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Utopia3bis

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

UTOPIA

 

 

 

par Athena

 

SAISON 1 - EPISODE 3 : Les Vendeurs de Rêves

 

Partie 2

 

Chapitre 6

 

 

 

Quand elle disparut sous mes yeux ébahis, je compris qu'elle s'était probablement imaginé ailleurs et sans moi, puisque j'étais toujours sur cette caravelle de malheur. Je réfléchis un instant pendant que la mer se déchaînait un peu plus, et compris encore que ce n'était peut-être pas le cas, peut-être que Maurfyne s’amusait à nos dépends. Après tout, si j'avais été elle, c'est ce que j'aurais fait.

 

 

 

Une grande vague passa par-dessus la rambarde et faillit m'emporter avec elle. En lâchant quelques jurons, je m'accrochais à une poutrelle. Trempée jusqu'aux os, je fermais les yeux un instant. Comment étais-je censée la retrouver dans cet endroit qui m’était inconnu ? Elle nous avait imaginées sur un bateau, et c'est bien l'endroit ou nous étions apparues. Puisque je ne connaissais rien de ce monde, le seul endroit qui me vint en tête fut la foire ambulante où je l'avais trouvée. Je me mis à imaginer la foule, puis les tentes et les montagnes. Quand j'ouvris les yeux, j'étais devant l'étale à la panthère, sauf qu'elle n'y était pas. Si elle n'y était pas, ceux qui y avaient été l'étaient toujours, et le cercle se referma sur moi.

 

 

 

J'avais un avantage sur eux. Ils ignoraient que je n'étais pas une oie blanche. Le crime était une chose que j’avais exploré de part en part. Ils furent donc vraiment très confus quand je me mis à les rosser, et quand j’en trucidais quelques-uns, histoire de leur faire savoir que leur nouvelle convive n’entendait pas à rire, ils commencèrent à se disperser. Ils réalisèrent très vite que j'étais beaucoup plus redoutable qu'un suppôt de Satan sorti tout droit des enfers pour les tourmenter, ils commencèrent alors à carrément disparaître. Peut-être s'éveillaient-ils d'un très mauvais rêve ? J’avais remarqué que certains d’entre eux étaient des images holographiques alors que d'autres étaient bien en chair, ce qui confirmait un peu mes soupçons.

 

 

 

Apparemment Maurfyne avait de l'aide. Ce qui me fit sourire et redoubler d'ardeur. Je cassais encore quelques nez, bras et jambes avant de me retrouver complètement seule au centre de ce cirque ambulant.

 

 

 

"Montre-toi Maurfyne !!!" M'écriais-je alors.

 

 

 

Évidemment rien ne se produisit.

 

 

 

"MONTRE-TOI !" M'écriais-je encore un peu plus fort.

 

 

 

Cette fois je vis quelque chose s'approcher de moi. Une petite femme au crâne rasé duquel sortaient quelques fils métalliques. Je remarquais qu'elle avait des implants sur tout le corps, et qu'elle portait une espèce de costume argenté qui était comme une seconde peau. Elle s'approcha de moi en me jaugeant de la tête aux pieds. Un petit sourire prit naissance aux coins de mes lèvres quand je vis qu’elle était encore plus petite que Larielle.

 

 

 

J'allais la pulvériser.

 

 

 

"Qui es-tu ?" Me demanda-t-elle de sa voix rocailleuse et mielleuse en plissant ses yeux dont les prunelles étaient également de la couleur de l'argent.

 

 

 

"Ton pire cauchemar..." Lui répondis-je en m'élançant sur elle. Je ne rencontrais que le vide et m'étalai de tout mon long dans l'herbe, ce qui me mit encore plus en colère. Je l'entendis rire derrière moi.

 

 

 

"Ton amie est à moi. Va-t-en, d'ici, tu ne peux plus rien pour elle."

 

 

 

Je savais que c'était faux, et de toute façon, j'étais non seulement folle de rage, mais aussi décidée à l’anéantir. Je me relevais doucement en tentant de contenir ma fureur et me retournais pour planter mes yeux dans les siens. "Je ne pars pas sans elle."

 

 

 

Elle inclina la tête sur le côté pour me scruter, ce que je fis également. Elle s'approcha ensuite de moi et me saisit le bras, je la laissais faire par curiosité.. Mal m'en prit car quelque chose se planta dans la chair de mon avant bras et quand je regardais pour voir ce que c'était, je vis qu'elle venait de se connecter à moi par l'intermédiaire d'un des fils de son poignet. Un peu paniquée, je tentais de retirer mon bras mais en fus incapable. Je sentis un picotement gagner mon épaule, puis mon cou, et enfin ma tête. Je réalisais qu'elle voulait pénétrer mon esprit. Je me détendis et la laissai faire et lui fit même un petit sourire méchant quand je vis son visage se tordre de douleur.

 

 

 

"Tu aimes ce que tu vois ?" Lui demandais-je en lâchant un rire démentiel à faire frémir la terre.

 

 

 

Je sentis l'aiguillon du câble qui nous liait commencer à se retirer. Aussi vivement que les éclairs vrillent le ciel, je pris mon autre main et la tint bien enfoncée dans ma chair. Son corps se mit à trembler tandis qu'elle continuait à ouvrir de grands yeux. "Tu ne m'as pas encore répondu... Tu aimes ce que tu vois ?"

 

 

 

Je compris que non puisque la terreur s'installa dans ses prunelles. Elle disparut alors en poussant un grand cri. Mon rire retentit dans toute la vallée. Avoir une âme noire et un mauvais fond ne m'avait jamais si bien servi.

 

 

 

Je me retournais et vit le mont Mystica au loin. Larielle était probablement à l'intérieur, et je me mis en marche.

 

 

Chapitre 7

 

 

 

J'eus beau fermer les yeux et imaginer Zina de toutes mes forces, elle ne réapparut pas. J'avais sans doute rêvé tout ça. La porte de ma geôle grinça et s'ouvrit. Un grand jeune homme entra à l'intérieur et vint vers moi en me tirant sur mes pieds. "Dis-moi qui elle est ?"

 

 

 

"Qui est qui ?" Lui répondis-je. "Et puis lâche-moi, tu me fais mal !"

 

 

 

"Cette femme, qui est-elle ?" Il avait l'air disgracieux et malcommode.

 

 

 

Je le regardais en grimaçant car il serrait mon bras avec encore plus de force. Il avait l'air réellement en colère. Je soupirais avant d'ouvrir la bouche. "Grande, très grande, une superbe chevelure couleur corbeau, des yeux capable de tuer d'un seul coup d'œil ?" Il hocha faiblement la tête. "Alors, tu veux sans doute parler de Zina." Il me secoua comme un prunier.

 

 

 

"Fais-la disparaître !" Me lança-t-il comme si j'y pouvais quelque chose.

 

 

 

"Comment ?" Lui lançais-je à mon tour pour me gagner du temps.

 

 

 

"De la même manière dont tu la fais apparaître idiote."

 

 

 

"Hé ! Je ne suis pas idiote ! De toute façon, je ne l'ai pas imaginé, elle existe vraiment !" M'indignais-je en haussant le ton.

 

 

 

Il me lâcha à mon grand soulagement, et me poussa brusquement sur le lit. Il avait l'air très contrarié et je décidais de garder le silence. Il grogna et pointa un doigt furieux sur moi. "Petite chienne !" Il me traita d'encore quelques noms. "Dis-lui de quitter cet endroit ou nous allons la retrouver et la découper en rondelles !" Me cria-t-il. Il crut m'avoir éconduite avec ces paroles, c'était sans compter avec mon opiniâtreté innée. J'ouvris la bouche pour lui servir une salve d'insultes mais quelque chose m'arrêta, et un sourire immense se dessina malgré moi sur mes lèvres.

 

 

 

"Dis-lui toi-même !" Lui rétorquais-je en levant mes yeux un peu plus haut que ses épaules.

 

 

 

Quand il se retourna pour suivre mon regard, il découvrit qu'elle se tenait directement derrière lui, épée tirée et arborait cet air extrêmement mauvais sur le visage. Il recula d'un pas et s'étrangla presque de surprise. Elle lui attrapa la tête et lui brisa la nuque comme si ses os n’avaient été que des brindilles de pailles sèches. Quand il tomba raide mort sur le sol et disparut, elle eut un haussement d'épaules impuissant. Je bondis du lit. "Zina !" Elle me serra contre elle.

 

 

 

"Larielle, quoi qu'il arrive, tu ne dois pas verser le sang." Me dit-elle en me reculant pour me regarder dans les yeux. "Si tu le fais, nous ne ressortirons pas vivantes d'ici, tu comprends ?"

 

 

 

Je hochais la tête. Elle me serra encore dans ses bras. Dieux que je l'aimais.

 

 

 

"Je dois te laisser maintenant." Me dit-elle tristement.

 

 

 

"Oh ! Non, je ne te quitte plus..." Elle mit un doigt sur mes lèvres pour m'empêcher de continuer.

 

 

 

"Il le faut. Il me faut trouver Maurfyne, et toi de ton côté, tu dois me gagner du temps." Elle planta ses prunelles bleu azur dans les miennes.

 

 

 

"D'accord."

 

 

 

"Surtout, ne verse pas le sang."

 

 

 

Sur ce elle tourna les talons et sortit de ma geôle en refermant la porte. J'étais de nouveau seule.

 

 

 

"Heu… Zina ??? Qui est Maurfyne ???" M’écriais-je.

 

 

 

Seul le silence me répondit.

 

 

Chapitre 8

 

 

 

J'avais pleinement confiance en Larielle, je savais qu'elle m’octroierait le temps nécessaire pour que je puisse retrouver Maurfyne et lui faire sa fête. Je savais exactement comment j'allais procéder, cela allait peut-être être ma fin, mais au moins, Larielle vivrait. Je parcourus un instant les tunnels froids de cet antre démoniaque, et trouvai la sortie de cette matrice de merde. Quand j'ouvris les yeux, Mouse planta sur moi ses yeux aveugles d'un air stupéfait.

 

 

 

"Tu l'as eue ?" Me demanda-t-il.

 

 

 

"Non pas encore." Dis-je en me levant et en arrachant le fil qui me reliait à l'ordinateur. "Mais je sais comment."

 

 

 

"C'est déjà incroyable que tu reviennes. Quel est ton plan ?" Me demanda-t-il en posant sa main sur mon avant-bras.

 

 

 

"Je vais la réduire en miettes, mais je vais d’abord retrouver son corps physique." Dis-je.

 

 

 

"Impossible."

 

 

 

Je le regardais un instant en soupirant.

 

 

 

"Crois-tu que nous n'ayons pas essayé ?" Me demanda-t-il. "Il y a au moins trois cents prêtres prêts à donner leur vie pour elle dans les tunnels de cette montagne, de plus, son antre est gardée par des systèmes de défenses nucléiques. Si tu tentes de t'approcher, tu seras galvanisé4." Continua-t-il.

 

 

 

"Alors je n'ai pas le choix. Ce sera le plan B." Dis-je en serrant les mâchoires. Il resta silencieux un moment puis ouvrit la bouche.

 

 

 

"Quel est ce plan B ?"

 

 

 

"J'y retourne et me connecte sur elle quand je la retrouve. Je vais lui griller les circuits."

 

 

 

"Pas question !" Me dit-il tout à fait paniqué. "Ce plan B c'est de la merde. Si tu fais ça tu en mourras c'est certain."

 

 

 

"C'est ce qu'on va voir. De toute façon je n'ai plus rien à perdre, si ma mort veut dire que Larielle vive alors je suis prête à mourir. Mais je pense que je suis un dangereux poison pour elle, et elle le sait." Je revis mentalement le visage de Maurfyne se tordre de douleur et ses membres trembler de frayeur.

 

 

 

Il ne dit rien mais je vis bien la tristesse et la défaite sur son visage.

 

 

 

"Tu vas m'aider ou non ?" Lui demandais-je sèchement. Il hocha doucement la tête avant de saisir de nouveau le fil pour me rebrancher. Je m'étendis et il me connecta une fois de plus. La dernière chose que j'entendis fut le son de ses doigts qui tapaient des commandes sur le clavier numérique.

 

 

Chapitre 9

 

 

 

Un autre homme entra dans ma geôle et me saisit le bras, je grimaçais. "Aille !"

 

 

 

Il me tira hors de la pièce, puis il nous mena parmi un dédale de tunnel aussi sombre les uns que les autres. Finalement il me poussa dans une salle et referma la porte derrière moi. Ce n'était pas exactement une salle, mais plutôt, un genre de large couloir aux murs tendus de grands draps de lin derrière lesquels brillait une lumière ambrée. J'avançais prudemment en me tenant sur mes gardes.

 

 

 

Toute cette mise en scène était probablement un piège. Je fermais les yeux en imaginant mon île sablonneuse au bord de l'océan dans l'espoir que ce truc fonctionne à nouveau, mais quand je les ouvris j'étais toujours au même endroit. Je continuais donc à avancer doucement.

 

 

 

Bientôt, je vis apparaître une silhouette derrière le mur de lin. Une ombre chinoise de grande stature qui portait non pas une épée, mais une arme. Une mitraillette en fait.

 

 

 

"Merde !" Dis-je tout bas.

 

 

 

Je vis bientôt une autre ombre se dessiner de l'autre côté, pareille à la première, elle portait également une énorme mitraillette. Ils allaient me transformer en passoire. Comme par hasard, j'arrivais devant un socle sur lequel trônait une mitrailleuse qui avait été placée là à mon intention et passait sans même la regarder. Ne verse pas le sang. Quoi qu'il arrive ne verse pas le sang. Pendant que je passais tout près j’entendis la voix de Zina dans ma tête. Si tu peux courir… cours. Si tu ne peux pas courir… rends-toi puis ensuite cours… J'allais devoir trouver une solution et vite car ils allaient me faire la peau. Sa voix continuait à me hanter. S'ils sont trop nombreux, laisse-les se battre entre eux pendant que toi tu cours. Une idée me vint en tête, et j'élaborais mon plan.

 

 

 

M'avançant doucement, je m'arrangeais pour ne pas faire de bruit. Bientôt les deux silhouettes furent face à face, d'un côté et de l'autre du couloir, et je compris que je n’allais avoir qu’une seule chance. Je simulais un éternuement avant de plonger face contre terre. Mon plan fonctionna merveilleusement et les rafales passèrent au-dessus de moi de part et d'autre.

 

 

 

Puis les deux silhouettes s'effondrèrent atteintes par les balles de l'autre.

 

 

 

Je me relevais péniblement. Je venais d'échapper à une mort certaine et n'avais pas verser le sang. C’était vraiment incroyable…

 

 

 

Un homme entra bientôt dans la pièce et se dirigea vers moi. "Tu ne pourras pas éternellement échapper à ton destin. Tu es l'Élue, elle t'a choisie car ton âme est la plus pure d'entre toutes." Me dit-il en me tirant hors de la pièce.

 

 

 

"Je ne vais tuer personne ! Et mon âme n'est pas si 'pure'. Tient, juste là, j'ai des pensées impures !!! Je le répète, je ne tuerai point !" M'écriais-je. "Je me laisserais mourir avant !" Continuais-je, et j'étais sérieuse.

 

 

 

"C'est ce qu'on va voir !" Me répondit-il en me poussant devant lui. Comme il marchait derrière moi, sans me tenir, je décidais d'un plan pour lui faire faux bond. J'allais lui prouver que je n'étais pas si pure que ça ! Ce sale type allait s'en prendre plein les couilles. Sur ce je me retournais, et lui balançais un fulgurant coup de pied dans les parties en imitant le cri de ma guerrière. "Ayayiyiyiyiyiylala !!!" Il tomba à genoux en portant les mains au point d'impact et je pris mes jambes à mon cou.

 

 

 

Ces satanés tunnels n'arrêtaient pas de bifurquer et je me retrouvais plus souvent qu'autrement devant des embranchements ou des carrefours. Comme je n'avais aucune idée de l'endroit où j'allais, j'optais pour prendre toujours la gauche. Quelques heures plus tard j'arrivais dans un cul de sac et rebroussais chemin. C’est alors que j'entendis des pas venir dans ma direction et me figeais sur place. J'étais piégée.. J'attrapais donc une grosse pierre anguleuse qui traînait par-là et la serrai très fort. J'allais me défendre. Ne verse pas le sang ! "Non, mais tout de même tu en demandes pas mal là !" Murmurais-je tout bas.

 

 

 

Ma surprise fut totale quand je vis une femme au crâne lisse tournée le coin. Elle avait la peau presque grise, et des prunelles argentées. De son corps et sa tête, sortaient quelques fils qui ondulaient de façon indépendante. Ce qui me fit penser à la Méduse l'une des trois Gorgones, la seule des trois à être mortelle et qui pouvait être vue des hommes, celle dont le regard sinistre pétrifiait l'infortuné qui l'apercevait, je détournais le regard malgré moi. N'avait-elle pas en guise de cheveux des serpents sifflants et repoussants ? Moi qui avais horreur de ces bestioles… Je relevais tout de même les yeux pour la regarder, tant pis si j'étais transformée en statue de pierre, ma curiosité était trop forte.

 

 

 

Elle portait un uniforme moulant aussi argenté que ses yeux. Elle me regarda en silence pendant que j'élevais ma pierre prête à la frapper. Elle me sourit faiblement. "Rien ne sert de t'enfuir et encore moins de me frapper." Me dit-elle doucement, elle avait une voix rauque et mélodieuse. Comme sortit d'outre-tombe en fait. Je frissonnais.

 

 

 

"Qui êtes-vous ?"

 

 

 

"C'est étrange, je viens de demander la même chose à ton amie."

 

 

 

"Zina ?" Dis-je en abaissant ma pierre. "Où est-elle ?"

 

 

 

Elle me sourit grossièrement. "Quelque part, ici." Me répondit-elle. "Tu aimerais la voir ?"

 

 

 

"Oui." Rétorquais-je aussitôt. Même si je savais que je ne devais pas faire confiance à cette femme, l'idée de retrouver ma guerrière était plus forte que tout. Elle me fit donc un signe de la main et je me mis à la suivre en silence. Elle nous guida à travers un labyrinthe de tunnels et de couloirs mal éclairés, et nous arrivâmes bientôt devant une grande porte de métal poli. Elle se retourna pour me regarder et me sourit à nouveau. Cela me glaça les sangs.

 

 

 

"Elle est là dedans." Me lança-t-elle en ouvrant la porte. "Entre, si tu veux la voir." Elle se déplaça sur le côté pour me laisser passer, et je me précipitais à l'intérieur.

 

 

 

"Zina ?" Dis-je à voix haute en ne la voyant pas. La porte se referma derrière moi et un rire cristallin monta dans les airs. Il faisait sombre et je n'y voyais rien. "ZINA ?" M'écriais-je à nouveau en sachant maintenant que je m'étais fait piéger mais en ayant un tout dernier espoir qu'elle soit là dedans.

 

 

 

Une faible lumière verte s'alluma et je vis dans quoi je venais de mettre les pieds. Une cage d'environ trois mètres de large et d'au moins vingt mètres de long. Derrière moi le muret de la cage était rempli de piques, et il se mit à avancer. J'allais devoir avancer également si je ne voulais pas me faire embrocher.

 

 

 

À l'autre bout se tenait une ombre que je ne distinguais pas tout à fait, mais suffisamment pour voir qu'elle était armée d'une longue épée. Cette ombre attendait patiemment que je vienne vers elle.

 

 

 

Pour réussir à rester en vie, j'allais devoir affronter celle ou celui qui se tenait tranquillement au bout de ma cage. À mi-chemin entre cette personne et moi, je vis une épée qui traînait sur le sol. Quand j'y arrivais, je la ramassais. Le rire cristallin de la femme me parvint de nouveau aux oreilles. Quoi qu'il arrive ne verse pas le sang. Je n'allais pas avoir le choix, ça allait être moi ou cette personne. Ma situation était désespérée. Plus j'avançais, plus je distinguais les traits de l'ombre qui se trouvait à l'autre bout. La frayeur s'empara de moi quand je vis cette forme, qui devenait de plus en plus discernable, faire tournoyer son épée… C'était elle ! C'était Zina !

 

Un instant je fus totalement soulagée de l'apercevoir et fis même quelques pas pour aller la rejoindre. De toute façon, je n'avais pas le choix le mur avançait rapidement. Mais je stoppais net quand je fus suffisamment près pour voir le rictus mauvais qui lui barrait le visage. Dans ses yeux brillait une lueur démente, et elle me souriait en découvrant une rangée de dents blanches qui évoquait en moi les crocs effilés d'un chien enragé. Elle fit encore tournoyer son épée et renifla dédaigneusement. Je savais que quand elle faisait cela, c'était parce qu'elle s'assurait une meilleure grippe, mais je savais aussi que c'était le signal qu'elle s'apprêtait à tuer. Un rire démentiel sortit de sa gorge. Elle allait me trucider j'en étais maintenant certaine.

 

 

 

Ce foutu mur avançait toujours…

 

 

 

Chapitre 10

 

 

 

J'entrais à nouveau dans ce dédale de tunnels et commençais à chercher Maurfyne. Je crus un instant m'être perdue quand je croisais une bande de prêtres armés. Évidemment, aussitôt qu'ils me virent, ils chargèrent. Le premier mourut la tête tranchée, le second le ventre ouvert, le troisième d'un point de pression à la gorge, et le quatrième très lentement pendant que je lui ouvrais la gorge à l'aide de mon poignard. Très vite une deuxième bande de prêtes arriva. J'utilisais mon chakram pour mettre fin à leurs jours, en un lancé mortel qui se répercuta sur les parois du tunnel rocailleux. La voie était maintenant libre, et d'après le nombre de cadavres, je devinais être sur la bonne piste.

 

 

 

Je continuais mon avancé les sens en alerte.

 

 

 

J'arrivais bientôt à un carrefour et m'arrêtais pour écouter. Un bruit de chute d'eau m'arriva de la gauche, celui-ci devait aboutir sur une cavité ouverte dont l'eau s'échappait pour former une chute qui allait mourir dans une rivière ou un lac en contrebas du mont Mystica. J'entendis également le tonnerre, il pleuvait dehors… Un cri de chauve-souris m'arriva du couloir de devant, j'en déduis que celui-ci menait à un cul de sac, probablement la niche de ces petites bêtes que j'adorais. De la droite, me parvint des bruits étouffés de pas et des bribes de conversations. C'était celui que je devais emprunter. À pas feutrés, je commençais à avancer.

 

 

 

J'arrivais bientôt à un autre carrefour et tendis l'oreille. Les bruits de pas se rapprochèrent sur la droite. Encore une fois je vis une bande de prêtres s'avancer vers moi. Je fis tournoyer mon épée. Côté bataille, j'avais été servie depuis les dernières heures, je n'en avais pas tant souhaité.

 

 

 

Je commençais par trucider le premier à se jeter sur moi, et quand les deux autres m'attaquèrent de front et que je me retournais pour parer leurs estocs, je réalisais que je venais de faire une grave erreur. Un dard s'enfonça dans ma nuque, et j'eus à peine le temps de saisir la petite fléchette de métal et la porter à mon nez. "De la Mandragore !" Il ne me restait qu'environ une minute avant de me retrouver paralysée, évidemment, je n'avais pas l'antidote.

 

 

 

La tête commença à me tourner, et mes jambes se dérobèrent sous mes pieds. Cette fois, le démon m'avait bien clouée avec sa fourche ! Cette drogue agissait vite et proprement. Je m'étais fait avoir.

 

 

 

Je me sentis tomber et sentis également ma tête heurter lourdement le sol. Je pouvais voir et entendre, mais j'étais maintenant prisonnière de mon propre corps. Je vis deux prêtres arriver en courant et me soulever avec difficulté.. Ils me menèrent à travers quelques tunnels, gauche, droite, gauche, gauche, puis ils arrivèrent devant une grande porte de métal poli qu'ils ouvrirent avant de me lâcher sans cérémonie sur le sol. Une fois de plus ma tête heurta lourdement le sol. Je bouillais littéralement, les effets de la Mandragore duraient en moyenne quelques heures, selon la dose, et comme j'ignorais combien ils en avaient mis dans leur foutu mélange, j'ignorais également combien de temps j'allais être réduite à la paralysie.

 

 

 

Quelques instants plus tard je vis la porte s'ouvrir doucement. Maurfyne passa le seuil et vint s'agenouiller à mes côtés. Elle prit mon visage entre ses mains et me regarda droit dans les yeux, j'étais impuissante.

 

 

 

"Comme on se retrouve…" Elle me sourit faiblement. Malgré son apparence, une certaine beauté onirique indescriptible se dégageait d'elle. Elle avait dû être une très jolie jeune femme avant de devenir cet être rongé par la vanité et par ce désir d'atteindre cette perfection qui l'avait à jamais transformé en ce qu'elle était devenue, c’est à dire une chimère à moitié organique, à moitié machine. "Tu viens de commettre ta dernière erreur…"

 

 

 

Je la vis alors retirer une seringue d’un petit étui qui était caché dans sa botte. Elle prit ensuite une petite fiole contenant un liquide d’un vert luminescent et y planta la longue aiguille. Quand elle tira le piston, le liquide emplit la seringue complètement. Elle me regarda en souriant. "Ça va brûler un peu…"

 

 

 

J’avais beau tenter de bouger de toutes mes forces, c’était tout à fait impossible. Elle me sourit encore puis appuya sur le piston. Je vis le liquide gicler un peu hors de la seringue. Elle prit alors mon bras qu’elle tapota puis elle enfonça l’aiguille dans une de mes veines, elle pressa ensuite jusqu’au bout le piston. Quand le liquide commença à entrer dans mon bras, je ressentis une vive douleur. Elle avait raison ce truc brûlait vachement, et je pus suivre son ascension. Il grimpa dans mon bras, mon épaule, mon cou, ma tête, et redescendit de l’autre côté avant d’envahir complètement mon système sanguin.

 

 

 

Quelques instants plus tard, j’étais libéré de ma paralysie et me remis sur mes pieds. Elle me regarda droit dans les yeux. "Maintenant, tu es totalement sous mon emprise…" Elle rit.

 

 

 

Je tirais derechef mon épée et posais la pointe sur sa frêle gorge. Elle rit encore.

 

 

 

"Remets ton épée au fourreau." Me commanda-t-elle. Je lui obéis même si c’était la dernière chose que je voulais faire.

 

 

 

"Maintenant qui est la vaincue et qui est la vainqueur ? N’est-ce pas moi ?" Me dit-elle d'un air méprisant.

 

 

 

Ma main se porta immédiatement à mon chakram.

 

 

 

"Non…"

 

 

 

Je laissais ma main retomber mollement sur le côté. J’étais folle de rage, je détestais ne pas avoir le contrôle. Elle s’approcha encore de moi.

 

 

 

"Je vais aller chercher Larielle, ça sera toi ou elle, mais une de vous deux me donnera satisfaction, peu importe laquelle… Si tu la tues, je sais que j’obtiendrai encore plus de pouvoir, cependant, si elle réussi à te tuer... Tu vois, je gagne sur toute la ligne." Elle tendit ensuite sa main vers mon cou, et je sentis un aiguillon s’enfoncer dans ma nuque, juste au-dessus de la petite puce que Mouse m’avait installée.. Un instant plus tard, je perdis tout contact avec la réalité.

 

 

 

Chapitre 11

 

 

 

Que voyait-elle ? Peut-être était-ce une autre personne que moi ? Je n'arrivais pas à croire qu'elle puisse être comme ça avec moi. Pire que tout, quand je regardais ses yeux, je voyais une étrangère. Mon cœur sombra. Où était passé ma Zina ? Je tremblais de tous mes membres, j’étais terrifiée par son regard. J’avais l’impression de voir l’ancienne Zina, celle que l’on appelait Destructrice des Nations, et Conquérante du Monde, celle que l’on surnommait la Reine Noire, Zina du Tartare… Dans la pénombre, le rictus de son visage lui donnait l'air démoniaque. Allais-je mourir de sa propre main ? Quatrièmement, c'est le moment d’utiliser ta meilleure arme, c’est à dire tes mots et je sais que tu peux très bien faire ça…

 

 

 

Je me ressaisis. "Zina… Zina c'est moi Larielle…" Tentais-je faiblement. Elle inclina la tête sur le côté et me lança un sourire noir. "C'est moi Larielle… Ne me reconnais-tu pas ?" Elle inclina encore la tête. "Zina… Ne vois-tu pas ce qu'ils essaient de nous faire ?" Elle redressa la tête et son sourire disparut. Un instant je vis quelque chose passer dans ses yeux, puis la seconde d'après je la vis secouer la tête et redevenir froide et distante. "Écoute ma voix, concentre-toi sur ma voix. Ils essaient de te leurrer. S'il te plaît, écoute-moi. Je sais que notre amour est plus fort que tout, du moins le mien pour toi !" Elle voyait sans voir, entendait sans entendre.

 

 

 

J’avalais ma salive avec difficulté. Mes paroles semblaient produire leurs effets malgré tout et je pouvais voir une lumière différente passer dans ses yeux, elle semblait combattre avec l’énergie du désespoir il me fallait l’aider et poursuivre.

 

 

 

"Depuis que je suis avec toi, je n’ai pas vu passer les secondes, les heures ni même les jours. Même si le ciel tombe et que les anges roulent à mes pieds, quand tu pose les yeux sur moi je peux y croire. Le monde peut devenir en flamme et le diable convoiter mon âme, ton amour pour moi est la seule chose qui me rend heureuse. Il n’y a que toi dans mon univers…" Cette fois de grosses larmes roulaient sur mes joues, et je la vis secouer la tête.

 

 

 

Elle semblait une fois de plus être sortie victorieuse du combat qu’elle avait mené… Du combat que nous avions mené. Ses yeux se posèrent sur moi, et je pus enfin ressentir tout l’amour qu’elle me portait, l’étrangère que j’avais entrevue en elle quelques minutes auparavant avait disparu.

 

 

 

Elle abaissa son épée, et je me précipitais vers elle en courant. Avant que je ne l’atteigne, je vis un mouvement derrière elle et me figeais sur place. "Attention, derrière toi Zina !!!"

 

 

 

Mais elle avait très bien entendu le subtil déplacement d’air, et elle se propulsa dans les airs. Elle atterrit proprement derrière la petite femme aux yeux d’argent et lui saisit le poignet. Je la vis s’enfoncer elle-même un des fils qui sortaient du poignet de Maurfyne. Elle lui saisit ensuite la gorge de sa main libre et attendit. Je la vis renverser la tête en arrière comme si quelque chose de terrible passait en elle, puis elle fixa ses yeux dans ceux de sa proie. C’était terrible. Si j’avais cru voir la bête en elle, ce n’était rien comparé à cette lueur que je voyais maintenant dans ses yeux clairs.

 

 

 

Un chuchotement bas, presqu'un grondement, sortit des profondeurs de sa gorge. Elle détacha furieusement chaque syllabe. "Maintenant qui est vaincue ?" Sa voix était descendue de quelques octaves, et je savais que ce ton signifiait que quelqu’un allait mourir dans d’atroces circonstances.

 

 

 

Le corps de Maurfyne fut prit de spasmes. Ses yeux s’agrandirent d’effroi et je la vis se débattre, pendant que Zina la maintenait fermement. Bientôt, la peau autour de ses implants se mit à noircir. J'en déduis qu’elle était en train de griller sur place. Un filet de sang lui sortit d’une narine suivi d’un liquide bleuâtre fluorescent, ses yeux se révulsèrent, puis, tout mouvement cessa.

 

 

 

Elle était morte.

 

 

 

Zina la regarda encore un instant, et la laissa choir doucement à ses pieds. Elle essuya ses mains sur le devant de son short de cuir, et leva les yeux sur moi. Doucement j’avançais vers elle en pleurant doucement.

 

 

 

"Je t’aime." Lui dis-je en séchant mes larmes.

 

 

 

"Merci pour ça."

 

 

 

Chapitre 12

 

 

 

J’étais dans une grotte mal éclairée, et je balayais l’endroit des yeux. Où étais-je ? Où était passé mon armée ? Ceux qui avaient laissé se produire une telle chose allaient mourir très lentement. Un tunnel apparut devant moi, et je vis une grande femme venir vers moi. Elle me ressemblait étrangement. En fait c’était une réplique de moi-même. Elle voulait sans doute usurper ma place. Je souris et elle s’arrêta à mi-chemin. Une épée apparut dans sa main et elle la soupesa. Quand elle posa les yeux sur moi elle me sourit mystérieusement. "Zina !" L’entendis-je dire. Je lui balançais un sourire noir. J’allais m’amuser un peu avec elle avant de lui ravir la vie.

 

 

 

Elle avança encore, et je fis tournoyer mon épée.

 

 

 

"Zina… Zina c'est moi Larielle…"

 

 

 

Qui était cette Larielle ? Je réfléchis, je ne connaissais personne de ce nom, cette usurpatrice allait le payer de sa vie. J’élaborais maintenant une façon de la tuer qui lui serait pénible.

 

 

 

"C'est moi Larielle… Ne me reconnais-tu pas ?"

 

 

 

Mais qui était cette Larielle ? Un instant j’eus l’impression de la connaître. Elle tentait de me duper.

 

 

 

"Zina… Ne vois-tu pas ce qu'ils essaient de nous faire ?"

 

 

 

Je connaissais cette voix, j’en étais presque certaine… Que se passait-il ? Mon esprit n'était plus que confusion. J'avais la tête lourde ; mes pensées étaient les ombres fugitives du délire.

 

 

 

"Écoute ma voix, concentre-toi sur ma voix. Ils essaient de te leurrer. S'il te plaît, écoute-moi. Je sais que notre amour est plus fort que tout, du moins le mien pour toi !"

 

 

 

Cette voix appartenait-elle à une personne que j’aimais ? Impossible, je n’aimais personne ! Qui essayait de me leurrer ? Pourquoi cette femme était-elle ici ? Elle m’aimait ?!? Larielle ? Son nom résonna en un écho dans ma tête. Pourquoi ce nom m'était-il familier ? Qui était cette petite blonde qui avait maintenant remplacé l’autre qui avait mes traits ? Larielle ?

 

 

 

"Depuis que je suis avec toi, je n’ai pas vu passer les secondes, les heures ni même les jours. Même si le ciel tombe et que les anges roulent à mes pieds, quand tu poses les yeux sur moi je peux croire en l’amour, je peux vraiment y croire. Le monde peut devenir en flamme et le diable convoiter mon âme, ton amour pour moi est la seule chose qui me rend heureuse. Il n’y a que toi dans mon univers…"

 

 

 

Je vis de grosses larmes rouler sur ses joues. Cette femme que j’avais devant moi était celle pour laquelle je sacrifierais ma vie. Je l’aimais moi aussi de toute mon âme.

 

 

 

Larielle.

 

 

 

Sa voix m’avait libéré de toute emprise. J’étais maintenant libre de mes actions. J’avais de nouveau le contrôle ! Un subtil déplacement d’air me fit savoir que quelqu’un allait m’attaquer par derrière. Au même instant j’entendis Larielle me crier de prendre garde. C’était inutile, je bandais les muscles de mes cuisses et me donnais l’élan nécessaire pour me propulser derrière mon assaillante.

 

 

 

Je lui saisis aussitôt le poignet et attrapais un des fils à aiguillons, sans même hésiter, je me l’enfonçais dans le bras, de l’autre main, je lui attrapais fermement la gorge. Je sentis ce petit picotement monter jusqu’à mon cerveau, et là, je lâchais entièrement la bride de ma conscience et laissais ma rage et ma fureur se déverser en elle librement. Je plantais mes yeux dans les siens et attendit patiemment que le flux d’énergie passe en elle.

 

 

 

"Maintenant qui est vaincue ?"

 

 

 

Son corps fut pris de spasmes. Ses yeux s’agrandir d’effroi et elle se débattit, pendant que je la maintenais fermement. La peau autour de ses implants se mit à noircir et une odeur de chair brûlée vint me chatouiller les narines. Elle était en train de se consumer par l’intérieur. L’odeur devint presque insupportable, quand un filet de sang coula de sa narine suivi d’un liquide bleuâtre fluorescent, ses yeux se révulsèrent et elle laissa échapper son dernier souffle.

 

 

 

Elle était morte.

 

 

 

Larielle vint instantanément vers moi, ses joues étaient trempées de larmes, et elle se nicha dans mes bras, je la tins contre moi en la serrant doucement.

 

 

 

"Je t’aime."

 

 

 

"Merci pour ça." Elle venait de me sauver la vie… De nous sauver la vie.

 

 

 

Quand je m’éveillais, Mouse était debout devant moi et me regardais comme si j’étais un fantôme. À ses pieds gisait le corps de deux prêtres. Je m’assis promptement. "Elle est morte."

 

 

 

"Je sais." Me répondit-il faiblement. "Et tu sais quoi ? J'ai retrouvé la vue !!!" Il me sourit largement et se mit à rire et à pleurer de joie. "Tout est terminé. Merci Zina. Merci !"

 

 

 

"Ce n’est rien." Je me levais debout et marchais vers la porte. "Prends bien soin de toi Mouse."

 

 

 

"Merci, toi aussi." L’entendis-je dire dans mon dos tandis que je quittais sa demeure.

 

 

 

Quand je mis le pied dehors, il pleuvait à boire debout. Je souris. Resserrant mon manteau autour de mes épaules je partis en direction du côté opposé du mont Mystica. J’avais hâte de retrouver Larielle, elle me manquait atrocement.

 

 

Chapitre 13

 

 

 

Quand je sortis enfin de ma geôle, je me retrouvais dehors en moins de deux. Je ne savais pas si j’étais resté enfermée dans cette prison tout du long, mais c’était quand même là que je m’étais éveillée quand Zina m’avais quittée.

 

 

 

Toute cette expérience avait été étrange. Moitié rêve, moitié réalité, je ne savais plus. Mais peu importe, nous avions réussi. Je savais qu’elle allait bientôt me rejoindre, je sentais sa présence se rapprocher de moi.

 

 

 

Je m’assis donc sur un rocher devant le petit lac aux eaux limpides et levais la tête au ciel pour laisser la pluie laver mon visage en sueur. Hummm ça fait vraiment du bien… J’aime la pluie… J’ouvris les yeux d’un coup. "Merde !" Il pleuvait. "Merde ! Merde ! Merde !" Je venais de perdre mon pari.

Quelques minutes plus tard, la pluie cessa et quand je me retournais, elle était là à me regarder en souriant silencieusement.

"Prêtes à partir ?" Me dit-elle doucement.

"Zina, j’aurais pu tuer quelqu’un. Je veux dire, j’en aurais été capable tu sais."

 

"Nous sommes tous capable de faire une telle chose. Mais le fait est, que tu n’as pas traversé cette ligne."

 

"Mais je me suis approchée si près que j’ai pu voir de l’autre côté, et ce que j’y ai vu m’a fait peur."

 

"Tu vois comme la surface de ce lac est calme ?" Me dit-elle en faisant un petit signe de la tête vers l’étendue d’eau qui se trouvait devant nous. Je hochais doucement la tête. "C’était moi avant, puis après…" Elle se pencha saisit une petite pierre et la lança dans l’eau, brisant ainsi ce miroir liquide. "L’eau ondule et se trouble. C’est ce que je suis devenue." Termina-t-elle tristement.

 

"Mais, si nous restons assis ici assez longtemps, l’eau redeviendra calme à nouveau." Lui répondis-je.

 

"Mais, la pierre restera à jamais là-dessous. Elle fait maintenant partie de ce plan d'eau. Le lac peut avoir l’air de ce qu’il était auparavant, mais il est à jamais différent."

 

Elle avait raison.

 

Je me levais et elle me tendit sa main. J’y insérais la mienne.

 

Doucement sans rien dire, nous nous mîmes en route.

 

Fin.

 

(1) Charybde (Celle qui aspire vers le fond) : Fille de Posseïdon et de Gaïa, qui fut frappée par le foudre de Zeus et expédiée dans un gouffre marin, pour avoir dérobé à Héraklès quelques-uns des bœufs qu'il avait enlevés à Géryon. On la considérait comme un monstre marin vivant dans le détroit de Sicile qui, chaque jour, engloutissait des tonnes d'eau qu'elle rejetait ensuite. Scylla, métamorphosée par Circé, jalouse de l'amour qu'avait conçu pour elle Glaucos, s'emparait des navigateurs qui traversaient le détroit, leur brisait les os et les croquait lentement. En face du gouffre de Charybde, du côté de l'Italie, se trouve le rocher de Scylla aussi menaçant pour le navigateur qui, ayant échappé au premier, risquait de se fracasser sur le second. D'où l'expression tomber de Charybde en Scylla.

 

(1) Scylla : Fille du roi Mégare Nysos, qui s'éprit de Minos qu'elle aperçut du haut de la tour de garde, lorsqu'il faisait le siège de la ville. Une nuit, elle coupa la mèche d'or qui garantissait le trône et la vie de son père auquel elle prit les clés de la ville pour les offrir à l'ennemi contre son amour. Minos s'unit à elle, pilla la ville et l'abandonna. Scylla se jeta à l'eau, s'accrocha au gouvernail, mais l'âme de son père s'abattit sur elle sous la forme d'un aigle et la tua. Elle lâcha prise, se noya et son âme s'envola sous la forme d'une aigrette.

 

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