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eyeofthestorm12B

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

L'OEIL DU CYCLONE

Eye of the Storm

 

 

Par Melissa Good

 

Résumé et traductions : Fryda

 

 

**********

Partie 6 - Chap. 12B

*********

 

 

Elles regardèrent le soleil se coucher depuis la plage, le ciel peint de tant de nuances de couleurs que Kerry en perdit le compte. Elle leva son appareil photo et prit un autre cliché, puis baissa les mains pour attendre quelques instants avant de recommencer. Chino s’était fatiguée en courant sur le sable, et elle était maintenant blottie aux pieds de Kerry en une boule humide.

 

« Ça va faire une jolie collection », dit Dar, en s’appuyant le dos contre une branche de bois flotté.

 

« Ça c’est sûr. » Kerry leva sa longue canette de bière et en but une gorgée. Elle était assise entre les jambes de Dar, appuyée contre elle, et cette dernière avait passé le bras autour de sa taille. Elles étaient pieds nus, et à demi-couvertes du sable granuleux de la plage, et Kerry soupira en terminant sa bière.

 

La troisième, en fait, parce que c’était le premier jour où elle avait le droit de boire ; elle s’était arrêtée lors du traitement pour son épaule. Sa tête bourdonnait doucement, et elle pouvait sentir le léger déplacement alors que l’alcool envahissait son système. « Je pense que je ferais mieux d’arrêter. »

 

Dar jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, puis lui mordilla l’oreille. « Tu as la tête qui tourne ? »

 

« Mm. » Kerry ferma les yeux. « Oui… et je n’ai pas vraiment envie de rentrer au bungalow en titubant. » Le bras de Dar se resserra autour d’elle. « C’est si beau ici. »

 

« Tu ne regardes rien », dit Dar en riant.

 

« Ici. » Kerry posa la main sur celle de Dar et la pressa. « Juste là où je me trouve. »

 

« Oh. »

 

« Je suis vraiment contente que tu aies eu cette idée, Dar… je m’amuse tellement. Et toi ? » murmura Kerry.

 

Dar regarda le soleil couchant, qui les baignait d’ors et de cramoisi. « Oh oui », approuva-t-elle avec un sourire. « Les meilleures vacances que j’ai jamais eues. »

 

« Et ça veut dire beaucoup », dit Kerry en riant.

 

Elle ouvrit les yeux et leva paresseusement son appareil, le dirigeant sur le ciel aux couleurs changeantes et prit une photo. Puis elle bougea un peu et se retourna, se mit sur le dos et fixa l’objectif sur sa compagne. Oh. Kerry vit le profil acéré s’adoucir et se ceindre de lumière cramoisie, son casque de jais relevé par le vent, laissant juste passer un peu d’un œil brillant. Elle mit l’obturateur, le pressant avec d’infinies précautions pour protéger l’image qui la fixait avec une expression aimante et douce. On voyait l’âme de Dar, et Kerry la captura, sachant qu’elle avait quelque chose de très spécial entre les mains. Elle baissa l’appareil et remit le cache sur l’objectif.

 

« Tu avais besoin de gâcher cette dernière photo ? » demanda Dar, un sourcil arqué.

 

Kerry repoussa les cheveux de ses yeux. « Non. » Elle traça une ligne légère. « Reste ici assez longtemps et tu seras aussi blonde que moi. »

 

Dar ricana. « J’aurai des cheveux gris bien avant ça. » Elle passa les doigts dans les cheveux acajou frappés par le soleil. « En parlant de ça… tu en vois ? »

 

Avec un vague sentiment de familiarité, Kerry se tapota la cuisse, puis se pencha par-dessus la tête de Dar qui s’y installait, pour passer les doigts dans les mèches sombres. « Il y a intérêt… j’en ai trouvé deux chez moi l’autre jour. » Elle remua plusieurs mèches par-dessus l’oreille de Dar, près de sa tempe, puis de l’autre côté. « Bon sang, Dar… tu te teins les cheveux ? »

 

Le regard bleu se releva avec une expression blessée. « Ce n’est pas de ma faute ! » protesta-t-elle. « Et non… je ne fais sûrement pas ce genre de truc. »

 

« Tu as des bons gènes. » Kerry se pencha et l’embrassa sur le front.

 

« Prête pour les écrevisses à la cajun ? » Chino entendit sa voix et se leva, se secouant vigoureusement en leur envoyant du sable partout. « Oh… merci, Chino. »

 

« Rowf. » Chino s’approcha et lui lécha le visage. Elles se relevèrent et secouèrent la grande serviette sur laquelle elles étaient assises, puis elles se frayèrent un chemin sur la plage vers la ville, Chino trottinant sur leurs talons.

 

***************

 

« Je ne pense pas que ça va marcher », dit Dar dans son téléphone portable, les yeux sur l’ordinateur sur ses genoux, appuyée au dossier, les pieds sur la petite table. « Il va falloir rerouter cette partie. Elle n’a pas la largeur de bande suffisante pour supporter le nouveau réseau. »

 

« Mais c’est là qu’ils sont, Dar… qu’est-ce qu’on est supposés leur dire… de déménager ? » demanda José d’un ton irrité.

 

« Non », répliqua Dar d’une vois neutre. « Construire un nouveau point de desserte qu’on mettra dans le contrat, et leur dire qu’on ne leur facturera pas l’installation de la partie terminale, à condition qu’ils la paient au cours de leur contrat de cinq ans. »

 

Un silence momentané. « C’est bon… je peux faire ça », répondit José lentement. « C’est une idée pertinente. »

 

« Génial », répondit Dar. « Autre chose ? »

 

« Euh. » José remua des papiers à l’autre bout. « Non… il n’y a rien d’autre… Eléanor ? »

 

« Moi oui. » La voix cultivée à l’accent new yorkais d’Eléanor passa en ligne.

 

« Oui ? » Dar caressa la tête de Chino et lui ébouriffa ses oreilles douces.

 

« Avec quoi on te drogue ? » Demanda la directrice déléguée au marketing. « Je veux vraiment le savoir. »

 

Dar se mit à rire, attirant l’attention de Kerry. La jeune femme blonde était à l’extérieur sur le porche jusque là, et entrait à l’instant, la tête penchée interrogative. « Eléanor veut savoir avec quoi tu me drogues », l’informa Dar.

 

Kerry s’approcha du téléphone. « A la limonade, goût melon », dit-elle dans le combiné, ayant découvert le goût de Dar pour le breuvage inhabituel. « Et des écrevisses. Grillées au barbecue. »

 

« Vous devriez essayer un de ces jours, vous deux », ajouta Dar en étouffant un bâillement. « Peut-être qu’on pourrait faire le prochain séminaire de cadres ici. »

 

« Peut-être que tu pourrais rester là-bas », grogna José mais avec une note d’humour dans la voix. « On fait plus de choses quand on ne se crie pas dessus. »

 

Dar pinça les lèvres, et reconnut en elle-même que ce sentiment n’était pas totalement injustifié. « Peut-être que j’en rapporterai avec moi », taquina-t-elle en retour. « On pourrait remplacer les bouteilles d’eau par ce jus de melon. »

 

Les deux directeurs se mirent à rire. Dar rit.

 

« Laisse-moi te dire qu’on pourrait se faire plusieurs millions de dollars, Dar… si on disait à la télévision où tu te trouves », dit José. « Tu as entendu les dernières nouvelles de Washington ? »

 

Dar et Kerry échangèrent des regards. « On n’a pas regardé la télé de la journée », admit Dar. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Elle se raisonna en se disant que si quelque chose de critique s’était produit, ses parents lui auraient passé un coup de fil, son père connaissait le numéro et lui et Céci avaient acheté leurs propres téléphones en rentrant à Miami.

 

Kerry avait trouvé ça adorable, surtout que Céci avait insisté pour en acheter de jolis colorés qui faisaient une jolie musique quand ça sonnait. Dar pensait aussi qu’ils étaient marrants, tout comme l’était le fait de voir ses parents entrer avec précautions dans le vingt-et-unième siècle.

 

Peut-être même qu’ils allaient s’acheter un ordinateur.

 

« Ils ont relâché cette femme », dit Eléanor, la voix pleine d’intérêt. « Ils ont dit qu’elle était dingue, qu’elle avait besoin d’aide, mais qu’elle n’avait rien à voir avec l’explosion. Mais ils ont gardé Ankow, mon Dieu, Dar, ça a été une surprise. Je savais que vous ne vous entendiez pas vous deux, mais par Jésus Christ Notre Seigneur… tu as vu le reportage ? »

 

« Ouais », dit Dar avec un sourire narquois. « Pauvre type. »

 

« Le FBI fait une enquête, tu savais que c’était un… comment on dit déjà… un visage rasé ? » Ajouta José avec une excitation non feinte. « Je savais qu’il y avait quelque chose de bizarre chez lui, Marta disait qu’il n’aimait pas les accents dans l’immeuble. »

 

« Crâne rasé… non, je savais que son père faisait partie d’un groupe para-militaire dans l’Orégon, mais… » Dar jeta un coup d’œil à Kerry. « C’est un ancien militaire. »

 

« Si… si… ils l’ont dit », approuva José. « Alastair a envoyé un e-mail pour dire qu’on suspendait sa participation au conseil d’administration, le temps que l’enquête soit terminée. »

 

« Je sais. » Dar sourit à nouveau d’un air suffisant. « J’ai pris part à la décision. » En fait, elle voulait qu’ils renvoient ce salaud stupide à son bunker souterrain dans les collines, mais comme l’avait dit Alastair, le système vous considérait innocent jusqu’à ce que la culpabilité soit prouvée, et ils devaient respecter ça.

 

« On dit maintenant qu’il fait partie d’un complot de tarés », lui dit Eléanor. « Pour prendre le contrôle du système bancaire avant la fin du millénaire. »

 

« Quoi ? » Dar fixa le téléphone. « Oh, allez… on n’est pas dans un roman d’espionnage. »

 

« Non… non, vraiment Dar », insista Eléanor. « CBS News a déterré des sites internet et des trucs, des machins qu’ils pensaient derrière un pare-feu, qui a montré tout ce plan fou pour infiltrer le gouvernement, et ça a marché ! Ils ont des gens à l’intérieur… c’est à ce moment-là qu’ils se sont rendu compte que le gouvernement n’a rien à voir avec les errements actuels de l’industrie bancaire les transferts de fonds et tout ça. »

 

Dar soupira lentement. « Mais nous oui. »

 

« Nous sommes le fournisseur de réseau le plus important de cette industrie », déclara José D’un ton impressionnant. « Alors… nous sommes devenus, comment on dit, la cible. » Il s’interrompit. « On est célèbres, Dar, on va faire un film sur nous. »

 

Kerry était agenouillée à côté d’elle, fixant le téléphone portable posé dans son haut-parleur avec surprise. « Ils sont sérieux ? Tu veux dire qu’il y avait vraiment un complot ? »

 

« C’est ce qu’ils disent », dit Eléanor en riant. « Mais qui sait ? Vous connaissez les flics… ils voient des complots dans la façon dont on enveloppe les hot dogs dans les rues de Brooklyn. Je pense qu’on finira par savoir. » Elle s’interrompit. « Mais ça serait drôle que finalement, vous ayez sauvé le monde libre… ça me ferait bien marrer. »

 

Dar ricana, puis se couvrit la bouche. « Moi aussi, surtout que ça a été fait complètement inconsciemment. » Elle soupira. « D’un autre côté, ce serait bon pour les affaires… tu pourrais commencer à avoir plus de facilité à mettre ton pied dans quelques portes, José. »

 

« Sans déconner », se gargarisa José. « J’ai eu six appels ces deux derniers jours, de gens qui ne m’auraient jamais rappelé avant. » Il s’éclaircit la voix. « Bien sûr, il y a aussi ceux qui disent que c’est dangereux que des compagnies privées soient si impliquées mais… »

 

« Exact. » Dar se pencha en arrière et étira ses muscles convalescents. « Bon, il faut que j’y aille. »

 

« Boire plus de jus de melon ? » ricana José. « Ne travaille pas trop, hein ? »

 

Dar accepta une chips de tortilla couverte de sauce pimentée et la mâcha bruyamment. « D’accord », réussit-elle à dire avec la bouche pleine. « A plus tard. » Elle raccrocha et finit de mâcher, puis avala. « Mm. » Elle entoura la jambe de Kerry de son bras. « Alors… qu’est-ce que tu penses de ça ? »

 

« De la sauce ? Pas assez épicée. » Kerry se lécha le pouce. « Ou bien tu parles d’Ankow ? » Elle secoua la tête. « Je vais attendre de savoir ce qu’ils trouvent, Dar… ce ne serait pas juste de préjuger. Je sais ce que tu ressens… il est possible qu’il n’ait rien à voir avec ça. » Elle prit une chips, et la grignota pensivement. « D’une certaine façon, j’espère que ça n’est pas vrai. »

 

« Ah bon ? »

 

La jeune femme blonde secoua la tête. « Non… parce que si ça l’est… Dar, les gens avec lesquels il est impliqué sont dangereux, et l’idée d’un groupe comme celui-là qui sache qui je suis, me fiche la trouille. » Elle s’appuya sur le bord du bureau. « Ça peut paraître lâche, mais je ne demande pas à devenir une croisée qui doit regarder sans arrêt par-dessus son épaule. »

 

Dar l’étudia avec sobriété. « Je n’avais pas pensé à ça comme ça », admit-elle. « Mais tu sais, Kerry… parfois, on n’a pas le choix. On est juste la bonne personne au bon endroit, et il faut l’accepter. » Elle se leva et mit les mains sur les épaules de Kerry. « Je ne suis pas une croisée non plus, mais s’il s’avère que quelque chose d’affreux a été évité parce que je suis comme je suis, et que j’ai fait ce que j’ai fait… je ne peux pas le regretter. »

 

« Non… je n’attendrais pas ça de toi », lui dit Kerry. « Et je ne le ferais pas non plus… mais je ne cherche pas les ennuis, et j’espère qu’on va finir par savoir que c’était une grande affaire médiatique, avec peu de réalité. » Elle poussa Dar dans l’estomac avec les deux index. « C’est l’heure de dormir pour les DSI… on a un rendez-vous à six heures demain à la boutique de plongée, tu t’en souviens ? »

 

Ah oui. Leur excursion pour la journée. « Tu t’es assurée qu’on pouvait emmener Chino ? » demanda Dar. « Certains bateaux de plongée acceptent les chiens, d’autres pas. »

 

« Oui on peut… ils ont demandé sa race, et quand je leur ai dit que c’était un Labrador, ils m’ont demandé si je voulais réserver un équipement de plongée pour elle », lui dit Kerry d’un ton suffisant. « Je pensais qu’ils blaguaient, mais non, ils ont ces espèces de casque à bulles pour les chiens, alors j’ai dit d’accord. »

 

La mâchoire de Dar tomba légèrement. « On emmène le chien plonger ? » Elle jeta un coup d’œil à Chino, qui remuait la queue. « Génial. » Une main vint gratter les oreilles du chien. « Tu vas aimer ça, ma fille ? Jouer avec les petits poissons ? »

 

« Growf. » Chino se mit sur ses pattes arrières et lécha le bras de Dar.

 

Kerry sourit et emmêla ses doigts dans le tee-shirt de Dar, pour la tirer vers le grand lit confortable.

 

La jeune femme se laissa emmener volontiers, attrapa la fermeture-éclair du gilet molletonné sans manches de Kerry et la descendit pour exposer la peau bronzée. Elle glissa le doigt jusqu’au plexus de Kerry et sentit le mouvement lorsque sa compagne inspira brusquement en réaction.

 

Kerry se rapprocha et repoussa un bouton ouvert avec le nez, pour explorer la peau de Dar avec le bout de sa langue et la goûter, les poils fins et souples chatouillant ses sens. « J’aime bien la nouvelle huile que tu utilises… » Un picotement de banane et de noix de coco lui remplit les narines alors qu’elle inspirait, et elle repoussa un autre bouton ouvert.

 

« Mmm… si tu fais ça… je vais virer l’huile, et simplement m’écraser des bananes partout », la taquina Dar, en descendant la fermeture jusqu’en bas et la faire tomber des ses épaules, glissant les mains le long du dos de son amante jusqu’à la ceinture de son short en coton.

 

« Ça va être poisseux. » Kerry mordilla joyeusement la courbe d’un sein. « Mais bien meilleur que des morceaux de noix de coco. » Elle défit les deux autres boutons avec impatience, glissant ses mains le long du corps de Dar. « Ça pourrait être… »

 

« Graveleux », approuva Dar en se glissant lentement hors de portée de Kerry avant de s’agenouiller, tirant le short de la jeune femme simultanément, pour que Kerry puisse le retirer, puis se redressa tout en passant les doigts à l’arrière des cuisses de la jeune femme.

 

« Ouf. » Kerry émit un petit son, en dégrafant le petit bouton qui retenait le jean usé de Dar. Son corps se pressa contre elle par simple réaction, peau contre peau, alors que Dar lui repoussait les cheveux, mordillant légèrement la peau juste derrière l’oreille, avant de suçoter le lobe, réchauffant le côté du visage de Kerry de son souffle vif.

 

Elle fit descendre le short le long des hanches de Dar et sentit son amante le retirer puis poser les mains bien serrées de chaque côté de la taille de Kerry. « Ah…ah… » dit cette dernière d’un ton de réprimande. « Tu ne me soulèves pas. »

 

Elle entendit un léger grognement dans son oreille droite, presque un ronronnement, et elle gloussa en réponse, alors que Dar descendait sa prise et se tournait à demi, se laissant simplement tomber sur le lit en attirant Kerry avec elle. « Très bien… la pesanteur, ça marche aussi», marmonna-t-elle, alors que Kerry se laissait glisser le long de son corps avant de s’installer au-dessus d’elle, lui clouant les bras avec un sourire séducteur.

 

« J’t’ai eue. »

 

« Ouais », approuva Dar, admirant pleinement la vue. « Et maint’nant, qu’est-ce que tu vas faire de moi ? »

 

Kerry l’embrassa. « Et bien… je vais commencer là… » Elle mordit joyeusement la peau au-dessus de la veine jugulaire de Dar, puis continua le long de la gorge puis de la clavicule. « Et on verra bien où ça se termine. »

 

« Ooh… je vais avoir des ennuis », la taquina Dar en faisant bouger ses avant-bras pour faire passer ses doigts le long des côtes de Kerry.

 

« Ça tu peux le dire », approuva Kerry en se jetant dans la tâche.

 

***************

 

 

" Bonjour Maria. " Dar passa la tête à la porte du bureau, se sentant un peu bizarre après s'être absentée plus d'une semaine.

 

La secrétaire leva les yeux, puis rayonna en la voyant. " Buenos dias, Dar… c'est si bon de vous revoir. " Elle se leva et contourna le bureau alors que Dar entrait, puis elle s'arrêta, s'interrompant visiblement dans son action avant de croiser les mains devant elle. " Je suis contente que vous soyez de retour. "

 

Dar s'avança vers elle et réussit à ne se sentir qu'à peine embarrassée quand elle étreignit Maria. " Merci. " Elle reçut une réponse enthousiaste de la petite femme, puis elle la relâcha et se passa les doigts dans ses cheveux visiblement éclaircis par le soleil. " C'est bon d'être de retour… mais je me suis bien amusée. "

 

" Ça je le vois bien ", dit Maria en souriant chaleureusement. " Vous êtes si bronzée… vous avez eu du beau temps à ce que je vois. "

 

Dar mit les mains dans ses poches et acquiesça de la tête. " Ça c'est sûr… alors qu'est-ce qui se passe ce matin ? " demanda-t-elle nonchalamment. " Je pense avoir passé en revue tous mes e-mails pendant le week-end… il n'y avait rien d'important. "

 

" C'est plutôt calme, oui ", approuva Maria. " Mark dit qu'avec le nouveau réseau, on a beaucoup moins de problèmes. " Elle regarda Dar avec fierté. " C'est de votre faute, hein ? "

 

Dar se mit à rire. " Ma faute… ben oui… je pense qu'on peut dire ça comme ça. "

 

" On a reçu beaucoup d'appels de journaux, et ils sont venus deux fois ici, mais la sécurité ne les a pas laissés entrer ", lui dit Maria. " Vous êtes célèbres, je crois… mon mari a enregistré toutes les fois où vous êtes passées à la télévision ; on les a montrées à la famille quand ils sont venus dîner ce week-end. "

 

" Mes parents ont fait ça aussi ", admit Dar, avec un sourire. " J'ai fini par les voir moi-même hier soir… bien que la première soit pas mal, je n'ai pas vraiment aimé la seconde. " Elle jeta un coup d'œil alentours. " Je ferais mieux d'aller travailler… je pense que j'ai trois vidéo-conférences de programmées ce matin. "

 

" Si… c'est bien ça ", acquiesça Maria. " Est-ce que Kerrisita est là ? " Elle se rapprocha. " Vous savez quel jour on est demain, hein ? "

 

Les yeux bleus scintillèrent. " Bien sûr. " Dar sourit. " Kerry vit dans l'angoisse… elle pense que je vais faire venir un Chippendale au bureau. "

 

" Tch. " Maria eut l'air choqué. " Vous n'allez pas faire ça, hein ? "

 

" Non ", la rassura Dar. " Mais elle essaie de minimiser son anniversaire… comment elle a dit, déjà ? Sa réputation a suffisamment souffert au cours des dernières semaines. "

 

Maria lui sourit. Dar sourit en retour, puis elle partit de son grand pas jusque dans son bureau, s'arrêtant à la porte pour apprécier la vue baignée de soleil vers l'océan. " Joli. " Elle contourna son bureau et salua ses poissons, qui lui envoyèrent quelques bulles puis firent des ronds impatients dans l'eau alors qu'elle prenait la boîte de nourriture pour leur en envoyer quelques miettes. " Hé les gars… je vous ai manqué ? "

 

Les poissons agitèrent leurs nageoires fines vers elle alors qu'elle prenait place au fond du confortable fauteuil en cuir, ravie de sentir ce contact. Les séances de plongée avaient été divines mais elle avait un peu forcé ces derniers jours et son dos le lui rappelait amèrement.

 

Peut-être que le parapente en duo n'avait pas non plus été la meilleure idée de sa vie. Dar posa le menton sur sa main en attendant que son ordinateur démarre. Mais bon sang, Kerry s'était tellement éclatée. Le téléphone bourdonna et elle le tapota paresseusement. " Oui ? "

 

" Dar, M. Alastair sur la numero uno ", annonça Maria.

 

" D'accord. " Dar appuya sur l'autre bouton. " Bonjour, Alastair. "

 

" Bonjour Dar… prête pour une téléconférence " La voix d'Alastair était joyeuse. " Je ne vous ai pas vu connectée, alors… "

 

" Oui, attendez. " Dar se connecta au système et lança le logiciel de conférence. " Allez-y "

 

Quelques secondes plus tard, l'écran noir s'alluma et elle fit face au visage rond et fraîchement rasé d'Alastair. Il portait sa chemise blanche habituelle bien repassée, et une cravate bleu marine sobre, sur laquelle était clippée l'épingle de la compagnie. Son regard passa vers son écran légèrement sur le côté. " Bon sang… vous avez bien pris le soleil, hein ? "

 

Dar se pencha en arrière et posa les coudes sur les accoudoirs. " Le soleil, le sable, la mer… je ne suis pas allée à Key West pour faire du ski, Alastair. "

 

Le P.D.G. se mit à rire. " Non, je suppose que non… et bien, vous êtes superbe… vraiment détendue. " Il regarda Dar hocher la tête. " Bien. "

 

" Oh oh ", dit Dar d'une voix traînante.

 

" Quoi, Dar… qu'est-ce qui vous fait penser que j'ai de mauvaises nouvelles ? " Le regard gris bleu cligna. " Allez… vous venez d'avoir une semaine sympa, détendue, pas de stress, pas d'appels dans tous les sens… pas d'e-mails urgents… "

 

Un sourcil dressé.

 

" Très bien… Nous prévoyons de faire un point ainsi qu'une session de stratégie demain pour l'assemblées des actionnaires, rappelez-vous que vous êtes notre principale interlocutrice cette fois-ci ", dit son chef d'une voix radoucie. " J'ai eu une palabre très intéressante avec la plupart des membres supérieurs du conseil vendredi, on dirait que maintenant vous les intriguez. "

 

Dar leva les yeux au ciel.

 

" Vous ne m'avez pas dit non plus que votre père avait reçu tellement de médailles, Dar… ou que votre mère était une artiste très connue…. Erlich reniflait partout en disant combien ce serait pertinent de mettre votre biographie cette année dans l'annuaire de la compagnie, alors il a creusé pour trouver des informations sur vous, vos parents… quelle famille vous faites. "

 

Dar soupira.

 

" Il n'y a pas de quoi avoir honte ", lui dit doucement Alastair. " Ce sont des informations de première. "

 

Dar se pencha en avant. " Et la partie où je suis homo ? "

 

Son chef haussa les épaules. " Vous voulez en faire une affaire ? Je ne vous ai jamais imaginée comme une croisée de la cause gay, Dar. " Il l'étudia. " En fait, je crois que vous ne me l'avez jamais mentionné directement… je veux dire que bien sûr, j'ai entendu les rumeurs, et tout ce truc avec Elena Nechovia, mais… "

 

Un haussement d'épaule.

 

" Bien sûr, vous n'avez jamais rien mentionné de personnel à votre égard en général… je veux dire que vous pourriez avoir trois têtes, et avoir fait seize enfants avec un yak tibétain, et je n'en saurais rien. " Alastair avait soudain l'air un peu agacé.

 

" J'ai une règle qui dit 'si vous posez une question, vous aurez une réponse' ", fit sèchement remarquer Dar. " Vous n'avez jamais rien demandé. " Elle leva les yeux quand Maria entra avec un petit plateau et le posa, puis installa une tasse fumante sur le bureau ainsi que des petits gâteaux. Elle fit un clin d'œil à Maria et un petit geste, auquel la secrétaire répondit en remuant les doigts. Dar prit la tasse et sirota le contenu. " Je vais noter la réunion… c'est à quelle heure ? "

 

" Seize heures trente heure du Texas ", dit son chef. " Bon Dieu… comme j'attends ça avec impatience…. Mariana a donné à la presse tous les détails qu'ils voulaient sur vous, à propos. "

 

Dar eut l'air visiblement alarmée.

 

Alastair sourit et remua les doigts. " Bye. "

 

" Attendez…. Attendez… " Dar leva la main. " Ecoutez… je continue avec mon projet d'aujourd'hui… ça vous va toujours ? "

 

Alastair réfléchit. " Et bien, on en parlera au conseil d'administration… je n'y vois pas d'inconvénient, non. " Il s'interrompit. " C'est sur mon agenda ? "

 

Dar acquiesça de la tête.

 

" Attendez. " Alastair pianota sur son clavier un moment. " Qu… oh, ça. Non, non non… non… non… Vous vous fichez de moi ? Non non…ah. " Il posa le menton sur sa main et lut l'écran avec attention, puis son regard passa à la caméra. " C'est vous qui avez écrit ça ? "

 

" En partie. "

 

" Bon boulot ", la complimenta son chef. " Très bien, continuez ça, mais ne faites pas d'annonce à la presse avant l'assemblée des actionnaires… ça pourrait avoir un petit effet sensationnel en ce moment. "

 

Dar hocha la tête. " J'attendrai. "

 

***************

 

" Ms Kerry… voilà les rapports que vous avez demandés. Il vous faut autre chose ? " Mayte posa les dossiers et regarda sa chef.

 

Kerry en tira un pour l'ouvrir. " Non…ça suffira pour l'instant… il faut d'abord que je prenne la décision de qui va migrer sur le nouveau réseau en premier, et chaque attaché commercial me raconte une histoire à faire pleurer sur pourquoi il faut mettre son dossier sur le dessus de la pile. " Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule vers la vitre, d'où l'on voyait l'ombre de fin d'après-midi. " Heureusement encore que ça a été calme aujourd'hui… je n'ai pas entendu un seul souffle de qui que ce soit depuis une heure. "

 

Mayte se gratta l'oreille. " Hum… ouais… j'allais faire du thé… vous en voulez ? "

 

" D'accord. "

 

Mayte sortit du bureau, la laissant dans le calme de la grande pièce. Kerry s'appuya en arrière et étouffa un bâillement, se disant que bien qu'elle avait passé des vacances de rêves, c'était bon aussi d'être de retour. Elle se glissa dans son fauteuil de cuir et fit remonter les manches de sa chemise en soie d'un tour de plus avec précautions, tout en jetant un coup d'œil aux collants qui recouvrait ses jambes sous le bureau. Elle leva les yeux quand un petit écureuil apparut sur son écran et bavarda dans sa direction. " Salut ! " Elle le pourchassa avec le pointeur de sa souris mais il décampa derrière une fenêtre et fit passer la tête pour lui tirer la langue. " Comment est-ce qu'elle fait ça bon sang ? "

 

Le petit programme animé venait de Dar et celle-ci s'amusait fréquemment à le changer et à l'envoyer pour enquiquiner Kerry. L'animal était charmant, avec un visage large et un tout petit nez rose, et le plus mignon, c'est qu'à chaque fois il était différent.

 

Aujourd'hui, DarEcureuil portait une minuscule tenue complète de surfeur avec des palmes et des lunettes bain de soleil, et il se mit à faire un hoola-hop sur le bas de son écran pendant qu'elle-même gigotait par pure réaction. " Tu es vraiment tordue. " Elle composa un message-éclair portant exactement ces mots et l'envoya sur l'ordinateur de sa chef.

 

Son téléphone se mit à sonner et elle pressa le bouton, s'attendant à demi à ce que ce soit Dar, mais elle vit que c'était un appel extérieur. " Opérations, Kerry Stuart à l'appareil. "

 

" Hé ma grande ! " La voix de Colleen résonna dans l'appareil. " Qu'est-ce que ça fait d'être rentrée après une semaine au paradis. "

 

" Après quatre jours en Enfer ? " demanda Kerry ironique. " C'est bon… je suis super fatiguée parce que je me suis remuée les fesses à me remettre à niveau, mais je commence à faire une marque significative dans la pile… et toi tu en es où ? "

 

" Je m'occupe à faire des copies de vidéos pour tous les gens qui vous connaissent ", répondit Colleen d'un ton suffisant. " Tu en jettes dans ces auditions, Ker, on est tous si fiers de toi. "

 

Kerry cligna des yeux de surprise. " Vraiment ? " Au bureau ça avait été particulièrement calme sur le sujet, en fait, elle avait même eu l'idée qu'on avait un peu essayé de l'éviter toute la journée. Les gens s'arrêtaient de parler quand elle arrivait, et elle avait le profond sentiment d'avoir été le sujet d'un ragot bien juteux toute la semaine. " J'ai simplement répondu à leurs questions… mais ça me gonflait. "

 

" Sans rire ", dit Colleen. " Alors… écoute. C'est quoi tes plans pour demain ? Prête pour une petite fête ? "

 

Kerry soupira. " Pas vraiment, Col, non ", répondit-elle honnêtement. " On vient juste… de passer quelques semaines plutôt pas claires… j'aimerais bien garder profil bas un moment au niveau personnel… Dar et moi on allait juste sortir dîner, un truc comme ça. "

 

" Oooooooooooo…. " Colleen fit traîner le mot. " Keeerrrrryyyyy…. Allons… c'est pas juste ! On ne vous a pas vues depuis des semaines… on ne va pas louer le Queen Mary juste pour nous. "

 

C'est vrai. Kerry se frotta les yeux. " Ouais… hum… je sais, Col… je sais. " Est-ce que c'était si gênant ? " Pourquoi pas mercredi ? Il faut vraiment que j'y aille tout doux avec la gym à cause de mon épaule, peut-être qu'on pourrait sortir après ça tous ensemble ? "

 

" Mmmmph. " Colleen eut l'air de se calmer un peu. " Ouais, ça pourrait aller… pourquoi pas chez Dave and Busters ? On pourrait dîner et jouer au billard ? "

 

Hmm. Kerry s'anima. " Oui, là ça me va. " Un jeu qui prend pas la tête, de la bonne nourriture, quelques bières… " Bon plan… hé, ça te dit de passer ce soir ? J'ai une tonne de photos à te montrer. "

 

" J't'veux mon n'veu. " Colleen avait l'air contente. " Tu sais, Ker… on s'est vraiment, vraiment inquiétés pour toi. "

 

Kerry sourit légèrement. " Merci… ça a été un moment infernal. " Elle bougea et s'appuya contre le bureau. " Si Dar n'avait pas été avec moi, je ne sais pas ce que ça aurait donné. Elle était aussi là pour moi. " Un rire. " Sans parler de mes beaux-parents… tu sais que Mme Roberts s'est présentée à mes parents comme ma belle-mère ? "

 

" OhmonDieu. "

 

" Ouais… elle est vraiment trop ", approuva Kerry.

 

" C'était quoi c'bazar avec ton père qui donnait une médaille à Dar et à son père ? " La question avait une tonalité de curiosité. " C'était pour de vrai ? "

 

Kerry secoua la tête bien que Colleen ne puisse pas la voir. " J'aimerais pouvoir dire que oui… c'était ce qui se rapproche le plus d'une excuse pour lui… mais honnêtement ? Je pense qu'il l'a fait juste pour la pub. "

 

" Mm. "

 

" C'était génial pour lui ; le voilà, sous les projecteurs nationaux, à distribuer des médailles… voilà pourquoi ils ont dû repousser les auditions. Son taux dans les sondages a explosé… On l'a vu dans cette lucarne et on pense qu'il est merveilleux. " On sentait l'amertume dans la voix de Kerry et elle le savait. " Si seulement ils savaient… Andy a pratiquement dû lui botter les fesses pour qu'il consente à nous aider. "

 

" Wow ", murmura Colleen. " Hé… raconte-moi tout ça ce soir. J'apporte un pack de Corona… d'accord ? "

 

" Top-la. " Kerry sourit en raccrochant, sursautant quand sa porte s'ouvrit. " Hé… regardez qui va là… c'est maman Ecureuil. " Elle lança un rouleau de ruban adhésif vers sa chef. " T'es un peu louf des fois. "

 

Dar s'avança à grands pas, releva sa jupe et se posa sur le bord du bureau de Kerry. " Je veux juste prouver que je peux encore écrire un petit code si j'en ai besoin ", dit-elle d'une voix traînante. " Comment s'est passé la journée ? Je ne t'ai pas vue depuis neuf heures… j'ai été pas mal occupée moi aussi. "

 

Kerry leva la main et montra sa boîte de courrier traité pleine. " J'en suis presque à la moitié. J'ai fouillé les demandes d'installation aujourd'hui, je les ai triées, j'ai essayé de trouver un moyen équitable de transférer les gens sur notre nouveau réseau… on a des questions pratiques de pratiquement tous les responsables de comptes. " Elle tapota le genou proche de Dar. " Tu m'as filé pas mal de boulot, chef. "

 

La porte extérieure s'ouvrit et Mayte entra avec une tasse fumante. " Oh… " Elle s'arrêta en voyant Dar. " Je suis désolée… je peux… "

 

" Nan… " Dar lui fit un signe de dénégation. " Je venais juste faire le point. "

 

La jeune fille élancée sourit, puis posa la tasse sur le bureau de Kerry. C'était un mélange foncé et odorant, et Kerry le renifla d'un air appréciateur avant d'en siroter une gorgée. " Oh wow… c'est bon. De la mûre ? "

 

" Si. " Mayte rougit légèrement. " J'ai vu que vous aimiez ça. " Elle leva les yeux et croisa le regard de Dar, puis s'éclaircit la voix. " Je vais poster le courrier, ensuite je rentre à la maison… à moins que vous n'ayez besoin d'autre chose ? "

 

" Non… allez-y. " Kerry s'appuya en arrière, les deux mains autour de la tasse. " Je vais finir un peu ici et ensuite je rentre aussi. " Son assistante sortit, refermant doucement la porte derrière elle, et Kerry soupira.

 

" Fatiguée ? ", demanda Dar.

 

" Un peu. " Kerry plia son bras. " Mon épaule me fait mal… mais je ne veux pas prendre de relaxants musculaires avant d'être à la maison… ils me mettent KO. " Son regard étudia Dar. " Et la journée a été un peu bizarre… j'ai l'impression tordue que les gens m'évitent. "

 

" Je pense que tu t'imagines des choses. "

 

" Non… je ne crois pas… quand je traverse les couloirs, d'habitude les gens me saluent, discutent un peu… " Kerry regarda son écran. " Je ne sais pas…. Peut-être qu'ils se demandent quel genre de personne ferait ce que j'ai fait. " Puis elle haussa les épaules. " Quoi qu'il en soit… ou peut-être que je suis hyper-sensible. " Elle regarda Dar. " Col vient ce soir… je veux lui montrer mes photos… et les trucs qu'on a rapportés, et lui donner son cadeau. " Elle regarda Dar hocher la tête. " Elle et la bande m'ont convaincue d'aller chez D and B mercredi… ça te tente ? "

 

Dar redressa un peu le dos et tressaillit. " Pas de flipper mais oui… ça me va. " Elle entoura son genou de ses mains. J'ai reçu la visite de Gerry Easton aujourd'hui. "

 

" Ah oui ? "

 

" Mm. Oui… il avait une proposition très intéressante à faire ", dit Dar. " Il a reçu l'accord de passer contrat avec nous pour fournir des services de conseil de très haut niveau à la marine. " Elle remua. " Revoir tous leurs processus, leurs systèmes, leurs procédures, et faire des recommandations, leur procurer et installer des améliorations technologiques. "

 

Le regard de Kerry s'agrandit. " Wow… ça doit être énorme ! "

 

Dar hocha lentement la tête. " Sa seule condition était que…. " Elle se mit à rire. " Je supervise le tout. "

 

" Tu m'étonnes là ", dit sa compagne. " Wow… qu'est-ce que tu penses de ça ? "

 

" Je pense…. " Dar se leva et alla vers la fenêtre, s'appuya sur le bout des doigts et regarda à l'extérieur. " Je pense que je suis très, très intriguée. " Elle se retourna. " Ça veut dire qu'il va falloir que je voyage pas mal… mais la plus grande partie de l'analyse peut être faite d'ici. " Une expression lumineuse et intéressée passa dans ses yeux.

 

" Ça va t'amener à aller sur les bateaux et tout ce truc ? " demanda Kerry en croisant les bras. " Comme les porte-avions, et ce genre de trucs ? "

 

Dar hocha la tête.

 

" Oohh.. Ça a l'air intéressant… je pourrai t'aider ? "

 

 

 

Un autre mouvement de tête. " Tu parles… j'ai écrit le mémo et je l'ai envoyé à Alastair… il l'a approuvé en un quart de seconde. "

 

" Wow ", dit Kerry dans un souffle. " Je suis contente… je sais que tu étais à la recherche d'un nouveau projet… ça tombe juste dans ton jardin. " Son appareil bourdonna et elle répondit. " Opérations, Stuart. "

 

" Kerry ? C'est Eléanor ", annonça sèchement la directrice déléguée au marketing. " J'ai une réunion-téléphone avec l'ensemble des responsables régionaux pour ce qui concerne le nouveau réseau et je n'arrive pas à trouver Dar. Tu pourrais descendre nous rejoindre pour que je puisse avoir une explication pertinente du nouveau système, s'il te plaît ? "

 

Kerry se frotta le cou et soupira, lançant un regard plaintif vers Dar.

 

Sa chef haussa les épaules et leva les mains. " Tu le feras bien mieux que je ne le ferais moi-même ", murmura-t-elle.

 

" Tu parles. " Elle bougea légèrement. " D'accord Eléanor… j'y serai… où es-tu en fait ? "

 

" Dans la grande salle de présentation. Tu peux descendre maintenant ? " La directrice avait l'air impatient.

 

La grande salle de présentation ? Kerry fronça les sourcils. Qu'est-ce que cette femme pouvait bien faire dans cette salle énorme ? Euh… bien sûr. " Elle regarda Dar avec confusion. " Le pont de conférence est HS dans le centre de direction ? "

 

" C'était déjà réservé. " Eléanor pianota impatiemment. " Autre chose ? "

 

" Non… j'arrive tout de suite. " Kerry mit fin à la communication. " J'imagine bien ça tiens… cette salle caverneuse… elle doit sûrement adorer entendre sa voix là-dedans. "

 

" Probablement ", approuva Dar. " Bon… je ferais mieux de te laisser partir… je vais finir quelques bricoles dans mon bureau… on se retrouve quand tu as fini ? " Elle tapota le bras de Kerry.

 

" D'accord. " Kerry se leva et ajusta sa veste, puis releva le col de sa chemise en soie par-dessus. " Ça ne devrait pas être long… 'plus de tuyaux, des tuyaux plus gros, des services plus rapides, un meilleur réseau', c'est ça ? "

 

" Tout à fait ", approuva Dar en la poussant dans le dos. " Tu vas les avoir, Tigresse. "

 

Kerry lui lança un regard perplexe, puis se retourna et alla vers la porte, l'ouvrit avant de se glisser dans un couloir tranquille.

 

***************

 

Adossée au mur du fond de l'ascenseur, Kerry regardait les étages passer lentement. Le nouveau projet de Dar était vraiment génial, pensa-t-elle. Je suis contente. Un sourire se fraya un chemin sur son visage quand elle réalisa l'opportunité de ce nouveau projet qui intéressait sa chef, parce qu'elle n'avait aucune envie de voir Dar quitter la compagnie aussi vite.

 

Elle reconnut qu'une partie de cette réflexion était très égoïste. Elle aimait la sécurité de la présence de Dar au bout du couloir, et tout ce que son expérience et ses connaissances lui apportaient. Elle savait que Dar ne refuserait pas de répondre à ses questions même si elle n'était plus dans la compagnie mais quand même.

 

Ouais. Elle était contente.

 

Les portes s'ouvrirent sur le neuvième étage et elle sortit, prit à droite et descendit le long couloir. " Bon sang, c'est calme ", se dit-elle, en écoutant les faibles échos. Le soleil de la fin d'après-midi peignait des rayures sur les bureaux qu'elle dépassait, mais seul le bourdonnement étouffé du système de téléphonie brisait le silence alors qu'elle continuait sa progression dans la zone du marketing vers la grande salle de présentation.

 

Elle était sûre que la compagnie serait tout aussi contente de garder Dar. Après ce qu'elle avait réussi cette année, les plaintes et les gémissements s'étaient totalement réduits, et même José et Eléanor semblaient bien plus heureux. Les ventes montaient, le nouveau réseau était le mot d'ordre de l'industrie… bon sang, ils devraient faire une fête d'enfer à Dar.

 

Kerry s'arrêta devant la porte de la salle de conférence et ajusta sa veste, puis elle se passa les doigts dans les cheveux. Eléanor aimait les vidéoconférences et Dieu seul savait qui serait sur l'écran. Elle mit la main sur la poignée de la porte et l'abaissa, puis elle tira la porte et entra.

 

" SURPRISE !!! " Elle fut accueillie par un rugissement.

 

Kerry s'arrêta pétrifiée, choquée au-delà de toute parole. La totalité de l'énorme pièce était emplie de banderoles colorées, de ballons, de confettis et de tonnes, de tonnes de gens.

 

Des centaines, on aurait dit.

 

Qui l'acclamaient et venaient vers elle, avec des flashes et des rires qui explosaient de partout. D'un côté, une table énorme était installée, avec un gâteau et un bol de chips, de l'autre côté il y avait des chauffe-plats avec des trucs chauds. Kerry réussit à relever sa mâchoire et elle cligna des yeux, alors que Mariana tendait la main pour lui tapoter le bras. " Oh mon Dieu. "

 

" Ça va ? " La directrice-déléguée du personnel se mit à rire. " Joyeux anniversaire ! "

 

A ce signal, tout le monde commença à chanter, avec l'harmonie habituelle d'un groupe de chanteurs non préparés.

 

Cela lui donna au moins un moment pour reprendre son souffle, se dit Kerry, alors qu'elle sentait une rougeur tardive assombrir sa peau, et son esprit finit par accepter exactement ce qui se passait.

 

Ils lui faisaient une fête surprise.

 

Wow. Kerry inspira fortement, et regarda autour d'elle avec stupeur, et elle finit par trouver une paire d'yeux bleus qui brillaient au fond de la salle, l'observant tout simplement. " Wow ", réussit-elle à sortir. " Je suis… hum… "

 

" Flippée ", proposa Mark gentiment. " ben mec, quelle expression faciale ! " Il leva son appareil photo numérique. " Joyeux anniversaire, Kerry. "

 

Kerry se frotta le visage. " Oh mon Dieu. " Elle se mit à rire, désemparée, alors que tout le monde se rapprochait d'elle, et que des mains lui touchaient le bras et lui tapotaient le dos. " Wow… je ne sais vraiment pas quoi dire là. " Rires. " Je n'ai jamais eu de fête surprise avant… merci à tous… c'est incroyable. " Elle sentit un sourire s'étendre sur son visage. " Complètement incroyable. "

 

Puis elle repéra Colleen qui se faufilait au fond et elle mit les mains sur ses hanches. " Hé… attendsuneminute… " Elle montra son amie du doigt. " Je viens pas juste de te parler ? "

 

Colleen leva son téléphone mobile et sourit puis fit un signe. " J'ai apporté la Corona. " Elle s'approcha. " Désolée, Ker… je sais que tu voulais garder un profil bas mais… " Elle gloussa.

 

Un bourdonnement de voix l'entoura et Kerry se contenta de secouer la tête, s'avançant dans la pièce en murmurant des mercis aux gens qui s'approchaient pour lui souhaiter un bon anniversaire. Elle alla jusqu'au gâteau et y jeta un coup d'œil, puis commença à rire de manière incontrôlable. " Oh mon Dieu… qui a fait ça ? "

 

Le glaçage représentait un océan bleu et vert et quelqu'un avait réussi en quelque sorte à sculpter un récif tropical entier, avec les petits poissons et ce qui ressemblait à un homard. C'était magnifique. " Regardez cet ange de mer… il est presque vrai. "

 

Un léger raclement de gorge parvint à son oreille et elle se retourna pour voir Dar derrière elle, qui regardait le gâteau d'un air peu assuré. " Ma mère va vraiment être en rogne si tu n'y goûtes pas au moins un peu. "

 

" Ta… " Kerry regarda le gâteau puis Dar de nouveau. " Oh mon Dieu, je n'y crois pas. "

 

Dar gloussa.

 

" Tu ne crois pas quoi… qu'elle a une mère ? " Eléanor fit un sourire doucereux à Dar. " Nous non plus on n'y a pas cru. "

 

" Non… non… j'ai rencontré sa mère… mais…. " Kerry se mit à rire et se contenta de secouer la tête. " Merci à tous… c'est incroyable. " Elle piqua une tortilla qu'elle trempa dans la salsa et commença à la mâcher alors que tout le monde se mettait à circuler et à attraper de la nourriture et des boissons. " Et toi… " marmonna-t-elle à voix très basse à l'intention de Dar. " Tu vas me le payer. "

 

" Ah… ah… pas moi. " Dar secoua la tête solennellement. " Je l'ai appris quand je suis rentrée à Miami… je n'ai rien à voir avec ça. "

 

Kerry montra le gâteau sans un son, et fronça les sourcils.

 

Dar haussa les épaules. " Apparemment ils ont découvert que ce truc allait se faire et maman a proposé son aide. "

 

" Ahem. Excusez-moi tout le monde. " Mariana avait pris le contrôle du microphone sur l'estrade toute proche. Elle tapota le micro pour faire un effet, ses ongles crissant quand elle atteignit la grille. " Oups. "

 

" Hé Mari… peut-être qu'on peut te trouver un tech pour t'aider. "

 

La directrice-déléguée du personnel se masqua un œil d'une main et fit du cinéma en faisant le tour de la salle avec attention. " Je n'en vois pas ici. "

 

Une explosion de rires lui répondit.

 

" Quoi qu'il en soit. " Mariana s'éclaircit la voix. " En tant que représentante de la direction de la compagnie, je voudrais souhaiter un très bon anniversaire à Kerry… " Des acclamations. " Et lui faire bon accueil après ses vacances. "

 

" Merci. " Kerry parla de l'endroit où elle venait juste de chiper une Corona et d'en boire une gorgée. " C'est vraiment gentil, et je suis stupéfiée des efforts que vous y avez tous mis. "

 

Acclamations.

 

" Ahem. " Mari reprit le contrôle du public. " Et puisque nous sommes tous réunis ici, je ferais aussi bien d'en profiter pour donner à Kerry son cadeau officiel d'ILS. " Elle leva un petit objet fin, enveloppé de papier doré, avec un petit nœud bleu et des logos minuscules de la compagnie incrustés partout.

 

Tout le monde se tut et se tourna pour regarder Kerry poser son verre et s'avancer, rougissant visiblement à nouveau pour le prendre avec précautions des mains de Mari. " Humm… merci… je n'attendais rien de la compagnie. "

 

" Et bien… parfois on a ces trucs qui traînent de-ci de-là… alors… " Mari haussa les épaules et s'appuya contre le podium. " Allez ouvre. " Elle leva les yeux lorsque Dar vint silencieusement derrière Kerry et se tint là à la regarder, les mains croisées dans le dos.

 

" Et bien… " Kerry regarda autour d'elle, visiblement embarrassée. " Je veux dire… okay, bien sûr. " Elle s'éclaircit la voix et retira le ruban avec précautions. " Oh. C'est tout mignon. " Elle admira les logos incrustés, puis mit le ruban sous son bras et continua à déballer.

 

C'était quelque chose de plat et lourd, quoi que ce soit, et sa curiosité fut piquée, essayant d'imaginer ce que c'était. Une station pour son portable ? Un presse-papiers pour son bureau ? Des serre-livres ? Elle éplucha le papier et retira l'emballage, très consciente du silence attentif autour d'elle. Un bout de métal cuivré apparut et elle ouvrit l'autre côté du papier, puis l'écarta pour en exposer l'avant.

 

Elle cligna trois fois des yeux.

 

Directrice Déléguée des Opérations, Kerrison Stuart.

 

" Oïe ", dit Kerry d'une voix ténue, puis ses genoux la lâchèrent et elle faillit finir sur le sol de surprise. Une main puissante attrapa son bras et la maintint debout et elle se contenta de tituber, contente de la présence de Dar. " Oh bon sang ", murmura-t-elle.

 

José s'éclaircit la voix et s'avança, la main tendue. " Félicitations, Kerry. Je suis heureux de te savoir dans l'équipe avec nous. "

 

Kerry lui rendit sa poignée de main, sentant un flux de sang remonter à son cerveau après que son cœur semblait s'être arrêté un instant. " Merci… " Nom de… bleep. Dar et elle en avaient parlé, c'est sûr… quand Dar lui avait fait passer cette satanée évaluation, et elle avait admis qu'elle se sentait à l'aise avec cette idée mais…

 

Après ce qu'elle avait traversé à Washington, elle s'était dit que c'était probablement compromis.

 

" Oui, félicitations, Kerry… pour une raison purement égoïste bien sûr. " Eléanor lui serra également la main. " Tu n'as aucune idée combien tu as rendu mon travail plus plaisant ici. " Elle fit un sourire à Dar par-dessus l'épaule de Kerry. " Sans compter que tu as libéré notre super-tech là pour qu'elle termine notre nouveau réseau. "

 

" Hum… merci, je pense ", murmura Kerry.

 

Le suivant était Duks, qui lui tapotait studieusement l'épaule. " Ne t'inquiète pas trop d'avoir à remplir de si grandes chaussures, Kerry. "

 

" Je ne l'étais pas ", gloussa Kerry. " Merci… je suis contente d'avoir une occasion de travailler plus avec vous tous. "

 

" Félicitations. " Mariana lui souriait à présent. " C'était bien mérité. "

 

" Hé Kerry… " Mark prit une autre photo. " Ça va être génial sur la première page du bulletin de notre département. "

 

Kerry tressaillit. " Allons… je dois être rouge comme un homard… "

 

" On dira juste que c'est un coup de soleil ", répliqua le chef du SI joyeusement. " Tiens la plaque plus haut… hein ? "

 

Dar s'installa contre le mur, savourant la position de sa compagne sous les projecteurs. Le sourire de Kerry ne faisait que s'agrandir, et Dar sentit une bouffée distincte de plaisir alors qu'elle écoutait les commentaires de la foule, et les regardait s'agglutiner autour de la nouvelle directrice déléguée, bavardant et la félicitant.

 

Ouais. La journée avait été vraiment bonne après tout. Elle attrapa un Fritto et le plongea dans de la sauce chili.

 

Et ça n'était pas encore fini.

 

****************

 

Kerry était blottie dans le siège passager de la Lexus, et regardait le profil de Dar, en même temps que les lumières de la ville qui clignotaient alors qu'elles se dirigeaient vers la maison sur la voie rapide. Dar se souriait à elle-même, un petit sourire suffisant qui tirait doucement ses lèvres, et Kerry la soupçonna de se rappeler les meilleurs moments de la fête.

 

Tout allait bien. Kerry aussi. Ça avait duré un peu plus longtemps qu'elle ne l'avait pensé. " Hé, Dar ? "

 

" Hm ? " Dar jeta un coup d'œil vers elle puis retourna son regard vers la route.

 

" Tu n'étais vraiment pas au courant du tout pour la fête ? "

 

Un pincement. " Et bien… " Dar rit doucement. " J'ai reçu ce coup de fil il y a deux semaines pour me demander quels étaient tes plats préférés. Me disant qu'il n'y avait pas de vidéo culinaire sur Kerrison Stuart en cours, j'ai cloué l'interlocuteur au mur et je l'ai torturé pour avoir les détails. "

 

Kerry réfréna un rire. " Ça explique les Snowballs. Ça m'intriguait parce que j'étais fichtrement sûre de n'avoir jamais dit qu'à toi que j'aimais ça. " Il y avait aussi eu des plats chauds de nourriture thaï et la présence manifeste de chocolat un peu partout. " Dieu, je suis gavée. "

 

" Tu t'es bien amusée ? "

 

" Oui… c'était vraiment sympa. J'ai été surprise du nombre de gens présents ", songea Kerry ; " Je n'arrive pas à croire qu'ils ont apporté des cadeaux et pleins de trucs. "

 

Dar tourna dans le terminal du ferry et se gara sur le bateau. " Pourquoi ? Kerry, les gens t'aiment vraiment bien, d'une part, et d'autre part, ils sont vraiment reconnaissants d'avoir à traiter avec toi et plus avec moi. "

 

" Dar, ce n'est pas vrai. Tu as vu comme tout le monde était inquiet la semaine dernière ", protesta Kerry, mais sa compagne ne semblait pas affligée par sa déclaration.

 

" Est-ce qu'ils détesteraient me perdre ? Bien sûr ", approuva Dar de bonne grâce. " Tout le monde sait que la compagnie se porte mieux avec ce que je fais en ce moment. Mais ils préfèrent travailler avec toi, Kerry… c'est exactement ce que je visais quand j'ai fait de toi mon adjointe… en fait, à cette période, j'ai dit à Mari que ça réduirait le nombre de plaintes déposées chez elle. "

 

" D'accord. Mais ce que je veux dire… " Kerry soutint son point de vue. " Quoi qu'ils pensent de toi sur un plan professionnel, sur un plan personnel, beaucoup de gens t'apprécient vraiment. "

 

" Bien sûr que non ", grogna Dar.

 

" Bien sûr que si ! " Kerry lui frappa doucement le bras. " Pour l'amour de Dieu, Dar… la moitié de cette fichue compagnie est amoureuse de toi. Allô ? Allô ? Y a quelqu'un ? La Terre à Dar ? Allô ?? "

 

Dar la regarda. " Tu as trop bu. "

 

" J'ai juste pris une bière ! " Rétorqua Kerry. " Le problème, c'est qu'il y a un groupe de gens qui sont si jaloux de toi, que tout ce qu'ils peuvent faire, c'est faire le tour des popotes et ragoter, et c'est tout ce que les gens entendent. Le reste de la compagnie, la majorité silencieuse, ne ressent pas les choses comme ça. Je le sais, parce qu'ils sont venus me le dire. "

 

Dar garda le silence un moment, son regard étudiant le tableau de bord en cuir.

 

" Est-ce que tu sais que tu es la seule personne du comité exécutif qui ait jamais parlé au concierge ? " demanda Kerry. " Pas pour donner du travail, je veux dire, juste pour le saluer. "

 

Les sons des moteurs du ferry changèrent alors que le bateau ralentissait pour accoster. " Non… je ne le savais pas ", répliqua Dar pensivement.

 

" Est-ce que tu sais que l'équipe de nuit parle toujours de toi en train de leur apporter de l'eggnog et d'en prendre avec eux pour le réveillon de Noël, il y a deux ans ? "

 

" Non… je… "

 

" Savais-tu que les offres de postes dans le département des opés génèrent plus de CV internes que n'importe quel autre département de l'immeuble ? "

 

Dar la regarda docilement. " C'est vrai ? " Elle démarra la Lexus et lui fit lentement descendre la rampe. " Mari ne me l'a jamais dit. "

 

Kerry s'installa dans son siège, satisfaite. Elle garda le silence un moment, puis leva les yeux. " Il n'y a pas d'autres surprises à venir, hein ? "

 

" A la maison ? " Dar sourit. " Non… et bien… " Elle rit. " Je ne sais pas… peut-être une boîte ou deux. " Elle tendit la main et pressa le genou de Kerry. " J'ai gardé le mien pour demain, mais je pense que mes parents auront laissé quelque chose.

 

Kerry plissa le nez dans un sourire. " C'est si cool ", admit-elle. " Chez nous, après… mes huit ans ou quelque chose comme ça, je crois, on recevait des bons d'achats de divers magasins, que ma mère utilisait pour acheter des trucs dont elle pensait qu'on avait besoin. "

 

" C'est pas marrant. "

 

" Non ", approuva Kerry. " J'avais pris l'habitude d'économiser mon argent de poche, je sortais et je m'achetais une seule chose, un jouet ou quoi, ce que je voulais ", repensa-t-elle. " Je me souviens de l'année où je me suis acheté un Meccano Ma mère était si furieuse. Elle l'a pris et l'a donné à Mike qui a fini par me le rendre, bien sûr. Je le gardais sous mon lit et je jouais avec quand elle sortait faire les courses. "

 

" Un Meccano ? Quel était le problème de ta mère avec ça ? " demanda Dar d'une voix étonnée.

 

" C'était un jouet pour garçon. "

 

" Ta mère a vraiment besoin d'une injection de fin de vingtième siècle ", grogna Dar. " Je ne te raconte pas le nombre de pièces en plus que j'avais sur le mien. "

 

Kerry sourit. " Tu as fait quelque chose de remarquable avec ? "

 

Dar se gara sur leur place et arrêta la Lexus. " Un système mécanique pour allumer et éteindre la lumière, la stéréo et ajuster le son dans ma chambre. " Elle sortit et releva le coffre pour prendre les cadeaux de Kerry. " Et une voiture qui sortait mes tennis de mon placard. "

 

Kerry gigotait tellement de rire qu'elle dut s'appuyer sur la voiture.

 

" J'en ai aussi fait un qui déchargeait les tubes de peinture de ma mère et les emportait au garage, mais ça n'a pas duré longtemps. "

 

Kerry se laissa glisser sur le sol, en se tenant les côtes.

 

" Puis il y a eu le chien ", continua Dar. " Mais j'ai abandonné l'idée de lui faire remuer la queue. Les moteurs ne voulaient tout simplement pas démarrer et s'arrêter quand je voulais " Elle leva la boîte à l'arrière puis s'arrêta, lorsque ses muscles endoloris protestèrent. " Ouille. "

 

" Mon Dieu… désolée. " Kerry se souleva et se dépêcha d'aller l'aider. " Désolée.. désolée… j'oublie toujours ton dos. "

 

" Moi aussi ", admit Dar, tressaillant.

 

" Et bien, la chose la plus grande que j'ai faite avec le mien, c'est un parc d'amusement ", lui dit Kerry alors qu'elles montaient les marches avec leurs fardeaux. " Une grande roue et un manège… j'avais même trouvé des petits chevaux pour le manège. " Elle entra le code, puis attrapa la poignée et tira sur la porte. " Oh… oh… doucement, Chino… "

 

" Rooo !!! " Le labrador bondit, faisant presque tomber ses propriétaires.

 

" Doucement… doucement… " Dar rit en manœuvrant pour dépasser la chienne excitée et entrer dans l'appartement. Elles posèrent les cadeaux sur la table de la salle à manger et Dar continua jusqu'à la cuisine. " Je vais préparer du café… tu veux bien allumer la télé ? "

 

" D'accord. " Kerry trotta dans le salon pour le faire puis elle s'assit dans la causeuse pour s'occuper de Chino. " Hé, mignonne… comment vas-tu ? "

 

" Agurff. " Chino mit la main de Kerry dans sa bouche avec enthousiasme.

 

" Tiens. " Dar revint de la cuisine avec une poignée de courrier. " On dirait que tu as reçu des cartes. " Elle tendit cinq ou six enveloppes puis se laissa tomber sur le canapé pour éplucher le reste. Paresseusement, elle tendit une main pour gratter le dos de Kerry, et la jeune femme blonde se pencha en arrière, s'installant dans le creux de son bras.

 

" Dar ? "

 

" Oui ? " Dar ouvrit une lettre d'une main et étudia son contenu. " Oh… des stock options en plus. Génial. "

 

" Merci. "

 

" Pour quoi ? " Les yeux bleus la fixèrent perplexes. " Pour avoir pris ton courrier ? "

 

" Juste merci. " Kerry l'étreignit d'un seul bras, puis resta blottie où elle se trouvait pour ouvrir ses cartes. " Oh regarde… des photos de bébé. " Elle en montra une d'Angie et du nouveau bébé. " Il est moins fripé maintenant, hein ? " Elle retourna la photo et eut une inspiration de surprise. " Oh, Dar… regarde. "

 

" Hm ? " Dar inclina la tête pour lire l'inscription au stylo noir. " Elle l'a appelé Andrew ? " Le ton de sa voix monta.

 

" Ouais. " Kerry se mit à rire avec délice. " Wow… c'est si cool. " Elle posa la photo et en ouvrit une autre, une carte marrante de Michael. " Il est si étrange parfois. " Elle leva une feuille dorée rouge. " Il envoie ça parce qu'on n'a pas de changement de saison. "

 

Dar ricana.

 

" Quoi d'autre… oh, ça doit venir de tante Penny. " Kerry sourit en voyant le lourd papier blanc crémeux. Elle ouvrit le haut et en tira une carte. " A propos je lui ai envoyé une photo de nous. " Elle ouvrit la carte. " Oh… hé, elle va être à Miami et elle aimerait venir nous voir ! "

 

" Ah ouais ?. " Dar pencha la tête. " Ecriture intéressante. "

 

" Elle veut te rencontrer. " Kerry la poussa gentiment du coude.

 

" Oh oh. " Dar étouffa un bâillement.

 

" Nan… elle est vraiment bien. Elle va te plaire. " Kerry posa la carte de côté, puis ouvrit la dernière enveloppe, retirant la carte dorée et raffinée pour la lire.

 

" Je suis sûre qu'elle l'est ", répondit Dar d'un air absent. " Tu veux qu'on l'emmène sur le bateau.

 

Il n'y eut pas de réponse.

 

" Ker ? " Dar jeta un œil vers sa compagne.

 

Kerry déglutit et pencha la carte entre ses doigts tremblants pour que Dar puisse la voir. " C'est… c'est de mes parents. "

 

Dar cligna des yeux. C'était une carte simple, avec juste écrit Joyeux Anniversaire en script imagé au milieu et " maman et papa " écrit dessous. " Eh bé. " Elle sourit et étreignit Kerry. " Ça te réconforte ? "

 

Kerry regarda simplement la carte, la retournant entre ses doigts en secouant la tête. " Je ne sais pas ce que je ressens ", répondit-elle doucement. " Désorientée… stupéfaite… " Elle s'interrompit. " Soulagée, peut-être. " Kerry réfléchit à ça. " Oui, soulagée. "

 

Dar sentit le corps de sa compagne se détendre et elle en fit autant. " Je suis contente. " Elle mit le nez dans les cheveux de Kerry.

 

" Moi aussi ", répondit Kerry, sentant un poids se lever de ses épaules. Elle pencha la tête en arrière et posa ses lèvres sur celles de Dar. " Maintenant je peux commencer à laisser tout ça derrière moi… qui sait ? Peut-être qu'un jour on pourra tous s'asseoir autour d'une table et en parler. " Elle regarda pensivement le visage de Dar. " Peut-être rencontrer tes parents et montrer comme ils t'ont aidée par leur acceptation. "

 

Dar leva les sourcils. " Ça se peut. " Elle regarda l'écran de télévision au moment où passait une scène familière. " Hé… " Elle poussa légèrement Kerry qui monta le son.

 

" Cette nouvelle tardive sur nos téléscripteurs. Le FBI vient juste d'annoncer qu'il a conclu son enquête sur l'explosion au District Memorial Hospital. Voici l'annonce de ce qui s'est produit. "

 

" Oh…c'est ce type du FBI à qui papa a parlé au fond là-bas ", murmura Kerry en pointant.

 

" Hmm. " Dar acquiesça de la tête.

 

Un agent plus âgé s'avança sur l'estrade et s'éclaircit la voix. Derrière lui, on avait installé un chevalet avec un diagramme de l'hôpital. " Nos enquêteurs ont fait des recherches minutieuses et ce qu'il en résulte est ceci. " Il prit une baguette. " L'explosion a commencé à cet endroit, dans la cuisine de l'hôpital. Nous avons déterminé que les bouteilles de gaz entreposées ont pris feu, et envoyé une tempête de flammes le long des tuyaux jusqu'à la buanderie.

 

" Hein. " Dar cligna des yeux.

 

" Puis, parce que ces tuyaux longent les tuyaux d'oxygène, quand les tuyaux de gaz ont surchauffé et explosé, les autres ont suivi. Cela a créé de multiples explosions ici. " Il montra. " Ici, et ici. " Un autre tapotement. " Finissant par mettre le feu aux zones de stockage de gaz qui entouraient les zones des salles d'opérations. "

 

" Wow. " Kerry prit une inspiration. " Alors ce n'était pas une bombe. "

 

" Le FBI se félicite que, selon les résultats de l'enquête sur ce qui a produit l'étincelle initiale, il nous apparaît qu'il ne s'agit pas d'un acte criminel, en dehors de l'erreur qui permet à ces deux types de tuyaux de coexister dans le même endroit. "

 

" Eh bé ", murmura Dar.

 

" Ouais. " Kerry soupira. " Je suis contente. "

 

" Mm. "

 

Elles se regardèrent. " Oh… Ankow va être furieux, mais furieux. " Kerry fit une grimace.

 

Dar étudia l'écran pensivement, incapable de désapprouver.

 

***************

 

Buzz.

 

Dar ouvrit un œil bleu encore brumeux et regarda le réveil avec outrage. " Qui a le culot d'appeler à trois heures du matin. "

 

Buzz.

 

Un coup. " Allô ? " Grogna Dar endormie.

 

" Hé, salut Dardar. "

 

L'autre œil s'ouvrit puis les deux clignèrent. " Papa… t'as un pot du tonnerre que ce soit toi. "

 

Son père se mit à rire. " Lève tes fesses et viens nous rejoindre aux quais. On vient juste de recevoir nos nouveaux quartiers. "

 

Dar ferma les deux yeux. " Ce ne serait pas mieux de les voir à la lumière du jour ? " demanda-t-elle avec espoir alors que Kerry remuait, puis rampait pour venir poser son menton sur la poitrine de Dar.

 

" Oooh… allez. C'est la première fois qu'on a un truc flambant neuf ", dit Andrew d'une voix rauque. " Amène tes fesses. "

 

" On peut venir comme on est où il faut qu'on s'habille ? " bredouilla Kerry.

 

Il y eut une courte pause. " L'expérience m'a appris que j'f'rais bien de vous dire de mettre quelque chose ", décida finalement Andy. " En plus, il fait un peu frais ici. "

 

" D'accord. On arrive. " Dar bâilla et se frotta les yeux alors que la ligne coupait. " Attends une minute… comment ils ont réussi à avoir ça à TROIS HEURES DU MAT' ? "

 

Kerry avait roulé sur le dos et se redressait avec précautions sur le lit à vagues, avant de marcher pieds nus sur le sol en direction de la salle de bains. " Lumière. "

 

Dar ferma les yeux.

 

" Ils devaient le récupérer à Palm Beach, tu te souviens ? " lui rappela Kerry en s'aspergeant le visage d'eau. " Ils ont probablement pris leur temps pour descendre la côte. "

 

" Mm… je me demande s'ils ont installé un lit à vagues ", blagua faiblement Dar. " Ils adorent le nôtre. "

 

Kerry se redressa d'un coup, ses yeux verts s'écarquillant alors qu'elle se fixait dans le miroir. Elle se tourna lentement, s'appuya sur l'encadrement et jeta un regard noir à la silhouette nue éclairée et entortillée dans les draps. " Quoi ? "

 

" Et bien. " Dar croisa les chevilles. " C'était soit ici, soit dans ta chambre là-haut, le lit simple dans la chambre d'amis est trop petit pour papa. "

 

Kerry se couvrit les yeux d'une main. " Ohh. Attends attends attends… " Elle grogna en se dirigeant avec difficulté vers la commode. " Je vais te dire un truc, ma chérie… je vais virer cette image de ma mémoire cache immédiatement… d'accord ? "

 

" D'accord ", approuva Dar tranquillement.

 

" Et n'imagine même pas relancer l'ordinateur. "

 

" D'accord. " La grande femme roula hors du lit et s'étira, produisant un claquement satisfaisant lorsque ses épaules s'ajustèrent. Elle prit un tee-shirt et un short dans sa commode et les passa pendant que Kerry se décidait pour une de ses longues chemises. " Allez Chino… on va voir le nouveau jouet de grand-père. "

 

Elles descendirent l'escalier de devant et quelques instants plus tard, Dar conduisait la voiture de golf le long de la route complètement vide et éclairée par la lune vers la marina. " La nuit est belle ", dit-elle.

 

" Mm. " Kerry se pencha d'un côté et regarda vers le ciel sans nuages, tacheté d'étoiles qui diminuaient avec les lumières proches de la ville. " Ouais, c'est vrai. " Les pneus crissaient sur le gravier, résonnant dans l'obscurité, et elle mit la tête en arrière pour s'installer dans son siège capitonné. Chino était assise à l'arrière, la tête posée sur le barreau qui séparait l'arrière, reniflant avec intérêt.

 

Elles prirent le tournant, et commencèrent à avancer dans la marina, le son des vagues se mêlant au doux cliquètement des mâts des bateaux. " Bon Dieu ", murmura Kerry. " Ce truc est immense. "

 

" Oui. Est-ce que tous les gars n'aiment pas entendre ce genre de choses ? " marmonna Dar en retour alors qu'elle étouffait un rire. " Et bien c'est leur maison maintenant, alors… "

 

Le Bertram était installé dans un emplacement pour invités sur un côté de la Marina, sa fibre de verre brillant dans la lumière de la lune. Long de dix-huit mètres, il ressemblait à un pont volant comme celui de Dar, et le long pont avant, comme elle le jaugeait, serait excellent pour permettre à sa mère d'installer un chevalet. " Joli. "

 

Elle gara la voiturette et elles sortirent pour marcher jusqu'à l'arrière du vaisseau alors que ses parents sortaient pour venir à leur rencontre. " Bonjour. " Dar leva la main vers eux.

 

" Salut vous deux. " Cécilia lança un regard agacé à son mari. " J'ai essayé de le faire attendre. Honnêtement. "

 

Kerry gloussa tout en sautant à bord. " C'est bon… wow… c'est génial. " Elle jeta un coup d'œil à la console de la passerelle, qui brillait de diodes vertes.

 

" Mm… oui, c'est sûr ", approuva Céci joyeusement. " Joyeux anniversaire à propos. " Elle fit un geste hésitant d'embrassade à Kerry qui fut accepté avec enthousiasme. " Tu as été surprise par ta fête ? "

 

" Tu veux rire ", Dar rit alors que Kerry recevait une seconde embrassade de son père. " Elle pouvait plus dire un mot. "

 

" Alors ça, j'aurais payé pour le voir ", dit Andrew d'une voix traînante. " Ah ah… pas de ça, jeune dame, ou j'attrape cette langue et je la garde. "

 

" Ce gâteau était magnifique… merci beaucoup. " Kerry tourna son regard vert océan vers Céci. " J'ai été surprise, très surprise par tout… vous savez ce que Dar m'a fait ? "

 

" A propos de ta promotion ? Oui on savait ", répondit la femme aux cheveux argentés. " J'aurais aimé être là mais Andy était tellement anxieux de prendre possession de ce petit bateau… "

 

L'ex-marin mentionné sautillait sur place. " Vous voulez une visite guidée ? " Demanda-t-il plein d'espoir. " Et faut que j'vous dise un truc, j'ai dépensé plus d'argent pour le compte du gouvernement que ce que vaut ce bateau, bon Dieu, ma formation navale a coûté plus encore. Mais être assis dans le bureau de ce type et faire un chèque pour ce truc était la chose la plus étrange que j'ai jamais faites. "

 

" Il était impressionné ", dit Céci. " Et May aurait définitivement approuvé. " Elle sourit. " Allons… j'ai préparé du café pour étrenner la machine. "

 

Ils allèrent vers la cabine, qui n'était pas vraiment différente de celle de Dar. On y trouvait un séjour à l'avant, avec un canapé à l'air confortable et une table avec des pieds scellés et quelques étagères de bibliothèque. Au-delà, il y avait un coin avec des armoires et une table à dessin, faite spécialement pour maman, se dit Dar.

 

Derrière le séjour se trouvait une cuisine compacte, avec un micro-ondes et un four encastrés, et un réfrigérateur de bonne taille, et tout près une table confortable et un banc en angle pour manger.

 

Derrière quelques marches descendaient vers la chambre à coucher, avec ses tiroirs encastrés et ses lampes dans les niches, le lit un peu plus large que celui de leur bateau, et plus long de pas mal de centimètres. On y trouvait des zones de rangement construites dans toutes les cloisons, et l'espace de vie était fait de bois aux tons riches et mielleux avec des outils dans des niches. " C'est si mignon ", dit Kerry dans un souffle. Les couleurs étaient du bleu et du marron, à l'exception du siège des toilettes, qui arborait une couleur rose fort intéressante.

 

Dar décida de ne pas poser de questions. " C'est vraiment confortable. " Elle donna une claque sur le dos de son père. " C'est mieux qu'une couchette de quarante-cinq centimètres de large, hein ? "

 

" Bon Dieu. " Andrew se mit à rire. " Ça m'fait déjà mal d'imaginer la tête de certains de mes copains quand ils verront ce truc… ils vont en tomber à la reverse. " Mais il avait l'air très content de son nouveau foyer. " Mais j'aime bien cet endroit. Vraiment. "

 

Céci s'appuya contre lui et soupira. " Moi aussi. " Elle pressa son bras, puis alla vers la cuisine pour verser des tasses de bon café fumant à la noisette. " Oh… j'ai failli oublier. " Elle posa le plateau sur la table et les poussa vers celle-ci. " J'ai quelque chose pour vous deux… c'est juste un petit dessin que j'ai terminé il y a quelques jours. "

 

" Hé. " Andrew dopa son café et le sirota dans sa tasse bleu marine. Dar et Kerry se joignirent à lui, pendant que Dar regardait avec curiosité par-dessus son épaule pour voir sa mère retirer quelque chose d'un placard verni tout proche.

 

" Kerry a reçu une carte d'anniversaire de ses parents ", dit Dar à ses parents.

 

" Ah ouais ? " Andrew était surpris. " Bon sang, je pense qu'il doit avoir une conscience après tout ça. "

 

" Je suis contente de l'apprendre ", dit Céci tranquillement, tout en apportant une toile, qu'elle retourna pour qu'ils puissent la voir, tout en la posant contre la table. " Je pensais que votre salle de séjour apprécierait un peu de couleur. "

 

Dar et Kerry fixèrent la peinture, puis se regardèrent, puis de nouveau la peinture. " Wow ", murmura Kerry. " C'est superbe. "

 

Dar cligna des yeux. " C'est… " Elle se rapprocha. " Comment tu as fait ça ? "

 

" Je suis une artiste ", fit sèchement remarquer Céci. " C'est mon travail. " Mais elle semblait satisfaite de la réaction.

 

La peinture représentait une scène de jungle, avec des arbres hauts, les verts et les bleus profonds de l'herbe qui entourait ses deux sujets, une grande panthère noire, reposant majestueusement sur le sol mousseux, ses pattes étendues. Entre celles-ci, un renard roux et doré était assis et les regardait timidement, sa queue touffue enroulée autour de ses petits pieds. Une pomme rouge vif était posée tout à côté.

 

Ce sont les yeux qui les attirèrent. D'une certaine façon, Céci avait capturé, dans le regard bleu clair de la panthère, l'esprit sauvage de sa fille, et les yeux verts clairs reflétaient la douce intelligence de Kerry.

 

Une corde résonna, profondément et mélancoliquement dans la mémoire de Dar alors qu'elle étudiait les images, le murmure d'un passé dont elle ne se souvenait pas, le fantôme d'une douce tape sur son épaule qui la fit presque se retourner.

 

" C'est stupéfiant. " Les rires montaient de Kerry comme des bulles. " Un grand merci. "

 

Dar sourit. " Merci maman. "

 

" De rien ", dit Céci vivement. " Bon… maintenant que je vous ai tous les trois ensemble… où est ce chien ? "

 

Chino, lovée près de la porte où Dar lui avait ordonné de rester, leva la tête. " Gruff. "

 

" Excellent. Il me faut une photo de vous tous. " Céci les poussa tous du pied. " Allez… ça va prendre une minute. "

 

" Habillés comme ça ? " Demanda Dar en tirant sur son tee-shirt. " Pour quoi ? "

 

Shh. Sa mère attendit que Chino apparaisse dans l'objectif et prit la photo. " Tu penses que vous êtes les seuls à savoir manipuler les images, vous les informaticiens ? Je peux vous habiller comme je veux une fois que je peins le tableau. "

 

" Un tableau ? "

 

" Peindre ? " fit Kerry en écho. " Vous allez nous peindre ? "

 

" Gruff ! "

 

Andrew se mit à rire. " Ça vous dit une balade ? Je leur ai demandé de nous ajouter quelques chevaux dans ce truc… et on a assez de bouffe à bord pour une sortie à l'aube. "

 

Oh bon sang. Après ça aller travailler serait un enfer. " D'accord. " Dar sourit. " On est partantes, papa. "

 

" Dar… "

 

" Euh… "

 

" Ouais. "

 

***************

 

Note de Missy :

C'est fini (pour l'instant)

Dar et Kerry reviendront bientôt dans leur nouvelle aventure…

 

Notes diverses et remerciements de la traductrice

(Fin de la traduction en avril 2003) :

 

* Note sur la suite. En fait Dar et Kerry sont revenues depuis dans deux nouvelles aventures (Tropical High et Terror of the High Seas) et une nouvelle vient de démarrer, je crois. Ces deux histoires et a fortiori la troisième ne sont pas traduites en français à ma connaissance. Je ne sais pas si je reprendrai leur traduction, cela sera selon les circonstances et la demande.

* Note et explications sur mes choix de traduction de L'œil du Cyclone.

Je me suis expliquée au début de cette traduction et à plusieurs endroits, de mon choix premier de faire des résumés entrecoupés d'extraits de traduction. Ce choix était lié à une question du temps que je pouvais consacrer à la traduction (les histoires de Missy sont très longues). Ce choix a reçu des avis divers et parfois très opposés. J'ai fini par reprendre la traduction complète des parties suivantes pour deux raisons essentielles : la première est que ce n'était pas évident ni forcément plaisant pour les lecteurs, la seconde et la plus " décisive ", en fait, était qu'il me fallait autant, sinon plus de temps, pour relire les parties avant d'en faire un résumé convenable que pour traduire au fur et à mesure de ma lecture. D'où le revirement. Je ne pense pas revenir un jour sur les parties résumées à cause du manque de temps et d'autres projets en cours. Mais je pense que ceux et celles qui aiment cette histoire l'auront pris un peu comme des épisodes de série télé qu'on a ratés et dont on nous rapporte les résumés :O)

 

*Pour la suite si Dieu (ou la Déesse) me prête vie et loisir, je resterai à la traduction, en limitant le nombre de travaux ; sachez que, comme pour les auteurs, les retours de lecteurs nous sont importants pour savoir si ce passe-temps présente un intérêt. Un seul lecteur me comble déjà, qu'il n'hésite pas à se faire connaître.

 

 

o Remerciements :

Cela fait maintenant quatre ans ou peut-être plus que je passe une partie de ma vie de traductrice avec quelques acolytes/amies que je souhaite remercier ici :

 

A tout seigneur tout honneur, Missy, avec laquelle nous échangeons parfois quelques e-mails et à qui je dis la chaleur de la réception de ses FF chez les francophones, ce qui la réjouit, elle qui ne lit pas le français..

Katell, relectrice assidue et pertinente, qui a su et sait encore me remonter le moral et relancer la machine, qui me donne le goût de ces aventures et qui les pimente parfois de remarques surprenantes dans ses relectures. Que je relis aussi, et la réciproque m'incite à l'humilité malgré les progrès que j'espère avoir réalisés.

Kaktus, sans qui ces histoires resteraient lues, peut-être, par des petits groupes privés, intimistes, sans ces liens qui nous unissent pour échanger par-delà les frontières. Patiente au-delà du possible.

Je citerai Prisca aussi, qui a cessé la lecture de cette merveilleuse histoire en découvrant les fonds de la Mer Rouge il y a plus d'un an maintenant (grrr !!!), mais qui va réenfiler son masque pour plonger avec Dar et Kerry voir les merveilles que nous réserve Missy dans ses eaux floridiennes

Et puis les autres, qui m'ont écrit après avoir lu, qui critiquent, encouragent, réclament. Merci à tous et toutes de me donner ce sentiment d'exister pour d'autres.

 

Fryda.

 

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Comments (1)

chachouille said

at 4:10 pm on Nov 25, 2009

Merci beaucoup pour la traduction de cette superbe fic
je vais de ce pas lire la suite !!!

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