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eyeofthestorm10B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

L'OEIL DU CYCLONE

Eye of the Storm

 

 

Par Melissa Good

 

Résumé et traductions : Fryda

 

 

**********

Partie 7 - Chap. 10A

*********

 

Avoir un père qui passait sa vie dans les opérations clandestines était une chose fichtrement utile, découvrit Dar, quand on est sous les feux de la rampe. Andrew les guida hors de l'hôtel et prit une petite allée au tournant, puis entra dans la rue où ils capturèrent un taxi sans problème. Richard promit de revenir le lendemain, et fut content que Kerry accepte son offre de l'accompagner dans la réunion du lendemain.

 

Ils furent surpris de trouver la foule à l'extérieur de l'hôpital mais cela n'avait rien à voir avec les audiences. L'hôpital hébergeait un service de planning familial qui effectuait des avortements et le groupe protestait à l'extérieur, faisant le piquet à l'entrée en psalmodiant.

 

Dar se rendit compte qu'elle était ambiguë sur le sujet. L'agressivité légèrement frénétique, presque un peu forcée des protestataires la rendait nerveuse, mais d'un autre côté, elle croyait fermement qu'une personne devait prendre la responsabilité de ses actions, et cela incluait de faire l'amour, et les conséquences potentielles. Celui qui s'amuse, se dit Dar, doit payer et une fois que l'enfant était commencé, on lui devait le droit de venir au monde.

 

Ils étaient maintenant dans une petite salle d'attente à l'extérieur de l'aile d'obstétrique de l'hôpital, alors que Kerry s'approchait de la salle des infirmières à la recherche de sa sœur. Dar traînait calmement dans un coin, à lire les affichettes sans signification sur le tableau en liège pendant que sa mère récupérait une chaise et que son père tapait dans les quelques distributeurs de friandises à côté.

 

" Dar ? " Céci pencha la tête, après avoir observé sa fille quelques instants. " Est-ce que cette liste de symptômes de grossesse est si fascinante ? "

 

Dar faillit bondir en l'air. Elle se retourna et lança un regard lugubre à sa mère. " Non. " Une pause. " Pourquoi ? "

 

Céci fronça les sourcils. " Je demandais, comme ça. Tu lis ça depuis quelques minutes, et je sais que tu peux lire plus vite que ça. "

 

Dar revint vers elle et s'assit. " Je ne lisais pas. " Elle mit les mains sous ses bras.

 

" D'accord ", murmura Céci. " Je… hum… ne pense pas que tu aies à t'inquiéter ", s'aventura-t-elle. " A moins que vous deux… hum… " Elle se retrouva destinataire d'un regard bleu outré. " Je parie que non, hein ? "

 

" Oh ouais, je ferais une mère merveilleuse ", marmonna Dar. " Non, Chino nous suffit bien. "

 

Céci s'éclaircit la voix, et retira un petit carnet à dessins de sa sacoche, le posa sur ses genoux et sortit un crayon. " Et bien, ses frais de scolarité devraient être minimes. " Elle tourna une page vierge et s'interrompit, puis elle commença à travailler.

 

****

 

" Ma sœur est ici, je pense qu'elle a commencé le travail ? " demanda Kerry à l'infirmière, qui était occupée à écrire quelque chose derrière le bureau.

 

" Et bien, si elle est ici, c'est sûr qu'elle ne s'est pas cassé une jambe ", répondit la femme. " Attendez un instant. " L'infirmière se battait avec un clavier. " Truc à la con… Bon Dieu que je hais ces stupides ordinateurs. "

 

Kerry se gratta la mâchoire. " Je vous propose un marché. "

 

L'infirmière leva les yeux. " Pardon ? "

 

" Dites-moi où est ma sœur et je répare votre ordinateur. "

 

Les sourcils longs et noirs battirent. " Vous êtes une des ces fondues d'informatique ? "

 

Kerry acquiesça de la tête.

 

" Ben d'accord… allez-y. Quel est le nom de votre sœur ? " L'infirmière sortit du chemin et laissa Kerry approcher le terminal.

 

" Angela. " Kerry débrancha le terminal et lui donna un coup, puis elle retourna le clavier et le frappa sur le bureau. Des miettes de la taille d'un timbre-poste en furent délogées et elle les balaya tout en redressant le clavier avant de redémarrer la machine. " Elle est en travail depuis un moment, à ce qu'elle m'a dit. "

 

" Elle est dans la troisième aile par-là. " L'infirmière regardait Kerry avec fascination. " Elle a du mal en ce moment… hé, ça a marché ! " Elle reprit le clavier et tapa quelque chose. " Wow. C'est vraiment génial… c'est ça que vous faites ? Vous faites partie de ces opérationnels ? "

 

" Mm… je ne mets habituellement pas la main à la pâte mais c'est quelque chose comme ça, oui. " Kerry se pencha sur le comptoir. " C'est bon, je peux aller voir Angie ? "

 

" Oui… oui… hum, on est un peu en dehors des heures de visite, alors si quelqu'un dit quelque chose… "

 

" Ne vous inquiétez pas ", dit Kerry en souriant. " Je veux juste la voir un instant. "

 

L'infirmière s'interrompit puis regarda Kerry pour la première fois. " Restez un moment… ça aide vraiment les mères parfois, et elle est toute seule depuis le début … je me suis sentie mal pour elle. " Elle tendit la main. " Appelez-moi si elle a besoin de quelque chose… mon nom est Stacy. "

 

" Kerry. " Elle prit la main et la serra. " Merci… personne d'autre n'est venu lui rendre visite ? "

 

" Non. " Stacy secoua la tête. " Le docteur a dit qu'il allait lui laisser encore un peu de temps mais qu'après il devrait chercher d'autres solutions. "

 

Kerry acquiesça de la tête. " D'accord… merci. " Elle quitta le bureau et descendit tranquillement le couloir, elle passa deux salles obscures avant d'atteindre la troisième. La chambre était partiellement éclairée, des lampes rendaient l'atmosphère plus agréable que ne l'aurait fait le néon. " Angie ? "

 

Sa sœur tourna la tête, ses cheveux trempés collés à son front. " Oh… hé. " Un sourire tremblant passa sur son visage. " Sympa de voir quelqu'un que je connais. " Elle tendit la main et Kerry s'avança pour la prendre. " Bon Dieu, c'est bon que tu soies là, Kerry. "

 

" Hé. " Kerry mit les bras autour d'elle et l'attira dans une embrassade embarrassée. " J'aurais aimé que tu m'appelles plus tôt… ce n'est pas bien que tu soies seule ici, Angie. "

 

Angie se blottit à demi sur le côté, et garda les mains de Kerry. " Tu étais occupée. "

 

" J'aurais préféré être ici ", admit Kerry.

 

" Je parie, oui. " Angela cligna des yeux de fatigue, et posa la tête sur l'oreiller. " Tu avais l'air génial à la télé en tout cas. Les caméras n'arrêtaient pas de te montrer dans la tribune avant qu'ils t'appellent. " Elle inspira et tressaillit, son visage tendu par la douleur pendant quelques très longues secondes. Puis elle se détendit. " Qui était le type avec toi ? Il a un air effrayant. "

 

Kerry s'appuya sur les rails du lit. " C'est Andy… Andrew Roberts, le père de Dar. " Elle ajusta les draps. " C'est l'homme le plus doux et le plus merveilleux que je connaisse. "

 

" Ah ouais ? "

 

" Ouais. " Kerry sourit calmement pour elle-même.

 

" Il sait pour vous deux, je présume. "

 

" Absolument ", lui dit Kerry. " Il prend ça tellement bien, et on ne penserait pas ça parce qu'il est militaire, et tout et tout, mais c'est comme si… Dar est sa fille, et ce qu'elle est ou ce qu'elle fait n'a pas d'importance. Il l'aime tout simplement.

 

Angie bougea, mal à l'aise, et soupira. " C'est différent. "

 

" Mm. "

 

" Hum… j'ai vu Dar à la télé l'autre jour. " Angie changea de sujet. " Elle a un air superbe… je ne comprenais pas un mot sur six de ce qu'elle disait, mais bon sang, elle a impressionné ce journaliste. "

 

Kerry sourit. " Je n'ai pas encore vu l'interview… ça s'est produit en même temps que j'étais dans ce trou de l'enfer ", dit-elle en soupirant. " Mais après hier soir, je présume qu'ils voulaient lui parler. " Elle surprit l'expression intriguée d'Angie. " L'affaire des distributeurs hier ? "

 

" Ooh… c'était vous ? "

 

" En quelque sorte… c'était les types qu'on utilise pour le réseau, mais Dar a réparé. " Kerry se frotta les yeux. " Mais on est restées debout toute la nuit… je suis lessivée. "

 

" Tu as l'air aussi fatiguée que moi ", admit Angie, en grimaçant à une nouvelle contraction. " Ouille… j'en ai marre de ça. "

 

Kerry lui prit la main. " Je peux aller te chercher quelque chose ? De l'eau ? "

 

Angela secoua la tête. " C'est juste bon d'avoir quelqu'un à qui parler. " Ses lèvres se courbèrent en un sourire. " Tu es seule ? "

 

" Non… tu peux supporter quelques visiteurs en plus ? J'aimerais que tu rencontres la mère et le père de Dar… je ne sais pas quand j'aurai la chance de te présenter à nouveau. "

 

Angela bougea, et se redressa un peu, repoussant ses cheveux. " Je dois être dans un sale état… c'est elle qui était avec toi hier ? Sa mère ? "

 

Kerry acquiesça de la tête. " Ne t'inquiète pas… ils ne sont pas du genre à se formaliser. " Elle sortit.

 

" Ouais, bien sûr ", murmura Angie, en écoutant le bruit des pas qui revenaient le long du couloir. Un instant plus tard, la porte de sa chambre était occupée, et une femme mince aux cheveux argentés entra suivie de l'homme grand aux cicatrices qu'elle avait vu à la télévision. Puis Kerry revint suivie par Dar, la jeune femme brune jetait des regards nerveux dans la pièce comme si quelque chose allait la mordre. " Hum… salut. "

 

Kerry se glissa à l'avant. " Bon… Angie, voici Andy et Cécilia Roberts. La maman et le papa de Dar, et bien sûr, tu connais déjà Dar. "

 

Céci s'approcha et lui sourit. " Contente de vous rencontrer Angela. " Elle posa les mains sur les rails. " C'est dur ? "

 

" Ouille. " Angie la regarda timidement. " Le docteur pense que c'est un gros et beau bébé, et que c'est ce qui cause les problèmes. "

 

" Ah… oui. " Céci hocha la tête sérieusement. " Je suis passée par-là. " Elle sourit à l'expression intriguée d'Angie, puis se retourna et jeta d'abord un coup d'œil à Dar, puis revint vers la jeune femme dans le lit. " Plus de trois kilos six . " Puis elle montra sa silhouette mince et dressa un sourcil.

 

" Ooooh. " Angie fit la grimace. " Je pense que vous venez de faire friser les poils de mes orteils. "

 

" Hé ! " Dar affecta de prendre une expression outrée. " Je n'étais pas si grosse que ça. "

 

Angela et Céci la regardèrent, puis ricanèrent. Andy gloussa et tapota le dos de sa progéniture.

 

" Tu étais un bébé bondissant, sûr, morveuse ", lui dit-il.

 

" Avec une emphase sur le bondissant ", fit remarquer Céci pince-sans-rire. Ils se mirent tous à rire et la tension diminua.

 

" Alors… vous avez quelques trucs que je pourrais connaître ? " demanda Angie. " Ma première n'était pas si mal… mais elle était prématurée. " Elle étendit un peu les mains. " A peine plus de deux kilos… Celui-là est arrivé à terme et même au-delà. "

 

" Et bien, il existe une célèbre technique à l'Est qui se base sur la méditation transcendantale, et la sortie du corps, mais j'ai trouvé que les médicaments étaient le meilleur truc ", répondit Céci. " Est-ce qu'ils ont essayé de dilater le col ? "

 

Kerry s'appuya sur le pied du lit pour écouter la conversation, et regarder Dar et Andy bouger avec curiosité dans la pièce, étudiant la machinerie. Tous les deux avaient une façon de pencher un peu la tête quand ils découvraient quelque chose, et de les voir ensemble était plutôt amusant.

 

De voir Angie sourire était plutôt agréable aussi. Sa sœur échangeait des histoires de bébés de manière animée avec Céci, que Kerry retenait pour pouvoir taquiner sa compagne plus tard. Dar, sans surprise, avait été un bébé très actif qui s'était mise dans des situations terribles.

 

" Et voilà qu'elle était là, assise sur le toit de la voiture avec le tuyau du jardin ", disait Céci. " Et elle terrorisait les écureuils. "

 

Dar soupira puis retourna son attention sur une diode qui clignotait.

 

" Tu as vraiment fait ça ? " murmura Kerry en la poussant de sa hanche.

 

" Je ne me souviens de rien ", marmonna Dar en réponse. " Elle pourrait dire que j'ai levé mes fesses et que j'ai volé dans la cour devant la maison que je ne saurais pas si elle dit la vérité. "

 

" Bien sûr que tu saurais ", désapprouva Kerry. " Il y aurait eu une archive de l'article dans le National Enquirer quelque part. "

 

Dar leva les yeux au ciel. " Je ne suis pas sûre d'avoir été à moitié aussi destructrice et homicide que ma mère le dépeint. " Elle prit un objet. " Qu'est-ce que c'est ? "

 

" C'est pour sortir le liquide du nez du bébé ", lui dit Kerry, en regardant la grande femme laisser tomber l'instrument comme s'il était brûlant. " Dar… détends-toi, tu veux bien ? "

 

" Je déteste les hôpitaux. "

 

" Tu es juste en visite, alors calme-toi. "

 

" Ah ouais ? Alors c'est quoi cette histoire que j'aie des enfants ? " Murmura Dar.

 

" Chut… " Kerry dut réfréner un sourire. " Je voulais juste dire que… je pense que tu as des gènes vraiment très bons, et qu'ils méritent de rester dans le giron. " Une pause. " Si tu vois ce que je veux dire… en plus, ton père ferait un grand-père génial. "

 

" Oh. " Dar jeta un coup d'œil à son père. " Et bien, peut-être que tu marques un point là. " Elle se sourit tranquillement à elle-même.

 

Kerry cligna des yeux. " C'est vrai ? "

 

Angie se mit à rire. " Oh mon Dieu… si ma gamine me faisait ça… je pense que je mourrais sur-le-champ. "

 

" Bah… " Andrew mit les mains dans ses poches. " J'crois qu'je m'rappelle d'un matin où j'ai dû rester dans le bureau du colon, pour lui expliquer comment un tank M1 avait réussi à traverser la cour de réparation et à foutre la moitié du mess en l'air. "

 

" Oh non. " Dar tressaillit. " Pas cette histoire-là. "

 

" C'est vrai ? " Murmura Kerry. " Oublie… ça doit l'être. Tu rougis. "

 

" Et bien, étant donné la qualité de la nourriture, je ne peux pas dire que je la blâmais ", fit remarquer Céci, en tirant un rire, même de Dar. " Si je me souviens bien, on a dû appeler la société Marriott pour apporter la nourriture pendant deux semaines, et tout le monde est venu donner des bonbons à Dar. "

 

" Eh eh… " Andrew acquiesça de la tête. " J'avais oublié ça. "

 

" Mm… pas moi. " Dar se pourlécha les lèvres.

 

Angie se remit à rire, et se détendit contre ses oreillers. Puis elle hoqueta soudain, et ses mains se portèrent à son ventre. " Oh bon sang. "

 

" Rupture des eaux ? " Demanda Céci immédiatement.

 

" Oui ", siffla Angie, en agrippant le rail lorsqu'une contraction la frappa. " Ouah… je pense que je viens de déclencher quelque chose. " Toutes les poussées improductives des heures précédentes disparurent alors que son corps s'ankylosa. " Oh… mon… Dieu… "

 

Kerry déglutit, les mains serrées sur le rail. " Hum… est-ce que… on peut faire quelque chose ? "

 

Cécilia leva les yeux. " Tout d'abord, sors ces deux-là avant qu'ils ne finissent par terre. Ensuite, arrête-toi pour le dire à l'infirmière. "

 

" Qu… "Kerry tourna la tête et vit la paire d'yeux bleus agrandis et arrondis. " Oh bon sang… bien… d'accord. " Elle attrapa Dar et Andy par le bras et commença à les tirer vers la porte. " Venez vous deux… allons faire bouillir de l'eau. "

 

Ils émergèrent dans le couloir et se dirigèrent vers le bureau, leurs pas faisant écho dans l'espace tranquille. " Je me demande si ce sera un garçon ou une fille ? " songea Kerry alors qu'ils tournaient le coin.

 

Et ils se retrouvèrent face à face avec ses parents.

 

**************************************************

 

Il s'ensuivit un silence de mort. " Cette jeune dame là-bas a besoin d'aide. " Andy tourna délibérément la tête vers l'infirmière.

 

La femme lança un coup d'œil au tableau devant elle et disparut immédiatement, en trottant vers la chambre d'Angie d'un air résolu.

 

" Tu n'as aucun droit d'être ici ", Roger Stuart parla d'une voix basse. " Alors toi et qui que tu aies avec toi, sortez-vous d'ici. "

 

Kerry laissa passer un soupir, espérant ne pas vomir. " Ma sœur m'a demandé de venir. C'est son choix. Pas le tien. " Elle se força à croiser le regard de son père et sentit le dégoût la frapper avec une force presque physique.

 

" Tu ne fais pas partie de cette famille. Je pensais que j'avais été clair là-dessus. "

 

Kerry sentit Dar et Andy se rapprocher. " Tu ne fais pas partie de ma famille ", répondit-elle bravement. " Mais Angie et Michael, si. Excuse-moi. " Elle tourna la tête et les contourna délibérément, pour se diriger vers la salle d'attente.

 

" Pas s'ils savent ce qui est bon pour eux ", dit Roger pour elle, sans se retourner. " Ne sois pas là quand nous sortirons. " Il prit le bras de sa femme et s'avança, les laissant derrière.

 

Kerry s'arrêta juste à l'intérieur de la salle d'attente, les genoux tremblant tellement qu'elle faillit en tomber. Dar sembla s'en rendre compte et mit son bras autour d'elle, alors qu'Andrew faisait le tour pour se mettre devant elle et lui tapoter la joue.

 

" Kerry ? "

 

Elle déglutit plusieurs fois puis leva les yeux vers lui. " Je vais bien ", murmura-t-elle. " Je ne m'attendais juste pas à ça. " Elle mit ses mains tremblantes sous ses bras. " Je ne peux même pas lui en vouloir pour ce qu'il ressent. " Kerry laissa tomber son regard vers les carrelages bien polis, la réalité de ce qu'elle avait fait la frappant solidement à l'intérieur.

 

Andrew fronça les sourcils, puis releva les yeux pour voir que sa fille le fixait par-dessus l'épaule de Kerry, avec une expression d'impuissance et de supplication.

 

Il connaissait bien ce regard qui voulait dire 's'il te plaît, arrange ça'. " Viens par ici, kumquat. " Il entoura la jeune femme blonde de ses bras. " C'est pas de ta faute, t'entends ? Si j'avais fait ce que cet homme a fait, j'espérerais bien que ma gamine aurait les tripes, et l'honneur que tu as eu de le faire savoir à tout le monde. "

 

Kerry absorba les mots, et l'émotion qu'ils cachaient, dans cette petite poche de grâce dans laquelle elle se retrouva. Les doigts d'Andy grattèrent légèrement sa nuque alors qu'elle glissait ses bras autour de sa grande silhouette robuste. Elle n'était pas sûre qu'il avait raison mais ça l'avait aidée. " Merci. " Elle le relâcha et se souleva sur la pointe de ses pieds pour lui déposer un baiser sur la joue.

 

Andy rougit. " Ça suffit maintenant. " Il montra les fauteuils. " Pose tes fesses là. Je vais me chercher du café. " Il s'échappa par la porte, laissant Dar et Kerry se prendre par la main et traverser la pièce, s'asseoir et soupirer en parfait unisson.

 

Elles se regardèrent.

 

" Ça va aller ", lui dit Dar d'un ton rassurant.

 

Kerry acquiesça de la tête. " Ouais, je pense aussi. " Elle jeta un coup d'œil vers la porte vide et sourit, juste un peu.

 

************

 

" Ooooh. " Angie tressaillit et se mordit la lèvre. " Maintenant t'es pressé ? " Elle retint sa respiration jusqu'à ce que le spasme soit passé puis elle haleta. " Les enfants. "

 

" Ne m'en parlez pas. " Cécilia ajusta les couvertures et aida la jeune femme à mieux s'installer. " J'ai été en travail pendant vingt-deux heures. "

 

" Oh mon Dieu ", dit Angela dans un souffle. " Je ne peux pas imaginer quelque chose de sympa que je pourrais faire pendant vingt-deux heures. "

 

" Et bien ", dit Cécilia d'un air songeur, puis elle rit pour elle-même.

 

Angie cligna des yeux, rougissant en comprenant la référence. " Hum… merci de me distraire à propos… je sais que je vous connais à peine… mais je… " Elle leva les yeux quand l'infirmière entra précipitamment, en lui faisant un sourire tendu et professionnel.

 

" Je vois que les choses avancent… je vais appeler le docteur. " L'infirmière alla dans une alcôve et prit le téléphone.

 

" Ne vous inquiétez pas de ça. J'étais contente de vous aider. " Céci tourna la tête au bruit de pas, pour voir deux silhouettes âgées emplir l'entrée.

 

Intéressant. Version chinoise. " Bonjour. " Elle salua les parents de Kerry, notant le regard noir coléreux et décontenancé qu'elle reçut en retour.

 

Ils l'ignorèrent. " Je pensais que je t'avais dit 'aucun contact'. " Roger Stuart s'adressait à la femme dans le lit.

 

Angie se blottit en boule, son visage tendu par la douleur. " J'ai juste… "

 

" Doucement. " Céci lui tapota le bras.

 

" Comment as-tu pu, Angela ? " dit la mère de Kerry, visiblement fâchée. " Après tout ce qu'elle nous a fait. "

 

" J'avais juste besoin de quelqu'un à qui parler ", sortit Angie, alors que sa contraction se relâchait. " C'est ma sœur… "

 

" Non, plus maintenant ", répondit Roger sèchement. " Et si tu as besoin de parler à quelqu'un, je vais embaucher une secrétaire. Tu pourras parler autant que tu voudras. " Son regard alla vers Céci. " Vous travaillez ici ? "

 

" Malheureusement non. " Cécilia sentit la colère s'installer au fond de son estomac. " Si je le faisais, je pourrais appeler la sécurité et vous faire mettre dehors. " Elle colla une expression de politesse virulente sur son visage et tendit la main. " Je ne crois pas que nous nous soyons déjà rencontrés… je suis Cécilia Roberts. "

 

Ils la fixèrent.

 

" La belle-mère de Kerry ? " Ses sourcils se dressèrent avec une emphase sarcastique.

 

******************

 

Cécilia entra dans la pièce et se passa ses doigts fins dans ses cheveux argentés. " Et bien. Ça a été un vrai bonheur. " Elle regarda Kerry. " Ta sœur est en train de se mettre à sérieusement pousser. "

 

" Désolée ", s'excusa Kerry. " J'aurais dû vous prévenir que mes parents étaient là. "

 

" Et comment ? ", demanda Céci d'un ton raisonnable. " En envoyant une fusée de détresse ? " Elle tourna la tête pour lancer un regard inquisiteur à Dar.

 

" Du café. "

 

" Ah. " La femme plus âgée prit un siège et entoura son genou de ses doigts. " J'espère qu'il y a une autre salle d'attente, ou la soirée risque d'être longue. " Elle lança un regard ironique vers Kerry. " Dire à tes parents que j'étais ta belle-mère n'a pas fait un tabac. "

 

Dar étouffa rapidement un rire.

 

" Je suis vraiment, vraiment désolée ", dit Kerry à Céci.

 

" Pas moi. " La mère de Dar sourit. " Ne le prends pas mal, Kerry, mais je n'ai jamais aimé les positions de ton père, et de le rencontrer en personne n'a rien fait pour les améliorer… ça a été un plaisir de le faire tenter d'avaler sa langue. "

 

Elle était toujours furieuse.

 

Pas qu'elle était une mère parfaite. Oh non. Dans un groupe de cent, elle serait la dernière. Mais pour l'amour de la Déesse, elle avait le sens commun de ne pas crier sur une femme qui essayait vraiment durement de donner la vie.

 

Bon, très bien alors, si les Stuart étaient dans la liste, elle serait 98ème.

 

Elle venait de monter au classement.. Qui l'aurait cru ?

 

" Pauvre Angie ", murmura Kerry. " Ça a vraiment l'air d'être un sacré travail. "

 

" Oh oui ", marmonna Céci. " Ça équivaut à bosser dans la vente de détails, ou alors expulser une pastèque de son utérus. " Elle se leva et alla vers la porte, à la recherche de son mari.

 

" Dar ? " murmura Kerry.

 

" Mm ? "

 

" Je pense que tu devrais embaucher ta mère. "

 

Deux clignements d'yeux. " Qu… pour quoi faire ? "

 

" Au département marketing. "

 

Dar réfléchit à ces paroles. " Ils sauteraient tous par la fenêtre du quatorzième, Kerry. "

 

" Mm… " Kerry se gratta l'arête du nez et hocha la tête. " Ouais, mais est-ce que tu peux t'imaginer elle et Eléanor dans une réunion ensemble ? "

 

Dar se mordilla la lèvre inférieure. " Hm. "

 

Elles entendirent la voix coléreuse de Roger Stuart qui s'approchait, et Dar laissa sa main retomber sur ses genoux. " Ça suffit. " Elle se leva, prête à le rencontrer lorsqu'il entra. " J'en ai assez entendu. "

 

" Vous ! " Stuart avait atteint la porte et la montrait du doigt. " Tout est de votre faute, espèce de déchet dégoûtant… je veux vous voir, vous et toute votre racaille dehors avant que je n'aie à appeler la sécurité pour qu'on vous jette dehors ! "

 

" Qui est-ce que vous appelez déchet, espèce de connard d'escroc adultère ", dit Dar d'un ton hérissé en s'avançant vers lui. " Vous pouvez prendre vos conneries de jugement et vous les fourrer… "

 

" Dar… "

 

" Roger… "

 

Un grondement sourd frappa soudain la pièce, arrêtant les cris et les mouvements dans un instant pétrifié.

 

Puis l'onde de choc frappa, et les lumières s'éteignirent, et le monde commença à s'effriter autour d'eux.

 

***************************

 

Il faisait très sombre. Dar se força à ouvrir les yeux malgré tout, en toussant rudement alors qu'une bouffée de poussière de béton envahissait sa poitrine. Tout autour d'elle, des crissements et des grognements, des bruits de chutes, et des cris retentissaient vaguement autour d'elle.

 

Elle était sur le sol, à moitié couverte de morceau de plâtre et du mur, choquée et dans le brouillard, et momentanément incapable de réfléchir au-delà de se frotter la saleté de ses yeux pour tenter d'utiliser la faible lueur de la lumière d'urgence qui passait à travers un trou dans la pièce effondrée.

 

Merde. Son esprit en lambeaux essaya de se concentrer alors qu'elle roulait sur elle-même pour se relever, en faisant cligner ses yeux qui piquaient. Kerry. Tout était trop calme.

 

" K… " Elle finit en toussant, tout en tâtant autour d'elle anxieusement, les ombres se transformant très lentement en silhouettes grises et diffuses dans un silence inquiétant qui fit battre de son cœur de façon erratique. " Hé… hé… " Elle marcha à quatre pattes à travers les débris avec des mains fébriles, retirant des morceaux de murs emmêlés dans du papier peint jusqu'à ce qu'elle repère une forme très immobile et poussiéreuse à demi enfouie sous de la moquette et ce qui restait d'un fauteuil.

 

Son monde s'arrêta de tourner.

 

Elle rampa par-dessus les ruines et fixa la silhouette silencieuse, une peur soudaine serrant sa poitrine alors qu'elle faisait face à la possibilité que le pire s'était produit.

 

" K… Kerry ? " Elle entendit à peine son propre murmure. " H… hé ? "

 

Il n'y eut pas l'ombre d'une réponse, et dans la faible lumière, elle ne pouvait voir aucun mouvement.

 

Dar ferma les yeux pendant un long moment, trop effrayée pour même respirer. Ça ne pouvait pas se produire, n'est-ce pas ? Peut-être que tout était un rêve, et qu'elle allait se réveiller dans sa chambre à coucher, avec Kerry en train de lui pousser les côtes.

 

Peut-être ?

 

S'il vous plaît ?

 

Vous ne pouvez pas me la prendre. Dar laissa ses cils se relever, cligna plusieurs fois des yeux pour laisser les larmes nettoyer la poussière. Puis elle reprit du courage et se pencha en avant pour poser une main sur l'épaule immobile, son cœur battant si vite qu'il la faisait trembler. Pas encore. Non…

 

Un léger grognement répondit à son toucher, et Dar faillit s'évanouir de pur soulagement. " Hé… Kerry ? " Elle repoussa les débris et brossa très doucement les morceaux collés sur sa compagne. " Chérie ? " Sa voix tremblait.

 

Kerry prit une inspiration rauque. " Oooh ", répondit-elle faiblement. " Dar ? "

 

Il faisait trop noir pour que Kerry voie les larmes et elle en fut contente. " Oui… qu'est-ce qui ne va pas… où tu as mal ? "

 

Kerry commença à se retourner, puis elle hoqueta, se roulant en position fœtale. " Mon épaule… oh mon Dieu… "

 

Dar l'examina avec anxiété, notant l'angle bizarre sous le tee-shirt en coton que portait Kerry. " Hum… je pense que c'est… " Elle se pencha un peu plus, forçant son regard. " Peut-être qu'elle est luxée… je ne peux pas dire. " Elle posa une main prudente sur la hanche de la jeune blonde. " Et le reste ? "

 

Kerry garda le silence un instant. " Ça va je pense. " Une inspiration épuisée. " Qu'est-ce qui s'est passé ? "

 

" Je ne sais pas. " Dar regarda autour d'elle pour la première fois. La salle d'attente était pratiquement effondrée, les laissant dans une petite poche irrégulière prés d'un coin. Il n'y avait aucun autre signe de vie, et la porte dans laquelle les parents de Kerry s'étaient tenus était une grande masse de débris silencieux. " Quelque chose a explosé, je pense. "

 

Kerry tournait le dos à la porte. " Qu… " Elle s'interrompit. " Qu'est-ce qui est arrivé aux autres ? " Elle continuait à regarder une pièce de métal tordue devant son visage, si près qu'elle pouvait sentir la rouille. Dar hésita, le léger contact sur sa jambe bougea légèrement, et devint plus chaud lorsque sa compagne étendit les doigts sur le jean. " Dar ? "

 

" Je ne le sais pas non plus. " La réponse fut donnée avec prudence. " Il n'y a que nous deux ici… je ne vois rien… personne d'autre. "

 

Il y eut un moment de silence profond. " Bon Dieu, je suis contente que tu ailles bien ", murmura Kerry. " Je ne sais pas ce que je ferais si j'étais ici… seule. " Elle se mit lentement sur le dos pour pouvoir voir Dar, puis elle s'arrêta quand la lumière diffuse refléta un visage couvert de larmes.

 

" Attention. " Dar déglutit en mettant une main sous son dos pour la soutenir, alors que le visage de Kerry se tendait de douleur.

 

" Ouille. " C'était comme si on lui enfonçait un tison ardent dans l'épaule, et Kerry faillit hurler. Au lieu de ça, elle se mordit la lèvre jusqu'à ce qu'elle puisse sentir le sang. " Aïe. "

 

" Bon… écoute ", lui dit Dar d'un ton hésitant. " Si tu veux.. je peux essayer de la remettre en place, ensuite… "

 

" Non ! " Une autre secousse. " N'y touche pas… ooh… dieux. " Kerry ne savait pas quoi faire. Chaque mouvement faisait mal, et la douleur empirait.

 

" Kerry, écoute. "

 

" Nooon… " Elle essaya de rouler pour s'éloigner de l'endroit où se trouvait Dar, en tâtonnant dans les débris pendant que des mains tentaient de la maintenir immobile.

 

" Kerry… Kerry… s'il te plaît. Arrête de bouger. " La voix de Dar sonnait de manière un peu frénétique.

 

" Je ne peux pas. " Elle prenait des inspirations courtes et rapides. " Je ne le supporte pas, Dar. "

 

" D'accord… " Dar glissa son mollet avec prudence derrière le dos de Kerry pour la soutenir. " Doucement… essaie de te détendre… si tu es tendue, c'est pire. "

 

Kerry se contenta de gémir, mais elle l'écouta et essaya de faire ce que sa compagne demandait. " D'accord ", finit-elle par murmurer, sa joue pressée contre la pierre brisée.

 

" Bon. Maintenant tu m'écoutes. " Dar bougea et mit un pied de l'autre côté de Kerry. " Ma chérie, il faut qu'on sorte d'ici, parce qu'il pleut des pierres, d'accord ? "

 

" Ouais. "

 

" D'accord. Tu ne peux pas le faire comme tu souffres. "

 

" Dar, je ne peux pas… s'il te plaît, ne touche pas mon bras. "

 

" Kerry. "

 

Le béton autour d'elle bougea de manière inquiétante, les arrosant de petits morceaux de pierre. Dar se pencha sur son amie blessée pour les recevoir à sa place. " On n'a pas beaucoup de temps. "

 

Kerry inspira en tremblant, et serra la cheville de Dar. " D'accord ", murmura-t-elle, la douleur la faisant presque tousser.

 

Dar lui caressa les cheveux dans une tentative impuissante de réconfort. " Tiens bon ", l'avertit-elle, espérant fichtrement qu'elle savait ce qu'elle faisait. La prise sur sa jambe se resserra. " D'accord, j'y vais. " Elle s'essuya le front du dos de la main puis toucha le bras de Kerry avec beaucoup de soin, essayant de ne pas entendre la plainte étouffée. " Doucement, ma belle… doucement. "

 

Dar réussit à passer sa main gauche sous le biceps de Kerry, et mit sa main droite au-dessus de l'épaule démise. Elle se représenta mentalement ce qu'elle allait faire, puis prit une profonde inspiration. " Crie si tu en as besoin. "

 

Kerry savait que cela signifiait que ça allait commencer, et elle retint sa respiration, se mordant l'intérieur de la lèvre lorsque Dar bougea, et que la douleur explosa en elle, provoquant un cri guttural venu des profondeurs. Elle augmenta encore et encore alors que Dar tirait le bras blessé vers elle, une sensation si intense qu'elle plana au bord de l'inconscience pendant un long et pénible moment.

 

Puis tout fut terminé.

 

Dar sentit les os se remettre en place avec un clic détrempé, alors que tout le corps de Kerry se détendait, et qu'elle commença à pleurer. " Je suis désolée. " Elle s'assit dans les décombres et Kerry rampa pour se mettre sur ses genoux et se blottir dans ses bras réconfortants. " Je suis désolée Kerry. " Elle caressa sa compagne tremblante avec des petits mouvements d'impuissance.

 

La douleur diminuait lentement, passant d'une agonie furieuse à un battement contracté, mais maintenant elle pouvait respirer au moins, et bouger ses doigts sans hurler. " Ça… va bien ", murmura-t-elle doucement. " Oh mon Dieu. "

 

Dar se contenta de rester là assise, les yeux fermés, absorbant le corps vivant qui respirait blotti dans ses bras. La pièce détruite autour d'elle ne signifiait rien. Les murs qui craquaient, le son du béton qui tombait, la puanteur, les cris au loin… rien de tout cela n'avait d'importance pour elle.

 

Pas quand elle avait failli perdre Kerry.

 

Cela avait touché quelque chose de profondément enfoui, et elle en tremblait encore intérieurement.

 

Kerry finit par pouvoir se redresser et regarda autour d'elle dans le désastre à peine éclairé. " Merci. " Elle se frotta des yeux douloureux. " Ça m'a vraiment aidée… je suis désolée de t'avoir donné autant de fil à retordre. "

 

Dar la fixa, et toucha la peau sale et tracée de larmes sur la joue de Kerry. " Ne t'inquiète pas. "

 

Kerry pinça les lèvres en un faible sourire, puis elle tourna lentement la tête et étudia le désastre. Son regard tomba sur la porte bloquée par les débris et elle la fixa. Puis elle leva les yeux vers Dar dans une horreur grandissante. " D… " Un long doigt se posa sur ses lèvres, imposant le silence.

 

" On ne sait pas ", murmura Dar. " Sortons d'ici et nous verrons bien ce qui s'est passé. "

 

Le regard désorienté de Kerry retourna vers la porte. " Ils étaient juste là, Dar. " Sa voix se brisa. " Et… et si… il faut que je trouve Angie… et… ta mère, et… "

 

" Chut. " Dar l'aida à se relever. " Une chose à la fois. " Elle trébucha vers l'endroit où un mur effondré révélait un placard de rangement, tout son contenu éparpillé. " Il y a… des draps par ici… si je peux trouver un couteau… ou… peut-être que… je peux les déchirer… je pourrais te faire une écharpe. " Elle tira sur les draps. " Ou peut-être que je peux utiliser une taie d'oreiller… c'est plus petit… "

 

" Dar. " Kerry soutenait son bras blessé de l'autre et se fraya lentement un chemin par-dessus les débris. " Pourquoi est-ce que tu n'utilises pas un de ces trucs. " Elle montra une toile qui pendait d'une boîte, ses lanières pendouillant mollement.

 

" Oh. " Dar retira la bretelle et grimpa. " Désolée. " Elle aida Kerry à le passer par-dessus sa tête et ajusta les boucles. " Je ne réfléchis pas vraiment bien. "

 

Soulagée par ce support, Kerry entrelaça ses doigts avec ceux de Dar et la conduisit vers une des sorties possibles, une baie en verre maintenant à moitié effondrée, ses panneaux obscurcis. Elles sursautèrent ensemble quand le plafond bougea et que des morceaux de béton tombèrent en pluie. " Bon… " La voix de Kerry faiblit. " Et maintenant ? "

 

Sar fit face à la vitre épaisse. " Je présume qu'on va enfin savoir si toutes ces années d'arts martiaux valaient la peine. "

 

" Dar, tu ne peux pas… " Trop tard. Kerry sentit l'air bouger alors que sa compagne faisait un pas en arrière, puis s'élançait en avant, faisant un demi-tour pour frapper la vitre avec un coup de pied latéral de maître. La surface se tordit, et avec un grognement surprenant partit vers l'avant, envoyant des débris partout. " Wow. " A l'extérieur de l'encadrement, le mur du couloir s'était effondré, laissant un minuscule espace triangulaire près du sol, rempli de morceaux de béton, qui conduisait vers une plus grande obscurité. " On dirait qu'il va falloir ramper. " Elle soupira. " Viens… "

 

Elle ne sentit pas de mouvement derrière elle alors elle se retourna. " Dar ? "

 

Sa compagne était immobile, une main posée sur l'encadrement maintenant vide, les yeux fixés sur l'espace minuscule qui s'ouvrait devant elles.

 

" Tu vas bien ? " Kerry se rapprocha, la fixant dans la lumière très atténuée. " Viens… qu'on en finisse avec ça. Je veux voir où sont les autres. "

 

Les muscles de la mâchoire de Dar remuèrent. " Je ne peux pas. " Sa voix était rauque.

 

" Qu… " Kerry se retourna et regarda l'ouverture, puis de nouveau sa compagne, et vit la sueur couler sur le visage de Dar. " Oh mon Dieu… tu es claustrophobe ? " La confirmation était claire au vu de son expression. " Dar, c'est le seul chemin pour sortir d'ici. "

 

Un frisson visible secoua la grande femme.

 

Kerry combattit la panique qui commençait à monter en elle. " Dar… " Elle prit la main de sa compagne, qui était glacée. " J'y vais en premier … d'accord ? Et tu viens avec moi. "

 

" Vas-y. " La voix de Dar se brisa. " Sors d'ici. "

 

Kerry leva la main et lui toucha la joue, pour obtenir un regard. " Non. " Elle secoua la tête. " Je ne vais nulle part sans toi. On sort toutes les deux ou aucune de nous. "

 

Elle n'avait pas le choix. " Je vais essayer. " Dar laissa Kerry la guider très doucement vers la vitre, et s'arrêta. " Attends. "

 

Le regard clair faiblement éclairé se tourna vers elle, interrogateur.

 

" Laisse-moi passer en premier. "

 

Elle fit un pas par-dessus l'encadrement et vers son petit enfer personnel.

 

******

 

Il allait falloir ramper sur le ventre. Dar se mit lentement à genoux et regarda dans le tunnel obscur. Je ne peux pas. Ses mains tremblaient déjà, et son estomac faisait des nœuds. La simple pensée d'avancer lui donnait l'envie de se relever et de fuir dans l'autre direction.

 

Elle sentit la main de Kerry se refermer sur son mollet. " Je suis prête. " La voix calme de la jeune femme blonde la poussa, et elle se laissa tomber à quatre pattes à contrecœur, se forçant lentement à se rapprocher de ce minuscule tunnel rétréci.

 

Elle n'y arriverait pas.

 

Mais elle le devait, pour Kerry.

 

Ne pense qu'à ça, Dar. C'est ça qui compte. Ferme tes fichus yeux et fais-le pour elle.

 

Kerry pinça les lèvres et regarda Dar s'aplatir au sol, et commencer à ramper vers l'avant. Elle s'avança à son tour, utilisant un coude et les genoux, sa main blessée posée sur la jambe de Dar. Elle n'avait aucune idée de ce que ça faisait d'être claustrophobe, mais elle savait qu'elle n'avait jamais vu sa compagne aussi perturbée. " Vas-y doucement, d'accord ? J'avance sur trois pattes. "

 

Dar ne put s'empêcher de sourire à ces mots. Elle garda les yeux bien fermés et continua à avancer, le premier tronçon de tunnel assez large pour passer ses épaules sans rien toucher. Bon. Elle entendit le grondement alors que le bâtiment bougeait à nouveau, et un morceau de pierre tomba sur son dos. Elle sentit aussi la chaleur. Elle avança une main et sentit quelque chose près de sa tête, mais en ouvrant les yeux, elle ne vit que des ombres. Elle se mit de côté quand même. " Attention à ta tête. "

 

" D'accord. " La voix étouffée de Kerry lui parvint de derrière. " Tout va bien ? "

 

" Ouais. "

 

Ça n'en avait pas l'air, à en juger par le son de sa voix. Kerry s'avança de quelques centimètres, puis cria en posant la main sur un clou.

 

" Quoi ? " Dar essaya de se retourner et se rendit compte qu'elle ne le pouvait pas. Tout son corps frissonna.

 

" Ça va… c'est juste un clou. " Kerry tressaillit. " Continue. " La poussière lui rentrait dans le nez et elle réfréna un éternuement.

 

Les murs se rapprochaient maintenant. Dar pouvait les sentir effleurer ses bras et le dessus de sa tête et elle se baissa par réflexe, se sentant de moins en moins à l'aise.

 

Quelques mètres de plus et elle se cogna la tête contre un morceau de débris, et s'arrêta, ressentant vraiment la pression du tunnel. Avec précaution, elle ressentit sa position devant elle, et trouva l'espace qui bougeait sur sa gauche, de plus en plus bas et de plus en plus resserré. Elle n'arrivait pas non plus à sentir l'air en provenance du tunnel, et elle hésita, réfléchissant à dire à Kerry de faire demi-tour, et qu'elles ne pouvaient plus avancer.

 

Puis elle laissa retomber sa tête et se mit sur le ventre, inspirant une bouffée d'air pleine de poussière de béton et de crainte. " Ça se rétrécit. ", marmonna-t-elle d'une voix rauque, en se préparant à ramper. La présence de Kerry fut soudain plus proche et elle sentit qu'on étreignait sa jambe, puis une légère pression qui ressemblait étonnamment à un baiser. " Qu'est-ce que c'était que ça ? "

 

" Moi qui te remercie. "

 

" Oui oui. "

 

" Allons Dar… tu accuses toujours les gens d'être des lèche-culs … qui d'autre que moi aurait les tripes de le faire réellement ? "

 

Dar se mordit la lèvre alors que son corps était secoué d'un rire inattendu. Puis elle fit face au tunnel et rampa vers l'avant, se tortillant à travers l'espace minuscule, essayant de ne penser à rien d'autre qu'au moment où elle serait sortie de ce foutu tunnel.

 

Il se rétrécissait de plus en plus, et Dar dut se forcer à avancer sur chaque petit bout, luttant contre son esprit autant que contre l'espace inconfortable. Elle rampa avec détermination dans un virage tordu puis s'arrêta, alors qu'elle se cognait la tête dans un morceau de tableau effondré, et la collision provoqua la chute d'une planche lourde sur ses épaules et la cloua sur place.

 

Elle ne pouvait plus bouger. Ses mains poussaient le sol sans effet, et la planche descendit un peu plus, lui projetant des pierres acérées au visage.

 

" Dar ? " Le ton inquiet de Kerry flotta vers l'avant.

 

Dar sentit la panique qui montait, et elle était presque impuissante à la retenir. Elle commença à lutter, sa respiration sortant en hoquets courts et aigus alors qu'elle essayait de déloger la planche.

 

" Hé… hé… doucement… laisse-moi… " Les mains de Kerry vinrent vers elle. " Oh… bon Dieu… bon, je peux… bon sang, ce morceau de… Dar, arrête de te battre avec ça. Laisse-moi essayer de t'aider. "

 

C'était presque impossible à faire. Tous ses instincts la poussaient à bouger. En se tortillant, elle réussit à se maintenir immobile alors que Kerry œuvrait sur l'obstacle, gênée par son bras blessé.

 

" Je crois que je peux… " La voix de Kerry sonnait fatiguée. " Ooh… oh, attends, je pense que je l'ai. " Elle tendit ses muscles et tira en arrière, sentant la planche en bois bouger. " Ah… tiens bon un instant, Dar… j'ai presque… " Le mouvement la surprit et elle sursauta, puis elle sentit les murs autour d'elle commencer à bouger. " Oh… m.. " Elle réussit à lancer son corps vers l'avant sur Dar au moment même où le tunnel s'effondrait autour d'elles, les clouant ensemble et bloquant toute chance de retraite.

 

C'était comme si son pire cauchemar prenait vie, et Dar se retrouva figée, incapable de bouger alors que son esprit prenait acte de ce qui venait de se passer. Elles étaient piégées, avec juste un peu d'air.

 

Elles allaient mourir.

 

Elle pouvait sentir la respiration chaude de Kerry sur son dos, où la jeune femme blonde était clouée alors qu'elles étaient là allongées dans un silence momentané et engourdi.

 

Dar déglutit, déjà consciente de la pauvreté de l'air autour d'elle. Elle sentit la panique étonnamment diminuer, et elle tourna la tête sur le côté. " Ker ? "

 

" Mm ? "

 

" Ça n'a pas l'air bon. "

 

" Je sais. Je suis désolée, Dar. Je pensais que je faisais bien. " Kerry pressa son visage sur le dos de Dar, respirant l'odeur familière. " Est-ce qu'on a brûlé toutes nos cartouches ? "

 

" Je crois bien. "

 

Elles restèrent tranquilles pendant quelques inspirations. " Je suis contente qu'on soit ensemble ", finit par murmurer Kerry.

 

Dar cligna des yeux dans l'obscurité. " Moi aussi. "

 

" J'ai toujours cru que j'aurais très peur… " Kerry marqua un temps, alors qu'elles écoutaient le doux grattement des débris qui tombaient et bougeaient au loin. " Je présume que c'est là qu'on est censées se dire plein de choses profondes. "

 

" Je crois aussi ", répondit Dar. Trente années. Elle se les repassa en silence. Et seule la dernière voulait fichtrement dire quelque chose. " Je suis désolée qu'on ne soit jamais allées à Key West. "

 

Kerry sentit le sommeil la gagner. " Peut-être dans une prochaine vie ", murmura-t-elle. " On a eu si peu de temps dans celle-ci. "

 

C'est toujours trop court. Dar sentit une vague de frustration monter en elle. " Ouais. "

 

" Je t'aime, Dar. " Kerry pressa ses lèvres sur le dos chaud sur lequel elle reposait.

 

Celle-ci ne put répondre pendant un instant, à cause de la boule dans sa gorge. " Je t'aime aussi ", finit-elle par dire d'une voix rauque. " Tu sais que tu as été la meilleure chose qui soit arrivée dans ma vie, n'est-ce pas ? "

 

Un reniflement. " Pareil. "

 

Kerry soupira. " Je n'étais pas vraiment prête pour ce qui arrive ", murmura-t-elle doucement. " J'ai simplement trouvé ce que je cherchais, Dar… je ne veux pas le perdre si tôt. "

 

" Moi non plus. " Dar sentit une colère profonde monter en elle. Elle tendit ses muscles et essaya de redresser son corps, sentant ses pieds gagner du terrain sur les débris tombés derrière elles. Elle pouvait sentir la lourde pression du bois sur ses épaules, et son esprit se rebella contre sa captivité. " Je sais que c'est inutile, mais… " Elle plia les jambes et mit le dos contre le bois.

 

" Qu… Qu'est-ce que tu fais, Dar ? "

 

" J'essaie. " Il n'y avait aucune raison ou pensée là-derrière. Elle prit une inspiration, puis commença à pousser, ses muscles tendus contre l'obstacle. Il ne bougea même pas un peu, mais elle essaya plus fort, cherchant en elle des réserves de force en sommeil qu'elle avait rarement appelées.

 

Elle ferma les yeux et un écho de souvenir coula en elle, et elle sentit l'air malodorant lui tourner la tête, et elle huma une odeur piquante et rude, et décida simplement qu'elle avait besoin d'être hors de cet endroit.

 

Kerry avait besoin d'être hors de cet endroit. Elle n'allait sûrement pas laisser Kerry mourir. Sûrement pas.

 

Sûrement.

 

Pas.

 

Une poussée brûlante d'énergie la frappa dans les tripes, et elle se déroula, en laissant éclater un cri de rage de sa poitrine alors que son corps se redressait, au bruit de l'écrasement, puis un rugissement, et une explosion d'air brûlant et puant. Dar resta au bord de l'évanouissement, à peine consciente de mains qui l'agrippaient et de voix qui tonnaient à ses oreilles et qui sonnaient curieusement familières.

 

Kerry sentit les choses bouger autour d'elle, et elle essaya de maintenir Dar alors que le plâtre et le mur de pierres sèches s'effondraient sur elles deux. Elle connut un moment de panique totale, puis les débris derrière elle cédèrent le passage et elle trébucha pour sortir du tunnel dans un espace dégagé. Les carreaux du plafond lui tombaient sur la tête et elle roula, essayant de se mettre à l'abri. Puis son mouvement fut interrompu par quelque chose de solide et elle agita son bras, pour entrer en contact avec un tissu inattendu et de la chaleur.

 

" Kerry ! " Jamais une voix ne fut aussi bien accueillie. Kerry cligna des yeux à travers la poussière de plâtre et se concentra sur le visage poussiéreux et cicatrisé d'Andrew. Il était agenouillé à côté d'elle et commençait à tirer le mur de pierre sèche qui la recouvrait, et elle s'accrocha à son bras, le tirant vers elle maladroitement avant de l'étreindre. " Doucement. " Il la sortit doucement du plâtre et finit avec Kerry sur les genoux. " Bon Dieu, j'suis content comme l'enfer de vous voir toutes les deux. "

 

" Pareil pour moi. " Kerry réussit à sourire tout en s'asseyant avec précautions, tenant son bras en regardant autour d'elle. Dar était étendue sur toute sa longueur dans la poussière, sa mère agenouillée près d'elle, et elle pouvait sentir la fumée tout près. " Je suis contente que vous alliez bien tous les deux. " Son regard alla vers le couloir au loin, bloqué par le plafond effondré.

 

Dar était étendue sur le sol, essayant de reprendre son souffle. Les voix se rapprochèrent et elle sentit des doigts sur son front, qui la ramenèrent un instant dans l'enfance, quand une chute de l'arbre à l'extérieur des quartiers de la base l'avait assommée. Ça avait été le même toucher, et elle ouvrit les yeux pour voir sa mère accroupie au-dessus d'elle, une expression anxieuse sur le visage.

 

" Dar ? " Céci se remit à parler.

 

" Salut maman ", murmura Dar. " Attention à la dernière marche. Elle est traître. "

 

Céci garda le silence une seconde, puis son visage s'agrandit en un sourire désabusé alors qu'elle partageait le souvenir avec sa fille. " Quelle chance… tu es déjà à l'hôpital. " Elle regarda vers l'endroit où se trouvait Andrew qui extirpait Kerry des derniers débris. " Je suis contente qu'on vous ait trouvées… il y a le feu dans la section à côté. Il faut qu'on sorte d'ici. "

 

Ceci expliquait la chaleur. Dar reprit son souffle et regarda autour d'elle. Ce qui avait été le bureau des infirmières n'était plus maintenant qu'une masse de ruines, et le plafond était tombé dans le couloir, bloquant le chemin. Kerry se mettait difficilement debout, et tout en la regardant, Dar s'avança et posa la main sur l'obstacle. La lumière de secours était un peu plus forte à cet endroit et dévoilait les nombreuses taches de sang sur la chemise en coton de Kerry, dues aux écorchures et aux griffures qui couvraient sa peau. Dar baissa les yeux, et s'aperçut qu'elle était dans les mêmes conditions.

 

" Dar ? " Sa mère attira doucement son attention. " Tout va bien ? "

 

Dar ne le pensait pas vraiment. Trop de choses arrivaient trop vite. Mais elle reprit ses esprits et acquiesça de la tête. " On a eu du mal à traverser ce bazar. "

 

Céci lui tapota l'épaule. " Viens… Voyons si on peut trouver un chemin pour sortir d'ici. "

 

Elle se levèrent et allèrent vers l'endroit où Kerry et Andrew commençaient juste à se relever. Dar dut souffrir que son père lui ébouriffe les cheveux, alors que Kerry se collait à elle dans une étreinte chaleureuse. Elle mit les bras autour de la jeune femme et soupira, essayant de repousser le passé récent derrière elle pour le moment.

 

" Merci ", dit Kerry. " Je ne sais pas comment tu as fait ça, mais merci. "

 

Fait quoi ? Dar repoussa la question pour plus tard. " Il faut qu'on bouge. " Elle montra une sortie à demi passable sur la droite.

 

Kerry leva la tête puis s'écarta de Dar pour aller vers les tas de débris qui bloquaient le chemin vers la chambre d'Angie. " Comment est-ce qu'on peut passer par-là ? "

 

Ils se mirent tous derrière elle. Dar mit la main sur le mur fissuré. " Kerry… c'est… " Elle garda le silence. La chaleur augmentait. " Je ne pense pas… "

 

" Dar. " Kerry prit un morceau de béton et le jeta de côté. " Ma famille est là derrière. "

 

" Kerry. " Andrew vint à son côté. " J'pense que quoi qu'c'était… qui a explosé, c'était juste derrière cette aile par-là. "

 

Kerry le regarda. " Il faut que j'en sois sûre. " Elle tira sur un autre morceau et le jeta derrière elle. " Je ne vais pas passer ma vie… maintenant que j'en ai une à nouveau, merci Dar… à me demander si j'aurais pu faire quelque chose pour les aider. "

 

Une légère brise de fumée avait commencé à flotter et la chaleur devenait inconfortable, mais Dar se contenta de soupirer et se mit au travail, tirant sur le béton récalcitrant dans une tentative de nettoyer le désastre. Elle jeta un coup d'œil à ses parents. " Pourquoi vous n'y allez pas. "

 

" Pourquoi il ne te pousse pas des ailes pour voler ", répliqua Céci. " On ferait mieux de se dépêcher… ça va pas tarder à devenir moche ici. "

 

Ils commencèrent à travailler alors qu'un rugissement inquiétant devint subliminalement audible, en même temps que l'écho de hurlements lointains.

 

******

 

Qu'est-ce que tu es en train de faire là, Kerry ? Elle repoussa ses cheveux trempés de sueur de son front et étouffa une quinte de toux. Tu penses vraiment pouvoir passer à travers tout ce truc ?Et après ? Elle regarda sur sa droite à l'endroit où Dar et Andrew travaillaient de concert pour bouger un énorme morceau de mur. Le père et la fille prirent chacun un bout et levèrent, le nez plissé par l'effort dans une image presque réfléchie. Ils réussirent à enlever le morceau et repartirent de plus belle, pendant que Céci l'aidait à enlever les morceaux plus petits. Tu risques leurs vies et ils ne comprennent probablement même pas ce que tu fais.

 

Sa main toucha quelque chose qui n'était pas de la pierre et elle hoqueta, retirant ce qui pouvait être identifié comme un bras.

 

Il était froid.

 

" Dardar, va par-là avec Kerry. Je m'occupe de ça ", ordonna Andy, d'une voix calme et neutre. Il s'agenouilla devant Kerry pour bloquer la vue du corps avec le sien et bougea doucement le plâtre, exposant le visage. Pendant un moment il garda le silence, la tête penchée comme s'il disait une prière. Puis il tourna la tête. " C'est l'infirmière. "

 

Kerry ferma les yeux et laissa passer un souffle, puis elle relâcha l'étreinte sur le bras de Dar.

 

" Dar, aide-moi par ici. "

 

C'était la dernière chose qu'elle avait envie de faire. Dar déglutit, mais se força à bouger, s'agenouillant au côté de son père alors qu'il écartait le reste des débris. L'infirmière devait être en train de courir. Elle était sur le ventre, et il y avait beaucoup de sang à l'endroit où un bord coupant avait percé son dos juste sous le crâne. Andrew prit un bras. " Attrape-la par ici. " Il fit signe de prendre l'autre bras. " Tire quand j'te l'dis. "

 

Dar plia les mains puis les tendit avec hésitation pour faire ce qu'il disait, choquée de manière peu plaisante par le froid et l'aspect caoutchouteux de la chair.

 

" Dar ? "

 

Elle leva rapidement les yeux vers son père.

 

" La première fois que j'ai dû faire ça, j'ai vomi si fort que j'ai failli en faire sortir mes rotules par les narines. "

 

Dar hocha la tête et prit une inspiration. " Merci. " Elle assura sa prise et l'aida à tirer le corps à l'air libre, vers un coin. Andrew lui donna une tape sur le dos alors qu'ils revenaient.

 

" Ça va aller ? "

 

" Ouais. "

 

Ils reprirent leur travail de déblaiement, en jetant un coup d'œil par-dessus leur épaule alors que la fumée s'épaississait. Kerry tira sur un grand morceau, puis un second, et étouffa une quinte de toux. Elle regarda Andy et Dar lutter pour sortir une grande demi-poutre du chemin, puis elle tendit la main quand ils revinrent pour attraper la manche de Dar. " Ecoute… ça devient vraiment mauvais ici… peut-être qu'on… ferait mieux de passer de l'autre côté. "

 

Andrew jeta un coup d'œil par-dessus son épaule puis secoua sa tête grisonnante. " J'pense pas que ça soit possible, kumquat…on continue à creuser. "

 

Kerry lui lança un regard confus, puis elle se retourna et regarda dans l'autre couloir, pour voir les flammes à travers la petite vitre de la porte. Ils étaient piégés, et c'était de sa faute. Oh mon Dieu.

 

Oh. Mon. Dieu.

 

Oh, Dieu, s'il te plaît… si je dois être punie pour quelque chose, ne les mêle pas à ça. Kerry sentit une soudaine chaleur sur sa joue et leva les yeux pour regarder Dar dans les yeux.

 

" Hé. " Dar avait une tache de cendres au-dessus de l'œil et cela lui donnait un air canaille. " Pas le temps de réfléchir à deux fois… on finit ça. "

 

" Dar… je… "

 

" N'y pense même pas. " Une secousse de la tête en avertissement. " Viens. "

 

Kerry soupira et hocha la tête, puis elle suivit Dar vers l'ouverture qu'ils avaient faite dans les débris.

 

Ils travaillèrent dans un silence uniquement rompu par la toux alors que l'air s'emplissait de fumée, et un rugissement effrayant leur parvint de l'autre côté du mur de séparation. Andrew s'arrêta un instant, puis retira sa chemise et sortit un couteau de sa poche arrière qu'il ouvrit d'un mouvement négligent du poignet. Puis il découpa les manches, en tendit une à Céci et Kerry, dans un geste curieux chevaleresque qui fit sourire Dar. Elle retira le col de sa propre chemise et se couvrit le nez et la bouche, puis reprit son travail. Ils firent de bons progrès pendant quelques minutes, puis Andy jura, alors qu'un morceau de mur sur lequel il tirait, refusa de bouger. " Bon Dieu de bon sang… ce truc est maousse. "

 

Une explosion de chaleur les atteignit, et ils baissèrent la tête, alors que le mur en face d'eux s'effondrait en flammes, envoyant des morceaux de débris brûlants à l'endroit où ils se trouvaient. La fumée roula vers l'avant, et ils la fixèrent, tous pétrifiés pendant un long moment.

 

Dar sentit l'adrénaline monter dans ses tripes, et elle cligna des yeux, tournant délibérément le dos au feu pour étudier le mur. Il y avait une grande section penchée qu'ils avaient ignorée, parce qu'elle penchait dans leur direction et pas dans leur chemin.

 

" Très bien. " Andrew semblait résigné et grimaçait. " Vous deux vous passez là-dedans, vous entendez ? Peut-être que je peux tirer un peu de ce truc sur nous et que ça passera. "

 

" Non. " Dar sentit son cerveau s'agiter, alors qu'elle se souvenait de ce qu'était son gagne-pain.

 

Juste un autre problème à résoudre. " Aidez-moi à attraper ces câbles qui pendent là… on va les attacher autour de ce morceau… " Dar rampa et agrippa les câbles et les enroula autour de la partie qui penchait. Les autres l'aidèrent et attachèrent les cordes de métal entre elles. " Maintenant… "

 

Le feu bondit par-dessus le bureau des infirmières, sa chaleur les blanchit. Dar tira sur le bord de la partie penchée. " Si on peut faire tomber ce truc… "

 

" Seigneur. "Andrew bondit et attrapa le coin, mettant tout son poids dans l'effort, mais rien ne bougea. Kerry et Céci tirèrent aussi, se tendant contre le béton récalcitrant.

 

" Le seul fichu truc qui soit resté en place ", marmonna Céci.

 

" Tenez bon. " Dar bondit et redressa son corps par-dessus le bord du mur, s'installant entre la partie et celle qui les bloquait. Elle mit ses pieds contre une des surfaces et le dos sur l'autre, et poussa, utilisant ses jambes puissantes et ses mains autour des genoux. " Sortez du chemin ", hoqueta-t-elle, alors qu'elle sentait la pierre bouger sous son dos.

 

Andrew se souleva au-dessus du bord du béton, et ajouta sa force à celle de sa fille. " Ce truc est en train de lâcher, il va falloir qu'on saute. "

 

" Ouais. " Dar fit la grimace alors que la fournaise lui faisait fermer les yeux. " Prêt ? Un… deux… "

 

" Six. " Ils poussèrent en même temps, et le mur craqua, puis commença à tomber, les envoyant bouler alors qu'il basculait, hésitant en équilibre, avant de se soumettre à la gravité et de tomber, entraînant l'énorme morceau qui bloquait leur chemin au passage.

 

" C'est une sortie ", cria Kerry, avec un profond soulagement. " Venez ! " Elle prit Dar par la manche et tira, alors qu'Andy plongeait dans l'ouverture, Céci accrochée à son dos. Un morceau brûlant d'isolant tomba, et Kerry cria alors qu'il touchait ses épaules. Mais Dar la tira en avant et il tomba alors que les flammes commençaient à lécher le plafond juste au-dessus d'eux. Elle se glissa dans l'ouverture étroite, s'écorchant les bras et les jambes sur les morceaux détruits de la structure interne du mur qui dépassait des débris. Il faisait plus sombre que de là où ils venaient, et Kerry cligna des yeux, essayant de voir devant elle.

 

Puis un rugissement retentit derrière elle, et une vague étouffante la frappa, brûlant les poils de ses bras alors qu'elle criait en avertissement.

 

Puis elle sentit une embardée et quelque chose lui tomba dessus, et tout devint plus sombre.

 

***************************

 

Tout bougeait. Kerry repris brutalement connaissance à cause du bruit des choses qui tombaient et d'un rugissement sourd. Elle entendit des cris, et se rendit compte qu'elle était portée blottie dans des bras puissants qui la tenaient au niveau des épaules et des genoux.

 

Il faisait toujours noir, mais plus frais, et elle essaya de reprendre ses esprits à la dérive alors que le pas s'accélérait et qu'une bouffée d'air froid et frais la submergeait.

 

Elle entendit un bruit de battements rapides, et se demanda ce que c'était jusqu'à ce qu'elle se rende compte que c'était un battement de cœur contre son oreille. Elle se força à ouvrir les yeux pour voir un profil familier dessiné dans la faible lumière rougeoyante. Bien sûr. C'était le cœur de Dar qu'elle entendait, rapide et fatigué.

 

Eh ben, tu sais, Kerry… tu n'es plus le poids-plume que tu as été, et les choses iraient sûrement plus vite si elle ne portait pas ta carcasse. " Dar ? "

 

Le regard bleu se baissa vers elle. " Hé… " Dar était visiblement à bout de souffle, mais elle continuait à avancer, suivant un dos à peine visible juste devant elles.

 

" Je peux marcher… pose-moi. " Kerry espéra que ceci était vrai. Elle n'avait aucun souvenir vraiment de ce qui s'était passé après qu'ils avaient commencé à traverser le mur.

 

" Tu es sûre ? " Dar se baissa sous un morceau de mur saillant, et faillit trébucher, maintenant son équilibre avec sa charge par un hasard miraculeux.

 

" Oui… allez, avant que tu ne t'évanouisses ", insista Kerry.

 

" D'accord. "

 

On la posa sur ses pieds et elle se redressa avec prudence, constatant que tout était relativement en un seul morceau, à part son épaule toujours douloureuse, et un avant-bras maintenant sensible et brûlant. Dar mit la main sur son dos et la guida derrière son père et sa mère.

 

" Qu'est-ce qui s'est passé ? "

 

Dar ne répondit pas tout de suite. " L'explosion t'a projetée contre un morceau du mur et tu t'es assommée… il fallait qu'on te sorte de là, c'est tout. "

 

" Et toi, tu vas bien ? "

 

Un hochement de tête. " Ouais, viens… papa pense avoir vu une partie dégagée par-là. "

 

Kerry regarda autour d'elle. Ils n'étaient plus dans le couloir qui menait à la chambre d'Angie, mais on ne pouvait pas le reconnaître à cause des débris. " Aucun signe de mes parents ? "

 

" Non. " Dar s'arrêta brutalement quand Andy fit de même devant elle et se tourna vers elles. " Un problème, papa ? "

 

" Chut. " Andrew mit un doigt sur ses lèvres. " Tu entends quelque chose ? "

 

Beaucoup de choses. Dar était épuisée par la surcharge émotionnelle et sensorielle de ces quelques dernières heures. " Comme quoi ? "

 

Kerry mit son bras intact autour de sa compagne et écouta. " Je n'entends rien d'autre que le feu. "

 

Andrew pencha la tête d'un côté et ferma les yeux.

 

Il y eut le silence pendant un moment. Faiblement, on entendit un cri puis un craquement mou sur la gauche. Puis… " Attendez… est-ce que c'est… " Kerry entendait quelque chose de vaguement rythmique. " Est-ce que quelqu'un tambourine ? "

 

Andrew acquiesça de la tête. " C'est bien c'que j'pensais avoir entendu… " Ils marchèrent le long des murs détruits et lentement, le son augmenta, puis s'arrêta.

 

Puis il reprit, cette fois avec une frustration et une urgence sous-jacentes indéniables.

 

" Seigneur ", dit Andrew en soupirant, soulevant une masse qui semblait être apparue dans sa main comme par magie. " Restez hors du chemin, je vais voir si on peut faire une ouverture là-dedans. "

 

" Tu as trouvé ça où ? " Murmura Céci en mettant la main sur son bras. " Andy… "

 

" Les abrutis qui ont construit l'immeuble ont dû le sceller derrière le mur de pierres sèches. " L'ex-seal leva le marteau et le balança avant de le frapper contre la surface devant eux, une partie de mur qui était tombée et avait recouvert un tournant du couloir. " Doit y avoir une fichu pièce là-derrière. "

 

Dar soupira, puis elle recommença à tirer sur des morceaux de béton tombés, dégageant un espace pour que son père puisse descendre. Il n'y avait de place que pour deux, alors Kerry resta en arrière, hors du chemin avec Céci, qui avait attaché la manche de la chemise de son mari au-dessus de ses yeux pour maintenir ses cheveux en arrière.

 

" J'ai connu de meilleurs jours ", admit Céci, en s'appuyant sur un soutien de mur tordu. Elle avait l'air épuisée. " La chose la plus fatigante que j'ai eu à faire ces deux dernières années, c'est d'aller jusqu'au supermarché. "

 

Kerry lui lança un regard triste. " Ne vous sentez pas mal pour ça. J'ai passé quatre ou cinq soirs par semaine à la gym, et j'ai l'impression d'avoir été piétinée par un rhinocéros. "

 

" Et bien, à voir comment tu as été soufflée à plus de trois mètres à travers un mur de plâtre tout à l'heure, tu es tout à fait habilitée. " Céci lui tapota son bras valide. " Je suis contente que tu ailles bien. "

 

Trois mètres ? Un mur de plâtre ? Kerry cligna des yeux. " Je présume que c'est pour ça que j'ai tellement mal au crâne ", murmura-t-elle en regardant le dos de Dar se tendre alors que sa compagne soulevait un énorme morceau de quelque chose pour l'enlever du chemin. " Je suis désolée pour tout ça. "

 

" Pourquoi… tu as mis une bombe ? " Demanda Céci.

 

" Non… " Kerry sourit. " Bien sûr que non, mais… "

 

" Alors… pourquoi t'excuser ? " La petite femme la regarda avec une compassion surprenante. " Kerry, nous faisons tous assez de choses dans notre vie que nous regrettons… ne prends pas le karma de quelqu'un d'autre en plus de tout ça. "

 

Kerry pouvait à peine voir le visage de Céci dans la lumière diffuse, mais elle pouvait ressentir le sourire triste qui lui était destiné. Elle était sur le point de répondre quand un craquement attira son regard vers le mur. " Oh… on dirait qu'ils ont… " Elle s'avança pour aider Dar à bouger un dernier gros morceau. Il n'y avait plus qu'une porte en bois maintenant entre eux et les coups, et Andy donna un coup de marteau dessus, qui explosa la surface juste au-dessus de la poignée faussée. Des échardes volèrent, et elle se baissa, puis l'encadrement se libéra du mur et pencha vers eux. Kerry l'attrapa d'une main et tira, tordant le bois vers arrière, puis elle trébucha quand le panneau bondit vers l'avant, et que deux silhouettes leur tombèrent dessus à demi.

 

Ils s'arrêtèrent et se regardèrent.

 

Kerry sentit un malaise rouler presque mêlé à un sentiment de profond soulagement quand elle reconnut le visage de son père, couvert de plâtre et de fumée. Un poids énorme descendit de ses épaules et elle tendit la main pour rattraper le mur qui s'écroulait, alors que ses genoux manquaient flancher sous elle. " Je suis… contente qu'on vous ait trouvés. "

 

" Sors de mon chemin. " Ces yeux clairs passèrent au travers d'elle, alors que son père la dépassait, les effleurant avant de trébucher le long du couloir sans un mot de plus. La mère de Kerry leur jeta un coup d'œil mal à l'aise, l'avant de son chemisier couvert de tâches de sang.

 

" Merci ", dit-elle à Andrew bien que son regard glissa vers le visage de Kerry, puis elle le laissa tomber vers le sol et suivit son mari.

 

Kerry sentit ses épaules s'affaisser, et elle étudia les morceaux de béton à ses pieds.

 

Dar se frotta les mains et alla vers elle, l'entourant de ses bras en lui tapotant doucement l'arrière de la tête tout en l'étreignant. " Viens. " Elle lui fit signe de la tête.

 

" J'crois bien. " Andrew cracha nettement et précisément sur le sol. " Que ce monsieur-là vient juste de finir son stock de gentillesse de la part d'un vieux chien de mer. " Il mit la masse sur son épaule et un bras autour de Céci. " J'vais aller le trouver et lui enfoncer ce foutu marteau directement dans le… "

 

" Andy. " Elle le tapota sur le ventre. " Sortons juste d'ici, d'accord ? "

 

Ils se dirigèrent dans le couloir, évitant les obstacles sur leur chemin, et grimpèrent sur le sol déformé qui semblait séparer l'immeuble en deux, faisant pencher la partie extérieure à un angle dangereux, comme si tout le coin était en train de s'écrouler.

 

Kerry rampa sur la dernière barrière et alla jusqu'à la porte de sa sœur où elle s'arrêta, stupéfaite.

 

Il ne restait plus rien de la pièce. Juste un fouillis de plâtre et d'acier, si dense et si emmêlé qu'il était évident que rien de vivant ne pouvait subsister à l'intérieur.

 

" Non ", murmura-t-elle, alors que Dar et ses parents arrivaient derrière elle et regardaient à l'intérieur. " Elle doit être sortie, non Dar ? "

 

En plein milieu de l'accouchement ? Dar posa les mains sur les épaules de Kerry. " On va la trouver ", dit-elle pour rassurer sa compagne.

 

Kerry hocha la tête puis fixa le désastre. Une reconnaissance silencieuse monta, et elle se retourna pour poser la tête contre la poitrine de Dar dans une requête silencieuse. " Mais elle n'est pas sortie, hein ? " dit-elle doucement.

 

" Bon Dieu. " Une voix en colère s'éleva derrière elles. Elles se retournèrent pour voir Roger Stuart, une main sur l'encadrement détruit. " Encore une chose de plus pour ta conscience, espèce de petite… j'espère que tu vas pourrir en Enfer ! " Il s'avança vers Kerry, sans se soucier des autres. " Je devrais… "

 

" Arrêtez. " La voix de Dar était aiguë et soudaine, alors qu'elle se redressait de toute sa hauteur.

 

" Vous, taisez-vous. "

 

" Un… pas… de plus. " Etonnant comme cette voix basse pouvait être énergique. " Un… mot… de plus… et j'enroule cette poutre autour de votre tête. " Dar sentit la rage la traverser, apportant une énergie bienvenue et elle la laissa faire. " Laissez-la tranquille. "

 

" Vous l'avez ruinée ", grogna l'homme. " Vous lui avez tordu l'esprit, espèce de petite pervertie de… "

 

" Hé. " Andrew se plaça entre eux, les mains sur les hanches. " Tu surveilles ton langage avec ma fille. "

 

" Votre… " Le sénateur secoua la tête. " Vous devez vraiment être fier d'elle, monsieur. "

 

Dar s'agita.

 

" Comme d'une fille, espèce de bille ", répliqua Andy d'un ton neutre.

 

Roger Stuart les fixa, puis la pièce. Il montra Kerry. " Si quelque chose est arrivé à ta sœur, ce sera de ta faute. Tu ferais bien d'espérer le contraire. " Puis il se retourna et partit, sa main serrée autour du bras de sa femme.

 

Kerry s'appuya contre l'encadrement de la porte et leva une main tremblante à son visage. " Il a raison ", murmura-t-elle. " Ils auraient dû être à la maison au Michigan. "

 

Andrew s'approcha et tira sur une mèche de cheveux de Kerry. " Kumquat, t'as tort là-dessus. On n'a pas le temps de mijoter ici… ça prend de l'énergie qu'on aura besoin pour des trucs plus utiles. "

 

C'en était trop. Kerry fixa les ruines de la chambre de sa sœur, puis craqua, et s'enfouit dans les bras de Dar, trop fatiguée même pour pleurer.

 

" Je pense qu'on a tous besoin de s'asseoir et de se reposer un instant ", dit Céci d'une voix ferme. " Le feu n'est pas encore arrivé dans cette zone, et on est tous sur le point de s'effondrer. Allons par-là nous recomposer. " Des hochements de tête fatigués approuvèrent, et ils s'installèrent dans le coin des ruines, Dar avec Kerry blottie dans ses bras, écoutant le chaos dans l'obscurité qui les entourait.

 

**********************************

 

Andrew jeta un coup d'œil alentour pendant qu'ils se reposaient, étudiant le couloir cabossé. Ils ne pourraient prendre que quelques minutes, il pouvait déjà voir la fumée monter au plafond à quelques pas en arrière.

 

Quel foutu bordel. Il jeta un coup d'œil à Céci, qui était assise près de lui, la tête posée sur son épaule. " Comment tu te sens, jolie dame ? "

 

" Et bien ", répondit-elle pensivement. " D'un côté, me voilà ici, dans un immeuble en flammes, couverte de la Déesse sait quoi, écorchée et cabossée comme un camion Ford des années 60, à souhaiter plus que tout une bouteille d'eau minérale.

 

" Ouais. " Andy examina une mauvaise écorchure sur son bras, puis il poussa un morceau de carreau du plafond de l'épaule de sa femme.

 

" D'un autre côté, tu es là avec moi ", continua Céci, en soupirant légèrement. " Alors je pense que je vais bien. Et toi ? "

 

Andrew s'éclaircit la voix. " C'est une fichue bon sang de chose à dire en face de ces gamines, hein ? "

 

Céci regarda vers l'endroit où Dar était assise, Kerry blottie dans ses bras. " Elles vont survivre. " Elle regarda sa fille avec étonnement, se rappelant trop clairement de l'ado qui insistait sur son espace privé personnel. Quand avait-elle pris Dar dans ses bras pour la dernière fois, l'école primaire ? Probablement… ces dernières années d'innocence… enfin, relativement… avant que la puberté ne l'ait atteinte et ait mis fin à ces lambeaux d'intimité auxquels elles s'étaient accrochés.

 

Kerry semblait du genre à avoir besoin de contact cependant, et apparemment, Dar s'était ajustée à ça, ne privant pas la jeune blonde de la présence physique qu'elle lui apportait. Kerry aspirait assurément l'affection, alors que Dar continuait à lui masser le dos, se reprenant visiblement avec quelques inspirations profondes.

 

Ajustée ? Céci nota en douce l'expression de contentement fatigué sur le visage de Dar alors que sa joue reposait sur la tête claire de Kerry. Peut-être qu'elle aurait dû commencer avec un peu plus d'embrassades. Kerry lui montrait définitivement un aspect inattendu de sa fille, ça c'était sûr. Une facette chaleureuse, doucement affectueuse et joyeuse que franchement, elle ne pensait pas que Dar possédait.

 

Ouais. Le recul était une chose vraiment frustrante surtout pour un parent. On ne savait jamais vraiment si ce qu'on faisait était bien ou mal, ou quoi que ce soit, et le temps qu'on s'en rende compte, c'était trop tard. " Je présume qu'on ferait mieux d'y aller ", murmura-t-elle, avec un regard d'excuse dans la direction de Kerry. " Tu vas mieux ? "

 

Kerry acquiesça de la tête. " J'avais juste besoin de reprendre mon souffle, je pense ", murmura-t-elle, puis elle pencha la tête en arrière et regarda sa protectrice tranquille. " Merci. "

 

Dar pencha la tête d'un côté. " D'avoir servi de dossier ? Pas de problème. "

 

" Pour ça aussi. " Kerry mêla ses doigts aux longs doigts de Dar et effleura les phalanges de ses lèvres. " J'ai l'impression de toujours t'entraîner dans les ennuis. "

 

" Ça rend la vie intéressante ", la rassura Dar, avec un faible sourire, alors qu'elle se soulevait pour se mettre debout en tirant Kerry avec elle. " Viens. " Elle garda un bras autour des épaules de sa compagne alors qu'elles se frayaient un chemin le long du couloir, en grimpant ensemble par-dessus les obstacles en silence ;

 

Ils avaient parcouru pratiquement tout le chemin vers le bout de l'immeuble quand Andrew s'arrêta, et mit sa main sur le mur, regardant prudemment autour de lui. " Bon sang. "

 

" Qu'est-ce qu'il y a ? " Demanda Céci.

 

" Y a pas de chemin par ici pour descendre ", leur dit-il. " L'escalier était là-haut derrière ce coin. " Il montra un tas de ruines. " On dirait que tout ce foutu coin s'est effondré sur lui-même. "

 

Dar regarda la fumée emplir le bout du couloir à l'endroit d'où ils venaient. " Et bien… allons dans une pièce extérieure alors… il doit y avoir des gens qui essaient d'en sortir d'autres de ce foutu immeuble. " Elle prit la tête, rampant sur un lit mobile retourné et tourna le dernier coin puis s'arrêta net.

 

Le bout du couloir était plein de gens blottis les uns contre les autres et effrayés, qui les regardèrent avec des yeux fous. Les parents de Kerry se trouvaient là, contre un mur, le sénateur arrêté au milieu d'une phrase.

 

" Une disgrâce. " Son regard tomba sur eux et il s'arrêta. " Personne pour nous aider, personne qui ne sait rien… vous pouvez être sûr que je vais faire quelque chose après ça. "

 

" Si on sort d'ici. " Une femme assise sur le sol, un enfant blotti dans ses bras, lui répondit. " Personne ne sait même ce qui s'est passé… c'est comme si une bombe avait explosé. "

 

" Ne soyez pas ridicule ", claqua le sénateur. " C'est probablement un chauffage au gaz importé de mauvaise qualité qui a éclaté… cet endroit est connu pour ses coupes budgétaires. "

 

" Avec autant de dégâts ? " Dit Dar en ricanant. " Ça devait être un ballon d'eau chaude de la taille du Titanic. " Elle commença à contourner la zone, examinant les sorties possibles. " C'était probablement une bombe. " Elle lança un regard sombre au sénateur. " Quelqu'un qui était lassé de votre politique de haine. "

 

" Fermez-la. "

 

" Allez vous faire foutre. "

 

" Dar. " Kerry regardait un visage après l'autre, et ferma les yeux quand elle ne vit pas celui qu'elle cherchait. Le bout de l'immeuble était ouvert, et avait de grandes fenêtres, et il y avait bien une douzaine de personnes là, quelques-unes blessées, des malades, et quelques enfants, autour d'une douzaine.

 

Puis elle se rendit compte que la pièce était emplie de meubles colorés et de jouets, et elle présuma qu'ils étaient dans l'aile pédiatrique. Deux des enfants étaient dans des fauteuils roulants, et ils avaient l'air effrayés. Kerry sourit au plus proche et essaya de ne pas penser à sa sœur.

 

C'était sûr, Angie était sortie. Peut-être qu'elle était en chemin vers la salle d'accouchement… peut-être qu'elle était de l'autre côté des dégâts, et déjà dehors.

 

Peut-être que Kerry était à nouveau une tantine.

 

Peut-être que c'était un petit garçon. Elle s'arrêta et combattit les larmes. Je ne vais pas t'abandonner, Angie… je sais que tu t'en es sortie.

 

" Est-ce que quelqu'un sait ce qui s'est vraiment passé ? " Demanda finalement Dar, alors qu'Andrew allait vers la fenêtre pour regarder dehors.

 

" Bon Dieu si je le sais ", répondit un homme, qui tenait un morceau de tissu sale sur son visage. Une petite fille s'accrochait à lui, sa fille assurément. L'enfant était pâle et portait un pyjama d'hôpital, et elle avait l'air effrayé et mal à l'aise. " Un instant on regardait la télévision, l'autre… tout a explosé. "

 

Dar jeta un coup d'œil derrière elle. " On devrait bloquer ce couloir. "

 

" Vous êtes folle ? " Une femme était assise contre le mur en question. " C'est le seul chemin qu'ils ont pour venir nous chercher… on est dans un cul de sac. "

 

" C'est aussi le seul chemin pour le feu de nous atteindre ", répliqua Dar. " Et il va arriver avant l'aide. "

 

Un murmure de crainte accueillit ses mots. Contre le mur extérieur, les parents de Kerry tournèrent simplement la tête, et ignorèrent son existence. Près d'une entrée proche, une petite cuisine avait presque été épargnée, et proprement pillée. Il y avait une bouteille de quatre litres d'eau à demi-vide posée sur le comptoir, et Kerry alla la chercher, consciente d'avoir soudain désespérément soif.

 

Une explosion sourde la jeta contre le mur, et elle s'accrocha, alors que des débris tombaient autour d'elle. Mais après quelques moments de tension, le craquement s'interrompit, et tous toussaient à cause du film de poussière de plâtre qui emplissait la pièce. Une partie du plafond détruit s'effondra, envoyant des carreaux partout, et l'air déjà raréfié sembla s'épaissir autour d'eux.

 

Puis avec un scintillement timide, la lumière de secours s'éteignit et ils se retrouvèrent dans le noir, uniquement rompu par les lumières de la ville qui passaient par les fenêtres qui les entouraient.

 

Kerry s'arrêta, la main sur le comptoir. Bien qu'elle ait été infime, la lumière leur avait au moins servi à avoir une petite idée de ce qui s'était passé. Maintenant… tout pouvait arriver dans l'obscurité. Elle sursauta quand elle sentit un contact sur son dos et hoqueta.

 

" Doucement. " La voix de Dar lui chatouilla les oreilles. " Laisse-moi le prendre. " La jeune femme brune fourragea dans les débris éparpillés près du réfrigérateur tordu et retira une tasse, puis elle leva la bouteille avec précautions et y versa un peu d'eau.

 

Kerry avala le liquide avec reconnaissance, vidant la tasse d'un coup, puis elle la fixa dans la lumière blafarde. " Tu pourrais… "

 

" Bien sûr. " Dar versa une seconde tasse pleine, puis elle prit une profonde inspiration. " Je ne pense pas que bloquer le couloir servira à grand-chose. "

 

" Probablement pas ", approuva Andrew qui se tenait près d'elle, invisible. " J'pense qu'il faut qu'on ouvre cette fenêtre. " Il jeta un coup d'œil aux profils peu éclairés contre la vitre. " Dar, toi et moi on va vérifier ça. Céci… tu restes par ici, d'accord ? "

 

" D'accord. " Céci s'appuya contre le comptoir près de Kerry et soupira, tout en tournant la tête. " Ça t'ennuie si je te pique une gorgée de ce truc ? "

 

Kerry lui tendit la tasse. " C'est le moins que je puisse faire après vous avoir entraînée là-dedans. "

 

" Kerry ? " Céci lui lança un regard en coin, en prenant une gorgée d'eau. " Si tu n'arrêtes pas avec ce jeu de la culpabilité, je vais devoir te materner et ça risque de devenir affreux. "

 

Kerry cligna des yeux, puis lui sourit contre sa volonté. " Désolée. Je dis n'importe quoi quand je suis nerveuse. " Elle se frotta les yeux de fatigue. " Mon cerveau fonctionne à vide en ce moment. " Elle était douloureusement consciente que ses parents la regardaient depuis l'autre bout de la pièce.

 

" Je m'en doute. Tu sais ce que fait Dar quand elle est inquiète ? "

 

" Elle démonte des trucs ", répondit Kerry avec un sourire triste. " Surtout des trombones… elle les transforme en petites figurines. "

 

Céci gloussa. " Je suis contente de voir que certaines choses n'ont pas changé … j'avais l'habitude de collectionner ces fichus trucs. "

 

Kerry l'étudia un moment. " Je parie que vous les avez toujours ", déclara-t-elle de manière inattendue. " N'est-ce pas ? "

 

Céci se pinça les lèvres puis baissa les yeux vers le comptoir sur lequel elles s'appuyaient. " Tu m'as eue. Oui, c'est vrai ", admit-elle doucement. " Et aussi une paire de chaussures minuscules, et les efforts d'écriture à l'école primaire. "

 

Kerry absorba ceci, son regard allant inconsciemment vers l'endroit où se trouvaient ses parents. " J'ai dû faire toute seule ma collection. " Sa voix était basse et calme. Après un moment de silence pensif, elle tourna la tête vers Céci. " Mme Roberts… vous pouvez me materner aussi souvent que vous voulez. "

 

Incroyable. Cécilia prit une inspiration. Quelqu'un qui pense que je suis de la graine de parent. Je dois être aussi vieille que les collines pour que ça arrive. " Bon, alors ", répondit-elle pensivement. " Tu ferais mieux d'arrêter de m'appeler Mme Roberts. " Dans la pénombre, elle put à peine voir Kerry sourire.

 

Incroyable.

 

Les enfants commencèrent à pleurer, encore plus effrayés par l'obscurité. Dar et Andy se frayèrent un chemin à travers le sol peuplé, se pressant contre les vitres lorsqu'ils les atteignirent et regardèrent en bas.

 

" Bon Dieu. " Le regard de Dar s'agrandit à l'énorme rassemblement de lumières, d'équipements d'urgence, et de gens qui se pressaient en bas. " Je présume qu'ils travaillent à sortir les gens… " Elle regarda un pompier tirer sur une forme enveloppée d'une fenêtre deux étages en dessous. Ils étaient au sixième étage, pratiquement au sommet de l'immeuble, et d'après ce qu'elle pouvait en voir, quoi qu'il se soit passé avait arraché pratiquement la moitié du côté de la structure.

 

Andy poussa la vitre de ses mains. " Ça va pas être facile. " Il secoua la tête. " C'est pas des trucs faits pour casser… mais au moins les gars en bas sauront qu'on est là à moins qu'on leur dise. " Il leva sa masse et s'arrêta, cherchant un endroit où commencer. " C'est pas le bon moment pour avoir perdu ton téléphone portable. "

 

" Mmph ", marmonna Dar, elle-même agacée par le fait. " Il est tombé de ma ceinture. " Kerry avait laissé le sien en charge dans la chambre, et elle n'était pas sûre, de toutes les façons, de la qualité de la réception dans le désastre chaotique. Elle dégagea un espace pour que son père se mette au travail, puis se rendit compte qu'il y avait des obstacles vivants là dans la semi-pénombre. " Vous feriez mieux de reculer ", dit froidement Dar aux Stuart qui regardaient.

 

" Allez vous faire voir ", répondit Roger Stuart, puis il sursauta quand il se retrouva nez à nez avec la tête d'une masse et une paire d'yeux glacés derrière elle.

 

" Vous allez bouger vot'carcasse de mon chemin, monsieur ", dit Andrew d'une voix rauque. " Parce que j'suis à bout de patience avec vous. " Il poussa le sénateur avec la poignée de la masse. " Maintenant la p'tite dame et vous, vous allez par-là avant que je vous mette cul par-dessus tête. "

 

" Vous savez qui je suis, bon sang ? " grogna le sénateur, absolument pas intimidé.

 

" Un vrai connard. Maintenant bougez. " Andrew le poussa à nouveau.

 

" Ecoutez, stupide paysan… " Stuart se leva et s'arrêta de parler quand il fut soulevé de terre et poussé contre le mur, la poignée de la masse lui coupant le souffle. " Bon Dieu ", dit-il d'une voix rauque.

 

" On dit Commandant Paysan, pauvre tâche payée par le gouvernement. " Andrew le relâcha, puis le poussa, l'envoyant s'affaler dans un tas de tuiles du toit. " Un gâchis de mes impôts, c'est fichtrement sûr. "

 

" Attendez seulement qu'on soit sortis d'ici ", menaça le père de Kerry. " Je vais vous traîner en justice tous autant que vous êtes. "

 

Andrew retourna son attention vers la fenêtre. " Connard. " La mère de Kerry se précipita au côté de son mari et s'agenouilla près de lui, brossant les morceaux de plâtre de sa veste tâchée et brûlée. " Ceux qui peuvent, agissent, ceux qui ne peuvent pas deviennent juristes. Ceux qui servent à rien du tout, deviennent politiciens. "

 

Dar faillit rire à la vue de l'expression du visage du sénateur, mais elle était trop fatiguée. Au lieu de ça, elle se força à regarder le verre. " Papa… " Elle passa la main sur la surface. " Essaie ici, près de l'encadrement. "

 

" Pas au milieu ? " Dit Andy d'une voix traînante, en penchant la tête d'un air interrogateur.

 

" Non… je pense que c'est fait pour plier ici… ça sera plus rigide et aura une plus grande tendance à se briser ici, au coin. "

 

Andy lui lança un regard. " Très bien. " Il leva la masse et fit face à la vitre, se concentrant avec précautions. " Assure-toi que tout le monde reste derrière… ce truc va voler. "

 

Dar jeta un rapide coup d'œil autour d'elle, ignorant les regards noirs. " Tout le monde à l'abri… on va casser la fenêtre. " Les gens rampèrent hors du chemin, et les enfants effrayés furent rassemblés dans le coin. " C'est bon… vas-y. " Elle mit le bras devant ses yeux, et recula, étouffant une quinte de toux lorsque l'air sembla s'épaissir avec la fumée.

 

Respirer de l'air frais serait un tel soulagement. La simple pensée lui fit tourner la tête.

 

Andrew visa, puis balança la masse et la lança vers l'avant, mettant toute la force de son corps dans le mouvement lorsqu'elle frappa le bord de la fenêtre. Avec un craquement spectaculaire, celle-ci se brisa en mille morceaux, explosant dans toutes les directions.

 

Andrew se lança en arrière pour éviter le verre qui volait, puis se sentit attrapé et projeté contre l'encadrement alors que la pression de l'air aspirait l'air chaud vers l'extérieur de l'immeuble, créant une explosion brûlante et rugissante le long du couloir qui se dirigeait vers eux.

 

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A suivre : partie 11

 

 

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