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WINTER'S ENDING5bis

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

 

La fin de l'hiver (Winter's ending)

 

De Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

********

Partie 5B (ou 5 bis)

*********

 

5ème partie (suite)

 

 

Iolaus se blottit un peu plus dans le manteau, extrêmement ravi de la longue tunique qu’il avait empruntée au frère de Xena. Le vent froid et humide le transperçait sans remords, rejetant la cagoule de ses cheveux blonds ébouriffés, et soufflant la crinière de son cheval contre ses mains comme des piqûres.

 

Ils avaient chevauché tout le jour, et pas mal dans l’obscurité et ils commençaient juste à arriver aux avant-monts qui divisaient la zone fertile d’Amphipolis des hauts pics rocailleux où le château était niché, protégé par des à-pics tranchants.

 

Xena avait peu parlé pendant la journée, maintenant son aura renfrognée avec peu d’effort, et ne lui marmonnant quelques mots que quand c’était nécessaire. Ce qui n’était pas si mal, pensa-t-il sinistrement. Parce qu’il n’avait aucune idée de quoi lui dire en fait. Alors… Xena… Combien de chauves gauchers tu as tués ces derniers temps ? Son esprit fatigué imaginait la conversation. 824, Iolaus, pourquoi ? C’est ce qu’elle aurait sûrement grogné comme réponse.

 

Il leva les yeux en entendant les sabots d’Argo qui revenait, et frissonna lorsque la jument dorée se matérialisa de la lueur brumeuse comme un spectre sauvage, sa robe reflétant de manière sinistre les quelques rayons de lune qui passaient au travers des nuages en mouvement. « Il y a une grotte juste au sud d’ici. On va s’y abriter pour la nuit. » La voix de Xena était calme. « Viens. »

 

« D’accord…. » Iolaus s’étira douloureusement dans la selle. Par les dieux… cette femme était inhumaine. Ils avaient chevauché toue la journée et il avait même dû lui demander de s’arrêter deux fois, à son grand embarras. Il allait avoir bigrement al partout demain… mais la pensée de tout ce chemin qu’ils avaient parcouru, les rapprochant de son meilleur ami… lui firent ressentir que ça en valait la peine. Il guida sa monture derrière Argo et soupira de soulagement lorsqu’ils arrivèrent à la sombre ouverture de la grotte à peine une marque de chandelle plus tard.

 

Il se laissa tomber du cheval avec un profond sentiment de soulagement, fléchissant ses genoux douloureux, et se frottant les mains, rêches à cause du froid. « Je vais voir si je peux trouver du bois pour le feu », proposa-t-il en tendant la main pour prendre une hache bien attachée dans son paquetage.

 

« Non », répondit Xena, sa silhouette à peine visible dans l’obscurité. « Je vais le faire… toi tu entres, Iolaus. » Un rai de lune s’accrocha à ses yeux bleus et fit danser un soupçon de sourire sur son visage. « Vas-y… emmène Argo là-dedans aussi. C’est assez grand pour nous tous. » Elle détacha une hache terriblement recourbée de la selle d’Argo, et entra dans la lueur, le laissant avec les chevaux et un sentiment distinct de gratitude.

 

« Et bien, qu’est-ce que tu penses de ça ? » Dit-il en faisant la conversation à Argo, qui le poussa du museau dans le ventre et émit un son. « Elle me parle pas de la journée, et après elle fait un truc sympa comme ça. » Il captura les rênes de la jument et mena les deux chevaux dans la grande grotte qui était, comme l’avait dit Xena, bien qu’assez grande pour eux, leurs chevaux, toutes les Furies et les Parques, en fait. Il alluma une torche et étudia l’endroit avec un petit sentiment de satisfaction. On aurait dit un camp de chasseurs fréquemment utilisé, parce qu’un feu en rond était déjà marqué de pierres noircies.

 

« Très joli », soupira-t-il. « Pour une grotte, je veux dire. » Il marmonnait en menant les chevaux d’un côté et trouva une crevasse pour y installer sa torche. Se tournant vers son cheval, il décrocha son paquetage des hanches de l’animal et le lança contre le mur, puis dessella le hongre et utilisa un morceau de tissu de son sac pour le frotter. « Bouge pas… je ne sais pas si on… »

 

Des bruits de pas à l’entrée l’interrompirent, et il leva les yeux pour voir Xena entrer, une énorme bûche en équilibre sur son épaule. Elle lui lança un regard rapide, puis fit tomber le bois dans le cercle du feu, se mit sur un genou et l’arrangea de ses mains expertes. « Il y a un sac sur le dos d’Argo qui contient des graines pour les chevaux. Sers-toi. »

 

Il se tint là tranquillement, à la regarder quelques instants, avant de se diriger vers le côté chaud d’Argo. La lumière sautillante de la torche éclaira son corps puissant et envoya des reflets qui firent briller ses cheveux noirs ; et il se rendit compte qu’elle avait une présence physique pure qui dépassait sa réputation qui l’intimidait bien plus qu’il n’osait l’admettre. « Merci. » Il prit une profonde inspiration et trouva le sac, avec deux nourrisseurs attachés à lui. « Tu penses à tout ? » Il rit un peu en soulevant le sac supplémentaire.

 

Xena lui fit le truc de ses sourcils dressés. « Ça paie d’être préparé, Iolaus », déclara-t-elle, en se tournant à nouveau vers le feu pour envoyer des étincelles pour l’allumer.

 

Leur camp fut monté et il fut reconnaissant de n’avoir plus qu’à être tranquillement assis sur son couchage, mâchant les rations de voyage qu’ils avaient apportées, faisant face aux yeux voilés de Xena de l’autre côté du feu. « On a bien avancé », s’aventura-t-il à dire, plus pour entendre un bruit qu’autre chose.

 

Xena réfléchit à ceci puis hocha judicieusement la tête pour approuver. « Pas mal », dit-elle en s’appuyant contre le mur, étirant ses longues jambes pour les croiser aux chevilles. Elle avait retiré son armure, et s’occupait maintenant à aiguiser son épée, un léger bruit de grattement qui lui secouait les nerfs. Hercule ne portait pas d’épée… bien qu’il savait en user, tout comme Iolaus.

 

« Parle-moi de l’agencement du château » La voix basse de Xena brisa le silence inconfortable, alors qu’elle finissait sa tâche et rengainait sa longue épée dans un glissement de cuir et d’acier. Elle regarda Iolaus bouger mal à l’aise, et avec un soupir, elle eut pitié de lui. « Ecoute, Iolaus… » Elle attendit qu’il la regarde, ce qu’il fit. « On va trouver un moyen de passer au travers, d’accord ? »

 

« Oh… ouais… et bien, je sais qu »on va le faire, Xena… c’est juste que… » Il hésita, souhaitant être n’importe où ailleurs, tellement elle le rendait nerveux. « Je… je ne… »

 

La guerrière se rendit soudain compte de son problème et se réprimanda mentalement. « Hé », dit-elle, en mettant perceptiblement de la chaleur dans sa voix. « Attends…. » Elle tira un sac près d’elle et fourragea à l’intérieur, pour y trouver un paquet qu’elle soupçonnait de s’y trouver. Et un tout petit autre auquel elle n’avait pas pensé, qu’elle sortit avec curiosité pour l’examiner. Un lent sourire passa sur son visage, pratiquement malgré elle. Elle posa le petit objet de côté, et déballa le plus grand, exposant quelques-uns de ses gâteaux favoris. « Viens là. » Elle lança un regard à Iolaus, ce qui le fit se tortiller pour se mettre debout et venir vers elle, s’agenouiller près d’elle. « Tiens… »

 

Iolaus ne put cacher sa surprise. « Euh… wow… hum… merci ! » Il choisit un gâteau avec précaution et fit retraite vers son couchage, mâchant d’un air absent, tout en lui lançant des regards curieux. « Ta mère est vraiment une cuisinière géniale, Xena. » Il fit à nouveau une tentative de conversation renforcée par son offre.

 

Cette fois, la guerrière s’ouvrit un peu, et lui lança un regard plus paisible. « Oui, c’est sûr. » Cela fut dit avec un doux rire. « Sa cuisine m’a manqué toutes les années où j’étais… » Elle s’interrompit pensivement. « Loin d’ici. » Elle s’interrompit à nouveau, puis prit le petit objet près d’elle et le regarda. « Mais Gabrielle n’est pas si mauvaise non plus. »

 

« Vraiment ? » Dit Iolaus, se sentant un peu mieux. « Et je présume que tu ne… » Il laissa la pensée s’envoler.

 

« Ce n’est pas un de mes nombreux talents, non », répondit Xena avec un sourire bizarre. « Je sais faire la base. » Elle déballa nonchalamment le paquet dans ses doigts et retira la pierre brillante qu’il contenait, la faisant rouler entre ses doigts. « D’un autre côté, Gabrielle déteste chasser… et elle est vraiment nulle. Alors… on fait marcher. »

 

Iolaus se mit à rire. « On essaie de rester dans les villages, d’éviter la question. » Il leva les yeux et capta une expression d’inattention sur son visage, alors qu’elle étudiait le petit morceau de parchemin dans ses mains. Son visage s’était détendu et un sourire chaleureux éclairait ses traits sombres comme si elle avait été soudainement touchée par la lumière du soleil, plutôt que par la lueur rouge et hésitante de leur feu. Qu’est-ce qui…. Se demanda-t-il en la regardant poser le petit morceau de papier de côté.

 

Gabrielle…Son esprit caressa le nom, imaginant le barde écrivant les mots, sa tête teintée d’or et de feu penchée sur la tâche, avec juste le bout de sa langue dépassant par la concentration comme elle le faisait toujours quand elle écrivait. Cela amena une chaleur en elle qui fit fuir le froid et la fatigue de la longue journée, ainsi que la protestation de son corps sur l’abus soudain qu’il subissait après un mois de confort décadent. Elle se rendit brutalement compte que Iolaus l’appelait et elle leva les yeux, secouant légèrement la tête pour éloigner le brouillard plaisant. « Oui ? »

 

Iolaus la fixa, son visage agile froncé d’intrigue. « Tu vas bien ? »

 

La guerrière jeta un coup d’œil vers le bas, puis vers le haut, avec un demi-sourire étrange sur le visage. « Oui… désolée. C’est juste que… hum. » Elle se mordit la lèvre. « Je réfléchissais. Sur le meilleur chemin à prendre demain. » Allons, Xena… ce n’est pas l’endroit, et sûrement pas le lieu pour ce truc. Reprends-toi. « Tu disais qu’Herc et toi vous restiez toujours dans les villages ? » Elle croisa les bras sur sa poitrine. « On le fait aussi des fois, mais il y a beaucoup de nuits où nous ne sommes pas près d’endroits habités. »

 

« Ah. Et bien, oui… et puisque nous parlons de Gabrielle… » Il commença le sujet, en imaginant sous quel angle l’aborder.

 

« On parlait de Gabrielle ? » Demanda Xena, en toute innocence. Ses yeux avaient pris une lueur espiègle que Gabrielle aurait immédiatement reconnue. « Elle aime plutôt bien être dehors. »

 

« Oh… » Dit Iolaus en prenant une inspiration. « Vraiment ? Et bien, tu sais, Xena… hum… c’est une fille très talentueuse. »

 

Xena serra la mâchoire en essayant de retenir un sourire. « Ouais, c’est un barde génial », approuva-t-elle solennellement. « Tu devrais l’entendre raconter des histoires sur toi. »

 

« Humm…. Sur moi… sur nous… vraiment ? » Dit Iolaus en se laissant distraire un moment. « Bien… euh… et bien, je suis sûre qu’elle fait un super travail. »

 

« Mmmhmm », psalmodia Xena sérieusement, en lui lançant son regard d’ex-seigneur de guerre le plus judicieux. « Elle t’imite de manière extraordinaire. »

 

« Euh… moi ? » Couina Iolaus. « C’est vrai ? » Il essayait d’imaginer ça et échoua totalement. « Je ne vois pas comment… » Il se reprit en se secouant. « Quoi qu’il sen soit, voilà ce que je veux dire. C’est une fille très, très talentueuse. »

 

« Tu l’as dit », commenta Xena, en sortant une dague de poitrine pour commencer à se nettoyer les ongles avec. « Et alors Iolaus ? »

 

« Oui ? » Répondit-il, essayant furieusement de rassembler sa tactique.

 

« Ce n’est pas une fille », répliqua Xena, en étudiant la dague, puis en levant les yeux vers lui. « C’est une femme. »

 

Un silence de Iolaus. Elle leva de nouveau les yeux vers lui, pour le voir la fixer avec perplexité. « Aimerais-tu que je t’appelle garçon ? »

 

Il secoua la tête, puis la hocha vers elle. « Ok… ok… ouais… je vois… et bien, elle a bien grandi ces derniers temps. »

 

« Tu peux le dire », répliqua Xena en retournant son attention vers sa dague, et en se mordant la lèvre pour ne pas rire. OH… comme j’aimerais que Gabrielle soit là pour entendre ça… elle adorerait.

 

« Bien », approuva Iolaus rapidement. « Euh… tu sais, Xena… une femme… une personne… aussi talentueuse qu’elle… et bien, tu sais qu’il y a des écoles à Athènes qui adoreraient l’avoir chez elles. » Voilà… c’était dit. Il se frotta mentalement les sourcils et jeta un coup d’œil vers elle, pour voir si elle avait saisi sa pensée.

 

« Oui, je sais », répondit Xena, indifférente. « Mais elle ne veut pas les avoir. » Et bon sang combien de temps ça m’a pris pour le comprendre ? Non… pour y croire.

 

« Elle ne veut pas ? » Demanda le jeune homme blond interloqué.

 

« Non », répondit Xena en rangeant la dague, avant de s’étirer, jurant en silence contre la tension après une minable journée de chevauchée.

 

« Oh. » Iolaus soupira. « Et bien, je veux dire… ne t’offense pas, Xena, mais je pense qu’elle aimerait donner une suite à son talent… je ne vois pas… »

 

La guerrière roula sur le côté et posa la tête sur sa main, le fixant avec un léger amusement. « Je ne sais pas Iolaus. Peut-être qu’elle aime mes blagues, c’est tout. »

 

Les yeux clairs clignèrent vers elle. « Tes… blagues ? »

 

« Ouais », débita Xena, sans rire. Elle lui tendit à nouveau le paquet. « Du gâteau ? »

 

Iolaus abandonna. « D’accord », railla-t-il avec un sourire en se penchant pour en piquer deux. « Désolé…. Je ne veux pas me mêler des affaires de Gabrielle, Xena… mais je l’aime beaucoup… elle est presque comme une sœur pour moi. »

 

Cela lui valut un sourire détendu du visage éclairé par les flammes en face de lui. « Oui, Toris ressent la même chose pour elle. » Son regard dansa mais lui ne la connaissait pas suffisamment pour le voir.

 

« Ah… vraiment ? » Iolaus mâchouilla ces mots un moment. « C’est gentil de la part de ta famille de l’avoir adoptée en quelque sorte, Xena… je sais qu’elle l’apprécie beaucoup. »

 

« Iolaus », dit doucement Xena en le regardant la regarder. « Elle fait partie de ma famille. Pas ‘en quelque sorte’. »

 

« Oh… bien. » Il hocha la tête. « Désolé. » Il s’interrompit, pianotant sur sa cuisse. « Mais… est-ce que c’est juste pour elle ? »

 

Le sourcil finement ciselé de Xena monta d’un coup. « Qu’est-ce qui est juste pour elle ? » Vous savez, je pense que le vieil Iolaus-là a reçu trop de coups sur la caboche… il va falloir que je parle à Herc pour qu’il prenne des vacances après ça et qu’il se détende un moment.

 

Le jeune homme blond s’assit, enlaçant ses mains. « Et bien… de la garder… um… attachée à toi de cette façon maintenant avant que tu ne commences à hurler Xena, je sais que tu as dit qu’il ne fallait plus en parler mais… » Il s’arrêta et prit une profonde inspiration. « Elle t’aime. » Il présenta la situation avec triomphe. « Et elle ne partira pas pour s’accomplir à cause de ça. »

 

Xena pencha la tête et le fixa, avec un doux sourire. « Iolaus, tu es vraiment un idiot. »

 

« Hein ? » Dit-il, ne s’attendant pas à cette réaction. « Je ne le suis pas… dis-moi que ce n’est pas vrai, Xena. Dis-moi qu’elle n’est pas désespérément amoureuse de toi. »

 

« Oh, j’espère bien qu’elle l’est », dit paresseusement la guerrière.

 

« Hein ??? Tu espères ? Pourquoi ??? » Exigea de savoir Iolaus en se penchant en avant.

 

« Parce que je suis désespérément amoureuse d’elle », obtint-il comme calme réponse.

 

Le silence tomba sur la grotte, envahi par les piétinements sourds des chevaux, et le lointain et faible raclement de petits cailloux qui tombaient quelque part à l’intérieur de la montagne.

 

Iolaus ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois, et se frotta fort les tempes. « Euh.. euh… ab.. du… » Ce fut tout ce qu’il réussit à sortir quand il fut surpris par un son inconnu. Il leva les yeux, et se rendit compte qu’il n’avait jamais entendu Xena rire auparavant. Comme ça en tous cas.

 

Devant ses yeux, le chef de guerre disparut et laissa sa place à cette jeune femme souriante, dont les yeux étincelaient d’humour et d’intelligence. Il sentait son monde tournebouler alors qu’il luttait pour venir à bout de ce changement de perceptions. Il finit par lever les yeux et croisa avec prudence le regard patient et attentif de Xena.

 

« Tu vas bien ? » Demanda la guerrière avec un ton légèrement amusé.

 

« Hmm ouais. » Iolaus se frotta la tête. « Je ne… m’attendais pas à … désolé. » Il lui lança un regard dépité. « je ne pensais pas… je ne savais pas que tu… je veux dire que tu avais… »

 

« Oui, je sais. » Xena soupira d’un air désabusé. « Ça a aussi été une surprise pour moi je dois dire. »

 

Ils se regardèrent. « Wow », finit par dire Iolaus, se laissant aller à un rire de soulagement. « Et bien… c’est génial ! » Il sourit. « Attends qu’Herc entende… » Puis son visage se referma et il regarda au loin. « Ouais. »

 

Xena le fixa de ces yeux bleus pénétrants qui semblaient voir à travers lui. « Iolaus. »

 

Il croisa son regard à contrecœur, ne tressaillant que légèrement.

 

« Tout va aller bien », déclara fermement la guerrière. « Je te le promets. »

 

Ça c’était la femme qui l’avait séduit… et tenté de détruire Hercule. Qui était le Choix d’Arès. Qui tuait les gens avec pas plus d’égard qu’il ne le ferait d’une fourmi. Dont le potentiel de destruction était si énorme, qu’elle avait tenu des pays entiers sous la terreur pendant des années. Et elle lui demandait de croire en sa promesse.

 

Etrangement, de manière impossible, il fut choqué de découvrir qu’il la croyait… parce qu’il y avait un noyau de quelque chose en elle qui lui était très familier. Une étincelle dans son œil, peut-être, qui amena à son esprit, un de ses amis grand, musclé et incroyablement noble.

 

« Merci », dit-il avec un sourire. « Ok… ça m’a lessivé… je pense que j’ai besoin de dormir un peu maintenant. »

 

Xena le fixa avec un sourire étrange. « Bonne nuit, Iolaus. »

 

Il roula sur son couchage et lui lança un dernier regard, dessinée par les flammes. « Bonne nuit, Xena. » Et il s’endormit instantanément, laissant ses pensées au royaume de Morphée, et sa sécurité physique au sens aiguisé du guet de Xena.

 

La guerrière le regarda un moment, puis roula sur le dos et fixa le plafond avec un sourire satisfait. Tu aurais été fière de moi, mon barde. Le barde s’habituait toujours à cette nouvelle facette de leur relation compliquée… et la notoriété naissante qu’elle avait de son propre respect.

 

Elles venaient de quitter Potadeia… et elles s'étaient arrêtées dans un petit village pour une nuit de repos loin du sol rude et froid. Xena avait conduit Argo à la seule écurie du coin, et l’avait bichonnée pendant que Gabrielle était entrée pour négocier le coucher et la nourriture. Elle avait pris son temps avec la jument, à l’étriller, et à retirer les petits cailloux de ses grands sabots, puis elle avait pris leurs sacs et était tranquillement entrée à l’intérieur.

 

Et elle avait entendu des voix qui provenaient de l’avant, dont celle de Gabrielle. Elle s’était avancée pour voir l’aubergiste discuter avec un barde visiblement en colère, juste à temps pour l’entendre répondre à Gabrielle.

 

« Ecoute, je ne veux pas de deux femmes seules ici. Ça crée bien trop de problèmes. » Il semblait être du genre honnête, sa voix n’était pas violente, juste frustrée.

 

Xena était venue se mettre derrière Gabrielle et avait posé les bras sur les épaules du barde, le menton posé sur la tête de sa compagne. « Quel genre de problèmes » Avait-elle demandé, en voyant ses yeux sortir de leurs orbites. Elle sentit Gabrielle glousser. « Ne me dis pas que c’est un de ces endroits où j’ai promis de ne mettre de raclée à personne ? »

 

« Il fallait juste le dire », marmonna l’aubergiste, sans croiser le regard bleu glacier qui le fixait. « Je pensais que vous étiez… »

 

« Quoi ? » Demanda Gabrielle, maintenant agacée. « Pensé que nous étions quoi ?? »

 

« Des prostituées ambulantes », avait calmement répondu Xena, avec un sourire amusé. « C’est ça ? »

 

Ses yeux marron clairs la fixaient. « Euh… et bien… » Il s’interrompit. « Tu es Xena, c’est ça ? »

 

Elle hocha la tête. « T’as deviné comment, le cuir ou l’attitude ? »

 

Il rougit puis regarda la jeune femme aux cheveux clairs qu’elle entourait de ses bras. « Alors tu dois être Gabrielle, le barde. »

 

Xena avait senti la chaleur intense sur la peau de sa compagne et avait souri.

 

L’aubergiste sourit. « Vous auriez dû le dire qui vous étiez. » Il secoua la tête. « Je vous échange une chambre et le dîner contre quelques histoires, alors, d’accord ? »

 

Xena avait honnêtement savouré ce moment, jetant un coup d’œil au profil de Gabrielle, qui prenait la forme d’un sourire de ravissement malgré elle ; « je dirai que tu reçois la meilleure partie de ce marché, aubergiste », avait-elle dit d’une voix traînante, en regardant la rougeur s’accentuer sur le visage du barde.

 

« Parfois on a de la chance », approuva l’aubergiste avec un sourire effronté. « En plus, je me garantis au moins une nuit sans problème. » Il tendit une main énorme. « Hector. »

 

Elles lui avaient serré la main puis étaient montées, silencieuses jusqu’à ce que la porte de la petite mais plaisante chambre qu’il leur avait fournie soit fermée. Puis Gabrielle s’était retournée et avait posé les mains sur ses hanches. « Des prostituées ambulantes ? »

 

Xena haussa les épaules et jeta leurs sacs sur le lit. « Et bien… » Elle était allée jusqu’à sa compagne et avait doucement tracé les contours de son visage d’un doigt connaisseur. « Ce n’est pas une idée totalement incroyable… en te voyant, en tous cas. » Elle avait souri à la vue de l’expression exaspérée du barde. « Et c’est comme ça que certaines gagnent leurs vies, mon barde. N’ayant aucun autre talent. » Elle avait haussé les épaules. « Tu aurais dû lui dire ton nom. »

 

« Je ne suis pas habituée qu’il signifie quelque chose pour quelqu’un », avait marmonné Gabrielle, en rougissant à nouveau. « Le tien, sûr. Mais pas le mien. »

 

« Il vaut mieux que tu t’y fasses », avait-elle dit au barde, avec un sourire de sympathie. « En plus, je préfèrerais qu’ils connaissent plutôt le tien… et pas le mien. »

 

Gabrielle avait levé les yeux vers elle et lui avait fait un doux sourire. « Oh non, Princesse Guerrière. S’ils connaissent un jour le mien, sois en assurée, ils connaîtront toujours le tien. »

 

Xena rit pour elle-même au souvenir. Puis elle sortit le morceau de parchemin et s’appuya plus près du feu pour relire les mots.

 

L’obscurité s’abat, le froid envahit tout

 

L’air dehors frissonne de gel,

 

Comme si le monde lui-même abandonnait toute vie.

 

Mais je suis ici, aucun froid intense ne peut me toucher, aucune gelée ne peut s’installer.

 

Quand je ferme les yeux et que je pense à toi.

 

Tout à fait dans le ton pour la saison, pensa Xena, alors qu’elle sentait la même chaleur l’envahir. Elle plia le papier en un tout petit morceau et le mit dans la paume de sa main, puis ferma les doigts en un poing, puis s’installa pour s’endormir, fixant pensivement le feu qui craquait pendant une éternité avant de laisser ses yeux se fermer.

 

*******************

 

Gabrielle laissa sa tête reposer sur l’oreiller, les bras l’entourant, alors qu’elle fixait le soleil du matin par la fenêtre sans vraiment regarder. Il y avait au moins du soleil aujourd’hui, se dit-elle paresseusement. La nuit avait été longue après qu’elle avait laissé Ephiny paisiblement endormie, et discuté avec le guérisseur. Puis elle était revenue ici au chalet… qui était très grand et très calme sans son autre occupante.

 

Ce n’est pas que Xena était particulièrement bruyante, bien au contraire. Mais sa présence semblait toujours emplir la pièce, même si elle était simplement assise près du feu, ou allongée sur le lit, à regarder Gabrielle écrire. Ou juste… Très bien, Gabrielle, tu arrêtes ça et tu te reprends.

 

Le sommeil n’avait pas été très paisible bien qu’elle ait évité les cauchemars ; son corps était maintenant si habitué à la présence réconfortante de Xena qu’elle trouvait difficile d’y renoncer et de dormir dans ce très grand lit sans elle. En soupirant, elle roula sur le dos et se frotta les yeux, puis étira son corps de tout son long sur le lit et s’assit, se passant les doigts dans les cheveux. « Bonjour Arès », marmonna-t-elle au loup, qui roula sur le dos et présenta son ventre pour qu’on le gratte.

 

« Arrrrggroooo.” Il soupira en remuant la queue quand il obtint satisfaction.

 

« Oui, à toi aussi. » Elle rit, lui attrapa le museau et le secoua. « Viens, on s’habille et on va se chercher à manger. » Elle glissa hors du lit, et partit à pas feutrés vers le feu, installa le chaudron à eau sur le crochet, puis alla vers un endroit où se trouvait un bassin d’eau. Elle retint sa respiration puis plongea la tête dedans, laissant l’eau glacée lui donner le choc du réveil. « Yaaaagghh !! » Cria-t-elle en relevant la tête. « Comment est-ce qu’elle fait ÇA ??? » Elle pensait à Xena qui faisait ce plongeon si naturellement chaque matin dans le bassin.

 

« Roo ? » Demanda Arès, assis sur ses pattes arrières derrière elle, sa tête sombre penchée d’un côté.

 

« Brrr… » Dit Gabrielle en claquant des dents, en attrapant une serviette pour s’essuyer. « D’habitude, elle me la réchauffe. » Elle sentit un sourire passer sur son visage à cette pensée. Cette attention pratiquement inattendue de la part de quelqu’un qui avait toujours été indifférente à ces petites choses… et quand cela avait commencé à changer…

 

Elle ne l’avait d’abord remarqué qu’après… tout ce truc avec Vélasca et Callisto… après qu’elles avaient combattu et finalement réparé leur amitié pour ce qui semblait être la douzième fois. Elles avaient une routine… elle savait ce qu’on attendait d’elle.

 

S’occuper de leurs affaires, et mettre de l’ordre. Aider à installer le campement et trouver du bois pour le feu. Faire la plus grande partie de la cuisine, parce Xena était vraiment pas fortiche là-dessus. Le travail de Xena était de trouver un endroit sûr pour commencer, de prendre soin d’Argo, d’entretenir toutes ses armes et son armure, de chasser pour elles, et de collecter des herbes et autres végétations parce qu’elle savait le faire sans les empoisonner toutes les deux.

 

Elle avait commencé à noter des petits trucs… comme de trouver son couchage déjà déroulé. Ou quelque chose de raccommodé, sans commentaire, et remis dans son sac. Le thé préparé pour elle le soir sans qu’elle ait à demander.

 

Elle s’était trouvée irrésistiblement encline à la réciproque… apportant de l’herbe fraîchement cueillie près des cours d’eau pour Argo, son dîner à Xena. Faisant des petits trucs dont elle savait que c’étaient les préférés de sa compagne.

 

Certaines choses restaient inviolées ; Xena ne touchait jamais ses parchemins, elle n’allait jamais tout près des armes ou de l’armure de la guerrière. Mais elle pouvait ressentir un… brouillard de frontières entre elles, et elle y pensait tard le soir, en regardant les étoiles, voyant le visage de Xena si près qui regardait là-haut aussi. Ça c’était l’autre changement… elles avaient commencé à dormir côte à côte, par consentement mutuel muet… c’était juste arrivé… un soir.

 

Alors elles pouvaient se parler. Ou faire des dessins avec les étoiles sans avoir à se crier par-dessus le feu de camp. Et aussi Xena pouvait mieux la protéger si elles étaient attaquées la nuit. Ouais, sûr, c’était ça.

 

Elle pensa à la façon dont elle restait près de la guerrière la journée, et comme Xena semblait aimer marcher de plus en plus ces derniers temps.

 

Leurs bras s’effleuraient. Assez près pour qu’elle saisisse l’odeur épicée du cuir de Xena, et la saveur piquante de l’armure de cuivre qu’elle portait. Assez près pour entendre sa respiration douce et régulière. Elles jouaient à ‘Qui tu tuerais’ et elle répétait ses histoires ou parfois elles se contentaient de parler… de tout. Et de rien.

 

Une nuit, elle était allée vers la rivière, pour laver le chaudron après le dîner. Elle venait juste de commencer sa tâche quand elle entendit des bruits de pas familiers derrière elle, puis une présence chaleureuse à son côté. « Tu veux un coup de main ? » Cette voix qui avait commencé à atteindre des endroits tout au fond d’elle, prudemment naturelle, indifférente à sa réponse.

 

« Je veux bien. » Le soleil qui se couchait les avait colorées de rouge cramoisi, et elle s’était interrompue un instant, fermant les yeux pour juste ressentir la beauté de cette journée. Le vent lui apportait la riche odeur du pin, et celle distincte de la rivière, et l’odeur chaude et laiteuse du savon que Xena utilisait. « C’est beau, non ? » Avait-elle demandé, ouvrant les yeux, pour trouver les yeux bleus presque assombris de violet dans la lumière riche du soleil et qui la regardaient.

 

« Oui. » Avec ce demi-sourire étrange. Puis le regard s’était déplacé par-dessus l’eau et sur sa tâche. « Oui, c’est beau. »

 

Elle avait mis toute son attention à sa tâche, acceptant simplement le frisson rapide qu’elle ressentait quand leurs mains se touchaient. Elle poussa un cri rauque quand Xena finit son travail, puis l’aspergea à pleine main. « Hé ! » Cria-t-elle, en l’éclaboussant à son tour.

 

Elle ne sut jamais vraiment comment les choses arrivèrent… à un moment elle luttait furieusement, le suivant, elle avait perdu son équilibre et trébuchait du bord sur lequel elle était à genoux pour partir la tête la première dans l’eau. Elle s’était préparée à un impact très froid, mais va savoir comment… quelque chose de grand et de chaud la rattrapa et dans une poussée d’air elle se retrouva sur la rive, roulant dans l’herbe dans les bras de Xena.

 

Elle savait qu’elle aurait dû se sortir de là, et s’écarter avec un rire. Mais cette chaleur, cette odeur forte, et sa propre nature la trahirent, et elle glissa les bras autour de sa compagne et l’étreignit au lieu de ça. Ce fut merveilleux.

 

Un long moment de stupeur, puis elle sentit les bras se resserrer sur elle, et lui retourner la pression. Et une voix tout près d’elle. « C’est pour quoi, ça ? » Ça voulait dire l’embrassade, mais dans un ton qui lui fit des choses merveilleuses quand il glissa le long de ses oreilles.

 

« Juste parce que », avait-elle répondu. Juste parce que je suis en train de devenir follement amoureuse de toi, Xena. Juste parce que tu me rends si folle…. Je peux à peine penser. Juste parce je m’assieds le soir et j’écris de la poésie sur tes yeux. Juste parce que… « Xena ? »

 

« Mmm ? » La pression autour d’elle se détendit et elle fut libre de ses mouvements. Elle n’en usa délibérément pas et après un moment d’hésitation, elle sentit la pression revenir. « Quoi ? » Demanda paresseusement la guerrière.

 

« Je… euh… merci de m’avoir rattrapée. » Juste quelques secondes encore… juste un peu… et ensuite elles allaient se relever, se nettoyer et retourner au campement.

 

« A ton service, Gabrielle », reçut-elle en réponse, et elle sentit la poitrine de Xena bouger alors que celle-ci prenait une profonde inspiration, et la laissait lentement sortir ; puis la guerrière se releva et ramassa les pots avant de lui tendre la main pour l’aider à se relever.

 

Oubliant… en quelque sorte… simplement de la lâcher alors qu’elles revenaient en silence, le soleil chaud du soir sur leurs dos et le sentiment grandissant que ce qu’il y avait entre elles faisait faire des embardées au cœur de Gabrielle d’un merveilleux bonheur.

 

Gabrielle se rendit compte qu’elle était restée dans la rêverie pendant quelques minutes, et elle secoua la tête, en riant un peu. « Oh dieux… il faut que j’arrête avec ça. » Elle laissa lentement passer une inspiration. « Allez, reprenons nos esprits là. »

 

Elle finit de se laver et de s’habiller rapidement, se dirigea vers la porte en tapotant la jambe du loup pour qu’il la suive. « Viens, mon gars. Tu restes avec moi. »

 

« Grr », confirma Arès, en se glissant par la porte devant elle.

 

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« Bonjour, maman. » Elle passa la tête dans la cuisine. « Salut Johan. »

 

« Bonjour mon chou. » Cyrène leva les yeux de sa tâche. « Viens par ici un moment. » Garde un œil sur elle, avait dit Xena. Très bien. « Tu as passé une bonne nuit ? »

 

« Oui, bien merci », la rassura le barde, en se déplaçant dans la pièce pour s’arrêter à la table de travail, et s’y appuyer en croisant les bras. « Il fait beau pour changer. »

 

Johan sourit. « C’est vrai, jeune fille. Un bon temps pour voyager, que les dieux soient remerciés. »

 

Gabrielle pensa à la réaction de Xena qui se réveillait avec un temps meilleur, et elle sourit de satisfaction. « Oui, c’est sûr. » Alors que sa compagne guerrière supportait toutes sortes de temps sans jamais se plaindre, sa réaction à une jolie matinée ensoleillée était toujours perceptible. Elle ne l’aurait jamais admis, bien sûr. Ça pourrait ruiner son image. « Je vais voir comment va Ephiny. »

 

« Ah ah ah », l’interrompit Cyrène. « La dame est endormie, ma chérie. Le guérisseur vient de partir. » Elle tendit une assiette à Gabrielle. « Tiens… tu avales ça. Il sera bien assez temps après. »

 

Le barde lui fit un sourire chaleureux et prit l’assiette. « Merci, maman. » Elle se retourna pour se retirer dans la partie principale de l’auberge puis s’arrêta à la porte et regarda derrière elle. « Oh… et maman ? »

 

« Hmm ? » Cyrène leva les yeux.

 

« Ce n’est pas une dame, c’est une Amazone. » Et la porte se referma brusquement derrière le visage souriant du barde.

 

« Coquine », dit Cyrène en riant et en secouant la tête. « Bon sang, j’espère qu’elle va dompter ces jeunes friponnes…. » Elle échangea un regard légèrement agacé avec Johan. « Tu as vu ce qu’elles ont fait à cette pauvre chèvre ? »

 

Johan se contenta de secouer la tête et de continuer sa tâche.

 

*******************

 

« Oh… regardez. C’est la Reine Gabrielle », murmura Sharra en poussant Cait. « Elle est vraiment mignonne, hein ? » Elles regardèrent la jeune femme traverser la partie avant de l’auberge, pousser la porte de la cuisine, s’appuyer dessus et parler à quelqu’un à l’intérieur.

 

Cait étudia judicieusement le barde. « J’aime bien ses cheveux », dit-elle, en prenant une cuillerée pleine de céréales pour la mâcher pensivement. « Surtout quand elle les laisse tomber comme ça. »

 

Mégane regarda la reine disparaître dans la cuisine et sourit. « Je me demande si c’est comme ça que Xena aime qu’elle les porte. »

 

Elles se mirent à glousser. « Wow… » Soupira Elianas. « Et ce baiser hier ? Je ne peux pas croire qu’elles aient fait ça, juste ici devant tout le monde. »

 

On entendit des soupirs profonds autour de la table et Mégane laissa sa tête tomber sur le bois avec un bruit sourd. « J’ai fondu », gémit-elle en prétendant glisser sous la table. « C’était siiiii chaud. »

 

« Shh… » Siffla Lista. « Elle arrive. » Elles levèrent les yeux, présentant des visages clairs et innocents alors que Gabrielle traversait la salle pour s’approcher de leur table.

 

« Salut », dit le barde d’un air naturel. « Ça vous ennuie que je me joigne à vous ? »

 

Cinq têtes bougèrent en même temps.

 

« Bien. » Gabrielle posa son assiette et tira sur une chaise, puis elle s’assit et les regarda. « Alors… quoi de neuf ? »

 

Cait se pencha en avant, silencieusement légitimée pour être leur porte-parole, étant donnée sa vaste expérience d’Amphipolis et de ses habitants intimidants. « Comment va la Reine Ephiny ? »

 

Le barde prit une ration de déjeuner, la mâcha et l’avala avant de répondre. « Mmm… Ephiny va aussi bien que ce à quoi nous pouvions nous attendre. Elle est très malade, et tousse beaucoup, mais Xena lui a donné des médicaments très efficaces, et je pense que ça va aller. » Elle tendit la main derrière elle et attrapa une tasse sur le comptoir, puis versa du cidre et en prit une gorgée. « Nous avons envoyé une note chez vous pour que les gens ne s’inquiètent pas trop. Mais Ephiny va être coincée ici pendant un petit moment pour récupérer. »

 

C’était plus d’information qu’elles avaient semblé attendre apparemment et Gabrielle eut la paix pendant quelques minutes pour continuer à manger.

 

« C’est vrai que Xena est partie sauver Hercule ? » Dit finalement Mégane d’une voix flûtée, faisant tourner sa fourchette entre ses doigts tout en regardant le visage expressif du barde.

 

Gabrielle leva les yeux et l’étudia, puis elle laissa un petit sourire remuer ses lèvres. « C’est vrai. » Désolée Xena… mais je pense vraiment que c’est trop drôle, que tu ailles toi à la rescousse du fils de Zeus. A nouveau. Je sais… je sais… c’est sérieux et Iolaus était très inquiet… mais… je sais au fond de mon cœur que tu vas tout arranger et que ce sera une histoire géniale. J’aimerais juste être là-bas pour la voir.

 

Elles se regardèrent. « Alors… », continua Mégane. « Pourquoi tu n’es pas partie aussi ? »

 

« Oh. » Gabrielle s’enfonça nonchalamment dans sa chaise et mit un peu de miel sur le muffin qu’elle tenait. « Et bien je dois rester ici et veiller sur Ephiny… et vous aussi. C’est ma responsabilité, vous vous souvenez ? » Elle prit une bouchée de muffin et la mâcha, observant leurs réactions.

 

Sharra sourit et se pencha en avant. « Je parie que tu aimerais ne pas avoir à rester. »

 

Gabrielle rougit, se souvenant de leurs visages la veille. « Non non… » Elle rit. « Nous ne sommes pas aussi attachées l’une à l’autre que ça. » Menteuse… elle se réprimanda elle-même. « Je vais attendre l’escorte qu’Eponine et Solari vont envoyer ici, puis je me joindrai à vous toutes pour repartir au village. »

 

« Vraiment ? » Demanda Elianas, en prenant une gorgée de sirop. « Tu veux dire que tu vas diriger pendant qu’Ephiny retrouve ses forces ? »

 

Le barde hocha la tête. « Oui. » Elle vida son assiette et prit une dernière gorgée de cidre. « Alors… que pensez-vous si nous parlons des traités de frontières après le petit déjeuner ? Je dois vous garder loin des chèvres de maman. »

 

Cinq visages tout interdits. « Désolée pour ça », marmonna Cait. « Mais ça avait l’air affreusement mignon. » Elle regarda le visage du barde, qui portait une légère expression d’indulgence. « Mais oh… j’ai entendu dire que tu étais la meilleure avec ce bâton… on peut faire ça plutôt ? »

 

Quatre paires d’yeux profondément reconnaissants se tournèrent vers Cait, et Mégane lui pressa le genou sous la table. « Il fait super beau temps », ajouta Cait avec un sourire d’espoir.

 

Gabrielle sentit un frisson de surprise à cette demande, et que cela touchait un peu sa fierté. « D’accord », accepta-t-elle en riant. « Si c’est ce que vous voulez faire… d’accord… je peux faire ça. »

 

« Génial », dit Cait en soupirant. « Il fait vraiment trop beau pour rester enfermées aujourd’hui. »

 

Mégane se glissa à nouveau vers l’avant. « Et… tu nous raconteras des histoires ? »

 

Elles se penchèrent toutes vers elle comme une nuée de vautours. « Uhm… quel genre d’histoires ? » Temporisa Gabrielle.

 

« Des saignantes », pépia Cait avec un sourire. « Des sympas et saignantes avec beaucoup de batailles. »

 

« Ah. » Le barde laissa une expression de compréhension passer sur son visage. « Vous voulez des histoires sur Xena. » Elles rougirent toutes. « Je vois. » Elle les laissa mariner un moment. « Bien… ça tombe bien, j’en ai justement quelques-unes. » Ses yeux verts scintillèrent. « Et vous savez quoi ? » Elle se pencha en avant et ajouta dans un murmure.

 

« Quoi ? » En chœur.

 

« Ce sont mes préférées », murmura Gabrielle, puis elle se leva, attrapa son assiette et sa tasse. « Donnez-moi du temps pour m’occuper d’Ephiny, et on se retrouve dehors, d’accord, Il y a des bâtons d’entraînement dans l’étable. Ensuite nous pourrons marcher le long de la rivière et je verrai ce que je peux faire pour les histoires. »

 

Cinq sourires, figés alors qu’elles regardaient leur reine prendre son assiette et sa tasse jusqu’à l’évier, puis s’essuyer les mains et se diriger vers la petite pièce du fond.

 

« Mince alors, elle a de beaux yeux », dit Sharra rêveuse, en mettant le menton sur sa main.

 

« Et si mignonne quand elle marche », ajouta Elianas avec un sourire suffisant. « Dommage qu’il fasse si froid… elle est siiiiii bien dans son haut avec sa jupe. »

 

Mégane la frappa. « Hé… c’est de la reine que tu parles ! »

 

Elianas lui rendit son coup. « Et ça veut dire quoi ça ? » Ricana la fille plus grande. « Qu’être reine vous empêche d’être adorable ? Aucune chance… en plus, elle n’est pas vraiment Amazone. »

 

Le silence prit le relais un bon moment pendant qu’elles réfléchissaient à ce qu’elles avaient dit. « Et bien… » Sharra soupira. « C’est sûr… elle n’est pas. Je veux dire… pas comme la Reine Ephiny. Ou Solari, ou Eponine… elle est trop… »

 

« Gentille », proposa Cait, en finissant ses céréales. « Elle n’a jamais tué personne. »

 

Mégane étudia une Cait parfois énigmatique. « Mais toi si. N’est-ce pas ? »

 

Cait hocha sa tête blonde. « Mais elle est différente. » Elle joua avec sa cuillère pensivement. « Elle n’a pas ça en elle, je ne pense pas. »

 

Mégane gloussa. « Elle n’en a pas vraiment besoin, non ? Elle a la plus grande combattante vivante sur cette terre pour s’occuper d’elle… je me sentirais plutôt en sécurité. » Elle poussa Sharra. « Tout ce qu’elle a à faire, c’est crier à l’aide et la colère des dieux descend. »

 

Un rire parcourut la tablée. « C’est vrai… c’est vrai… », admit Elianas. « Venez… on va se changer… On s’est portées volontaires pour un exercice de mêlée. »

 

Cait sourit. « C’est plus drôle que de revoir des vieux traités desséchés, pas vrai ? »

 

Sharra la poussa dans le dos alors qu’elles se dirigeaient vers la porte. « Ouais, et bien tu ne l’as pas vu mettre Eponine sur le cul la dernière fois, hein. »

 

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