le vétérinaire, mais à la fin, il n'y avait plus rien à faire… je l'ai simplement tenu pendant qu'ils le piquaient. " Elle secoua la tête. " C'est incroyable comme on peut s'attacher à un animal… c'était comme si je perdais un frère ou une sœur. "

 

" Dar… " La voix de Kerry contenait de la douleur.

 

" Mon père disait que c'est parce que les animaux vous donnent quelque chose que les humains ne donnent jamais… leur amour inconditionnel ", conclut la femme brune calmement. " Ils se fichent que vous soyez riche, ou de qui sont vos parents, ou de ce que vous faites comme boulot… ça leur est égal. " Elle leva les yeux vers Kerry. " Il n'y aura pas de problème, Kerry… nous allons trouver un moyen pour que ça marche… le plus gros problème sera de trouver quelqu'un pour aspirer tous les petits poils de Labrador… ou alors nous allons finir par porter beaucoup de tweed au travail. "

 

" Hm. " Kerry regarda le chiot qui bâilla et lui lécha de nouveau le visage. " J'aime le tweed. "

 

" J'ai horreur de ça ", répliqua Dar joyeusement. " Viens… allons présenter notre nouvelle amie à la foule. " Elle ouvrit la porte d'une main et entoura les épaules de Kerry de son bras. " Comment allons-nous l'appeler ? "

 

" Il faut me donner un peu de temps pour y réfléchir, Dar ", lui dit la jeune blonde alors qu'elles entraient dans l'appartement. " Attends… elle une couleur si crémeuse… que penses-tu de Cappuccino ? "

 

Dar rit. " Alors ce sera Cappuccino… hé… " Elle éleva la voix. " Venez voir le cadeau de Noël de Kerry… Cappuccino. "

 

" Oh… Calinde… " Maria vint rapidement vers elles en roucoulant vers le chiot, qui se réveilla et regarda tout autour très alarmé à la vue de la soudaine mer de visages.

 

Dar fit un pas en arrière, pour capturer une mini-brochette d'un des réchauds et la mordiller en regardant tout le monde s'agiter autour de sa compagne et du chiot. Kerry commençait à s'animer sérieusement et elle s'assit rapidement sur le parquet et laissa le chiot courir, riant de ses singeries. L'animal décida que son lacet était une proie adéquate et tira dessus, en grognant et en tâtonnant sur la surface lisse.

 

" Je pense pouvoir dire à Alabaster que sa fille a trouvé un bon foyer ", commenta Jack en mettant son assiette pleine sur une main pour l'attaquer à grands coups de fourchette avec l'autre. " Elle va être diablement heureuse. "

 

" Oui. " Dar attrapa une crevette à la noix de coco et la mordit en deux. " Merci, Jack… je te suis encore redevable. " Elle regarda son ami avec une calme gratitude.

 

" Pas de problème. " L'aviateur sourit. " Je me suis trouvé une bonne assiette de bouffe, un divan plus que confortable pour la nuit, la compagnie de deux femmes adorables, et un sacré bon foyer pour un des chiots d'Alabaster. On ne peut pas demander mieux. "

 

Dar regarda le chiot se précipiter sur le poing de Duks, qui cognait sur le parquet. " Comment ça se passe pour toi autrement ? "

 

Il eut un mouvement d'épaule. " J'aurais besoin de conseils demain, si tu as quelques minutes. "

 

" Pas de problème. " Dar tapota son bras, puis se remit à regarder son plus beau cadeau d'anniversaire.

 

**********

 

" Ferme la porte. "

 

Kerry jeta un dernier coup d'œil rapide à l'appartement maintenant calme et presque obscur. Jack était blotti sur le divan, et elle avait installé Angela et Michael à l'étage, sa sœur dans sa chambre et son frère dans la pièce située de l'autre côté de son nouveau bureau. Elle ferma la porte de la chambre de Dar puis se retourna et regarda sa compagne, étendue sur le lit à eau, les yeux fermés.

 

" Pfui. " Kerry bâilla en se frottant les yeux. " Je ne peux pas croire qu'il est trois heures du matin… je n'ai pas autant parlé depuis les finales de rhétorique à la fac. "

 

" Mm. " Dar hocha la tête. " Mais c'était sympa… une bonne fête. "

 

Kerry s'installa sur le bord du lit. " Oui ? Tu t'es amusée ? "

 

Un œil bleu s'ouvrit lentement. " Oui, je me suis amusée. " Dar avait l'air légèrement surprise. " Je pense que c'est le cas pour tout le monde… et la photo que tu as prise de Duks s'endormant sur la chaise avec ce chiot est le meilleur argument de chantage que j'ai pu voir depuis des années ", remarqua-t-elle en tirant les bras au-dessus de sa tête pour s'étirer. " Un dessert à mourir . "

 

Les yeux de la jeune blonde s'éclairèrent… elle l'avait personnellement créé, un gâteau avec une couche de mousse au chocolat noir et une autre de gâteau au fromage blanc avec des pépites de chocolat, séparées par une couche de cookies Oreo pilés, et couvertes de morceaux de chocolat au lait croquant. " Ça tu dois le savoir… tu en as pris quatre fois ", taquina-t-elle. " Et je t'en ai gardé au frigo. "

 

Les yeux de Dar brillèrent. " Vraiment ? " Elle commença à se lever mais Kerry l'attrapa par l'épaule et l'arrêta.

 

" Tu vas avoir mal à l'estomac, Dar… allons. " Elle rit. " Et tu vas réveiller Jack et le chiot. "

 

La femme brune se rallongea. " Oui… tu as raison. " Elle l'admit à contrecœur. " Ça attendra le petit déjeuner. "

 

" Beurk. " Kerry se couvrit les yeux et tressaillit.

 

" Quoi ?… je prendrai du jus d'orange avec si ça peut te faire plaisir. " Dar la taquina puis lui tapota la jambe. " Je blague… nous en mangerons demain soir quand tout le monde sera parti. " Elle fléchit. " Est-ce que tu as tapé la recette pour tout le monde ? Je pense que Maria veut mettre ça dans le journal de la compagnie. " Dar s'interrompit. " Mais j'espère qu'elle l'appellera autrement que mon gâteau d'anniversaire. ".

 

Kerry se mit à rire puis se glissa dans le lit à eau, posant sa tête sur l'estomac de Dar en levant les yeux vers le plafond. " Je pense que mon frère a le béguin pour toi. "

 

" Ah… c'est pour ça qu'il bafouillait ", dit la cadre d'un air songeur. " C'est une habitude chez lui ? "

 

" Oh oui. " La jeune blonde grogna. " Ne le prends pas mal, mais il devient gaga à chaque fois qu'il voit une jolie femme… " Elle tourna la tête et leva les yeux vers Dar. " Et tu en fais définitivement partie. "

 

Les yeux bleus se réchauffèrent alors que Dar lui souriait. " Il est plutôt gentil… et ta sœur et moi, nous avons réussi à avoir une conversation sympa sur les environs de Miami… elle est drôle. "

 

" Mm… elle t'aime bien. " Kerry s'en trouvait un peu surprise. " Je n'étais pas sûre que… Angie a tendance à être plutôt conservatrice. "

 

Dar roula la tête d'un côté. " Mais tu as dit qu'elle était au courant pour toi… pas vrai ? "

 

" J'ai dit conservatrice… pas aveugle ni stupide ", répliqua la jeune femme d'un ton désabusé. " Beaucoup de gens font cette erreur… ce n'est pas parce que quelqu'un ne veut pas voir quel chose qu'il ne peut pas la voir. "

 

" Ah. " Dar baissa une main et massa doucement le ventre de Kerry, qui fit monter un murmure d'aise. " Merci pour la fête. "

 

Un œil vert se tourna vers le haut et la fixa. " Est-ce que ça veut dire que je peux recommencer ? " demanda Kerry.

 

" Aussi souvent que tu veux ", l'assura la femme brune.

 

Kerry roula sur le côté pour pouvoir regarder Dar. " Ça fait beaucoup de fêtes d'anniversaire. "

 

Cela lui valut un sourire content de sa compagne.

 

Elles se regardèrent dans un silence paisible pendant une ou deux minutes. " Je pense que Maria sait pour nous ", dit finalement Kerry, surprise lorsque Dar commença à rire.

 

" Maria a su pour nous avant moi ", admit la grande femme. " J'aurais dû m'en douter quand elle m'a demandé si je voulais un ou deux billets pour Thanksgiving, et si elle devait nous mettre dans des chambres séparées à Disneyland. "

 

" Vraiment ? " Kerry s'assit presque de surprise. " Elle a fait ça ? Pas étonnant qu'elle ait marché avec moi pour… euh… "

 

Un rire profond et sensuel. " Pour que nous descendions dans le parc ? " Les yeux de Dar étincelèrent malicieusement. " Allons, Kerry… je me suis au moins rendue compte de ça. " Elle donna un petit coup à la jeune femme.

 

Kerry rougit. " Je voulais juste que tu te détendes un peu. " Elle se plaint faiblement. " Si tu t'en es rendue compte, pourquoi as-tu marché ? " Elle leva les yeux vers Dar. " Tu aurais pu tout arrêter. "

 

Les doux yeux bleus la regardèrent. " Je sais. Mais je ne le voulais pas. "

 

" Oh ", murmura Kerry. " Tant mieux. " Elle sourit à Dar. " Parce que j'aime beaucoup où ça nous a menées. "

 

" Ah oui, hein ? " La femme brune traça paresseusement le visage de Kerry de son doigt. " Tu sais que tu es la meilleure chose qui me soit arrivée, n'est-ce pas ? "

 

Kerry prit lentement une inspiration et la laissa passer, ressentant l'intensité soudaine, presque vibrante entre elles. " Pareil pour moi. " Elle laissa les mots couler. " Je ne te connais que depuis deux moi… mais si c'était légal, je te demanderais de m'épouser. "

 

Dar cessa de respirer pendant un long moment, une expression muette de ravissement sur le visage. " Tu ferais ça ? "

 

" Oui. " Kerry posa la tête sur la chaude surface et expira. " Bien sûr que je le ferais. "

 

" Je dirais oui. " Un sourire franc apparut alors que Dar emmêlait ses doigts dans les cheveux blonds étalés sur sa poitrine.

 

" Vraiment ? " Kerry sentit un tressautement joyeux.

 

" Oui, sûr que je le ferais ", l'assura la femme brune. " Ce sera légal un jour, tu sais. " Elle sentit une idée commencer à fleurir et elle la mit de côté pour y penser plus longuement plus tard.

 

" Je sais… c'est juste une question de temps ", répondit sa compagne doucement. " Et nous avons tout le temps. " Elle enroula ses doigts autour de ceux de Dar et leva sa main, pressant ses lèvres sur le dos avant de la poser contre son cœur.

 

Je ne me serais jamais attendue à vivre un conte de fées. Dar cligna lentement des yeux. C'est exactement ce que c'est… personne ne dit ça dans la réalité, n'est-ce pas ? Mais elle pouvait sentir le battement du cœur de Kerry sous sa main, solide et suffisamment réel. Elle leva son autre bras et caressa le visage de la jeune femme, regardant les yeux de Kerry ciller contre la pression à l'unisson avec le sursaut perceptible de son cœur. Un simple contact… Dar s'émerveilla. C'est comme si nous faisions partie l'une de l'autre. Elle trouva cette pensée très attrayante et un sourire chaud et spéculatif apparut sur son visage. " Tu crois au destin ? "

 

Les yeux vert océan s'ouvrirent et la regardèrent. " Que veux-tu dire ? "

 

Dar hésita. " Comme si… certaines choses étaient destinées à se produire… certaines personnes étaient destinées à se rencontrer, ce genre de choses ? "

 

Kerry bougea un peu sa mâchoire en réfléchissant. " Je ne sais pas ", répondit-elle doucement. " Je déteste penser que nous n'avons pas le choix de notre vie… que les choses arrivent et que nous n'avons aucun contrôle sur elles. " Elle s'interrompit un long moment. " Mais je suis plutôt vieux-jeu… et j'aimerais penser que Dieu a prévu pour chacun de nous… quelque part, une… hum… moitié … quelqu'un qui nous complète, et fait de nous un être entier. " Elle réfléchit à ses mots avec précaution. " Je pense que la plupart des gens ne trouvent jamais cette personne… mais parfois… si on a de la chance, ou bien… et bien, si c'est prévu, maintenant que j'y pense, alors on le rencontre. "

 

" C'est une théorie intéressante ", dit Dar d'un air songeur. " Mon père disait quelque chose comma ça… quand il essayait d'expliquer comment ma mère et lui s'étaient retrouvés ensemble. "

 

" Vraiment ? "

 

" Oui… vraiment ", répondit Dar d'une voix pensive.

 

" Tu penses qu'il avait raison ? " Kerry se tortilla vers la tête de Dar et se posa sur ses coudes, la surface douce du lit bougeant sous elle.

 

Elles se regardèrent. " Je commence à le penser ", répondit la femme brune d'un ton égal. " Qu'en penses-tu ? "

 

Kerry sentit une vague de profond soulagement la traverser, et elle laissa retomber sa tête, respirant l'odeur de lin propre du couvre-lit. " Je pense que je fais partie des rares veinards. " Elle leva les yeux et rencontra des yeux bleus rieurs. " Je crois que je me trouvais au bon endroit au bon moment. "

 

Dar lui ébouriffa les cheveux avec affection. " Même si ça n'en avait pas l'air ", remarqua-t-elle d'un ton désabusé.

 

" Oui. " Kerry s'avança un peu et l'embrassa. " Je pense qu'on ferait mieux de se déshabiller. "

 

" Oh… bien sûr ", répliqua Dar d'un air aimable, en glissant les mains sur les hanches de Kerry et dégrafant la ceinture de cuir autour de sa taille. " Pas de problème. "

 

" Euh… ce n'est pas ce que j'avais en tête mais… " Kerry déboutonna le premier bouton de la chemise en coton de Dar avec les dents. " Mais je pense que ça ira. " Elle sentit la fraîcheur de l'air conditionné sur sa peau lorsque Dar lui enleva son pantalon et que son toucher familier fit des cercles sur ses cuisses avant de remonter pour commencer à déboutonner sa chemise.

 

" Mm. " Elle avait ouvert le chemisier de Dar et la grande femme bougea un peu son corps, laissant le tissu glisser par-dessus ses épaules bronzées. Kerry posa ses mains à plat sur les muscles abdominaux tendus, s'appuyant légèrement dessus alors qu'elle mettait le nez dans le cou nu de Dar, puis se laissa descendre tout contre la grande femme, laissant leurs corps se toucher et glisser l'un contre l'autre.

 

L'air frais touchait maintenant son dos et elle bougea un peu pour enlever sa chemise, et une ligne de chaleur suivit les mains de Dar sur sa peau, glissant sur ses clavicules, le long de son corps, puis s'agrippant doucement à ses hanches alors qu'elles bougeaient, roulant et s'emmêlant, la longue journée oubliée, la fatigue diminuant face au mordillement insistant le long de son cou qui plongea sur sa clavicule et au-delà.

 

Kerry décida que c'était une fin parfaite d'une journée parfaite .

 

***********

 

Le problème de se réveiller avant le lever du soleil pendant la semaine, songea Dar, c'était que vous ne pouviez pas dormir plus longtemps le week-end non plus. Elle se sentit entrer dans l'éveil au moment où l'aube colorait la fenêtre de sa chambre, envoyant des perles de lumière grise sur le lit et faisant apparaître des ombres bleues sur la couette qui les recouvrait.

 

Kerry était profondément endormie, le dos blotti contre la poitrine de Dar, les bras de cette dernière enroulés autour d'elle, et Dar savait, que si on la laissait faire, la jeune blonde dormirait bien plus longtemps qu'elle. Elle soupçonnait les autres invités de ne pas se lever avec le soleil non plus, alors il lui restait à trouver quelque chose à faire.

 

Elle pouvait juste fermer les yeux et se rendormir, bien sûr. Ou bien se lever et se glisser dans son bureau pour se mettre à jour de son courrier. Mais Dar savait que ses chances de sommeiller étaient plutôt minces et elle ne se sentait pas vraiment l'envie d'éplucher une liste de messages sans fin. Mais elle regarda vers la fenêtre, et aller courir n'était pas une mauvaise idée… la matinée avait l'air agréable, et son rituel matinal lui permettait en général de mettre ses idées au clair. Dar se glissa avec précaution hors du lit, tirant les couvertures sur le corps chaud de Kerry, et elle marcha à petits pas vers la commode, pour en sortir un short de sport et un T-shirt court qu'elle enfila. Puis elle alla dans la salle de bains et ferma la porte ; elle fit couler un petit filet d'eau dans le lavabo en se brossant les dents et elle passa un peigne dans ses cheveux, en jetant un bref coup d'œil à son reflet dans le miroir.

 

Qui lui renvoya son image, et elle pencha la tête, notant que les ombres sous ses yeux et les lignes de tension qui avaient caractérisé son visage pendant si longtemps semblaient avoir mystérieusement disparu. Elle se sourit et ne reconnut presque pas la personne qui la regardait.

 

Bon. Elle finit de se laver et éteignit avant de sortir et d'avancer doucement dans la chambre à peine éclairée, s'avançant dans la partie obscure de l'appartement, avant de s'arrêter pour enfiler ses chaussures de course. Elle réussit à passer la porte principale sans réveiller personne, et elle s'arrêta sur le porche, inspirant profondément une bouffée de l'air humide du matin.

 

La matinée était agréable, avec juste quelques nuages ténus et bas à l'horizon, qui donnaient des couleurs roses et corail à l'aube naissante au-dessus du gris mouvant de l'eau. La température était fraîche, à vingt degrés, et Dar se mit à sourire avec un contentement purement animal en descendant le chemin en direction de l'eau.

 

Le bruit de ses pas sur le béton s'élevait légèrement au-dessus du doux murmure de l'eau, et le léger cri solitaire des mouettes qui volaient au-dessus de sa tête, et elle augmenta lentement sa course, donnant une chance à ses muscles de s'échauffer. Lorsqu'elle dépassa la marina, elle fit signe aux dockers qui la saluèrent en retour alors qu'ils s'affairaient à leurs tâches matinales pour laver les bateaux et nettoyer les docks.

 

Bon sang. Dar s'installa dans un rythme facile, sentant un certain bondissement dans sa course qu'elle n'avait plus eu depuis un moment. C'est génial. Elle n'était pas sûre que ça venait des récents changements dans sa vie, ou de l'intérêt renouvelé pour les séances avec Ken, mais c'était comme si elle avait gagné quelques années ces derniers temps.

 

Six tours et elle ne les sentait même pas, ce qui provoqua un sourire satisfait, et elle fit quelques tours en plus, ne s'arrêtant que lorsque le soleil chauffa l'air avec éclat, et qu'une mince pellicule de sueur couvrit sa peau.

 

Elle s'arrêta sur la digue et fixa l'Atlantique, la lumière du jour transformait les vagues grises en rides vertes et bleues alors que le vent du nord-ouest soufflait dans son dos, séchant la sueur et rafraîchissant sa peau. Elle s'assit avec un soupir d'aise, frappant ses talons contre le béton, et sentant la bruine errante des vagues lorsqu'ils frappèrent le muret. Le léger murmure de pneus derrière elle la fit se retourner, et elle sourit lorsque Carlos apparut dans la voiturette du Beach Club et en sauta. " Bonjour. " Elle salua le serveur.

 

" Bonjour, Ms Roberts… je ne vous ai pas vue régulièrement ces derniers temps. " Il sourit d'un air plaisant. " Comme d'habitude ? "

 

Dar réfléchit. " Oui… " Elle fit une pause. " Et un verre de jus d'orange, si vous voulez bien ", dit-elle avec un sourire malicieux sur les lèvres.

 

" De la Valencia ou de la Navel ? " demanda Carlos sans rien rater.

 

" De la Valencia… avec de la pulpe s'il y en a ", répliqua Dar, qui développait un certain goût pour ça avec l'aide pas très subtile de Kerry. Elle avait aussi réussi à amener Dar à consommer des choses un peu plus saines, et elle appréciait maintenant les fruits secs et les noix un peu plus qu'elle ne s'y serait attendue. Les pommes aussi semblaient vouloir faire une apparition dans l'appartement. " Et je vais probablement amener quatre ou cinq personnes pour le petit déjeuner d'ici une heure. "

 

" Très bien. " Carlos retourna dans sa voiturette et relâcha le frein. " Je reviens tout de suite. "

 

Dar retourna son regard vers l'horizon et s'appuya en arrière, étirant ses jambes pour tendre les muscles de ses cuisses tout en bâillant, puis elle tourna la tête lorsqu'elle entendit un bruit de pas approchant. " Hé… bonjour Jack. "

 

Le pilote la rejoignit sur la digue en petite foulée ; il portait un pantalon de survêtement en coton bleu nuit et un haut avec marqué Navy en lettres dorées. " Et un bon jour à toi aussi. " Il se passa la main dans ses cheveux extra courts et regarda la mer. " J'ai un peu joué avec Cappuccino… je te préviens, le matin c'est l'heure de jouer pour les chiots. "

 

Dar sourit. " Merci… j'allais aller la voir en rentrant… je n'avais pas prévu de sortir aussi longtemps. " Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule lorsque Carlos revint, apportant son jus d'orange et du café, ainsi qu'une thermos et un panier qu'il posa. " J'ai apporté une tasse pour le monsieur ", expliqua le serveur d'un air courtois. " Et un panier de nos pâtisseries encore chaudes. "

 

Dar rit doucement. " Merci, pour les deux. " Elle signa le reçu et le regarda partir, puis elle fouilla le panier. " Tiens… essaie ça… ils sont bons. "

 

Ce que fit Jack, mordant dans le gâteau couvert de miel et de noix. " Mm… c'est bon. " Il mâcha et se versa du café. " C'est agréable par ici. "

 

La femme brune hocha la tête. " Il m'a fallu du temps pour m'y faire ", admit-elle. " J'étais habituée à une vie de Spartiate… tu sais à quoi ça ressemblait, chez moi, avant. " Elle fit un sourire malicieux vers Jack. Une chaise, une table, et un futon pour la nuit. Le summum de la simplicité.

 

" Oh oui. " Jack rit. " On peut dire que c'est différent… franchement, j'avais du mal à t'imaginer ici. "

 

Un haussement d'épaules. " Ça été dur au début… mais je m'y suis faite ", répondit Dar. " Je crois que j'ai développé une accoutumance à la vie douce et facile ", lui dit-elle avec un soupçon de regret. " Et cet endroit a ses avantages… l'intimité, la sécurité… un chouette endroit pour courir… tu vois. "

 

" Ça c'est sûr. " Il mordit dans un autre gâteau, pendant qu'elle sirotait son jus d'orange, mâchouillant pensivement la pulpe. " Sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, tu as l'air plutôt heureux, Dar…bien plus que tu ne l'as été depuis longtemps. "

 

Les yeux bleus fixèrent l'eau pendant un moment, puis elle se tourna vers lui. " C'est plutôt bien vu ", dit-elle lentement.

 

" Kerry est un vrai chou ", continua Jack. " Comment va-t-elle après toute cette histoire ? "

 

Dar expira et posa les mains sur ses genoux. " C'est dur ", admit-elle. " Mais elle s'y fait… j'étais contente que son frère et sa sœur viennent, parce que je pense qu'elle souffrait beaucoup de ne pas voir sa famille pendant les fêtes. "

 

" Mmm. " Jack approuva. " C'est dur. "

 

" Oui ", déclara Dar calmement, en baissant les yeux. " Alors, et toi ? " Elle changea poliment de sujet. " Tu as dit que tu voulais un conseil ? "

 

Jack garda le silence pendant un moment, ramenant un genou pour l'entourer de ses bras. " Robbie… son service se termine bientôt. " Le pilote s'interrompit. " Il a décidé d'arrêter… son oncle est gestionnaire de projet chez Gumman, et on lui a offert un poste . "

 

Dar se contenta d'écouter.

 

" Il a obtenu qu'on me fasse aussi une proposition… il veut que je quitte l'armée, et… " Jack hésita. " Il veut que j'aille vivre avec lui. "

 

La femme brune réfléchit à l'affaire. " Je pensais que tu étais militaire de carrière . "

 

Il regarda ses mains. " Je le pensais aussi… tu sais que j'aime l'armée, Dar… aussi idiot que ça paraisse, j'aime le règlement, la camaraderie… j'aime aller au hangar voir mon avion qui m'attend… j'aime même les moments effrayants, les atterrissages de nuit, et les vols sous le feu… "

 

" Mais ? "

 

" Mais. " Jack soupira. " Peu importe que je sois un bon pilote, peu importe que je sois un bon soldat… peu importe les médailles, où le doré de mes 'ailes'… si je leur avoue mes sentiments pour Robbie, ils vont me jeter comme les ordures de la veille. " Il regarda l'horizon. " Ils me forcent à choisir. "

 

Dar prit une gorgée de son café. " Tu n'es pas obligé de leur dire ", proposa-t-elle tranquillement. " Beaucoup de gens ne le font pas. "

 

Il hocha lentement la tête. " Je sais… mais Robbie veut partir et je… "

 

" Jack… ça va peut-être te paraître très froid venant de moi. " Dar inspira calmement. " Mais il faut que tu interroges ton cœur, et que tu décides ce qui est le mieux pour toi, pas pour lui. " Elle réfléchit une minute. " C'est un ingénieur… est-ce qu'il va faire de la R&D (recherche et développement) ? "

 

Jack hocha la tête.

 

" Et le poste qu'on t'offre… c'est la même chose ? "

 

Un autre signe de tête.

 

" Et ça te rendrait heureux ? " demanda doucement la cadre.

 

Jack fixa ses genoux. " Je suis pilote. " C'était une constatation tranquille et triste. " Je pouvais faire de la R&D, mais… " Il leva les yeux vers Dar. " Il faudrait que j'abandonne quelque chose que j'aime vraiment beaucoup. " Une pause. " Que ferais-tu, Dar ? Tu lâcherais ton boulot pour Kerry ? Tu partirais faire autre chose… quelque chose dont tu te fichais pas mal … si elle te le demandait ? "

 

Dar y réfléchit pendant un moment en regardant une mouette plonger et naviguer au milieu des vagues, cherchant sa nourriture. Elle finit par expirer et tourna la tête vers lui. " Oui ", répondit-elle brièvement. " Mais… Jack, c'est la première personne dont je peux dire ça… autrement, ma réponse aurait été non. " Elle s'éclaircit la voix. " Je pense que ça dépend de l'intensité avec laquelle tu aimes Robbie… assez pour abandonner quelque chose qui te tient à cœur. " Elle le regarda. " Est-ce le cas ? "

 

Jack tourna son regard au loin pendant un long moment, alors que Dar sirotait son café et mâchait un gâteau roulé à la noix de pécan. A la fin, il baissa sa tête blonde. " Non ", admit-il lourdement. " Je l'aime bien, nous nous amusons bien, c'est mon meilleur ami… mais… non. "

 

Dar mit un bras autour de ses épaules musclées. " Tu m'as demandé un conseil… il vaut ce qu'il vaut mais je pense que tu devrais rester où tu es jusqu'à ce que tu rencontres quelqu'un que tu aimeras plus que ton avion. "

 

Il eut l'air curieusement soulagé. " Comment le saurais-je ? "

 

Dar sourit tranquillement. " Tu le sauras. " Elle lui fit un sourire désabusé. " Crois-moi, tu le sauras. " Elle resta sans rien dire un moment puis leva les yeux vers le ciel. " Tout le monde doit être levé maintenant… allons les chercher pour le petit déjeuner. " Elle se leva et lui tendit une main qu'il prit.

 

" Ça me va. " Il brossa son pantalon et mit les mains sur ses hanches, l'étudiant. " Je peux faire une remarque , complètement sexiste et très machiste ? "

 

Dar fronça les sourcils. " Bien sûr… je ne suis pas ton supérieur . "

 

" Pour quelqu'un qui vit dans tout ce luxe, t'es vraiment canon . " Jack secoua la tête et claqua la langue. " Bon sang, Dar… où est-ce que tu trouves le temps pour rester aussi sexy ? "

 

Etonnée, elle se regarda puis cligna des yeux. " Hum… c'est juste une habitude, je pense ", répondit-elle. " Difficile à changer … tu sais comme c'est. " Elle lui fit signe de commencer à marcher.

 

Le soleil de l'après-midi entrait doucement dans l'appartement alors que le calme descendait. Dar lança une jambe sur le bras du fauteuil dans lequel elle était affalée et s'appuya au fond lorsque Kerry entra, portant leur nouveau chiot. " Tout le monde est parti chez lui sain et sauf… finalement ", remarqua-t-elle alors que la jeune blonde s'installait sur le bras du fauteuil, laissant Cappuccino mâchouiller ses doigts.

 

" Finalement ", approuva Kerry. " Je pensais que mon frère ne la fermerait jamais… il fallait vraiment que tu arrives ce matin pratiquement en sous-vêtements ? "

 

Dar lui lança un regard. " Ce ne sont pas des sous-vêtements… c'est avec ça que je cours ", objecta-t-elle. " Nous sommes à Miami, tu te souviens ? Courir en survêtement équivaut à vouloir une crise cardiaque. " Elle laissa sa tête reposer sur le dossier de la chaise. " Bon sang… j'ai seize pages de courrier à lire avant demain matin. "

 

" Ne me dis rien. " Kerry soupira. " J'ai un rapport de situation sur deux comptes à préparer pour la réunion de 9 heures, et je n'ai pas encore commencé. " Elle serra le chiot plus près. " Je pense qu'on ferait mieux de commencer… nous avons une tonne de restes pour le dîner, à moins que ça ne t'ennuie vraiment. "

 

" Nan… ça me va . " Dar leva une main et la cuisse nue de Kerry de ses phalanges. La jeune blonde portait un short en jean court et un T-shirt, et Dar pouvait sentir les réminiscences de la lotion solaire sur sa peau. " Je n'ai vraiment pas envie de regarder ce maudit courrier ", admit-elle enfin.

 

" Mm… et bien, je n'ai pas très envie de faire ces rapports, alors je pense qu'on est à égalité ", lui dit Kerry. " Nous pourrions faire comme tout le monde, et faire notre travail pendant nos heures supposées de travail. ", dit-elle d'un ton raisonnable. " En fait, je ne peux pas croire que nous n'ayons pas eu un problème important ce week-end… c'est une première. "

 

" Chut… " l'implora Dar. " S'il te plaît… je n'ai pas envie de crier sur quelqu'un ce soir. " Elle chatouilla le chiot endormi. " Hé, fifille. " Un sourire apparut. " Elle est vraiment mignonne, hein ? "

 

" Oui… " Kerry sourit. " Elle défendait férocement la cuisine contre le balai tout à l'heure. " Elle rit doucement. " Tiens… on pourrait jouer avec elle pendant un petit moment, dînons, et puis peut-être que nous serons d'humeur à travailler. "

 

" D'accord. " Dar approuva rapidement en bougeant. " Tiens… pose-toi ici. " Elle retira un coussin du fauteuil et tira sur Kerry, souriant lorsque la jeune blonde atterrit à moitié dans le siège, à moitié affalée sur Dar, et que le chiot tomba sur ses genoux. Cappuccino secoua la tête, bougea ses petites oreilles, et bâilla, passant une langue minuscule et très rose en forme de U. Elle grimpa sur la poitrine de Dar et posa ses pattes sur ses épaules, mâchouillant son menton avec enthousiasme.

 

" Tiens… " Kerry tendit une chaussette qu'elle prit à pleine gueule, tirant dessus en poussant des petits grognements de chiot. " C'est ça… brave fille… nous allons t'entraîner à apporter les chaussettes de Maman Dar le matin. "

 

Maman Dar ? Un sursaut du cerveau à cette absurdité. " Euh… ça va probablement l'entraîner à les ENLEVER, Kerry ", objecta Dar.

 

" Bon, c'est pas mal non plus. " La jeune blonde lui sourit, puis gloussa lorsque Cappuccino transféra laborieusement ses dents vers la chemise de Dar, qui s'ouvrit quand elle tira sur un bouton. " Hé… bien joué ! ! ! " Elle embrassa le chiot sur la tête. " Bienvenue dans la famille, trésor. "

 

La famille. Dar se réinstalla et enroula un bras autour de Kerry, et l'autre autour de Cappuccino. Sa famille. Elle aimait cette idée. Elle regarda Kerry jouer avec les pattes du chiot, exposant les petits pieds palmés.

 

A diable le courrier. " Hé… on l'emmène faire un tour de l'île ", suggéra-t-elle. " Nous pourrions la présenter à tout le monde… hmmm ? "

 

Kerry repoussa les rapports sans regrets. " Ok… ça me va… et nous pourrions rapporter un truc ou deux du marché ", décida-t-elle. " Si je peux te traîner là-dedans. "

 

" Absolument ", répondit Dar d'un air suffisant. " Allons-y. "

 

Kerry la regarda. " Ça ne te dérange pas d'aller au marché ? " demanda-t-elle, un peu surprise, connaissant l'horreur de Dar pour les courses.

 

Un sourire. " C'est tout près du marchand de glaces. " Dar se leva, portant Kerry sans réfléchir avant de la poser par terre, en se dirigeant vers la porte.

 

Kerry cligna des yeux vers son dos tourné puis mit le chiot sous son bras et la suivit dans le soleil doré, pensant que de tous les cadeaux qu'elle avait reçus, celui-là était bien le meilleur.

 

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Voilà, c'est vraiment la fin… pour l'instant. (NDLT, il s'agit d'une note de l'auteur )

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