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WINTER'S ENDING8

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La fin de l'hiver (Winter's ending)

 

De Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

 

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Partie 8A

**********

 

8ème partie

 

 

Gabrielle était calmement assise le dos contre les barreaux, à regarder l’activité du campement. Elle avait passé la plus grande partie de la journée dans un semi-brouillard, alors que les herbes se faisaient un chemin dans son système, la laissant nauséeuse et affaiblie. Elle avait ressenti un bourdonnement pénible dans sa tête jusqu’à récemment, et elle était restée tranquille, prenant le temps de se laisser simplement aller à des souvenirs heureux, jusqu’à ce que son corps commence à répondre normalement, à contrecœur.

 

Respirer était douloureux. Bouger était douloureux. Même penser était douloureux et elle tenta de se laisser glisser dans des rêveries brumeuses, à la fois douces et tranquilles. La plupart incluait sa compagne dans leurs moments les plus paisibles.

 

Une clairière riche et verdoyante, embrumée par le soleil et la brise chaude. Elles s’étaient arrêtées là… juste parce qu’elles le pouvaient, s’était dit Gabrielle. La semaine avait été horrible, pleine de combats, et de sang, et deux rencontres avec des seigneurs de guerre en maraude, tous les deux ayant connu Xena à l’époque des mauvais jours, et qui lui tenaient rancune.

 

Alors Xena avait déclaré une sorte de jour de repos, et elle avait conduit Argo dans ce merveilleux espace sauvage, et avait enlevé la selle et la bride de la jument, la laissant libre de courir.

 

Elles avaient monté un petit campement sous quelques arbres, puis avaient passé un peu de temps à simplement se promener, savourant la journée. Gabrielle avait réussi à ce que Xena la pourchasse un peu, et elles avaient couru dans l’herbe à hauteur de genoux, en riant comme des gamines.

 

A la fin, la guerrière qui courait paresseusement s’était contentée de tendre un long bras et l’avait attrapé à la taille, les faisant tomber dans l’herbe douce et odorante dans une roulade. Puis Xena s’était étirée et avait mis les bras derrière la tête, croisant les chevilles avant de pousser un soupir.

 

Gabrielle s’était installée sur son estomac, appuyée sur ses coudes en mâchant un brin de l’herbe généreuse. « J’aime bien les jours de repos », avait-elle dit, en arrachant un autre brin d’herbe pour chatouiller l’oreille de Xena avec.

 

Ce qui lui avait valu un regard outragé de la guerrière, qui sortit une main et l’attrapa sous le bras, pliant le biceps pour tirer le barde vers elle. Puis elle l’avait relâchée, et avait pris l’herbe de sa main. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » Ceci dit avec un froncement sombre et un vrai regard sévère.

 

Gabrielle s’était contentée de rire et avait roulé sur le dos, utilisant d’une manière effrontée le ventre de la guerrière comme oreiller avec une sensation nouvelle de proximité qui s’était développée entre elles après Cirron. L’humeur sombre de Xena ne l’intimidait plus, et elle sourit lorsque le froncement se changea en un sourire qui fit scintiller ces beaux yeux.

 

Elle sentait la respiration lente et détendue sous sa tête, et elle ferma les yeux pour absorber la lumière du soleil, et l’odeur riche de la clairière verdoyante, ainsi que le délicat bruissement de l’herbe dans le vent avec un plaisir presque sensuel.

 

Qui était grimpé jusqu’à être sensuel quand elle avait senti le bras de Xena s’installer nonchalamment autour de son estomac nu, la traversant d’un sursaut de surprise qui fit un chatouillis sur sa peau. C’était merveilleux. Elle se sentait merveilleuse, et une bulle de bonheur flotta sur elle en émergeant sous la forme d’un sourire idiot et d’un soupir sincère et satisfait.

 

Il faut que j’arrête ça, se dit Gabrielle, en se forçant à rouvrir les yeux. Ça ne fait que rendre pire le retour à la réalité.

 

Cait s’avança et s’accroupit près d’elle, ses yeux gris clair obscurcis par l’inquiétude. « Je pense que ces gars sont arrivés », murmura-t-elle, en lançant un coup d’œil par-dessus son épaule. « C’est presque le coucher du soleil… peut-être qu’ils vont partir demain. »

 

Gabrielle hocha la tête et regarda le campement teinté de roux ; elle y trouva les silhouettes sombres qui bougeaient à l’entrée principale à travers la fumée bleuâtre du feu. Dix hommes, on aurait dit, portant l’assortiment hétéroclite habituel de fourrures et de cuir que les brigands semblaient aimer. Son regard se vissa sur le chef apparent, un homme mince de taille moyenne, aux cheveux bruns bouclés et une façon de se tenir qui signifiait qu’il n’était pas un novice. Il portait une longue épée en travers du dos et une dague bien sculptée était attachée à sa taille fine.

 

Oh oh… celui-là, c’est pas un rigolo . Le regard du barde se plissa. Elle avait assez voyagé avec Xena pour reconnaître un prédateur quand elle en voyait un, et elle était justement en train d’en voir un. Pas comme Rurik, qui n’était qu’une brute primitive. Ça c’était quelque chose d’autre, et son cœur plongea comme une pierre en prenant conscience de ça.

 

Rurik fit faire le tour à ses invités, jetant un coup d’œil dans les différentes cages en montrant, expliquant… en riant. Ils s’approchèrent et là elle put les voir, voir l’acheteur, qui était plus jeune qu’elle ne l’avait pensé, et beau garçon, avec des traits animés et intelligents et un regard vif.

 

Ils s'arrêtèrent en face de leur prison et elle regarda dans des yeux aussi verts que les siens, dans un visage couvert de tâches de rousseur. Il étudia leur groupe et un sourire passa sur son visage. « Tu n’as pas menti, Rurik. C’est vraiment une belle prise. » Il rit, et frappa le marchand sur le dos. « Ça vaut le prix que je vais y mettre, mon ami. Viens… fêtons ça avec un verre. » Il laissa son regard vagabonder sur eux puis s’arrêter finalement sur Gabrielle, qu’il étudia avec un intérêt non masqué. Un sourire narquois pinça sa bouche et il fit un petit geste de la tête. « Ça vaut définitivement son prix. »

 

Ils partirent, et Gabrielle laissa échapper une inspiration retenue, son esprit en pleine course.

 

« Je ne pense pas que je l’aime beaucoup », observa Cait, en mettant ses genoux contre sa poitrine avant de les entourer de ses bras. « Non… je ne pense pas que je l’aime du tout. »

 

Sharra se tortilla vers elle et s’installa près d’elle, en jetant un coup d’œil à Gabrielle avec un regard nerveux. « Je crois que tu lui plais », dit-elle doucement au barde.

 

Gabrielle hocha fermement la tête. « C’est bien ma chance. » Elle soupira. « Très bien… voici le plan. » Ils se massèrent autour d’elle et la regardèrent. « Ils vont probablement… » Elle s’interrompit. « Me sortir d’ici ce soir, pour m’emmener là où ils sont. »

 

Un silence solide tomba, alors que les filles digéraient la signification de ses paroles. Elles savaient toutes… les Amazones n’étaient pas stupides, et c’était une des premières choses pour lesquelles on les entraînait.

 

« Je vais essayer de créer une diversion », continua Gabrielle. « Assez pour qu’on me ramène ici et qu’on ouvre cette porte. » Elle jeta un coup d’œil dehors. « Quand je le ferai, vous commencerez tous à courir, aussi vite que vous pourrez, le long de ce chemin, d’accord ? Ne regardez pas derrière vous, ne vous arrêtez pas, et ne pensez à rien d’autre qu’à sortir d’ici. Vous comprenez tous ça ? »

 

Six paires d’yeux la regardèrent gravement. « Ils vont nous poursuivre », dit Cait, pratique.

 

« Je les arrêterai », répondit le barde sur le même ton. « Tout ce que vous avez à faire, c’est filer. Vous me promettez, tous, que vous allez courir et continuer à courir aussi longtemps et aussi fort que vous le pourrez. »

 

« Je ne te laisse pas ici », renifla Solan en lui lançant un regard incrédule. « Pas question. »

 

« Si, tu vas le faire », répondit Gabrielle, en tendant la main pour attraper son bras. « Je sais que ton père t’a appris à obéir aux règles, Solan, et celle-là, c’en est une grande. Il faut que tu partes, tu m’entends ? »

 

Des yeux bleus clairs et familiers l’étudièrent avec attention. « C’est une mauvaise règle », déclara-t-il platement. « Xena ne voudrait pas qu’on te laisse ici. »

 

Ça, songea Gabrielle avec nostalgie, c’était tout à fait vrai. « Je le sais, mon chéri. Mais Xena n’est pas là… et elle voudrait que je m’assure que vous vous sauviez », répondit-elle tranquillement. « Tous », ajouta-t-elle, en regardant le cercle autour d’elle. « Je veux que vous promettiez tous. »

 

Un long silence tomba et elle finit par obtenir des hochements de tête à contrecœur de cinq d’entre eux. Seule Cait refusa, le regard assombri et grave. Elle resta derrière alors que les autres bougeaient, sentant une lutte entre eux.

 

« Je ne peux pas », dit Cait calmement, avec prudence, alors qu’elle serrait ses bras plus fort autour de ses genoux.

 

« Tu le dois, Cait », dit doucement Gabrielle. « S’il te plaît… je suis responsable de toi… ne rends pas ça plus dur pour nous deux. »

 

« Je ne peux pas », répéta la jeune fille, en déglutissant. « J’ai fait une promesse avant… et je ne vais pas la briser. Je ne le ferai pas… je ne le peux pas. » Son regard gris clair se posa sur celui de Gabrielle avec une nuance glacée.

 

Une promesse ? Avant ? Gabrielle la regarda avec consternation, puis elle comprit. « A Xena », dit-elle dans un souffle en fermant les yeux de compréhension. Tu ne laisses jamais rien au hasard, n’est-ce pas mon amour ? Toujours un plan de secours.

 

« Oui », répliqua Cait. « Avant qu’elle ne parte, elle m’a demandé de rester près de toi, et de m’assurer que tu allais bien. » La jeune fille lui fit un tout petit sourire. « Tu signifies tellement pour elle, tu sais. »

 

Oh dieux. Gabrielle prit une profonde inspiration. « Je sais », répondit-elle. « Mais encore une raison de plus pour toi de partir, Cait. » Elle leva les yeux, en mettant autant d’intensité dans son regard qu’elle le put. « Tu dois t’assurer qu’ils sont tous partis, Cait… si je ne le peux pas. Tu le dois. » Son regard alla vers l’endroit où Solan était assis, fixant le campement en silence. « Tu dois t’assurer que Solan est en sécurité. »

 

Un silence tendu de la part de Cait. « Non… je… »

 

Gabrielle se pencha en avant et lui prit ses bras sveltes. « C’est son fils, Cait. » Elle dit cela dans un simple murmure. « S’il te plaît. »

 

Cait prit une inspiration sifflante et fixa le sol. « C’est ce que je pensais », répondit-elle faiblement. Puis elle leva les yeux vers Gabrielle. « Il ne le sait pas, n’est-ce pas ? »

 

Le bard secoua la tête lentement. « Non. »

 

« C’est pourri », jura Cait. « Tout ça c’est pourri. » Puis elle soupira doucement. « D’accord. » Mais son regard brûlait d’un feu intense. « Seulement jusqu’à ce que je sache qu’ils sont en sécurité, tu veux bien. Après je reviens. »

 

Gabrielle poussa un soupir tranquille de soulagement. Ses lèvres se tordirent un peu. « Tu fais une grande Amazone, Cait. » Elle tapota le bras tendu de la jeune fille.

 

Le regard gris de Cait croisa le sien et la jeune fille blonde lui fit un sourire tranquille. « Toi aussi. » Elle s’interrompit. « On a vraiment de la chance d’avoir quelqu’un comme toi pour nous diriger. »

 

Gabrielle ferma brièvement les yeux, et roula les mots dans sa tête. C’était ce que je voulais prouver, n’est-ce pas ? Et bien, juste là… j’aimerais passer pour une idiote, si j’étais une idiote chez elle en sécurité. « Merci », répondit-elle, en regardant Cait.

 

Le soleil avait diminué, laissant le campement dans une brume de crépuscule bleue, les faibles sons des hommes qui se déplaçaient arrivaient comme un écho, et l’odeur du feu de camp voletait vers eux en nuées de fumée grise. Tout près, des voix basses riaient, et des bruits de pas lourds se dirigèrent dans leur direction.

 

Trois gardes, deux avec des masses, un avec une longue lanière, s’arrêtèrent à leur cage et la montrèrent. « Toi… guerrière. Viens ici. »

 

Gabrielle secoua la tête d’incrédulité, et se leva, étirant son corps douloureux tout en carrant ses épaules. Elle fit le contact visuel avec chacun de ses compagnons en s’avançant, laissant son regard reposer finalement sur Solan. « Soyez sages, les enfants. D’accord ? »

 

Six têtes hochèrent très solennellement.

 

Gabrielle hocha la tête en retour et sortit de la cage, laissant ses bras tomber calmement de chaque côté, alors que l’homme attachait la lanière à son collier, et laissa ses mains traîner sur elle quand il eut fini. Puis il leva les yeux et croisa son regard froid, et retira brusquement ses mains.

 

« Viens », dit-il brutalement, en tirant sur la lanière. « Tu vas faire partie du spectacle, ce soir . »

 

Elle le suivit, tournant la tête pour lancer un dernier regard à ses compagnons, qui se tenaient contre les barreaux, la regardant de leurs yeux attentifs. Elle fit appel à tout son courage, et leur lança un sourire, puis un clin d’œil.

 

Ils lui sourirent en retour. Puis elle tourna la tête vers l’avant et soupira, essayant de rassembler ses défenses pour ce qui allait suivre.

 

********************

 

« Il faut faire attention avec celle-là », bâilla Rurik, en se penchant dans sa chaise, les jambes croisées. « Elle a pas l’air, mais elle est sacrément coriace. »

 

Detris sourit. « Les Amazones le sont, tu sais. » Il tourna la tête et étudia le plafond. « Elle a de jolis yeux… j’aime bien ça. » Il fit un sourire espiègle à Rurik. « Il se pourrait bien que je la garde. »

 

Rurik ricana. « Tu ferais mieux de la tenir en laisse… il y a du feu là-dedans. »

 

Le beau marchand d’esclaves gloussa. « Oh… je pense que je peux la rendre un petit peu plus coopérative… Elles finissent tous par m’aimer un peu, après un moment. » Il s’étira. « J’aime bien les défis… et ce sont vraiment des gamines mignonnes que tu as dégotées avec elle … bon travail, Rurik. »

 

Le marchand sourit. « Merci… ça a pris un peu de temps pour arranger ça… j’ai dû attendre que sa famille parte pour une sorte de voyage, mais ça valait la peine d’attendre. »

 

Detris plissa le front. « Sa famille ? » Il se redressa sur sa chaise. « Je pensais que c’était une Amazone ? »

 

Rurik haussa les épaules. « C’est ce qu’ils ont dit d’elle… mais elle était en visite dans sa famille à Amphipolis. » Il lança un regard curieux à Detris. « Pourquoi ? »

 

Le marchand d’esclaves haussa aussi les épaules. « Oh… et bien, je ne m’y connais pas trop en Amazones… je pensais qu’elles passaient leur temps dans leurs propres villages. » Il prit une tasse de bière et but une gorgée. « Je ne suis pas d’ici, souviens-toi. » Il jeta un coup d’œil autour de lui. « Les dieux soient loués. »

 

Rurik gloussa. « Oh… mon gars, je sais. » Il secoua la tête. « Moi non plus… quel trou perdu c’est. » Il se pencha en avant. « Elle est parente avec Xena, tu sais. »

 

Les sourcils de Detris se dressèrent. « Etait, tu veux dire… J’ai entendu dire qu’elle était morte. »

 

« Je crois pas, sauf s’il y en a deux dans les parages. » Le marchand sourit. « Je l’ai vue il n’y a même pas une semaine. « Ses yeux brillèrent. « Ça ne t’inquiète pas, hein ? »

 

Le marchand d’esclaves rit. « Ça devrait ? C’est de l’histoire ancienne… quelqu’un de sobre ne croirait pas la plupart des histoires qu’on raconte sur elle. »

 

Rurik hocha la tête, secrètement soulagé. « C’est exactement ce que je pense… Bien que la petite chose dise le contraire… Elle m’a mis en garde. »

 

Ils se mirent à rire. « Et bien, c’est elle qui le devrait », dit Detris joyeusement en lui donnant une tape.

 

La porte s’ouvrit et ils levèrent les yeux lorsqu’on fit entrer Gabrielle, qui passa tranquillement le seuil, et étudia les alentours avec un regard prudent.

 

Detris prit son temps pour l’observer, notant le corps musclé et le regard vif. Fougueuse, oui… Rurik avait eu raison. Il pouvait voir le côté obstiné gros comme une montagne en elle, et savoura le défi de la faire céder. Il sourit intérieurement. Il était passé maître, et il connaissait certains trucs, et certains outils pour l’aider… et une esclave bien entraînée lui gagnerait plein de dinars au-delà des mers.

 

Il se mit alors debout et s’avança à grands pas, fit le tour de Gabrielle et regarda ses épaules se raidir par réflexe. Ses bras étaient liés dans son dos, et il pouvait voir les marques rouges là où les liens avaient méchamment mordu, et il imagina combien ça devait être inconfortable. Ses lèvres se tordirent. Cela pourrait être utilisé pour son bénéfice.

 

« Et bien, Rurik… je pense que moi et ma nouvelle acquisition devrions faire mieux connaissance. » Il prit la laisse au garde et la tordit un peu, regardant les yeux verts qui se vissaient sur lui. « Bonjour toi, ma jolie. C’est quoi ton nom ? »

 

Aucun changement dans l’expression sombre et prudente. Mais elle répondit. « Gabrielle. » Et elle s’interrompit. « Et le tien ? »

 

Detris sourit lentement. « Detris. » Sa voix était basse et animée. « Viens, Gabrielle… faisons connaissance. » Il tira sur la laisse et elle suivit sans un mot alors qu’ils passaient près des quartiers sordides de Rurik et traversaient la zone ouverte vers des huttes peu utilisées de l’autre côté du campement, à travers la fumée piquante du feu de camp qui s’attacha à ses vêtements et la fit pleurer.

 

J’ai vraiment… de gros ennuis là, Xena. Elle envoya une pensée calme et désespérée vers sa compagne. J’aimerais pouvoir te demander quoi faire… mais je sais que tu me dirais de simplement garder la tête froide, et de guetter les occasions qui se présentent. C’est ce que tu ferais, hein ? Elle suivit Detris dans sa hutte, et se tint là tranquillement pendant qu’il attachait la laisse à l’une des poutres au-dessus de leurs têtes, avant de marcher à nouveau autour d’elle, l’étudiant attentivement.

 

Il hocha la tête pour lui-même, puis alla à un petit paquet sur le bureau et en ressortit une fine lame, revint vers elle et testa la lame sur son pouce. Il alla derrière elle et elle regarda droit devant, essayant de garder son calme.

 

« Ça doit être inconfortable. » Sa voix lui parvint par-dessus son épaule, et elle prit une inspiration en entendant la calme douceur qu’elle contenait.

 

« J’ai connu pire. » Cela fit presque brusquement venir un sourire sur son visage, alors qu’elle avait enfin l’occasion d’utiliser l’une des citations préférées de Xena. Mais je parie qu’elle n’a jamais eu aussi peur quand elle disait ça. Elle sentit le doigt glacé de l’acier toucher ses poignets douloureux et elle ferma les yeux. Une longue pause, puis elle sentit les liens qui tenaient ses mains tomber.

 

Detris leva les mains et lui massa les épaules lorsqu’elle laissa tomber ses bras sur les côtés, et il sentit les muscle se raidir sous son toucher. « Détends-toi », lui conseilla-t-il. « Ça n’a pas besoin d’être un combat. »

 

Gabrielle tourna la tête et le fixa, voyant la cruauté et la faim dans ses yeux. « Ah bon ? Pourquoi tu fais ça alors ? »

 

« Alors comme ça... » Il rit, revenant devant elle en faisant glisser le couteau le long de son côté. « Tu sais parler. » Il fit courir le couteau vers le devant de sa chemise vers le pouls sur son cou. « C’est un plus. Et quant à pourquoi… et bien, ma jolie, je me fais beaucoup d’argent, et je passe un moment super à le faire. » Il glissa le couteau autour de sa gorge et coupa la laisse en cuir, lui laissant la tête libre. « Tu vas me rapporter beauuucoup d’argent quand on descendra du bateau… et on a beaucoup de temps pour que je t’apprenne ce que tu dois savoir. » Il poussa sa poitrine et elle recula d’un pas. « N’est-ce pas ? »

 

L’esprit de Gabrielle travaillait frénétiquement, essayant de trouver quelque chose… n’importe quoi… Elle recula encore d’un pas lorsqu’il la poussa, sachant qu’il la poussait vers le lit bas tout près.

 

Un autre pas. Une poussée plus forte et elle perdit l’équilibre, et fut allongée sur la plate-forme malodorante, et il recula pour la regarder. Un sourire étira ses traits, puis il recula d’un autre pas, et plongea en avant, avec l’intention de la clouer sur place.

 

Gabrielle comprit son intention et amena ses pieds en l’air juste au dernier moment, le frappant dans la poitrine, avant de le repousser avec toute la force qu’elle avait. Il eut une toux explosive lorsque ses bottes le frappèrent, puis elle fit un effort et il vola de l’autre côté de la hutte, s’écrasant contre une table qu’il fit s’effondrer.

 

C’est maintenant ou jamais. Gabrielle roula hors du lit et attrapa une masse épaisse qu’il avait posée là, la fit tournoyer avec une précision désespérée et le frappa sur le côté de la tête alors qu’il se relevait et titubait vers l’avant.

 

Elle sentit l’impact jusque dans ses épaules, et entendit le craquement de l’os sous la masse, et il fut par terre, gémissant à ses pieds.

 

Un long moment figé et elle laissa tomber la masse pour courir vers la porte, bondissant dehors pour se diriger à travers le campement, évitant des hommes à moitié ivres. L’un d’eux tenta de l’arrêter, mais son énergie nerveuse était à son apogée, et elle lui attrapa le bras pour le faire tomber et l’envoyer hors de son chemin.

 

Une pensée traversa son esprit paniqué, et elle fit un écart momentané, se pencha en avant et prit son bâton sur le sol là où il l’avait laissé quand ils avaient terminé leur démonstration avec elle.

 

La sensation dans ses mains la rassura.

 

Deux hommes étaient face à elle maintenant, les bras tendus, mais elle n’était pas d’humeur à s’arrêter, et elle les attaqua avec une combinaison de mouvement féroce qui en frappa un dans les genoux avec un balayage méchant, et l’autre dans la poitrine avec un coup brutal d’une extrémité.

 

Puis elle arriva à la cage et elle ouvrit brusquement la porte, entendant les cris alors que l’alarme était donnée. « Venez », cria-t-elle alors que les filles sortaient, Cait ayant une prise ferme sur Solan. « Courez… vite !! » Ils passèrent en courant près d’elle, et puis sur le chemin, se dirigeant vers l’entrée arrière du campement. Gabrielle attaqua un autre garde, puis commença à les suivre, plongeant sous le bras d’un poursuivant avant de la cogner dans la poitrine avec son bâton.

 

L’un d’eux l’attrapa et elle enleva une main de son arme pour le frapper, se surprenant plus que le brigand alors qu’il se plia en deux et elle eut une chance de le frapper sur la tête avec l’extrémité de son bâton. Ouille. Elle entendit l’objection faire écho dans sa tête. Par Hadès, comment est-ce que Xena arrive à faire ça ?

 

Elle vit le chemin vide sur un court espace alors que les brigands se rassemblaient pour les poursuivre, et elle prit le chemin après les gamins, tenant son bâton en espérant que sa force s’affaiblissant tiendrait jusqu’à ce que… ce que quoi ? Gabrielle… tu dois retenir ces gars assez longtemps pour que les gamins se sauvent. Pas de sauvetage, tu te souviens ?

 

Elle prit une inspiration tremblante, et sentit chaque minute de la longue journée où elle avait été prisonnière. Pas de sauvetage. Tout dépend de moi. Un rapide coup d’œil derrière elle lui montra un énorme groupe de poursuivants, et elle y repéra la silhouette de Rurik. Et Detris, et sa silhouette fine qui se détachait sans la lumière acérée du feu.

 

Que les dieux me viennent en aide. Elle courut plus vire, entendant les autres juste devant elle, alors qu’elle entrait dans la forêt, ses bruits de pas froissant les feuilles mortes sous ses pieds, et envoyant des petites créatures, déjà dérangées par les enfants, s’éparpiller encore une fois pour se cacher. Elle tourna un coin et elle les vit, et là… le regard de Gabrielle absorba l’image. Un pont suspendu… sur une grande crevasse avec un rapide d’eau blanche dessous.

 

Il ne lui fallut qu’un moment pour prendre sa décision. « Tout le monde traverse », ordonna-telle, contente de voir qu’ils commençaient à bouger.

 

Seule Cait resta en arrière, à la regarder. Sachant. »Donne-moi ce couteau, Cait », dit Gabrielle doucement en entendant les bruits de pas augmenter derrière elle.

 

« Non… » Murmura la jeune fille.

 

« Fais-le. » Le barde l’attrapa brutalement à l’épaule. « Sors-les d’ici. Allez vers le sud… vers la maison. »

 

« Gabrielle… » Dit doucement Cait. « Laisse-moi rester… vas-y, toi. »

 

Un autre coup d’œil derrière elle. « Va, Cait. C’est ma responsabilité. Et… » Elle prit doucement le couteau des mains de la jeune fille. « Tout ira bien… ils vont juste me rattraper… vas-y… va les aider. » Elle savait que c’était un mensonge. Connaissant Cait, elle savait que la jeune fille le savait aussi.

 

« Je vais trouver Xena », promit Cait.

 

Le nom faillit la faire défaille. « Dis-lui.. » elle dût s’arrêter. « Dis-lui que je suis désolée. » Puis elle poussa fortement Cait. « VA !!! »

 

Des pas légers sur le pont… des pas plus lourds qui la rattrapaient, et des torches dans les ombres noires de la forêt. Gabrielle fixa le petit groupe blotti d’un côté, puis vers les supports du pont.

 

Ce fut l’affaire d’un instant de scier le lin solide. Le poids du pont fit la moitié du travail pour elle, et avec un claquement solide et solitaire, la corde en bois du madrier tomba et s’effondra au fond du ravin.

 

La laissant seule avec la meute en colère qui venait juste de passer le tournant, et s’arrêta en la voyant se tenir là, le bâton levé, la torche rouge reflétant ses cheveux clairs.

 

Cait avaient senti les cordes tomber juste au moment où ses talons quittaient le pont, et elle rejoignit les fillettes pour regarder de l’autre côté, avec une peur maladive alors que les marchands d’esclaves contournaient le virage et virent ce qu’elle avait fait.

 

« Cait ! » Cria Sharra. « Tu savais qu’elle allait… »

 

« Oui », répondit tranquillement la jeune fille. Puis elle sursauta quand une main lourde tomba sur son épaule. « Yahh !! »

 

Xena défit sa tunique et la tendit à Cait. « Tiens ça. » Puis elle se dirigea vers les restes du pont. « Les dieux savent que je l’aime. » Marmonna la guerrière. « Mais elle ne rend jamais les choses faciles. »

 

Elle attrapa les cordes et se balança d’un côté, se laissant tomber le long des ruines du pont à une allure folle.

 

« Par les dieux », couina Sharra. « J'y crois pas. »

 

« Crois-le », lui parvint une autre voix derrière elles, et elles se tournèrent ensemble pour voir Granella qui se précipitait en haletant. Les filles s’agglutinèrent autour d’elle, et levèrent les yeux alors que d’autres gens s’entassaient dans le chemin, dont un centaure sans aucun doute possible.

 

« Papa ! » Cria Solan et il courut vers lui.

 

********************

 

Gabrielle changea légèrement sa prise sur son bâton et attendit. Detris avançait en boitant, le sang sur sa tête en contraste avec son visage pâle.

 

« Espèce de petite garce », siffla-t-il. « Je me fiche pas mal de ce que tu vaux… je vais te tuer. » Il tira son épée, et elle recula contre les arbres, amenant son bâton en position de défense.

 

Il se rendit compte qu’elle avait atteint un point d’avantage et recula. « Oh…. Chaque chose en son temps. » Il se retourna et fit signe à l’un de ses gardes de lui donner sa pique. Puis il rengaina son épée et l’attaqua, plongeant et frappant la pique contre son bâton avec assez de force pour la repousser.

 

Elle grimaça mais tint bon, et garda l’équilibre, le repoussant à son tour avant de plonger sous son coup suivant. Il l’attaqua à nouveau, et elle détourna la pique, mais ses genoux commençaient à trembler, et elle savait que ce n’était qu’une question de temps.

 

Parer, détourner. Plonger, contre-attaquer. Ils bougèrent en cercle, jusqu’à ce que l’un de ses coups ne surpasse sa force flageolante, et elle se prit le pied dans une racine, et tomba, le bâton bondissant hors de ses mains dans la foule autour.

 

Detris eut un rire profond et elle ne put que le regarder, de sa position agenouillée. Il dégaina son épée et la fit tournoyer puis s’approcha lentement d’elle, la regardant lever la tête, et croiser son regard. « Tu es prête à mourir ?" Demanda-t-il sur le ton de la conversation en levant l’épée.

 

« Et toi ? » Reçut-il en réponse, mais pas de la forme agenouillée devant lui, dont le visage soudainement et de manière inattendue, s’était étiré dans un sourire fatigué mais soulagé.

 

Il tourna sur lui-même pour se trouver face à un cauchemar.

 

********************

 

Un cauchemar de quinze centimètres de plus que lui, vêtu de cuir et trempé de l’eau du ruisseau de la montagne, couvert d’armure, et tenant une longue épée, sachant de toute évidence comment s’en servir. La lumière de la torche faisait un mystère de son visage, mais il savait qu’il regardait dans les yeux les plus froids qu’il avait jamais vus.

 

Les brigands agglutinés autour de lui perdirent tout air de menace. C’étaient des jouets, des enfants vêtus de fourrures et de cuir en comparaison. Xena, elle était authentique. De l’énergie sombre coulait d’elle alors qu’elle s’avançait vers lui, avec des mouvements souples et dangereux qui promettaient de la force en abondance.

 

« Tu es toute seule, Xena », cria Rurik, en montrant les brigands. « Tu ferais mieux d’y réfléchir. »

 

Xena se tourna vers lui et lui sourit. « Je pense que tu ferais mieux de réfléchir au fait que je suis seule… et que vous n’êtes que vingt. » Elle rit et fit tourner son épée, dressant les sourcil tout en agitant les mains. « Qui commence ? »

 

Un mouvement hésitant de Detris, alors qu’il glissait le bout de son épée vers l’avant, glissant de côté pour toucher son cœur. Elle bloqua son épée de la sienne et détourna le coup, puis elle entra dans ses défenses avec un seul coup sauvage qui lui trancha la tête de ses épaules, et l’envoya rebondir sur le sol. « Ça t’apprendra à menacer mes amies », grogna-t-elle.

 

« Allez ! » Cria Rurik et il mena les brigands pour qu’ils l’attaquent tous ensemble.

 

Gabrielle roula hors du chemin et se rapprocha de son bâton, l’attrapa et s’en servit pour se mettre debout. Elle avait senti la présence de Xena juste au moment où elle avait perdu son bâton, et avait en fait vu la guerrière arriver sur le bord du ravin d’un mouvement souple et puissant, une vision qui l’avait empli d’un feu de joie qui avait banni la fatigue.

 

Maintenant elle cherchait une occasion d’aider, repoussant son propre épuisement pour essayer d’assister sa compagne, qui se trouvait au milieu d’une meute tournoyant d’hommes hurlants, son propre cri sauvage dépassant les leurs.

 

Les corps commençaient à s’empiler, alors que Xena frappait du poing dans les têtes et donnaient de rudes coup de pieds. Deux coupures rapides et deux brigands furent à terre, saignant à mort sur le sol humide de la forêt. Gabrielle s’engouffra et en cloua un qui essayait de passer derrière Xena, et elle eut la satisfaction de le voir tomber sans connaissance sur le sol.

 

Xena savait qu’on était près de la fin, seuls quelques-uns attaquaient encore, le reste avait fui, ou était par terre ou mourant à ses pieds, et elle jeta un coup d’œil pour voir Rurik qui s’enfuyait le long du chemin. « Oh non », grogna-t-elle, en détachant le chakram de sa ceinture pour l’envoyer voler. Il le toucha sur la nuque et l’envoya face la première contre un arbre. Il glissa le long du tronc et resta là en silence. Elle jeta un coup d’œil derrière et vit Gabrielle qui s’agenouillait près de l’arbre, tenant son bâton comme si sa vie en dépendait, et elle dispersa les deux derniers brigands avec des coups furieux de son épée.

 

Puis elle rangea son arme, et courut à la petite clairière, se laissa tomber sur un genou près du corps tendu de sa compagne. « Gabrielle ? »

 

Le bâton s’affaissa dans un bruit sur le sol, alors que le barde lui tendait les bras, et elle se laissa tomber sur le sol pour prendre Gabrielle sur ses genoux. « Hé… » Elle sentit les mains de Gabrielle serrer son cuir, alors que le barde enfouissait sa tête dans l’épaule humide de Xena. « Shh… je te tiens… tout va bien… c’est bon… »

 

« Oui… maintenant, ça va », marmonna Gabrielle, ignorant le cuir humide. « Le dernier gars m’a frappée dans le ventre… dieux… » Elle tressaillit, enroulant son corps fermement dans celui de sa compagne. « Ça fait mal… » Elle déglutit très fort. « Suis contente de te voir… »

 

Le visage de Xena se tendit de sympathie. « Ouille. » Elle massa doucement le bras du barde. « Viens ici… Montre-moi. »

 

« Non… c’est bon. » Le barde hoqueta quand elle essaya de se redresser. « Oh… dieux. Peut-être pas. »

 

De doux doigts la massèrent et elle se mordit la lèvre pour ne pas crier de douleur. « Ooooui. Juste là. »

 

Xena tressaillit. « Tu as des côtes cassées, mon amour. »

 

Le barde grogna. « Alors c’est ça que ça fait ? » Elle inspira essayant de respirer doucement. « Oh dieux… et toi tu marches avec ce genre de truc ? »

 

Xena lui embrassa le crâne et soupira. « C’est ton tour qu’on s’occupe de toi un peu. »

 

La plaisanterie légère les détendit toutes les deux, elle le savait… parce qu’elles n’étaient pas encore prête à relâcher le niveau d’émotion qui courait juste sous la surface de leur conversation. Ce serait pour plus tard, quand elles seraient à la maison, en sécurité et seules.

 

Là maintenant, elle leva les yeux pour voir les visages anxieux qui attendaient de l’autre côté du ravin, et elle leur fit un signe de la main, et vit Granella le lui rendre. Elle va me tuer quand je vais rentrer… songea Xena. Mais ce n’est pas de ma faute si elle n’arrivait pas à suivre. « Comment ça va autrement ? »

 

Gabrielle sentit la douleur acérée et brutale reculer légèrement et elle leva la tête pour regarder sa compagne. « Bof », soupira-t-elle doucement. « J’ai connu mieux. » Eleva un bras douloureux et effleura la nuque de Xena du bout de ses doigts. « Arès t’a trouvée ? »

 

« Oui », répondit Xena, en tendant la main pour éloigner doucement les cheveux de ses yeux. Leurs regards se croisèrent et elle sentit l’intensité de leur lien s’enflammer, les enveloppant de sa douce chaleur. « Viens… il faut qu’on rentre à la maison. » Elle leva les yeux. « Ils ont des chevaux ici ? »

 

« Quelques-uns. » Gabrielle tressaillit. « Mais je ne pense pas que je puisse… »

 

« Shh. » La guerrière rassembla sa force et se leva, soulevant le barde avec elle. « Je vais te porter. » Elle alla au bord du ravin. « Gran… on se retrouve à la maison ? Ce fleuve descend pendant un long moment… il n’y a pas de passage. » Elle dit ceci en criant.

 

« Désolée pour le pont », marmonna Gabrielle. « Comment as-tu… » Elle baissa les yeux. « Laisse tomber. Je ne veux pas savoir. »

 

« Xena… » C’était Kaleipus. Solan, sur son dos, leur faisait signe de la main.

 

Gabrielle leva les yeux et vit l’expression calme et accablée sur le visage de sa compagne, et elle sentit son cœur se contracter. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis sentit la poitrine de Xena s’écarter alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre.

 

« Toi aussi, Kaleipus. » Elle hésita. « Il est tard… restez, cette nuit… »

 

Le centaure hocha la tête de compréhension, et lui fit un geste en remontant la piste, qui était un demi-salut.

 

Granella lui fit signe également et indiqua aux filles de se mettre en route. Toris se tint là à les regarder pendant un moment, puis leur fit un signe et suivit le centaure, pour former l'arrière garde. Arès sautilla d’une patte sur l’autre pendant un instant, puis il hurla ses objections avant de partir aussi en grognant.

 

Xena soupira et se retourna, baissant les yeux vers Gabrielle. « C’est pour quoi ce sourire ? »

 

« Un sourire ? » Murmura le barde, en posant la tête sur l’épaule de Xena. « J’ai des côtes cassées… comment je pourrais sourire ? »

 

Elle entendit le cœur puissant de la guerrière battre clairement dans son oreille, et hésitait à s’abandonner à ce son, mais Xena s’était arrêtée de marcher maintenant.

 

« Tiens, tiens. » La voix de Xena était glacée.

 

Gabrielle leva la tête et vit ce que Xena regardait. Rurik, hébété, et essayant de se mettre difficilement debout. Xena s’agenouilla et la posa par terre. « Ne bouge pas, ok ? »

 

La guerrière se releva et alla vers lui, se tenant calmement devant lui pendant qu’il se redressait ; Puis elle le prit par la gorge et le plaqua contre l’arbre, envoyant une cascade de cristaux de glace sur eux.

 

Elle secoua la tête pour les éparpiller et l’examina.

 

« Xena. » La voix de Gabrielle était calme mais insistante.

 

« Quoi ? » Demanda-t-elle, en sortant sa dague de sa hanche pour y passer le doigt.

 

« Il ne m’a pas blessée. » Des mots aggravants de la part du barde.

 

Une longue pause. « Il ne t’a pas touchée ? »

 

Un soupir de sa compagne. « Il a essayé… il m’a donné un truc… ça n'a pas marché. Mais non… »

 

Xena se retournait, et la regardait au fond des yeux. Gabrielle croisa ce regard un moment, puis le laissa retomber vers le sol.

 

La guerrière retourna son attention à Rurik. « Tu as de la chance », lui dit-elle, dans un long grognement. « Si tu l’avais touchée, je t’aurais arraché les deux bras et je t’aurais battu à mort avec. » Elle s’interrompit, et regarda son visage en sueur. « C’est ça que tu en retires ? Du plaisir de faire subir des sévices à des captives sans défenses ? »

 

Il cracha sur elle. « Pas de son genre, ou du tien… mais il y a d’autres poissons dan l’océan. »

 

Mauvaise réponse. Songea la guerrière alors que le loup refaisait surface et qu’elle le laissait venir.

 

« Pas pour toi », dit Xena d’une voix froide et soyeuse. Elle posa un genou sur sa poitrine et tendit la main vers le bas, attrapant ses parties d’un point puissant. Ses yeux commencèrent à sortir des orbites, puis elle serra fort, et tira avec toute sa force, ignorant son cri, attendant jusqu’à ce qu’elle puisse sentir la chair se séparer et les vaisseaux se rompre sous sa prise.

 

Puis elle le relâcha et le regarda glisser le long de l’arbre, les yeux roulant dans sa tête, des grognements d’animaux émergeant de sa bouche.

 

Xena s'essuya rapidement les mains puis se retourna, absorbant le regard horrifié de Gabrielle avec un tressaillement intérieur. Elle alla vers elle et s’agenouilla, capturant le menton du barde dans sa main pour lui redresser la tête. « Hé… »

 

Gabrielle déglutit fort et essaya de contrôler sa respiration. « Je… » Oh dieux… oh dieux… je n'arrive pas à croire qu’elle vient de faire ça… »

 

« Gabrielle… ça n’était pas pour toi », dit doucement Xena.

 

Un long moment de silence de la part du barde, puis elle ferma les yeux en réalisant, et hocha la tête, tendit la main et l’enroula autour de celle de Xena. « Tu as… raison », réussit-elle à dire, en pressant les doigts de sa partenaire. L’absolvant. Comprenant. Lui faisant confiance. Sa prochaine victime pourrait ne pas avoir autant de chance.

 

« Viens », dit Xena en soupirant. « Rentrons à la maison. » Elle commença à soulever le barde mais Gabrielle tira sur son cuir. « Quoi ? »

 

« Aide-moi juste à me relever… Je pense que je peux marcher un peu, si tu m’aides. " Le barde leva les yeux et vit la douleur vite masquée dans les yeux de sa compagne, et elle tendit la main pour lui caresser doucement le visage. « Mon amour… tu es sur le point de t’évanouir, et ne pense pas que je ne le sais pas. » Elle sentit les muscles sous sa main se pincer dans un sourire involontaire. « Garde ça pour quand je ne pourrai pas monter sur ce maudit cheval, ok ? »

 

« Tu m’as eue », rit Xena avec lassitude. « Ça a été quelques journées vraiment très longues. » Elle aida le barde à monter et mit un bras protecteur autour de ses épaules.

 

Gabrielle tressaillit à la douleur, mais réussit à s’installer, si elle allait doucement, et elle se souvint de ne pas respirer trop profondément. Elles pénétrèrent dans le campement maintenant désert et elle sentit le corps de Xena commencer à bouger, quand celle-ci vit la saleté, et les cages restantes. « Mignon, hein ? » Marmonna-t-elle. « Faisons sortir les autres… tu veux bien ? »

 

« Avec plaisir », grogna la guerrière, en l’installant sur une bûche avant de marcher à grandes enjambées vers les cages. Elle dégaina son épée et ouvrit les verrous avec un coup puissant, libérant les captifs nerveux.

 

Gabrielle la regardait, laissant son esprit se concentrer sur la silhouette familière, qui bougeait dans les barres argentées de la lune, les éparpillant du plat de son épée, et accrochant les lueurs rares de la lumière rouge du feu de camp qui continuait à craquer. Autrement, tout était calme dans le campement.

 

Elle leva les yeux lorsque le petit groupe de villageois se rassembla autour d’elle. Le plus âgé, un homme de l’âge de son père lui fit un signe de tête grognon. « T’es une Amazone, hein ? »

 

Gabrielle le fixa, et réfléchit à ces paroles. « Non, je ne le suis pas », répondit-elle calmement.

 

« Tu l’es pas ? Mais ils ont dit… » Protesta l’homme.

 

Le barde secoua la tête. « Non, je suis un barde en fait. » Elle sentit un sourire s’installer sur son visage. « Et ma famille… » Son regard passa par-dessus leur tête vers Xena qui approchait. « Ce sont des aubergistes d’Amphipolis. »

 

« Des aubergistes », dit l’homme en fixant Xena, puis de nouveau vers elle. « C’est une race à part, alors. » Il souffla un soupir. « Ça doit être une sacrée auberge. »

 

Xena lui lança un regard, puis tendit son avant-bras. Elle attendit qu’il le prenne avant de parler. « Nous avons une bière très costaud. Je m’appelle Xena. »

 

Sa mâchoire en tomba. « Oh… dieux… »

 

« Nan. » Elle secoua la tête. « J’ai été accusée de beaucoup de choses, mais jamais de ça. »

 

Les villageois aidèrent Xena à seller l’un des chevaux minables que les brigands avaient gardés dans le campement, et elle leur dit de prendre le reste de la corde avec eux, ainsi que tout ce qui avait de la valeur dans cet endroit.

 

Une recherche rapide apporta quelques morceaux de tissu poussiéreux, assez nombreux pour que Xena en coupe et en arrache pour en faire des bandages, qu’elle enroula autour de son bras avant d’aller vers le barde. « Ne bouge pas. » Elle s’agenouilla et déboucla la ceinture de Gabrielle. « je vais enrouler ça autour de toi… le soutien t’aidera à mieux supporter la douleur. »

 

« OK », accepta Gabrielle doucement, sentant Xena glisser ses mains sous le tissu de sa chemise, et elle retint un sourire fatigué lorsque son corps, malgré la douleur, malgré l’épuisement total, réagit au contact de sa compagne avec un chatouillis chaleureux. Elle fixa la tête sombre devant elle, et leva la main, pour passer légèrement ses doigts dans les cheveux maintenant secs de Xena. « Tu dois être gelée, mon amour. »

 

Xena termina sa tâche et laissa ses mains reposer sur les genoux de Gabrielle, levant les yeux avec un sourire légèrement penaud. « Je devrais… » Elle tapota la jambe du barde. « Mais en fait non… je me sens juste… » Comme si je flottais dans les airs… quelle étrange sensation. « Au chaud… juste… contente d’être arrivée ici. »

 

Gabrielle laissa ses mains voyager le long de la gorge de la guerrière et toucha le collier, levant les yeux vers Xena, intriguée.

 

Elle fut récompensée par un sourire, alors que Xena tendait la main vers sa nuque et détachait le collier qui portait l’anneau. « Tu veux que je te rende le tien ? » Demanda-t-elle, en dressant un sourcil en questionnement.

 

Le barde secoua doucement la tête. « Nan. J’aime bien celui-là. »

 

Xena baissa les yeux sans répondre, puis elle glissa l’anneau de la chaîne et tendit les mains, pour l’accrocher au cou de Gabrielle. Elle sourit en levant la main du barde, et elle glissa l’anneau à sa place, sentant les doigts de sa compagne serrer les siens.

 

« Ça m'a fait vraiment mal de les enlever », murmura Gabrielle. « Je sais que ce ne sont que des symboles, mais… » Elle frotta l’intérieur de l’anneau de son pouce. « Je ne voulais pas que quelqu’un… » Elle hésita. « Me les prenne. »

 

Xena sentit une vague inattendue d’émotion à ces mots, et elle s’installa près de Gabrielle sur la bûche, et mit doucement les bras autour d’elle. « Je comprends. » Le barde s’affaissa contre elle, les mains serrant ses vêtements de cuir à moitié secs.

 

« J’avais si peur », murmura Gabrielle, désirant désespérément la chaleur de leur connexion. « Je pensais… je pensais… qu’il n’y avait aucun moyen pour que tu puisses… » Elle s’interrompit. « Oh… dieux… Xena… comment cela… qu’est-ce qui s’est passé… »

 

« Shh. » Xena l’apaisa avec de douces caresse. « Tout va bien. Tout est arrangé. », rassura-t-elle le barde. « Ils vont venir nous rendre visite dans quelques jours. »

 

Gabrielle leva le regard et laissa calmement ses doigts tracer le visage de Xena. « Tu es magique », dit-elle avec émerveillement.

 

« Nan. » Xena lui sourit tristement. « C’est juste pas mal de boulot. » Elle enfouit son visage dans les cheveux de Gabrielle pendant un moment, puis soupira. « Allons-y. »

 

Le cheval, un hongre gris louvet, était placide, et se tint calme pendant que Xena soulevait Gabrielle pour l’aider à s’installer. Elle allait prendre les rênes pour mener le cheval, quand le barde tira sur son armure d’épaule. « Toi aussi. » Elle baissa les yeux. « Il est grand, ce cheval. »

 

« Non… c'est bon… Je n’ai pas besoin de… »

 

Une main ferme sur sa mâchoire l’arrêta, et elle sentit le regard intense et sérieux de Gabrielle. Ça aurait dû l’ennuyer. Mais ce ne fut pas le cas.

 

« Xena ? » La voix monta calme et intense. « C’est quand la dernière fois que tu as dormi ? »Je ne veux pas connaître la réponse à cette question, non ? Je sais que je ne vais pas aimer ça… mais… est-ce que je peux mentir et dire que je ne suis pas contente qu’elle ait fait tout ça ? Je serais morte autrement. Encore.

 

« Hum. » Xena plissa légèrement le front. « Je ne… » Me souviens pas ? Dieux… « Le soir où on est partis. » Finit-elle par admettre. « La nuit suivante… j’ai ressenti… je savais que quelque chose n’allait pas. » Le léger toucher de la main de Gabrielle sur sa tête. « J’ai continué à avancer après ça. » Elle soupira. « Bien que ça aurait pu être Eph… Je ne savais pas… jusqu’à ce qu’Arès me trouve. »

 

Les doigts s’emmêlèrent dans ses cheveux et massèrent doucement sa nuque, et elle posa la tête contre la cuisse du barde, laissant la pression se relâcher un peu à l’intérieur. « Monte. » La voix de Gabrielle était insistante. « S’il te plaît ? » Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire d’elle ? C’est… Elle soupira mentalement. C’est bien ma Xena.

 

Et Xena obéit, s’installant derrière Gabrielle et, avec précautions, entourant le barde de ses bras. Elle sentit immédiatement sa compagne se détendre contre sa poitrine alors qu’elle pressait le hongre de ses genoux pour le lancer sur le chemin ombrageux de la maison.

 

La cour de l’auberge était bien éclairée, et grouillante de gens, des villageois et sa famille, des Amazones et des visiteurs quand Xena amena finalement le cheval gris, déclenchant vite une foule pour laquelle elle manifestait peu de patience pour le moment.

 

"Ok… Ok… » Avertit-elle, en tenant la forme étourdie de Gabrielle d’un bras pour les repousser de l’autre. « Reculez… Laissez-nous respirer. »

 

Toris se fraya un chemin avec l’épaule et repoussa doucement les gens, attrapa les rênes du cheval et fit un petit sourire triste à sa sœur. « Besoin d’un coup de main ? » Marmonna-t-il à voix basse, alors qu’elle descendait de cheval pour atterrir sur le sol boueux près de lui.

 

Xena lui lança un regard et fit un petit signe de la tête. « Non… ça va. Elle a des côtes cassées. »

 

Il tressaillit. « Ouille. » Siffla-t-il avec sympathie, puis il se tourna quand Cyrène apparut près de lui, et ils regardèrent Xena descendre le barde du dos du cheval pour la prendre dans ses bras. Gabrielle remua et son visage se contracta de douleur en même temps qu’elle clignait des yeux pour les ouvrir.

 

« Doucement. » Dit Xena, alors que le regard vert hébété cherchait son visage et se réchauffait. « On est chez nous. »

 

Un léger sourire du barde, alors qu’elle levait la main pour tapoter doucement la poitrine de Xena. « Ça fait un moment que je suis arrivée. » Marmonna-t-elle, puis elle tourna légèrement la tête et se concentra sur les gens près d’elle. « Salut maman. » Son regard alla vers la gauche. « Salut frérot. »

 

« Hé ma jolie. » Cyrène lui tapota doucement le bras. « C’est bon de te revoir. »

 

« Tu l'as dit. » Dit Toris, son regard bleu brillant lorsqu’elle s’adressa nonchalamment à lui.

 

« Très bien. » Cyrène s’éclaircit la voix. « Ecartez-vous, tout le monde. » Ces paroles accompagnées d’un regard au visage de sa fille. « Laissons Xena l’emmener à l’intérieur. »

 

Un regard rapide et reconnaissant de la guerrière la fit sourire. « Nos autres invités sont là, et bien installés… Ils sont revenus il y a quelques marques de chandelle. » Son front se plissa. « Ton ami centaure a insisté pour aller dans l’écurie… Je peux comprendre son point de vue, mais… est-ce qu’il doit garder l’enfant avec lui ? »

 

Xena s’arrêta alors qu’elle commençait à s’avancer vers leur chalet, et ses lèvres se pincèrent un peu. « Il sera bien là-bas maman. » Elle s’interrompit. « Comment va Ephiny ? »

 

Un bref hochement de tête de sa mère. « Plutôt bien… quand on y pense. » Elle poussa doucement Xena. « Allez va. J’ai mis des trucs pour vous dans le chalet. Et que je vous vois pas avant demain. Tu m'entends ?»

 

Xena rit d’un air las. « J'entends, j'entends. » Elle navigua dans la cour et monta jusqu’au chalet, poussa la porte et sentit la chaleur confortable du feu lorsqu’elle passa le seuil.

 

La pièce était bien éclairée de chandelles, et elle se fraya un chemin, puis posa le barde doucement sur le lit.

 

Un bruit de grattage à la porte la fit se retourner et elle leva les mains juste à temps pour retenir l’accueil enthousiaste d’Arès. « Roo !! » Il yodla tout en lui léchant chaque partie qu’il pouvait atteindre.

 

« Arès ! » Protesta-t-elle. « Allez… »

 

Un rire léger la détourna et elle se retourna vers le lit, où Gabrielle regardait à travers ses paupières à demi closes. « Regarde, Arès… regarde qui on a trouvé ! » Elle garda le loup bien en main pour l’empêcher de sauter sur le lit.

 

Arès posa sa tête noire sur les couvertures, et lécha la main de Gabrielle. « Arrggghroo ? » Piaula-t-il.

 

Gabrielle caressa doucement sa fourrure et le gratta derrière les oreilles. « Salut Arès… Je vais bien… Merci d’avoir retrouvé ta maman pour moi. » Elle lui sourit. « Tu es un bon garçon. »

 

Il soupira et posa son museau sur son bras. « Grrr. »

 

Xena rit et se leva, pour aller vers le bassin d’eau chaude que Cyrène avait laissé, avant de prendre sa trousse de soins.

 

« Hé. » La voix du barde lui parvint plus forte que prévu.

 

Xena leva les yeux pour voir le regard sévère de Gabrielle. « Hein ? »

 

« Tu enlèves ces vêtements mouillés avant de faire quoi que ce soit. » Le barde lui lança un regard ferme puis s’interrompit. « S’il te plaît ? »

 

Xena se laissa faire avec un faux soupir, sentant la chaleur bienvenue en passant une épaisse chemise en coton par-dessus sa tête pour laisser ses vêtements en cuir sécher. Encore une fois, se rendit-elle compte avec un rire intérieur désabusé. Ça doit être la couleur. Puis elle rassembla leurs affaires et alla vers le lit, posa les choses sur la table basse, et retira sa dague de son étui. « Il faut que je coupe cette chemise… je ne pense pas que tu veuilles lever les bras pour que je te l’enlève. »

 

« Dépêche-toi, va. » La taquina doucement le barde. « Parce que je ne peux pas avoir ce que je veux vraiment avant que tu n’aies fini. » Elle ferma les yeux alors que l’acier acéré coupait le tissu épais, et qu’on entendait le son rude alors que les fibres se séparaient à l’avancée de la lame du couteau ; et elle sentit l’air chaud frapper son corps sous la chemise.

 

Des doigts légers touchèrent sa gorge. « Qu’est-ce qui s’est passé là ? » La voix de Xena flottait au-dessus d’elle, et elle se força à ouvrir les yeux, pour étudier le visage éclairé par la chandelle au-dessus d’elle, se mordillant un peu la lèvre.

 

« J’avais un… » Elle pinça les lèvres. « Ils pensaient que j’étais très dangereuse… Ils m’ont mis un collier. »

 

Les yeux bleus s’agrandirent de colère. « Tout va bien. » Gabrielle mit la main sur le bras de sa compagne, puis elle sentit un contact sur son poignet et baissa les yeux pour voir Xena examiner les bleus rudes à cet endroit.

 

« Je pensais que tu avais dit qu’il ne t’avait pas blessée. » La voix de Xena était sombre, et Gabrielle pouvait sentir la colère qui sortait d’elle sans peu d’effort.

 

« C’était… » Le barde soupira d’épuisement. « Plus humiliant que douloureux, Xena. Il m’a juste… Ils m’ont attachée dehors, comme une sorte de monstre de foire… mais… » Elle leva les yeux. « Xena, s’il te plaît… c’est fini… j’en suis sortie… ne me fais pas repenser à tout ça maintenant. » Elle croisa le regard bleu où couvait la flamme. « Ce n’est pas que je… n’apprécie pas… ta colère pour moi. Je l’apprécie. » Elle s’interrompit et déglutit. « Mais maintenant là… je me fiche de tout ça. »

 

Xena repoussa sa rage dans une lutte évidente, prenant de profondes inspirations et les laissant ressortir, jusqu’à ce qu’elle finisse par un petit soupir. Elle prit un tissu de coton doux, le trempa dans l’eau chaude et lava doucement le corps meurtri de sa compagne puis elle couvrit d’onguent la peau à vif de ses poignets et de son cou. « Il faut que tu te redresses pour que je change ça… » Elle toucha les bandages de fortune autour de la poitrine du barde. « Tu veux que je les laisse… »

 

Des doigts chauds s’enroulèrent autour des siens, et elle leva les yeux pour croiser ceux de Gabrielle. « S’il te plaît. » Murmura le barde. « Ils sont très bien. » Elle tira doucement. « J’ai besoin de toi. »

 

La guerrière hésita. « Gabrielle… Tu es vraiment blessée… Je ne… »

 

Le barde sourit. « Déjà vu, déjà fait avec toi, tu te souviens ? » Elle tira de nouveau. « Viens. »

 

Xena se souvint. Et admit en elle-même qu’elle voulait ce que voulait Gabrielle, tout aussi fort. Avec précautions, elle se glissa sur le lit et tira les couvertures sur elles deux.

 

Gabrielle attendit qu’elle soit installée, puis se durcit pour l’effort et roula sur le côté, pour se blottir contre le corps chaud de sa compagne avec un sentiment de profond soulagement. La douleur s’effaça jusqu’à disparaître alors qu’elle se laissait submerger dans le confort riche et doré de leur connexion, ce qui amena des larmes à ses yeux alors qu’elle sentait les bras de Xena s’installer autour d’elle dans une étreinte protectrice.

 

Elle glissa la main sous le tissu de la chemise de Xena, sentant les muscles sous sa peau bouger alors qu’elle resserrait sa prise. « Besoin… de ça. » Murmura-t-elle, dans un écho délibéré. « A l’abri. » Elle sentit le mouvement et la pression lorsqu’Arès sauta sur le lit et se blottit derrière ses genoux, un endroit favori, et elle sourit. « Chez nous. » Dit-elle dans un souffle et elle laissa la lumière l’emporter.

 

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