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WINTER'S ENDING6

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La fin de l'hiver (Winter's ending)

 

De Missy Good

 

 

Traduction : Fryda

 

 

 

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Partie 6A

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La Fin de L'Hiver – 6ème partie – par Melissa GOOD

Traduction : Fryda

 

Le vent s'était calmé, faisant de la falaise sombre un endroit étrangement silencieux, alors que les créatures du jour sombraient dans le sommeil, et que celles de la nuit sentaient le passage des deux humains et de leurs chevaux, mais restaient calmes. Même les hiboux gardaient leur tranquillité en suivant le pas régulier des intrus de la forêt avec un désintérêt impassible.

Xena prit une profonde inspiration, et s'étira sur sa selle, se détendant dans le pas confortable d'Argo avec une aisance familière. La forêt relâchait sa senteur de pin et de poussière dans l'air froid, et elle détectait aussi une nuance d'humidité. Avec un soupir, elle leva les yeux pour voir les nuages couvrir le ciel parsemé d'étoiles, et elle pressa Argo plus près du cheval gris d’Iolaus. "On dirait que le mauvais temps va nous retomber dessus."

Iolaus leva les yeux et grogna. "Génial… c'est simplement génial." Il lui lança un regard de côté. "Tu sais, quand on sera sortis de tout ce truc, il va me redevoir ça ."

Xena rit. "Je dirais une semaine de vacances dans un endroit sympa, non ?" Elle enregistra le regard perçant avec une expression vaguement intriguée. "Je veux dire… tous les deux vous aimez…" Son esprit se mit à la recherche d’un amusement adapté. "Aller… dans les tavernes à Athènes ou les dieux savent quoi." Elle s’interrompit, consciente d’un courant sous-jacent étrange en provenance de Iolaus. "Non ?"

"Euh… oui." Iolaus approuva rapidement. "On aime bien ça… tu sais bien, quelques verres… quelques danses…"

La guerrière masqua un sourire. "Quelques filles…" dit-elle d’une voix traînante, en arquant un sourcil.

"Ben… non… je veux dire… euh… pas vraiment… euh… pas habituellement…" Il finit par manquer de mots pour protester et se contenta de la regarder. "D’accord, parfois."

Elle rit et secoua la tête. "Allez, Iolaus ; j’ai dirigé une armée, tu te souviens ? Juste mille gaillards et moi." Elle pointa le doigt vers sa poitrine. "Je parie que je suis allée dans plus de boîtes à bière que toi."

Le jeune homme blond lui lança un regard. "Alors… c’était comment ? Ça a dû être… comment… je ne sais pas… excitant ?"

La guerrière se pencha sur sa selle et croisa les bras sur le cuir couvert de fourrures. "La plupart du temps oui." Un léger haussement d’épaules, presque invisible dans l’obscurité. "C’est du boulot… de la stratégie… des plans… de la gestion… maintenir la discipline…" Xena s’interrompit et réfléchit. "Certains trucs étaient vraiment ennuyeux, d’autres vraiment effrayants… la plupart du temps c’était entre les deux."

"Ça te manque ?" Les mots sortirent de sa bouche avant qu’il n’ait le temps de se censurer et il se mordit la lèvre. Idiot… vraiment idiot comme question… Mais la réponse vint très vite.

"Non", répliqua Xena. "Mener les hommes au combat… c’était… la partie que j’aimais le plus." Admit-elle franchement. "Mais les cris des hommes blessés après une bataille… je les entends encore."

"Oh", marmonna Iolaus. "Je ne pensais pas que tu devais t’occuper de cette partie-là."

Xena tourna les yeux vers lui et il y vit les ombres profondes. "Et où crois-tu que j’ai appris mes talents de guérisseuse, Iolaus ?"

Ils chevauchèrent en silence un petit moment, immergés dans leurs pensées.

Tu sais, ça ne me manque pas vraiment, songea la guerrière, j’ai trouvé quelque chose qui me remplit tous les endroits que la guerre n’a jamais atteints… mais je pensais toujours que ça serait différent.

Soudain, elle saisit un… non deux bruits déplacés et elle se raidit, tendant une main vers Iolaus. "Des ennuis", marmonna-t-elle d’une voie basse et sifflante.

"Comment… qui… où…" Iolaus secoua la tête tout autour, épiant le buisson obscur.

"Huit hommes… en face de nous et sur notre gauche", répondit la guerrière, en s’asseyant plus en avant et en serrant les genoux autour des flancs chauds d’Argo. La jument réagit à sa vigilance, et fit un pas de côté, alors que Xena concentrait ses sens tout autour d’eux. "A pied… des arbalètes… des épées… et une masse."

Iolaus roula des yeux dans sa direction. "Tu peux dire tout ça ?"

"Ouais." Elle le regarda rapidement." Tu es prêt?" Elle inspira brusquement lorsqu’elle entendit s’élever le gémissement distinctif de la corde d’une arbalète sous pression. "Ne réponds pas." Elle balaya de la main et attrapa la flèche juste devant son nez. "Bouge de là."

Elle fit avancer Argo vers les silhouettes à peine visibles qui couraient vers eux, et elle sortit son épée, rugissant son cri sauvage tout en balançant l’épée pour cogner sa poignée sur le crâne de l’homme le plus proche. Le second qui eut assez de malchance de l’atteindre reçut une botte en plein visage qui lui décolla la tête vers l’arrière et l’envoya au sol sans un mot ; elle se glissa alors à bas d’Argo et fit face au troisième et au quatrième avec un sourire et une lame en mouvement.

Iolaus sauta immédiatement à bas de son hongre, et attaqua un des attaquants lancé avec un coup sec et rapide, puis il lui attrapa le bras et le lança sur le côté vers un arbre tout proche. Puis il lutta avec son adversaire suivant alors que l’homme balançait une masse vers lui, et il se baissa lorsque l’arme frôla le dessus de sa tête. Il entendit un bang solide, et jeta un coup d’œil sur sa droite pour voir un des attaquants soulevé proprement en l’air et jeté par-dessus le chemin, et il entendit un rire bas suivre l’homme.

Xena… s’amusait. Réellement. Elle se servait de son épée plus comme une massue que comme d’une lame, l’utilisant pour mettre plus de poids derrière ses coups, et donnant à l’occasion un coup rude avec le plat. Elle venait juste de balancer son coude sur le nez d’un des quelques attaquants restants quand une vague de panique frissonnante l’envahit.

Confuse, elle recula et jeta un coup d’œil alentour, secouant la tête pour l’éclaircir, puis cela s’intensifia, puis aussi abruptement que c’était venu, cela disparut. Son adversaire prit avantage de cette défaillance momentanée et se précipita sur elle, les faisant tous les deux tomber. Xena laissa ses réflexes prendre le dessus, en sentant son cœur commencer à se calmer, et elle disloqua le bras de l’attaquant presque sans y penser, et elle cogna son corps par-dessus le sien sur le sol dur.

Bon sang… qu’est-ce que c’était que ça ? Elle se souleva à demi-accroupie et cogna le dernier attaquant dans le ventre avec le genou, faisant monter un gémissement aigu de la part de l’homme, et le mettant hors service.

Une main sur son coude faillit recevoir une réponse similaire mais elle reconnut le contact de Iolaus avant de le flanquer par terre, et laissa simplement ses mains retomber. "Ne fais pas ça", l’avertit-elle. "Pas au milieu d’un combat."

"Désolé." Le jeune homme blond fit la grimace. "Tu vas bien ? Ce dernier type t’a touchée ou quoi… je pensais…"

"Je vais bien", le coupa Xena. "Je me suis juste pris le pied dans une racine." Elle se frotta les mains et regarda autour d’elle, comptant mentalement. Ouais, on les a tous eus. Elle laissa tomber sa garde avec hésitation, s’attendant à une répétition de la vague de panique, et se détendit un peu quand ça ne se produit pas. On aurait dit…. Gabrielle. Son esprit testa la pensée avec précautions. Mais c’est fini… peut-être qu’elle a juste été effrayée… ou… bref.

A ce moment de la soirée, le barde était assurément en sécurité à Amphipolis, soit à finir une séance de contes à l’auberge, soit blottie pour dormir, aucune de ces activités ne causerait ce genre de… Elle s’interrompit et laissa sortir une longue inspiration. A moins qu’elle n’ait fait un cauchemar.

Une scène revint brusquement à sa mémoire, d’une nuit il y avait une semaine environ, quand elle était sortie tard pour vérifier un rapport sur des fouineurs autour des abords du village. Elle avait quitté le barde endormie bien au chaud dans le lit, avait écarté doucement les cheveux légers de son visage et reçu un doux baiser sur le bout de ses doigts en retour. "Je reviens tout de suite", avait-elle promis, alors que Gabrielle enroulait sa main autour de la ceinture qui retenait sa veste en cuir et tirait.

"T’as intérêt", l’avait avertie le barde. "Ne les laisse pas te convaincre de passer des heures à raconter des histoires sanglantes, d’accord ?"

Xena avait ri. "Aucune chance…" Elle remua les couvertures pour les mettre en place, les remontant jusqu’au menton du barde. "Pas par ce temps."

Et cela avait été comme dit ; elle avait examiné les preuves, et donné des conseils brusques, puis était rentrée à la maison, Argo désireuse, tout comme elle, de revenir à la chaleur d’un bon lit. Après avoir installé la jument, elle avait marché dans la lumière agitée de la lune, était entrée dans le chalet et avait fait glisser la porte dans un silence total, essayant de ne pas réveiller sa compagne.

Mais elle avait à peine fait trois pas qu’elle avait entendu Gabrielle crier… et toutes ses pensées de furtivité s’étaient évanouies alors qu’elle bondissait au pied du lit, s’installait au bord, tendant la main vers le barde qui se tordait avec agitation.

"Non… non…" murmurait Gabrielle dans un marmonnement brisé, puis elle s’éveilla lorsqu’elle sentit la main de Xena sur son épaule. "Non…" Ses yeux s’ouvrirent brusquement et se fixèrent sur le visage inquiet de la guerrière, passant de l’angoisse au soulagement total en moins d’une seconde. "Par les dieux", dit-elle, dégageant ses mains de dessous les couvertures pour attraper Xena qui l’attira dans une étreinte apaisante.

"Tout va bien… je te tiens." Xena avait senti trembler le corps dans ses bras. "Ça n’était qu’un rêve, mon amour… tout va bien maintenant." Elle caressa les cheveux du barde doucement, et sentit ses mains se serrer, pour les rapprocher un peu plus. "Shh… tout va bien."

Graduellement, elle avait senti Gabrielle cesser de trembler et sa respiration se calmer. "C’en était un mauvais, hein ?"

"Oui", marmonna le barde contre sa poitrine. "Quelque chose d’il y a longtemps."

Xena avait ressenti un minuscule soulagement à l’idée que ce n’était pas de son fait pour une fois. "Ton père ?" demanda-t-elle doucement.

Le barde hocha la tête. "Je ne sais pas pourquoi c’est ressorti… j’étais…" Elle se nicha un peu plus. "Quelques-uns des enfants avaient décidé de… ils n’aimaient pas quelque chose que j’avais dit, et…"

"Shh." Xena l’étreignit. "Tu n’as pas besoin de me le raconter."

"Non… c’est bon." Gabrielle posa la tête sur la poitrine de Xena et soupira. "Ils ont commencé à me battre… et puis Père est venu et l’a vu." Elle s’interrompit et ferma les yeux contre la douleur rémanente du moment. "Il les a laissé faire."

Xena avait ressenti une poussée de rage si puissante et si féroce que cela avait involontairement arraché un rugissement profond de sa gorge.

Gabrielle avait levé les yeux avec un tout petit sourire. "Ma protectrice de petits chiens… et autres choses sans défenses… calme-toi, OK ? Ça fait bien longtemps." Elle soupira. "Je n’ai plus pensé à ça depuis si longtemps… je pense que c’était plus le sentiment de…" Elle secoua la tête. "Déception… trahison… je ne sais pas…" Son regarda avait croisé celui de Xena. "Ça m’a fait plus mal que la rossée en elle-même."

Xena avait dégluti plusieurs fois avant de répondre. "C’est toujours le cas." Elle avait doucement massé le dos du barde. "Ça va maintenant ?"

Gabrielle l’avait regardée et souri. "Ça va toujours bien quand tu es là."

Bon sang. J’avais oublié. Elle se réveille paniquée, je sais… c’est sûrement ça… bien que… bon sang… je ne pensais pas que ça pouvait être aussi fort… je présume qu’on est devenue plus sensible l’une à l’autre ces derniers mois. Un très léger sourire traversa son visage. Si seulement j’étais là-bas. Elle soupira et continua à s’occuper des attaquants, les attachant avec des bouts de vêtements arrachés. "Ça va les faire se tenir tranquilles un moment", dit-elle à Iolaus, qui la suivit.

"D’accord", approuva le jeune homme blond. "En tout cas, on s’est bien amusés."

Xena le regarda. "Ouais, c’est sûr." Et elle lui fit un fantôme de clin d’œil.

Ils remontèrent à cheval et continuèrent leur chemin, dans la nuit profonde sous le son montant du vent agité.

********************

Cyrène se tenait devant la fenêtre de l’auberge et fixait dehors sans vraiment regarder. "Par Hadès, où sont-elles ?" Murmura-t-elle, sans se soucier des clients qui traînaient autour d’elle. Ce n’est pas le genre de Gabrielle de les laisser s’inquiéter comme ça… surtout avec Xena partie.

"Qu’est-ce qui ne va pas ?" Demanda Johan, en se glissant près d’elle pour regarder par la fenêtre.

"Gabrielle et les gamines ne sont pas encore rentrées", murmura l’aubergiste. "Je me sens un peu… inquiète."

"Par où sont-elles allées ?" Demanda l’ex-marchand trapu. "Je vais envoyer des guetteurs."

Cyrène hocha lentement la tête. "Je ne… suis pas sûre. Peut-être que cette Amazone le sait." Elle tourna les talons et traversa l’auberge à grands pas, poussa la petite porte et se glissa à l’intérieur.

L’Amazone dormait, mais à demi-éveillée par son entrée, ses instincts de guerrière luttaient pour répondre même quand son corps ne le pouvait visiblement pas. "Euh…" Marmonna-t-elle, en clignant des yeux dans le brouillard vers Cyrène.

L’aubergiste s’assit sur le petit tabouret près du lit et étudia le visage tiré. "Ephiny…"

"Qu’y a-t-il ?" Demanda la jeune femme blonde, en se forçant à s’éveiller. "Où…"

"Shhh." Cyrène posa la main sur son bras. "Ce… n’est probablement rien. Mais… est-ce que Gabrielle a dit où elle emmenait les filles ?"

Le visage déjà pâle d’Ephiny blanchit un peu plus. "Par les dieux… elles ne sont pas rentrées ?" Elle roula à demi sur le côté et grogna. "Je savais que j’aurais dû…" Elle explosa dans une quinte de toux. "Bon sang", dit-elle en soupirant. "Elles allaient à la rivière." Elle regarda par la fenêtre. "Quelle heure est-il ?"

Cyrène lui lança un regard malheureux." Près de minuit."

Ephiny jura un moment dans une voix ferme et rauque. "Cette fichue bonne femme attire les ennuis comme le miel les abeilles." Elle leva les yeux. "Il faut la trouver."

"On va le faire", l’assura Cyrène, en lui poussant l’épaule pour la rallonger sur le lit. "Allonge-toi… on va la trouver, ne t’inquiète pas." Elle se leva et se précipita dehors.

"Il est un peu tard pour ça", marmonna Ephiny, en fixant le plafond tout en se passant une série de mantras pour se calmer. Oh… dieux… Gabrielle… s’il te plaît… fais qu’on te trouve à faire quelque chose… à raconter une histoire un peu dingue, ou à t’être arrêtée pour aider une fichue brebis à mettre bas… je sais que tu ferais ça, hein ? Perdre la notion du temps… avec toutes ces gamines qui roucoulent autour de ce petit morceau de laine blanche…

Ses tripes lui disaient tout autre chose. Que Gabrielle, hautement consciente de sa responsabilité vis-à-vis des gamines, aurait préféré porter la maudite brebis sur ces épaules jusqu’à la maison plutôt que d’inquiéter tout le monde. Surtout par un temps risqué et instable, quand sa source principale de sécurité était à des journées de là et se dirigeait dans la direction opposée.

"Bon sang." Ephiny ferma les yeux, puis les rouvrit, et avec une expression déterminée et grimaçante, elle se redressa et tint bon, alors qu’une vague de vertige la submergeait. "Ça m’apprendra à paresser comme ça, hein ?" Elle attendit que sa tête cessât de tourner, puis passa les jambes par-dessus le bord du lit et posa les pieds sur le sol. Puis elle se leva, lentement, avec précautions, se retenant aux bords du lit, et s’arrêta un moment, oscillant légèrement jusqu’à ce que la sensation de vertige diminue à nouveau.

"Très bien." Elle emprunta le châle duveteux de Gabrielle et l’enroula autour d’elle, puis elle alla lentement et en chancelant jusqu’à la porte pour regarder dehors.

********************

"Psst… Cait…" Une main crasseuse secoua son épaule, l’amenant à se réveiller complètement. Elle ouvrit les yeux brusquement et vit le visage inquiet de Sharra au-dessus d’elle. "Tu es réveillée là ?"

La mince jeune fille blonde tressaillit, puis roula sur un coude, et toucha son crâne. "Ouille."

"Shh…" siffla Eliana à côté d’elle. "Ils vont nous entendre. Tais-toi."

Cait cligna des yeux et s’obligea à se concentrer, fixant les environs avec une consternation envahissante. Elles étaient dans une sorte de cage. Des étais épais en bois liés entre eux par d’épaisses plantes grimpantes formaient un enclos fermé par un toit d’au moins trois fois la superficie de son corps. La cage donnait d’un côté sur une zone ouverte, qui comportait des huttes couvertes tout autour, et un feu de camp allumé au centre. Un sourd murmure de voix lui indiqua un affairement important, et elle apercevait des formes à peine visibles bouger, et des bagarres en cours. "On a des ennuis, hein ?" Murmura-t-elle à Sharra. "Où est la reine ?"

Sharra mit la main sur la bouche de Cait. "Tais-toi… je ne pense pas qu’ils savent qui elle est… elle est dans ce coin. Elle est inconsciente depuis qu’ils nous ont amenées ici. Elle a une horrible bosse sur la tête et a l’air très pâle."

Cait jura doucement, les surprenant. "Je n’ai pas vu ce qui s’est passé… ils m’ont sonnée." Elle s’assit lentement et prit une profonde inspiration. "C’est qui ?"

Mégane se glissa plus près. "Ils nous ont toutes attrapées… Mais ils n’ont cogné que la reine et toi… je pense que…" Elle hésita en jetant un coup d’œil autour d’elle. "Je pense que ce sont des marchands d’esclaves… il y a d’autres cages comme celle-ci dans les arbres-là."

"Par les boules d’Arès", grogna Cait. "C’est pas bon du tout ça…"

Sharra la regarda. "Où est-ce que tu as appris celle-là ?" Elle regarda dans la lueur pâle." Qu’est-ce qu’on va faire ?"

Cait repoussa avec précautions les cheveux de son front, évitant la bosse douloureuse. "D’abord, on va voir comment se porte Gabrielle." Elle rampa sur le sol couvert de feuilles et s’installa à côté du barde, posant légèrement ses doigts tremblants sur son pouls. Puis elle soupira de soulagement. "C’est bon… je pense qu’elle a juste pris un mauvais coup." Elle souleva doucement une paupière, exposant un œil vert clair légèrement embué qui réagit à la pâle lumière de la torche. "C’est bon." Puis elle fit la même chose avec l’autre œil et soupira à nouveau. "C’est pas bon." Elle leva les yeux. "On dirait qu’elle a une commotion."

Mégane se tortilla jusqu’à elle. "Où est-ce que tu as appris tout ça ? Je ne t’ai pas vu traîner près de la hutte de la guérisseuse." Elle regardait Cait avec curiosité.

La jeune blonde lui fit un bref sourire. "J’ai regardé Xena… j’ai réussi à en voir pas mal quand elle était à la maison… elle sait beaucoup de choses sur tout un tas de trucs."

Elles se tournèrent en même temps quand Gabrielle bougea et laissa passer un grognement sifflant. "Shh." dit Cait en posant la main sur le bras de la jeune femme. "Gabrielle… on a des ennuis."

Les yeux verts papillotèrent puis clignèrent pour s’ouvrir, et le front de Gabrielle se contracta de douleur. "Dieux", marmonna-t-elle en levant la main vers sa tête. "Qu’est-ce qui m’est tombé dessus ?"

"Reste tranquille", conseilla Cait. "Je pense que tu as une commotion." Elle regarda autour d’elle. "On est dans une sorte de cage… dans ce qu’on pense être un camp de marchands d’esclaves." Elle vit une rangée d’émotions traverser le visage expressif de Gabrielle, puis une grimace.

Alors c’est à ça que ressemble une commotion, songea le barde. Ok… ok… mon respect pour Xena vient juste de grandir encore un peu plus… elle se contente de continuer quand elle en a une. On dirait que ma tête va exploser. Elle bougea légèrement le cou et sentit un plop inconfortable lorsque sa vertèbre se mit en place. Ouille. Sensation de flou, disait-elle, non ? Xena, espèce d’idiote… ça n’est pas flou du tout. On dirait que la mort s’est installée.

Un camp d’esclavagistes… dieux. On a vraiment des ennuis là, mon amour… et il y a peu de chances que tu m’en tires cette fois-ci… qu’est-ce que je vais faire ? Ces gamines comptent sur moi. Sur moi. Le poids de cette responsabilité s’installa sur elle, et elle força son esprit embrumé à se mettre à réfléchir.

Puis des pas se rapprochèrent, et elle tourna un peu la tête, ressentant la peur soudaine autour d’elle.

"Tiens, tiens… la petite reine est réveillée alors, hein ?" La voix était doucereusement satisfaite, et profondément mâle.

Rurik. L’esprit de Gabrielle l’identifia immédiatement. J’aurais dû me rendre compte qu’il était… n’était pas ce qu’il semblait. Oh Xena… j’aurais dû te laisser… Son esprit coupa cette pensée. "Bonjour, Rurik", dit-elle calmement sans le regarder.

"Alors tu te souviens de moi, jeune fille… c’est bien", dit Rurik en riant. "Affectueusement, j’espère. Ça rendra ce petit interlude plus sympathique… ne t’inquiète pas… tu ne resteras pas ici longtemps." Il s’accroupit et mit les mains sur les supports de la cage. "Tu seras bientôt sur un bateau, ma jeune dame, en route vers une nouvelle vie comme la bonne à tout faire, n’est-ce pas ?" Il tendit la main à travers les barreaux et tira sur une mèche de ses cheveux. "Et on a vu ta cousine chevaucher de l’autre côté… pas de secours pour toi, petite reine. Pas à temps… et tu vas me rapporter assez pour durer tout ce satané hiver. Je t’en remercie bien…"

"Tu recevrais plus si tu demandais une rançon aux Amazones", dit tranquillement Gabrielle, en le regardant, le laissant ressentir son regard fixe. Elle garda une expression douce.

Il rit. "Oh non… ma jolie." Il remua le doigt dans sa direction. "Pour que ces sauvages nous tombent dessus ? Non merci." Il secoua la tête. "Pareil pour ta famille là… je ne veux pas que tes cousins me coursent, non merci… on a un type qui vient dans deux soirs, il t’embarque. Il me paye, et après…" Il tira une fois encore sur ces cheveux. "Tu iras où ta grande gueule aurait dû t’amener il y a longtemps ."

Mes cousins. Gabrielle saisit cela à nouveau. Alors il ne sait… pas. "Peut-être", dit-elle doucement. "Mais quand ma famille…" Elle s’interrompit et sourit. "apprendra ça, ils seront quand même à tes trousses." Elle leva les yeux vers lui et parla avec toute la conviction qu’elle put mettre dans le ton. "Il n’y aura pas d’endroit où tu pourras te cacher d’elle." Elle, pas eux.

Rurik rit à nouveau et se leva. "Je ne suis pas inquiet, petit agneau. On a été forestiers toute notre vie… et ceci peut devenir notre maison. Elle ne nous trouvera pas." Il jeta un coup d’œil aux gamines. "Et tu m’as apporté une jolie récompense en plus… de si jolies filles… ah, jeune fille… tu as fait ma richesse, je te le dis."

Puis il partit, et un long silence s’installa sur elles. "Zut !" finit par dire Cait, en laissant passer une inspiration longtemps retenue. "On a des ennuis."

Gabrielle roula très lentement sur le ventre, et reposa son poids sur ses coudes, repoussant la nausée due à sa blessure. "On va en sortir", dit-elle tranquillement. "Il faut qu’on s’échappe."

Un gémissement interrompit ses pensées et elle leva les yeux pour voir Arès essayer de passer la tête entre les barreaux. Elle se redressa entièrement et le toucha, lui frottant le museau. Puis son regard tomba sur la lueur dorée dans sa main et elle se mordit la lèvre.

Et si on n’y arrive pas ? Je ne veux pas… Oh, Xena… dès qu’ils la verront de près, ils la prendront, et je ne peux pas… supporter ça. Et ils vont blesser Arès. Pardonne-moi pour ça, mon amour. J’espère juste que c’est une précaution. Elle ferma les yeux et tendit la main pour détacher le collier d’argent qu’elle portait et le retira, fixant longuement le cristal. C’est juste un symbole, Gabrielle. Tu ne peux pas lui enlever ce que ça représente. Souviens-toi juste de ça.

Ce fut difficile d’enlever l’anneau, pas parce qu’il était serré, mais parce que de l’enlever… la mettait face à la possibilité qu’elle ne le remette plus jamais. Que cette situation pourrait très mal se terminer, avec elle en partance pour les dieux savaient où, ou même morte. Cela faisait mal, de l’enlever, d’une manière qu’elle n’avait pas prévue.

Elle passa l’anneau dans la chaîne d’argent et se rapprocha des barreaux, laissant Arès poser son nez tout contre sa poitrine. "Tiens mon garçon…", dit-elle doucement dans l’une des oreilles noires, tout en accrochant la chaîne autour de son cou épais et couvert de fourrure.

Gabrielle laissa le pendant et l’anneau reposer dans la paume de sa main pendant un long moment, puis elle referma les doigts dessus et sentit sa mâchoire se serrer fortement. "Trouve-là, Arès", murmura-t-elle, entendant la cassure dans sa propre voix. "Trouve Xena, OK ?"

Les yeux dorés fixèrent les siens, les oreilles dressées au nom familier de Xena. Une langue rose lui caressa le visage, retirant les larmes qui coulaient de ses yeux avec une précision délicate. Puis elle relâcha la chaîne et il recula, lui lançant un dernier long regard avant de disparaître dans l’obscurité, son manteau de minuit se fondant dans les ténèbres comme un fantôme dans le brouillard.

Gabrielle regarda dans sa direction, prenant un moment pour retrouver son calme avant de se retourner et de faire face aux gamines, qui la regardaient avec des expressions attentives. "Très bien", dit-elle avec une calme détermination. "Jusqu’où nous ont-ils emmenées ?"

Silence de la part des filles, puis Sharra s’éclaircit la voix. "Pas très loin… je pense que nous ne sommes qu’au Nord d’Amphipolis." Elle regarda autour d’elle. "Mais on a marché un moment dans la forêt." Elle s’étreignit alors. "C’est presque l’aube."

Dans la vieille forêt alors. Gabrielle soupira pour elle-même. Ce n’était pas une région qu’elle connaissait du tout, bien que Xena, elle, sûrement. Elle s’appuya avec raideur contre les barreaux de la cage et étendit lentement les jambes devant elle. "Voyons à quoi cet endroit ressemble à la lumière du jour alors… et quelle chance on a de s’échapper."

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