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hurricanewatch1b

Page history last edited by Fausta88 14 years, 9 months ago

Avis de tempête

Hurricane Watch

 

 

par Missy Good

 

Traduction : Fryda

 

 

 

Démentis : Nan, aucun. Ce sont mes personnages, ma ville, ma pseudo-société. C'est une Uber-fiction, avec deux personnages déjà rencontrés dans une précédente histoire, Tropical Storm (Tempête Tropicale). Dar Roberts est la directrice des opérations d'un groupe de renommée internationale dans le domaine des Services d'Information. Kerry Stuart est son adjointe et sa protégée.

Elles s'aiment bien, on pourrait dire ça.

Vous y trouverez un peu de violence, quelques mots grossiers, un peu d'activité sexuelle, et de la sauce un peu épicée avec des chips.

Oups. Oubliez ça…

(Traduction commencée en juin 1999)

 

 

*******

Partie 1B

*******

Chapitre 5

 

Kerry se laissa aller dans le siège en cuir souple et soupira. " Mon Dieu, je suis affamée… je suis vraiment contente d'avoir collé ce bol de poulet saté dans le frigo avant de partir ce matin. "

 

" Mm… c'est une bonne idée ", approuva Dar en regardant la route.

 

La jeune blonde la regarda, étudiant son profil. " Tu es bien calme ce soir ", dit-elle après un moment de silence. " Tout va bien, ou tu es toujours remontée contre M. Lapoisse ? "

 

Le regard bleu clair quitta la route et la fixa un moment. " Il n'en vaut pas la peine ", déclara-t-elle, sachant que c'était un mensonge. " J'ai réussi à accrocher une casserole aux fesses de José… je lui ai donné une copie du message. " Elle rit doucement. " Je ne l'ai pas vu prendre cette teinte de rouge depuis longtemps… et en général, c'est moi qui en suis la cause. "

 

Kerry s'étira et s'appuya sur l'accoudoir. " Qu'est-ce qu'il espère accomplir, Dar ? Fabricini, Je veux dire. "

 

" Au bout du compte ? " Dar tourna dans le terminal des ferries et monta sur le bateau qui venait juste d'accoster. Elle enclencha le frein à main et descendit les vitres, puis elle éteignit le moteur. L'air frais de janvier entra dans le véhicule, apportant le picotement salé de l'océan et elle s'installa, en appuyant un genou sur le volant. " Il veut le poste de José, et ma tête ", dit-elle. " S'il peut prouver que nous avons perdu l'argent à cause d'une erreur de ma part, il a une bonne chance d'avoir les deux. "

 

Kerry cligna des yeux. " Mais… comment pourrait-il prouver ça ? Tu sais bien que rien de ce genre n'est arrivé. "

 

Dar pencha la tête sur le côté. " Personne n'est parfait, Kerry… il pourrait trouver un cas où nous aurions pu mieux faire notre travail, et où nous avons perdu à cause de ça… il y a tellement de choses qui arrivent en même temps, et tellement qui demandent des décisions basées sur la meilleure information possible… ça peut arriver. " Elle posa les mains sur son genou. " Mais j'ai une bonne marge de manœuvre ?… il faudra qu'il trouve quelque chose de vraiment sérieux, et je n'ai pas trop d'inquiétude pour ça. " Elle garda le silence et regarda l'eau se rider au mouvement du ferry, éparpillant la lumière de la lune à sa surface.

 

" Et alors… qu'est-ce qui t'inquiète vraiment ? " insista doucement Kerry. " Est-ce que c'est parce qu'il en fait une affaire personnelle ? "

 

Dar y réfléchit. " Peut-être ", acquiesça-t-elle. " Ou peut-être parce qu'il est après toi… " Elle laissa un sourire désabusé traverser son visage. " Et s'il découvre quelque chose à notre sujet, il en fera certainement ses choux gras. "

 

" Mmf. " Kerry fit rouler sa tête de côté, en faisant signe à l'homme de pont alors qu'ils accostaient sur l'île. " Et bien, il faut simplement faire en sorte que ça n'arrive pas… n'est-ce pas ? "

 

Dar descendit la voiture du ferry, traversa la brume, puis tourna vers la route qui menait à l'appartement. Elle se gara près de la Mustang de Kerry et éteignit le moteur. " Viens… allons nous régaler. " Elle sortit et prit son sac, puis attendit que Kerry la rejoigne avant de monter l'escalier et d'ouvrir la porte.

 

Elles entrèrent et allumèrent, puis Kerry posa son sac sur le divan et continua dans la cuisine vers la pièce de rangement d'où émanaient des aboiements aigus. " Ok, ok Chino… calme-toi. " Elle ouvrit la porte et laissa le Labrador âgé de trois mois sortir. " On t'a manqué ? "

 

Le chiot grimpa le long de sa jambe, en sautant jusqu'à ce qu'elle le prenne dans ses bras. " Hé… " Kerry se mit à rire quand la langue rose se posa sur son cou. " Hé… ne mordille pas ! " Les petites dents acérées accrochèrent sa peau alors qu'elle regardait le coin réservé au chiot. " Tu as été gentille ?, n'est-ce pas ! "

 

Dar s'approcha et le chiot piaula, gigotant dans sa direction. " Hé, le chiot… "

 

" Très bien… très bien.. voilà… " Kerry se tourna vers elle. " Va… je sais qui tu préfères… regarde, Dar… elle a été propre toute la journée. "

 

La femme brune accepta que son nez soit mordillé, puis elle jeta un œil dans la pièce. " Hé… regardez-ça. Brave fille. " Elle félicita le chiot. " Demander au personnel de service de venir la sortir deux fois par jour était une bonne idée, hein ? "

 

" Tu parles ", approuva Kerry. " Tu veux bien la sortir pendant que je prépare le dîner ? " Elle regarda avec indulgence Dar gratter le menton du chiot et roucouler ; la petite médaille accrochée au collier, qui portait le nom du chiot et son adresse, tinta doucement lorsqu'elle bougea. " Dar ? "

 

" Hmmm ? " La cadre leva les yeux. " Oh… ah oui… désolée. " Elle embrassa le chiot sur la tête. " Viens, Chino... on sort… on va voir si tu fais ton pipi pour moi, hein ? " Elle fila par la porte de derrière et descendit les marches du patio vers l'étendue herbeuse éclairée par la lune.

 

Kerry ne put se retenir de rire en se lavant les mains. " Personne ne me croirait au bureau si je disais ce que je viens d'entendre. " Elle secoua la tête d'un air désabusé. Dar avait montré un côté extrêmement doux à l'encontre de leur petite nouvelle, et Chino avait vite appris que tout ce qu'il fallait pour avoir un biscuit, c'était un regard brun touchant et un petit coup de patte. Elle cherchait Dar et s'asseyait près d'elle, elle levait la patte et donnait des petits coups sur la jambe de Dar, et l'humaine bien dressée lui tendait immédiatement un biscuit Iams que Chino croquait avec satisfaction.

 

C'était extrêmement mignon et Kerry aimait voir sa compagne intimidante se liquéfier devant les adorables méthodes du chiot.

 

Elle versa le saté et un peu de riz, puis ajouta des haricots verts à la cocotte-minute. " Ça ira comme ça. " Elle se frotta les mains et reprit son sac, en jetant un coup d'œil au séjour avec un sentiment de satisfaction tranquille. Au début, il lui avait paru très nu, mais depuis qu'elle s'était installée, elle avait persuadé Dar de mettre quelques objets personnels et elle y avait ajouté les siens, ce qui donnait une atmosphère plus chaleureuse et plus joyeuse ; avec en plus, quelques peintures qu'elles avaient achetées au Grove Art Festival, une couverture colorée d'art indien tissé posée sur la table centrale, et une sculpture en cuivre représentant des dauphins et des vagues trônait au centre. Elle avait aussi réussi à obtenir des photos de Dar, dont deux de son adolescence que Kerry trouvait adorables, et elle avait ajouté la sienne dans les niches du salon.

 

Pas mal. Kerry prit l'escalier et posa son PC portable dans son bureau, puis elle alla jusqu'à sa chambre.

 

Sa chambre. Elle devait encore se faire à cette pensée alors qu'elle entrait, et que le plafond spacieux et voûté, et la large baie vitrée qui donnait sur l'Océan Atlantique arrivaient devant ses yeux. Elle avait apporté la plus grande partie de ses affaires de son appartement, qu'elle louait encore temporairement, et elle trouvait toujours étrange de voir Winnie l'Ourson lui tendre les bras depuis la chaise confortablement rembourrée, située pour lui permettre de lire à l'endroit où le soleil entrait. Elle avait accroché ses peintures sur le mur et installé son propre couvre-lit, et dans la commode, il y avait bien ses affaires rangées dans un léger désordre.

 

Kerry posa son sac et alla à la baie vitrée, l'ouvrit et sortit sur le balcon courbé, juste pour regarder l'eau noire et ridée pendant un long moment, et le quartier de lune qui envoyait un petit jet de lumière par-dessus les vagues. Ça sentait le sel, et la riche odeur de la pelouse fraîchement soignée, et la fumée légère de noyer en provenance du beach club en contrebas.

 

C'était magnifique et elle aimait tout ça, même si elle devait parfois se pincer pour se prouver que tout était réel et pas juste un rêve bizarre. Pas seulement la maison, mais toute sa vie. Elle avait parfois un peu peur d'aller se coucher le soir, par peur de se réveiller un jour et de constater que tout avait disparu comme si ça n'avait jamais existé.

 

Un soupir. " Allons, Kerry… change-toi et arrête d'être stupide. " Elle revint à l'intérieur, ferma les portes et retira ses vêtements pour les échanger contre sa chemise de nuit préférée ; elle accrocha sa veste et sa jupe dans l'énorme placard dont Kerry aurait juré qu'il était aussi grand que sa chambre à Kendall.

 

Un petit piaulement l'avertit, et elle leva les yeux alors que Chino ouvrait la porte avec le museau et entrait en trébuchant, après avoir laborieusement négocié l'escalier. C'était un de ses nouveaux talents. " Hé, Chino... viens ici, bébé. " Kerry s'assit et laissa le chiot lui grimper dessus. Elle joua avec elle pendant une minute puis se leva et se dirigea en bas, l'animal trottant derrière elle.

 

Dar était dans son bureau, et travaillait sur quelque chose ; elle leva les yeux lorsque Kerry passa la tête. Pendant une minute, elles se contentèrent de se regarder, puis Dar se pencha dans la chaise confortable. " Ça sent drôlement bon. " Elle mit les mains derrière la tête et soupira, en tirant le tissu fin de son T-shirt de base-ball usé. " Ken m'a balancé quelque chose ce soir…il… a amené la conversation sur la possibilité que je reprenne la compétition. "

 

Kerry s'approcha et s'assit sur l'accoudoir du fauteuil. " Vraiment ? " Elle regarda le visage de Dar. " Et c'est ce que tu veux faire ? "

 

La femme brune se mordilla l'intérieur de la lèvre. " Je ne sais pas… lorsqu'il en a parlé, j'ai d'abord donné toutes les raisons qui m'empêchaient de le faire… et elles semblaient plutôt bonnes. " Elle haussa les épaules. " Je veux dire que ça prend du temps, beaucoup d'effort… de l'entraînement… " Elle soupira. " Ça fait vraiment longtemps… je ne sais pas si je pourrais encore le faire. "

 

" Mais ? " Kerry voyait l'indécision dans son regard.

 

Dar leva les deux mains puis les laissa retomber sur les accoudoirs. " Peut-être que tout ce que j'ai fait avec lui… m'a fait remonter le taux d'adrénaline… je ne sais pas… j'ai passé un moment à me demander ce que je pourrais retrouver. " Elle leva les yeux. " Qu'en penses-tu ? "

 

La jeune blonde l'étudia en silence. " Je pense que tu devrais y aller. " Elle sourit. " J'aime beaucoup les cours, mais vous regarder, Ken et toi, ça a été un tel choc… tu as cette expression incroyable quand tu le bats. "

 

Dar se gratta la mâchoire, un peu embarrassée. " C'est vrai ? "

 

" Oui, c'est vrai. " Kerry leva la main et regarda sa montre. " Viens… on en parlera en mangeant. Ça devrait être prêt. "

 

Elles s'installèrent devant le grand écran, que Dar alluma après avoir posé son assiette fumante. " Oh… regarde, c'est le Fanatique aux Crocodiles. " Elle jeta un coup d'œil. " Après quoi il en a cette fois-ci ? "

 

Kerry observa l'écran. " Des serpents. " Elle mordit dans le poulet et prit une bouchée de riz à laquelle elle ajouta une pincée de gingembre et d'épices. " Mm… ouais, des serpents à sonnettes. " Elle secoua la tête. " Mon Dieu… il les prend par… Dar, il rampe dans une grotte remplie de ces trucs… le Discovery Channel n'a pas peur d'être poursuivi s'il se fait bouffer tout cru ? "

 

Dar attrapa son assiette et prit une bouchée. " Ils lui ont sûrement fait signer un document en cinq exemplaires pour les absoudre de toute responsabilité. " La sauce aux cacahuètes épicée sur le poulet contrastait avec le goût léger de gingembre du riz, et elle soupira d'aise. " Kerry, c'est génial. "

 

" Merci. " Kerry prit une gorgée de thé glacé. " Il y a des fraises pour le dessert, tu sais. "

 

" Je sais. " Dar rit doucement en mettant un bras autour des épaules de la jeune blonde, pour manger d'une seule main. " Bon. Qu'est-ce qu'il fait maintenant ? Oh… hé, sa femme est enceinte ? "

 

Kerry jeta un coup d'œil. " Soit c'est ça, soit elle a trop mangé de crackers pour crocodile. " Elle regarda la télévision. " Et il la tire dans les montagnes et lui demande de tenir la queue d'un serpent à sonnettes… mon Dieu ! " L'homme à l'écran roucoulait vers la femelle serpent. " Tu dois les aimer ? Non, Steve… moi pas ! " Elle mâcha. " Mais il a un accent tellement mignon. " Elle tendit la main et prit un haricot vert de l'assiette de Dar pour le lui offrir. " Tiens… je les ai fait revenir dans un peu de beurre à l'ail… imagine que c'est une frite. "

 

Dar prit le haricot avec obéissance, et le mâcha d'un air spéculatif. " J'ai l'impression qu'on se montre condescendante envers moi. " Elle cligna des yeux. " Regarde-le… il doit y avoir une douzaine de serpents sous ce rocher… il ne peut pas les laisser tranquilles ? Attends… il ne vient pas de dire 'merde' ? "

 

Kerry fronça les sourcils. " Ouais… il vient de dire 'merde'… qu'est-ce qui… oh bon sang, tu as vu comme il est devenu pâle d'un coup ? " Elle monta un peu le son. " Oh… Mon Dieu… il a un serpent entre les jambes. "

 

Sa compagne éclata de rire. " Ben, ce n'est pas original, mais... "

 

" Tss… Dar ! NON ! Il a un serpent à sonnettes entre les jambes ! Regarde… ils deviennent dingues… il ne sait pas quoi faire ! " Elles regardaient l'homme se tirer du chemin et déguerpir. " Ouah… c'était choquant... je me demande s'ils le montreraient si un serpent venimeux lui avait mordu les parties. "

 

" Et bien. " Dar rit sans pouvoir s'arrêter. " On pourrait au moins lui mettre un garrot… pas comme s'il avait été mordu au visage. " Elle soupira et mâcha du riz. " Je pense qu'il est accro à l'adrénaline. " Elle resta tranquille un moment. Rechercher cette dose… cette excitation… est-ce que ce n'était pas aussi ce qui la tirait vers l'agressivité et la compétition ? Autrement, quelle était cette attraction pour retourner dix ans en arrière et essayer de recapturer ce petit moment particulier de gloire ? Ou était-ce une réaction à ses trente ans… une assurance pour son ego qu'elle était toujours 'dans le coup' ?

 

C'était une pensée déprimante, n'est-ce pas ?

 

De la vanité, ou un défi, ce serait de toutes façons amusant à relever ? Elle étudia l'image d'un Steve Irwin imbattable, qui bondissait de rocher en rocher pour trouver d'autres serpents, nullement intimidé par sa rencontre forcée.

 

Hmm. Elle finit son dîner pensivement.

 

Chapitre 6

 

" Alors… comment est-ce qu'une fille aussi maligne que vous a pu atterrir dans un tel panier de crabes ? "

 

Le sourire était destiné à lui faire comprendre que c'était dit pour blaguer, songea Kerry, en prenant une pleine gorgée de son thé glacé à la pêche. " J'ai déposé un CV et il a été accepté ", répondit-elle pince-sans-rire. " Et il se trouve que j'aime vraiment bien ce que je fais. " La matinée avait été plutôt calme, malheureusement, et aucun incident ne s'était produit pour lui permettre de remettre l'invitation à déjeuner de Steve Fabricini.

 

Bien que… Dar lui avait proposé d'en créer un, si elle ne voulait vraiment pas y aller, la cadre était de plutôt bonne humeur après une réunion matinale avec l'un de leurs nouveaux clients. Quelqu'un les avait avertis, avait-elle dit à Kerry, et on leur avait servi des crêpes à la framboises et des petits pains au petit déjeuner de la réunion, au lieu des coupes de fruits habituelles, et ses yeux brillants montraient qu'elle savait qui était la coupable.

 

" Ah oui, vous aimez votre travail ? " Steve rit doucement, en prenant une cuillerée pleine de yaourt. " Difficile à croire quand on sait pour qui vous travaillez. "

 

Kerry haussa les épaules. " Vous savez, c'est ce que disent les gens, mais j'ai vraiment apprécié de travailler pour Dar… elle est intelligente, elle connaît son boulot, elle sait reconnaître le travail bien fait… et elle défend son personnel ", dit-elle honnêtement. " Si on sait ce qu'on fait, on n'a aucun problème avec elle. " C'était exactement ce que lui avait dit Mark Polenti à leur première rencontre. " Bien sûr, si ce n'est pas le cas… " Elle laissa la pensée en l'air. Il rit.

 

" Pauvre petite… attendez d'être jetée au bûcher en sacrifice la première fois qu'elle sera mise en cause… vous n'êtes tout de même pas aussi naïve, n'est-ce pas ? " Il se pencha en avant. " Ecoutez, ma grande... je la connais, d'accord ? Vous pas… elle vous mordra comme un chien enragé à la première occasion. "

 

" Vraiment. " La jeune blonde mordilla son sandwich. " Et bien, merci pour l'avertissement. "

 

" A votre service. " Fabricini sourit puis il baissa la voix. " Ecoutez… il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas travailler ensemble, d'accord ? Mon boulot, c'est d'éviter les problèmes auxquels on a l'air d'être confrontés… et si j'y arrive, c'est toute la compagnie qui en profite. Essayez d'être du bon côté, mmm ? " Il mit une main sur son poignet. " Tu es une gamine maligne… tout le monde le dit, et quand tout ça va déferler, tu auras peut-être une chance, si tu vois ce que je veux dire. "

 

Kerry lui sourit gentiment. " Vous voulez dire que si vous ramenez assez de choses pour obliger Dar à partir, je pourrais avoir son poste. "

 

Il lui sourit. " J'ai bien dit que tu étais maligne. " Une lueur dangereuse passa dans ses yeux. " Sois de mon côté, ma grande. "

 

La jeune blonde s'essuya les lèvres avec sa serviette et la posa bien à côté de son assiette. " Il y a juste quelques petites choses que je voudrais éclaircir avant. " Elle s'interrompit.

 

" Quoi donc ? " Il sourit, une expression de triomphe sur le visage.

 

" Premièrement, il vaut mieux que vous lâchiez mon poignet avant que je ne vous plante une fourchette dans la main ", répondit Kerry, très doucereusement. " Deuxièmement, si vous m'appelez encore 'ma grande', je vais devoir trouver une insulte équivalente pour vous, et ça pourrait être très moche. " Elle rit en le regardant fixement, appréciant le choc. " Et troisièmement, où va Dar, je vais. " Elle se leva alors qu'il la relâchait et elle prit son plateau. " Bonne journée. "

 

Elle le laissa là, et compta jusqu'à vingt entre ses dents, attendant que les battements causés par la colère dans ses oreilles s'arrêtent. " Espèce de bon dieu d'idiot… oh, désolée. " Elle se cogna dans Mark Polenti qui regarda derrière elle.

 

" Ça va ? " demanda-t-il, l'ayant entendu grogner. " Hé… qu'est-ce que tu as fait à Monsieur Face de rat ? Il a l'air d'avoir été frappé sur la tête avec un serveur obsolète. "

 

Kerry prit quelques inspirations pour se calmer. " C'est un vrai porc. " Elle posa son plateau sur la desserte. " Il veut que je travaille pour lui et que je l'aide à trouver des saletés sur Dar, et il a eu le culot de me dire que si je le faisais, il s'arrangerait pour que j'aie sa place une fois que tout serait fini. "

 

Mark éclata de rire. " Bon sang… il ne sait vraiment pas où s'arrêter. " Il tapota l'épaule de Kerry. " Je présume qu'il s'en est pris à toi parce que tu es la nouvelle… il s'est dit que tous les autres étaient loyaux maintenant. " Il posa son plateau. " Et alors… qu'est-ce que tu lui as dit ? "

 

" D'aller se faire foutre ", répliqua Kerry avec un léger rougissement. " Mais un peu plus poliment. "

 

Ils regardèrent le sujet de leur conversation partir à grands pas déposer son plateau, la nuque encore rougie par la colère. " J'ai fait erreur. " Il déversa une politesse sauvage sur Kerry. " J'aurais dû deviner qu'il y avait… de la loyauté… personnelle… entre vous deux. " Il jeta sa serviette dans la poubelle. " C'est toi qui va y perdre. " Il partit en leur lançant un regard dégoûté.

 

Mark et Kerry se regardèrent. " Trouduc ", dirent-ils tous les deux en chœur. Kerry soupira. " Et bien, au moins je n'ai plus à m'inquiéter qu'il m'invite à sortir avec lui maintenant ", dit-elle d'un ton désabusé.

 

" Ouais… mais il pourrait être vraiment méchant ", répliqua Mark, en attrapant deux cookies au chocolat pour lui en offrir. " Tu sais comment vont les rumeurs. "

 

" Ce ne sera pas nouveau pour moi. " Kerry accepta le cookie et y mordit. " Je pense que tout le monde connaît celle-là. " Elle parlait des murmures au sujet de Dar et d'elle, qui avait dramatiquement diminué depuis le début de l'année. Elles avaient fait attention à ne pas être trop ensemble au bureau, jusqu'à ne pas manger ensemble, et ça semblait avoir éloigné la rumeur jusqu'à ce que tout le monde trouve quelque chose de plus intéressant.

 

" Ouais… mais sois prudente ", l'avertit le chef du GSI, alors qu'ils se dirigeaient vers l'ascenseur.

 

Kerry soupira et pressa le bouton du quatorzième, puis elle retint la porte en entendant des pas. Elle ne pouvait pas voir l'extérieur de sa place, mais on aurait dit… un sourire apparaissait déjà sur ses lèvres lorsque Dar entra et alla au fond de la cabine pour s'y appuyer. " En parlant du loup ", dit Kerry alors que les portes se fermaient. " J'ai plutôt fichu mon déjeuner en l'air. "

 

" Vraiment ? " Dar croisa les bras. " Tu es resté plus longtemps que je ne l'aurais fait. " Elle lança un regard malicieux vers Mark. " Mais il a dû mettre le feu aux poudres, parce que Mariana vient juste de m'appeler et m'a dit qu'il y avait une réunion de tout l'encadrement supérieur. " Et comme mus par un signal, les bipeurs de Kerry et de Mark s'allumèrent. " Je n'ai vraiment pas le temps pour ces conneries aujourd'hui. "

 

Kerry écoutait le message. " Ouais… à une heure dans la grande salle de conférences. "

 

Mark jura doucement. " HP vient cet après-midi pour les serveurs… merde. " Il jeta un coup d'œil à Dar. " C'est à quel sujet ? "r

 

La cadre haussa les épaules. " Mari n'avait aucun détail… elle attendait un paquet de Plano. " Elle soupira. " Les l'a avalisé… et ça vient de la division Personnel du siège à Plano, alors Dieu seul sait de quoi il s'agit…probablement une autre campagne d'affichage. "

 

Mark ricana. " J'ai bien aimé les affiches sur la sécurité, Dar… j'ai encadré et accroché celui sur la prévention du piratage informatique dans ma chambre. "

 

La porte s'ouvrit et ils sortirent, surpris de vois Mariana devant la porte de Dar. " Oh... oh... ", murmura la cadre. " Ça n'est pas bon signe. " Elle leur fit un signe de tête. " Je vous vois dans un petit moment. "

 

" Dar, il faut que je te parle ", dit Mari en s'approchant. " Tu ne vas pas croire ce qu'ils viennent juste de nous pondre. "

 

" Oh… je peux croire n'importe quoi… au moins une fois. " Dar fit un signe en direction de la porte. " Viens… " Elle entra la première dans le bureau. " Maria, notez une réunion à une heure et annulez l'audioconférence du briefing, s'il vous plaît. "

 

" Si. " La secrétaire leva les yeux du téléphone. " Dar, votre petit chien a appelé. "

 

" Merci ", dit Dar d'un air absent en allant vers la porte de son bureau, puis stoppa net, Mariana s'écrasant pratiquement contre elle. " Attendez une minute… quoi ? ? ? " Elle se retourna. " Désolée… " Elle passa la tête dans le bureau de la secrétaire. " Maria, qui a appelé ? "

 

La femme sourit. " Si… le chiot… j'ai eu un appel, j'ai décroché, rien. J'ai dit bonjour, bonjour… et puis Buenos Dias, mais rien. J'ai failli raccrocher, et j'ai entendu… " Elle fit des petits gémissements. " J'ai vérifié le numéro appelant, c'est chez vous. "

 

Dar cligna des yeux, ignorant le rire étouffé derrière elle. " Elle a dû s'échapper... et faire tomber le combiné du téléphone du séjour… rendez-moi service, appelez les services de l'île et demandez-leur de vérifier, vous voulez bien ? " Elle secoua la tête et rentra dans son bureau. " Génial… j'ai de la chance qu'elle n'ait pas appelé Singapour tant qu'elle y était ", murmura-t-elle en fermant la porte. " Très bien, que se passe-t-il ? "

 

Mariana jeta un paquet sur le bureau pour toute réponse. " Avant que tu ne te mettes à hurler, j'ai déjà parlé à Les, deux fois, et il ne changera pas d'avis. ".

 

Dar fit le tour de son bureau et s'assit, puis prit le la brochure. Elle l'étudia et leva les yeux. " Tu veux rire. "

 

Mariana secoua la tête. " Nan… c'est une retraite pour cadres, avec un programme spécifique pour forger l'esprit d'équipe. Ils ont fait la réservation pour douze d'entre nous, ça commence vendredi après-midi. Ils nous envoient un bus. " Elle croisa les bras. " Les dit qu'ils ont utilisé un programme similaire au Texas pendant trois mois et que ça a super bien marché pour eux. "

 

Dar se couvrit les yeux. " Voyons si je comprends bien ", marmonna-t-elle. " Il veut qu'on monte tous dans un bus, qu'on aille dans le la nature, qu'on grimpe aux rochers et aux arbres, qu'on vive dans des chalets, et c'est censé nous aider à nous entendre ? "

 

" En gros, c'est ça, oui. " Mari hocha la tête. " Pour la petite histoire, j'ai lu des trucs là-dessus, pendant que je cherchais un peu d'aide, et ça a ses vertus, Dar… mais ça dépend de la bonne volonté des participants. "

 

" Dans notre cas, ça dépend surtout de la bonne volonté des participants à NE PAS S'ASSASSINER LES UNS LES AUTRES. " La femme brune finit sa phrase en criant, sa voix rebondissant sur les murs. " Il DERAILLE OU QUOI ? " Elle appuya sur un bouton sur le téléphone. " Béatrice, il est là ? " Puis elle pianota jusqu'à ce qu'elle ait la ligne.

 

" Bon Dar, avant que vous ne disiez quoi que ce soit, laissez-moi vous sortir mon baratin. " La voix de Les était joyeuse comme toujours. " D'accord ? "

 

Dar croisa les mains sur le bureau. " D'accord ", répondit-elle d'un ton calme.

 

" J'ai reçu un message électronique hier… et pour être honnête, ça m'a inquiété ", déclara le P.D.G. " Pas parce que j'y ai cru… bien que vous puissiez être une empêcheuse de tourner en rond entêtée quand il le faut, Dar, mais vous l'avez toujours fait pour servir nos intérêts. "

 

" Oui, oui ", grogna Dar.

 

" Je vois ça comme un problème plus général… à l'échelle de la compagnie, et c'est pourquoi nous utilisons ce genre de séminaires… ils sont merveilleux ! Vous allez adorer… écoutez, ça n'est rien qu'un week-end au milieu de nulle part… pas de téléphone portable, pas d'ordinateur… la nourriture est plutôt pas mal… et nous avons vu que ce foutu truc marchait vraiment, et que les gens apprenaient à se connaître. "

 

" Oui, oui. "

 

" Alors, je suis sûr que si le nouveau et vous apprenez à mieux vous connaître, tout ira mieux… et par ailleurs, le reste du groupe a besoin d'un peu de cohésion. J'ai eu pas mal de remarques grognonnes ces derniers temps. "

 

" Les ? "

 

" Oui ? Vous pouvez y aller maintenant, Dar. "

 

" Le problème avec Steven Fabricini et moi, c'est que nous nous connaissons trop bien, je l'ai fait virer de l'école il y a dix ans et il m'en veut toujours. " Dar s'interrompit. " Vous pensez que nous envoyer tous les deux dans les bois est une bonne idée ? "

 

Une longue pause. " Ah ", marmonna Les. " Je vois… si j'avais su ça. "

 

" On peut encore annuler ? " demanda Dar avec espoir.

 

" Et bien… vous comprenez, c'est payable à l'avance, et nous avons déjà envoyé le paiement. " Le P.D.G. soupira. " Et si nous annulons, nous allons perdre tout cet argent… " Il réfléchit. " Laissons faire quand même, Dar… et je compte sur vous pour montrer l'exemple, et ramener tout le monde avec un peu plus d'esprit d'équipe. "

 

Dar soupira. " Les, je n'ai pas vraiment de temps pour ça… et vous mettez mes cadres hors de toute communication… et si quelque chose se passe ce week-end ? " Son dernier joker.

 

Les rit doucement. " Dar, nous savons tous les deux que vous choisissez le genre de personnes qui ne va pas vous lâcher en un clin d'œil… votre personnel peut couvrir les problèmes… allez-y et amusez-vous, et laissez-vous un peu aller. Je suis allé à un de ces trucs, et j'ai passé un sacré bon temps, croyez-moi. " Il entendit le soupir répété à l'autre bout. " Vous êtes en colère contre moi, hein ? "

 

" Si je pensais que ça pourrait changer même un peu les choses, je ne le serais pas ", lança Dar.

 

" Ah… ah…ayez l'esprit ouvert, Dar… vous ne pouvez pas savoir ce qui va se passer… vous pourriez tous devenir les meilleurs amis du monde. " Les rit doucement. " Et, à propos… je viens juste de traiter votre bonus de fin d'année, je sais que j'ai oublié de vous envoyer une carte d'anniversaire, mais vous verrez bien si ça compense. "

 

" Les… "

 

" Il faut que j'y aille… le président d'IBM est arrivé, nous allons échanger nos vues sur le poulet aux hormones ", lui dit Les. " Allez-y, Dar… et à votre retour, si ça a vraiment été si terrible, je compenserai ça. "

 

" Comment ? " demanda Dar âprement.

 

Une petit pause. " Nous discuterons de la façon de régler les problèmes d'une façon plus directe. "

 

Dar leva les sourcils. " Très bien. " Elle acquiesça tranquillement. " Ça vaut un week-end alors. "

 

Les rit doucement. " Ça c'est ma Dar... essayez de vous amuser, hein ? " Il raccrocha.

 

Mari bougea dans sa chaise et secoua la tête. " Tu as une relation vraiment intéressante avec lui. " Elle soupira. " Tu es l'une des rares personnes qu'il apprécie vraiment, à mon avis. "

 

" Et bien, en tout cas, j'ai essayé. " Dar lui lança un regard malicieux. " Ça va être un vrai cauchemar, Mariana. "

 

" Je sais ", acquiesça la directrice du Personnel. " Toi, moi, Duks, Kerry, José, Steve, Mark, son adjoint, Eléanor, les assistants de Duks et d'El, et mon assistante, Mary Lou. " Elle s'interrompit. " Tu sais quel va être ton plus gros problème, n'est-ce pas ? "

 

" A part de ne pas tuer Steve ? " Dar jouait avec un crayon. " Oui, je sais. "

 

Ne laisser personne découvrir leur petit secret. " Il y a une telle alchimie entre vous, c'est mignon à voir ", lui dit Mari d'un ton désabusé. " Ça va être dur à cacher, en pleine nature ; sans rien d'autre à faire que de se parler et de faire rôtir des marshmallows. " Elle se leva. " Merci d'avoir essayé… tu t'es bien défendue… et tu l'aurais eu si nous n'avions pas déjà craché le fric. "

 

" Ouais. " Dar s'appuya en arrière, en soupirant. " J'aurais dû lui offrir de garder mon bonus pour le couvrir ", dit-elle d'un ton désabusé à son amie. " Ça le valait bien. "

 

Mari se mit à rire tout en se retournant pour partir. " Ce ne sont que deux jours, Dar… nous serons de retour à Miami dimanche après-midi… je suis sûre que nous allons y survivre. "

 

Dar regarda son dos pendant qu'elle partait, puis elle jeta son crayon, se pencha en avant et regarda la brochure avec consternation. Un léger coup à la porte lui mit malgré tout un sourire sur le visage. " Entre. "

 

Kerry passa la tête puis entra. " Hé. "

 

" Salut. " Dar se pencha dans sa chaise et croisa les mains sur son estomac.

 

" On a des ennuis ? " demanda la jeune blonde avec curiosité.

 

" Peut-être. " Dar poussa le paquet vers elle. " Annule tes plans pour le week-end. " En fait, elles n'en avaient pas vraiment, juste un vague projet incluant de la plongée, une balade à Bayside, et un peu de temps avec Chino.

 

Kerry prit la brochure et s'assit dans un des fauteuils de Dar, elle l'étudia avec intérêt. " Oh… j'en ai entendu parler. " Elle leva les yeux avec un sourire. " Ça a l'air intéressant… c'est au Nord, non ? "

 

" Mmmmm. " Dar approuva.

 

Un haussement d'épaule. " On dirait même qu'on va s'amuser, Dar… Je veux dire qu'il y a des chalets, ce n'est pas comme de creuser pour trouver des noisettes. "

 

Dar rit. " S'il n'y avait que toi et moi, ou juste toi, moi, Duks et Mariana, et même avec Mark en prime, je serais d'accord avec toi… mais il y aura Steve, José et Eléanor, et quelques autres personnes. "

 

" Et alors ? " Kerry jeta un coup d'œil au programme. " Oh… c'est super… ils ont des parcours d'obstacles et il faut s'aider pour les passer… " Elle leva les yeux. " Qui sait ? Peut-être que ça y fera, Dar ? "

 

La femme brune la regarda. " Alors… ça ne te dérange pas de passer un week-end entier à faire semblant de ne pas me connaître ? " demanda-t-elle doucereusement. " En tout cas juste comme ta chef ? "

 

Kerry cligna des yeux. " Oh. " Elle se mordit la lèvre. " Bien sûr. Hmm…. Tu n'as pas réussi à nous tirer de là ? " Elle tressaillit.

 

" J'ai essayé. " Dar leva les mains et les laissa retomber. " Les a déjà payé pour ce maudit truc… nous sommes coincés. "

 

Elles se regardèrent. " Beuh. " Kerry finit par soupirer. " Et bien, je suis sûre que nous pouvons le faire… je veux dire que nous réussissons plutôt bien pendant les heures de travail. " Elle se leva et reposa la brochure sur le bureau de Dar, puis elle fit le tour et s'assit sur le bord en bois, près de Dar.

 

" Ah oui, hein ? " Les lèvres de la cadre se tordirent. " Et bien, je dois dire que tu es la première assistante qui a pris l'habitude de camper sur le bord de mon bureau. " Elle pinça le coin de la jupe de Kerry. " La plupart ne m'approchaient pas à moins de trois mètres. "

 

Kerry leva les sourcils. " C'est bête pour elles ", répliqua-t-elle d'un ton lourd, ce qui amena un vrai sourire sur le visage de sa chef. Par réflexe, elle tendit la main et toucha la joue de Dar, laissant son pouce tracer le sourire, puis elle émit un soupir léger. " Deux jours, hein ? Ça va être sacrément dur, Dar. "

 

Le sourire s'élargit légèrement, puis la femme brune entoura le genou de Kerry de sa main, et pressa doucement. " Nous survivrons. " Elle jeta un coup d'œil à sa montre. " Allons à cette maudite réunion… je veux voir le visage poupon de Steve quand il apprendra ce que son courrier a causé… qu'est-ce qu'il te voulait, à propos ? "

 

" Oh. " Kerry se leva et se recula pour laisser Dar se lever à son tour. " Il voulait que je te trahisse pour avoir ta place. "

 

Dar s'arrêta au milieu de son mouvement puis elle se redressa lentement et passa une main dans ses cheveux. " Marrant ", dit-elle brièvement. " C'est le marché qu'avait passé Elana. "

 

Kerry grogna " Je savais qu'elle était idiote dès le moment où je l'ai vue… t'échanger contre ce boulot ? ? ? Ne me fais pas rire ? ! ! ! " Elle cogna légèrement Dar. " Pour aucun boulot sur cette terre… ni n'importe quoi d'autre sur cette terre d'ailleurs, ou sur Mars, Jupiter, la Lune... " Ses mots furent soudainement interrompus par des lèvres chaudes et une étreinte passionnée. " Mm… ", murmura Kerry lorsqu'elle se séparèrent. " Je n'en suis pas sûre… mais je pense que ce genre de truc pourrait leur donner une idée de notre relation, Dar. " Elle se pencha de nouveau et passa les mains sur le tissu frais du chemisier de sa compagne, et elle l'embrassa de nouveau.

 

" Oui, sûrement, mais merci. " La femme brune lui caressa la joue et mit les lèvres contre le front de Kerry avant de la relâcher. " Viens… nous allons être en retard. "

 

Chapitre 7

 

Elles purent entendre crier en arrivant dans le couloir. " Oh, on a l'air de s'amuser ", marmonna Dar en jetant un coup d'œil à sa compagne qui pinça les lèvres pour approuver, et ouvrit la porte de la salle de conférences faisant signe à Dar de la précéder.

 

Les voix se turent à l'arrivée de sa silhouette de un mètre quatre-vingts et tous les yeux se tournèrent vers elle. Dar avait conscience de la présence de Kerry derrière elle mais elle maintint son attention sur le groupe assis à la table de conférence, et elle s'arrêta, posant les mains sur ses hanches.

 

Le silence dura un long moment, puis Dar leva un sourcil élégant. " Il y a un problème ? " dit-elle d'un ton cassant, en mettant de l'irritation dans sa voix. " Ou bien est-ce que vous vous criez dessus par ennui ? "

 

José se leva, ou pour être plus précis, il se leva un peu plus, parce qu'il était déjà posé sur un genou sur sa chaise. Il fit signe en direction d'une brochure familière posée sur la table. " Tu as vu cette merde ? " Il le jeta sur la table. " C'est quoi ces conneries ? "

 

Les yeux de Dar cherchèrent Mariana qui était appuyée sur la table du bout de ses doigts. " Je vois que tu as mis tout le monde au courant ? " Elle attendit que la directrice du Personnel lui fasse un signe de tête.

 

" Ça, on peut dire qu'elle l'a fait. " Eléanor frappa la table de son crayon. " Bon sang, Dar… ils ne peuvent tout de même pas s'attendre à ce qu'on y aille la fleur au fusil… nous avons une vie personnelle ! " Cela amena un petit sourire sur les lèvres de la directrice des Opérations. " En tout cas, la plupart d'entre nous. "

 

" Ouais… je ne marche pas", dit Steven soudainement. " Ça n'a pas de sens. "

 

Dar alla à grands pas vers le bout de la table qu'ils avaient laissé volontairement vide, et elle s'appuya sur le dossier de la chaise. " C'est payé. On y va ", déclara-t-elle sèchement. " Ce n'était pas une idée à moi, mais Plano a insisté, et il n'y a rien à faire. "

 

Un chœur de voix s'éleva contre elle dans un tonnerre. Dar laissa faire un moment, puis elle se redressa et inspira. " FERMEZ-LA ! " tonna-t-elle en faisant tinter les vitres. Kerry écarquilla les yeux et elle s'affala dans sa chaise, un peu par réaction, alors qu'un silence visible s'installa dans la pièce. Elle laissa encore passer quelque temps, puis elle montra Steven du doigt. " La prochaine, tu fais attention à ce que tu demandes. " Elle baissa la voix et ses yeux allèrent vers Eléanor et José. " Il a fallu que vous commenciez, maintenant Plano continue, et je vous jure que vous allez aller à ce truc à la noix sans vous plaindre ou je vais retirer ça de vos maudites payes. " Chaque mot était plus fort et plus pénétrant que le précédent, jusqu'à ce que le dernier soit aboyé, faisant de nouveau tinter les vitres. " C'est compris ? "

 

Un silence.

 

" Je… hum… j'apporterai des cartes à jouer ", proposa Mark avec hésitation.

 

Steve grogna et se pencha en arrière. " Je n'y vais pas ", déclara-t-il en regardant Dar avec insolence.

 

" Oh si , tu vas y aller. " José se tourna vers lui. " Si je dois y aller, alors tu y vas. " Le directeur commercial lança un regard dégoûté à la cantonade. " Je vais appeler ma femme. "

 

Mariana passa une brochure à chaque personne. " Il y a des instructions là-dedans pour savoir quoi emporter, et surtout ce qu'il ne faut pas prendre. Pas d'ordinateur, pas de portable, ce genre de truc. Des vêtements de rechange, des bricoles, et tous les médicaments dont vous avez besoin. "

 

" Y compris les tranquilisants ? " marmonna Eléanor en jetant un coup d'œil à une Dar mécontente. " J'en prendrai un peu plus. "

 

Duks s'était amusé avec le paquet, le passant en revue, puis il jeta un coup d'œil à son assistante, une jeune femme trapue aux cheveux courts et aux verres épais. " Sandy… ça va pour toi ? "

 

Elle repoussa les lunettes sur son nez. " Oui… je demanderai à ma mère de s'occuper des chats… ça va me changer au moins. " Elle jeta un coup d'œil de coin à Kerry. " Tu as déjà fait ce genre de truc ? "

 

" Non. " Kerry avait gardé les yeux sur sa chef, qui distillait encore distinctement de la colère. " Jamais… mais je suis sûre que ça sera une expérience enrichissante, au moins. " Elle jeta un coup d'œil à Steve dont le visage marquait une grimace et dont les yeux étaient fixés sur Dar.

 

Duks se frotta la mâchoire, et son regard suivit celui de Kerry. " Oh… oui. " Il hocha la tête solennellement. " Nous allons sûrement apprendre quelque chose, c'est sûr. "

 

Chapitre 8

 

Kerry jeta un œil sur une ou deux chemises différentes puis en choisit finalement une et la mit dans son sac de voyage qui avait peu servi depuis qu'elle avait emménagé chez Dar. Sa compagne avait mit Chino dans la voiturette et traversait l'île pour aller à la petite boutique italienne du centre, pour aller chercher une commande de pâtes pour le dîner. Elle avait protesté qu'elle pouvait en faire elle-même, mais Dar lui avait dit qu'elles feraient aussi bien de se détendre autant que possible, parce qu'il était plus que sûr que les deux jours suivants seraient une plaie.

 

Malgré son optimisme habituel, Kerry avait dû l'admettre à contrecœur, et par ailleurs, elle aimait particulièrement les fettucini alfredo de la trattoria, qui étaient difficiles à faire soi-même.

 

Elle finit de faire son sac, le ferma et descendit l'escalier, s'arrêtant pour vérifier la botte mâchouillée que Chino avait attrapée, après que le chiot s'était échappé de sa place. " Oohhh… tu as de la chance… c'en est une vieille. " Elle rit doucement en la retournant avant de passer un doigt sur le talon déchiré. Le chiot l'avait retirée du placard de Dar après avoir retourné la corbeille, et avoir réussi à décrocher le combiné. Une visite de la 'nourrice' du chiot l'avait remise à sa place, mais elles devaient maintenant découvrir comment elle avait fait la première fois.

 

La porte de derrière s'ouvrit alors qu'elle passait par la cuisine, et Dar entra, le chiot sous un bras, et un grand sac odorant sous l'autre.

 

" Mm… ça sent bon. " Kerry sourit et lui prit le sac. " Je peux à peine imaginer ce qu'on va nous donner à cette retraite… qu'en penses-tu… des petits pois ? "

 

Dar soupira et posa Chino. Le chiot alla directement vers son bol et commença à laper. " Probablement… d'après les papiers, c'est très 'rustique', ce qui veut habituellement dire des hamburgers et des hot-dogs… je présume que ça pourrait être pire. "

 

" Oh ouais… ils auraient pu nous choisir celui qui ne sert que des légumes crus… ils en ont, tu sais. C'est un mélange de séminaire de nourriture saine et de sentiment d'appartenance à la boîte. "

 

Un grognement bas. " J'aurais pris l'avion pour Plano et j'aurais battu Les avec un sac de céleri jusqu'à ce qu'il crie s'il m'avait fait ça ", marmonna Dar. " Ça sera bien assez nul comme ça. " Elle retira les deux boîtes du sac ainsi qu'un long morceau de pain à l'ail odorant, fourré de fromage. " Tes affaires sont prêtes ? "

 

" Mmhmmm… " Kerry prit des couverts, deux serviettes de table, et tira Dar vers le séjour. " Allons, Dar… ça ne sera pas si terrible… je parie que tout le monde va être tellement pris par ce qu'il va faire, ou par l'inconfort de la situation, qu'on va finir par oublier qu'on ne s'apprécie pas. " Elle ouvrit la boîte de pâtes et en respira la riche odeur. " Mm… "

 

" Peut-être bien. " Dar soupira en repoussant son propre dîner avec sa fourchette, un grand tas de nouilles fines à la bolognaise. Elle coupa le pain à l'ail en deux et en donna un morceau à Kerry. " Tiens… "

 

La jeune blonde accepta le pain frais et en rompit un morceau, avant de le tremper dans la sauce alfredo et d'en mordre un bout. " Je veux dire que… nous sommes adultes après tout… et des professionnels, pour l'amour de Dieu… nous pouvons sûrement nous entendre pendant deux jours. "

 

Dar rit doucement. " Tu as peut-être raison… et je l'espère vraiment, ou alors ça va être un week-end sacrément déplaisant. " Elle avala une bouchée. " Tu as lu toute l'information de ce paquet ? Ils nous surveillent et envoient un rapport à Plano. " Elle lança un regard malicieux vers Kerry alors que la jeune blonde zappait avant de s'arrêter sur le History Channel. " Ça devrait donner une impulsion pour coopérer… personne ne voudrait que Les apprenne qu'il s'est comporté comme un bébé capricieux. "

 

Kerry se lécha les doigts. " Tu crois qu'il est vraiment inquiet au sujet de notre bureau ? " demanda-t-elle. " Tu ne crois pas qu'il a avalé les accusations de Steve, n'est-ce pas ? "

 

Dar haussa les épaules en attrapant une bouchée de son dîner. " C'est difficile à dire ", répondit-elle, après avoir avalé. " Elles sont comment, tes pâtes ? "

 

Kerry se pencha et l'embrassa doucement. " Goûte toi-même ", taquina-t-elle puis elle tendit sa fourchette à Dar.

 

" OK. " Dar repoussa la fourchette et alla directement à la source, passant la langue sur les lèvres de Kerry avant de lui rendre son baiser ; elle posa sa boîte presque terminée sur la table pour se libérer les mains et caresser le visage de la jeune femme, puis descendre le long de ses épaules. " Oh oui… j'aime bien ça ", dit-elle dans un souffle.

 

" Moi aussi. " Kerry posa son assiette à son tour, et tourna toute son attention vers le corps de sa compagne, que ses mains voulaient tant toucher. Elle aimait la texture soyeuse de la peau de Dar, et ses doigts glissèrent sous le T-shirt en coton avec envie, alors qu'elles passaient quelques minutes agréables à s'explorer mutuellement. Elle mit le nez sur le cou de Dar et tira joyeusement sur la taille du jean, elle sentit les muscles se contracter au toucher et lui faciliter l'accès. " Ça te dit de rater A la Recherche des Mystères Antiques ? " demanda-t-elle doucement.

 

" On peut appeler ça comme ça, non ? " rétorqua Dar avec un rire, tout en libérant un bouton de la chemise.

 

" Qui tu appelles antique ? " Kerry mordit un lobe savoureux, et sentit le rire traverser le corps de Dar. " Hmmm ? " Elle chatouilla le nombril de Dar, un endroit dont elle avait découvert la grande sensibilité. " Viens, j'entends un lit agréable et chaleureux murmurer mon nom. " Elle mordilla la peau douce du cou de Dar puis leva les yeux. " Hé ! "

 

Dar réagit, elle bougea alors qu'elle se redressait. " Qu'est-ce qui… oh… " Un rire léger. " Chino, et qu'est-ce que tu crois être en train de faire ? "

 

Le chiot était pris sur le fait, ses petites pattes posées sur la table basse, le museau couvert de sauce bolognaise, les yeux fixés sur elles avec une énorme expression canine qui disait 'oh, oh'. Un fil de spaghetti pendait de sa bouche et la langue rose le lécha.

 

" Méchante fille ! " Kerry la réprimanda sévèrement, obtenant un mouvement de la queue en réponse. " Non… ce n'est pas la peine de remuer tes petites fesses pour moi… méchante fille ! "

 

Les petites oreilles blanc crème s'affaissèrent et elle se laissa tomber de la table, s'assit et les regarda au travers de ses cils sombres. L'effet fut ruiné par une langue satisfaite passée sur les lèvres. Les deux femmes rirent ensemble. " Oh… ce n'est pas drôle. " Dar soupira. " Mais je ne peux pas m'en empêcher… regarde si elle est trognon. "

 

" Ouais… elle fait mieux la moue que toi ", répliqua Kerry avec un léger rire.

 

Dar leva les deux sourcils en même temps. " Je ne fais certainement pas la moue ", déclara Dar sévèrement.

 

Kerry traça d'un doigt délicat les lèvres chaudes et rouges. " Bien sûr que si… quand tu veux quelque chose et que tu sais que c'est mauvais pour toi. " Elle la taquina doucement. " Comme ce gâteau que j'ai fait pour ton anniversaire. " Les lèvres formèrent un sourire penaud. " Tu vois ? " Elle rit. " J'adore ce sourire. "

 

" Est-ce que ça veut dire que tu vas refaire ce gâteau ? " demanda Dar ingénument. Elle chatouilla les oreilles de Chino et le chiot trébucha vers elle, pour poser les pattes sur le bord du divan et lécher le bras de Kerry. " Je parie que tu en voudras aussi, hmm ? "

 

" Non… non… non… pas de chocolat pour elle. " Kerry frotta les oreilles soyeuses. " Je suis contente que Colleen ait accepté de venir s'occuper du chiot… je me sentirais mal de la laisser ici avec juste les gens de l'île pour s'occuper d'elle de temps en temps. " Elle lança un coup d'œil à Dar. " Ça te va, n'est-ce pas ? "

 

" Mmhmmm ", approuva Dar. " Ça marche… j'allais voir si Clemente pouvait mettre quelqu'un ici, mais Colleen, c'est mieux… même si je continue à penser qu'elle ne me fait pas encore totalement confiance. " Elle tira légèrement sur une mèche de cheveux de Kerry.

 

Celle-ci soupira. " C'est que… elle s'inquiète pour moi, c'est tout… elle pense que c'est génial que nous soyons ensemble, mais le fait que nous travaillons ensemble lui fait bizarre ", admit-elle lentement. " Et c'est un peu bizarre, en fait… j'ai l'impression d'être deux personnes différentes parfois. "

 

" Mm… oui, moi aussi. " Dar approuva.

 

" Et je me sens si... " Kerry repoussa une mèche des cheveux de Dar. " Je suis ennuyée quand tu es si tendue… comme quand tu criais sur tout le monde à la réunion aujourd'hui… ça me retourne l'estomac ", admit-elle. " J'étais tellement en rogne contre ce con aujourd'hui, que j'ai failli le gifler dans le restaurant, et ce n'est pas parce que je pensais qu'il insultait mon intelligence… c'est juste qu'il faisait quelque chose contre toi, et je ne pouvais pas le supporter. "

 

Dar resta tranquille laissant le chiot mâchouiller ses doigts, tout en réfléchissant aux paroles de Kerry. " Désolée ", marmonna-t-elle finalement. " C'est la façon dont je fais les choses. "

 

" Je sais. " Kerry sourit un peu. " C'est juste tellement… " Elle s'interrompit. " Ta réputation est fondée sur la réalité, et parfois je l'oublie, parce que je te connais surtout comme maintenant. " Elle mit la main sur la joue de Dar. " J'oublie que la plupart des gens ont une autre image de toi. "

 

Dar soupira. " A t'entendre, j'ai l'impression d'être schizophrène. " Elle prit un air malicieux. " Et malheureusement, ce week-end, tu vas devoir vivre avec Ms Hyde… je m'en excuse d'avance. "

 

Kerry se mit à rire d'un air désabusé. " Il vaut probablement mieux comme ça… ou je risque d'oublier, et de commencer à te faire des câlins devant tout le monde. " Elle en fit la démonstration, s'installant plus confortablement lorsque Dar lui rendit son étreinte. " Mm… c'est tellement bon. "

 

" Et si nous nous débarrassions de nos assiettes pour reprendre les recherches ? " dit Dar dans un grondement tout près de son oreille, l'haleine chaude envoyant un léger frisson de plaisir le long du dos de Kerry. " Je ne veux plus parler ni penser au travail ce soir. "

 

Kerry murmura son approbation en mordillant le long de la clavicule de Dar. Elle s'arrêta à contrecœur et prit les deux boîtes, et elle vit le chiot crème au nez coloré par la sauce alfredo lécher les côtelettes. " Oh. la pauvre… Dar, elle va être malade. "

 

Dar mit les pâtes hors de portée du chiot et les ramena à la cuisine pour les jeter à la poubelle, avant de mettre les couverts au lave-vaisselle alors que Kerry se glissait derrière elle et lui capturait la taille d'une poigne ferme. " Ouah... " Les mains glissèrent sous son T-shirt et explorèrent sa peau, faisant trembler ses genoux, lui faisant presque perdre l'équilibre et elle attrapa le comptoir un moment pour se retenir.

 

Puis elle se retourna et rendit l'attaque, enroulant ses doigts dans les cheveux de Kerry ; elle pencha la tête alors que la jeune blonde se pressait contre elle, se perdant dans la passion intense, laissant les complications de sa vie filer, sa conscience embrumée alors que son cœur commençait à battre plus vite.

 

C'est sûrement pour ça qu'elle s'imagina avoir soulevé Kerry et l'avoir portée jusqu'à la chambre, parce qu'elle savait qu'elle n'en était pas capable.

 

N'est-ce pas ?

 

Chapitre 9

 

Kerry reprit conscience lorsqu'un craquement aigu du tonnerre fit trembler les vitres. Elle cligna des yeux et jeta un coup d'œil au réveil, et elle se rendit compte que malgré la proximité de l'aube, il faisait très sombre dehors à cause du temps.

 

Le tonnerre roula de nouveau, accompagné de plusieurs éclairs. Elle leva les yeux pour apercevoir le reflet du réveil dans les yeux bleus à demi ouverts. " Ça a l'air plutôt moche. "

 

" Mouais ", approuva Dar.

 

" Tu n'as pas l'intention de sortir courir par ce temps, n'est-ce pas ? "

 

" Non. " Dar renifla doucement en passant légèrement le bout de son doigt sur les côtes nues de Kerry. " Tu me crois dingue ? "

 

" Je vérifiais, c'est tout. " Kerry mit le nez sur la peau douce du sein sur lequel elle était appuyée. " Tu as été plutôt assidue ces derniers temps. "

 

Sa compagne se blottit un peu plus et émit un son léger et profond. " Courir est un bon moyen de commencer la journée… ça m'éclaircit les idées… ça me donne un peu de temps pour penser. " Le tonnerre gronda au-dessus d'elles. " Mais ça c'est un temps parfait pour dormir ", marmonna-t-elle.

 

Kerry regarda la pluie fouetter la vitre, ainsi que les éclairs quasi-permanent. " Oui… ça c'est sûr. " Elle glissa un genou entre les cuisses de Dar et posa son ventre contre celui de sa compagne, puis elle mit un bras autour de son dos et soupira d'aise. " Et bien, il nous reste presque une heure avant de nous lever, alors. "

 

" Mmhmm. " Dar rapprocha un peu les couvertures et referma les yeux.

 

Le téléphone sonna.

 

Dar jura doucement et sortit un bras pour capturer l'appareil. " Ouais ? "

 

" Dar, c'est Mark. " Le chef du GSI avait l'air furieux.

 

" Qu'est-ce qu'il y a ? " répondit Dar en réfrénant un bâillement. " Un météore est tombé sur Plano ou quoi ? "

 

" C'est pire… les passerelles intercontinentales sont hors service. Un pétrolier d'Exxon a jeté l'ancre au mauvais endroit dans l'Atlantique Nord et il a sectionné le câble. Trois cent paires de fichues. "

 

" Aïe. " Dar tressaillit. " Mon Dieu… on peut rerouter ? " Elle sentit Kerry remuer contre elle et elle caressa légèrement le dos de la jeune femme. " Oh merde… On a une réunion de ventes intercontinentales avec quatre nouveaux clients anglais ce matin. "

 

" Je sais ", rétorqua Mark. " C'est pour ça que j'appelle… ça va péter de partout et on ferait mieux de trouver une sacrée bonne parade. " Un léger bruit de clés passa sur la ligne. " Une des paires coupées servait à l'administration de réseau… ils ne peuvent pas dire qui fonctionne et qui ne fonctionne pas, et ils ne peuvent pas rerouter tant qu'ils n'ont pas de diagnostic sur le câble… ça pourrait prendre des heures, voire toute la journée. "

 

" On ne peut pas acheter un accès transpondeur et passer par le satellite ? " proposa Kerry très doucement.

 

Dar y réfléchit un moment.

 

" Tu as dit quelque chose, Dar ? " demanda Mark. " J'ai cru entendre quelque chose. "

 

Dis-lui ? Bon sang, il sait qu'elle se connecte d'ici sans arrêt. " Kerry suggérait un moyen… de commuter vers une conférence par satellite et de louer un canal. "

 

" Oh… dis-lui bonjour de ma part. " La voix de Mark portait une touche d'amusement triomphant, malgré les circonstances. " C'est… et bien, ils allaient faire un truc multimédia en direct… je ne suis pas sûre qu'un accès satellite puisse gérer cette largeur de bande, mais c'est une idée. Il faut reconfigurer tous les paramètres ici et là, pour ce type de réseau différent… il faut que je le mette sur le réseau dorsal fibre. "

 

" Il n'y a pas d'autre moyen ? En dehors du reroutage sur lequel nous n'avons pas de visibilité ? " demanda Dar.

 

" Je n'en vois pas, chef… c'est pour ça que je t'appelais ", répliqua Mark. " D'une pierre deux coups en tout cas, Kerry était la suivante sur ma liste. "

 

" Ne me bipe pas, s'il te plaît ", marmonna Kerry. " Je l'ai laissé sur vibreur et il est sur la commode… ça me fout toujours la frousse quand ça s'allume. "

 

Dar étouffa un rire. " OK… contacte Intelsat, vois si tu peux avoir un… non, deux transpondeurs… et amène des gens tôt pour reconfigurer le réseau de présentation dans la grande salle de conférences. " Elle étreignit Kerry. " Bon boulot ", articula-t-elle.

 

Kerry haussa les épaules avec modestie. " J'ai appris avec la meilleure. " articula-t-elle à son tour, en posant la tête sur le sternum de Dar avec un soupir d'aise.

 

" Ok… j'y vais ", répliqua Mark au milieu d'un autre bruit de clés et d'un roulement de tonnerre. " A tout à l'heure au bureau. "

 

" J'apporte des pastalitos ", dit Dar d'un air désabusé. " Et beaucoup de café cubain. " Elle raccrocha puis soupira, tout en regardant le plafond à peine éclairé. " C'est fichu pour la grasse matinée. "

 

Kerry ne la laissa pas partir. " Pourquoi ? Qu'est-ce que tu peux faire dans l'heure qui vient ? " demanda-t-elle d'un ton raisonnable. " Il va au moins falloir ce temps à Mark pour obtenir quelqu'un à Intelsat, vu qu'ils sont en Californie, et qu'il n'est que six heures moins le quart ici. " Elle commença un massage lent et taquin sur le ventre de Dar, passant les doigts en cercles sur la surface légèrement plissée.

 

Dar hésita, tiraillée entre un besoin naturel de foncer sur la situation et le désir insidieux de son corps de rester là où il était, dans cette étreinte chaude et agréable où elle pouvait presque sentir de façon tangible l'affection des bras de Kerry qui l'encerclaient.

 

Aussi choquant que ça lui paraisse, c'est son corps qui gagna, et elle capitula, reprenant son étreinte autour de sa compagne, et soupirant doucement. " Tu as raison… ça ne sert à rien d'y aller pour faire les cent pas sur la moquette. " La douce caresse la détendait et elle sentit ses yeux se fermer, alors qu'elle se penchait en avant pour trouver les lèvres de Kerry.

 

Elles étaient trop fatiguées pour aller plus loin, mais elles passèrent une demi-heure plaisante à se mordiller et à se toucher, jusqu'à ce que la lumière grise ne les avertisse à contrecœur de l'arrivée de l'aube. Dar s'étira et se roula hors du lit, elle tendit une main à sa compagne qui la regardait langoureusement. " Je vais prendre une douche… le café devrait être prêt. "

 

" T'sais… " Kerry sauta du lit. " On gagnerait du temps si on prenait la douche ensemble. "

 

Dar leva les sourcils. " Oh tu crois ça ? " Elle rit. " Et ça économiserait de l'eau aussi… peut-être. " Elle approuva. " Très bien… allons-y. " Elle prit la tête jusqu'à la salle de bains, alluma et entra dans la douche pour faire couler l'eau.

 

" Mm. " Kerry l'entoura d'un bras et lui pinça la taille. " Tu sais, Dar… je crois que l'idée de ne pas pouvoir te toucher pendant deux jours et demi me rend… hum… " Elle hésita.

 

" Excitée ", proposa Dar en l'embrassant rapidement. " Ça me va. " Elle sourit en voyant le rougissement qui couvrit le cou et le visage de Kerry. " Viens ici. " Elle attira la jeune blonde dans la douche et laissa la cascade chaude couler sur elles. Puis elle prit une éponge naturelle et commença à frotter le corps de Kerry.

 

" Mmm. " Kerry bougea un peu puis attrapa une éponge à son tour et lui rendit sa faveur, frottant la surface douce sur la peau bronzée de Dar. Elle en était au milieu de son torse lorsqu'elle se rapprocha, et remplaça l'éponge par ses lèvres, incapable de résister aux désirs de son corps.

 

Dar y répondit, laissant tomber ses mains savonneuses sur les hanches de Kerry et l'attirant plus près sous le flot de l'eau qui coulait. Elle en oublia le temps, alors que les mains de Kerry glissaient le long de ses cuisses et elles laissèrent la spirale de passion les submerger, et monter au paroxysme, les laissant toutes les deux tremblantes alors que Dar s'appuyait sur les carreaux réchauffés par l'eau de la douche, et elle parvint à ne pas s'effondrer. " Ouaouh "

 

Kerry inspira brusquement, à moitié de la sueur et à moitié de l'eau teintée de chlore, avec le goût légèrement âcre du savon. " Oh… " Elle reprit son souffle et cogna sa tête sur le bras de Dar. " Je présume qu'on va sauter le petit déjeuner ce matin… "

 

Dar rit doucement avec une respiration inégale. " Je pensais que c'était ça le petit déjeuner. " Elles finirent de se doucher et sortirent, s'entourant de serviettes avant d'aller dans le séjour où elles purent entendre des faibles gémissements alors que Chino les entendait bouger. " Ok… " Dar soupira en passant les doigts dans ses cheveux mouillés. " En route pour l'Enfer. " Elle embrassa une dernière fois la jeune blonde sur la tête. " Oh… Eléanor… comme tu aimerais avoir ma vie. "

 

Elles en rirent toutes les deux.

 

A suivre - 2ème partie

 

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