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VOUS AVEZ DES MESSAGES3

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

VOUS AVEZ DES MESSAGES

 

par Advocate, XWPFanatic, Tnovan

 

 

Traduction : Fryda

 

 

Troisième et dernière partie

 

(Traduction Fryda -28/05/2001)

 

 

 

Xena vérifia de nouveau la position du soleil. Après la représentation de la veille au soir qui avait tourné au désastre, et la scène de foule désaxée qui avait donné des cauchemars à Gabrielle toute la nuit, Xena était plus que prête pour la tranquilité de la route. Enfin, aussi paisible qu'on puisse l'être, en étant attaquée tous les jours.

Le barde était partie quelque temps auparavant pour aller chercher des provisions, mais elle aurait dû être rentrée depuis longtemps. La guerrière regarda sa jument. " Elle n'a jamais eu autant de retard. "

Argo hennit et hocha la tête.

" Il est temps de s'inquiéter ? "

L'animal acquiesça de nouveau, tapant légèrement le sol de son sabot.

" Admets-le, Argo, elle te manque à toi aussi. "

Cette fois, Xena reçut une tape et le cheval renifla d'un air désaprobateur.

" D'accord, j'arrête là. Viens, on va chercher notre barde. " Elle tira sur les rênes, se dirigeant tout droit vers l'effrayante place du marché.

Elle ne fut pas longue à trouver la première trace du barde, et son cœur bondit. Le bâton de Gabrielle était posé contre le mur d'une boutique. Xena le rangea avec le reste de son équipement, puis elle se tourna vers le marchand qui s'occupait d'autres clients.

" Je cherche quelqu'un… ", commença la guerrière.

" C'est pas ce qu'on fait tous ? " Marmonna-t-il en prenant quelques dinars d'un acheteur.

" Ecoute, tu… " Xena était prête à mettre les points de pression, mais elle révisa ce plan d'attaque rapidement, en prenant une inspiration profonde. " Je cherche mon amie, une jeune femme blonde, petite, qui porte un haut vert, et une jupe marron ; elle parle beaucoup. "

" Ma petite dame, est-ce que… " Il leva les yeux et déglutit quand il vit la guerrière irritée qui se tenait devant lui les bras croisés. " Je suis désolé, je ne me souviens pas de ton amie. Je traite avec beaucoup de gens. "

" D'accord ", grommela Xena. " Tu peux pas l'avoir ratée. Si elle a acheté quelque chose, elle a dû marchander jusqu'à ce que tu sois prêt à la payer pour qu'elle prenne la marchandise. "

" Oh oui ! " Le marchand s'agita un peu. " Je me souviens d'elle. Elle est partie avec deux autres femmes. "

" Quand ? Et de quel côté ? "

" Pas sûr de quand, mais elles se dirigeaient vers les quais ", répondit-il, en regardant autour de lui et en tendant la main.

Xena leva les yeux au ciel, mais elle regarda dans sa bourse et sortit quelques dinars, pour les placer dans la main de l'homme. Si quelque chose était effectivement arrivé à Gabrielle, ce n'était pas le moment d'être radine. " Merci. "

Elle enfourcha Argo et se servit du cheval de guerre pour se frayer un chemin dans la foule. Elle pensa brièvement à utiliser son épée, mais abandonna cette idée quand elle se rendit compte qu'elle aurait à s'excuser ensuite auprès du barde. Sans parler du fait qu'elle avait déjà dû payer pas mal de dinars pour l'information ; dire 'je suis désolée' serait bien trop.

Xena prenait garde à jeter un coup d'œil au cas où elle verrait Gabrielle. Il était possible que tout aille bien, mais elle avait le sentiment au fond de son estomac que ce n'était pas le cas. Une fois arrivée aux quais, il ne lui fallut pas longtemps - en interrogeant, en mentant et en terrorisant quelques personnes - pour apprendre que trois femmes, dont l'une correspondait à la description du barde, avaient embarqué à bord d'un navire en direction du sud. Elle apprit également que Gabrielle n'avait pas embarqué de son plein gré, mais y avait été forcée. Un des hommes avait dit que ça ressemblait à une querelle d'amoureux, et qu'il ne voulait pas y être mêlé.

" Regarde-moi bien ! " Avait dit Xena à l'homme entre ses dents. " C'est moi son amoureuse. Si quoi que ce soit lui est arrivé, je te ferai souhaiter t'en être mêlé. Et crois-moi, même si tu cours vite, tu ne pourras pas te cacher. Il n'y a pas un seul endroit du Monde Connu où tu seras à l'abri ! "

Elle avança rapidement, trouva une écurie pour Argo et prépara son équipement. " Je suis désolée de te laisser seule, ma fille, mais il faut que j'aille la chercher. "

Xena s'arrêta un moment en retirant le sac de parchemins du barde. Elle l'ouvrit et regarda rapidement son contenu. Elle avait le sentiment que quoi qu'il soit en train d'arriver, ça avait un rapport avec ce club de parchemins idiot auquel le barde était abonné. Leurs vies n'étaient plus les mêmes depuis ce jour maudit où le premier cavalier du SDPH les avait trouvées sur la route d'Athènes.

La guerrière trouva un parchemin portant les initiales 'CLL' imprimées dans la cire. Elle le déroula et le lut avec précaution. C'était une invitation pour un festival littéraire dans le sud de la Grèce. C'est là que ces deux femmes devaient l'emmener ! La coïncidence était trop flagrante pour être ignorée.

Xena fit quelques rapides opérations de calcul mental et se rendit compte que si elle chevauchait rapidement, elle pourrait y être plus rapidement que par un autre navire. Elle avait un jour de retard sur le barde, mais c'était mieux que rien.

Elle regarda la jument. " Tu veux rester ici, ou on y va ensemble ? "

La jument sembla réfléchir à la question, puis poussa la guerrière et la suivit hors de l'étable.

" Merci, ma fille. Je te dois une fière chandelle. Allons trouver notre barde. "

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Gabrielle ouvrit les yeux, ressentant quasi immédiatement deux choses : elle était sonnée et elle avait le mal de mer. Le sentiment de nausée ne fit qu'intensifier le malaise. " Par les dieux ", grogna-t-elle, avertissant par-là ses ravisseuses qu'elle était éveillée.

" Par les Grandes Muses, elle a l'air franchement verte ", dit l'une des voix.

" C'est juste un reflet de cet horrible haut vert qu'elle porte ", commenta une autre.

" Xena aime bien ce haut ", marmonna le barde. " C'est avec les lacets qu'elle a des problèmes. " Le barde essaya de s'asseoir, mais ce fut pour retomber sur le matelas. " Tuez-moi tout de suite. "

" Gabrielle, on ne veut pas te tuer. " L'une des femmes s'assit à côté du lit. " On t'emmène quelque part où tu pourras voir que tu t'es égarée. "

Un œil vert trouble s'ouvrit et essaya d'accommoder sur la personne assise un peu plus haut. " Pardon ? égarée ? Je ne me suis pas rendue compte que je m'étais perdue. "

" Bien sûr que tu ne t'en rendais pas compte. Tu n'avais aucun moyen de savoir que tolérer l'amour entre les espèces et voyager avec une guerrière était mal. Mais nous allons t'emmener dans un endroit sûr. Là, nous allons t'aider à découvrir l'Amazone en toi et à trouver un endroit de paix, d'amour et de joie. "

" Ecoutez, je n'ai pas vraiment de problème qu'une surabondance de sexe et de dinars ne pourrait pas soigner. Puisque vous ne pouvez m'offrir aucun des deux, je pars maintenant. " Elle essaya de se lever, mais n'en eut pas la force. " Oh, dieux ! " Grogna-t-elle dans l'oreiller, envoyant un message mental à Xena pour qu'elle vienne à sa rescousse. Vite.

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Xena se rendit compte qu'avec la tempête qui faisait rage, elle allait devoir trouver un abri. Elle descendit d'Argo avant même que la jument ne s'arrête complètement et se dirigea vers un épais bosquet d'arbres.

" C'est bien la première fois depuis des années qu'il n'y a pas de caverne tout près quand j'en ai besoin ", grommela-t-elle, en repoussant un peu Argo lorsque la pluie commença à tomber fort et dru. " On est coincées ici pour un moment, ma fille. " Elle tapota la jument.

Du coup, Xena fut réellement et profondément abasourdie quand un cavalier du SDPH arriva en trombe dans son petit abri. Il respirait mal avec la pluie ruisselant sur son visage, coulant de ses oreilles et de son nez. " Sacrée tempête, hein ? "

" Vous auriez pas une méthode de pistage dont je n'aurais pas entendu parler ? "

" Hein ? "

" Vous avez l'air de vous montrer plutôt souvent dans ma vie. " C'était un euphémisme.

" Etes-vous Gabrielle de Poteidaia ? "

Xena se frappa le front. " Par le Grand Zeus ! L'un de vous finit par le dire juste comme il faut et elle n'est pas là pour l'entendre. "

" Je suis de là-bas, moi aussi. C'est pas comme si c'était si difficile à dire. " Il fourragea dans son sac. " C'est pas comme Amphibie, euh, enfin des lys… un… "

" AMPHIPOLIS, imbécile ! "

Le cavalier la regarda. " Euh, ouais, je suis désolé. Bon, vous connaissez cette nana, Gabrielle ? "

Xena le fit tomber de son cheval, l'amenant tout près de son visage. Elle gronda, " C'est pas une nana ! Ni, pour qu'on soit bien clairs tous les deux, une poupée, une poulette, une poupoule, ou une nénette. Et pendant que j'y suis, ne l'appelle jamais la petite blonde agaçante, la courte sur pattes, la blondinette ou la bien roulée. T'as bien compris ? "

" J'ai… j'ai compris… " bredouilla-t-il. " Alors vous pouvez signer pour ses parchemins ? "

Xena le laissa tomber par terre. " Tu veux vraiment perdre un peu plus du temps précieux qui devrait te servir à t'échapper en me faisant signer ? "

Le cavalier retourna le contenu du sac sur le sol, attrapa les rênes de son cheval et fila dans la tempête. Il préférait affronter sa furie que celle de la guerrière qu'il avait réussi à agacer, va savoir pourquoi.

Xena s'accroupit et regarda le tas de parchemins. Elle savait qu'elle devrait les ranger, mais quelque chose lui disait qu'il pourrait y avoir des indices sur l'endroit où Gabrielle avait été emmenée. Elle s'installa et arracha le cachet sur le premier.

Un sourcil s'arqua lorsqu'elle lut l'un des parchemins et y vit qu'il spéculait sur sa relation avec Gabrielle. Il y avait une explication longue et détaillée sur comment la guerrière et le barde pouvaient être amies et âmes-sœurs sans être amantes au sens physique du terme. Quoi qu'il en soit, l'auteur était inquiète de la violation de la Règle par Gabrielle.

" Qui le voudrait, par le Tartare " Marmonna Xena. Et de quelle règle parlait l'auteur ?

Elle termina de lire le parchemin et ouvrit le suivant. Celui-ci était bizarrement chaud et très intransigeant sur le fait qu'elles ne pouvaient pas ne pas être amantes. Pour être de vraies âmes-sœurs, elles devaient tout partager, y compris leurs corps.

" T'as tout compris. " Xena sourit. Elle aimait partager avec Gabrielle. Beaucoup. Souvent. Tout le temps en fait.

Le troisième parchemin ne soutenait pas seulement qu'elles couchaient ensemble, mais fournissait quelques dessins sur la façon dont c'était possible. Les sourcils de Xena se rejoignirent lorsqu'elle tourna le parchemin sur un côté pour étudier le premier dessin. " Il faudrait qu'on soit désarticulées et complètement bourrées pour faire ça. " Elle roula le parchemin mais le mit de côté pour plus tard. " Il faudra qu'on essaie. "

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" Ça ferait mieux de marcher, Argo. Ou bien, malgré l'influence aimante de Gabrielle, je vais commencer à tuer des gens. "

Le cheval hennit bruyamment et tapa du sabot.

Xena leva les yeux au ciel. " Je rigolais ! "

Argo retourna la tête vers sa maîtresse, lui jetant un regard noir d'incrédulité.

" D'accord, je rigolais presque ", grommela Xena. " Mauviette. " Elle tapota le ventre du cheval. " On dirait que Gabrielle a un peu déteint sur toi, aussi, hein ? " Xena tapota le ventre ferme et ample à nouveau. " Surtout ici, je dirais. " Quand tout fut calmé, elle gratta la peau soyeuse du nez de la jument et rangea son épée et son chakram à contrecœur. Elle ne les porterait pas ce soir.

" Sois prête à démarrer au quart de tour, ma fille. Gabrielle a besoin de nous ! " Xena déglutit, en pensant à combien elle se sentait perdue et seule sans sa meilleure amie. " Et on a besoin d'elle. " Dieux, elle commençait même à regretter ce soutien-gorge hideux et verdâtre ! D'accord, ce qui lui manquait vraiment, c'était ce qu'il y avait dans le soutien-gorge hideux et verdâtre. Mais, à l'actif du soutien-gorge, il semblait rétrécir.

La guerrière releva un peu sa robe, et ajusta son décolleté en sortant des écuries publiques. Elle se rendait à la plus grande congrégation de tarés du Monde Connu, la taverne près du Centre du Festival, là où le Festival Littéraire de Grèce du Sud se tenait. Xena soupçonnait que pratiquement tous les fichus débiles de Grèce se trouvaient là. Je me demande si je vais tomber sur Joxer ? Nan. Ceux-là sont des débiles cultivés. Elle eut un petit sourire. C'était un grand groupe de crétins grecs. Ah ! Même Gabrielle ne pourrait le dire trois fois de suite à toute vitesse.

Xena portait la robe en soie pourpre qu'elle avait achetée pour la représentation à Athènes, mais elle avait utilisé son épée pour y faire quelques modifications. Avant elle était sexy. La salive qui avait coulé des coins de la bouche de Gabrielle l'en avait convaincue. Mais là, elle se regarda et sourit diaboliquement en descendant nonchalamment la rue, si la robe n'était pas illégale, elle aurait dû l'être.

Xena sourit avec nostalgie. Si Gabrielle était là, elle serait sur sa guerrière comme la misère sur le pauvre peuple. Bien sûr, Gabrielle ne laisserait jamais Xena sortir en public dans cette tenue outrageusement déshabillée. Il fallait l'avouer, le barde avait quelques problèmes de jalousie. Xena les ignorait, confiante que jamais rien n'en sortirait.

Le regard bleu prit une lueur de chasseuse alors qu'elle s'approchait de la taverne. Xena permit consciemment à sa sensualité naturelle de suinter de chacun de ses mouvements. Elle n'était pas sûre que les crétines sauraient accepter autant de sexualité pure. elles n'avaient même pas dû coucher depuis très, très longtemps, si elles l'avaient jamais fait. Elle réservait habituellement ce niveau de force pour quand Gabrielle et elle jouaient au gladiateur et à l'esclave. Quelques fois, elle arrivait même à être le gladiateur. Xena ressentit une poussée entêtante de luxure et de pouvoir charnel. Dieux, elle espéra retrouver vite le barde !

Et que Gabrielle soit d'humeur pour un petit domptage de guerrière.

Xena entra dans la taverne et la pièce sombra dans le silence. Un petit sourire sexy joua sur ses lèvres et fut accueilli par de multiples hoquets et des miaulements. Oh oui. Ce soir, elle allait trouver l'endroit où se trouvait son barde. Même si ça signifiait qu'il faudrait mettre ces vaches littéraires à genoux. Xena tressaillit intérieurement. J'espère bien qu'elles n'aiment pas ça.

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" Vous pouvez pas la faire taire ? " La femme fit un geste vers une Gabrielle très en rogne, mais visiblement résolue. " Non, oubliez ça. Qu'on lui coupe juste la langue. Ça la fera peut-être taire. "

Magentria réfléchit profondément pendant un moment. A quel point Vautour serait-elle vraiment furieuse ? Magentria voulait couper la langue de Gabrielle de la pire manière. Mais elle ne serait peut-être pas invitée au prochain barbecue de Vautour ! Et c'était l'événement attendu toute l'année par les amies de Vautour. Quel meilleur endroit pour se retrouver en personne et parler de Vautour dans son dos ? Magentria ne voulait rater ça pour rien au monde ! " Hmm… même si j'adorerais torturer la blonde amoureuse des bi-espèces, je ne pense pas qu'on puisse le faire. " Elle jeta un coup d'œil à sa captive. " Pour l'instant. "

Gabrielle déglutit. Pour l'instant ?

" Alors baillonnez-la ! "

" J'ai essayé. Mais c'est le troisième bâillon qu'elle bouffe ! "

" Je ne veux pas entendre d'excuses, Magentria ", réprimanda Perdante Numéro Quatorze. Elle était nouvelle sur la liste, et personne ne s'embêtait à lire les noms des nouveaux membres, du moins les deux ou trois premières années. A moins, bien entendu, qu'il y ait une raison de les incendier.

" C'est pas toi la chef ! C'est Vautour. Du moins, jusqu'à ce que quelqu'un de plus hargneux ne la poignarde dans le dos. Et ça demande de l'expérience. En tous cas, tant que Vautour est pas là, je dirige. " Magentria croisa les bras et gonfla fièrement la poitrine. " Je connais Vautour. Je suis sa meilleure amie. Mon nom a même fait une apparition dans une de ses histoires. " Elle fit une pause dramatique. " Et, barde, tu n'arrives pas à la cheville de Vautour. "

Ayant été réprimandée rudement et avec force, Perdante Numéro Quatorze baissa la tête en signe de honte. En réalité, elle regardait ses pieds, se demandant si elle était assez rapide pour sortir sa dague de bottine et frapper Magentria entre les yeux avant qu'elle ne puisse se défendre. Nan. Elle ne pouvait pas se permettre d'émousser sa lame. Elle aussi espérait avoir une invitation à la fête. " Tu as raison, Magentria, je n'aurais pas dû exprimer mon opinion. Je ne suis qu'un barde peu connu. Je ne suis pas digne. "

" C'est un fait. "

" Vous êtes vraiment des Bacchantes dévoreuses d'âmes ! Je ne peux pas croire que je vous ai jamais admirées ! " Siffla Gabrielle. Si elle devait avoir la langue coupée, elle voulait sortir quelques piques avant.

" Bien sûr que tu m'admirais. Qui ne le ferait pas ? " Dit Magentria d'un ton jubilatoire.

Perdante Numéro Quatorze et Gabrielle levèrent toutes les deux les yeux au ciel. " Je ne parlais pas de toi en particulier. Je ne sais toujours pas qui tu es. " C'était un mensonge. Mais un coup porté à l'ego était pire qu'un coup dans le pubis avec ces gens-là.

Magentria hoqueta d'indignation, et Perdante Numéro Quatorze ne chercha pas à masquer ses ricanements.

" Je parlais de vous au pluriel. "

" Je pense que je vais te couper la langue. " Et voilà que la fête part en fumée, pensa Magentria amèrement.

" Vas-y ! " La tenta Gabrielle. " C'est juste parce que tu as peur de ce que je pourrais dire. "

" Peur ? " Le visage de Magentria vira au rouge. " D'une diseuse de balivernes dont la compagne est une tueuse de chèvres ? Tu rigoles ou quoi "

" Garce. "

Magentria sortit sa lame, et les yeux de Gabrielle s'agrandirent. Oups. J'aurais pas pensé à voix haute, là ? " Puisque tu n'as pas peur, ça ne t'ennuiera pas que je vous parle à toutes de la manière dont le cercle de la haine peut être brisé par l'amour ? "

Et à ces mots, Gabrielle commença un exposé passionné sur le pardon et l'amour. Elle ne pensait pas vraiment que ça s'appliquait à la liste. Elles étaient bien trop mauvaises pour qu'on les aide. Seul un chakram dans les fesses, ou une flèche à pointe d'argent, pourrait les arrêter. Mais elle espérait que ceci les tiendrait occupées jusqu'à ce que Xena la sauve, ce qui ferait fichtrement bien d'arriver vite.

Ces folles n'envisageraient même pas de blesser la moindre papille gustative si elles savaient combien Xena était attachée à sa langue. Malgré le fait qu'elle était au milieu de son exposé, Les yeux de Gabrielle devinrent vitreux lorsqu'elle commença à se souvenir de la raison exacte.

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Xena prit une inspiration en entrant dans l'auberge. Tout comme elle s'y attendait, il y avait beaucoup de femmes, et elles étaient à divers stades d'ivresse. Avec un peu d'espoir, elle pourrait obtenir une information autrement que par une extraction douloureuse.

Depuis le moment où elle était entrée dans l'auberge, pratiquement chaque paire d'yeux était tombée sur elle. Oh ouais, ça allait être aussi facile que de couper un soldat romain en deux.

Elle s'arrêta au bout du bar et commanda du vin. Au moment où le serveur posait le gobelet devant elle, elle entendit le tintement de dinars qui tombaient sur le bar près d'elle. " C'est moi qui offre ", dit une voix féminine derrière elle.

Avant de se retourner pour remercier sa bienfaitrice, elle prit une gorgée du vin. Puis elle se retourna très lentement, laissant un sourire très sensuel se poser sur ses lèvres. " Merci. "

" Tout le plaisir est pour moi. " La femme sourit en retour.

Xena leva mentalement les yeux au ciel. Aussi nulles que les mecs. Elle prit une autre gorgée.

" Alors comme ça, tu es là pour le festival ? " La femme se rapprocha, laissant son regard faire une longue et libidineuse revue du corps de la guerrière.

" En quelque sorte. En fait, je suis surtout ici pour les activités hors programme. J'ai entendu dire que ce groupe sait vraiment prendre du bon temps. "

" On a de bons moments. Tu peux me dire ce que tu entends par bon temps ? "

Xena sourit. En haut de sa liste, il y avait que le barde passe le bout de ses ongles le long de son dos dans le feu de la passion. C'était suivi de près par la torture lente et douloureuse des idiotes qui avaient kidnappé Gabrielle et l'empêchaient de savourer son truc préféré. " Je suis partante pour pratiquement tout. " Elle fit tourner le vin dans son gobelet. " Continue à fournir et je suis partante pour n'importe quoi. "

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Gabrielle travailla sur les cordes qui la liaient au poteau. " Qu'est-ce que ça peut être bête ", grommela-t-elle. " J'en ai plus que marre de ces conneries. " Elle lutta un peu plus avec les cordes, les sentant lâcher à chaque traction. " Et si elles ont l'intention de continuer leur carrière dans le kidnapping, elles feraient mieux d'apprendre à serrer un nœud pour qu'il tienne. " La corde céda avec un dernier mouvement de ses poignets.

Il ne lui fallut pas longtemps pour se libérer des cordes qui entouraient son torse. Elle se releva vite, ce qui était une erreur. Entre les drogues qu'on lui avait fait prendre, et le fait qu'elle ne s'était pas encore remise d'être sur un bateau, elle se sentait un peu patraque. La seule chose qui la maintint debout fut le besoin de flanquer une raclée à une certaine guerrière assez bête pour mettre si longtemps à la sauver. Gabrielle avait une règle d'or pour les rescousses. Xena devait, avant que le soleil n'apparaisse ou ne disparaisse du ciel selon le cas, la secourir de n'importe quelle situation. Après cela, Gabrielle était libre de prendre les choses en mains elle-même. Le barde avait trouvé cet arrangement raisonnable dans le passé, qui faisait que sa guerrière se sentait utile. Xena était très en retard à ce stade.

" Tu peux être sûre que tu dors de l'autre côté du feu pendant les deux prochains mois. Ou jusqu'à ce que j'aie besoin de tirer un coup, on verra ce qui vient en premier ", grommela-t-elle à sa guerrière absente. Prenant une profonde inspiration, elle commença à faire l'inventaire de la pièce, cherchant une arme correcte.

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Xena s'assit à une table avec la femme. Elle essaie seulement de mettre la main plus haut que ma cuisse et je lui casse le poignet. La guerrière voulait lui envoyer un regard noir, mais elle savait qu'elle obtiendrait plus d'informations si elle laissait cette femme la tripoter un peu. Elle retint le regard, affichant un sourire à la place.

" Alors dis-moi, ma belle, qu'est-ce que tu dirais si toi et moi on allait dans ma chambre pour jouer au marchand d'esclave et à la villageoise naïve ? "

Xena faillit s'étouffer avec son vin. " J'ai entendu dire que votre groupe n'appréciait pas particulièrement les seigneurs de guerre et les guerriers. "

" Ooooh, c'est vrai ", dit la femme d'une voix un peu désarticulée. " Mais un bon fantasme bien sain n'a jamais fait de mal à personne. "

" Tu veux parier ", grogna-t-elle de derrière son gobelet. " Je ne saurais pas comment faire avec ce truc. J'ai peur des seigneurs de guerre ", mentit Xena. Tronche de cake aux noix. " En fait, maintenant que tu en parles, j'ai un fantasme que j'aimerais essayer. "

" Dis-m'en plus ", murmura la femme, en se penchant vers la nuque de Xena pour y déposer un petit baiser.

La guerrière frissonna. Elle se moquait pas mal de ce qui était en train de se passer. C'était comme quand Arès s'était pointé, et avait voulu jouer à ses petits jeux idiots. Elle avait vraiment souhaité qu'il s'occupe tout seul. " J'ai vraiment un truc pour les petites blondes soumises. " Ouais, c'est ça, soumises. La dernière fois que Gabrielle a été soumise à quoi que ce soit, Sappho aimait encore les mecs. " Tu connais quelqu'un qui aimerait jouer avec nous ? "

" Oooh, ma chérie, ton truc, c'est les pelotages de groupes ? " La respiration de la femme était brûlante dans l'oreille de Xena, puis vint la morsure.

" Des petits groupes, mais avec beaucoup de pelotage. " Aïe, crottin de Centaure, ça va laisser une marque.

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La seule chose qui ennuyait le barde plus que d'être kidnappée, c'était de ne pas être sauvée dans les temps. D'après ses calculs, Xena avait un jour de retard. Cela ne la rendait pas très heureuse. " Je t'ai donné ta chance de jouer à l'héroïne, Princesse Guerrière, et tu l'as laissée passer. Alors je vais cesser de jouer la victime et botter moi-même quleques petits culs. "

Elle souleva le lourd bâton artisanal qu'elle avait réussi à trouver. " C'est pratique comme ce truc est toujours à traîner quelque part quand j'en ai besoin ", observa-t-elle. " Hé, ya quelqu'un ? Ya personne ? "

" Oh, tais-toi à la fin ! " Grogna quelqu'un de l'autre côté de la porte. " Tu te tais donc jamais ? "

" Entre ici me le dire, Butch. " Le barde avait remarqué que ses ravisseuses semblaient toutes partager des qualités loin d'être féminines. Au moins, je peux coller Xena dans une robe, et elle ressemble à une femme.

La porte s'ouvrit et une femme extrêmement grande et baraquée se tint entre le barde et sa liberté. Moi et ma grande gueule. Gabrielle secoua la tête, puis se lança vers sa gardienne.

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Xena regarda la femme qui était maintenant attachée et bâillonnée dans le coin de la pièce. Bon, d'accord, elle avait dû amener la femme en haut et lui faire les points de pression, mais au moins maintenant elle savait où on avait emmené le barde. Ce club des parchemins était trop. La guerrière ne voyait pas pourquoi le Parchemin du Mois voulait ré-endoctriner son barde. Pourquoi est-ce qu'elles avaient autant d'idées reçues sur les ex-seigneurs de guerre ? Et pourquoi est-ce qu'elles s'intéressaient à sa relation avec Gabrielle ? Ça avait autant de sens que quand son chakram était tantôt tranchant comme un rasoir, tantôt émoussé.

Elle passa les bretelles de sa cuirasse sur ses épaules. " Vous n'auriez vraiment pas dû me prendre mon barde. Si je n'ai pas ma dose chaque jour, je deviens vraiment grincheuse. Le manque de barde est une chose horrible. "

" On l'a prise parce c'est une créative qui ne devrait pas être influencée par quelqu'un comme… aussi… primitif que toi. "

" Primitif ? " Dit Xena en écho.

" Pas une amoureuse des Muses - "

Xena leva une main, incapable de masquer l'expression narquoise sur son visage. " J'irais pas jusque là. "

La femme lui jeta un regard noir. Le seigneur de guerre avait profané une des Muses ! Elle paria que c'était cette traînée d'Erato. Elle continua sa litanie des vices des seigneurs de guerre. " Vulgaires, puants, approuvant les relations bi-espèces - "

" C'est quoi c'truc ? " Xena se gratta la joue gauche ; le bas de sa joue gauche, confirmant la piètre opinion de sa prisonnière sur les seigneurs de guerre.

" L'amour des poneys ! "

Xena fronça les sourcils. Elle connaît aussi Eponine ? Cette Amazone avait vraiment traîné partout depuis qu'elle avait disparu du village il y a plusieurs saisons. " Vous êtes toutes des crétines grecques crasses. Si c'est l'influence qu'a la la lecture sur vous, je suis contente d'avoir trouvé un autre usage pour les parchemins. "

Puis, alors qu'elle regardait la crétine grecque mutante, la prise de conscience la frappa en plein dans l'estomac. Elle comprit ce que les lettres sur l'invitation au festival de Gabrielle voulaient dire !

Les yeux bleus se fermèrent de frustration. C'était clair maintenant. Le kidnapping et l'endoctrinement. Les doigts couverts de suie en permanence que Gabrielle avait tenté d'expliquer si faiblement. Après tout, combien d'herbe aux poules pouvait bien fumer un petit barde ? Les pièces du puzzle se mirent en place avec un claquement nauséeux. Son barde doux et aimant avait 'accidentellement' rejoint le culte le plus diabolique, satanique, craint, mauvais, hautement vicieux de toute la Grèce ! Parchemin du Mois, mon cul oui.

Dieux ! Gabrielle n'aurait pas simplement pu vendre son âme à Bacchus, épouser Joxer, ou rejoindre la Horde ? Mais noooon… il fallait qu'elle aille rejoindre…

… ça lui faisait mal de seulement penser à ces cinq mots diaboliques…

Le Cercle Littéraire de Lesbos !

Xena sortit en trombe de la pièce. Faites qu'il ne soit pas trop tard.

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Xena sauta de son cheval haletant alors qu'elles freinaient pour s'arrêter. Elle leva la main pour donner une tape sur la croupe de sa jument, mais reçut une queue dans le visage d'abord. " Très bien, j'ai compris le message. Va faire ce que tu as à faire pendant que je fais mon œuvre de rescousse. " Xena espéra que le CLL avait voyagé sur terre plutôt qu'en bateau pour venir ici. Si non, elle était vraiiiiiment en retard. Et Gabrielle allait être furieuse.

La jument hennit, puis galopa vers le corral qu'elle avait remarqué sur le chemin de ce vieux temple de Cornucopia. Il y avait là un étalon plutôt bien roulé.

Xena sortit son épée, montant rapidement les marches en silence. Elle prit un moment pour ajuster le bandage sur sa gorge. Son plan était de dire au barde qu'elle avait eu une petite blessure pendant qu'elle la cherchait. C'était presque vrai. Un suçon était une sorte de blessure.

La guerrière alla jusqu'en haut des marches, mais lorsqu'elle atteignit la porte, celle-ci s'ouvrit brusquement et plus d'une douzaine de femmes sortirent en courant. Elles semblaient toutes paniquées, forçant la guerrière à reculer sur les marches alors qu'elles lui fonçaient dessus dans leur tentative de fuir ce qui leur avait fichu une peur bleue.

Par les Dieux, ça doit être une des Gorgones ! J'espère que Gabrielle n'a rien !

" Qu'on l'arrête ! " Entendit-elle plusieurs d'entre elles crier alors qu'elles continuaient à s'éloigner en courant du temple vers la forêt environnante.

Les voyant se sauver, elle remonta en vitesse les marches. Il fallait qu'elle entre pour sauver son barde de l'horreur qui avait causé la retraite de ces femmes. Encore une fois, alors qu'elle s'apprêtait à entrer, ses yeux tombèrent sur le barde. Elle était dans le temple, maniant un bâton artisanal, suant et respirant avec difficulté.

Oh ouais ! C'est comme ça que j'aime voir ma fifille. Je me demande si l'excitation de la bataille fait déjà surface ? C'est une vraie Furie au lit quand elle est en colère comme ça !

" Toi ! " Gronda Gabrielle, en déboulant les marches vers la guerrière. " T'étais où, au Nom d'Artémis ? "

" Je… " La guerrière trébucha légèrement, reculant devant le barde enragé.

" Je ne veux pas entendre d'excuse bidon comme quoi tu m'as cherchée, et qu'il t'a fallu du temps pour me trouver. "

" Je… "

" Oui, oui ! Ne laisse même pas les mots passer tes lèvres. " Gabrielle continuait à faire reculer la guerrière en montant. " Pour n'importe qui d'autre, monstre, dieu ou revenant du Monde Connu, tu as l'air de naturellement savoir où ils sont, mais moi, moi, il faut que tu me cherches ! Bon sang, ça n'a pas de sens, Xena. pas du tout ! "

" Un complot ? " Essaya la guerrière, amenant son épée en l'air pour bloquer le coup de bâton du barde.

" Va te faire foutre ! " Siffla Gabrielle.

" Où et comment ? " La taquina la guerrière, en utilisant son épée pour parer un autre coup de bâton du barde.

" Xena, je te jure que tu es la personne la plus frustrante… "

" La dernière fois que j'ai vérifié, c'est l'une des grandes raisons pour lesquelles tu m'aimais. "

" Je t'aime en dépit de ça ! " Gabrielle arrêta son avance, remarquant finalement le bandage autour du cou de la guerrière. " Tu es blessée ? "

" Blessée ? Non. Déçue, peut-être… " La guerrière s'arrêta, se rendant compte que le barde faisait allusion à sa bande. " Euh, oui. " Elle s'éclaircit la voix, laissant ses doigts gratter le bandage.

Gabrielle laissa tomber le bâton de ses mains, et marcha vers la guerrière. " Je suis désolée. " Le barde commença immédiatement à regarder la blessure pour voir sa gravité. " Dieux, Xe, je suis désolée, j'aurais dû… " Elle s'arrêta quand elle vit ce que le bandage recouvrait. " Un suçon ! Un suçon ? Tu as un suçon ? "

" Ce n'est pas tout à fait… " Xena sentit le bandage se resserrer autour de son cou, lui coupant proprement le reste de sa réponse et presque sa respiration.

Gabrielle utilisa le chiffon pour tirer la guerrière vers le bas près d'elle. " Je suis retenue captive, elles menacent de me couper la langue, et toi, tu fais la fête avec une pouffiasse qui te fait des suçons ? Maintenant je sais pourquoi il t'a fallu si longtemps. Ils m'ont mise sur un bateau, Xena. Un bateau ! Tu sais combien je hais les bateaux ! "

La guerrière ne pouvait que suffoquer et hoqueter. " Ar…ar… air… "

" Oh, ne me dis pas que c'était Arès ! S'il te plait, n'en rajoute pas. "

La guerrière continuait à suffoquer, tirant sur le bandage. " De l'air… j'ai… besoin… "

" Ce dont tu as besoin, Princesse Guerrière, c'est d'une leçon pour apprécier ton amie, ta compagne, ton amante et ta supposée âme sœur. Je ne suis pas un objet sexuel, et je ne suis pas de celles qui apprécient… " déclama Gabrielle avec véhémence. Elle en avait assez. Elle était fatiguée, avait faim et était en manque. Elle avait besoin de dormir, de manger et de faire l'amour, et pas forcément dans cet ordre. Et voilà qu'elle devait faire face à ça ?

Xena commençait à se sentir un peu étourdie, mais elle rechignait à se libérer de peur de blesser accidentellement Gabrielle. Quoi qu'il en soit, elle savait que quelque chose allait devoir lâcher bientôt. " Gabrielle… " murmura-t-elle.

Entendant son nom prononcé de cette voix basse et sexy, Gabrielle recula. Surtout quand elle se rendit compte que la voix sexy était due au fait que Xena suffoquait à mort. Relâchant le bandage, elle fit un pas en arrière et étudia la lourde silhouette de la guerrière, l'inspectant pour d'autres blessures. " Tu vas bien ? "

La guerrière jeta le bandage, de peur que quelque chose d'autre ne mette son barde capricieux en colère. Elle prit le barde et la fit tourner dans ses bras, l'embrassant en même temps avec ferveur. " Je suis contente que tu ailles bien. Je suis désolée d'être en retard. "

" Qu'est-ce qui t'as retenue ? "

" Des livraisons de parchemins. Il a fallu que j'en lise des sacs avant de deviner où elles t'emmenaient. " Xena reposa le barde et lança à Gabrielle son regard le plus intimidant. " Tu n'as pas adhéré au Parchemin du Mois, hein ? "

Gabrielle baissa les yeux et donna un coup de pied dans un caillou. " Non. "

" C'était quoi alors ? Un groupe clandestin de terroristes ? Un culte trop diabolique pour le Tartare ? La légion des morts-vivants ? " Xena connaissait la réponse, bien entendu, mais elle ne voulait pas presser le barde. Gabrielle lui en parlerait quand elle serait prête.

Toutes ces descriptions correspondaient, se dit Gabrielle avec tristesse. " C'était censé être un groupe de discussion littéraire, pour nous les bardes non affiliés à l'Académie. Mais ça ne l'était pas ! Elles discutaient à peine de l'écriture, sauf pour déblatérer sur une pauvre fille qui leur envoyait quelque chose pour avoir un commentaire. "

Le ton dans la voix de Gabrielle fit deviner à Xena qui était la 'pauvre fille'. " Quelle histoire tu leur as envoyée ? " Demanda-t-elle doucement.

" Ephiny et Phantès. "

Cela expliquait les commentaires bi-espécistes que Xena avait lus dans les parchemins. " Pourquoi est-ce qu'elles ne veulent pas qu'on soit amantes ? "

Gabrielle soupira. " Parce que tu es une guerrière. "

" Elles n'ont pas vraiment l'esprit ouvert, hein ? "

" A les entendre parler, elles l'ont. " Gabrielle regarda autour d'elle et se rendit compte que la journée était belle. Le soleil brillait fort, l'herbe était d'un vert soutenu, la brise était douce sur sa peau. Même le temple décrépit semblait beau. " Mais oublie-les. On est de nouveau ensemble. "

" Tu vas te désinscrire ? " Dis oui, s'il te plaît ! " Ou bien, je dois tuer tous les cavaliers du SDPH qui s'approcheront de nous à l'avenir ? " Xena rechignait à faire ça. Elle était très impressionnée par leurs capacités de retrouver les gens. Ça pourrait être pratique.

" Tu as vu ton dernier cavalier du SDPH, Xe. " Gabrielle se signa et embrassa bruyamment la guerrière. " Je te le promets. "

Elles commencèrent à se diriger vers le corral. Gabrielle tourna les yeux vers sa compagne. " Xena, à propos de ce suçon… "

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Xena gardait les yeux fermés, penchée en arrière sur son couchage, une main derrière le dos pour se maintenir debout. Sa combinaison était quasiment délacée et les longs doigts de sa main étaient emmêlés dans les cheveux de Gabrielle, attirant vers elle les doux baisers qui se faisaient un chemin le long de sa gorge. Et puis elle les entendit, ces mots qu'elle ne voulait plus jamais entendre de sa vie.

" Est-ce que l'une de vous est Xena d'Ambidextre ? " Une voix psychotique et joyeuse explosa depuis les buissons. Un homme vêtu de l'uniforme du SDPH passa la tête. " Parce que si c'est le cas, c'est votre jour de chance, madame. Vous avez des messages ! "

Le front de Gabrielle s'effondra sur la poitrine de Xena avec un bruit sourd et sans cérémonie.

La guerrière tendit la main vers son chakram. Elle allait résoudre très vite ce petit problème.

" Alors, c'est laquelle de vous deux ? " Cette fois, la voix était un peu plus impatiente. " Je cherche Xena d'Anthraxcillias. "

Gabrielle se repoussa de sa compagne, l'avertissant d'un regard sévère de ne pas utiliser son chakram. Bon, si Xena se frayait un chemin le long de SON corps à elle, alors le chakram serait approprié. Mais, en l'occurrence, la guerrière allait devoir attendre. Elle remua le doigt vers Xena. " Voilà ta victime. "

" C'est parti, mon kiki. " Il renversa un tas de parchemins sur le couchage aux pieds de Xena.

La guerrière garda le silence, se contentant de regarder d'un œil mauvais le livreur qui tendait maintenant la main pour avoir son pourboire. Cet idiot ne pouvait pas voir qu'il avait interrompu quelque chose ? Elle resserra sa poigne sur le chakram.

" Je m'occupe de ça, Xe ", dit Gabrielle en s'interposant. " Voici ton dû. File d'ici à toute allure, par Hadès, avant que Xena d'Amphipolis ne prenne son chakram et ne te le fourre dans le c… "

" Ça va, ça va, pas besoin d'un dessin ", dit-il d'un ton mauvais en disparaissant dans les buissons. Radine de mes deux. Oh bon, j'ai au moins pu voir ses nénés.

Gabrielle se laissa retomber près de Xena et poussa du doigt le tas de parchemins. " Alors ? "

La guerrière fronça les sourcils. " Au festival, il y avait plein de stands avec du baklava gratuit et des pains à la viande. Pour en avoir, il fallait juste…

" Leur donner ton nom ", termina Gabrielle d'un air sombre, en secouant la tête. Pourquoi est-ce que tout le monde pensait que c'était ELLE la morfale du couple ?

" Bon, voyons à quelle liste on t'a inscrite. " La jeune blonde prit un parchemin et regarda le nom inscrit en haut. Elle leva un sourcil. " A la Meilleure Amante et à la plus Féroce des Guerrières du Monde Connu ? "

Xena haussa les épaules. " J'en avais marre d'écrire 'Xena'. "

Gabrielle laissa tomber ce parchemin et en pêcha un autre sur le tas. Elle commença à lire. " Oh par les dieux ! "

" Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? " Xena jeta un coup d'œil aux mots avec intérêt.

" On dirait bien qu'une nana a fait un tabac au festival. " Gabrielle sortit un autre parchemin. " Oh ouais ! Une pouffiasse a vraiment remué les foules. " Les yeux verts allèrent au parchemin suivant. " Il y a des tonnes d'histoires sur elle. "

" Vraiment ? " Demanda faiblement Xena.

" Oui oui. " La jeune femme leva les yeux de sa lecture. " Tu l'as vue quand tu étais là-bas ? "

" NON ! " Xena s'éclaircit la voix et baissa d'un ton. " Je veux dire non ", dit-elle calmement. " Je suis à peine restée une heure, tu sais. En fait, la moitié à tout casser ", mentit la guerrière.

Gabrielle hocha la tête d'un air absent, déjà plongée dans le parchemin suivant. " Ooooh, Xe. Celui-là est plutôt bon. On dirait que la traînée a fait une grande impression et est devenue une sorte de poupée érotique. " Elle gloussa en lisant une scène imagée d'amour que même elle était trop gênée pour lire tout haut. Faudra essayer ça, en tout cas. Quand elle eut fini, elle alla à un passage où l'auteur était plus descriptive et moins vulgaire.

Ses lèvres pleines et carmin m'appelaient, m'apprenant avec leur âpreté. Ses longs cheveux noirs de jais brillaient comme la lune sur le plus pur lac de montagne.

Gabrielle s'interrompit et leva les yeux vers Xena qui, soudain, enlevait des feuilles de ses cheveux sales. Sa bouche était fermée en une ligne fine et serrée. " Euh. " Gabrielle secoua la tête et continua.

Elle portait une robe très serrée que mes doigts démangeaient de retirer, ma bouche salivait à cette idée.

Très calmement, Xena retira sa robe grandement abîmée de sa sacoche, la jeta par-dessus son épaule en direction du buisson le plus proche.

Quand Gabrielle leva les yeux du parchemin, la guerrière avait une expression innocente, les yeux grands ouverts. Le regard de Gabrielle se rétrécit. " Qu'est-ce que tu prépares ? "

Xena mit le pouce sur sa poitrine. " Qui moi ? Je ne prépare rien. Gabrielle, on n'a qu'à utiliser ces parchemins pour allumer le feu et s'en débarrasser. "

" Non, non. Pas question. " Son regard retourna vers la page.

Mais ses yeux bleus étonnants…

Gabrielle leva immédiatement les yeux pour croiser ceux de Xena bien fermés. " Il n'y aurait pas quelque chose dont tu voudrais me parler, Princesse Guerrière ? ! " Demanda-t-elle d'un ton menaçant.

Xena secoua la tête furieusement. C'était pas bon. Pas bon du tout. " Gabrielle, on doit vraiment… "

" Oui ! " Aboya celle-ci, en lissant le parchemin avant de continuer.

Mais la seule rivale de ces yeux bleus étonnants était la marque de naissance la plus sexy que j'ai jamais vue. Elle se trouvait sur la poitrine, juste au-dessus de son sein, en forme de…

Xena se leva brusquement et partit en courant dans les bois, en disant qu'elle aurait dû enfiler ses bottes. " Aïe ! Oooh ! Aïe ! Par Hadès ! "

Gabrielle jeta le parchemin dans le feu comme si le rouleau lui-même était infecté. " Maudits clubs ! " Et sur ces mots, elle partit à la poursuite de sa compagne. " Cours toujours, Xe. Mais tu ne pourras pas te cacher ! "

" Oh, si, aïe, aïe, je peux ! " Lui parvint la réponse rieuse.

Le parchemin brûla rapidement, ses cendres s'envolèrent dans l'air de la nuit.

< Fin >

 

 

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